Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Question de pouvoir

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Albert J. Bradley
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Albert J. Bradley
MessageSujet: Question de pouvoir   Question de pouvoir EmptyDim 30 Aoû - 19:19

"Bien sûr, vieux schnock" songea bien fort Albert, les mains croisés devant sa bouche, les coudes sur la table et le regard pensif. " Tu crains de perdre ta place et ton influence... Sans te rendre compte que c'est déjà le cas."

Albert eut un sourire un peu cynique en regardant son éminent collègue s'agiter, criant qu'il était inadmissible que les choses se déroulent ainsi, qu'on ne pouvait pas laisser une femme tout juste arrivée au sein de l'armée prendre la tête de ce genre d'opérations, qu'elle n'avait pas les compétences ni l'intelligence nécessaire, qu'elle ne sera pas capable de quoi que ce soit de bon et ainsi de suite. La générale restait parfaitement impassible, assise face à lui, les bras et les jambes croisés. Étonnant, d'ailleurs, qu'elle ne dise rien, absolument rien, ne répliquant même pas au grand-père qui était pourtant en train de l'insulter depuis cinq bonnes minutes. Albert ne disait rien non plus, presque indifférent, laissant son collègue déverser toute sa haine et sa rancœur sans l'interrompre, afin qu'il en finisse une bonne fois pour toute. Même Karinof ne semblait plus l'écouter, mais il avait de bonnes raisons, le maréchal avait cru comprendre qu'il avait eu quelques soucis familiaux, cet été. Il sourit un peu, son regard se baladant vers le plafond de la salle puis sur les membres de l'assistance.

– De toute manière, c'est un travail de longue haleine ! Qui exige du temps, de l'énergie, de l'efficacité ! Comment confier cela à une femme ! Surtout à une femme incapable de se contrôler ! Nous avons tous vu les orages au mois de juillet !

– Des orages volontaires, général de brigade, des orages volontaires, lança tout à coup Derrar avec force. Nous avons déjà eu en début de réunion l'explication pour...

– C'est encore plus infamant !

Infamant, n'est-ce pas ? Albert, lui, voyait cela d'un bon œil. Et était encore plus ravi en voyant que sa très chère collègue était bien plus rentrée dans le rôle qu'il ne l'avait espéré, comme si ces fameux orages avaient provoqué le déclic chez elle. C'était assez réjouissant. Il se rencogna dans son fauteuil avec un léger soupir, les mains jointes et posées sur la table. Bien, bien, bien, ils n'allaient pas passer toute cette réunion à pousser les hauts cris, ils n'avaient pas que cela à faire. Le maréchal interrompit donc le hurleur d'un geste sec de la main, le regard plus dur. C'est bon, il en avait assez entendu. Il reprit d'un ton calme pour lui rappeler qu'ils étaient ici pour discuter, non pour hurler, sans oublier que cela ternirait leur image. Un peu de tenue, merci. Il eut un léger sourire, espérant pouvoir travailler plus, à présent.

– Reprenons plutôt le fil de notre réunion, voulez-vous, messieurs et madame. Je vous faisais donc un point sur les avancées récentes de nos recherches. Nos scientifiques sont capables de forcer l'apparition d'un élément chez une personne, voire de deux chez les sujets les plus forts. En revanche, il reste des progrès considérables à faire pour la modification d'un élément déjà existant. Des problèmes apparaissent chez le sujet... Troubles du comportement et du sommeil, fatigue chronique, évanouissements, difficultés respiratoires, engourdissement des muscles, fièvre... Le tout exacerbé si le sujet a plus de seize ans.

Il leur fit passer à chacun un exemplaire du dernier rapport en date sur le sujet, détaillant plus en profondeur les difficultés en question. Tout cela était fâcheux, les tests avançaient beaucoup moins vite que le maréchal ne l'aurait voulu, il était assez impatient. La guerre n'allait sans doute pas éclater tout de suite mais il valait mieux être prudent. Il continuait de placer ses pions, sur l'immense échiquier étalé devant eux.

– Nous avons besoin de tester les évolutions possibles et les nouvelles combines sur le terrain. C'est pour cela que votre proposition est bienvenue, générale. Seulement avec les jeunes qui seront prêts, je le consens, tant que nous pouvons obtenir rapidement les premières analyses.

Il tourna la tête vers elle, sourcils légèrement froncés. Les choses évoluaient, lentement cependant. Ils devaient accélérer certains processus et en ralentir d'autres afin de changer de protocole et être plus efficaces. Il échangea un regard avec elle, pensif, alors qu'un silence assez pesant était tombé sur l'assemblée.

– Donc vous dites que certains professeurs sont déjà prêts à travailler avec vous, pour la bonne marche des opérations ? J'avoue avoir d'abord eu du mal à le croire, surtout après les avoir vu abandonner un par un et lâcher cette école. Je comprend difficilement la lâcheté... Enfin soit. S'il vous faut d'autres hommes, vous les aurez. Je vous donne le commandement plein et entier pour l'entraînement des Guetteurs.

Il entendit un très net grognement sur sa gauche mais n'y prit pas garde. Le général Derrar plissait les yeux, avec un air assez surpris. Il en s'attendait pas à cela ? C'est qu'il en comprenait pas, ce vieil idiot. Sans compter que ce n'était pas une demande insurmontable à accorder, très loin de là. Il devait déjà être plus dur pour elle d'accepter de participer aux tests sur le terrain, voire d'en commander certains.

– Quels sont vos collègues qui vous assisteront ?
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Gabriella de Lizeux
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Gabriella de Lizeux
MessageSujet: Re: Question de pouvoir   Question de pouvoir EmptyMer 23 Sep - 19:29

Gabriella croisa les jambes sous la longue table, puis les bras, adossée contre le haut dossier de sa chaise. Elle regardait d'un air impassible le vieil idiot assis en face d'elle, qui s'énervait seul depuis cinq bonnes minutes. Il désapprouvait le fait qu'elle demande à reprendre peu à peu en main les Guetteurs, à commencer par le contrôle de leur entraînement, base essentielle sur laquelle elle devait s'appuyer pour éviter les bavures, faux pas, traumatismes divers. Elle s'était attendue à ce qu'il en résulte ce type de réactions. Oui, elle était une femme, oui, elle était tout juste nommée, mais de quel droit prétendait-il qu'elle n'avait pas les compétences nécessaires ? Elle était aussi professeur, même si bien, des personnes se plaisaient à l'oublier ou le nier. Elle ne releva pas, cependant, se contentant de fixer son interlocuteur avec une moue indifférente, comme s'il l'ennuyait profondément. Comment pouvait-on cracher tant de haine à une telle vitesse ? Ce type était un cas médical à lui seul. Elle regarda ses ongles, ennuyée par ce général, cherchant une autre occupation que de l'écouter. Il comptait hurler encore longtemps ? Elle n'avait pas que cela à faire, alors s'il pouvait accélérer un peu, cela fera du bien à tout le monde.

– De toute manière, c'est un travail de longue haleine ! Qui exige du temps, de l'énergie, de l'efficacité ! Comment confier cela à une femme ! Surtout à une femme incapable de se contrôler ! Nous avons tous vu les orages au mois de juillet !

– Des orages volontaires, général de brigade, des orages volontaires, lança tout à coup Derrar avec force. Nous avons déjà eu en début de réunion l'explication pour...

– C'est encore plus infamant !

C'est bon, oui, on avait compris, on pouvait passer à la suite ? Elle avait déjà passé assez de temps à y travailler pour que cet idiot monopolise le temps en venant tout gâcher ! Elle décroisa les bras, prête à le renvoyer balader un peu sèchement, mais Bradley réagit avant elle, interrompant le général d'un geste de la main. Ah, parfait, merci bien ! Elle se rencogna dans son fauteuil, prenant en main le stylo posé près de ses feuilles où elle écrivait ses notes, avec aussi un bref regard vers le général Derrar pour le remercier. Il hocha la tête en retour, pendant que le Maréchal rappelait qu'ils étaient présents à cette réunion pour discuter et non pas hurler, afin de ne pas ternir leur image. Gabriella faillit bien rire en entendant cela. Leur image ! La réputation de l'armée était bien faite, à présent, ils passaient pour un groupe de barbares sauvages et cruels, il n'y avait rien à dire de plus. Elle baissa le regard sur un des documents qu'elle avait dans son dossier, relisant les mots griffonnés en bas du rapport, sur les dernières expériences menées. Gavin était pleinement devenu une arme humaine, visiblement. Elle releva la tête, tapotant le bout de son crayon sur la table en bois. Ses collègues s'étaient eux aussi replongés dans les dossiers devant eux, retrouvant un air plus concentré.

– Reprenons plutôt le fil de notre réunion, voulez-vous, messieurs et madame. Je vous faisais donc un point sur les avancées récentes de nos recherches. Nos scientifiques sont capables de forcer l'apparition d'un élément chez une personne, voire de deux chez les sujets les plus forts. En revanche, il reste des progrès considérables à faire pour la modification d'un élément déjà existant. Des problèmes apparaissent chez le sujet... Troubles du comportement et du sommeil, fatigue chronique, évanouissements, difficultés respiratoires, engourdissement des muscles, fièvre... Le tout exacerbé si le sujet a plus de seize ans.

Elle continuait de trouver assez irréaliste de se retrouver dans des réunions expliquant ces fameuses expériences alors que c'était précisément ce contre quoi elle combattait. Enfin... Expérimenter les forces et faiblesses des éléments se pratiquait depuis toujours, mais il existait d'autres moyens que la torture. Elle prit le dossier que son voisin lui passa, l'ouvrant pour regarder ce qu'il contenait. Quelques photos, la description complète de l'opération visant à faire naître un don chez une personne, les effets apparents selon le sexe, l'âge et la santé du sujet, ainsi que quelques chiffres. Son regard s'assombrit considérablement lorsqu'elle vit le nom du docteur Rochard inscrit dans un coin. Il était l'un des plus hauts responsables de toute cette histoire. Elle envisageait très sérieusement de le faire tuer, par ailleurs. Pour ralentir sèchement les expériences sur les êtres humains et aussi par pure vengeance personnelle, elle l'avouait. Elle glissa le petit dossier sous les siens, notant mentalement de le lire plus attentivement ce soir. Le général Derrar pinçait les lèvres en tournant les quelques pages avec lenteur, il ne devait pas aimer non plus ce qu'il lisait. Gabriella était malade de lire ce genre de choses alors qu'elle ne cessait de répéter, encore aujourd'hui, qu'il existait d'autres moyens de faire ce genre d'expérience.

– Nous avons besoin de tester les évolutions possibles et les nouvelles combines sur le terrain. C'est pour cela que votre proposition est bienvenue, générale. Seulement avec les jeunes qui seront prêts, je le consens, tant que nous pouvons obtenir rapidement les premières analyses.

Elle tourna aussitôt la tête vers lui, bouche entrouverte, en laissant apercevoir son choc. Il venait bien de dire qu'il acceptait, elle ne rêvait pas ?! Mais elle avait bien entendu, les autres généraux étaient eux aussi pris de courts, allant du choc à la colère. Il acceptait qu'elle travaille à sa manière sur ce dossier, vraiment ? Avec uniquement des élèves prêts et consentants ? Et ses propres collègues au pensionnat ? Où était le piège ? Et pourquoi un tel revirement, pourquoi décidait-il aujourd'hui de lui faire confiance ? Elle fronça les sourcils à son tour, la main crispée sur son stylo, l'esprit tournant à plein régime. Bien sûr qu'elle se réjouissait de cette petite victoire mais elle ne pouvait s'empêcher de s'interroger sur les motifs du maréchal. Mais il restait prudent, disant clairement qu'il voulait des résultats rapides. Elle savait que les autres expériences ne cesseront pas pour autant, mais si elle progressait plus vite que lui avec ses méthodes, elle pourrait ensuite freiner voire stopper les autres. Il la testait. Très bien.

– Donc vous dites que certains professeurs sont déjà prêts à travailler avec vous, pour la bonne marche des opérations ? J'avoue avoir d'abord eu du mal à le croire, surtout après les avoir vu abandonner un par un et lâcher cette école. Je comprend difficilement la lâcheté... Enfin soit. S'il vous faut d'autres hommes, vous les aurez. Je vous donne le commandement plein et entier pour l'entraînement des Guetteurs.

Karinof lâcha un grognement sourd, alors qu'elle faisait distraitement tourner son stylo entre ses doigts, le regard fixé sur le maréchal, après avoir hoché la tête à sa question. L'année commençait bien, même si un peu de pression supplémentaire venait s'ajouter, mais ce petit jeu devenait très intéressant. Elle comptait bien relever ce défi en y mettant tout son cœur. Elle éprouvait un mélange de joie et d'impatience, mais aussi de reconnaissance et d'amusement. Il ne plaisantait pas, lui laissant vraiment des occasions de reprendre la main et d'agir comme elle l'entendait.

– Quels sont vos collègues qui vous assisteront ?

– Le sous-directeur du pensionnat, pour commencer, dit-elle d'un ton très calme, sans montrer la tension qui l'habitait. Et quelques autres collègues.

Elle donna leur nom puis fit une brève description de chacun d'entre eux. Derrar prit des notes, avec un petit sourire en coin, mais le reste des généraux semblait trop sous le choc pour remuer le petit doigt. Oh, un problème ? Ils ne s'attendaient pas à ça ? Mais tous les défis et les tests du monde pouvaient être relevés ! Elle ne comptait pas rater une chance pareille, cela lui permettra d'appuyer ses arguments avec plus de force, dans les prochains mois. Elle termina en parlant d'Adrien, bien qu'il ne soit pas très... Frais, en ce moment. L'histoire avec Sarah l'avait laissé traumatisé et à moitié fou. Elle avait su qu'il restait chez lui à boire, sans sortir, et surtout isolé. A part Alice et son mari, plus personne ne lui rendait visite, depuis quelques temps, d'après ce que lui avait rapporté son subordonné. Mais pourquoi ? Il faudra qu'elle se renseigne, afin de comprendre ce qui avait bien pu se passer entre Adrien et le reste de l'équipe enseignante.

– Il faudra sans doute un terrain militaire adapté pour nos tests, afin de ne pas toucher le village. J'imagine que vous devez avoir un endroit en réserve. Il faudra aussi qu'une certaine discrétion soit observée, vis-à-vis des civils. Les journalistes ont une fâcheuse tendance à fourrer leur nez partout, mais ce ne serait pas bon pour cette armée que le grand public apprenne la façon dont on peut manipuler les éléments. Les garder éloignés des terrains de tests est d'une grande importance.

Elle vit du coin de l'œil le général de division Verrotier approuver d'un signe de tête en marquant quelque chose dans son carnet, pendant que les autres échangeaient des regards. Verrotier était plutôt agréable à vivre, lui aussi. Il parlait très peu mais ses interventions étaient souvent très pertinentes, il allait droit au but. Elle commençait, doucement, à connaître ces hommes mais avait encore beaucoup de mal avec certains, autant l'avouer platement. Elle regarda à nouveau Bradley, droit dans les yeux.

– Il me faut votre serment que rien ne sera tenté contre les Guetteurs ou les personnes qui m'assisteront durant ces tests, dit-elle d'une voix plus forte sans tenir compte des regards indignés qui pointèrent sur elle. Aucun "incident", cela ne ferait que ralentir les choses. Êtes-vous d'accord pour ça ?
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Albert J. Bradley
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Albert J. Bradley
MessageSujet: Re: Question de pouvoir   Question de pouvoir EmptyLun 12 Oct - 16:31

– Le sous-directeur du pensionnat, pour commencer, dit-elle d'un ton très calme, sans montrer la tension qui l'habitait. Et quelques autres collègues.

Le Japonais, bien sûr, c’était prévisible. Albert de frotta pensivement le menton en prenant quelques notes sur ce qu’elle précisait, comparant en même temps avec ses notes personnelles qu’il avait sur ces fameux collègues. Il nota ce qui était le plus important avec attention, concentré, travaillant vite, comme à son habitude. Seul Derrar faisait de même, griffonnant une feuille d’une écriture qu’il avait très soignée et déliée. Mais les autres généraux ne bougeaient pas, ne prenant même pas la peine d’écrire l’essentiel dans un coin. Quel sérieux, messieurs ! Le maréchal leur jeta un regard où se mêlait surprise et agacement, il aimerait qu’ils montrent un peu plus de professionnalisme que cela. De plus, puisque leur chère collègue consentait enfin à rentrer pleinement dans le jeu, il n’était plus question d’aller plus lentement avec la peur de trop brusquer les événements ou rater certaines opportunités. Il parcourut du regard la liste des caractéristiques des enseignants cités, pensif, évaluant rapidement les militaires qu’il pourrait détacher de leurs fonctions principales à certains moments pour assister la générale. Puisque le maréchal Derrar semblait approuver entièrement sa collègue, le maréchal pourrait le faire travailler en lien direct avec elle afin que les choses avancent plus vite. Il avait besoin de preuves rapides, à présent, savoir quelles étaient les méthodes les plus efficaces et pour quoi, très précisément.

– Il faudra sans doute un terrain militaire adapté pour nos tests, afin de ne pas toucher le village. J'imagine que vous devez avoir un endroit en réserve. Il faudra aussi qu'une certaine discrétion soit observée, vis-à-vis des civils. Les journalistes ont une fâcheuse tendance à fourrer leur nez partout, mais ce ne serait pas bon pour cette armée que le grand public apprenne la façon dont on peut manipuler les éléments. Les garder éloignés des terrains de tests est d'une grande importance.

Ils avaient déjà des endroits de ce genre prévus pour les manœuvres, ce ne sera pas un problème. Il nota quelques noms, pensant à transmettre à son secrétaire l’ordre de préparer des convocations à ces personnes, afin qu’il puisse brièvement s’entretenir avec et juger s’il pouvait les inclure dans le programme. Il n’avait guère besoin de beaucoup de personnes, cinq ou six soldats suffiront, il augmentera les effectifs en cas de besoin plus tard. Il avait seulement de personnes fiables et discrètes. Sa collègue avait-elle déjà prévu un programme spécifique ? Même si la guerre n’était pas encore sur eux, elle semblait désormais inévitable. L’Allemagne venait d’élire un homme pétri de valeurs nationalistes et qui avait un certain talent pour entraîner les foules. Envisager que ce pays puisse virer à la dictature était très aisé, de même que penser qu’une autre guerre allait survenir. Le Gouvernement préférait peut-être fermer les yeux sur le sujet mais le maréchal n’était pas dupe. Peu importe que le Président refuse de voir les choses en face, l’armée sera prête, quoi qu’il arrive. Certes, voir cet aveuglement gouvernemental était rageant, frustrant, agaçant, mais soit. Il croisa le regard de la jeune femme, au moins soulagé d’avoir des personnes comme elle sur qui comptait, peu importe ses motivations, peu importe pourquoi elle agissait. Seule la victoire finale de leur nation comptait.

– Il me faut votre serment que rien ne sera tenté contre les Guetteurs ou les personnes qui m'assisteront durant ces tests, dit-elle d'une voix plus forte sans tenir compte des regards indignés qui pointèrent sur elle. Aucun "incident", cela ne ferait que ralentir les choses. Êtes-vous d'accord pour ça ?

– Tout à fait, acquiesça-t-il, vous avez ma parole. Mon but est de trouver vite quelle méthode fonctionne le mieux pour quel sujet. Nous devons adapter notre stratégie au plus vite. D’autant plus avec les dernières nouvelles. Lisez-vous les journaux, messieurs ?

Voyant la tête de certains, le maréchal retint un léger soupir et se chargea d’expliquer les récents changements survenus en Allemagne. La nouvelle politique intérieure et étrangère, les tensions au sein des différentes communautés, notamment la communauté Juive qui était directement touchée. Le maréchal, s’il se moquait de toutes les religions quelles qu’elles soient, les jugeant sans fondement en réel, comprenait cependant pourquoi celle-ci était attaquée de front. Il fallait un bouc émissaire, tout simplement, et quoi de mieux que de s’en prendre à un peuple vivant différemment du reste de la population ? Cela couplée à la peur, la colère et l’absurdité profonde des ignorants, le cocktail était explosif.

– Prenez plus garde à l’actualité internationale, conclut-il en refermant son dossier. Ce sera tout pour aujourd’hui.

Il arrêta la générale d’un signe avant qu’elle ne se lève et suive les autres. Il devait lui parler. Il attendit que tous les généraux aient quitté la salle de réunion avant de se tourner enfin vers elle, mains croisées sur la table. Il avait un air très grave, l’affaire les occupant n’ayant rien d’amusant ou de léger, l’avenir du pays était en jeu.

– Le Gouvernement ne ferme pas seulement les yeux sur le pensionnat, vous savez, mais aussi sur les activités intérieures des pays ennemis. Nous avons un but commun, même si nous n’avons pas les mêmes principes. Si vous êtes décidée à prendre entièrement le rôle, comprenez que nous devons à présent agir en commun et de front. Bien que le spectacle de cet été était appréciable, vous ne devez plus vous exposer aussi bêtement à la mort ! Vous commandez des troupes alors servez-vous-en. Vous avez du pouvoir alors utilisez-le.

Il se rencogna dans son fauteuil en croisant les bras, gardant le regard fixé sur elle, lèvres pincées.

– Parmi le troupeau de lâches qui vous servent d’enseignants, êtes-vous certaine qu’il n’en reste pas un pour vous poignarder dans le dos ? Comment comptez-vous gérer cela ?
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Gabriella de Lizeux
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Gabriella de Lizeux
MessageSujet: Re: Question de pouvoir   Question de pouvoir EmptyVen 23 Oct - 17:18

– Tout à fait, acquiesça-t-il, vous avez ma parole. Mon but est de trouver vite quelle méthode fonctionne le mieux pour quel sujet. Nous devons adapter notre stratégie au plus vite. D’autant plus avec les dernières nouvelles. Lisez-vous les journaux, messieurs ?

Gabriella leva la tête mais en voyant les airs de certains de ses collègues, tout le monde ne prenait pas la peine de lire les journaux. Elle-même se contentait d’écouter les bulletins d’informations à la radio, bien trop lassée et furieuse de voir régulièrement des articles de journaux sur elle. Elle nota certains éléments donnés par le maréchal, sourcils froncés, alors qu’il exposait la situation actuelle en Allemagne. Il était logique que le peuple se tourne vers l’extrême-droite. Entre les conditions humiliantes qui avaient suivi la Grande Guerre, la récession économique qui touchait l’Europe, les envies de vengeance et la volonté de restaurer la fierté nationale… Les citoyens avaient besoin d’améliorations tangibles des conditions de vie et de leur pouvoir d’achat, la crise durait depuis bien trop longtemps et favorisait tous les extrémismes. Les premiers touchés étaient bien sûrs les communautés religieuses différentes du pouvoir central. Ici, les Juifs. L’Allemagne se remilitarisait, à présent, le mouvement était encore bien faible mais il n’y avait aucun doute sur le fait qu’il allait accélérer, dans les prochaines années. La guerre ne surviendra sans doute pas tout de suite… Encore quelques années ? Dix ans ? Un peu moins ? Combien de temps faudra-t-il au pays pour retrouver toutes ses forces, sortir de la crise et se remettre debout ?

– Prenez plus garde à l’actualité internationale, conclut-il en refermant son dossier. Ce sera tout pour aujourd’hui.

Elle allait partir lorsque le maréchal lui fit signe de rester. Quoi, encore ? Retenant un soupir, elle attendit que tout le monde soit sorti de la salle, sans rien dire ni faire le moindre signe. Que voulait Bradley, cette fois ? Elle aimerait bien en finir vite, rentrer chez elle en attendant que ses parents arrivent avec les enfants. Cyprien lui avait dit qu’il l’attendrait, ce matin, à l’appartement du pensionnat. Pourvu qu’il trouve de quoi s’occuper, elle n’avait pu lui dire si elle rentrait tôt ou tard, aujourd’hui, ignorant quand la réunion allait s’achever. Il lui semblait plus nerveux, depuis quelques jours… Malade, peut-être ? La porte se referma avec un petit clappement derrière le dernier général, ramenant le silence dans la pièce. Bradley se tourna vers elle, dans son fauteuil, les deux mains croisées sur la table. Donc ?

– Le Gouvernement ne ferme pas seulement les yeux sur le pensionnat, vous savez, mais aussi sur les activités intérieures des pays ennemis. Nous avons un but commun, même si nous n’avons pas les mêmes principes. Si vous êtes décidée à prendre entièrement le rôle, comprenez que nous devons à présent agir en commun et de front. Bien que le spectacle de cet été était appréciable, vous ne devez plus vous exposer aussi bêtement à la mort ! Vous commandez des troupes alors servez-vous-en. Vous avez du pouvoir alors utilisez-le.

Gaby prit le même air que lui sans s’en rendre compte, pinçant les lèvres, en serrant un de ses poings sur la table, l’autre main crispée sur son crayon. Vraiment navrée de ne pas avoir pris tous les réflexes dès le début, ce n’était pas comme si elle était entrée dans l’armée de force, après tout ! Elle se contenta d’hocher vaguement la tête pour le reste, consciente qu’ils devaient plus travailler de front vers un même but. Ils avaient tous deux fait des concessions, aujourd’hui, tous deux avancés leurs pièces et la partie se resserrait. C’est à ce moment-là qu’elle prit conscience qu’elle ne pensait plus seulement à la sécurité de l’école et de ses élèves, à présent, mais de la sécurité du pays tout entier. Oh… Retenir une grimace fut assez ardu, prendre conscience de ça était un peu délicat.

– Parmi le troupeau de lâches qui vous servent d’enseignants, êtes-vous certaine qu’il n’en reste pas un pour vous poignarder dans le dos ? Comment comptez-vous gérer cela ?

– Je vais mettre les choses au point dès la rentrée et je ne suis pas seule, pour gérer cela. Même s’il en reste contre moi, prêts à se battre ainsi, ils ne seront pas très difficiles à repérer. En ce qui concerne Sarah, je ne pensais pas que la folie lui avait rongé le cerveau à ce point.

Elle eut un reniflement de mépris, assez frustrée que le Colonel Gavin se soit contenté de lui brûler la peau des deux jambes sans la tuer. L’entendre hurler de douleur jusqu’à ce que son cœur cesse définitivement de battre aurait comblé la jeune mère de joie, même s’il était horrible de penser ainsi. Voir Sarah crier et se débattre dans les flammes avant d’enfin rendre son dernier soupir… Douce vengeance contre la sale garce qui avait osé toucher son fils.

– L’Allemagne ne pourra pas déclarer une nouvelle guerre avant quelques années, au moins, reprit-elle d’un ton plus sombre. L’armée a été réduite à peau de chagrin, il leur faudra du temps avant de reformer leurs troupes. Quand aux personnes possédant un don, elles sont moins nombreuses, depuis des années, j’ignore s’ils comptent les utiliser également. Si les éléments sont utilisés, comment être sûr que les Guetteurs feront le poids ? Ils ne seront pas assez entraînés, la plupart sont encore des gosses de seize ou dix-sept ans. Vos expériences pour augmenter la force des éléments ne sont pas assez au point pour permettre une évolution rapide et efficace.

Se redressant, elle posa les deux bras sur la table, faisant passer son crayon d’une main à l’autre en soupirant légèrement. Comment s’y prendre, en effet ? Il y avait une très nette différence entre des exercices dans une caserne et une guerre. Que ce soit avec les méthodes de Bradley ou avec les siennes, il y avait peu de chance que les Guetteurs soient assez nombreux et surtout assez entraînés à faire face, contre un pays avide de vengeance.

– Avez-vous prévu d’autres plans, pour parer à ces problèmes ?
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Albert J. Bradley
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Albert J. Bradley
MessageSujet: Re: Question de pouvoir   Question de pouvoir EmptyVen 20 Nov - 21:59

– Je vais mettre les choses au point dès la rentrée et je ne suis pas seule, pour gérer cela. Même s’il en reste contre moi, prêts à se battre ainsi, ils ne seront pas très difficiles à repérer. En ce qui concerne Sarah, je ne pensais pas que la folie lui avait rongé le cerveau à ce point.

Et comment comptait-elles les "repérer", on pouvait savoir ? Albert ramena ses mains jointes contre son visage, les coudes sur la table, en l'observant pensivement. Certains professeurs démissionneront sans doute dès la rentrée, c'est exact, mais la possibilité qu'il en reste un ou deux d'intelligents et prêts à tout n'était pas à écarter, on ne gagnait rien à sous-estimer son ennemi. Même si elle pouvait faire peur aux moins courageux, un homme assez déterminé ne se laissera pas écarter si facilement et ne dévoilera pas son jeu. En vérité, le maréchal était un peu surpris par cette réponse. D'ordinaire, elle se serait enflammée, mise en colère, aurait déclamé tout un plan d'attaque avec son énergie habituelle, se serait préparée, aurait prévu d'autres plans pour parer aux problèmes qui allaient survenir. Mais ici, rien, elle était beaucoup trop calme, trop... Fatiguée ? Il la détailla plus attentivement, les sourcils froncés, se frottant le menton de deux doigts. Oui, elle était complètement épuisée. Il n'y avait guère pris garde, à venir à ce jour, mais maintenant qu'il prenait attention, c'était clairement visible. Jouer avec sa vie de cette façon... Elle était toujours vivante, soit, mais elle était passée à ça d'y rester pour de bon ! Et ne s'en était pas encore remise, c'était évident. Dangereux, elle surveillait beaucoup moins ses arrières, en étant à ce niveau de fatigue. S'en rendait-elle seulement compte ?

– L’Allemagne ne pourra pas déclarer une nouvelle guerre avant quelques années, au moins, reprit-elle d’un ton plus sombre. L’armée a été réduite à peau de chagrin, il leur faudra du temps avant de reformer leurs troupes. Quand aux personnes possédant un don, elles sont moins nombreuses, depuis des années, j’ignore s’ils comptent les utiliser également. Si les éléments sont utilisés, comment être sûr que les Guetteurs feront le poids ? Ils ne seront pas assez entraînés, la plupart sont encore des gosses de seize ou dix-sept ans. Vos expériences pour augmenter la force des éléments ne sont pas assez au point pour permettre une évolution rapide et efficace.

Oh, les gamins n'auront plus dix-sept ans lorsque la guerre sera effective. Quand à savoir s'ils seront assez entraînés et nombreux, c'était une autre affaire. Les expériences avaient permises de belles avancées mais ce n'était pas suffisant, en effet. Les dons "forcés", créés par l'utilisation des médicaments, étaient très instables, parfois dangereux, souvent soumis à des évolutions imprévisibles. Certains blessaient de l'intérieur leur porteur, d'autres provoquaient des problèmes de santé, comme des poussées de fièvre, des muscles meurtris, des troubles de vision. Forcer la naissance d'un élément était déjà incroyable, mais comment stabiliser cette création, voilà sur quoi ils devaient se pencher en priorité. Jetant un regard vague sur ses papiers, il y accrocha alors le nom du sous-directeur du pensionnat. Lui aussi faisait parti des cobayes récents du docteur Rochard. Pour quel élément, déjà... Ah, oui, le feu, exact. Cela faisait trois mois, il était dans les bons temps pour la suite des expérimentations. Albert fit un peu tourner la feuille sur la table, jetant ensuite un coup d'œil à sa collègue. Oui, son sous-directeur fera l'affaire pour la prochaine séquence, en septembre, cela laissait assez de temps pour modifier les produits utilisés. Il n'acceptera sûrement pas de venir si l'armée "l'invitait" gentiment à l'hôpital du village, mais soit, ils pouvaient aussi l'emmener comme ça, sans lui demander son avis, il comprendra bien qu'ils devaient agir vite, pour le bien futur de ce pays. Rochard était toujours à Paris, ce moment, dans le laboratoire principal avec son équipe. Combien de temps lui faudra-t-il avant d'être prêt pour la prochaine phase ? Il n'était plus temps de traîner.

– Avez-vous prévu d’autres plans, pour parer à ces problèmes ?

– Il reste l'artillerie lourde et toutes nos défenses habituelles, répondit-il d'un ton calme, s'appuyant contre le dossier de son fauteuil. Les Guetteurs n'auront plus dix-sept ans, lorsque la guerre éclatera, ils seront mieux entraînés et plus matures. Il reste le souci du nombre, c'est vrai. Mais l'Allemagne est moins avancée que nous, sur ce terrain, nous avons le temps d'aviser.

En tout cas, si eux aussi voulaient utiliser les dons comme des armes, ils n'avaient pas une bonne avance. Le maréchal sourit d'un air carnassier, lançant ensuite à la générale qu'elle pouvait partir, il n'avait pas besoin de la retenir plus longtemps. Il la suivit du regard lorsqu'elle quitta la pièce, les yeux acérés, notant mentalement de la mettre sous surveillance, au cas où elle commençait à montrer des signes inquiétants ou à s'effondrer, il avait besoin qu'elle soit en forme, pour la suite des opérations. Quand au Japonais, et bien, il allait pouvoir leur être utile. Se levant à son tour, le maréchal récupéra ses dossiers, quittant la salle de réunion pour retourner dans son bureau. Quand Rochard sera-t-il prêt ? La guerre était encore loin mais il leur fallait des progrès plus significatifs, à présent...
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Question de pouvoir
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