Se lancer dans l'accrobranche [TP Cours]

Daniel Morin, professeur de sport

Il restait environ trois semaines de cours avant les vacances de fin d'année, et qu'ils soient en sous-effectifs pour donner les cours arrangeaient parfois certains emplois du temps. Daniel était plutôt heureux de pouvoir faire venir autant d'élèves pour les activités prévues cet après-midi, d'autant plus que le temps était enfin au beau. La nuit dernière, il avait neigé un peu et le paysage était ce matin recouvert d'une très fine poudre blanche, disparaissant rapidement aux endroits éclairés par le soleil. Même s'il faisait froid, l'exercice physique vous réchauffait en un rien de temps et cela fera du bien à tous les enfants de se dépenser, en plus de travailler sur leur force physique et leur agilité. Debout devant une table surchargée de matériel, dans la salle des professeurs, Daniel était occupé à vérifier encore une fois les cordes, harnais et grappins, avec l'aide de Valentin. Quelques uns de leurs collègues leur avait lâché que c'était complètement dangereux de proposer ce truc aux gamins, que c'était idiot, qu'ils pourraient se contenter de leur faire faire de la course d'endurance ou de la natation. Ce n'était pas si dangereux tant qu'on prenait toutes les précautions possibles, enfin ! Ils avaient déjà tout préparé, dans la forêt, et les enfants auront intérêt à écouter les consignes et les appliquer à la lettre.

L'accrobranche permettait de faire travailler tous les muscles du corps, ce sera bon pour les enfants qui ne se donnaient jamais à fond en cours de sport. Daniel pratiquait ça pour le plaisir lors des congés et connaissait bien les normes de sécurité à appliquer. Pas assez, néanmoins, pour rassurer ses collègues qui les regardaient d'un sale œil. Même Valentin finit par en avoir assez puis rassembla autant de matériel qu'il pouvait en importer, marchant mal à cause de sa jambe, et lui lança qu'ils se retrouvaient à l'heure prévue dans la forêt. Très bien. Daniel but vite fait le reste de son café puis secoua un autre harnais, vérifiant s'il était aussi conforme et prêt à être utilisé. Le parcours prévu n'était pas si long que ça, il durait peut-être trente minutes en tout, pas plus. Seule Emma était parfaitement détendue, ne jetant aucun regard noir et ne marmonnant pas plus que c'était stupide. La chaise appuyée contre le mur, les deux pieds sur la table sans aucune gêne, elle buvait le contenu d'une large tasse à café qui n'était certainement pas de l'eau tout en lisant un magazine sur des modèles de voitures. L''expression même du je-m'en-foutisme dans toute sa splendeur. Elle devait venir avec eux pour l'activité car elle était parfaitement capable de récupérer au vol n'importe qui.

Daniel – Il te faut quelle taille de harnais ? lui demanda-t-il en fouillant parmi ceux qu'il avait.

Emma – Mon élément me sert de harnais, répondit-elle très tranquillement en vidant sa tasse. Sinon, la plus petite taille, si tu y tiens.

Très bien, il allait être temps d'y aller. A eux deux, ils emmenèrent le reste du matériel, marchant assez péniblement jusqu'à la forêt tant ils étaient chargés. Bah, au moins, les enfants allaient apprécier ! Leurs collègues devraient apprendre à se détendre, tout de même, ce n'était qu'un cours de sport comme les autres. Enfin... Daniel se heurtait souvent à ce genre de considérations, principalement que parce qu'il avait l'air "tout jeune et naïf", les autres enseignants devaient le croire incompétent et surtout incapable de gérer la sécurité d'un cours. Lorsque les enfants commencèrent à arriver, à leur tour, il fallut commencer par les équiper. Daniel les fit se mettre en rangs puis s'en occupa, un par un. Il commença par vérifier que tous avaient des chaussures de sport adaptées, avec des crampons, puis leur donna un casque, des genouillères et coudières, avant de leur passer le harnais et bien vérifier tous les points de sécurité, en particuliers les boucles de fer où seront attachées les sangles. Durant ce temps, il lança d'une voix forte les consignes et règles de sécurité, faisant taire d'un ton sec ceux qui ne prenaient pas la peine d'écouter.

Daniel – Vous allez chacun commencer par grimper jusqu'à la première plateforme, où vous attend Emma, puis traverser un premier pont. Vous vous arrêterez ensuite sur la seconde plateforme et attendrez la suite. Concentrez-vous, on est parti.

Il emmena le premier élève puis accrocha les sangles, tirant sur les boucles pour s'assurer de la solidité, puis le poussa vers le premier arbre.


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Comment grimper :

http://www.tourisme-sciez.com/img/mod/sitra/objet/3714-grand_parcours_accrobranche_au_parcours_aventure_de_sciez.jpg

Comment vous êtes attaché :

http://www.moniteurs-herault.fr/imgfr/parcours-dans-les-arbres.jpg

http://www.dodes.fr/images/parc-aventure-haute-savoie.jpg?crc=46156544

Il faisait sacrément froid, aujourd’hui, on sentait bien l’arrivée de l’hiver, même si le mauvais temps arrivait plus vite dans cette région. Adeline tapa un peu du pied au sol pour se réchauffer, ayant enfilé des chaussettes plus chaudes que de coutume et une veste de sport « spéciale hiver » pour les cours en extérieur, comme aujourd’hui, que son père lui avait acheté pendant qu’elle était partie en voyage scolaire. Malgré le froid, il régnait une certaine agitation et tout le monde savait qu’il ne faudra pas beaucoup de temps pour se réchauffer. La prof de l’élément vent était avec M. Morin et quelques surveillants, les poussant à se rassembler à l’orée de la forêt, début du parcours. La jeune fille, les bras encore fermement croisés, leva le nez pour observer les hauts et gros arbres, puis tourna la tête pour lancer un long regard à l’école. Les rumeurs couraient qu’ils en partiront d’ici quelques mois, au début de l’année suivante… Des rumeurs venues d’on ne savait où, sûrement après avoir entendu un prof le laisser échapper, et si c’était vrai… Si c’était vrai ? Si c’était vraiment les derniers mois qu’ils passaient tous ici ? Si c’était vraiment le dernier hiver qu’ils voyaient, la dernière fois qu’ils verront ce parc se couvrir de neige ?

Adeline ne put s’empêcher d’y songer alors qu’ils s’équipaient et que le prof les faisaient tous passer devant lui un par un pour vérifier leur matériel et attacher correctement les sangles. Si c’était vrai… Cette école, elle l’aimait bien ! Une institution vieille, solide, où elle avait fait ses premiers pas de jeune adolescente et où elle avait noué des amitiés sincères et fortes. Où iront-ils ? Impossible, encore, de s’imaginer à quoi pourra ressembler la prochaine encore, si c’était vraiment très différent d’ici et en quoi. Les cours et les profs seront sûrement les mêmes, d’accord, mais le reste ? Les bâtiments ? L’organisation ? Et dans quelle région, surtout ? Près de quelle ville ? Enfilant son casque, elle regarda de nouveau les silhouettes des deux imposants bâtiments, le cœur battant un peu plus vite. Que deviendra cet endroit, une fois tout le monde parti ? Il n’allait quand même pas être détruit, si ? Elle ignorait même à qui le terrain appartenait. Leur professeur fit tout à coup taire tout le monde pour donner les consignes et Adeline retourna la tête vers lui. Pas le moment de divaguer, elle y pensera plus tard. Et puis, ce n’était pas encore fait ! Tout le monde était encore bien là, leurs professeurs aussi.

– Vous allez chacun commencer par grimper jusqu'à la première plateforme, où vous attend Emma, puis traverser un premier pont. Vous vous arrêterez ensuite sur la seconde plateforme et attendrez la suite. Concentrez-vous, on est parti.

Oui, allez. Adeline s’avança la première, son professeur vérifia encore les sangles puis l’accrocha. Les mains gantées, avec le bout des doigts libres pour une meilleure accroche, elle commença par grimper à l’échelle en corde, le long d’un des plus gros arbres. L’exercice physique eut en tout le cas le mérite de lui vider aussitôt la tête de toutes autres interrogations, alors qu’elle s’élevait le long du tronc, rassurée par la présence de la sangle, prévenant ainsi toute chute. Au bout de plusieurs minutes de grimpe, elle arriva sur la plate-forme, puis, toujours accrochée, s’aventura sur le premier pont de bois, tendu entre deux arbres. Tout était question d’équilibre et de patience, on ne se précipitait pas là-dessus. Des cordes avaient aussi été tendues pour que les élèves moins à l’aise puisse s’y accrocher, s’ils le désiraient. C’était finalement plus un parcours de jeu qu’un vrai cours de sport, si ce n’est que le sens de l’équilibre était mis à l’épreuve. Il fallait aussi avoir confiance en soi. Après avoir atteint la seconde plate-forme, un surveillant vérifia encore ses sangles puis elle s’élança sur la suite. Deux grosses cordes parallèles étaient tendues vers l’arbre suivant. Il fallait marcher doucement sur celle du bas en se tenant par les mains à celles du haut. La lycéenne sourit en débutant le parcours, notant la présence de filets en bas. C’était une sécurité de plus, mais bon, les sangles les rattraperont bien avant.