Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Droit de rire

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Charles Cardot
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Charles Cardot
MessageSujet: Droit de rire   Droit de rire EmptyJeu 18 Mar - 16:55

Il restait donc des endroits, en France, où on ne vous pointait aucune arme dessus et où personne ne tentait de vous poignarder dans le dos. C’était… beau. Charles avait presque de la peine à y croire ! Il terminait juste sa mission, quand son correspondant local, pour les rebelles, l’avait traîné ici, ce soir, en répétant que guerre civile ou non, le cerveau avait besoin parfois d’être entièrement vidé, pour ne pas devenir complètement fou. Au début, Charles s’était dit que ça ne servait à rien, que c’était une colossale perte de temps, qu’il n’avait besoin de ça et encore moins que ça à foutre. Puis il s’était laissé convaincre et découvrait, à sa grande stupéfaction, que oui, même pendant la guerre, il pouvait encore s’amuser. Il avait même le droit de toujours s’amuser. Que les nouvelles censures et la police des mœurs n’avaient pas réussi à faire fermer tous les lieux qu’ils jugeaient inappropriés, que la population « normale » avait encore besoin de spectacle et de jeu, de rires et de joie de vivre.

C’était un cabaret clandestin, ni plus ni moins. Ils mangeaient, et buvaient, à de nombreuses petites tables dispersées dans la salle, tout autour d’une grande scène centrale, ronde, où des chants, des mini-pièces de théâtre et des spectacles étaient données. C’était la première fois, depuis des mois, que Charles n’était pas dans une situation de tension extrême, occupé à tirer – à tuer – à fuir, être blessé, commettre des attentats, voler des armes ou encore faire sauter des lignes de chemin de fer. Des mois d’un stress permanent, qui était devenu une habitude au fil des semaines. Ce soir, il redécouvrait les plaisirs simples de cette vie… Profiter d’un bon repas, de boire en observant hommes et femmes danser, chanter, se produire en théâtre et représentations. Une vie normale et étrange à la fois. L’air était emplie de la fumée de cigarette, le tabac était lui aussi de plus en plus pointé du doigt par les services des bonnes mœurs, après l’alcool, évidemment. Ils voulaient faire comme aux Etats-Unis, avec la Prohibition, en y incluant d’autres choses que le seul alcool. Mmh… Si ça se passait comme aux Etats-Unis, justement, pas sûr que ça plaise beaucoup à leur bien-aimé gouvernement.

Il se leva pour aller au bar et prendre un autre verre, maintenant assez détendu, alors que son ami était lui aussi monté sur la piste, avec deux autres hommes, pour s’y déhancher en compagnie de la petite troupe du moment. Dans cette salle, il y avait beaucoup de citoyens parfaitement ordinaires et même des jeunes ! Une ambiance enfumée mais qui restait bon enfant, où chacun venait goûter à ce qui était appelé « la vraie vie ». Celle d’avant la guerre, avant la crise, avant même la boucherie de la Grande Guerre. La vie d’avant, la vie où on pouvait sortir de chez soi sans crainte, où on pouvait s’amuser. Il buvait un whisky, sûrement de contrebande, en regardant son ami se déhancher sur scène, tapotant un peu du pied en rythme. Une des danseuses et violonistes passé juste avant vint tout à coup elle aussi au bar, pour prendre un verre. Il en profita pour la complimenter sur sa performance, qui lui avait beaucoup plu. Bonne musique, très entraînante, parfait pour se vider la tête.

– Vous faites souvent des représentations, comme ça ? Vous avez l’air très habituée.

Il était curieux car elle avait l’air plus jeune que lui, et en même temps, dégageait beaucoup de confiance. Pour sa part, se donner en scène, ce n’était pas du tout son truc ! De toute manière, et sans doute pour le restant de ce qu’il lui restait à vivre, sa place était dans les ombres.
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MessageSujet: Re: Droit de rire   Droit de rire EmptyJeu 8 Avr - 9:34

Les volants légers de sa jupe, qui s’arrêtait au-dessus de ses genoux, volaient avec une fureur effrénée, à chaque mouvement des hanches et du bassin, comme de ceux des jambes, tandis que la danseuse et violoniste tourbillonnait sur scène en dansant et jouant de son violon. Sa poitrine se soulevait sous sa tunique légère au rythme de sa respiration vive, un sourire radieux éclairait son visage, porteur d’un maquillage léger, ses chaussures avec un léger talon claquaient en rythme contre la scène de bois. Elle tourbillonnait sous les lumières de cette scène interdite, entraînée par la musique autant que par la danse, son violon accompagné par d’autres musiciens tout aussi désireux d’offrir un spectacle ardent et déchaîné. Les personnes dans la salle frappaient des mains en rythme, elle voyait leurs sourires tout en dansant et ça ne faisait qu’agrandir plus encore le sien. Lorsque la note finale résonna, une volée d’applaudissements suivit.

En sueur, Rose s’inclina pour saluer son public, puis quitta souplement la scène, pour laisser ensuite place à un petit groupe. Elle commença par boire de longues gorgées d’eau, avant de poser son violon dans la petite alcôve qui lui était réservé ici, à l’abri des regards. Puis elle revint dans la salle, se mêler à la foule des danseurs, passant près des nombreuses petites tables où étaient installés les clients de l’établissement clandestin, parfois même des familles. Ce lieu était ouvert depuis quelques mois seulement, à peine deux ou trois, si elle avait bonne mémoire, et avait très vite fait le plein, suite aux restrictions de la police des mœurs et la fermeture de nombreuses salles de fête. Bah, c’était après tout bien simple, pour garder un peuple sous contrôle, il faut commencer par l’installer dans une routine et tout contrôler, depuis la manière de s’habiller jusqu’aux loisirs autorisés ! C’était bien ça, la dictature, et encore, ils n’avaient pas encore tout vu. Toutes les lois n’étaient pas encore passées.

Elle fila au bar, commander un verre bien mérité, et s’y accouda ensuite contre le dos, pour garder un œil sur les réjouissances de la salle. Elle portait juste le verre à ses lèvres quand le type à côté d’elle la félicita pour son spectacle. Hey, merci ! Elle lui adressa un clin d’œil et un remerciement, avant de boire une longe gorgée. A sa question, elle répondit assez simplement que lorsqu’on avait la musique dans la peau, il était bien difficile de passer à autre chose. Simple question de prudence, lorsqu’on ignorait à qui on avait à faire, il ne fallait évidemment pas trop en dire. Rose n’était pas idiote, elle savait bien que des espions, il y en avait absolument partout… Et que la police serait bien capable de commettre des actions agressives ici, quand bien même il y avait quelques enfants et des jeunes, dans la salle.

– Vous ne faites pas partie des habitués, vous, par contre. Nouveau dans le secteur ? Qu’est-ce qui vous amène dans le coin ?
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Charles Cardot
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MessageSujet: Re: Droit de rire   Droit de rire EmptySam 24 Avr - 21:30

La musique dans la peau, c’était une expression commune et pourtant, il avait toujours eu un peu de mal à la comprendre. Les personnes qui avaient une passion dévorantes se comportaient comme si leur enlever cette passion revenait à les empêcher de respirer. Il ne fit aucun commentaire désobligeant, cela dit, d’autant plus qu’il avait beaucoup apprécié le spectacle ! Non non, ne pas comprendre, c’était une chose, être désagréable, s’en était une autre. Il but une longue gorgée de son verre, les yeux fermés, puis eut une très légère grimace, en sentant l’alcool passer, brûlant presque la gorge. C’était âcre mais c’était ça qu’il préférait, ça l’aidait à se sentir vivant. Ou plutôt, ça lui sortait un peu les idées noires de l’esprit ! Pas question de trop boire, cela dit. Il ne pouvait pas se permettre d’être soûl, vu sa situation actuelle.

– Vous ne faites pas partie des habitués, vous, par contre. Nouveau dans le secteur ? Qu’est-ce qui vous amène dans le coin ?

– Eh non, je me suis fait traîner ici par ce monsieur qui danse sur la table. Le petite nerveux, là.

Il le pointa d’un petit signe, de sa main libre, avec un léger rire. Son confrère était passé de la scène à une grosse table centrale, où il dansait avec deux femmes et un homme, dans un déhanché qui n’avait pas grand-chose de traditionnel. C’était presque surréaliste, de voir ça en pleine guerre civile ! Ici, dans cette salle, c’était comme si aucun problème extérieur ne pouvait se produire, alors que tous savaient pourtant très bien que si. Ils riaient et buvaient comme si de grave ne s’était jamais produit dans ce pays, comme si tout allait bien ! Charles s’était détendu mais il était pour autant incapable de lâcher entièrement prise. Il était trop habitué à ce qu’une situation dérape, avec une violence extrême, dès qu’on se relâchait un peu. Il en avait déjà trop vu. Trop de problèmes. Trop de morts. Même ce retour à la vie normale n’était que bref, il le savait. Une jolie parenthèse et rien de plus.

– Je ne savais même pas que ce genre d’endroits réussissait à subsister, avant d’entrer ici, c’est presque… irréel. J’étais persuadé que la censure et tous les problèmes avaient réussi à faire taire les clubs et les bars qui ne rentraient pas dans le moule. C’est idiot, oui, rien ne peut vraiment arrêter tout ça, quand on y pense.

Il y avait cru parce que… parce que… La tête trop empêtrée dans la guerre et les ennuis, il avait fini par se faire à l’idée que sa vie n’était plus, dorénavant, qu’une succession de problèmes. Ça rendait d’autant plus choquant que de se retrouver dans un cadre où il ne devait tirer sur personne.

– Je m’appelle Charles, au fait. Gars de l’Est, en vadrouilles pour affaires dans ce département, et arrivé ici par pur accident en suivant les mauvaises fréquentations du coin.

Il plaisantait, évidemment, il ne voulait que se détendre un peu, pas casser du sucre sur le dos d’un collègue.

– Et vous, femme du Nord, ai-je le droit de connaître votre prénom ?
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MessageSujet: Re: Droit de rire   Droit de rire EmptySam 8 Mai - 10:15

Il était venu avec Alex, alors… La jeune danseuse eut un demi-sourire, en voyant l’homme, bien connu dans le coin, danser avec trois autres clients du cabaret sur une table, sur une chanson pas du tout catholique, une bière à la main. Le petit nerveux en question, lui, était du coin, connu tout d’abord pour être un grossiste assez important de produits de la mer, mais connu également, dans d’autres milieux plus discrets, pour être un passeur avec l’Angleterre. Soit de la contrebande à destination de la résistance locale ou plus lointaine, soit pour faire fuir des français vers des rivages plus apaisés. Évidemment, ça ne lui disait pas si ce type était du milieu officiel ou officieux, mais ça avait le mérite de détendre un peu l’atmosphère. La méfiance ne pouvait pas se briser comme ça, de toute façon, et même ici, il était impossible de ne pas penser à la guerre civile. Ils vivaient tous dans un contexte de peur et de tension permanentes.

– Je ne savais même pas que ce genre d’endroits réussissait à subsister, avant d’entrer ici, c’est presque… irréel. J’étais persuadé que la censure et tous les problèmes avaient réussi à faire taire les clubs et les bars qui ne rentraient pas dans le moule. C’est idiot, oui, rien ne peut vraiment arrêter tout ça, quand on y pense.

– C’est certain.

Beaucoup de clients lançaient ça, que c’était trop dangereux, trop risqué, impossible de poursuivre des activités de ce type, et pourtant, beaucoup espéraient que ça se fasse malgré tout ! Comment empêcher un peuple entier de s‘amuser et faire la fête, après tout ? Si encore, à l’extérieur, l’air était littéralement empoisonné et sortir entraînait une mort immédiate et violente, peut-être, mais la guerre n’avait jamais été un prétexte suffisant, où que ce soit dans le monde. Au contraire, c’était une raison de plus de vouloir en profiter, juste au cas où. Sur cette pensée, elle but une longue gorgée de son verre, les yeux fermés, et relâcha un petit soupir. Il faisait très chaud dans cette salle, et l’alcool aidant, les esprits s’échauffaient tout aussi vite. Des fois, des bagarres éclataient, bien sûr, ils avaient des vigiles payés pour mettre les troubles-fêtes à l’écart, le temps qu’ils se calment. On ne pouvait pas juste les foutre dehors, car ils attireraient trop vite l’attention de la police.

– Je m’appelle Charles, au fait. Gars de l’Est, en vadrouilles pour affaires dans ce département, et arrivé ici par pur accident en suivant les mauvaises fréquentations du coin. Et vous, femme du Nord, ai-je le droit de connaître votre prénom ?

– Je m’appelle Rose, sourit-elle à son tour. Également en vadrouille dans le Nord pour affaires et pour tenter d’apporter un peu de joie dans un pays devenant bien morne. A la vôtre, homme de l’Est.

Elle trinqua avec lui, avec un petit claquement entre les deux verres. Puis la discussion dériva un peu sur la soirée en cours et les spectacles qu’il avait déjà vu, ainsi que les petits s’enchaînant les uns derrière les autres. Il n’y avait pas de réel programme, comme dans un cabaret classique. Tout le monde pouvait monter sur scène tour à tour pour jouer, chanter, faire un petit numéro, comme les groupes plus solides et formés pouvaient le faire. Même les enfants, dans la salle, s’amusaient parfois à chanter quelques phrases sur scène, sous le regard attendri des familles. On aurait pu se croire dans une sorte de carnaval, bon enfant et gentillet, une fête de village comme il y en avait déjà eu des milliers. Ils auraient vraiment pu, s’il n’y avait tous les vigiles surveillant avec sin l’extérieur, autant que l’intérieur, et si tout n’était pas fait pour limiter le bruit. Empêcher que la lumière n’atteigne l’extérieur. Si les entrées et sorties n’étaient pas très contrôlés.

– Alors, prêt à danser aussi, ou vous préférez boire au bar ?
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Charles Cardot
MessageSujet: Re: Droit de rire   Droit de rire EmptyJeu 17 Juin - 10:10

Ils trinquèrent chaleureusement, avant de se lancer dans une discussion un peu plus détendue, sur les spectacles ou sur les scénettes en cours dans la salle. C’était la première fois depuis… plus de six mois, maintenant, qu’il prenait le temps de discuter, un verre à la main, avec une autre personne dans un bar. Il y a encore deux ans, il aurait plutôt tenter de draguer ! Il avait déjà eu une petite amie, même si ce n’était pas une relation qui avait duré bien longtemps, typiquement le genre où tous les deux n’avaient rien eu à faire ensemble. Pas qu’il sache vraiment ce qu’il cherchait, en fait, il attendait de rencontrer la femme qui fera d’un coup battre son cœur, il attendait cet élan, cette étincelle qui lui fera dire « C’est avec elle que je veux passer ma vie ». Trop romantique, peut-être ? Ça ne pouvait pas faire de mal ! Il préférait encore rêver à ça que de se dire en boucle qu’il sera sans doute mort avant de rencontrer la femme de sa vie, un jour ou l’autre.

– Alors, prêt à danser aussi, ou vous préférez boire au bar ?

– Prendre le temps de boire un verre, par les temps qui courent, ne fait jamais un très grand mal, femme du Nord. Sans aller jusqu’à être effondré au sol, bien sûr. Mais si cela vous agréé, puis-je alors vous inviter pour cette danse ?

Après tout, elle n’avait pas tord, ils étaient tous là pour s’amuser, il ne devait pas boire trop de verres, pas jusqu’à en entacher ses réflexes, et danser était une autre option tout à fait envisageable. Il termina d’abord son verre en deux gorgées rapides puis le reposa sur le bar, avant de tendre la main vers la demoiselle. D’autres personnes s’étaient elles aussi lancées sur une piste de danse improvisée, aux pieds de la scène et des spectacles qui s’y déroulaient toujours. Même les enfants venaient se mêler à la fête, entre les jambes des adultes. Charles n’était pas un danseur formidable mais il fit de son mieux. Les musiques passées n’avaient rien de très classique, toutes issues de ces nouvelles vagues nées après la Grande Guerre. Il put ne pas marcher sur les pieds de sa partenaire du jour, c’était déjà très bien ! Alex les rejoignit après dix bonnes minutes à se déhancher sur la piste, sur des musiques qui n’avaient décidément rien de Catholique.

Il s’arrêta une autre fois, plus tard, pour aller boire de l’eau, la gorge un peu trop sèche. Ils étaient passés sur d’autres styles, très familiaux ceux-là, et s’amusaient comme des enfants en faisant la chenille ou d’autres petites danses du genre. Il avait enfin réussi à écarter la guerre et les problèmes de son esprit, enfermé dans sa petite bulle avec tous les fêtards de cette nuit. C’était formidable. Ils dansèrent ensemble encore longtemps, chantèrent, prirent d’autres verres, sans doute un peu plus que de raison, tandis que la nuit avançait peu à peu. Les familles commencèrent à partir vers minuit, puis peu à peu, la salle se vida, entre une heure et trois heures du matin. Charles était totalement épuisé mais aussi heureux. Il s’assit dans un coin, en compagnie d’Alex et remercia Rose pour avoir partagé ces moments avec eux. Même si la jolie parenthèse était sur le point de se refermer, il ne craignait pas de retourner dans le monde réel.

– J’espère que vous pourrez continuer longtemps à vous produire dans des spectacles de ce genre. Il y en a besoin. Énormément.

Il ne s’était d’ailleurs pas rendu compte, avant de venir ici cette nuit, à quel point c’était d’une importance vital. Que c’était si important d’avoir ces bulles d’air, malgré tous les risques engendrés.

– Je sais bien que c’est bien plus dangereux, mais si vous avez des occasions de danser et jouer à Paris, des salles secrètes sont prêtes à accueillir.
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MessageSujet: Re: Droit de rire   Droit de rire EmptyMer 30 Juin - 10:24

Il était assez amusant, dans le fond, quand il faisait l’effort de se détendre. Elle finit d’abord son verre en quelques gorgées et le suivit sur la piste de danse. Se mêler à la petite foule présente ce soir, sous les rires, les pas de danse plus ou moins maladroits, la musique de l’orchestre passant d’un style à l’autre ou encore suivant les accords déchaînés des groupes se succédant sur la scène. Bien vite, Rose se laissa prendre par la fièvre habituelle des fêtes comme celle-ci, dansant quasiment comme si sa vie en dépendait. La musique pulsait en elle au même rythme que son cœur, tantôt assez calme, tantôt affolé, elle riait et s’agitait comme si elle était possédée et sans se soucier un seul petit instant de ce qu’on pourrait bien penser d’elle. Dans un flot de corps, de tous les âges, toutes les tailles, moment de bonheur volé au cœur de la nuit. Sous le regard attentif et protecteur des gardiens de la salle, veillant à intervenir au moindre dérapage.

Une part de la nuit passa de cette dernière, coupée du monde, les laissant profiter au maximum de la musique, de l’alcool, des contacts humains si simples, de la dépense physique sur la piste, jusqu’à en être autant épuisé physiquement que moralement. Il était déjà bien tard lorsque les dernières familles quittèrent les lieux, comme le plupart des groupes venus animer cette fête clandestine. Personne ne pouvait vraiment rester jusqu’à l’aube, car profiter des ombres nocturnes demeurait le plus sûr moyen de rentrer avec le moins d’encombre possible, éviter les patrouilles en se camouflant dans le noir. Ils n’étaient plus un pays libre, la nuit était une alliée précieuse pour y disparaître. Le patron du cabaret saluait un à un clients et artistes quittant peu à peu son club. Certains employés commençaient déjà à faire un peu de ménage. Les derniers clients prenaient un moment de calme et de repos, un dernier verre en main, avant de rejoindre eux aussi les ombres.

Rose se sentait aussi épuisée qu’elle se sentait bien. La musique était une telle drogue, pour elle, comme telle soirée équivalait à une véritable prise d’alcool lourd ou de substances illicites. Elle atterrit bientôt sur un petit canapé, à côté d’Alex et de son compagnon danseur d’une nuit. Pas besoin de remercier pour passer ce type de moment, tout de même. Ensuite, oui, bien sûr qu’elle continuera à venir jouer dans toutes les fêtes clandestines possibles ! Le monde de la nuit était le sien, elle y évoluait comme un poisson dans l’eau et toute la censure et les problèmes du monde ne réussiront pas à l’en priver. La police des mœurs pouvant bien aller se faire mettre, pour résumé.

– Je sais bien que c’est bien plus dangereux, mais si vous avez des occasions de danser et jouer à Paris, des salles secrètes sont prêtes à accueillir.

– Bien sûr, je le fais déjà. Que ça soit dangereux ou non. Qu’est-ce qui n’est pas dangereux, aujourd’hui, de toute manière ? Le gouvernement fourre son vilain nez dans tous les domaines, en plus de ça, l’église aussi se mêle de tout, c’est comme si la loi sur la séparation de l’église et de l’état n’existait plus du tout. Tout est bafoué, même nos droits fondamentaux, donc je ne vois aucune raison valable de respecter gentiment ce genre de lois.

Elle ne respectait déjà pas beaucoup les lois avant, alors de leurs jours, c’était encore pire. Peut-être qu’en vivant dans un pays respectant mieux les artistes, sa vie serait plus rangée. Dans celui-ci, depuis bien longtemps, ce n’était pas réellement le cas. Elle se leva et adressa un clin d’œil aux deux hommes en leur lançant qu’ils la verront peut-être sur d’autres scènes à Paris, pour de nouvelles soirées nocturnes. D’ici là, gentlemens, comme bien d’autres, elle devait profiter du restant de la nuit pour disparaître.
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Droit de rire
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