Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Retour vers la liberté

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MessageSujet: Retour vers la liberté   Retour vers la liberté EmptyVen 1 Nov - 11:26

Chaque a coup et cahot sur la route ou presque lui arrachait une grimace. Même installé allongé sur un brancard, avec des sangles lâches pour l’empêcher de tomber mais pas de bouger s’il le voulait, ce n’était qu’une sécurité au cas où il s’endormait. Ou s’évanouissait. L’avantage de voyager en ambulance était bien que personne n’aura l’idée de la stopper pour chercher des fugitifs, on imaginait pas ça, plutôt qu’ils se terraient dans des camions. Filer en pleine lumière où on ne vous recherchait pas, c’était un principe de base. Nicolas retint de justesse un bref gémissement, quand l’ambulance passa un nid-de-poule, sur une route de campagne, puis soupira un peu. Ce voyage serait encore long ? On l’emmenait vers un des refuges de la résistance, après un passage dans un hôpital clandestin, où il était resté quelques jours.

Dans le fond, Nicolas redoutait de retrouver les autres… Il les avait trahis… Il avait craqué, il avait avoué, et il savait que le QG de la Résistance avait été violemment attaqué à cause de lui. Que beaucoup de personnes avait perdu la vie. Que les élèves et jeunes enfants avaient de nouveau perdu tous repères, qu’ils avaient dû fuir une nouvelle fois. La honte l’étouffait presque, il ne se sentait pas capable d’affronter leurs regards après ça. C’était de sa seule et unique faute… La culpabilité l’envahissait, il ne pouvait plus penser à autre chose. Il aurait dû se taire ! Résister, tenir jusqu’au bout, quitte à y laisser sa peau, pour protéger les siens. Au lieu de ça, il était responsable d’avoir une fois de plus brisé leurs vies. Ils devaient sûrement lui en vouloir et ils auront raison.

Il lança un regard de côté vers son garde du corps, si on pouvait dire. Un homme à l’apparence… très singulière. Pour Nicolas, surtout à cause de ses yeux. Il était déjà habitué depuis un moment à rencontrer des hommes et des femmes portant de profondes cicatrices. Nicolas ignorait ce qui lui était arrivé exactement, il ne pouvait qu’imaginer que lui aussi été passé longuement entre les mains des psychopathes sous les ordres de ce gouvernement infect. Alan était assis à côté du brancard, sur un petit siège, lui aussi ballotté par tous les mouvements du véhicule. Ils avaient un peu parlé, durant le voyage, plus pour faire passer le temps qu’autre chose. L’ancien professeur avait presque envie de lui dire de le laisser là, sur le côté de la route… Il ne méritait que ça.

– Ce n’est pas une bonne idée de me ramener alors que j’ai… Enfin…

Un bref murmure, dicté par sa conscience. Mieux vaudrait qu’on le tue. Il avait trahi son propre camp… Sans le vouloir, oui, mais trahi tout de même. Il ne serait pas étonné si ses amis, ou sûrement anciens mais maintenant, voulaient sa mort.

– C’est ma faute si le QG a été attaqué…
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Alan Asselin
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MessageSujet: Re: Retour vers la liberté   Retour vers la liberté EmptyVen 1 Nov - 11:49

L’attaque contre le QG de la Résistance avait eu lieu deux jours plus tôt. Ce matin-là, les journaux faisaient tous les gros titres de l’affaire, bien entendu. Sous la plume du département de la propagande… Alan plissa les yeux court instant pour tenter de voir la photo correctement, sur la page de garde, du journal local, concernant la bataille, puis laissa retomber ce torchon sur une petite caisse à côté de lui. La guerre, toujours la guerre, ce n’était pas prêt de se terminer. Ce n’était que le premier pas. Bientôt, tout le pays allait s’enflammer d’événements comme ça, à plus ou moins grande échelle. Ce ne sera plus jamais caché, comme avaient pu l’être les rafles, l’attaque du Jura… Il espérait aussi que bientôt, ce qui arrive dans les centres et les foyers explosent au grand jour. Ils y travailleront.

Ils n’étaient pas encore assez nombreux et cette attaque l’avait bien montrée. Même en déployant le maximum de personnes pour faire face, ça ne suffisait pas, la résistance était encore un moucheron, face au mastodonte à combattre. Alan était conscient de l’urgence à former des soldats mais aussi des gens de support. C’était la priorité. Il se fichait bien de savoir quel âge avait les gens qu’ils recrutaient et entraînaient, la jeunesse était déjà sacrifiée, de toute façon. Un peu plus ou un peu moins, quelle importance ? Peu importe aussi le danger encouru. Il faut bien mourir un jour, qu’on ait dix ans ou quarante ans, il ne voyait pas ce que ça pouvait bien changer. Alan glissa la main vers le sol, jusqu’à trouver sa gourde, puis but quelques gorgées. Il distinguait les formes et certaines couleurs, mais rien n’était net. Aucune paire de lunettes ne pouvait plus l’aider.

Marcoh marmonna qu’ils feraient mieux de ne le ramener, arrachant un haussement d’épaules à Alan. Et il voudrait quoi, à la place, qu’on le laisse ici, quelque part dans la nature ? Il lui faudra du temps avant de guérir, de toute façon, même avec toute la volonté du monde, il fallait toujours du temps. Le corps ne pouvait pas se soigner aussi vite que l’esprit. Alan le savait mieux que personne… Blinder l’esprit et la volonté, c’était possible, si on le voulait vraiment. Et par la force des choses, à cause de ce qui vous tombait dessus. Le corps, c’était une autre affaire. Boarf, il guérira bien, de toute façon. Alan reposa la gourde d’eau dans un coin, puis s‘appuya contre la paroi de l’ambulance, derrière lui, les bras croisés. Il ne distinguait pas les traits de Nicolas mais les devinait, grâce au ton de sa voix.

– C’est ma faute si le QG a été attaqué…

– Il l’aurait été tôt ou tard, de toute façon, par vous ou par un autre. Les seuls abrutis qui pourront reprocher ça sont aussi ceux qui crient dès qu’ils se tordent le petit doigt et qui n’ont jamais connu pire.


Des abrutis qui feraient mieux de la fermer, d’ailleurs. Alan en connaissaient des tas, de ces gens qui pensaient connaître ce qu’étaient la peur et la douleur, alors qu’ils n’en savaient strictement rien. Ces gens qui n’avaient pas la moindre idée de ce qu’était la véritable terreur ! Il marmonna entre ces dents, en plus, qu’ils n’avaient rien à foutre de l’avis de ce type de personne. Pour sa part, en tout cas, il n’en avait rien à foutre.

– En vous laissant crever, vous leur donnerez la victoire qu’ils attendent. C’est ça que vous voulez ? Des morts et des combats, il y en aura d’autres. Ils ne seront pas les seuls à attaquer. Il y a encore des centres d’internement à déchirer par le feu. Vous en serez ?
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MessageSujet: Re: Retour vers la liberté   Retour vers la liberté EmptyDim 3 Nov - 18:36

– Il l’aurait été tôt ou tard, de toute façon, par vous ou par un autre. Les seuls abrutis qui pourront reprocher ça sont aussi ceux qui crient dès qu’ils se tordent le petit doigt et qui n’ont jamais connu pire.

– Je…

Il ne sut pas quoi répondre, en fait. Il tourna de nouveau la tête vers son confrère, lorsqu’il marmonna n’avoir rien à foutre de l’avis de ces personnes. Il y avait une telle rancœur dans le ton de sa voix… Et une expression assez terrible sur le visage, un mélange de dégoût, de colère, d’impatience, de tristesse, d’attente… Nicolas ignorait ce que cet homme avait déjà vécu, mais lorsqu’on regardait son expression, son regard, on pouvait deviner que ça avait dû être terrible. L’ancien professeur regarda de nouveau le plafonnier, la gorge de plus en plus serrée. Il serra juste doucement la main contre le rebord de la couverture le recouvrant pour le voyage, incapable d’immédiatement repousser la culpabilité pour autant. La guerre faisait toujours des victimes, il le savait très bien, mais seulement il n’avait pas craqué…

– En vous laissant crever, vous leur donnerez la victoire qu’ils attendent. C’est ça que vous voulez ? Des morts et des combats, il y en aura d’autres. Ils ne seront pas les seuls à attaquer. Il y a encore des centres d’internement à déchirer par le feu. Vous en serez ?

– Évidemment !

Ça pourrait aussi être une façon de se racheter, en donnant tout dans la lutte qui allait suivre, dès qu’il en sera capable. Hein ? Pas vrai ? Il grimaça de plus belle après un petit spasme incontrôlé, se remettant vite dans sa position initiale sur le brancard, un juron aux lèvres. Rah… Il n’était pas remis, loin de là, mais il ignorait combien de temps il lui faudra avant d’être sur pieds, combien de temps encore avant de reprendre la lutte. Il put juste poser la main contre son front, les yeux fermés l’espace d’un moment. Les centres d’internement, hein… Il semblait qu’ils endoctrinaient des élémentaires, là-dedans. Il y aurait sans doute fini, lui aussi, s’il ne s’était pas échappé à temps. En se noyant presque dans les flammes… Nicolas rouvrit à moitié les yeux, lèvres entrouvertes, plongé dans ses pensées.

C’était une manière intelligente de faire, que d’embrigader des personnes comme eux. Mais aussi dangereux. Plus on malmenait un élémentaire, surtout en ce qui concernait certains dons, plus le contenir à long terme était compliqué et dangereux. A moins de parvenir dès le début à briser mentalement la personne ? Il se laissa un long moment dériver dans ses réflexions et le fil de ses pensées, secoué par les cahots de la route. Comment combattre ces camps ? On ne pouvait pas tous les détruire juste comme ça, car même s’ils y parvenaient, d’autres se bâtiront ailleurs, mieux cachés, mieux protégés. Ça ne servait à rien de lutter contre les conséquences d’un problème si on ne s’attaquait pas à ses racines.

– Juste détruire les centres ne servira à rien… reprit-il après presque deux heures de silence. Ils en feront d’autres. On ne gagnera pas si on ne montre pas à ce pays tout entier l’horreur réelle de la situation, que tout le monde se soulève et fasse chuter le gouvernement.

Tant que la population, dans sa majorité, était derrière Leblanc, ils ne pourront pas progresser, c’était évident. Au contraire, ils passeront pour de simples terroristes et traîtres à la Nation. Mais… Nicolas ne voyait pas comment faire pour renverser la situation.

– Je ne sais comment nous pouvons faire… On ne peut pas non plus massacrer tout le gouvernement pour en mettre d’autres à la place, ça ne réglera rien.
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MessageSujet: Re: Retour vers la liberté   Retour vers la liberté EmptyLun 4 Nov - 8:06

Évidemment, ouais… Quand il sera capable de tenir debout, ils verront bien. Qu’il participe ou non, ça n’avait de toute manière pas une très grande importance. Même si personne ne voulait plus se lancer dans cette opération, Alan ira seul. Tête baissée et regard dans le vague, il plissa les yeux, dans le vague espoir de voir plus que ce brouillard et flou encombrant sa vue, mais ça ne servait à rien. Il finit par laisser tomber, se perdant là-dedans sans ajouter un seul mot. Le silence ne le gênait pas, il en avait l’habitude, le chérissant, même, parce qu’il pouvait se retrouver lui-même. Le silence et la solitude étaient comme de vieux amis réconfortants, pour lui, dont il ne pouvait pas se passer. Peut-être aussi parce qu’il n’avait connu que cela durant des années.

Durant un moment, peut-être une heure, il se laissa à somnoler dans son siège, contre la cloison, bras croisés contre lui. Les cachots le berçaient à moitié… Tant que l’ambulance roulait, tout allait bien, ce n’était qu’aux signes de ralentissement qu’il fallait stopper. Ces moments de mini-repos étaient aussi salutaires, car il était rare qu’il fasse des nuits complètes. Depuis qu’il avait quinze ans, la noirceur était autant devenue une compagne qu’un véritable démon le hantant. Il ne pouvait plus dormir plus de deux ou trois heures d’affilée, compensant toujours comme il le pouvait par une heure prise ici ou là, lorsqu’il en avait l’occasion. Comme maintenant. Dormir plus lui était impossible car cela revenait systématiquement à se laisser traîner dans des terreurs nocturnes invalidantes.

Encore plus tard, le résistant reprit la parole, tirant Alan d’un état à demi-comateux. Il doutait de l’efficacité de détruire les camps ? Ouais, il y en aura d’autres, c’était sûr, mais ce n’était pas pour autant qu’il ne fallait rien faire. De toute façon, il n’attendait pas que les autres se décident pour agir.

– Je ne sais comment nous pouvons faire… On ne peut pas non plus massacrer tout le gouvernement pour en mettre d’autres à la place, ça ne réglera rien.

– Se débarrasser de certaines têtes pensantes et des leaders est utile, bien au contraire. Tuer ceux qui ont les pires idées pour qu’ils ne mettent rien de plus en place. Liquider les chefs pour qu’ensuite, le restant en choisisse un autre qui ne saura pas, de toute façon, poursuivre les choses à l’identique car pas la même mentalité. Lorsque certains humains portant un système disparaissent, le reste suit. Tout système à un cœur et il s’arrête lorsque le cœur est détruit.


Tout le gouvernement ? Non. Des cibles bien précises ? Oui. La Résistance aussi avait bien capté ce principe, ne lui dites pas que ce type l’ignorait encore ? Alan ne comptait pas attendre l’hypothétique tenue de procès de guerres, cette simple idée lui donnait autant envie de rire que de vomir. Des procès déboucheront sur quoi, au mieux, de la prison ? Ce serait trop clément ! Il ne comptait que sur la loi du Talion. Œil pour œil, dent pour dent, sang pour sang. Quant aux camps, c’était aussi une affaire personnelle. Il savait ce qu’on y vivait et ne pouvait tolérer de les laisser en place sous le seul prétexte que ça ne servirait pas à grand-chose de les détruire. Qu’importe si personne ne voulait s’en occuper. Qu’importe s’il y laissait la peau.

– Il va bien falloir que vous arrêtiez d’hésiter ou avoir peur, tôt ou tard. Vous croyez qu’on peut participer à une guerre sans se salir les mains ?
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MessageSujet: Re: Retour vers la liberté   Retour vers la liberté EmptyLun 4 Nov - 9:32

– Se débarrasser de certaines têtes pensantes et des leaders est utile, bien au contraire. Tuer ceux qui ont les pires idées pour qu’ils ne mettent rien de plus en place. Liquider les chefs pour qu’ensuite, le restant en choisisse un autre qui ne saura pas, de toute façon, poursuivre les choses à l’identique car pas la même mentalité. Lorsque certains humains portant un système disparaissent, le reste suit. Tout système à un cœur et il s’arrête lorsque le cœur est détruit.

C’est qu’il commençait même à l’effrayer un peu, ce type… Il était très… Heu… Nicolas ne trouvait pas ses mots, il avait juste un sentiment très désagréable et général, autant lorsqu’il parlait à cet homme que lorsqu’il entendait le ton de sa voix. Au fond, c’est vrai, il n’avait pas tort, mais, mais… C’était la manière dont il le disait, si froidement, à croire qu’il n’éprouvait plus rien à l’idée d’arracher la vie d’une autre personne, comme si c’était… normal. Oui, voilà, c’était ça, ça semblait très normal pour lui, alors qu’on parlait tout de même de l’acte le plus atroce qui soit, guerre ou pas guerre. Nicolas grimaça encore mais pas à cause de la douleur, cette fois-ci. Il réalisait juste quelque chose de bien plus abominable qu’une souffrance physique, il réalisait que n’importe qui, dans un camp comme dans un autre, pouvait devenir comme Alan.

Maintenant qu’il y songeait, Nicolas se sentait profondément naïf… Il avait, bien sûr, toujours su que la guerre changeait les gens, qu’elle pouvait les transformer totalement, leur ôter toute joie et toute paix, les laisser en permanence tristes, anxieux ou renfermés. Pour autant, il n’avait jamais réalisé qu’elle pouvait les rendre comme… ça. Parfaitement dénués de tous sentiments humains, quels qu’ils soient. Trouver la mort si normale, trouver si logique de devoir tuer, comme si ça n’avait plus aucune importance. En parler platement, froidement, calmement, insensible aux avis plus humains des autres. Si déshumanisé. Ça avait beau être d’une logique implacable, Nicolas n’avait encore jamais ouvert les yeux sur ça, jamais compris que ça pouvait vous emporter aussi loin. Il se sentait si idiot… et en avait peur. N’importe qui pouvait devenir ça…

– Il va bien falloir que vous arrêtiez d’hésiter ou avoir peur, tôt ou tard. Vous croyez qu’on peut participer à une guerre sans se salir les mains ?

Non, bien sûr que non, mais il y avait une nette différence entre vivre avec la douleur d’avoir dû en arriver là à cause de la guerre et vivre sans rien en ressentir, même après avoir passé à l’acte, comme si c’était parfaitement ordinaire ! Et c’est que Nicolas répondit, d’un ton plus ferme et convaincu. Il ne voulait pas perdre son Humanité ou perdre de vue ce pour quoi il s’était engagé, à quoi bon, sinon ? Que devenait-on après, une fois qu’on avait absolument tout sacrifié ? Comment continuait-on à vivre ?! Il s’interrompit, la voix soudain plus étranglée, en réalisant que son interlocuteur se fichait aussi sans doute de survivre à tout ça. Logique. Mais terrifiant. Il n’avait encore jamais rencontré aucun résistant qui soit comme lui. Même la chef, car si elle ne craignait plus la mort, elle restait encore très humaine. Pour le moment…

– Et vous n’avez aucun regret ? Sur aucun de vos actes ?
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MessageSujet: Re: Retour vers la liberté   Retour vers la liberté EmptyVen 8 Nov - 16:15

Les gens se mettaient des règles, des principes et plein d’autres trucs en tête, comme autant de barrières qu’il fallait ensuite détruire pour avancer. C’était bien se compliquer la vie, tout ça. Ce mode n’avait déjà pas de sens, à quoi ça servait d’en rajouter, encore et encore ? Alan eut une légère grimace de dédain, écoutant à peine l’envolée lyrique de son collègue sur la valeur de la vie, l’Humanité, et tout cela. Oui, c’était normal, pour lui, de ne plus rien en ressentir, c’était la vie, voilà tout. Comment continuait-on à vivre ? Quelle question ! Il vivait parce qu’il fallait vivre, et parce qu’il ne se laissera pas tuer si facilement, pas avant d’avoir eu sa vengeance. C’est tout. Une fois fait, qu’il vive ou qu’il meure n’avait pas une réelle importance.

– Et vous n’avez aucun regret ? Sur aucun de vos actes ?

– Pourquoi devrais-je en avoir alors que personne ne s‘est excusé de m’avoir fait devenir ainsi ?


Cette conversation le fatiguait déjà. Si certains ne comprenaient pas cette vision des choses, peu importe, ce n’était pas à lui de lui expliquer, il n’avait en sus aucune envie de le faire. Il se replia donc un peu sur lui-même, comme toute à l’heure, signe qu’il n’avait pas la moindre envie de poursuivre sur ce terrain. Il n’avait pas non plus à demander pardon pour ce qu’il était devenu, ayant déjà plus que conscience de ce qu’il était et pourquoi. Si les Hommes et la Société ne pouvaient tolérer ça, qu’ils l’enferment ou le tuent, s’ils le pouvaient. S’ils en étaient incapables, qu’ils essayent de croire encore qu’un pseudo-dieu existait bel et bien, pour se charger du travail. D’ici là… Il n’avait pas à se justifier ou faire semblant d’être quelqu’un d’autre.

Le voyage toucha à sa fin environ une heure encore plus tard, en arrivant dans la cachette, un vieil orphelinat, où il devait escorter l’ex-professeur de feu. L’après-midi était déjà bien avancé, quand l’ambulance se gara devant les marches donnant accès au hall. Alan descendit souplement, puis attendit que le chauffeur et son ami sortent, sur un brancard, le professeur estropié. Sans rien dire, il suivit le mouvement à l’intérieur, jusqu’à l’infirmerie. Il distinguait la forme des portes, des escaliers, les couleurs, elles, se confondaient dans un même patchwork assez flou. Il fut par contre surpris d’entendre un enfant s’écrier si fort que « monsieur Marcoh est revenu ! », assez fort pour que tout l’orphelinat l’entende.

– Très intelligent, maronna-t-il avec un soupir, d’hurler des noms de cette manière…

Et il n’était pas le seul, d’autres commençaient déjà le crier, comme si c’était une nouvelle sensationnelle qui méritait de rameuter toute la ville. Normal que les amis du prof soient heureux de son retour, mais les mômes, franchement… ? Debout, les mains dans les poches, Alan restait sur le côté, alors que déjà, des types venaient voir leur alité. Alan portait un regard presque éteint sur toutes ces personnes dont il ne pouvait voir les traits exacts et que vaguement les expressions. Mais il entendit certaines remarques, chuchotées, sur la couleur perturbante de ses yeux.

– Et vous qui vous vous inquiétiez, glissa-t-il à l’intention de Marcoh.
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MessageSujet: Re: Retour vers la liberté   Retour vers la liberté EmptyMar 12 Nov - 8:35

– Pourquoi devrais-je en avoir alors que personne ne s‘est excusé de m’avoir fait devenir ainsi ?

Une seule phrase et Nicolas refermait déjà la bouche, ravalant tout ce qui lui était venu en tête et tout ce qu’il avait pensé dire ensuite. C’était… Hum… Bon… Toute l’attitude d’Alan clamait, de toute manière, qu’il n’avait pas envie de poursuivre cette petite conversation, même un instant, et pour le coup, ça convenait autant à Nicolas. Tais-toi. Il se replia à son tour dans le silence, tout le reste du voyage, occupé à penser à « l’accueil », qui les attendait, à ce que ses collègues allaient bien penser de sa trahison… Il voulait les revoir, mais la culpabilité demeurait. Monsieur regard rouge et violet pâle s’en fichait peut-être, mais pas lui. Parce qu’il ne voyait pas comment on pouvait vivre serein avec ce pouds sur la conscience, en ayant tout… fait mal, en fait. Les yeux de nouveau fermé, il tenta au moins de prendre un peu de repos, même s’ils étaient assez ballottés, avant leur arrivée.

Finalement, une heure plus tard, peut-être bien, ils arrivèrent à destination. Dans un orphelinat, quelle ironie… Le chauffeur et l’infirmier avec lui se garèrent, puis vinrent le faire descendre, toujours en brancard, avant de le transporter à l’intérieur. Nicolas fut d’abord très surpris d’entendre son nom crié par un enfant, pendant qu’on l’emmenait dans ce qui devait être l’infirmerie des lieux. Pas besoin de rameuter toute la ville, mon garçon ! Il s’aida du chauffeur pour se glisser ensuite dans un lit, avec difficulté, tant il avait mal partout, encore… Par quel miracle il avait réussi à courir assez loin pour s’échapper, ça, il ne saurait même pas le dire. L’adrénaline et la peur lui avaient comme donné un gros coup de fouet, sur le moment, mais tout le poids de ses blessures lui était retombé dessus derrière.

A peine installé, certains collègues et enfants venaient déjà le voir. Mais… Ils ne lui en voulaient pas trop ? Ou ils ne faisaient que garder leurs réflexions pour plus tard… ? Et où était Estelle ? Très honnêtement, c’était elle qu’il voulait le voir le plus. Sans vouloir être méchant envers les autres, hein ! Mais… C’était en songeant à elle et personne d’autre qu’il avait pu tenir, avant de craquer… Il devait savoir si elle lui en voulait ou non… Impossible d’être vraiment rassuré avant ça.

– Et vous qui vous vous inquiétiez.

– Qu’est-ce qu’il y a de plus naturel que s’inquiéter pour ça.

Du moins, pour les personnes qui n’avaient tout perdu, y compris leur propre Humanité ! Nicolas se retint, en se mordant les lèvres, d’ajouter ça, en répondant à Alan. Lui restait debout dans un coin, les mains dans les poches, en apparence parfaitement insensible aux remarques vite chuchotées de certains enfants, en le voyant, et même parfois à des petits mouvement incontrôlés de peur. Mais réalisait-il seulement que son apparence effrayait certains des plus jeunes enfants ? Les adultes, ça allait, mais les petits n’étaient pas habitués à voir des personnes défigurées par de profondes cicatrices. Et il y avait ces yeux… Dont il ne lui avait pas expliqué l’origine, d’ailleurs. C’était pourtant tout sauf anodin. De plus, le professeur avait aussi remarqué qu’il ne voyait pas aussi bien qu’eux. Des lunettes n’y changeraient même rien, probablement, vu qu’il ne prenait pas la peine d’en porter.

– Je veux d’abord revoir la femme dont je vous avais parlé… Ensuite, je m’inquiéterai moins. Mais vous ne pouvez pas me reprocher de le faire.
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Alan Asselin
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MessageSujet: Re: Retour vers la liberté   Retour vers la liberté EmptyMer 13 Nov - 10:29

C’était pour ça aussi qu’Alan ne perdait jamais des heures à discuter avec d’autres, ils n’avaient plus les mêmes critères de vie ou les mêmes valeurs, plus les mêmes angoisses ou les mêmes envies, et en conséquence, il ne comprenait pas les situations de la même façon qu’eux. Il haussa donc un peu les épaules, sans répondre à ça, puisqu’il ne voyait pas ce qu’il y avait de naturel là-dedans. Ça n’avait aucune importance, cela dit, il s’intéressait bien plus à la suite des opérations et comment les choses allaient être organisées. Avec les petites « fêtes » arrivant bientôt à Paris, et surtout, toute cette jolie propagande qui allait occuper les services de sécurité dans tout le pays, spécialement à la capitale, le moment allait être idéal pour agir. Il sourit en coin, le regard dans le vague, en songeant aux hommes déjà en place à Paris et à ceux qui allaient l’être. Ça promettait d’être intéressant.

Pour sa part, ce n’était pas la capitale qui l’intéressait le plus, ni les serpents qui y vivaient, il avait d’autres cibles en tête. Mais pour les attaquer toutes, il faudra des hommes… Plus que ce ne comptait la Résistance à l’heure actuelle. Bougeant un peu, pour laisser place à une religieuse venue changer il ne savait quoi, il se prit à espérer qu’il y ait, ici, des personnes prêtes à s’engager, plutôt que rester bêtement cachées en attendant que l’orage passe. Une consœur devait bientôt revenir, peut-être que ça allait en activer certains, ici ? De toute manière, inutile de se leurrer ! Aucune cachette dans ce pays n’était vraiment sûre, désormais ! Et c’était bien pour ça qu’il fallait se bouger, agir, combattre, se défendre, se tenir prêt, au lieu de rester sagement planqué dans un coin.

– Je veux d’abord revoir la femme dont je vous avais parlé… Ensuite, je m’inquiéterai moins. Mais vous ne pouvez pas me reprocher de le faire.

Oh, mais il ne le lui interdisait pas, la peur restait un élément naturel, et pour une fois, Alan ne dira pas le contraire. En revanche, s’il comprenait la peur, il trouvait toujours autant stupide qu’on puisse se soucier de ce que les autres pensent de vous ! C’était de l’énergie gaspillée, purement et simplement. Alan fit quelques pas en direction des deux portes de l’infirmerie, restées grandes ouvertes, écoutant le bruit des gosses passant dans le hall et les conversations à la volée des adultes. De son côté, il aurait aimé que leur collègue soit déjà arrivée, sa mission à Laon avait dû prendre un peu de retard… Elle aurait dû parvenir à cet endroit avant eux, selon ce qu’il avait reçu comme informations. Revenant vers le lit où se reposait Marcoh, il soupira un peu, tout en déclarant qu’il aura le temps de voir sa copine, quoi qu’il arrive.

– En-dehors de ça, vous avez au moins quelques collègues qui se sont enfin engagés, ici ?
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Retour vers la liberté   Retour vers la liberté EmptyVen 29 Nov - 13:28

Les premiers matins étaient toujours assez déroutants et durs, dans le sens où on mettait parfois un peu de temps avant de comprendre où on se trouvait et comment on y était arrivé. Il était aussi assez dur de réaliser que l’école des dons était bel et bien fermée pour de bon… Ni au grand jour, ni en cachette, dorénavant, c’était terminé. Une page qui se tournait… Estelle soupira un peu, face au miroir, une pince entre les dents, occupée à attacher ses cheveux pour ne pas être gênée dans son nouveau travail. Pour elle, dans cet orphelinat, un nouveau choix de carrière s’était imposé tout naturellement. Désormais, elle travaillait à la nurserie de l’orphelinat, s’occupant des bébés comme des tous jeunes enfants, qui n’étaient pas encore en âge d’aller à l’école primaire. Une personne de plus pour donner affection, amour et soutien à tous ces petits abandonnés n’était pas de trop, loin de là. Les éveiller à la vie, commencer leur éducation, leur apprendre à marcher, parler, aller au pot, leur donner une première indépendance… Et les aimer, surtout. Être une figure parentale pour eux qui avaient tout perdu, parfois dès la naissance.

Veiller sur les plus jeunes avait toujours été sa raison de vivre, elle le menait maintenant d’une manière différente, tout simplement. La guerre n’était… pas faite pour elle… Outre qu’elle avait toujours très peu exercé ses pouvoirs, restant d’un niveau tout juste correct, elle répugnait aussi à se saisir de la moindre arme. Donner la vie, oui, la reprendre, elle en était incapable. Donc ce matin-là, elle commença par s’occuper de tous ces bébés, orphelins ou abandonnés, qu’il fallait lever, nourrir, habiller, laver… Certains de ces petits auront la chance d’être adoptés, d’autres, hélas, passeront toute leur enfance entre ces murs. Elle y mit tout son cœur, réfléchissant en même temps à son propre avenir. Une fois plus à l’aise, plus habituée, sans doute prendra-t-elle un petit logement hors de ses murs, lorsque ses enfants seront en âge d’aller à l’école, pour qu’ils mènent une vie aussi normale que possible, qu’ils aient des amis, des jeux, des joies d’enfants. Elle voulait que ses fils grandissent dans un environnement sain et autant en paix que possible. Après tout, la guerre n’était pas arrivée dans cette région.

Ce fut vers le milieu de la matinée qu’une nouvelle, enfin une très bonne nouvelle, perça la petite routine qui commençait à s’installer. Elle termina ce qu’elle était en train de faire le plus vite possible puis fila aussitôt à l’infirmerie, folle de joie. Il était revenu ! En franchissant vivement les portes, elle s’arrêta net avant de percuter un autre homme, au regard très… bizarre, s’excusant avant de le contourner aller vers Nicolas. Il était de retour, bien vivant, et elle se précipita aussitôt pour le serrer dans ses bras, les larmes aux yeux. Il était enfin de retour ! Vivant… Hoquetant un peu, elle fourra sa tête contre lui, en murmurant au boucle qu’elle était si heureuse qu’il soit de retour parmi eux, qu’il soit en vie, qu’elle s’était tellement angoissée pour lui. Il lui fallut plusieurs minutes avant de réussir à se calmer et le lâcher un peu, tout en réalisant qu’il devait être blessé et qu’elle risquait de lui faire mal. Désolée ! Elle remit comme il faut la couverture sur lui, souriante malgré les larmes de soulagement qui coulaient toujours sur son visage.

– Comment te sens-tu ? Est-ce que tu as mal quelque part ? Ou tu as besoin de quelque chose ?
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MessageSujet: Re: Retour vers la liberté   Retour vers la liberté EmptyJeu 19 Déc - 8:29

Ce cher homme ne devait pas avoir de copine, de fiancée ou d’épouse, étant donné la manière dont il avait répondu. Une fois de plus, Nicolas préféra ne pas relever ni lancer un débat. Trop épuisé pour le faire et conscient en sus que ça ne servira strictement à rien. A la place, il se contenta d’un long mais discret soupir, redressant la tête, les yeux vers le plafond. Il ne perdra pas son Humanité, c’était dit, peu importe ce qui allait arriver à compter d’aujourd’hui. Il ne voulait pas devenir non plus comme ces hommes, lors de son interrogatoire… Y repenser sembla raviver les séquelles de ses blessures, lui arrachant une lourde grimace. La peur et la honte étaient aussi douloureuses que les blessures purement physique… La gorge à moitié étranglée, il s’obligea à se détendre, pour rester calme, chasser les prémices d’une nouvelle crise d’angoisse qui allait le submerger.

La nouvelle question d’Alan fut plus que bienvenue, l’aidant à se concentrer sur autre chose. Il bafouilla un peu, avant de pouvoir articuler une phrase correcte. Réponse sans doute peu convaincante, mais Nicolas ignorait si d’autres s’étaient engagés, depuis que lui-même avait disparu. Sans doute, à cause de l’attaque du quartier général… Puis d’un seul coup, il la vit, franchissant en vitesse les doubles portes de la grande infirmerie. Sans même le réaliser, il avait tendu les bras vers elle, comme un enfant en gros manque d’affection et voulant absolument aller au plus près de la personne qui l’aimait le plus sur cette terre. Et il ficha complètement d’avoir plus mal encore lorsqu’enfin, elle fut contre lui, qu’elle le serra dans ses bras et qu’il passa les siens autour d’elle. Il la serra même plus fort, ignorant la douleur, les larmes aux yeux.

Le reste du monde et de la guerre seront bien gentils d’attendre un peu, merci bien. Les yeux fermés, il l’écoutait lui répéter qu’elle était heureuse de le retrouver en vie, qu’elle avait eu si peur. Estelle… Il respira doucement le petit parfum de muguet qui émanait d’elle, presque choqué de pouvoir enfin la tenir dans ses bras, la sentir contre lui… Il avait cru durant des jours que ce ne serait plus jamais possible ! Il avait même voulu abandonner, se laisser faire, se laisser mourir, pour ne rien divulguer de compromettant, pour ne plus avoir aussi mal. Mais aujourd’hui, même s’il avait parlé, il ne regrettait pas d’être là pour tenir cette femme contre lui. C’était complètement égoïste, la culpabilité l’en rongeait d’autant plus, pourtant, il ne pouvait s’en empêcher. Et il eut du mal lorsqu’elle s’écarta, remettant la couverture sur lui comme il le fallait.

– Comment te sens-tu ? Est-ce que tu as mal quelque part ? Ou tu as besoin de quelque chose ?

– Ça ira… Viens.

Il la reprit dans ses bras, comme toute à l’heure, c’était bien le seul médicament efficace, même le plus efficace de tous les temps. Il en pleurait pour de bon, maintenant, tant il était soulagé de la revoir et qu’elle ne lui en veuille pas pour ce qui était arrivé à cause de lui. Il l’aimait, c’était à elle qu’il avait pensé tout du long, alors la perdre à cause de ça… Non, ce n’était pas acceptable !

– Dis-moi plutôt comment ça s’est passé, pour vous. Vous avez pu vous mettre tous en sécurité à temps ? Comment vont les deux petits ? Depuis combien de temps êtes-vous arrivé ici ?
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MessageSujet: Re: Retour vers la liberté   Retour vers la liberté EmptySam 4 Jan - 11:27

Ça ira, vraiment, il en était sûr et certain ? Estelle ouvrait la bouche pour émettre ses doutes, puis se tut lorsqu’il la reprit dans ses bras. Elle s’était assise sur le bord du lit, tout contre lui, le serrant contre elle en essayant de ne pas lui faire mal, le berçant presque, inconsciemment. Là, chhht, ça va aller, elle était là… Tendant une main, elle essuya quelques larmes coulant sur les joues de Nicolas, puis replaça sa main contre son dos, sentant les bandages sous sa chemise. Elle serait bien incapable d’imaginer les horreurs qu’il avait bien pu subir entre les mains de la police politique et préférait encore ne pas savoir tous les détails. Non, elle fera juste de son mieux pour qu’il se remette, aussi bien physiquement que mentalement ! Tout d’abord, le temps qu’il restera ici à se soigner et se reposer, puis par la suite, lorsqu’il reprendra le cours de sa vie, plus normalement. Il pouvait compter sur elle. Estelle pencha un peu la tête pour l’embrasser dans les cheveux, puis sur le front, les yeux à moitié fermés.

– Dis-moi plutôt comment ça s’est passé, pour vous. Vous avez pu vous mettre tous en sécurité à temps ? Comment vont les deux petits ? Depuis combien de temps êtes-vous arrivé ici ?

– Notre évacuation s’est bien passée, tu n’as pas à t’en faire. Des voitures, des camions et des bus ont emmené tous ceux qui ne combattaient pas, au milieu de la nuit. Les petits vont bien, Wyatt ne réalise pas très bien ce qui se passe, mais il s’est déjà acclimaté à cet endroit. Il est très courageux. Son petit frère est encore trop jeune pour comprendre, par bonheur. Ils sont avec moi tout va bien. Nous ne sommes ici que depuis très peu de temps, mais ça va. Tu verras les enfants toute à l’heure, si tu veux.

Wyatt l’aimait bien, déjà, il sera sûrement content de le voir ! Toute à l’heure, il jouait dans la crèche avec d’autres bambins de son âge. Quant à son petit frère, en ce moment, il devait toujours dormir à poings fermés, il ne se réveillera que lorsqu’il sera l’heure de réclamer son biberon. Voir les enfants, sentir leur énergie et leur innocence, ça fera sûrement beaucoup de bien à Nicolas, elle en était certaine ! Les enfants étaient le meilleur des médicaments. Leurs sourires innocents vous réchauffaient toujours le cœur, même lorsque vous étiez au plus mal. Estelle parla un peu plus en détails de qui était arrivé au QG et comment les défenses s’étaient mises en place, avant leur départ, pour que son compagnon ne s’inquiète pas plus que nécessaire. Il y avait pas mal de personnes sur place, capables de gérer la situation.

– Personne ne t’en veux, tu le sais, n’est-ce pas ? Nous sommes tous conscients des risques, de ce qui peut arriver à chacun d’entre nous. Le principal, c’est que tu sois de retour parmi nous, bien vivant. Tu vas pouvoir te reposer, en parfaite sécurité.

Avant de reprendre le chemin des combats… Estelle le savait bien mais ne voulait pas en parler, en tout cas, pas tout de suite. A la place, elle essuya comme il faut les larmes de son compagnon, avec son mouchoir, sans le lâcher une seule seconde.

– Tu voudras que j’emmène les enfants te voir, lorsque tu auras pu te reposer un peu ?
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MessageSujet: Re: Retour vers la liberté   Retour vers la liberté EmptySam 14 Mar - 9:53

– Notre évacuation s’est bien passée, tu n’as pas à t’en faire. Des voitures, des camions et des bus ont emmené tous ceux qui ne combattaient pas, au milieu de la nuit. Les petits vont bien, Wyatt ne réalise pas très bien ce qui se passe, mais il s’est déjà acclimaté à cet endroit. Il est très courageux. Son petit frère est encore trop jeune pour comprendre, par bonheur. Ils sont avec moi tout va bien. Nous ne sommes ici que depuis très peu de temps, mais ça va. Tu verras les enfants toute à l’heure, si tu veux.

Oh, oui, il le voulait vraiment, si elle ne s’y opposait et qu’elle… Enfin… Qu’elle le veuille bien, et il… Bref… Il préféra encore ne rien ajouter, sur le coup, la serrant juste un peu plus fort contre lui et tant pis s’il en avait plus mal encore avec tous les bandages et les lourdes cicatrices qui lui resteront après cette histoire. Il était si désolé… A cause de lui, la résistance avait subit de lourdes pertes, tout ça parce qu’il avait craqué. Il l’écouta, dans un silence quasi-religieux, parler des défenses qui avaient été mises en place, avant que tous ne doivent vider les lieux. Il était, malgré tout, soulagé de l’entendre dire que du renfort avait pu être appelé, et plus important que tout, que les enfants et tous les civils avaient pu quitter l’endroit avant que la moindre attaque ne soit lancée. L’envie de pleurer revenait à la charge, il serra les dents très fort pour ne pas se laisser aller, fourrant son visage contre Estelle. Mais il craquait. Une fois de plus. Et les larmes ne cessaient plus de couler.

– Personne ne t’en veux, tu le sais, n’est-ce pas ? Nous sommes tous conscients des risques, de ce qui peut arriver à chacun d’entre nous. Le principal, c’est que tu sois de retour parmi nous, bien vivant. Tu vas pouvoir te reposer, en parfaite sécurité.

Mais… Il renifla un peu, puis un petit sourire traversa la barrière des larmes lorsqu’elle se mit à les lui essuyer avec un mouchoir en tissu. La culpabilité n’allait pas disparaître aussi facilement, même si on lui répétait tout ça ne boucle durant des heures ! Quoi de plus normal que de s’en vouloir, lorsqu’on avait littéralement trahi les siens ? L’image du type abject de la police politique s’imposa brutalement à sa mémoire, de nouveau, et un très brusque frisson le secoua, depuis le crâne jusqu’à la pointe des orteils. Il se jugeait faible de l’avouer, pourtant, c’était bien la peur qui lui tordait le ventre, en pensant à cet homme. La peur de souffrir à nouveau… C’était humain, personne n’aimait avoir mal. La peur qu’on tente à nouveau de le briser physiquement et psychologiquement. Pire encore, finalement, que ce soit l’État qui ait le pouvoir d’ordonner une telle horreur.

– Tu voudras que j’emmène les enfants te voir, lorsque tu auras pu te reposer un peu ?

– Oui…

Un petit bredouillement, un pénible retour à la réalité, surtout, toutes ses pensées étaient envahies par l’image de ces types abjects. Le souvenir de la douleur et de l’emprisonnement. La très profonde injustice de la situation, la colère qu’un gouvernement puisse imposer de tels actes à ses propres concitoyens, le dégoût de voir des compatriotes capables de torturer les autres sans une seule once de remords. Le choc de voir leur pays devenir une simple dictature. Nicolas refusait tout de même de s’admettre qu’il souffrait peut-être d’un choc, dû au contre-coup, il avait envie de se dire que ça passera bien vite et qu’il sera sur pieds d’ici quelques jours, avec du repos.

– Mais comment peux-tu être sûre que personne ne m’en veut… ? Enfin, c’est… C’est tout de même à cause de moi que vous avez dû évacuer, que le quartier général a été attaqué ! J’ai parlé, Estelle, j’ai… Dans leurs prisons… Je vous ai vendu, littéralement. Je suis si désolé.

Une part de son esprit lui hurlait d’arrêter de pleurer, bon sang, qu’il était un homme, et l’autre partie lui criait d’aller au diable. Impossible de s’arrêter. Désolé, désolé…
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MessageSujet: Re: Retour vers la liberté   Retour vers la liberté EmptyVen 10 Avr - 11:09

– Oui…

La jeune femme se pencha pour l’embrasser longuement contre le front, puis la joue et le bout du nez, tout en le serrant contre sa poitrine, tout en veillant à ne pas lui faire mal. Ce qu’elle voulait, surtout, c’était qu’il se sente très entouré, choyé, qu’il voit bien qu’elle ne comptait pas le lâcher, quoi qu’il arrive. Il faudra sans doute du temps, avant qu’il ne parvienne à oublier ce qu’il avait vécu, mais elle était là, elle pourra l’aider. Ses amis aussi. Tout se passera bien. Elle avait entendu parler des personnes qui souffraient de névroses traumatiques, suite à des chocs très violents… Des soldats de la grande guerre, qualifiés de lâches ou de traîtres, car la terreur et l’effroi les privaient de leur faculté. Des personnes perdues, terrorisées ou très choquées, après avoir vécu des horreurs. Les médecins disaient que ce type d’événement pouvait déclencher une névrose et que ça pouvait être long à guérir. Lorsque le corps et l’esprit avaient été tous deux très secoués, bien trop secoués, la personne pouvait se retrouver en un profond état de choc. Nicolas pleurait toujours, dans ses bras, et elle craignait qu’il ne soit effectivement victime de cette névrose.

– Mais comment peux-tu être sûre que personne ne m’en veut… ? Enfin, c’est… C’est tout de même à cause de moi que vous avez dû évacuer, que le quartier général a été attaqué ! J’ai parlé, Estelle, j’ai… Dans leurs prisons… Je vous ai vendu, littéralement. Je suis si désolé.

– Je le sais car tout le monde l’a déjà dit, tout le monde a déjà répété que c’était impossible de t’en vouloir et que tu n’y es pour rien. C’était de toute façon intenable, l’école aurait été découverte tôt ou tard, nous n’aurions pas dû essayer de nouveau de la monter. La situation est devenue trop grave. Ne pense plus à ça, tu verras très vite que personne ne t’en veut, c’est évident. Repose-toi, prends soin de toi et nous allons être là pour t’entourer, te soutenir, te soigner.

S’il le voulait, elle pouvait même mettre un lit de camp pour dormir ici, avec lui, les premiers temps, s’il en avait besoin. Elle confiera ses garçons à une amie en attendant. Elle fera son possible pour le débarrasser, au maximum, de la peur qu’il pouvait ressentir et le remettre sur pied. En attendant, elle lui répéta de ne plus parler et se reposer. Elle était là, avec lui, alors du calme et qu’il se laisse aller… Il pouvait aussi pleurer contre elle autant qu’il en avait besoin…
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