Nouvelle expérience, nouveau projet

Une atmosphère encore sombre planait sur la maison…. Le décès de grand-père avait pris tout le monde de court, personne ne s’était attendu à ce qu’il parte si soudainement, dans son sommeil, cette nuit-là… Grand-mère avait trouvé son corps au petit matin, lorsque, comme chaque jour, elle était venue l’aider à se lever, s’habiller et prendre son déjeuner. Juste comme ça, installé dans son lit comme s’il dormait toujours, mais si froid. Elle avait crié, puis fondu en larmes, réveillant toute la maison. Ils avaient tous vite compris ce qui se passait et les heures suivantes avaient été très… Genji en était encore très chamboulé. Il savait pourtant bien que c’était la vie, c’était comme ça, Naoki était très âgé et très affaibli, depuis maintenant des mois ! Tout le monde à la maison savait que la fin était proche. Mais tous avaient cru pouvoir être là, au moment venu, à lui parler et lui tenir la main, lui dire au revoir avant qu’il ne ferme les yeux ! Mais non… Il était parti dans son sommeil, juste entouré de photos, sans que personne ne le sache. Et ça, ça remuait vraiment beaucoup Genji.

Il regrettait de ne pas avoir pu dire au revoir au vieil homme, lui dire… Il ne savait pas… Lui dire qu’il l’aimait, qu’il continuera de vivre dans sa mémoire… Et son père qui était toujours en France ! Il n’aura pas pu, lui non plus, faire ses adieux ou même assister à la cérémonie. Il ne sera peut-être même pas encore revenu lorsque l’urne sera finalement déposée dans le caveau familial, au cimetière du village, dans la dernière phase. Genji laissa reposer sa tête contre le mur de bois derrière lui, assis seul sur un petit banc, dans le couloir de l’établissement, puis ferma un instant les yeux. Il se sentait… complètement vidé, en réalité. Vidé de ses forces, vidé de tout… Comme si un vil esprit lui avait sucé toute son énergie, sans rien lui laisser. Il ne savait plus où il en était exactement, quoi faire, où aller, comme si sa vie lui avait définitivement échappé. Il avait l’impression de se battre contre des forces le dépassant et de se faire frapper sans cesse, sans trêve, sans repos, incapable ensuite de se relever et lutter. C’était un mal-être général et il ne savait plus comment faire pour s’en sortir.

Ça durait depuis… Plus de deux ans… Depuis qu’il avait dix ou onze ans, en fait… Mais ce n’était que depuis son retour au pays que sa mère commençait à souffler le mot « dépression » et essayait de plus en plus à l’inciter à rencontrer un médecin. Elle le poussait aussi beaucoup à sortir, voir des amis, faire des projets, s’activer, finalement, faire quelque chose, peu importe quoi. Genji l’écoutait, il sortait, il continuait de mener les projets commencé, s’il vivait, quoi ! Pourtant, il se sentait toujours épuisé, comme… grillé, en fait. Il vivait sans vivre, comme s’il regardait sa vie défiler devant ses yeux et en être un simple spectateur. Bien plus grave encore, il mettait un mur entre lui et ses émotions, pour s’en défendre, et essayer d’avoir moins mal. De se détacher des choses, le plus possible. Ça, il en avait parlé à sa mère et ça l’avait encore plus alarmée. Mais Genji, lui, ne pensait pas souffrir de dépression pour autant. Se séparer de ses sentiments et les étouffer, pour moins souffrir, c’était un réflexe normal… non ? Il ne se sentait juste pas la force de les affronter.

Etait-ce si grave ? Sa mère s’inquiétait, mais c’était normal, puisque c’était sa mère. Il n’en avait parlé à personne d’autre, encore. Rouvrant les yeux, il soupira un peu, puis il se redressa en entendant une porte s’ouvrir. Une fois de plus, il refoula au moins, le plus profondément possible, tout ce qu’il pouvait bien ressentir, pour juste se consacrer au moment présent. C’était reparti.

Il restait trois semaines avant que leur troupe ne reparte en tournée, pour son nouveau spectacle, trois semaines emplies de répétitions, de préparatifs techniques, d’administration plus pure et de beaucoup de tensions, afin d’être certains que tout sera prêt dans les temps. Au sein de l’équipe, en plus de son rôle de danse et de chants, Amaya était également en charge de l’organisation des tournées et c’était toujours un gros travail. Cela incluait louer les salles, demander les autorisations pour les places de festival lorsqu’ils étaient en extérieur, prévoir un logement pour la troupe et de la place pour déposer leur matériel, organiser les déplacements en bus ou en train, calculer le budget global – et s’y tenir – sans oublier savoir gérer tous les petits imprévus. A maintenant 36 ans, elle était devenue la doyenne de la troupe de théâtre et en était passé à sa tête. Son prédécesseur ayant choisi de quitter pour de bon le monde du spectacle, devenu trop contraignant pour lui.

Leur tournée allait débuter dans les villages et villes du plateau d’Eafan, avant qu’ils ne partent plus loin ensuite à travers le pays. D’abord dans leur région, puis dans les voisines. En tout, la tournée devait durer trois mois et s’achever, pour le dernier spectacle, au premier soir de l’été. Un feu d’artifice était prévu, dans la ville où ils allaient se représenter, pour saluer la nouvelle saison, ce sera une belle soirée. Suite à cette tournée, ils auront, pour l’été et les beau jours, bien des spectacles et des représentations, c’était une époque toujours très chargée et charnière, dans leur agenda. Là où l’hiver était surtout consacré aux entraînements et la préparation de la future saison. Dans son petit bureau, envahi de papiers, elle en oublia presque le temps qui défilait et ce fut un petit bruit à l’extérieur qui la tira de ses pensées et lui rappela du même coup qu’elle avait un rendez-vous. Un petit jeune à recevoir, intéressé par le métier, il devait déjà être arrivé, d’ailleurs.

Sortant de son bureau, elle le trouva effectivement assis dans le couloir à patienter et s’avança vers lui pour le saluer poliment. C’était un ami du jeune Haiko, ce dernier leur avait un peu parlé de lui. Bien qu’il était toujours agréable de rencontrer des jeunes s’intéressant à ce type de métier, ce n’était pourtant pas la saison la plus idéale pour commencer la formation de quelqu’un, ils étaient tous très occupés. D’un autre côté, cela permettait aussi de placer très vite la personne dans l’ambiance et de voir si elle était capable de comprendre vite, même dans un contexte assez pressant. Ils avaient tous bien plus appris sur le terrain, en plongeant les mains dedans, que sur les bancs d’une quelconque école. Amaya l’invita à le suivre, puis lui dit de s’asseoir, avant de refermer la porte et de prendre elle-même place. Elle commença tout d’abord par se présenter elle-même, son poste et rang au sein de leur troupe de théâtre, le rôle tenu, puis présenta leur troupe dans les grandes lignes.

– Parle-moi de toi, à présent. Comment t’es venu l’idée de ce choix de carrière ? Que sais-tu dessus ?

Le bureau où il entra était dans un certain désordre. Beaucoup de papiers, documents, crayons, dossiers encombraient l’espace, il vit aussi des plannings et quelques cartes. La dérangeait-il en plein milieu d’un travail très important ? Un peu nerveux, il s’assit face au bureau de bois surchargé, puis plaça ses mains contre ses cuisses. La maîtresse des lieux commença par se présenter plus formellement et lui parler du rôle qu’elle tenait, dans cette troupe de théâtre. S’il comprenait bien, c’était elle, la chef d’Haiko. Elle avait…. Beaucoup de responsabilités, d’après ce qu’elle lui racontait. Il comprenait mieux, maintenant, le fouillis de cet espace de travail, devoir organiser une tournée ne devait pas un travail de tout repos. De toute façon, son père lui avait souvent dit qu’en entreprise, un bureau trop bien rangé n’était pas forcément un très bon signe, lorsqu’on se trouvait au beau milieu de la journée. Une personne travaillant sérieusement n’avait pas de temps à perdre à sans cesse ranger correctement ses documents, quand elle était en pleine activité. Il écoutait avec attention, hochant doucement la tête pour signifier qu’il suivait et comprenait.

– Parle-moi de toi, à présent. Comment t’es venu l’idée de ce choix de carrière ? Que sais-tu dessus ?

– Eh bien, je suis issu de ce village. J’ai eu un parcours scolaire assez classique, où j’ai appris les bases de la danse et de la musique, bien que cela remonte à quelques années, à présent. Je suis un aéromancien, également. Je viens de passer quelques mois en France, pour ce don, revoir des bases, et je suis juste rentré. Je… suis en recherche de ma voie, en quelque sorte. Je songe au théâtre et la musique depuis quelques temps, c’est pour cela que j’avais voulu en parler à Haiko, comme lui connaît bien ce domaine. Je lui ai demandé des premières explications, mais j’ai besoin d’en savoir plus. Honnêtement, je ne sais pas encore grand-chose, sur cette voie, je suis venu aujourd’hui pour en apprendre plus. Cela m’attire plus que tout ce qui m’a été proposé d’autre, car… Enfin, je ne souhaite pas me retrouver dans un simple travail de bureau. Plusieurs membres de ma famille exercent des professions artistiques, j’y suis plus sensible que pour d’autres branches.

Il espérait ne pas avoir été trop confus, dans sa réponse, et ne pas avoir trop bafouillé non plus. Tout ce qu’il disait venait du cœur, il ne prenait pas le temps de vraiment y réfléchir avant de parler. C’était toujours comme ça, de toute façon, il avait toujours eu tendance à dire ce qu’il pensait, sans filtre, et même lorsqu’il se retenait, ses émotions se lisaient de toute façon avec une facilité déconcertante. Il parlait aussi avec les mains, sans le réaliser, ce qui était au fond plus un moyen très personnelle de se rassurer, de ne pas rester statique, qu’un réel besoin.

– Maintenant, je comprends tout à fait que ça ne puisse pas être forcément une bonne période pour vous, avec… tout le travail à faire pour la saison. Simplement, je… Enfin, si ce n’est pas le bon moment pour déranger, pas de soucis.

Il tenta de sourire un peu, sans résultat très concluant, mais au moins, il tenta.

– Pensez-vous que quelqu’un comme moi serait apte à mener ce métier ?

La cheffe de troupe croisa tranquillement les bras devant elle, sur le bureau, en écoutant la réponse du jeune garçon assis face à elle. Tout en étudiant déjà, et avec soin, autant son comportement et sa manière d’être que les mots qu’il choisissait. C’était un réflexe naturel, car un comédien, un chanteur ou un danseur devaient tous user du paraître et de leurs corps, autant que de leur travail, dans leur métier. Il devenait donc très important de déterminer les habitudes et manies de chacun, afin de mieux voir leur potentiel et ce qu’ils pourraient devenir avec du travail. D’emblée, elle put juger que ce garçon était très nerveux et assez renfermé lui-même, simplement à la manière dont il se tenait et au ton de sa voix. Car il existait une manière de se tenir très liée à un mécanisme d’autodéfense. C’était tout bête à observer… Une personne croisant les bras contre elle ou ramenant les mains serrées contre elles, trop droite contre le dossier de sa chaise ou qui ne respirait pas librement était une personne qui ne se sentait pas, intérieurement, en sécurité. C’était le cas de ce jeune homme.

C’était d’autant plus curieux pour un aéromancien. Ceux qu’elle connaissait, ou avait connu, étaient plutôt des personnes n’ayant aucune crainte d’afficher leurs opinions et de les affirmer, envers et contre tous. De plus, s’il avait passé quelques mois à l’étranger, se frotter à une autre culture aurait dû lui ouvrir l’esprit et le rendre plus confiant. Sinon, à quoi bon faire l’effort de s’intégrer dans un autre pays, si on ne pouvait pas en profiter pour confronter ses opinions et certitudes à ceux d’une autre culture ? A peine avait-il commencé à parler qu’elle voyait en lui un paradoxe… Ceci étant, les personnes à l’âme sensible et les artistes étaient bien souvent de très grands paradoxes et c’était en ça qu’ils se distinguaient du « commun des mortels », sans vouloir être offensante ou méprisante. Il mentionnait Haiko, par exemple, qui lui avait parlé de cette voie. Haiko était lui aussi un paradoxe. Bien qu’il soit intelligent et capable d’apprendre très vite, il avait aussi du mal à comprendre les choses les plus simples et capter les évidences.

Avoir d’autres artistes dans la famille était également, bien évidemment, une porte d’entrée. Un bref petit sourire lui échappa quand il souligna ensuite qu’il comprendrait que ce ne soit pas forcément la bonne période ou le bon moment, qu’il ne voulait pas déranger. Encore une marque d’un manque de confiance personnelle, souligner soi-même ce genre de chose, sans qu’on ne vous ait mis ce sujet précisément sous le nez au préalable, et montrant au passage qu’on craignait un reproche ou une rebuffade. Qu’on ne saurait pas comment gérer. Il y avait beaucoup de personnes répondant à ce profil, dans le pays mais aussi dans le monde, ce n’était pas rare, loin de là. Néanmoins, dans ce métier, c’était un trait de caractère qu’il fallait apprendre à surpasser. Un comédien manquant de confiance en lui ne peut aller très loin. Tout un comédien à l’égo surdimensionné. Tout est question d’équilibre. Elle attrapa sur le côté une seconde tasse, avec la petite théière de thé l’accompagnant dans tous ces longs moments de paperasse administrative.

– Pensez-vous que quelqu’un comme moi serait apte à mener ce métier ?

– Quelqu’un « comme toi » ? sourit-elle doucement. Que veux-tu dire, un jeune homme de seize ans, un aéromancien, un débutant dans les arts du spectacle ou encore simplement un jeune homme du pays ? Tu apprendras que chaque personne est unique. Dans notre métier, la personnalité a une importance particulière.

Elle remplit la tasse et la posa ensuite devant lui, espérant intérieurement qu’il se décoince un peu. N’étant pas cannibale, elle ne comptait pas lui sauter dessus pour l’égorger, le rôtir puis le dévorer. Elle remplit une nouvelle fois sa propre tasse, suite à ça. Elle ne pouvait reprocher au jeune homme de vouloir se fondre dans la masse, c’était là la base même de toute leur société, en revanche, elle devait lui signifier d’emblée que se confondre parmi les autres n’était pas une option viable, dans le monde du spectacle.

– Vois-tu, on ne naît pas artiste, on le devient à force d’entraînement, de travail et de beaucoup d’efforts. Ce qui importe avant tout, c’est d’aimer profondément cet univers. Les aptitudes et les compétences, tout le monde pourrait les apprendre, de gré ou de force. La passion pour ce métier, elle, ne s’apprend pas, elle se vit. Elle se contracte en observant ce monde, en y entrant, en le touchant. Me suis-tu ?

Elle l’interrogea du regard, tout en prenant une longue gorgée de thé. Ce qu’elle souhaitait qu’il comprenne, c’était que chanter et jouer sur une scène n’était pas un métier comme un autre. Les arts du spectacle n’étaient pas un métier. Il y avait la technique, qui se travaillait à la sueur de son front, mais surtout, il y avait l’envie de créer, d’exister, de produire du rêve. Soit on avait cette envie, soit on ne l’avait pas. La technique n’était qu’un support comme un autre.

– Le chant, la danse, la musique, tout ça s’apprend. Je ne vais pas te cacher que nous tous, dans la troupe, en bavons lors des entraînements. Si nous nous astreignons à ça, c’est par amour du théâtre. Tu dois savoir que c’est un travail difficile, qui demande beaucoup d’efforts physiques et plus encore une bonne condition mentale. Les spectateurs ne voient que les lumières, pas ce qui est réalisé derrière. Ce n’est pas une vie faite pour tous. Ce que je te propose, c’est de passer par une période d’observation et d’un peu d’entraînement, dans un premier temps. Avant que la tournée ne débute officiellement, tout le monde continue de s’entraîne d’arrache-pied. Si tu as envie de découvrir, cela vaudra mieux que des paroles. Par ailleurs, autant en profiter tant que nous sommes encore au village ou dans la région.

Heu… Il ne s’était pas attendu à cette réponse et resta donc un petit instant coi, incapable de trouver quoi répondre. Elle ne se moquait pas, il n’avait pas cette impression en tout cas, mais sur le moment… Il se secoua un peu et la remercia pour le thé qu’elle leur servit, assez soulagé au fond de boire quelque chose de chaud. Il était tant tant habitué à cette variété de thé vert qu’il pourrait en reconnaître l’odeur à plusieurs mètres de distance. Ça poussait dans la région, on ne pouvait pas faire plus local que ça. Blotti dans son siège, pour inconsciemment gagner un sentiment de sécurité, il serra doucement la tasse entre ses mains, appréciant la chaleur qui s’en dégageait, traversant ses paumes. De petits gestes comme celui-ci l’avaient toujours aidé à se détendre, lorsqu’il se trouvait dans une situation non-habituelle ou un endroit qu’il ne connaissait pas très bien. Ça pouvait sembler n’être rien, pourtant, pour lui, c’était d’une importance quasiment vitale. A se concentrer. Il comprenait ce qu’elle voulait dire, sur la personnalité propre à développer, mais cette façon de penser n’était pas… Disons… Pas celle prônée dans leur société.

– Vois-tu, on ne naît pas artiste, on le devient à force d’entraînement, de travail et de beaucoup d’efforts. Ce qui importe avant tout, c’est d’aimer profondément cet univers. Les aptitudes et les compétences, tout le monde pourrait les apprendre, de gré ou de force. La passion pour ce métier, elle, ne s’apprend pas, elle se vit. Elle se contracte en observant ce monde, en y entrant, en le touchant. Me suis-tu ?

– Oui, madame.

Il voyait ce qu’elle voulait dire, même si pour lui, tout ça restait encore assez vague. Il se sentait attiré, oui, mais était-ce assez bien, assez fort, assez… Assez ? Elle appuya ensuite à nouveauté sur l’entraînement à suivre et son importante difficulté, sans tenter une seconde de cacher cette réalité-là ou de l’adoucir, bien au contraire. Au moins, si une personne ne supportait pas ce rythme ou n’était pas prête à y mettre du cœur, elle voyait tout de suite qu’elle n’était pas taillée pour cette voie. Une bonne condition mentale, par contre, qu’est-ce que ça signifiait, au juste ? Parce que ça pouvait recouper beaucoup de trucs ! Il se retint de justesse de poser la question, buvant simplement une autre gorgée de thé, tout en tentant de garder les idées claires et ne pas se laisser envahir par le stress.

– Ce que je te propose, c’est de passer par une période d’observation et d’un peu d’entraînement, dans un premier temps. Avant que la tournée ne débute officiellement, tout le monde continue de s’entraîne d’arrache-pied. Si tu as envie de découvrir, cela vaudra mieux que des paroles. Par ailleurs, autant en profiter tant que nous sommes encore au village ou dans la région.

– C’est ce que je souhaite et c’est pour ça que je suis venu aujourd’hui, en espérant pouvoir aboutir à ce premier pas. Je vous remercie.

Cette fois, il avait répondu plus vite et d’un ton plus enthousiaste, il manqua au passage de renverser un peu son thé dans le mouvement, puis préféra reposer pour le moment sa tasse sur le coin de bureau pour ne pas tout gâcher. Il rebondit ensuite sur comment cette phase de stage/découverte, il ne savait pas comment on appelait, pouvait s’organiser et se monter. Poser des questions très simples, très pratiques, puis voir tout cela avec la cheffe de troupe avait le don de la rassurer, car ça devenait concret. Il avait besoin de ça, de sentir un cadre autour de lui, une structure fiable, même si cette structure devait laisser une part de liberté et d’air pour respirer, il avait aussi besoin qu’elle soit assez solide pour qu’il s’y sente bien. Et puis, tant que la tournée n’était pas débutée… Il ne pensait pas que l’équipe aurait le temps de s’occuper de quelqu’un en pleine formation avec les déplacements, les répétitions, les spectacles à donner et toute la logistique à assumer.