Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Traces de sang

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Charles Cardot
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Charles Cardot
MessageSujet: Traces de sang   Traces de sang EmptyJeu 26 Sep - 10:24

Laon, 27 janvier 1932.

A l’approche de février, il régnait toujours un froid terrible, dans les régions du Nord de la France, et la neige tombait toujours fort. Même avec la proximité de la Manche. Charles s’était bien couvert, pour une fois, il portait même des gants, mais sentait tout de même le froid lui picoter les joues, alors qu’il traversait les rues de la Cité Médiévale, juché sur son vélo. Une écharpe lui entourait le bas du visage et un bonnet était enfoncé sur sa tête, cachant du même coup ses cheveux longs. Cette fois-ci pas à cause du froid, mais pour qu’on ne détaille pas son visage alors qu’il passait. Qui s’étonnerait de voir une personne aussi emmitouflée, c’était la norme, ce matin-là. Il était encore très tôt, à peine sept heures du matin, et il faisait toujours nuit noire. Les lampadaires éclairaient peu les routes et les rues, l’ombre des remparts pesaient lourds sur tous les passants.

La ville fortifiée était construite sur une colline, il fallait sans cesse grimper et redescendre. Charles n’était pas vraiment essoufflé, en revanche, il était nerveux, scrutant les ombres, tressaillant au moindre mouvement suspect. Au centre-ville, déjà un peu plus d’animation. La boulangerie venait d’ouvrir ses portes et une bonne odeur s’en dégageait. D’autres commerces se préparaient pour la journée, il croisait aussi des personnes avec des charrettes et cheveux, lourdement chargées en marchandises, ainsi que des ouvriers à vélo, comme lui, partant au travail. Rencontrer des voitures était plus rare, mais quelques petits camions faisaient ronfler leurs moteurs avant de partir sillonner les rues, puis quitter la vile. Un matin ordinaire, dans une ville qui l’était tout autant, quoi que très belle. La guerre était indiscernable, ici…

Si on ne s’arrêtait pas à la surface des choses, il était pourtant possible de voir que ça n’allait pas si bien. Les affiches de propagande étaient nombreuses… Incitant à rejoindre les rangs de l’armée, fustigeant les Terroristes, encensant les actions du gouvernement contre les rebelles, ou bien des annonces de lois placardées un peu partout, ainsi que des rappels des bonnes mœurs. Les règles de comportements et celles des tenues vestimentaires. Des cases dans lesquelles il ne rentrait pas et ne voulait pas rentrer. Accélérant un peu, il finit par arriver à l’évêché, passant la grille en vélo en faisant un signe à une voiture qui en sortait en même temps. Rangeant le vélo sous un auvent, il alla frapper à la lourde porte, presque au même moment où l’évêque en personne venait lui ouvrir.

"Monseigneur, sourit-il faiblement. Vous êtes d’une rapidité."

"Je vous ai vu arriver. Entrez."

Il s’effaça pour lui laisser la place, puis le guida à travers les couloirs. Charles était un peu nerveux, même s’il essayait de ne pas trop le dévoiler. On l’emmena dans un petit bureau, à l’étage, où il retrouva une femme que l’évêque lui présenta comme Sœur Alice. Charles lui serra la main pour la saluer, se présentant assez rapidement à son tour, puis enleva écharpe, bonnet et gants. Une lumière un peu feutrée éclairait la pièce et de lourds rideaux étaient tirés, assurant une bonne intimité. La nervosité de l’évêque, néanmoins, se voyait elle aussi… Il était l’un des très rares hauts gradés religieux à soutenir l’action de la résistance. Globalement, l’Église soutenait les actions du Gouvernement et de son retour à des valeurs morales et Chrétiennes fortes. Il leur adressa à tous les deux quelques mots de prière puis leur souhaita bonne chance. En sortant, il leur recommanda d’être prudents. Charles savait ce qu’il avait à faire, sa nouvelle collègue de mission aussi, mais la peur commençait tout de même à monter.

"L’entrée sera gardée, mais vous ne serez sans doute pas fouillée, les gardes ne touchent pas aux religieuses. Je vais vous confier mes propres armes, pour passer dans les lieux."
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MessageSujet: Re: Traces de sang   Traces de sang EmptyJeu 26 Sep - 11:22

Six heures du matin. Assise sagement dans la chapelle avec les autres religieuses, mains jointes posées sur ses genoux et les yeux fermés, Alice priait le Seigneur pour cette journée s’annonçant rude. Une fois de plus, ils allaient affronter le Diable sur son terrain de jeu, retourner contre lui les armes vicieuses et dégradantes qu’il utilisait contre les Hommes. Une fois de plus, la lutte sera intense, sauvage et violente. Elle avait l’esprit en paix… Prête, de toute son âme, ignorant la peur de la mort. A u plus profond d’elle, elle savait désormais que Dieu et le Diable étaient des fantasmes bien humains, leurs parts d’ombre et de lumière, l’équilibre qu’ils devaient trouver. Pour protéger cette lumière dans le cœur des Hommes, la religieuse était prête à se plonger dans les ténèbres. Avec passion, envie, engouement, avec fanatisme.

Combattre le mal par le mal. Détruire le mal par le mal. Certaines âmes ne pouvaient pas être sauvées, la seule solution était de les anéantir à jamais. La paix ne souffrait pas de telles verrues en vie dans ce monde ! Il fallait les effacer de la surface du globe. Se levant, elle s’agenouilla face à la croix, dans l’allée de la chapelle, puis sortit. Après un déjeuner pris en commun avec les autres Sœurs, elle alla dans sa petite chambre pour se préparer. De petits harnais en cuir permettaient de camoufler des armes sous les vêtements, tout en laissant facile d’accès. Elle glissa également une capsule de poison au dos d’une montre, qui fut ensuite rangée dans une poche de sa longue robe grise. Son arme favorite, un petit poignard, était généralement la première qu’elle utilisait. Un coup sec et vif, placé au bon endroit, suffisait pour tuer n’importe qui.

Son équipier du jour était un jeune résistant de fraîche date, un élémentaire. Peu du genre à parler beaucoup, Alice le salua d’un bref mot, à son arrivée, l’esprit entièrement concentré sur la tâche les attendant. Un seul endroit, deux missions, peu de temps pour agir. L’évêque pria pour eux, avant de les laisser, en leur souhaitant bon courage. Sans un mot, Alice récupéra bien les armes de son coéquipier, puis tous deux ressortirent, d’un pas tranquille. Ils quittèrent l’évêché par la porte de derrière, puis marchèrent dans les rues encore très sombres. Arrivé sur la place de la mairie, Alice s’arrêta sous un petit porche, près des affiches de propagande, s’arrêtant dans les ombres. Une cachette naturelle très facilitée par sa tenue. Face à eux, de l’autre côté de la place, quelques lumières à peine commençaient à se monter, à la façade de la mairie.

"J’entrerai la première. Retrouvez-moi au second étage de la mairie."

Puis chacun devra accomplir sa propre partie de mission. Alice savait ce qu’elle avait à faire et aucune hésitation ne la travaillait. Ils attendirent, puis les premiers employés arrivèrent, suivi quelques temps après des civils venus pour leurs démarches habituelles ou bien pour les nouveaux « services » proposés ici… Des services parfois obligatoires, pour une certaine partie de la population. Les ennemis intelligents sont les plus dangereux, cela va sans dire… A l’entrée de la mairie, les gardes la saluèrent d’un respectueux « Ma Sœur », et leur adressa en retour un large et lumineux sourire. Malgré l’heure précoce, le hall grouillait déjà de monde et l’ambiance était électrique. Elle prit le grand escalier sans que personne ne lui dise quoi que ce soit, au milieu de cette ruche, puis attendit que son coéquipier la rejoigne.

Une fois bien équipé, lui aussi, il repartit de son côté. Alice traversa les couloirs d’un pas doux et se rendit au quatrième étage. Frappant à un bureau, elle fut invitée à entrer. Un homme corpulent et très agité se trouvait là avec trois secrétaires et un soldat à l’air pressé. Il fut d’abord très surpris de voir entrer une bonne sœur, la jeune femme lui fit son plus beau sourire, en lui disant bonjour. Elle lui dit être envoyée par l’évêché pour discuter d’un problème épineux et lui demanda s’il serait assez aimable pour lui accorder quelques instants. Le tout d’un ton presque effacé, là encore doux. Sa cible sembla retenir un soupir, en se grattant l’arrière de la tête.

"C’est-à-dire que vous tombez assez mal, ma Sœur, j’ai beaucoup à faire et…"

"Je ne serai pas longue, lui promit-elle. Vous savez, votre avis compte beaucoup, pour notre paroisse. Je tiens vraiment à pouvoir obtenir vos idées."

Il hésita, longuement, fouina dans ses papiers en marmonnant entre ses dents, puis lui dit finalement qu’il la retrouvait d’ici dix à quinze minutes. Merci. Elle lui adressa un autre sourire, puis alla patienter dans le couloir, son chapelet entre les mains…


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Attirer la cible seule : 4
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Charles Cardot
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MessageSujet: Re: Traces de sang   Traces de sang EmptyVen 11 Oct - 9:52

Certains disaient qu’on s’habituait vite à ce genre de vie, mais Charles ne voyait pas encore comment. Dès qu’il s’agissait de passer aux « choses sérieuses », la peur était toujours la même, peu importe où il se trouvait et avec qui. Il tendit ses armes à la Religieuse, puis renfila manteau, gants et bonnet, avant de quitter le bureau, puis emprunter les longs escaliers de bois. Comme à chaque fois, il avait l’étrange impression de porter une cible sur le dos, que tout le monde pouvait voir, une cible qui hurlait « Regardez-moi, je suis un homme à abattre ». C’était stupide, évidemment, mais ça ne le quittait pas. Il fourra les mains dans ses poches en ressortant dans le froid piquant, une boule au ventre.

La Sœur marchait d’un pas très déterminé, de celle sachant parfaitement où elle se rendait et dans quel objectif. Charles marchait légèrement en arrière, tête un peu baissée, suivant les passants du regard et les lumières aux fenêtres, guettant le moindre mouvement suspect. Sur la place de la mairie, l’agitation était déjà plus visible. Ils stoppèrent sous un porche, là où de longues halles s’étendaient, servant probablement les jours de marché. La mairie, de l’autre côté de la place, commençait lentement à s’animer et du monde à affluer, certains attendaient déjà devant les larges marches. Des mairies à moitié transformées en centre de contrôle et de surveillance aussi répressifs qu’arbitraires, tenues de maintenir étroitement la population locale à l’œil…

Les élémentaires, dans chaque ville et village, avaient l’obligation de se déclarer et être enregistrés auprès de leur mairie responsable, partout en France, et de suivre ensuite une série de mesure. Ceux qui ne le faisaient pas pouvaient être arrêtés et poursuivis. Les personnes acceptant de « revenir à la raison » s’en tiraient avec des amendes, et sans doute un contrôle plus accru au début, les autres étaient emprisonnés et on savait maintenant qu’ils étaient envoyés dans ce que le gouvernement appelait des centres de rééducation politique. Pire encore, parfois, quand tout un quartier était jugé comme opposant, il était raflé entièrement pour être expédié dans ces camps…

"J’entrerai la première. Retrouvez-moi au second étage de la mairie."

"Très bien."

Les rafles, c’était le meilleur moyen, le plus dissuasif, pour faire comprendre aux habitants de se tenir tranquille et Laon en était la preuve. Après le départ de la Religieuse, il observa les mouvements de foule, devant la mairie, comprenant vite qu’ici, la loi nouvelle était scrupuleusement suivie. De son côté, Charles était considéré comme mort, depuis l’attaque de son village du Jura et la communauté… Il avait dû se forger une nouvelle identité, avoir de nouveaux et faux papiers, au moins heureux d’avoir été un anonyme parmi les anonymes. Personne ne savait qui il était, mis à part ses propres parents, et il pouvait se fondre dans la masse sans qu’on ne le reconnaisse. Un atout non négligeable lorsque, comme lui, on était dédié à la collecte des informations, au Renseignement.

Comme tous ou presque, à l’entrée de la mairie, il fut fouillé, dû montrer ses papiers, avec toujours cette pointe d’appréhension qu’on ne voit qu’ils étaient faux. L’agent à l’entrée les regarda à peine, cependant, et le fit passer. Grimpant au second étage, Charles alla d’abord retrouver Sœur Alice, récupéra ses armes, les cacha avec soin, puis repartit de son côté, sans un seul mot échangé entre eux. Redescendant dans le hall, il se glissa d’abord vers les toilettes, puis s’arrêta l’air de rien sur un plan de la mairie, voulant d’abord s’assurer que celui qu’il avait étudié et apprit par cœur avant cette mission était bien à jour. Mis à part des menues différences, tout allait bien. Rassénéré, il attendit que la voie soit libre, puis put se glisser derrière un employé, dans un couloir de service.

Une porte s’ouvrit tout à coup au bout et Charles n’eut qu’à peine le temps de se cacher dans un recoin pour ne pas être vu. Le cœur battant à vive allure, il patienta, le temps que la voie se libère de nouveau, et reprit doucement sa progression. La peu était partie, remplacée par une brusque montée d’adrénaline. Il prit un autre escalier, pour descendre au second sous-sol, puis trouva la salle visée. Bien, maintenant… Personne en vue… Charles s’accroupit devant la serrure, puis sortit deux petits outils de sa poche pour la forcer. Mais elle fut plus dure que prévue. Après un long moment à batailler, Charles finit par laisser tomber et chercher un autre moyen. Revenant sur ses pas, il chercha un local technique, une réserve pour le concierge, peu importe, fouillant le sous-sol.

Plus de vingt minutes passèrent avant qu’il ne trouve enfin un local et plusieurs clés, dans un petit placard. Il les récupéra toutes, puis alla les essayer sur la porte des archives. Après plusieurs tentatives, la cinquième clé fut la bonne, et il entra enfin. Vite, vite… Toujours personne ? En courant presque, il alla fouiner dans la section fraîchement renommée « Sécurité civile ». Il devait récupérer les fichiers planifiant les futures rafles. Il fallait faire vite.


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Dés. Infiltration vers les archives : 9
Forcer la serrure : 14
Voler des clés : 10
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MessageSujet: Re: Traces de sang   Traces de sang EmptyLun 21 Oct - 8:31

Si la ville s’animait, le jour n’était pas encore levé, très loin de là... A cette saison de l’année, la nuit s’éternisant leur donnait un avantage supplémentaire, pour y disparaître avant d’être surpris. Debout, proche de la fenêtre, elle tenait son chapelet et le faisait glisser avec lenteur entre ses doigts, détaillant depuis son poste d’observation l’itinéraire qu’ils emprunteront, à travers les rues de la ville, pour la quitter. Depuis cet étage, elle disposait d’un bon angle de vue et pouvait déjà en voir beaucoup. Certes, pas les détails, mais cela suffisait. Ils reviendront vers l’évêché, pour rendre compte au capitaine de leur unité de la réussite de la mission – elle ne doutait guère qu’ils réussissent – et prendre de nouveaux ordres. Ici ou ailleurs, le sang n’en avait pas terminé de couler.

Quatorze minutes plus tard, très exactement, sa cible ressortie et la prit de l’excuser pour cette attente, avant de l’inviter à la suivre. Tout en marchant, elle le détailla, de dos, en réfléchissant au meilleur moyen de l’abattre. Robert François Constants, venant de fêter ses quarante-neuf ans, et pesant sans doute facilement plus du double de ce chiffre. Un effet encore accentué par sa taille, plutôt faible pour un homme, qui lui conférait un triple-menton et la graisse débordant d’un pantalon qui ne voulait plus de lui. Une voix grave mais molle, un regard rond, fuyant, à la manière d’un crapaud venant d’avaler une mouche. Une façon de marcher elle aussi très lourde, parfois chancelante, dans un escalier. Cette allure générale, peu flatteuse, ne reflétait pourtant pas la véritable nature du personnage, bien loin de là.

Membre de longue date du parti politique de leur nouveau président, Constants était devenu le maire de Laon il y a maintenant un peu plus de quinze ans. Très loin de certains fanatiques de son parti, il savait être très patient, déterminé et calculateur. Il avait beaucoup participé à la mise en place des programmes de rééducation, dans les camps de travail et d’internement pour les élémentaires, et il disposait d’une oreille attentive à l’Elysée. Aujourd’hui encore, il faisait parti du cercle proche du pouvoir. Ce n’était cependant pas pour cette position qu’il avait été pris pour cible mais pour son esprit. Car les proches du pouvoir se remplaçaient très vite alors que les esprits bien faits comme le sien ne courraient pas les rues. Dans une guerre, c’était bel et bien les leaders et les stratèges qui devaient être éliminés en priorité, pas la piétaille. Leur bon maire appartenait à cette seconde catégorie.

"Après vous, je vous en prie."

Quelle galanterie. Son bureau, situé au cinquième et aussi dernier étage de la mairie, était à l’image de la position du bonhomme. Vaste et imposant, décoré à première vue sobrement mais un œil expert pouvait reconnaître la richesse sous-jacente. Rien de clinquant, tout en finesse. Alors qu’il s’avançait à son tour, après avoir refermé derrière lui, Alice bougea légèrement le poignet, s’assurant encore de son équipement. Un simple mouvement sec du poignet, et le poignard glissé dans le harnais, attaché à son bras, glissera dans sa main, tout prêt à l’emploi. Ne restait qu’à guetter le bon moment, l’ouverture, cet instant précis où la cible baissait assez sa garde pour que la lame puisse la transpercer, puis déchirer la chair d’un mouvement sec et vif. Un geste rôdé par l’habitude. Les lames blanches, elles, étaient toujours silencieuses.

Tout en guettant cette ouverture, elle engagea tout d’abord la conversation, en lui servant l’histoire préparée en amont. Le maire ne se méfiait guère d’elle, répondant avec bonne humeur, lui proposant même un thé ou un café. Ses déplacements ne permettaient pas encore à la Sœur de le frapper sans qu’il ne puisse voir arriver le coup et se défende. Impossible, également, de s’approcher sans que ça ne semble suspect. Patiente, elle accepta une tasse de thé, souriante, très apaisée, en apparence, si heureuse qu’il daigne lui accorder un peu de son précieux temps. Elle but avec rapidité, ils étaient pressés, tous les deux, mais l’occasion venait… Lorsqu’il se leva de nouveau, elle aussi, il s’approcha et lui déclara d’un ton ferme et confiant qu’il fera bien sûr tout ce qui en son pouvoir pour fournir à l’évêché ce dont il avait besoin. Alice lui adressa un sourire encore plus grand.

"Je savais que je pouvais compter sur vous, monsieur le Maire."

Mouvement sec. Main serrée sur la garde du poignard. Lever le bras, sèchement, brutalement. La lame s’enfonça dans la graisse et la chair du coup sur plus de trois centimètres. Il n’eut le temps que d’afficher une expression incrédule et choquée, crachant du sang au lieu de parler, puis s’effondra lourdement au sol. Alice vérifia tout d’abord que la vie l’avait bel et bien quitté, puis laissa tomber son poignard couvert de sang près de lui. Les imbéciles croiront à un suicide. Elle vérifia ensuite qu’elle n’avait pas reçu de sang sur elle, avec un grand soin, puis quitta la pièce. Malheureusement, elle ne pourra guère cacher le corps, trop corpulent. La mairie allait vite être en émoie, cependant, elle ne sera pas soupçonnée, comme d’habitude. Elle n’était, après tout, qu’une servante du Seigneur.

Son collègue de mission avait lui aussi dû en finir, de son côté. Alice alla l’attendre au point convenu, et lorsqu’il arriva, elle prit les documents. Une fois roulés et attachés très serrés, elle les attacha à ses jambes, sous sa robe, comme des collants, en prenant garde à ne pas être gênée dans ses mouvements. L’alerte n’avait pas encore été donnée mais c’était une question de minutes. Ils quittèrent les lieux comme si de rien n’était, traversant la petite foule, puis retrouvant l’air glacé de l’extérieur. Alors qu’ils s’éloignaient sur la place, un cri d’alerte lointain se fit entendre. Un faible sourire flotta sur ses lèvres, tandis qu’elle marchait. Trop tard. La mort avait déjà obtenu son due.

"Ne tremblez donc pas ainsi. L’habitude se prendre très vite."

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Charles Cardot
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MessageSujet: Re: Traces de sang   Traces de sang EmptyMar 29 Oct - 8:00

Première allée, seconde, troisième… Un pincement au cœur à la quatrième, en voyant le petit panneau accroché contre une étagère, indiquant les dossiers qu’on trouvait ici. Il s’y engouffra, glissant le bout des doigts contre chacun des intitulés au passage, jusqu’à trouver ce qu’il cherchait. Il tira le lourd classeur hors de l’étagère, puis l’ouvrit, à genoux par terre, fouillant dans les documents à toute vitesse. Dates, lieux, sujets… Enfin, il dénicha ce qu’il voulait et récupéra ce qui les intéressait. Avant de refermer le classeur et le remettre exactement à sa place. Peut-être n’était-ce que le fruit de la nervosité, mais ce tas de documents semblait lui peser aussi lourd qu’une demie-tonne, entre ses bras.

Dans le couloir, toujours personne. Un bref soulagement avant qu’il ne se remette en route, se tenant prêt à réagir au cas où. Son arme était à portée de main, et pourtant, même s’il s’était entraîné, il répugnait toujours autant à s’en servir. Il ne l’avait fait qu’une seule fois, pour défendre sa vie. Son adversaire avait été touché à la jambe, ce qui avait laissé le temps à Charles de s’enfuir. Il redoutait plus que tout le jour où il en arrivera au choix impossible. Tuer ou être tué. Ça allait fatalement arriver, en suivant la voie de la Résistance. Il n’en était membre que depuis à peine un mois mais savait que ça arrivera, tôt ou tard. Et il crevait de peur à cette simple idée.

Rejoindre la religieuse, lui donner les documents pour qu’elle les cache sous sa robe. Bien Sûr, aucune trace visible du travail qu’elle avait mené de son côté, même s’il ne put s’empêcher de vérifier. Il profita de ce bref temps mort pour se recomposer le visage normal et tranquille de l’homme n’ayant rien à se reprocher, même si son cœur, pas du tout d’accord avec son cerveau, continuait de battre à une vitesse si folle qu’il en tremblait malgré lui. Ce fut dans un état presque second qu’il suivit de près Sœur Alice jusqu’à leur sortie de la mairie, puis dans l’air gelé de la place. L’alerte fut donnée alors qu’ils s’éloignaient et un nouveau frisson le secoua. Un homme était mort. Et même s’il n’y avait pas participé, il se sentait responsable.

"Ne tremblez donc pas ainsi. L’habitude se prendre très vite."

ʺÇa fait moins d’un mois,ʺ répliqua-t-il à voix basse. ʺTout le monde le dit, qu’on s’habitue vite, mais ce n’est si… Si évident. La tension est infernale.ʺ

Et il y avait aussi cette crainte, paradoxalement, que ladite tension devienne la norme, une normalité, justement. Qu’il finisse par trouver normal de vivre reclus en laissant tous ses amis croire à sa propre mort, qu’il finisse par trouver normal qu’on puisse décider de prendre la vie d’un autre, et y participer activement, qu’il finisse par trouver normal de porter une arme et s’en servir. En bref, qu’il trouve normal la guerre, la violence, la fuite, la mort… Absolument rien de tout ça n’était Humain. Il n’y avait rien de normal à arracher la vie ! Même si on avait face à soi le pire des salauds, des bourreaux et des dictateurs, qui devenait-on, si on se permettait de lui prendre sa vie, au lieu de l’emprisonner pour ses crimes ? On ne faisait que tomber aussi bas que lui et rien de plus.

Rentrer à l’évêché se fit en silence, et même une fois à l’abri là-bas, Charles n’eut pas le cœur à parler plus librement. Ils ne devaient pas rester, il fallait bien poursuivre, continuer toujours plus loin… Le décès de cet homme était une chose, mais ce n’était pas ça qui fera achever cette guerre. Il fallait… poursuivre…
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