Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Protection   Protection EmptyMer 1 Jan - 8:58

Xavier posa les deux flacons d'encre devant la cheminée, soufflant un peu dessus pour les réchauffer. Il avait oublié de les reposer dans son armoire de bois pour la nuit et l'encre avait gelé. Il les exposa au feu, couvé par un grand et vieil âtre de pierre, comme on trouvait dans les maisons centenaires. Il attisa le brasier, sa main ridée mais encore forte serrée sur le tisonnier. Il était encore très tôt, mais le vieux prêtre ne dormait jamais plus de quelques heures la nuit. C'était l'apanage des personnes âgées, que le sommeil fuyait, ne les laissant qu'avec les troubles de la vie et les douleurs de l'âge. Le jour n'était pas encore levé, tout était calme sur l'immense domaine du Pensionnat. Il secoua les flacons d'encre, accroupi près de l'âtre.

Le prêtre vivait dans une petite maison toute simple, non loin de la chapelle. L'intérieur était assez spartiate. Un coin cuisine, une petite salle d'eau, un lit dans un coin, surmonté d'une grande croix en bois, des murs en pierre, quelques sièges, une table, deux vieux fauteuil usés, et des images saintes accrochées ci et là. A la fin de l'hiver, il composait quelques bouquets, pour égayer un peu la pièce. Une vie simple, mais qui lui convenait. Voilà maintenant onze ans tout juste qu'il était ici, au Pensionnat, à célébrer la messe tous les matins, devant élèves et professeurs. A prendre soin de la chapelle. A écouter et conseiller tous ceux qui le demandait. Il se releva avec difficulté, sa soutane noire frôlant presque le sol, et s'installa à la table pour écrire ses lettres.

Dieu lui avait donné la chance de renouer contact, pour son plus grand bonheur, avec rescapés de son ancienne paroisse. Le village où il avait officié avant la Grande Guerre avait été complètement détruit et rasé. Mais des survivants s'étaient réfugiés ailleurs, et certains avaient retrouvés leur ancien prêtre. Ô combien le vieil homme avait été ému en recevant ces lettres, de ces personnes avec qui il avait partagé cette existence saine et heureuse en pleine campagne. Il sourit en traçant ces mots, au terme d'une longue lettre.

"Félicitations pour la naissance de votre enfant. La petite fille qui courait sur le chemin en criant est à présent loin. Je vous souhaite le plus de bonheur possible pour votre nouvelle vie de mère, le plus grand respect pour votre époux, le meilleur possible pour votre enfant. Soyez heureux, loin des mouvements de guerre qui ont assaillis votre région.

Beatus ille qui procul negotiis,
Père Vilette."


Il cacheta soigneusement la lettre, puis se leva, les portant à la boîte où on rassemblait tout le courrier. Cela fait, il se rendit à la chapelle, pour allumer les cierges, et préparer ce refuge de Dieu. Il était occupé à cette tâche lorsqu'il entendit du bruit à l'extérieur, puis quelques cris. Il n'eut pas le temps de s'interroger qu'un homme entra brusquement dans ce sanctuaire sacré. Un homme essoufflé, qui referma brusquement la lourde porte derrière lui et s'y appuya, tremblant et essoufflé. Le vieil homme s'approcha, inquiet.

- Que se passe-t-il, mon fils ?
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Adrien de Sora
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Adrien de Sora
MessageSujet: Re: Protection   Protection EmptyMar 7 Jan - 17:54

Qu'on se le dise, Adrien était désormais le nouveau Roi de la course à pied dans la neige sans reprendre son souffle ! Prévenez les journaux, la radio, la télé National, un nouveau champion est né ! Incroyable, d'abord, qu'il ait toujours cette capacité physique à courir si vite alors qu'il était encore plus imbibé d'alcool qu'une éponge pouvait l'être d'eau. Son torse le brûlait, son souffle lui arrachait la gorge alors qu'il courait aussi vite qu'il le pouvait, écrasant la neige de ses pas. Sans même tomber, ce qui relevait du miracle.

- Halte ! entendit-il hurler derrière lui. HALTE !

Bah ouais, évidemment qu'il allait s'arrêter ! Son sac glissa de son épaule et Adrien le rattrapa de justesse. Inutile de laisser des preuves traîner dans sa fuite, il avait déjà de la chance d'être suffisamment couvert pour qu'on ne le reconnaisse pas. Il accéléra l'allure, autant que faire ce peu. S'il se sortait de ce guêpier, il jurait de participer aux prochaines courses estivales, histoire de gagner un prix ou deux. Ou son poids en whisky. C'était une bonne idée, ça ! Excellente motivation, aussi forte que la peur, qui lui permettra de réaliser des prouesses.

Il arriva en vue du Pensionnat, les yeux brillants de soulagement et de larmes dues au froid. Alléluïa, il était presque arrivé, juste un dernier effort. Il venait de parcourir les kilomètres séparant Gray du Pensionnat en grognant, jurant, haletant, mais s'en était bientôt fini. Les médicaments des militaires, qu'il avait détourné, avaient été envoyés à Paris pour être analysés. Sympa, le métier d'espion, finalement. Il était bien dans la peau de OO7 au service de sa Majesté. Sauf que c'était un tantinet dangereux. Tout comme cette course nocturne et éprouvante.

Il sauta par-dessus les barrières et se faufila comme un animal dans l'entrée qu'il avait faite en partant. Son torse était en feu, tout comme sa gorge. Les larmes de froid et de fatigue coulaient sans qu'il puisse les stopper, ses membres étaient en plomb, et il avait l'impression qu'il allait s'écrouler à tout moment. Il continua quasiment comme un aveugle, puis repéra la chapelle. Il se précipita dessus et s'y engouffra, glacé et brisé, refermant la lourde porte avant de se laisser tomber dessus. Sauvé ! Sau... Vé... Il remarqua alors la présence du prêtre, et rougit de cette entrée si brutale.

- Que se passe-t-il, mon fils ?

Ah, heu, oui, oups, c'était pas très discret de débarquer comme ça, allons-nous dire. Il s'écroula lentement par terre, toute la pression retombant d'un seul coup, puis essaya de sourire au religieux.

- Tout va bien, mon Père, dit-il d'une voix rauque de fatigue et brisée. C'était mon sport quotidien.

Il sortit une flasque de rhum de sa poche intérieure, arracha le bouchon avec ses dents, puis la vida entièrement en deux lampées. L'alcool acheva de lui brûler œsophage, mais lui fit un bien fou. Il put se relever, tremblant encore un peu, mais se sentant à nouveau d'attaque. Parfait !

- Je disais donc, mon Père, tout va très bien. Courir dans la neige en pleine nuit est bon pour la santé. A part ça, comment allez-vous ?

Il sortit une petite bouteille de rhum de son sac et la vida à son tour, avec un claquement de langue ravi. N'importe qui serait déjà ivre mort, mais lui en faisait son petit-déjeuner.

- Et sinon... Hips !... Tout baigne ?
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Protection   Protection EmptyMer 8 Jan - 18:58

Le prêtre reconnut enfin l'infirmier, dont le visage était en partie caché par ses mèches noirs collées à son front et ses cheveux qui lui allaient en-dessous les oreilles. D'ailleurs, Xavier trouvait un peu indécent pour un homme d'avoir les cheveux presque aussi longs que ceux d'une femme. Un homme devait les porter court, tout comme une femme devait attacher les siens. C'était une question de respect. L'infirmier finit par s'écrouler par terre, et Xavier se rapprocha aussitôt. Il n'allait pas faire un malaise, si ? Que s'était-il passé ? Il était blessé ? Le prêtre le détailla, cherchant une coupure ou une blessure, mais il n'y avait pas la moindre trace de sang.

- Tout va bien, mon Père, dit-il d'une voix rauque de fatigue et brisée. C'était mon sport quotidien.

Son... Sport... Quotidien ? Mon Dieu. Seigneur Tout-Puissant, il ne comprenait pas ce qui se passait ! Il voulut l'aider, mais s'arrêta net lorsque l'infirmier sortit une petite flasque, remplie d'un liquide mordoré, arracha le bouchon et avala le contenu cul sec. Le prêtre ouvrit de grands yeux, choqué. Boire ainsi dans une église, sacrilège ! Et quel comportement, pour un membre du corps médical ! C'était honteux, terriblement honteux. De la part d'un infirmier, cela était choquant. Le prêtre pinça les lèvres, alors que son jeune interlocuteur se relevait. L'alcool semblait lui donner quelques forces. Il était inconcevable, pour Xavier, de puis de la force dans une bouteille plutôt que dans la Foi.

- Je disais donc, mon Père, tout va très bien. Courir dans la neige en pleine nuit est bon pour la santé. A part ça, comment allez-vous ?

Le vieil homme pinça légèrement les lèvres. Cet homme était décidément hors des normes, et débauché. Véritablement débauché. Humph. Mais tout espoir n'était sans doute pas perdu. C'était son rôle, ainsi qu'à ses confrères, de ramener au sein de l'Eglise les âmes égarées, et Xavier prenait cette mission particulièrement à cœur. Mais il fut outré lorsque l'infirmier vida une seconde flasque, devenant de plus en plus rouge.

- Et sinon... Hips !... Tout baigne ?

- Non, mon Fils. Ça ne "baigne pas" ! Et laissez cela.

Il lui prit la flasque et la jeta dans la poubelle devant la chapelle, avant de revenir et de faire asseoir le jeune infirmier. Il s'assit près de lui, s'assurant qu'il n'allait pas tomber, puis prit une voix grave et sérieuse.

- Mon enfant, cette attitude est indigne de vous. Vous avez été médecin, vous connaissez les effets néfastes de l'alcool ! Comment pouvez-vous vous détruire ainsi ? Vous êtes un fils de notre bonne mère l'Eglise, revenez en son sein, et cessez ces boissons douteuses qui vous nuisent.

Il lui avez posé une main ferme sur l'épaule, pour lui montrer à quel point il était sérieux.

- L'alcool n'est pas une solution. Je peux vous aider. Vous pouvez parler sous le sceau sacré de la Confession. Reprenez-vous, mon Fils, déchargez-vous de vos ennuis ! Retrouvez la Foi, elle vous aidera bien mieux que l'alcool. Retrouvez le chemin du Seigneur.
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Adrien de Sora
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MessageSujet: Re: Protection   Protection EmptyDim 12 Jan - 9:59

- Non, mon Fils. Ça ne "baigne pas" ! Et laissez cela.

Il lui arracha quasiment la flasque vide des mains avant d'aller la jeter. Non mais ! Adrien détestait qu'on lui fasse ça. S'il voulait se soûler, c'était son problème après tout ! Il était un poivrot, et il l'assumait totalement. Qu'on le laisse être bourré en toute tranquillité, qu'on le laisse se mettre plus bas que terre, qu'on le laisse se payer des cuites monstrueuses, qu'on le laisse se détruire en paix à petit feu, ça ne regardait personne. Absolument personne. C'était sa vie, son choix. Il avait délibérément choisi de se mettre à boire, il avait plongé là-dedans de son plein gré, et c'était bien trop tard pour le repêcher. Il se laissa néanmoins faire lorsque le curé le fit asseoir. Il n'était pas le bon client, mon Père. Être ici ne lui fera rien.

- Mon enfant, cette attitude est indigne de vous. Vous avez été médecin, vous connaissez les effets néfastes de l'alcool ! Comment pouvez-vous vous détruire ainsi ? Vous êtes un fils de notre bonne mère l'Eglise, revenez en son sein, et cessez ces boissons douteuses qui vous nuisent.

Adrien eut un sourire cynique, alors que le prêtre lui posait une main sur l'épaule. Ouais, il avait été médecin. dans une autre vie, lui semblait-il. Il l'était devenu pour emmerder sa famille, et parce qu'il croyait vraiment en cette vie, à l'époque. Il y croyait. Plus aujourd'hui. Tout comme il ne croyait plus en leur "bonne mère l'Eglise". Des conneries profondes, tout ça ! L'Eglise et la Vie ne faisaient que de se foutre la gueule de ceux qui y croyaient. Juste des conneries, qui vous enfonçaient jusqu'au jour où vous perdiez toute désillusion. Et l'alcool ? Une désillusion de plus ? Un réconfort ou un poison ? Les deux, mon capitaine. Bien évidemment que cette saloperie le bouffait. Mais au moins, avec ça, il savait à quoi s'attendre. Il savait de quoi il allait crever demain. Avec la vie, on ne pouvait pas savoir. Oui, il se laissait détruire, et c'était un choix.

- L'alcool n'est pas une solution. Je peux vous aider. Vous pouvez parler sous le sceau sacré de la Confession. Reprenez-vous, mon Fils, déchargez-vous de vos ennuis ! Retrouvez la Foi, elle vous aidera bien mieux que l'alcool. Retrouvez le chemin du Seigneur.

Adrien éclata de rire. Un rire cynique, nerveux, désespéré. Le rie d'un homme qui n'avait plus rien à perdre et qui ne croyait plus en rien. Il se dégagea et se leva, faisant quelques pas dans la chapelle. Ce lieu ne lui inspirait rien. Il ne croyait plus. Il en voulait à Dieu, tout simplement, et la simple notion de religion le faisait mourir. Ce n'était qu'une drogue de plus, aussi destructrice que l'alcool, faite pour les désespérés et les peureux. Adrien avait sa propre drogue, il n'avait pas besoin d'une autre.

- Ne vous fatiguez pas, mon père. Je n'ai pas besoin d'un poison supplémentaire, et mes "boissons douteuses" me tueront sans doute plus vite que la religion !

Il revint vers le vieux curé et se rassit sur le banc dans la rangée devant lui. Il avait sans doute l'air d'un clochard, tirant une tête à faire peur, et il s'en moquait. Il se fichait de tout. Quasiment plus rien ne comptait à ses yeux, ou si peu que cela ne lui restait pas en esprit.

- Je n'ai pas besoin d'être aidé, vous savez, dit-il d'une voix sombre. Cette addiction, je l'ai choisi... Je ne suis pas mort, je le regrette chaque jour qui passe ! Le Seigneur s'est assez foutu de ma gueule, je ne veux plus retomber dans ces conneries. Chacun sa drogue, et la mienne sera l'alcool, pas la religion.

Il posa sa tête sur son bras un instant, soupirant doucement. La pression retombait, et la fatigue l'envahissait. Il se sentait encore plus pitoyable que d'habitude et se vautrait là-dedans.

- Pourquoi vous croyez, mon Père ? murmura-t-il. Pourquoi vous croyez dans cette putain de vie ?
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Protection   Protection EmptyMer 15 Jan - 11:20

Le jeune infirmier s'était contenté de rire, en réponse à son sermon. Un rire désespéré, cela se sentait. Il se leva, faisant quelques pas dans l'allée centrale. Xavier avait déjà entendu ce genre de rires... Souvent, de la part des soldats poilus, à l'hôpital, lorsqu'on leur parlait de la fin de la guerre, de guérison, d'une vie possible après une amputation, d'un retour chez eux, de Dieu, d'une vie normale, d'un avenir avec l'Allemagne. Autant de sujets qui n'inspiraient rien aux mutilés. Ces soldats ne voyaient plus que leurs camarades tués au combat, les champs et les village dévastés. Ils n'entendaient plus que le sifflement des balles et le fracas des obus. Ils ne sentaient plus que l'odeur du gaz et de la mort. Ils ne croyaient plus en rien, désespérés, désabusés, rendus aveugles, estropiés, mutilés.

L'infirmier du Pensionnat, au vu de son âge, avait sûrement fait cette guerre, mais en était sorti bien vivant. Alors d'où venait son désespoir ? Avait-il perdu des proches dans les tranchées ? Voyait-il un abandon complet du Seigneur dans leur monde actuel ? La guerre était pourtant terminée. Que s'était-il passé ?

- Ne vous fatiguez pas, mon père. Je n'ai pas besoin d'un poison supplémentaire, et mes "boissons douteuses" me tueront sans doute plus vite que la religion !

Il revint s'asseoir, se laissa tomber sur le banc de la rangée suivante. Voulait-il donc mourir ? Le vieil homme croisa les mains sur ses genoux, silencieux, regardant l'infirmier. Mr de Sora. Il avait perdu le chemin de la Foi, tout comme celui de l'espoir. Beaucoup d'âmes, depuis la Grande Guerre, s'étaient ainsi éloignées de l'Eglise. Elles ne voyaient pas où était Dieu dans la Guerre, les Souffrances, les Crises. Elles se sentaient abandonnées.

- Je n'ai pas besoin d'être aidé, vous savez. Cette addiction, je l'ai choisi... Je ne suis pas mort, je le regrette chaque jour qui passe ! Le Seigneur s'est assez foutu de ma gueule, je ne veux plus retomber dans ces conneries. Chacun sa drogue, et la mienne sera l'alcool, pas la religion.

Il aurait voulu réfuter ce genre de discours, mais il le comprenait. Oh oui, il comprenait. Lui-même s'était parfois senti trahi. Dans l'horreur de la guerre, il avait parfois hurlé à Dieu qu'il ne voulait plus croire en rien, qu'il les avait jetés sans rien. Revenu dans sa paroisse détruite, il avait douté, douté de sa Foi, douté de la réalité de Dieu. De longues années lui avaient été nécessaire pour retrouver son chemin. Ainsi que les lettres échangés avec ses anciens paroissiens, les longues veillées dans la chapelle, la présence réconfortante du Vatican qu'il sentait veiller.

- Pourquoi vous croyez, mon Père ? murmura-t-il. Pourquoi vous croyez dans cette putain de vie ?

Le prêtre eut un sourire très doux. Cette question, beaucoup la lui avait posé, ou se la posait. Pourquoi, en effet ? Pourquoi Croire, pourquoi penser qu'une instance supérieure couvrait le monde ? Pourquoi penser que les hommes n'étaient pas tout simplement seuls avec leurs problèmes ?

- C'est une question de Foi, mon Fils. Lorsque je vois un bébé dans les bras de sa mère, lorsque je vois un homme et une femme s'embrasser et se déclarer leur amour, lorsque je vois la beauté d'un paysage ou d'une œuvre, je me dis que cela ne peut venir tout seul. Je me dis qu'il s'agit d'une Force, en nous, qui nous pousse à aimer. Cette Force, pour moi, ne peut venir que de Dieu.

Il regardait l'infirmier droit dans les yeux, cherchant à lui offrir les mots les plus justes, les plus sincères, à lui livrer sa véritable pensée.

- Je ne crois pas au Mal, ou au Diable. Pour moi, seul existe la profonde liberté que Dieu nous a laissés, et le profond gâchis que nous en font. Le Mal vient de nous-même, pas de Dieu, ni d'une quelconque puissance néfaste qui lui serait opposé. C'est la Foi qui doit nous permettre de nous dépasser nous-même, de repousser le mal, et de nous tourner vers la lumière.

Il sourit d'un air paternaliste au jeune homme, voulant l'aider à retrouver le sourire.

- Allons, je suis sûr que tout n'est pas si sombre. A votre âge, vous devez avoir beaucoup de sujets de préoccupation. Penser à votre métier, à vos amours.
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Adrien de Sora
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Adrien de Sora
MessageSujet: Re: Protection   Protection EmptyLun 3 Fév - 18:25

- C'est une question de Foi, mon Fils. Lorsque je vois un bébé dans les bras de sa mère, lorsque je vois un homme et une femme s'embrasser et se déclarer leur amour, lorsque je vois la beauté d'un paysage ou d'une œuvre, je me dis que cela ne peut venir tout seul. Je me dis qu'il s'agit d'une Force, en nous, qui nous pousse à aimer. Cette Force, pour moi, ne peut venir que de Dieu.

Bizarre, comment il faisait pour être aussi convaincu ? Lorsque Adrien voyait un homme et une femme s'embrasser, il en déduisait simplement qu'ils s'aimaient, ou qu'ils avaient envie d'une petite partie de jambes en l'air, rien de plus. Ça ne venait que d'eux, voilà tout. Comme si une force supérieure ou divine leur dictait de s'aimer, de se détester, ou quoi que ce soit d'autres. Lorsqu'il avait aimé Natacha, c'était son propre cœur qui avait battu, c'était lui qui s'était senti inspiré, amusé, ébahi. Lui et personne d'autre. Alors pourquoi Dieu instaurait-il en eux tous une "Force" ? A quoi bon ? Et si cette force existait vraiment, il y en avait certains chez qui elle était profondément enterrée, voire inexistante.

- Je ne crois pas au Mal, ou au Diable. Pour moi, seul existe la profonde liberté que Dieu nous a laissés, et le profond gâchis que nous en font. Le Mal vient de nous-même, pas de Dieu, ni d'une quelconque puissance néfaste qui lui serait opposé. C'est la Foi qui doit nous permettre de nous dépasser nous-même, de repousser le mal, et de nous tourner vers la lumière.

Humph. Mouais, il fallait tout de même y croire, à tout ce baratin ! Dieu, Diable, Force, Foi, on pouvait bien décorer le tout de tous les noms qu'on voulait, le résultat était le même ! On vivait et on crevait. Point barre. Entre-temps, on essayait tant bien que mal d'être sociable, de faire des enfants, de les voir se débattre au milieu de la ruine, la guerre, les maladies, se crever au travail pour un salaire de misère et finir au fond d'une maison de retraite, où on vous oubliait. Chienne de vie.

- Allons, je suis sûr que tout n'est pas si sombre. A votre âge, vous devez avoir beaucoup de sujets de préoccupation. Penser à votre métier, à vos amours.

- Bah...

Son métier et ses amours ? Son métier... De docteur en banlieue parisienne, il était devenu infirmier dans une école de dingues, plus ou moins, où il soignait des mômes en picolant un max. C'était très sympa. Il se levait, il buvait, il mangeait, il travaillait, il buvait, il travaillait, il buvait, il déjeunait, il fumait, il travaillait, il buvait, il fumait, il se reposait, il fumait, il buvait, il dormait. Et ainsi de suite, tous les jours, se ruinant peu à peu la santé, en toute conscience, sans aucun remords ni états d'âme.

Et ses amours ? Là, c'était déjà un peu mieux. Elle lui plaisait bien, la petite prof de maths. Jeune, indépendante, pas trop bête, enfin moins que d'autres, avec des formes ravissantes, et se conduisant comme toute femme convenable de l'époque. Et s'il se rangeait ? Enfin, pas tout de suite. Fallait pas trop en demander non plus.

- Z'avez raison, mon Père. Faut s'occuper de ses amours ! Merci.

Il se leva aussitôt et fila, sans lui laisser le temps de répondre, puis sauta dehors. A l'assaut Sarah !
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