Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Une dernière journée de paix

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Jasper Nakajima
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Jasper Nakajima
MessageSujet: Une dernière journée de paix   Une dernière journée de paix EmptySam 27 Juin - 10:14

Il était encore assez tôt, à peine huit heures du matin, et le temps n’était pas très joyeux. Un ciel gris assez bas, visiblement typique à cette saison de l’année selon ce qu’il avait compris, et il neigera peut-être dans la journée. Au moins un peu, pas comme si la neige pouvait vraiment tenir, de toute façon, sur les côtes. Jasper enfila sa veste et une écharpe avant de sortir, puis ses nouveaux gants noirs. La matière était un peu… spéciale. C’était Alan qui les lui avaient donné, pas plus tard que la veille, en lui recommandant de les porter en permanence, à compter de maintenant, même lorsqu’il dormait, au cas où. C’était une sorte de cuir, conçu spécialement pour résister à la chaleur et au pouvoir des élémentaires feu. La matière était à la fois dur et souple, plutôt agréable au toucher, et contrairement à ce que Jasper avait d’abord pensé, elle ne le gênait pas du tout. Il bougeait les doigts sans difficulté, le gant cachait même un peu le poignet, juste là où venaient se croiser les veines. Protection élémentaire mais efficace, surtout lorsqu’il sera sur le terrain.

Il n’y avait pas que les gants, il avait aussi dû repenser toute la manière de s’habiller, au fil des entraînements. Ne porter que des vêtements ajustés, rien ne devait entraver ses mouvements, avec des matières spécifiques, là encore, pour les personnes comme lui. Même aujourd’hui, pour une sortie avec sa petite sœur, il portait une veste serrée à la taille, aux manches s’arrêtant pile aux poignets, et qui lui laissait une bonne liberté de mouvement. Alan lui avait conseillé de ne jamais laisser pousser les cheveux trop longs, et ce n’était pas pour ne pas froisser la bien-pensance mais pour ne pas avoir la moindre petite mèche opportune venir valser devant ses yeux au plus mauvais moment. Avant de quitter la salle de d’eau commune, il se regarda une dernière fois dans le miroir, essayant, sans trop de succès d’ailleurs, de sourire à son reflet. Ces dernières semaines avaient été vraiment très dures, suivant un rythme d’entraînement intensif. Il n’avait eu que très peu de temps avec ses amis et sa famille, passant la majeure partie de ses journées à s’entraîner.

C’était aussi pour cette raison qu’il coupait vraiment son programme établi, pour une journée, et passer du temps avec Laura sans qu’ils ne soient dérangés. Il tenait à la voir, prendre du temps avec elle, et lui dire au revoir, avant de finalement partir en mission. Ce qui l’attendait était incroyablement dangereux, il en avait conscience, l’Est était la région la plus à risque de toute la France, depuis déjà plusieurs mois. Il savait ce qu’il risquait et ne voulait pas s’y lancer avant d’avoir eu le temps de dire au revoir à sa sœur. Au cas où. Ce matin, avant de se préparer, il avait aussi pris le temps d’aller embrasser et serrer ses deux nouveaux petits frère et sœur. Leur dire qu’il les aimait déjà, eux aussi, même s’ils étaient encore trop petits pour le comprendre. Qu’il aurait aimé passer plus de temps avec eux aussi, dans des temps plus heureux. Une bonne inspiration plus tard, il quitta la salle, puis descendit d’un pas rapide les escaliers. Il retrouva Laura dans le hall d’entrée, où ils s’étaient donnés rendez-vous.

– Prête ? On y va !

Ce sera, littéralement, les dernières heures passées ensemble avant qu’il ne parte enfin en mission avec son unité. Pour en revenir… Il ne savait pas trop quand, en réalité. Dans quelques jours, ça l’étonnerait beaucoup. Plutôt quelques semaines, voire même quelques mois. A moins d’être blessé et envoyé ailleurs. Il ne savait pas. Il ne voulait pas y réfléchir tout de suite. A la place, il sortit avec sa sœur dans la cour, puis un instant plus tard dans les rues encore calmes du village. Ils allèrent prendre le bus, faisant la navette entre l’Houmeau et la Rochelle, sur la petite place de l’église. A cette heure, il y avait surtout des travailleurs partant vers la ville pour rejoindre leurs postes. Jasper ne portait qu’un petit sac à dos, un peu d’argent et une arme dissimulée. Dès lors qu’on était prêt à commencer les missions, la première règle était de ne plus se séparer de son arme. En s’installant avec Laura dans le bus, dans le fond, il la sentait peser lourd contre lui, sous sa veste. Il craignait toujours le jour, qui arrivera fatalement, où il devra se résoudre à tirer sur quelqu’un.

Dans un premier temps, comme ils étaient en bus et entourés de nombreuses oreilles pouvant être indiscrètes, il parla surtout de ce qu’il prévoyait d’aller voir à la Rochelle, avec sa petite sœur. Le vieux port médiéval, la Tour de la Lanterne, le grand parc, quelques sites purement touristiques, somme toute, où rien n’éveillait les soupçons. Une journée ordinaire, pour deux jeunes gens en vadrouille, il n’y avait rien de plus classique pour les passants que de voir ça. Le trajet jusqu’en ville était court, moins d’une dizaines de minutes, et très vite, ils purent débarquer. Sitôt arrivé et le pied posé dehors, il attrapa la main de sa petite sœur et la serra dans la sienne, sans plus penser qu’elle pourrait trouver bizarre qu’il porte des gants alors qu’il ne craignait pas le froid. Il n’en portait jamais lorsqu’il lui tenait la main, d’habitude, mais cette habitude-là s’était vite envolée pendant les entraînements. Manier le feu ne signifiait pas qu’on ne pouvait pas se brûler avec, même si on devenait de plus en plus résistant à cette chaleur infernale au fil du temps et des exercices menés.

– On va au port médiéval, pour commencer ? demanda-t-il en s’engageant dans les petites rues. On a jusqu’à cet après-midi pour se balader. Je… Bon, je tenais à ce qu’on puisse passer une journée tranquille ensemble, comme je pars dès cette nuit.
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Laura K. Nakajima

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MessageSujet: Re: Une dernière journée de paix   Une dernière journée de paix EmptyJeu 13 Aoû - 9:25

Laura essayait vraiment d’afficher un sourire sur son visage, de se montrer forte en prévision de cette journée. La dernière avec Jasper avant… elle ne savait pas combien de temps. Elle savait que les choses s’envenimaient, qu’ils allaient sans doute devoir tous bouger dans peu de temps pour rester en sécurité. Les gens parlent beaucoup. Les enfants s’inquiétaient. Laura voyait régulièrement des plus jeunes pleurer et demander quand ils retrouveraient leurs parents, où étaient leurs frères et sœurs… Et elle-même se sentait incroyablement limitée. Frustrée. Elle s’entraînait dur pour apprendre à se défendre et à attaquer mais sa taille et sa corpulence l’entravaient énormément. Elle travaillait également dur pour développer ses dons, en particulier le vent qui s’était développé plus tard mais qu’elle trouvait bien plus utile que l’eau. Mais, honnêtement, elle était inutile dans cette guerre et elle le savait. Même avec toute la meilleure volonté du monde, Laura savait qu’elle n’avait aucun argument pour rester et aider le mouvement. Et elle redoutait particulièrement le départ de Solène parce qu’elle savait que cela signifierait peut-être son départ, à elle, aussi… Cette pensée la hantait depuis quelques jours. Mais il était hors de question qu’elle parte. Il y avait Jasper, Antoine, ses quelques amis encore présents, son père adoptif. Même s’ils allaient partir… Elle ignorait ce que comptait faire son petit ami. Mais elle ne voulait pas partir. Pourtant, aujourd’hui, elle savait qu’elle risquait de ne pas avoir le droit de choisir.

Laura avait enfilé les premiers vêtements qui lui étaient tombés sous la main, un jean, un gros pull, un chemisier… Rien n’allait, dans cette tenue, mais c’était chaud et pratique « au cas où ». Tous les matins, tous se réveillaient avec le « au cas où » en tête, pensant à la fuite probable si jamais il y avait un problème. Elle se passa un peu d’eau sur le visage après sa toilette rapide du matin, quittant la salle d’eau pour rejoindre son frère dans le hall d’entrée bien qu’elle soit largement en avance. Il n’était même pas huit heures du matin, les autres dormaient encore et Laura put profiter des derniers instants de calmes et de solitude avant que tout ne se mette à bouger, à s’enchaîner. Maintenant, elle savait que son frère allait bien. A partir du moment où ils se diraient au revoir, la question qui ne quitterait plus son esprit serait « Est-ce qu’il va bien ? ». Elle patienta un bon moment, ayant l’intention de lire d’abord mais s’étant perdue dans ses pensées avec une boule au ventre. Jasper la fit presque sursauter lorsqu’il arriva mais Laura lui fit un grand sourire, mettant son sac sur le dos en s’efforçant de ne pas marquer d’arrêt en voyant son frère dans cette tenue. C’était habituel, maintenant, mais… il fallait encore qu’elle s’y fasse. Des vêtements près du corps, des gants, les cheveux toujours très courts. C’était… une question d’habitude.

Jasper – Prête ? On y va !

Oui. Laura hocha la tête, quoi que moins enthousiaste pour cette journée même si c’était la première qu’ils passaient ensemble depuis un bon moment. Ils ne se voyaient presque plus, entre les entraînements de Jasper et les moments où il devait se reposer pour ne pas courir des risques bêtement à cause d’un manque de sommeil. Elle fit l’effort de sourire malgré tout, refusant de pourrir cette journée et de laisser à son frère une image d’elle tirant la tête alors qu’ils ne se reverraient pas avant… bref. Ne pas y penser. Ils marchèrent un moment pour prendre le bus sur la place de l’église, ne croisant que des travailleurs à cette heure-ci. Au moins, ils étaient tranquilles et ne devaient pas trop se tenir sur leurs gardes. Ils avaient le strict nécessaire avec eux pour la journée, Laura se doutant que son frère avait une arme avec lui même si elle n’osait pas poser la question platement. C’était… mieux de ne pas le savoir. De ne pas le voir, surtout, même si ce n’était pas un sujet tabou. Ils s’installèrent côte à côte dans le fond du bus, entourés d’autres personnes qui les empêchaient de parler vraiment librement. Mais, en un sens, cela soulageait aussi Laura. Avoir une discussion normale, sans penser à tout ce qu’il se passait au-dehors, aux ennemis qui voulaient leurs têtes à toute heure. Une pause, dans tout cela, leur était bien plus bénéfique qu’autre chose.

Le trajet en en bus fut très court, une dizaine de minutes maximum. Lorsqu’ils descendirent, Jasper attrapa immédiatement la main de Laura, ce qui provoqua deux sentiments totalement opposés dans la même seconde. D’abord, ce contact lui fit un bien fou parce que passer du temps avec son frère lui manquait. Ensuite, les gants qu’il portait lui rappelaient les circonstances actuelles. Pas besoin de lui demander pourquoi, elle le savait déjà et elle s’en voulait de penser à la guerre et à son départ proche alors qu’ils voulaient juste passer une journée ensemble, loin de tout ça. Prenant une petite inspiration, faisant passer cela pour un frisson qu’elle réprimait, Laura fit un maigre sourire à son frère en regardant le paysage. Ils avaient de quoi visiter, ici… Elle ne connaissait pas l’endroit, pas du tout, et ils en avaient parlé dans le bus. Le port médiéval, la Tour de la… heu. La Tour, quoi. Et des parcs. Endroits où il y aurait probablement de nombreux touristes mais ils pourraient se distraire sans éveiller de soupçons. Rester seuls, aujourd’hui, ce n’était pas « normal ». Pff.

Jasper – On va au port médiéval, pour commencer ? demanda-t-il en s’engageant dans les petites rues. On a jusqu’à cet après-midi pour se balader. Je… Bon, je tenais à ce qu’on puisse passer une journée tranquille ensemble, comme je pars dès cette nuit.

Laura – Je te laisse choisir… C’est ta dernière journée ici, dit-elle en sentant un peu les larmes monter malgré elle. Pardon… Je voulais éviter ça aujourd’hui pour qu’on puisse profiter ensemble sans se rappeler ce qui fait déjà partie de notre quotidien. Et puis, on n’a plus pu passer du temps à deux depuis un bon moment, je ne veux pas tout gâcher. C’est seulement que… ce sera la première fois qu’on sera séparés. Et on n’est…

… pas sûrs de se revoir. Mais le reste de la phrase resta coincé dans la gorge de l’adolescente. Elle ne pouvait l’admettre, reconnaître que c’était peut-être la dernière fois qu’ils se verraient. Elle s’efforçait d’être positive, optimiste, vraiment ! Mais, là, dans des circonstances telles que celles-ci, comment le rester ? Resserrant sa main sur celle de Jasper, elle resta silencieuse un moment, essayant juste de se reprendre. Du calme. On profite juste du moment à deux, et c’est tout. Rien d’autre. Marchant dans les rues encore calmes avec lui, Laura essaya de lui sourire, malgré la boule qu’elle sentait grossir dans sa gorge, focalisant son attention sur sa respiration et son frère. Profiter de la journée, ne pas penser à cet après-midi et encore moins à ce soir. Ralentissant un peu l’allure, alors qu’ils marchaient vers le port médiéval, l’adolescente se blottit soudain dans les bras de Jasper, le serrant fort contre elle par peur de le voir disparaître. Tant pis, hein. Elle avait besoin de ce câlin, pas seulement de tenir la main de son frère alors qu’il s’en allait cette nuit.

Laura – Je sais que tu seras prudent… Mais tu penses qu’on pourra quand même avoir des nouvelles l’un de l’autre ? J’ai peur de devoir partir. Je ne suis pas vraiment utile, pour la Résistance, je suis trop petite et trop jeune… Je ne veux pas partir. Mais je n’ai aucun argument légitime pour rester…
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MessageSujet: Re: Une dernière journée de paix   Une dernière journée de paix EmptyMer 19 Aoû - 8:25

– Je te laisse choisir… C’est ta dernière journée ici. Pardon… Je voulais éviter ça aujourd’hui pour qu’on puisse profiter ensemble sans se rappeler ce qui fait déjà partie de notre quotidien. Et puis, on n’a plus pu passer du temps à deux depuis un bon moment, je ne veux pas tout gâcher. C’est seulement que… ce sera la première fois qu’on sera séparés. Et on n’est…

Hein ? Il tourna un peu la tête vers elle, voyant aussitôt qu’elle avait les larmes aux yeux. Oh, allons ! Il lui sourit un peu pour lui remonter le moral, alors qu’elle lui serrait plus fort la main. Tout en continuant à marcher, il cherchait un truc pour tenter de la faire rire, au moins la faire sourire, au minimum, la remonter un peu. Il ne voulait pas qu’elle se sente triste à cause de lui, et surtout, il refusait tout net qu’elle réalise à quel point lui-même avait la terreur vissée au ventre, car ce n’était pas ça qui allait réussir à la rassurer un peu. Au bout de quelques mètres à peine, cependant, elle bougea soudainement pour venir se fourrer dans ses bras et se serrer contre lui. Il n’avait pas réagi ni trouvé assez vite. Il referma les bras sur elle, commençant machinalement à lui masser un peu la nuque, sous son écharpe, comme si elle était toujours une petite fille. Là, là, du calme, du calme, tout devrait bien se passer. Il lui murmura doucement que ça ira, sans trouver quoi lui dire d’autre, sur le moment. Est-ce que ça ira vraiment ? Il n’en savait rien, dans le fond. Il ne savait même pas à quoi s’attendre réellement.

– Je sais que tu seras prudent… Mais tu penses qu’on pourra quand même avoir des nouvelles l’un de l’autre ? J’ai peur de devoir partir. Je ne suis pas vraiment utile, pour la Résistance, je suis trop petite et trop jeune… Je ne veux pas partir. Mais je n’ai aucun argument légitime pour rester…

Ouh, ne parle pas trop fort… pas en en pleine rue ! Il tira sa petite sœur sur le côté avec lui pour ne pas gêner le passage, puis s’assit près d’elle sur un petit muret. Même s’il n’y avait personne à proximité, avec l’heure matinale et dans cette partie de la ville, on ne pouvait jamais savoir qui pouvait vous écouter… Son cœur avait fait un très brusque bond en avant, comme si un simple mot murmuré dans la rue pouvait suffire à leur attirer des ennuis. Et c’était bien le cas… Même s’il comprenait très bien que Laura ait peur ou s’inquiète, il y avait des erreurs à ne pas commettre. Une fois assis, avec elle, il la reprit comme il faut dans ses bras, le souffle un peu court, et la serra contre lui.

– Ne prononce pas ce mot en pleine rue, jamais, absolument jamais, tu m’entends ?

Il avait murmuré à son oreille, très bas, d’un ton à la fois ferme et un peu précipité. C’était aussi pour elle ! Ils ne pouvaient pas commettre des fautes aussi grossières, personne ne le pouvait plus ! Il la serra un peu plus fort contre lui, reprenant un rythme de respiration correcte en voyant qu’il n’y avait bel et bien personne à proximité.

– Tu sais, murmura-t-il toujours très bas, si on dit que l’âge ne compte plus, aujourd’hui, c’est uniquement car il ne protège plus de rien. De rien. Du tout. Quoi qu’il arrive, maintenant, et peu importe où tu iras, dans ce pays ou un autre, ne mentionne jamais ce que tu as pu faire, qui tu connais, ne dis même pas que tu as un frère. J’essaierai de te faire envoyer des nouvelles le plus régulièrement possible, je te le jure.

Il réalisa seulement à cet instant-là qu’en la prenant comme dans ses bras, elle avait peut-être senti l’arme qu’il portait, dissimulée sous sa veste. Hum, bon, pas bien grave, de toute manière, elle devait bien se douter depuis le début qu’il en portait une. Et qu’il apprenait à s’en servir depuis déjà un bon moment. Il continua malgré tout à la serrer contre lui, en essayant autant de la réconforter que d’ignorer le poids du pistolet contre lui.

– Personnellement, je préfère que tu partes, poursuivit-il après un léger instant de silence. Plus aucun endroit dans ce pays n’est en sécurité, dorénavant. Plus aucun civil ne l’est. Mais ce n’est pas une fatalité, la paix reviendra. Tu dois être patiente.
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Laura K. Nakajima

Laura K. Nakajima
MessageSujet: Re: Une dernière journée de paix   Une dernière journée de paix EmptyDim 4 Oct - 15:07

A peine Laura eut-elle finit sa phrase que Jasper la tira avec lui, sur le côté, avant de s’asseoir sur un petit muret. Il avait l’air incroyablement sur ses gardes, comme si elle avait déclenché une bombe ou quelque chose comme ça. Ne comprenant pas immédiatement sa réaction, elle fut déstabilisée quelques instants et se laissa totalement faire lorsque son frère la prit dans ses bras. Il la serrait contre lui, le souffle plus court qu’avant, avec son air de grand frère protecteur. Mais… pourquoi ? Juste parce qu’elle avait parlé ? Il n’y avait personne, ici ! Et elle ne l’avait pas crié, non plus ! Laura poussa un soupir, oubliant sa peur et sa tristesse l’espace de quelques secondes tant la lassitude et la colère avaient pris le dessus. Ils ne pouvaient pas parler. Jamais. Même pas à cœur ouvert alors qu’il n’y avait personne…

Jasper – Ne prononce pas ce mot en pleine rue, jamais, absolument jamais, tu m’entends ?

Mais… pff. Honnêtement, c’était la seule réaction qui lui vint à l’esprit. Elle hocha, cependant, docilement la tête en s’excusant brièvement. Ce n’était qu’un murmure dans son oreille, mais un murmure ferme et inquiet qui ne donnait pas envie de riposter. Elle comprenait le danger, vraiment ! Laura n’était pas ignorante, elle commençait à savoir repérer les signes, eux-mêmes avaient grandi dans un environnement où il fallait faire attention à tout… Mais ils étaient ensemble. Ils avaient toujours été ensemble, savaient que l’autre allait bien – ou pas, parfois –, ils pouvaient se soutenir et trouver du réconfort dans les bras l’un de l’autre sans avoir besoin de grande discussion. Juste… être ensemble. Mais, à partir de ce soir, ce ne serait plus le cas. Jasper allait partir en mission et Laura allait partir au Japon dans elle ne savait combien de temps. Elle profita de ce câlin, un des derniers, la tristesse et la peur revenant en flèche. Tellement d’émotions la traversaient qu’elle sentait même le vent s’agiter intérieurement. Elle ne voulait pas… Et elle s’en voulait de craquer de la sorte. Jasper devait être lui-même terrorisé et il ne pouvait même pas s’exprimer à cause d’elle. Et, en même temps… Le ferait-il ? D’ailleurs, dans cette position, elle sentait clairement l’arme qu’il portait – comme elle s’en était douté dans le bus.

Jasper – Tu sais, murmura-t-il toujours très bas, si on dit que l’âge ne compte plus, aujourd’hui, c’est uniquement car il ne protège plus de rien. De rien. Du tout. Quoi qu’il arrive, maintenant, et peu importe où tu iras, dans ce pays ou un autre, ne mentionne jamais ce que tu as pu faire, qui tu connais, ne dis même pas que tu as un frère. J’essaierai de te faire envoyer des nouvelles le plus régulièrement possible, je te le jure.

Cacher… cacher qu’elle avait un frère? Mais… mais… Jamais elle n’y arriverait ! Comment Laura pouvait-elle cacher l’existence de son frère ? Elle pensait tout le temps à Jasper, ils étaient et avaient toujours été proches ! Et si jamais ça durait des années et des années ? Ou si on lui faisait un lavage de cerveau et qu’elle allait même jusqu’à oublier Jasper ? Bon, non, là, c’était un raisonnement irrationnel. Mais tout de même ! Laura lança un regard paniqué à son frère tandis qu’il continuait de la serrer dans ses bras, lui massant la nuque comme il l’avait toujours fait. Elle ne pouvait pas faire comme s’il n’existait pas, comme s’il n’avait jamais existé. C’était son frère ! Rester évasive sur son passé… d’accord. Elle pouvait, elle en était capable. Mais ne jamais l’évoquer, le mentionner, dire qu’elle avait grandi et été protégée par son frère et certainement pas par ses parents… Au Japon. Surtout ça. Au Japon. Japon qui se trouvait à ses milliers de kilomètres d’ici, Japon où la famille avait une place incroyablement importante. Et, ici, on voulait lui retirer l’élément le plus important de sa famille… Même leur père adoptif était devenu important. Et il restait ici aussi.

Jasper – Personnellement, je préfère que tu partes, poursuivit-il après un léger instant de silence. Plus aucun endroit dans ce pays n’est en sécurité, dorénavant. Plus aucun civil ne l’est. Mais ce n’est pas une fatalité, la paix reviendra. Tu dois être patiente.

Laura – Mais dans combien de temps… ?, lâcha-t-elle dans un murmure. Je serais loin de toi, loin d’Antoine, on ne sait pas si vous allez pouvoir me donner réellement des nouvelles. Je vais être dans un pays où la famille a une place importante et tu me dis que je ne dois même pas dire que tu existes… Je sais que c’est pour me protéger mais je…

Comment était-elle censée faire, exactement ? Laura était parfaitement consciente des dangers qu’elle courait ici et elle en avait peur. Mais elle savait que son petit ami et son frère allaient rester ici… et cela la terrorisait. Maintenant, Jasper pouvait-il vraiment la rassurer ? Non. Elle fit un signe de la main, signifiant « laisse tomber », essayant de rallonger sa respiration pour retrouver son calme et ne pas pourrir toute la journée. Elle ne voulait pas aller au Japon dans une famille si… différente de ce qu’eux connaissent ici. Elle ne pensait pas à leurs parents, évidemment ! Mais il avait déjà fallu tellement de temps à Laura pour s’habituer à ce rythme, pour faire confiance à Kimmitsu… Solène, c’était une amie, la situation était encore différente. Mais leur prof devenu tuteur puis père adoptif… Et puis, ils ne connaissaient pas vraiment sa famille. Laura avait parlé un peu avec ses oncles, oui, mais ce n’était pas la même chose que de rester vivre là-bas pendant des mois, voire des années. Et il faudrait reprendre un train de vie… normale, en plus ? Puis, il y avait Josuke…

Laura – J’aimerais pouvoir te rassurer… au moins, pour que tu ne t’inquiètes pas pour moi. Mais je ne sais même pas comment m’y prendre, une fois là-bas. Les seules personnes auxquelles je tiens réellement vont rester ici. Toi, Antoine, même… enfin, tu comprends. Je suis censée vivre ma vie là-bas, comme s’il ne se passait rien ici ? Je penserai à vous constamment. Je sais que tu ne peux pas me rassurer, que tu as toi-même peur. J’aurais seulement souhaité rester ici pour me rendre vraiment utile…

Laura se mordit les lèvres avant de se blottir un peu mieux dans les bras de Jasper, le serrant contre elle tant qu’elle le pouvait encore. C’était encore vide, autour d’eux, heureusement. Personne n’allait dire quoi que ce soit. Le calme les entourait, si ce n’est le bruit ambiant normal de la ville qui s’éveille de plus en plus. Ils allaient bien devoir reprendre leur trajet et visiter un peu… Désolée. Elle savait qu’elle pourrissait absolument toute leur journée, à craquer comme ça. Ils pouvaient bouger, désolée. Redressant la tête vers son frère, Laura lui fit un mélange de moue-grimace-sourire en essayant de se montrer convaincante.

Laura – Désolée. On peut reprendre et aller voir… ce que tu voulais. Je veux pas pourrir bêtement notre journée, je vais bien.
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Jasper Nakajima
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Jasper Nakajima
MessageSujet: Re: Une dernière journée de paix   Une dernière journée de paix EmptyLun 5 Oct - 10:15

– Mais dans combien de temps… ? Je serais loin de toi, loin d’Antoine, on ne sait pas si vous allez pouvoir me donner réellement des nouvelles. Je vais être dans un pays où la famille a une place importante et tu me dis que je ne dois même pas dire que tu existes… Je sais que c’est pour me protéger mais je…

– C’est comme ça.

Combien de temps ça allait durer ? Il n’en savait rien La Résistance avait-elle la moindre chance de l’emporter ? Aucune idée. La paix reviendra-t-elle vraiment un jour, avec la fin des exécutions sommaires et des massacres de masse ? Impossible de le savoir. Leur pays allait-il s’enfoncer durant des décennies dans un mouvement totalitaire ou redeviendra-t-il une démocratie ? Une fois de plus, il ne savait pas. Il ne savait rien du tout. Il se battait pour un idéal dont personne ne pouvait lui garantir la moindre chance de succès et avait accepté de donner sa vie pour atteindre un but dont personne, une fois de plus, ne pouvait lui dire s’il était réalisable. Ils se battaient tous sur la base d’un unique espoir, mais ce n’était qu’un espoir, justement ! Alors que tout jouait contre eux. Il ne réagit qu’à peine au signe de sa petite sœur, tandis qu’il la serrait fort contre lui, le plus fort possible, presque par crainte qu’elle ne disparaisse brutalement ici même, en un souffle. Il avait tant conscience que c’était peut-être la dernière journée, à jamais, qu’il la voyait et pouvait la serrer dans ses bras… Cette journée n’était qu’un prétexte pour ça, la voir, au moins de longues heures, encore un peu. Juste au cas où.

Et de ce qu’elle ajouta, Jasper n’osa pas lui avouer, sur le coup, qu’il n’aura sans doute plus de temps pour s’inquiéter de ceux qui partaient. Bien au contraire, s’ils partaient, c’était justement pour leur ôter un poids et une peur ! Pour enlever cette inquiétude, que tous puissent se dire « C’est bon, nos proches sont loin et ne craignent plus rien, nous n’avons plus à nous angoisser pour eux, il faut se concentrer sur notre objectif ». Non, il ne s’inquiétera plus pour elle, une fois qu’elle sera mise en sécurité, il pourra se concentrer pleinement sur la guerre. Ce n’est pas qu’il s’en foutra, ou que ça n’aura plus d’importance, en revanche, ça ne devra pas entrer en ligne de compte. Dès lors qu’un proche n’était plus en danger de mort, il ne fallait plus passer son temps à s’inquiéter, c’était ce qu’il avait appris, car s’occuper l’esprit d’une telle façon était un nouveau piège mortel à éviter. Mais comment expliquer ça à Laura ? Lui dire qu’une fois qu’elle sera partie, il ne pensera plus à tout ça, il ne se demandera pas comment elle pouvait s’adapter là-bas ou refaire sa vie ? Qu’il ne s’en préoccupera de nouveau qu’une fois que la guerre sera terminée ?

Même qu’elle pense à eux, qu’elle agisse ou non comme s’il ne se passait rien ici, ça n’avait aucune importance. Il leva très brièvement le regard vers le ciel, observant les nuages défiler, puis le rebaissa vers sa petite sœur. Il se demandait ce qui était le mieux… La bercer d’un joli mensonge rassurant et confortable, pour qu’elle ne pleure plus et soit rassurée, ou bien simplement lui dire la vérité telle qu’elle l’était. Car même si cette guerre les avaient tous poussé vers la maturité, Laura avait encore des réflexions d’enfant… Cela se voyait lorsqu’elle ne comprenait pas certaines de ses réflexions ou même avec ce qu’elle venait de lui dire.

– C’est à toi de reprendre ta vie en main, maintenant. Tu auras tout ce qu’il faut pour le faire, là-bas. Que s’adapter soit dur ou non, au final, on s’en moque. C’est tout l’enjeu de cette affaire, on doit faire en sorte que les pays de ce monde n’acceptent pas les massacres de masse aussi facilement. Et que personne n’ait à se lever le matin en se demandant s’il pourra survivre jusqu’au soir. Si tu ne fais pas d’efforts pour reprendre ta vie là-bas, c’est comme si je me battais pour rien, ici. Tu comprends ça ?

Le ton restait doux, car il tenait à ce qu’elle essaye de comprendre, même si elle n’y arrivait pas tout de suite, elle devait au moins bien y réfléchir. Il ne l’obligeait pas à lui fournir une réponse immédiate, mais elle devait absolument y réfléchir. Tout en continuant à la serrer contre lui comme si sa vie en dépendait, profitant qu’ils soient encore bien seuls.

– Se laisser aller, qui plus est, c’est offrir la victoire aux gouvernement totalitaires. Je sais bien que c’est facile à dire, pourtant c’est le cas. Notre seule fierté, ce sera de tenir la tête droite jusqu’au bout, quoi qu’il puisse arriver. J’ai plus peur de la baisser que de tout ce qu’il pourrait arriver autrement, tu sais… J’ai peur d’accepter la soumission., de gré ou de force. C’est très égoïste, mais ce sera plus facile une fois que tu seras en sécurité.
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Laura K. Nakajima

Laura K. Nakajima
MessageSujet: Re: Une dernière journée de paix   Une dernière journée de paix EmptyJeu 19 Nov - 20:49

Jasper – C’est à toi de reprendre ta vie en main, maintenant. Tu auras tout ce qu’il faut pour le faire, là-bas. Que s’adapter soit dur ou non, au final, on s’en moque. C’est tout l’enjeu de cette affaire, on doit faire en sorte que les pays de ce monde n’acceptent pas les massacres de masse aussi facilement. Et que personne n’ait à se lever le matin en se demandant s’il pourra survivre jusqu’au soir. Si tu ne fais pas d’efforts pour reprendre ta vie là-bas, c’est comme si je me battais pour rien, ici. Tu comprends ça ?

Jasper continuait à la serrer contre lui, Laura écoutant attentivement ses paroles. Donc, il voulait… qu’elle parte ? Qu’elle fasse sa vie au Japon comme si lui ne risquait pas la sienne en France ? Son point de vue était tout à fait compréhensible, il n’aurait même plus à s’inquiéter pour elle et pourrait se battre, se consacrer à cent pourcent à cette vie qui l’attendait. Mais, égoïstement, une part de Laura ne voulait pas qu’il fasse une telle chose… Elle avait peur de le perdre. Elle était terrorisée à cette idée. Elle ne voulait pas vivre sans son frère, le voir mourir ou apprendre qu’il était mort à des milliers de kilomètres d’elle sans qu’elle ne lui dise adieu. Et, aujourd’hui, elle n’était pas prête à le faire… Mais elle comprenait. Difficilement. Mais elle comprenait. Des larmes continuaient à couler le long de ses joues, plus calmes cependant, tandis que l’adolescente écoutait son frère. Évidemment, il avait raison… Cette fois, c’était lui, le sage. Le raisonnable dans cette histoire. Mais elle avait si peur…

Jasper – Se laisser aller, qui plus est, c’est offrir la victoire aux gouvernement totalitaires. Je sais bien que c’est facile à dire, pourtant c’est le cas. Notre seule fierté, ce sera de tenir la tête droite jusqu’au bout, quoi qu’il puisse arriver. J’ai plus peur de la baisser que de tout ce qu’il pourrait arriver autrement, tu sais… J’ai peur d’accepter la soumission., de gré ou de force. C’est très égoïste, mais ce sera plus facile une fois que tu seras en sécurité.

Laura ferma les yeux très fort, regrettant d’entendre ces paroles. Elle ne pouvait pas refuser de partir et de garder la tête haute avec ça… Et il le savait. Sa gorge se serra, se noua si fort qu’elle fut incapable de répondre tout de suite. Elle ne se sentait pas trahie ni abandonnée. C’était plus elle qui avait peur d’abandonner, de trahir son frère en ne restant pas ici. Parce que, depuis le début, ils étaient ensemble… Depuis le début de toute cette sale histoire, ils enquêtaient à deux, trois avec Antoine, se sauvaient l’un l’autre sans cesse. Et, aujourd’hui, il allait continuer tout cela seul… Très honnêtement, Laura ignorait comment envisager une vie normale là-bas. Considérer qu’elle n’avait pas de frère, pas de famille à part celle qui était à ses côtés, au Japon. Se fondre dans la masse, ne pas se faire remarquer, dompter le vent qui risquait de se faire de plus en plus violent. Un faible courant d’air les enveloppa d’ailleurs tous les deux, Laura bataillant intérieurement pour rester humble et se reprendre.

Laura – Si c’est ce que tu veux…, finit-elle par dire, la gorge toujours serrée. Je ne veux pas que tu te battes pour rien. Mais… l’idée que tu meures, que tu meures seul, que je ne l’apprenne que des mois après et que je ne puisse même pas te dire… Est-ce qu’on l’apprendra un jour ? Est-ce que tu seras entouré, quand tu partiras ? Et, ton don, est-ce qu’il est vraiment fiable aujourd’hui?

Laura s’interrompit brièvement, s’excusant de toutes les questions qu’elle posait aussi vite à son frère avant de poursuivre, souhaitant tout dire d’un coup avant qu’il ne réponde. Il était habitué, avec elle, et elle tâchait de faire attention aux mots qu’elle employait pour ne pas le mettre en danger. Si elle partait… Elle ne risquait plus rien. Mais, lui… La peur qui lui serrait le ventre, à présent, était celle de ne pas lui dire au revoir. De le laisser vraiment seul. Elle ne voulait pas qu’il baisse la tête, jamais Laura ne lui demanderait une telle chose. S’il baissait la tête un jour, il sera trop tard. Mais… S’il pouvait la rassurer, ne serait-ce qu’un minimum, pour prendre soin de lui. Pour ne jamais rien faire qui déroge à ses valeurs, à ses principes les plus profonds. C’était sans doute idiot… Mais, aujourd’hui…

Laura – Tu vas me trouver idiote mais j’ai peur que mon départ au Japon signifie que je t’abandonne. On est ensemble depuis le début, dans cette affaire. J’ai la peur au ventre de savoir que tu risques ta vie et que tu te penses seul alors que tu t’es battu toute ta vie pour que, moi, je ne le sois pas… Tu ne peux pas me promettre de rester en vie, je le sais. Mais… est-ce que tu peux me promettre de ne jamais rien faire qui aille contre tes valeurs ? Que tu prendras soin de toi ? Et… de ne jamais oublier que je suis là, si jamais tu es au plus bas?
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MessageSujet: Re: Une dernière journée de paix   Une dernière journée de paix EmptySam 21 Nov - 12:04

Voilà, c’était dit, et étrangement, ça lui ôtait un poids malgré tout. Il se sentait mieux, alors même qu’il venait de lui avouer assez platement qu’il préférait qu’elle parte loin de lui pour le moment et qu’il ne pourra plus penser à elle avant très longtemps. Frère indigne ? Sans doute. Jasper avait beau en avoir conscience, il ne culpabilisait pas pour autant, c’était donc encore pire. Et c’était comme ça. Il attendait qu’elle intègre ces paroles et qu’elle se remette un peu, il la sentait trembler presque violemment dans ses bras. Autour d’eux, le calme commençait longtemps, au lointain, à se briser, ils entendaient plus de bruits de voitures passant dans la rue à proximité, le soleil traversait peu à peu la petite ouche de brouillard matinale, des bruits de volets s’ouvrant venaient à leur tour percer le silence environnant. La vie normale. Un faible souffle de vent, accompagnant la venue du soleil, venait les entourer. Il se sentait presque hors du monde, à la fois très calme et très apeuré, ils étaient, tous les deux, suspendus dans le temps, en sursis. Comme on prend une grande inspiration avant de de devoir sauter dans le vide.

Tout aussi silencieux, quand sa petite sœur reprit la parole, il essuya même un très faible sourire. Elle comprenait, même si c’était dur, il avait finalement bien fait de lui parler. En revanche, il ne savait pas vraiment quoi lui répondre, pour ses premières questions. Il n’avait aucune idée de ce qu’il allait vivre exactement dans les prochains jours et n’avait aucune idée non plus de comment il risquait de mourir. Il pouvait très bien se prendre une balle en pleine tête, comme le colonel Gavin, par un sniper lointain, juste comme ça, soudainement, sans rien pouvoir faire pour se défendre. Il pouvait avoir un accident, il pouvait être tué pendant une attaque ou contre-attaque face à l’armée. Il pouvait être capturé, torturé et tué, comme leur oncle maternel… être tué comme Auguste, au milieu d’une bataille. Il pouvait terminer sa vie en tenant la main d’un proche, s’il avait de la chance, ou mourir seul au milieu du chaos, comme ça avait le cas pour déjà tant de résistants, depuis le début de la guerre. Et selon où il sera, d’autres pourront le savoir l’ignorer. Que pouvait-il répondre ?

Même pour le reste, c’était assez délicat. Ils allaient combattre en groupe, souvent, mais aussi seul. Ils pouvaient se retrouver séparés les uns des autres très facilement. Des situations plus… tendues ou échappant à tout contrôle, ce n’était pas ça qui manquait. Même en ce qui concernait son don, il ne pouvait pas garantir qu’il sera toujours capable de parfaitement s’en servir. Doucement, il commença à masser de nouveau la nuque de sa petite sœur, sous l’écharpe, en réfléchissant à ce qu’il pourrait lui répondre, alors qu’elle poursuivait. Un sourire amer avait grippé ses lèvres, tandis qu’il pensait au nombre effroyable de questions sans réponses qui leur tombaient dessus. C’était pareil pour tous les résistants à qui il avait déjà parlé. Il repensait, encore, au colonel Gavin, à ce qu’il lui avait dit sur tout ça. Les yeux presque brûlants de larmes qui ne voulaient plus sortir. Il était mort si vite… Dans les premières semaines de cette guerre civile. Si brutalement. Si vite.

– Je ne sais pas comment ça se finira, pour moi, si je m’en sortirais ou non, et comment. Je ne sais pas non plus si, dans le cas où je ne m’en sortirai pas, vous le saurez ou non. Ça ne dépendra pas de moi. Certains ont disparu et ont été retrouvés au bout de plusieurs mois dans des prisons politiques. Mais si ça dure encore plus longtemps, des années, considère que je suis mort. Je ne sais pas non plus si je serai toujours entouré. Pour l’endroit où je pars cette nuit, oui, je le serai, je ferai équipe avec Alan. Pour la suite, je n’en sais rien. Pas toujours, sans doute.

Ça, c’était pour la partie « Je n’ai en réalité aucune idée de ce qui m’attend réellement, je crève de trouille moi aussi mais je ne reculerai pas, même si ça revient à sauter dans le vide sans parachute et sans savoir si j’ai la moindre chance de m’en tirer. » En fait, c’était de la folie, quand on y pensait, de se lancer comme ça sans aucune garantie… Il sourit à nouveau, mélange d’amertume et d’une certaine joie. Oui, c’était de la folie pure et simple. Il ne savait pas dans quoi il s’engageait, soyons honnête. Il avait ses raisons de le faire et ses motivations, mais ignorait complètement ce qu’il aura bientôt en face.

– Je te jure de tout faire pour que ça passe le mieux possible, de ne commettre aucune action qui irait contre nos valeurs et de tout faire pour te revoir en vie. Toi, notre petit frère et notre petite sœur, toute notre famille. Tu dois savoir que tu seras la première à qui je penserai, une dernière fois, si je dois partir pour de bon.

Où qu’elle se trouve dans ce monde. C’était une promesse. Il l’embrassa fort sur le front, nerveux, même confiant pour ça. Elle était sa raison principale de s’engager et devait sans doute déjà le savoir. Il pensa un instant à lui dire de ne pas pleurer, puis laissa tomber l’idée, elle ne pourra sans doute pas s’en empêcher, de toute façon.

– Toi, promets-moi, quoi qu’il arrive maintenant, de tout faire pour mener une vie normale, de tracer ta voie et être heureuse. De prendre bien soin de Kiyo et Akemi, être la meilleure des grandes sœurs, comme moi j’ai pu prendre soin de toi.
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MessageSujet: Re: Une dernière journée de paix   Une dernière journée de paix EmptyJeu 31 Déc - 1:00

Jasper – Je ne sais pas comment ça se finira, pour moi, si je m’en sortirais ou non, et comment. Je ne sais pas non plus si, dans le cas où je ne m’en sortirai pas, vous le saurez ou non. Ça ne dépendra pas de moi. Certains ont disparu et ont été retrouvés au bout de plusieurs mois dans des prisons politiques. Mais si ça dure encore plus longtemps, des années, considère que je suis mort. Je ne sais pas non plus si je serai toujours entouré. Pour l’endroit où je pars cette nuit, oui, je le serai, je ferai équipe avec Alan. Pour la suite, je n’en sais rien. Pas toujours, sans doute.

Laura avait l’impression de se noyer dans les sentiments qu’elle ressentait. De la terreur, de la tristesse, de l’injustice. Et, en même temps, elle était rassurée et reconnaissante parce que son frère lui disait la vérité. Il ne cherchait pas à la rassurer sur les risques qu’il prenait, il ne lui mentait pas une seule seconde. Par ce geste, il lui prouvait qu’il la considérait « grande », au moins de ce côté-là. Alors que, depuis des mois, elle pensait qu’il ne la voyait que comme sa petite sœur immature qui ne pouvait pas comprendre tout ce qu’il se passait… Certes, Laura manquait de réflexion, et elle le savait. Mais, si on ne lui donnait pas sa chance, comment pouvait-elle grandir à ce niveau ? Une énorme boule lui serrait la gorge, l’empêchant de répondre quoi que ce soit, mais seules quelques larmes coulèrent le long de ses joues tandis qu’elle restait blottie contre son frère. Sincèrement, en cet instant précis, peu lui importaient les activités qu’ils avaient prévues pour la journée… Même rester comme ça lui suffisait. Tant que tout allait… un minimum bien. Le calme avant la tempête.

Jasper – Je te jure de tout faire pour que ça passe le mieux possible, de ne commettre aucune action qui irait contre nos valeurs et de tout faire pour te revoir en vie. Toi, notre petit frère et notre petite sœur, toute notre famille. Tu dois savoir que tu seras la première à qui je penserai, une dernière fois, si je dois partir pour de bon.

Laura ne put retenir de nouveau ses larmes, cette fois, alors que Jasper l’embrassait fort sur le front. Cette promesse… Il semblait si confiant, dans ses paroles… Honnêtement, elle ignorait si cela la rassurait ou non. D’un côté, oui, parce qu’elle savait qu’il ne serait jamais seul. Il penserait à elle, comme elle penserait tout le temps à lui, et ils resteraient ensemble de cette manière. Des signes qui les liaient, ils en avaient plein. Des bracelets, des colliers qu’ils s’étaient offerts, des cadeaux d’anniversaire, des photos… Ce n’était pas cela qui manquait. Mais, les objets, ça se perd. Alors, tant qu’il gardait en tête qu’elle était toujours là, même à des milliers de kilomètres… Laura resserra sa main sur le genou de son frère, tremblant un petit peu. Même le vent soufflait un peu plus, sans doute était-ce son don mêlé au vent qui se levait et qui camouflait l’activité étrange qui se déroulait ici. Heureusement.

Jasper – Toi, promets-moi, quoi qu’il arrive maintenant, de tout faire pour mener une vie normale, de tracer ta voie et être heureuse. De prendre bien soin de Kiyo et Akemi, être la meilleure des grandes sœurs, comme moi j’ai pu prendre soin de toi.

Laura – Qu… Je…

Laura avait redressé la tête en entendant les paroles de son frère, les yeux encore humides, et le regardait droit dans les yeux. Il ne pouvait pas lui demander cela… Elle baissa le regard, le maudissant intérieurement et se mordant les lèvres. S’il mourait, comment pourrait-elle continuer en étant heureuse ? Ou si tout ce combat ne menait à rien ? Elle n’allait pas le dire, bien sûr, mais… Il… Laura savait qu’elle était piégée. Si elle refusait de promettre, si elle trouvait une entourloupe pour ne pas promettre comme il le lui avait demandé, il allait douter et la faire culpabiliser pour qu’elle promette de toute manière. Mais elle n’était pas sûre de tenir cette promesse selon les événements… Là, tout de suite, elle lui en voulait. Elle lui en voulait tellement de lui demander ça. Le vent s’intensifiait un peu, autour d’eux, mais Laura tâchait de rester digne malgré tout, bénissant le vent naturel qui soufflait aussi à l’extérieur. Elle tourna la tête pour regarder Jasper, à nouveau, ouvrant la bouche sans qu’aucun son n’en sorte tout de suite. Comment pouvait-elle faire pour respecter cette promesse si… ? Elle ne voulait pas non plus ignorer la tristesse et finir comme leur tante, à tout refouler.

Laura – Tu es…, souffla-t-elle en retenant la fin de sa phrase. J’aimerais te le promettre. Mais comment est-ce que je pourrais tenir cette promesse, être heureuse, si tu meurs ? Si Antoine meurt ? Si l’un de vous meurt et qu’on n’a… jamais la réponse, au final ? Je ne veux pas finir comme notre tante, à refouler mes émotions, à devenir froide ou totalement impassible extérieurement. Je veux te le promettre mais je… je suis censée faire comment ?

Pour le coup, c’était une vraie question. Laura avait retenu, de justesse, de dire que Jasper était horrible de lui demander une telle chose. Elle ne voulait pas lui dire cela, pas alors qu’ils passaient leurs dernières heures ensemble. Surtout qu’elle ne le pensait pas vraiment. Enfin, là, tout de suite, si. Parce que cette promesse lui était extrêmement douloureuse, les mots restaient coincés dans sa gorge. L’idée de trahir sa promesse parce qu’elle était triste, incapable de se relever s’il leur arrivait quelque chose, lui était insupportable. Elle serait anéantie par la trahison de la promesse en plus de la mort d’un de ses proches. Elle le voulait. Elle le voulait vraiment. Mais elle ignorait si elle avait les épaules pour…

Laura – Ce n’est pas un caprice, je le veux vraiment, mais je… Les mots restent coincés ici, dit-elle en portant la main à sa gorge. Je ne sais même pas comment être une bonne grande sœur. On a grandi dans un milieu… difficile. Comment est-ce que je suis censée aider Solène à ce sujet ? Sans compter que j’ai toujours du mal à me considérer de la famille… même si je ne te l’ai jamais dit. Je ne regrette pas, loin de là, mais ils sont tellement… J’ai besoin de pistes. Et si jamais j’ai besoin de conseils, moi aussi ? J’ai peur de ne pas avoir les épaules pour. J’ai envie de te le promettre vu la promesse que tu m’as faite mais je… Je ne sais pas comment tu as fait, toutes ces années…

Au fond, Laura avait juste besoin d’être rassurée et lançait presque un regard implorant à son frère. Avoir quelques pistes, un point de repère si elle trébuchait. Elle ne voulait pas trahir cette promesse et tous les deux savaient que la mort d’un proche était probable. Elle ignorait comment Jasper avait fait pour s’occuper d’elle aussi bien, pour veiller sur elle. Elle-même ne savait pas encore le faire correctement alors, veiller sur des bébés ?
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MessageSujet: Re: Une dernière journée de paix   Une dernière journée de paix EmptySam 2 Jan - 12:25

Maintenant, il attendait, sans réagir à ses premiers balbutiements ou à ses regards mouillés. Il ne lâchait pas, ne disait rien, ne réagissait pas plus au vent qui s’était soudain intensifié autour d’eux, attendait, tout simplement. C’était sans doute la première fois de sa vie qu’il lui parlait aussi platement et qu’il ne se demandait plus, avant d’ouvrir la bouche, si elle avait les épaules assez larges pour encaisser ce qu’il avait à lui dire et si elle était capable de tout accepter, tout comprendre. Tout simplement parce qu’il n’avait plus le temps pour la ménager, prendre des gants, être doux ou lent pour ne pas trop la heurter. Dès cette nuit, il partira. Elle-même allait quitter le pays dans quelques jours, peut-être une semaine ou deux, il ne savait pas, et sans doute pour des mois, voire des années. Tout ce qu’il devait encore lui dire, impérativement, c’était maintenant ou jamais. Qu’elle soit prête ou pas à l’entendre. Tant pis pour son âge ou sa sensibilité, finalement, il n’avait juste plus le temps.

Il était horrible, oui, il lisait le mot dans les yeux de sa sœur sans qu’elle n’ait besoin de terminer sa phrase. Et sans qu’il ne ressente une once de culpabilité pour autant. S’il ne lui disait rien de tout ça avant qu’elle ne parte, là oui, il aurait une très grosse raison de s’en vouloir et traînerait cette culpabilité comme un immense fardeau. Il fallait qu’elle l’écoute, qu’elle comprenne ici et maintenant qu’elle n’avait tout simplement pas le droit de gâcher sa vie stupidement, une fois loin de la guerre, alors qu’on lui donnait une chance d’être heureuse et ne pas vivre dans la peur. Peu importe ce qui arrivait à ceux restés derrière. Devenir totalement « froide comme notre tante » n’était évidemment pas la seule option restante et il se retint de lever les yeux au ciel lorsqu’elle lui sortit ça. C’était sans doute dû à son âge, ou parce qu’elle n’avait pas connu d’autres exemples, elle en rencontrera d’autres au fil de sa vie. Et leur tante n’était de toute façon pas l’exemple le plus universel qui soit. Dans sa position, elle ne pouvait juste pas se permettre de faire dans le sentiment.

– Ce n’est pas un caprice, je le veux vraiment, mais je… Les mots restent coincés ici, dit-elle en portant la main à sa gorge. Je ne sais même pas comment être une bonne grande sœur. On a grandi dans un milieu… difficile. Comment est-ce que je suis censée aider Solène à ce sujet ? Sans compter que j’ai toujours du mal à me considérer de la famille… même si je ne te l’ai jamais dit. Je ne regrette pas, loin de là, mais ils sont tellement… J’ai besoin de pistes. Et si jamais j’ai besoin de conseils, moi aussi ? J’ai peur de ne pas avoir les épaules pour. J’ai envie de te le promettre vu la promesse que tu m’as faite mais je… Je ne sais pas comment tu as fait, toutes ces années…

– Tu ne te considère pas vraiment comme de la famille mais tu appelles Gabriella ta tante sans aucun problème et tu fais confiance à Kimmitsu sans problème aussi ?

Il lâcha un petit rire puis tendit la main pour essuyer les larmes des joues de sa sœur. Laura savait, au fond, que leur « tante insensible et froide », ne l’était pas tant que ça, avec ses proches, en revanche, elle n’avait pas le droit d’afficher la moindre faiblesse en public. Surtout maintenant. Après avoir correctement essuyé les larmes de sa petite sœur, il la reprit correctement dans ses bras pour la serrer contre lui.

– Tout le monde perd des proches, c’est parfaitement normal et il faut l’accepter. Tu auras autour de toi beaucoup de personnes ayant déjà fait cette expérience, beaucoup qui ont aussi perdu des parents ou des enfants à cause de la guerre, et c’est vers elles que tu pourras te tourner si tu as besoin d’aide ou de conseils. Tu auras toute une famille autour de toi. Il faut que tu grandisses, Laura, et que tu comprennes que tu ne peux pas juste te morfondre dans un coin en pleurant sur l’injustice de la vie. J’ai accepté ça car tu étais là, justement, plus jeune et plus fragile. Là-bas, ce sera toi, l’aînée de notre famille. Notre frère et notre sœur sont petits, fragiles, oui, et donc c’est toi qui sera leur modèle, quand ils grandiront. C’est à toi qu’ils voudront ressembler, tu ne peux pas leur renvoyer une mauvaise image, pour qu’ils grandissent bien.

Il s’interrompit un léger instant, pour reprendre son souffle car il avait tout lâché d’une seule traite. C’est certain que ce n’était pas du tout agréable à entendre mais c’était essentiel. Il n’avait pas envie qu’elle se laisse bêtement aller alors qu’elle avait une chance.

– Tu dois apprendre une nouvelle langue et une nouvelle culture, t’intégrer et surtout, faire des projets. Rencontrer de nouvelles personnes. C’est comme ça que tu te ressaisiras. Ne pense plus à la France. La situation pourra mettre des années avant de revenir à la normale. Ou jamais. Tu aurais voulu rester, je le sais bien, mais si tu as peur de ne pas avoir les épaules assez larges pour encaisser les décès de proches, comment aurais-tu pu encaisser la guerre ? Tu ne seras pas seule, là-bas, loin de là. Ouvre-toi aux autres et apprend à faire confiance.
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MessageSujet: Re: Une dernière journée de paix   Une dernière journée de paix EmptyMar 16 Fév - 23:13

Jasper – Tu ne te considère pas vraiment comme de la famille mais tu appelles Gabriella ta tante sans aucun problème et tu fais confiance à Kimmitsu sans problème aussi ?

Bah… oui ? Laura grimaça un peu, réalisant que c’était ridicule lorsque son frère lâcha un petit rire avant d’essuyer les larmes sur ses joues. Elle ignorait pourquoi elle ne se sentait pas de la famille. Mais c’était comme ça. Elle n’arrivait pas à se sentir intégrée, peut-être ne faisait-elle pas non plus tout ce qu’il fallait pour. Probablement, même. Mais c’était trop dur, jusqu’à présent, parce que cela signifiait baisser les armes et se laisser approcher. Laura fit une petite moue, cherchant quelque chose à répondre pour rester, finalement, silencieuse. Ce n’est que lorsque Jasper la reprit dans ses bras en la serrant un peu plus contre lui qu’elle essaya de se dérider un peu. Mais toujours aucune réponse de sa part en vue. Elle ne savait pas. C’est tout. Mais elle ne se considérait pas encore de la famille. Ce n’était pas un caprice, ou quoi que ce soit du style, c’était seulement un ressenti.

Jasper – Tout le monde perd des proches, c’est parfaitement normal et il faut l’accepter. Tu auras autour de toi beaucoup de personnes ayant déjà fait cette expérience, beaucoup qui ont aussi perdu des parents ou des enfants à cause de la guerre, et c’est vers elles que tu pourras te tourner si tu as besoin d’aide ou de conseils. Tu auras toute une famille autour de toi. Il faut que tu grandisses, Laura, et que tu comprennes que tu ne peux pas juste te morfondre dans un coin en pleurant sur l’injustice de la vie. J’ai accepté ça car tu étais là, justement, plus jeune et plus fragile. Là-bas, ce sera toi, l’aînée de notre famille. Notre frère et notre sœur sont petits, fragiles, oui, et donc c’est toi qui sera leur modèle, quand ils grandiront. C’est à toi qu’ils voudront ressembler, tu ne peux pas leur renvoyer une mauvaise image, pour qu’ils grandissent bien.

Mais Laura était incapable de montrer l’exemple ! C’était bien ça qui la terrifiait, même si Jasper ne semblait pas le comprendre. Et le dire d’elle-même était impossible, les mots restaient bloqués dans sa gorge. Elle ne pouvait assumer cette responsabilité, elle ne pouvait se dire constamment de ne pas faire telle ou telle action parce que des enfants allaient la suivre. Elle allait aider Solène, évidemment, mais le rôle de grande sœur… Elle ne se sentait pas capable de l’assumer dans l’immédiat. Comment montrer l’exemple sans paraître sur le qui-vive alors que c’est ce qui avait poussé Jasper à la protéger jusqu’à aujourd’hui ? S’il avait été un aussi bon frère, c’est parce qu’ils vivaient dans le danger avec leurs parents. Et, avant encore, il y avait la guerre. Et, maintenant… C’était la même chose. Mais le dire à Jasper… Elle ne pouvait pas, pas alors que lui-même allait risquer sa vie à partir de ce soir. Ce serait égoïste. C’était une de ces choses qu’elle devait surmonter seule, comme beaucoup d’autres choses à partir de ce soir. Laura se mordilla les lèvres, regardant dans le vide pour éviter le regard de son frère.

Jasper – Tu dois apprendre une nouvelle langue et une nouvelle culture, t’intégrer et surtout, faire des projets. Rencontrer de nouvelles personnes. C’est comme ça que tu te ressaisiras. Ne pense plus à la France. La situation pourra mettre des années avant de revenir à la normale. Ou jamais. Tu aurais voulu rester, je le sais bien, mais si tu as peur de ne pas avoir les épaules assez larges pour encaisser les décès de proches, comment aurais-tu pu encaisser la guerre ? Tu ne seras pas seule, là-bas, loin de là. Ouvre-toi aux autres et apprend à faire confiance.

Elle ne serait pas seule… Comment il faisait pour anticiper ses pensées alors qu’elle n’en disait rien ? Elle ne l’avait même pas regardé ! Laura resta silencieuse un court instant, cherchant ce qu’elle pouvait répondre à ça. Apprendre à faire confiance. S’ouvrir et oublier la France. Il avait conscience de ce qu’il lui demandait ? Elle ferait de son mieux pour « s’ouvrir et apprendre à faire confiance » mais ce ne serait pas avant des semaines, voire des mois. Quant à oublier la France… Désolée, mais jamais elle ne le pourrait. C’était au-dessus de ses forces. Mais elle ne pouvait pas tout refuser non plus. Concernant la guerre, elle savait déjà qu’elle ne pouvait pas la supporter… Mais elle s’était déjà résignée. C’était plus « facile » de vivre dans cet environnement parce qu’elle le connaissait déjà et qu’elle ne devait pas s’adapter à un nouveau rythme de vie.

Laura – Je ne dis pas que j’aurais eu les épaules assez larges pour encaisser la guerre… Je ne l’ai jamais prétendu. Mais je m’y suis résignée. C’est horrible à dire, mais je suis « habituée » à cet environnement et jamais je ne pourrai ignorer la France, vous oublier, considérer que je n’ai personne ici… Tu as conscience de ce que tu me demandes ? C’est impossible. « Ne pas penser à », pour moi, c’est la même chose qu’ignorer dans cette situation-ci.

Évidemment, Laura aurait aimé pouvoir le rassurer, promettre simplement et dire qu’elle ne penserait plus du tout aux personnes qu’elle laissait derrière elle, au pays qu’elle s’apprêtait à quitter. Ce serait bien plus facile. Mais ce serait mentir… Rien que pour Antoine et Jasper. Elle les aimait. Et il y avait leur père adoptif, puis leur tante, puis leurs amis… Elle ne comptait pas se morfondre, ce n’était pas ce que l’adolescente sous-entendait, mais faire sa propre vie en pensant à ce qu’eux vivaient était plus dur que jamais.

Laura – Ce qui m’empêche de te promettre une telle chose, c’est que… moi, je vais vivre là-bas, faire « des projets », comme tu dis, alors que vous, non. Vous allez être bloqués pendant des mois et des mois. Des années, même. Évoluer dans une situation où tout, autour de nous, est bloqué et nous empêche de nous projeter est compliqué. Pour l’instant, et même quand je serai au Japon, il me sera impossible de me projeter. Je ne dis pas que je vais me morfondre mais… mets-toi à ma place juste quelques secondes. Tu y arriverais, toi, à faire ce que tu me demandes si les rôles étaient inversés ? Si oui, comment?

Laura ne laissa pas tout de suite son frère répondre, lui demandant s’ils pouvaient marcher en se remettant debout, quittant ses bras. Elle commençait à avoir froid, à force de rester immobile, et voulait marcher un peu pour aller vers leur première destination. Laquelle, elle n’en avait aucune idée, suivant simplement le chemin pour l’instant. De toute manière, c’était clair : elle laissait à Jasper le choix pour aujourd’hui. Hors de question qu’elle lui impose quoi que ce soit. Il y avait un peu plus de monde, dans les rues, les gens se bougeaient petit à petit et commençaient à travailler ou à s’activer pour diverses raisons. Ce n’était pas un problème, Jasper et Laura avaient terminé les sujets « secrets ». Ce n’était qu’une discussion entre frères et sœurs. En même temps, elle repensait aussi à ce qu’avait dit Jasper. « S’ouvrir aux autres »… Et comment ? Laura se méfiait de tout le monde et pensait que lui aussi, d’ailleurs. Surtout avec tout ce qu’il avait vécu. Levant la tête vers son frère, reprenant sa main en marchant, elle cherchait les mots pour ajouter une question.

Laura – Tu m’as aussi dit de m’ouvrir aux autres… Comment ? Comment tu fais, toi, alors que tu es le plus méfiant de nous deux ? Je ne peux pas faire comme si de rien n’était…
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Jasper Nakajima
MessageSujet: Re: Une dernière journée de paix   Une dernière journée de paix EmptyMer 7 Avr - 21:02

– Je ne dis pas que j’aurais eu les épaules assez larges pour encaisser la guerre… Je ne l’ai jamais prétendu. Mais je m’y suis résignée. C’est horrible à dire, mais je suis « habituée » à cet environnement et jamais je ne pourrai ignorer la France, vous oublier, considérer que je n’ai personne ici… Tu as conscience de ce que tu me demandes ? C’est impossible. « Ne pas penser à », pour moi, c’est la même chose qu’ignorer dans cette situation-ci. Ce qui m’empêche de te promettre une telle chose, c’est que… moi, je vais vivre là-bas, faire « des projets », comme tu dis, alors que vous, non. Vous allez être bloqués pendant des mois et des mois. Des années, même. Évoluer dans une situation où tout, autour de nous, est bloqué et nous empêche de nous projeter est compliqué. Pour l’instant, et même quand je serai au Japon, il me sera impossible de me projeter. Je ne dis pas que je vais me morfondre mais… mets-toi à ma place juste quelques secondes. Tu y arriverais, toi, à faire ce que tu me demandes si les rôles étaient inversés ? Si oui, comment ?

Bien sûr. Il ouvrait la bouche pour répondre, mais juste avant qu’il ne puisse le faire, elle tira tout à coup en se levant, d’un petit bond, et lançant qu’elle voulait marcher. Oh, d’accord. Il se releva à son tour, ajustant un peu sa tenue et le petit sac qu’il portait. Puis il lui prit la main dans la sienne, avant de reprendre le fil de la rue. Ce n’est que face au vent, hors de leur petit abri, qu’il se rendit compte que sa sœur avait sans doute froid, de son côté. A chaque fois, il avait tendance à oublier ce genre de choses, quel imbécile ! En tant que pyromancien, il ne ressentait pas autant le froid que les autres, alors forcément, il n’y pensait pas, et laissait donc d’autres gênés, en restant trop longtemps dehors. On pourrait lui répondre que ce n’était qu’un détail, et pourtant, ça lui semblait très important. Marcher réchauffera sa sœur, au moins. Il prit assez naturellement la direction du port, pas pour la vue, mais parce que Laura, elle, était attirée par l’eau. Il avait envie de lui faire plaisir, pour le dernier jour qu’ils passaient ensemble avant des mois, peut-être des années. L’océan lui avait toujours plu, depuis qu’elle était petite, et il voulait qu’elle soit proche d’un élément qu’elle aimait.

– Tu m’as aussi dit de m’ouvrir aux autres… Comment ? Comment tu fais, toi, alors que tu es le plus méfiant de nous deux ? Je ne peux pas faire comme si de rien n’était…

– C’est juste une question de devenir adulte. Se renfermer sur soi et repousser tout le monde en boudant, ça ne sert qu’à finir seul pour le restant de ses jours. Il y a quand même beaucoup de personnes qui valent la peine d’être connues.

Même s’il devait les perdre assez vite… Jasper chassa cette pensée désagréable dans un recoin de son esprit, prenant plutôt une longue inspiration d’air iodée, que la mer leur frappait au visage. Un air pur mais froid, ils n’en avaient pas encore fini avec l’hiver. Les quais étaient déjà sur eux, ils n’avaient dû marcher que quelques minutes, le long d’une grande avenue. Ils n’étaient pas dans la partie « commerciale » du port, mais dans celle où les pêcheurs locaux, et petits, mettaient leurs bateaux. Il leur fit esquiver la zone, pour ne pas se retrouver dans les jambes des travailleurs, pour aller plutôt, plus loin, vers les quais apaisés, là où il n’y avait aucun bateau. Le long de la ville, encore un peu endormie.

– Et puis, mener des projets, ce n’est pas une option, c’est une obligation. Tu devras le faire au Japon pour rester saine d’esprit, bien évidemment. Et moi, je le ferai ici, les circonstances actuelles ne vont pas empêcher ça. Je vais continuer à me former sur plusieurs choses. Rencontrer des personnes. Peut-être rencontrer une femme un jour, qui sait. La guerre ne peut pas tout empêcher, tant qu’on respire, il faut bien poursuivre. C’est valable pour toi comme pour moi. Donc bien évidemment que tu devras te projeter et construire ta vie là-bas ! On ne peut pas juste se poster dans un coin en attendant que ça passe. Qui s’en soucie, que ce soit difficile ou pas.

La Terre n’allait pas arrêter de tourner juste parce que quelques personnes dessus le voudraient, voilà tout. Il ne savait pas comment lui expliquer ça… Que le temps était précieux, qu’il continuait à défiler peu importe notre volonté…

– Il n’y a rien de bloqué, en fait. Peu importe ce qu’on a devant nous. Le temps continue de défiler, lui. Peu importe où on vit et comment, juste attendre et ne rien construire, c’est du gâchis. A quoi bon vivre, alors, si on se bloque.
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MessageSujet: Re: Une dernière journée de paix   Une dernière journée de paix EmptyDim 30 Mai - 22:54

Jasper – C’est juste une question de devenir adulte. Se renfermer sur soi et repousser tout le monde en boudant, ça ne sert qu’à finir seul pour le restant de ses jours. Il y a quand même beaucoup de personnes qui valent la peine d’être connues.

Ce n’était pas une question de « bouder », comme disait Jasper. Mais une question de réussir à faire confiance et à s’ouvrir dans un pays où elle devait cacher sa propre identité, son lien avec Jasper ou ses amis Français autant que possible. Avec son physique, son accent, sa langue, difficile de le dissimuler… Mais il lui faudrait rester vague pour ne pas être ciblée ou interrogée. Elle ne se refermait pas volontairement sur elle-même ! C’était… Non, ce n’était même pas à cause de leurs parents. Jasper avait toujours poussé Laura à s’exprimer, à ne rien cacher de ce qu’elle ressentait. Alors, quand avait-elle commencé à ne plus exprimer tous ses ressentis ? Avec Clémence… Ou peut-être avant, lorsque son frère n’allait lui-même pas bien et n’en parlait pas… Elle n’en savait rien. Les deux éléments avaient sans doute joué là-dedans. Laura n’en avait pas vraiment parlé, ne s’était jamais exprimée sur ce qu’elle ressentait ou avait ressenti vis-à-vis de Clémence.

Laura resta silencieuse, écoutant son frère tandis qu’ils marchaient sur le bord des quais. Elle n’avait même pas fait attention à l’endroit où ils étaient jusqu’à maintenant, tournant un regard à la fois inquiet et reconnaissant vers Jasper. Mais… il le vivait bien, en fait. Il avait été bien entraîné, Laura le voyait maintenant en observant sa posture, sa manière de penser, son aisance à côté de l’eau, notamment… Elle l’observa un moment, le redécouvrant, alors que son frère empruntait un chemin les éloignant un peu des travailleurs qui s’activaient sur les quais. Pour ne pas les déranger, surtout.

Jasper – Et puis, mener des projets, ce n’est pas une option, c’est une obligation. Tu devras le faire au Japon pour rester saine d’esprit, bien évidemment. Et moi, je le ferai ici, les circonstances actuelles ne vont pas empêcher ça. Je vais continuer à me former sur plusieurs choses. Rencontrer des personnes. Peut-être rencontrer une femme un jour, qui sait. La guerre ne peut pas tout empêcher, tant qu’on respire, il faut bien poursuivre. C’est valable pour toi comme pour moi. Donc bien évidemment que tu devras te projeter et construire ta vie là-bas ! On ne peut pas juste se poster dans un coin en attendant que ça passe. Qui s’en soucie, que ce soit difficile ou pas.

Laura regarda un moment le sol, toujours sans rien dire, ne trouvant aucun contre-argument à ce que disait Jasper. Il avait totalement raison. Elle le savait. Mais elle avait l’impression stupide et coupable que faire des projets dans un pays en état de relative paix, c’était comme… trahir ceux qui subissaient, ici, la guerre et la peur quotidienne. Elle pouvait vivre plus ou moins tranquille là-bas alors qu’eux risquaient leur vie à chaque heure de la journée. Elle n’avait jamais rien fait pour être privilégiée, si ce n’est être jeune… Jasper aussi était jeune. Antoine l’était. Et tellement d’autres enfants et adolescents. Elle savait que c’était stupide. Que c’était se torturer l’esprit pour rien. Et elle voulait le dire à son frère mais il allait rire d’elle, se moquer, lui répéter qu’elle était une enfant et qu’il fallait grandir… Ce que, très honnêtement, Laura ne pourrait pas supporter.

Jasper – Il n’y a rien de bloqué, en fait. Peu importe ce qu’on a devant nous. Le temps continue de défiler, lui. Peu importe où on vit et comment, juste attendre et ne rien construire, c’est du gâchis. A quoi bon vivre, alors, si on se bloque.

Laura – Je sais, c’est complètement stupide…, lâcha-t-elle dans un souffle où transparaissait sa culpabilité. Mais ce n’est pas aussi simple que ce que tu ne l’annonces, même si je n’ai sûrement pas le droit de te dire ça alors que tu vas te battre pour nous. Mais, si je te dis que je vais avancer, construire des projets, mener une vie heureuse là-bas le temps que durera notre séparation, ce serait mentir et tu ne me croirais pas, de toute manière.

Laura ajouta, en marmonnant, qu’elle avait envie de lui dire autre chose mais qu’il allait sûrement se moquer d’elle, trouver ça encore plus stupide. Ce n’était pas la première fois qu’elle le prévenait mais si, pour cette fois, il pouvait comprendre qu’il ne devait pas rire… Ce sentiment qu’elle avait, une sécurité coupable dont elle allait bénéficier, il ne la quittait pas. Laura avait d’abord assuré vouloir rester en France pour se battre puis avait commencé à faire des cauchemars après avoir pris cette décision. Puis leur père adoptif lui avait imposé ce départ au Japon, ainsi que leur tante… Elle avait été rassurée en même temps que déchirée. Ne plus voir Jasper ni Antoine. A la limite, ses amis, tant pis, même si c’était dur. Mais Jasper et Antoine étaient les personnes qui comptaient le plus à ses yeux. Le vent frais et fort des quais, le silence et l’eau qu’elle sentait tout près contribuaient à l’apaiser un peu, à souffler au moins quelques secondes. Si elle s’était attendue à ce que la journée, ou ce début de dernière journée à deux, soit aussi dur en se levant ce matin...

Laura – J’ai vraiment le droit de faire ça ? Je veux dire… Vous serez ici, à vous battre chaque heure pour vivre tandis que, moi, je serai en relative sécurité au Japon. Et je n’ai rien fait pour mériter ce privilège. J’ai l’impression d’avoir une légitimité quelconque pour être tranquille, protégée alors que je n’ai rien fait. Je ne veux pas me torturer, ce n’est pas un caprice d’enfant contrairement à ce que tu sembles penser. Et… je ne sais même pas comment faire, sans vous. Continuer ma vie là-bas, faire des projets, ça signifierait dire au revoir à Antoine aussi et je ne m’en sens pas capable. Je ne me sens pas non plus de lier une quelconque relation… proche avec quelqu’un d’autre et tout le monde n’attend que cela de moi.

Mais POURQUOI n’arrivait-elle pas juste à lâcher une bonne fois pour toutes ce qu’elle avait sur le cœur ?! Cela en était désespérant ! Énervée contre elle-même, Laura sentit le vent l’envelopper plus fortement tandis qu’elle se contrôlait pour ne pas envoyer une boule d’eau, à la vue de tous. Juste parler. Dire qu’elle avait aussi peur de ne pas être capable de se protéger, de voir qu’on lui impose des relations et de fonder une famille alors qu’elle était toujours traumatisée par ce qu’il s’était passé ici. En France, son tuteur n’avait jamais rien dit pour une raison qu’elle ignorait. Jasper non plus, il l’avait toujours protégée. Antoine aussi. Mais, là-bas, quelle serait son excuse ? Tout se mélangeait, en fait, et Laura avait peur de ne pas pouvoir le dire à son frère. Et il allait sûrement rire dans trois, deux, un…
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MessageSujet: Re: Une dernière journée de paix   Une dernière journée de paix EmptyVen 16 Juil - 11:05

Pour le coup, Jasper ne pouvait pas lui dire grand-chose de plus ou la forcer à se battre quand même pour construire sa vie. On ne pouvait pas forcer une personne à garder la tête droite malgré les circonstances si elle n’en avait pas envie, après tout. On pouvait la conseiller, l’aider, lui donner des outils, l’écouter quand elle avait besoin de parler, par contre, ça s’arrêtait là. Si sa sœur n’avait pas la volonté de continuer sa vie une fois en sécurité, que pouvait-il y faire ? Il ne pouvait pas l’obliger. Ce sera juste… une certaine déception, en réalité. Il y a encore deux ou trois ans, le jeune homme n’aurait pas accepté cette réalité tout du tout, il aurait tout fait pour la secouer sur ce sujet, voire se serait mis en colère ! Aujourd’hui, il avait compris que ça lui échappait et qu’il ne pouvait rien faire de plus. Il avait compris qu’il ne pouvait pas se battre en plus pour elle et que c’était un chemin où elle devra forcément progresser par ses propres forces et pas en s’appuyant uniquement sur lui.

Admettre ça avait été douloureux, car il avait forcément envie de la protéger, il avait envie qu’elle sourit, qu’elle n’ait jamais peur ou mal. Puis à force de suivre cette nouvelle vie, de connaître des personnes qui étaient passées par des situations qu’on ne souhait à personne, il avait fini par accepter qu’il ne pouvait pas protéger sa petite sœur de tout, qu’elle devait forger sa propre volonté et ses ambitions, qu’il ne pouvait tout simplement pas l’écarter de tout problème à jamais. Donc aujourd’hui… Il s’obligeait à ne pas insister, en fait. A lui dire ce qu’il en pensait, donner les conseils qu’il pouvait, mais ne pas en faire plus, car c’était à elle de construire sa propre vie. Il ne pouvait pas lui imposer ses idéaux, au prétexte de la protéger. D’un ton plus doux, il lui assura qu’il n’allait pas se moquer, bien évidemment. Il n’avait non plus envie de disputer avec elle aujourd’hui, c’était une journée bien trop particulière pour se laisser aller à en arriver là.

– J’ai vraiment le droit de faire ça ? Je veux dire… Vous serez ici, à vous battre chaque heure pour vivre tandis que, moi, je serai en relative sécurité au Japon. Et je n’ai rien fait pour mériter ce privilège. J’ai l’impression d’avoir une légitimité quelconque pour être tranquille, protégée alors que je n’ai rien fait. Je ne veux pas me torturer, ce n’est pas un caprice d’enfant contrairement à ce que tu sembles penser. Et… je ne sais même pas comment faire, sans vous. Continuer ma vie là-bas, faire des projets, ça signifierait dire au revoir à Antoine aussi et je ne m’en sens pas capable. Je ne me sens pas non plus de lier une quelconque relation… proche avec quelqu’un d’autre et tout le monde n’attend que cela de moi.

Il sentit le vent se faire plus brusque autour d’eux et lui serra un peu plus fort la main en signe d’un « Calme-toi », sans le prononcer. Heureusement, ils étaient parvenus aux quais, le vent ici était plus important, aucune manifestation un peu incontrôlée ne devrait alerter qui que ce soit. Pas qu’ils n’aient plus le droit d’utiliser leurs pouvoirs en public, loin de là, par contre, ils devaient se maîtriser parfaitement pour ne pas avoir d’ennuis. Ou en créer.

– Ce n’est pas un privilège, c’est juste normal. L’âge est le seul critère de légitimité qui vaille. En ce moment, tuer des jeunes pris comme otages ou en laisser mourir dans les prisons est devenu normal à cause de la Loi. On se bat pour changer ces lois, rien de plus. En attendant, protéger les plus jeunes est une obligation, peu importe qui ils sont et d’où ils viennent. C’est tout. Les adultes dans la rébellion se moquent bien de savoir si tu as « méritée » ou pas d’être écartée. Tu es jeune, tu dois être protégée, c’est tout. Personne ne va chercher plus loin.

En fait, c’était juste un réflexe. Protéger ce qui est plus jeune et plus fragile. La survie d’une espèce, d’un peuple, ne tiens qu’à cela. Ils continuaient à marcher doucement le long des quais, en regardant les bateaux, les mouettes voler au-dessus d’eux, parfois en rase-motte, entourés par les embruns et les odeurs de l’océan. L’activité principale du port de commerce était bien plus loin, derrière eux, ils avaient la garantie d’être tranquilles un très long moment, par bonheur.

– Et puis, d’où tu crois que tout le monde attend que tu te fasses des relations intimes ? Notre père n’en a jamais parlé. Moi non. Gabriella doit s’en moquer complètement que ça arrive ou non. Comme tout le reste de la famille, au final. Ça n’a jamais été une demande, de la part de qui que ce soit.

Pour le coup, il était assez perplexe. Depuis qu’elle sortait avec Antoine, les choses se passaient bien, et jamais, au grand jamais, il ne s’était mis à parler de futur mariage à sa petite sœur ou encore de fonder un foyer. De un, car elle était encore trop jeune et donc ça n’effleurait l’esprit de personne, de deux, tout le monde avait bien autre chose à penser que les histoires d’amourettes entre adolescents.

– Tu auras bientôt quinze ans, d’accord, mais bon, c’est tôt, pour penser au mariage avec Antoine. Vous devez aussi voir comment ça va se développer à l'avenir ou si cela restera une amourette entre adolescents.
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MessageSujet: Re: Une dernière journée de paix   Une dernière journée de paix EmptySam 30 Oct - 13:40

Laura sentit la main de son frère se resserrer sur la sienne, la ramenant un peu à la réalité, l’incitant au calme sans la brusquer. Elle lui lança un petit regard, à la fois désespéré, reconnaissant et apeuré. Mais… Il ne ria pas. Il ne laissa même transparaître aucun sourire après les paroles de sa sœur. Il ne la jugeait pas débile, alors ? Pas ridicule ? Rien ? Il comprenait ce qu’elle ressentait, ou l’entendait au moins ? Pour être honnête… Laura ne s’était pas attendue à ça. Tout se bousculait tellement, dans sa tête, à la veille de ce départ, qu’elle perdait un peu ses moyens. C’était la première fois qu’elle et Jasper seraient séparés par autant de kilomètres pour autant de temps… La peur lui serrait le ventre et faisait ressortir même des choses qu’elle n’avait jamais osé dire. Dont cette légitimité qu’elle pensait ne pas avoir, qu’elle pensait « voler » sans avoir rien fait alors que… Techniquement, ils étaient « bien nés ». Sans parents à leur écoute, mais ils n’avaient jamais manqué de rien et ce n’était, parfois, que cela qui primait aux yeux des autres.

Jasper – Ce n’est pas un privilège, c’est juste normal. L’âge est le seul critère de légitimité qui vaille. En ce moment, tuer des jeunes pris comme otages ou en laisser mourir dans les prisons est devenu normal à cause de la Loi. On se bat pour changer ces lois, rien de plus. En attendant, protéger les plus jeunes est une obligation, peu importe qui ils sont et d’où ils viennent. C’est tout. Les adultes dans la rébellion se moquent bien de savoir si tu as « méritée » ou pas d’être écartée. Tu es jeune, tu dois être protégée, c’est tout. Personne ne va chercher plus loin.

C’est vrai… ? Laura entrouvrit légèrement les lèvres, soulagée d’entendre de telles paroles. Elle en eut les larmes aux yeux, resserrant elle-même sa main sur celle de Jasper. Leur objectif était seulement de protéger les plus jeunes… Donc, tous les plus jeunes étaient écartés d’office ? A moins, peut-être, d’avoir un pouvoir extraordinairement fort pour pouvoir se protéger seul face aux ennemis… Enfin, c’était une supposition. Elle n’en savait rien. Et n’avait pas besoin de poser la question. Un énorme poids venait de tomber, commençait à se dissiper même si cela prendrait du temps. Laura murmura un « merci » qu’elle ignorait si son frère allait vraiment entendre avec le bruit environnant, le vent recouvrant parfois leur voix. Pour lui, c’était peut-être logique. Pour beaucoup d’adultes, les faits que venait d’énoncer Jasper étaient logiques. Mais… qu’il le dise, qu’il l’assure à Laura, cela la rassurait. Personne ne le lui avait dit comme ça. Ou peut-être que si mais elle n’avait pas entendu jusqu’à présent. A vrai dire, elle ne cherchait pas à comprendre pourquoi. Elle avait été tellement « engloutie » par ses pensées et la situation qu’elle avait oublié que son frère était présent. Que, même s’ils étaient loin, même si Jasper avait plein de choses en tête… Ils étaient frère et sœur.

Jasper – Et puis, d’où tu crois que tout le monde attend que tu te fasses des relations intimes ? Notre père n’en a jamais parlé. Moi non. Gabriella doit s’en moquer complètement que ça arrive ou non. Comme tout le reste de la famille, au final. Ça n’a jamais été une demande, de la part de qui que ce soit.

Là-dessus, Jasper marquait un point… Lui-même n’avait jamais rien dit, montré aucune attente – au contraire –, leur père adoptif non plus, Gabriella n’avait pas de telles préoccupations, loin de là. Même Antoine n’avait jamais rien demandé, il était compréhensif et ne mettait aucune pression. Il la voyait évoluer, mûrir difficilement par cette période, mais se montrait incroyablement patient. Y compris lorsqu’il y avait des tensions entre son frère et elle alors que Jasper est son meilleur ami. Non, personne, dans leur entourage actuel et nettement plus bienveillant qu’avant, ne lui avait dit quoi que ce soit… Laura observa un moment les bateaux, les mouettes, même l’influence du vent sur les vagues et les petits roulements qu’il provoquait. Elle se sentait tellement bien, ici. Alors que la discussion n’était pas simple, que Laura avouait beaucoup de choses tues jusqu’à présent. Elle savait pourquoi elle se mettait autant de pression… Leur mère le lui avait répété, encore et encore, pendant des années… Surtout celles où Jasper n’était pas là parce que déjà au Pensionnat. Elle l’entendait à longueur de journée alors, à force, ça avait dû s’imprimer…

Jasper – Tu auras bientôt quinze ans, d’accord, mais bon, c’est tôt, pour penser au mariage avec Antoine. Vous devez aussi voir comment ça va se développer à l'avenir ou si cela restera une amourette entre adolescents.

Vu les circonstances, si leurs sentiments restent intacts après cette sale période, Laura savait qu’elle pourrait compter sur Antoine à vie. Enfin, pour l’instant, elle ne pouvait pas se projeter et voulait simplement vivre au jour le jour. Elle n’arrivait pas à voir plus loin, pour être honnête, pas tout de suite. Même si les paroles de Jasper permettaient de dissiper un petit peu le brouillard qui embrumait constamment ses pensées en ce moment. Peut-être qu’elle pouvait lui parler, pour Clémence… ? Il n’allait pas s’énerver. Ni juger. Au contraire, il attendait peut-être qu’elle soit capable de lui en parler. Parce que, actuellement, Laura était bloquée. Ses pensées revenaient sans cesse vers ce moment, l’incitant à se protéger, se taire, ne faire confiance à personne. La collégienne parcourut les quais du regard, constatant qu’ils étaient vraiment tranquilles dans ce coin, que personne ne pouvait les entendre ni les écouter. Elle se mordit légèrement les lèvres, jetant un regard à son frère en lui serrant la main un peu plus fort. Là-dessus, elle avait vraiment besoin de lui et espérait qu’il comprenait son geste.

Laura – C’est notre mère qui me répétait tout le temps que je devais y penser et me marier tôt… Je sais, ce n’est pas ce que vous attendez, je le vois bien. Mais elle n’a pas cessé de me le répéter pendant les années où tu étais déjà au Pensionnat. Et je pense que c’est resté… que ça reste. Mais… tu as raison. Vous n’attendez rien de ce côté-là, même toi, si je pouvais rester ta petite sœur à vie sans personne pour me faire de mal, tu serais content.

Laura avait dit cela avec une pointe d’humour mais sa main s’était considérablement resserrée sur celle de Jasper. Désolée. Elle s’excusa en desserrant sa main un peu sans la lâcher, s’apprêtant à parler et dire ce qu’elle avait sur le cœur, ce qui la freinait depuis tous ces mois. Peut-être s’en doutait-il déjà mais il n’était pas devin. Il ne pouvait pas savoir que sa sœur y pensait toujours après ces longs mois et tout ce qui s’était passé depuis. Bon… Allez. C’est comme un pansement. Et puis, Jasper allait l’aider à parler. Il était là. Elle était près de l’eau, il y avait du vent également. Vent qui se levait un peu plus, d’ailleurs, à côté d’eux. Elle n’avait même pas besoin de lui demander de ne pas rire, de ne pas la juger.

Laura – Jaz, je… on n’en a jamais parlé mais… je repense très souvent à ce qu’il s’est passé avec l’autre fille. Clémence. Je… Je n’arrive pas à penser à autre chose et j’en pleure encore parfois. J’ai peur. De ne pas réussir à me protéger. De baisser ma garde. De ne pas être capable d’être proche de quelqu’un. Antoine est incroyablement patient, il comprend et vous n’avez jamais essayé de me faire parler de ça mais… ça reste gravé. Et c’est débile. Mais je n’arrive pas à oublier, je ne sais pas comment on fait. Et je…

Laura s’interrompit totalement, les larmes s’étant transformées en sanglots assez puissants et la faisant trembler de tout son corps. Elle avait besoin de lui en parler, de ne rien cacher à son frère avant de partir, d’avoir au moins quelques conseils de sa part, de… elle ne savait pas. Mais elle avait besoin de lui pour ça. Se réfugiant dans les bras de Jasper, elle se serra contre lui en essayant de respirer alors que, en même temps, chaque fois qu’elle fermait les yeux, elle revoyait la scène, se concentrant exclusivement sur son frère pour être rassurée et savoir qu’il était là. Elle répéta aussi qu’elle était désolée, au milieu de ses sanglots, mais il ne devait pas entendre le reste de ses paroles.
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