Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Un dimanche plus ou moins paisible

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Kimmitsu Nakajima
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Kimmitsu Nakajima
MessageSujet: Un dimanche plus ou moins paisible   Un dimanche plus ou moins paisible EmptyLun 21 Déc - 13:18

Un cri lui échappa, alors qu'il se réveillait en sursaut, les mains crispée sur la couverture, le souffle court, tremblant de tous ses membres. Kimmitsu se força à se calmer, respirer doucement, se reprendre avant d'ameuter toute la maison. Il ignorait quelle heure il pouvait être, il avait déjà passé toute la nuit à s'agiter, empêchant Solène de dormir tranquillement, alors qu'elle était enceinte. Elle avait passé a nuit entière à le réconforter, partant pour son travail ce matin, devant travailler tôt pour la commande de fleurs d'une grosse cérémonie religieuse à Anciers. Il se redressa pour se mettre assis dans son lit, portant une main à son visage, les échos du cauchemar fusant en boucle dans son esprit. Ce n'était pas le moment de craquer. S'appuyant contre la tête de lit, il s'appliqua à un long exercice de relaxation, respirant calmement, résolu à ne pas se laisser aller. Il savait que ce genre de choses pouvait survenir, contre ceux qui soutenaient la directrice, il avait choisi de poursuivre malgré tout, donc il n'avait pas à se plaindre. Inspirant lentement, il relâcha avec lenteur, tous les muscles du corps crispés comme jamais. C'est bon, tout allait bien... Rochard était mort, à présent, tout cela n'arrivera plus jamais. La voix de son neveu, lourde de sommeil, résonna après que la porte fut ouverte, demandant s'il allait bien. Kimmitsu hocha la tête, demandant l'heure à son neveu, qui l'informa qu'il était à peine six heures.

– Retourne donc te coucher, murmura-t-il.

Il ferait mieux de se reposer, il avait bien autre chose à penser en ce moment que de s'occuper de cette histoire, pas la peine qu'il se trouble la tête pour ce genre de chose. Le but était que les enfants puissent suivre une scolarité normale, la plus ordinaire possible, pas qu'ils soient mêlés à tout ça. Genji referma doucement la porte, repartant dans sa chambre. Son oncle soupira un peu, ramenant ses jambes contre lui et posant son front sur ses genoux. Tout ira bien... Il mit ses bras autour des jambes, se mordant les lèvres pour ne pas pleurer. Il avait choisi de continuer, choisi de poursuivre cette voie, de ne pas laisser tomber les enfants qui étudiaient dans cette école, ni la directrice. Tout avait basculé, depuis un an, il ne reconnaissait plus la région qu'il avait tant aimé, ce village autrefois si tranquille, cette école qui n'avait plus rien d'un refuge. Dans quelques jours, il ira sans doute beaucoup mieux et pourra reprendre son travail, comme s'il ne s'était rien passé, continuant en oubliant cet épisode, en l'enterrant au fin fond de son esprit. Frémissant, il chercha ses vêtements à tâtons, s'habillant, ayant du mal, depuis jeudi soir, à rester allongé comme ça. Une fois habillé, il s'appuya contre la tête du lit, respirant par à-coups, peu tranquille. C'était ridicule mais ne rien voir lui rappelait...

– Eh, ne te lève pas, lança tout à coup la voix de son frère, d'un ton endormi.

– Je ne vais pas rester au lit toute la journée, marmonna Kimmitsu d'une voix basse.

Son frère lui répondit par un soupir, ajoutant qu’il s’asseyait au bout du lit. Il venait de se lever, ayant vu Solène partir au travail, toute à l’heure. Avec cette cérémonie, elle avait de quoi faire, impossible de déclarer comme elle avait déjà accepté la commande. Le sous-directeur ramena de nouveau ses jambes contre lui, les bras croisés et serrés, sans rien dire. La porte s’ouvrit encore et il devina, même sans pouvoir regarder, que c’était Josuke qui était entré à son tour. Même s’il était touché qu’ils soient venu, il restait très inquiet de les voir ici, tous les deux, ne voulant pas qu’on s’en prenne à eux parce qu’ils étaient de sa famille. Munemori de ait sans doute vouloir lui changer les idées car il lui raconta qu’il avait oublié de lui dire qu’il était devenu tonton une nouvelle fois. La femme d’Eisen avait accouché en début de semaine, d’un petit garçon. La mère et le petit se portaient très bien, tous les deux, ils attendaient que la jeune maman soit moins fatiguée pour fêter la naissance de son petit bout. Kimmitsu essaya de sourire mais autant dire que le cœur n’y était pas. Il était heureux pour son petit frère, ce n'était pas le problème, par contre, il était simplement encore bien pris dans les pensées "guerre, école, élèves en danger", ne cessant de se demander ce que voulait vraiment l'armée en manipulant ainsi les dons. Ce qui justifiait ces meurtres, pourquoi des enfants et adultes avaient été tués pour cela. Kimmitsu n'était pas naïf, il savait très bien qu'il en serait mort, lui aussi, au bout de quelques jours.

Il y avait forcément une raison... Depuis des mois, ils se posaient cette même question, à quoi bon continuer de faire des tests sur les élèves alors que le groupe des Guetteurs était déjà formé ? Voulaient-ils obliger d'autres personnes à les rejoindre, en faisant naître ces dons dénaturés ? C'était illogique, les personnes à qui on faisait subir ces expériences en mourraient, ils ne servaient que de cobayes, qu'on laissait mourir comme cela. Alors pourquoi... Qu'est-ce qui justifiait tout ça. Selon l'ancien directeur, cela remontait à des années, maintenant, l'école avait toujours été considérée comme une cible, mais ce n'était que depuis l'année dernière que le gouvernement l'oppressait vraiment. Réfléchissons. Qu'il y avait-il de si intéressant, à Sainte Famille ? L'armée pouvait avoir toutes les ressources qu'elle voulait. Absolument tout... Non... Le gouvernement ne pouvait pas laisser trop de ses citoyens, possédant des dons, disparaître sans que leurs familles ne réagissent, il y avait déjà eu de nombreux problèmes à cause de ça. En revanche, derrière les murs de l'école, tout pouvait se passer, personne ne saura ou ne l'acceptera, car dans l'esprit du peuple, un pays ne peut s'en prendre à des enfants.

– On ne peut vraiment rien faire pour toi ? Si… On peut t’écouter, tu sais ? On est venu dès que l’on a su que tu avais été enlevé, nous sommes là pour toi, pour te soutenir.

– Hum ? Heu, oui...

Tout le monde possédait des dons, ici, mais ça n'expliquait toujours pas ce que l'armée et le gouvernement voulaient en faire. Rochard n'avait parlé que de sciences, de progrès, dans sa folie meurtrière. Il fallait reprendre depuis le début. Depuis le tout début, avant même que les véritables problèmes ne débutent à l'école. Il y avait Emilie... Dans son dossier, ils avaient su qu'elle avait été abandonnée par sa famille à sept ans, à cause d'un don très développé, bien trop pour son âge, un don anormal, puissant, comme il n'aurait jamais dû l'être puisqu'il venait tout juste de se révéler en elle. L'armée avait travaillé sur elle alors qu'ils auraient pu en faire la première des Guetteuses. Se redressant, il murmura qu'il ne comprenait pas, c'était illogique, quelque chose leur échappait. Cette petite fille aurait pu être une candidate parfaite, elle aurait pu devenir aussi puissante que la directrice, alors pourquoi l'avoir choisi pour manipuler son pouvoir ? Qu'avaient-ils voulu faire sur elle ?

– Ce qu'il faudrait, c'est retrouver ce qu'Emilie a vraiment vécu avant sa mort, souffla-t-il. Ce qu'ils lui ont fait.

La directrice ne pourra pas explorer cette voie, elle s'était déjà trop mise en danger. Par contre, le colonel Gavin pouvait les aider. Lui et son équipe. Ils avaient sûrement accès à plus de documents, ils étaient forcés de travailler sur des sujets sensibles, de participer à bien des expériences. Le sous-directeur sentait, sans pouvoir l'expliquer, qu'il y avait quelque chose à découvrir, par le biais de cette petite fille. Et de là, remonter le fil pour découvrir enfin la vérité, le but final du gouvernement. Ils étaient proches de tout découvrir, c'était certain, il ne manquait que quelques éléments pour complètement le puzzle et se saisir de la clé de l'énigme. Kimmitsu serra les poings, frustré par cette impression de toucher au but mais sans parvenir à découvrir la vérité. Rochard était un psychopathe, malade et dangereux, mais il était aussi un scientifique, il avait dû obtenir ou découvrir quelque chose d'important, ce qui l'avait poussé à prendre toujours plus de cobayes humains.

– Dis, petit frère, tu devrais prendre au moins quelques jours pour... te reposer. Cesser de penser à tout ça, juste quelques jours, le temps de reprendre des forces.

Kimmitsu ne répondit même pas, plongé dans ses pensées. S'ils pouvaient contacter le colonel rapidement, au moins... Lui ou un de ses subordonnés devait pouvoir avoir accès à des documents sur les expériences de Rochard. Ou de celui qui prendra sa suite.

– Je vais m'en remettre, murmura-t-il au bout d'un long moment. Tu ferais mieux de passer du temps avec ton fils, Josuke.

Genji avait plus besoin d'être entouré que lui, il était en pleine construction physique et psychique, autrement dit, le moment le plus important de sa vie, où il devait avoir sa famille près de lui pour le soutenir et le guider. Lui allait bien, mieux, il suffisait de temps et d'un peu de repos, puis il faudra se remettre vite en selle. Contacter le colonel et son équipe discrètement, afin que l'un deux se charge de récupérer le dossier d'Emilie mais aussi celui du jeune Oscar, cet élève en quatrième qui était décédé, l'année précédente.

– Je passe du temps avec Genji, ne t’inquiète pas pour ça. Je suis aussi venu pour m’occuper de toi, Kimmitsu. Tu évites nos questions… Que s’est-il passé ?

Ce qui se passait depuis des mois, voire des années, pour bien des personnes "disparues" en France et activement recherchées par leurs familles. Ce qui s'était passé pour certains enfants du pensionnat. Pour la directrice. Pour lui une première fois, en juin. Ce qui se passera encore pour d'autres, sans aucun doute. fermant les yeux sous le bandage, il posa la tête contre le haut du lit, les bras serrés autour de lui. Que voulait-il qu'il lui raconte ? Il en avait dit un peu à Genji, sans s'attarder sur les détails, mais il vivait ici, maintenant, il devait savoir et rester prudent. Ses frères, eux, n'allaient pas rester en France, ce n'était pas la peine de les angoisser encore plus. Même s'ils avaient le droit de savoir.

– Il s'est passé la même chose qu'en juin, répondit-il d'une voix un peu plus rauque. En pire. Donc...

Il secoua la tête, se mordant les lèvres en faisant un vague geste de la main. La fièvre aurait fini par le tuer, aujourd'hui ou demain, s'il était toujours là-bas, sans recevoir de soins ni quoi que ce soit de ce genre. Il ne voulait plus repenser à Rochard, ressentant encore la douleur, l'humiliation. Il voulait passer à autre chose, comprendre ce qui se tramait, lutter contre ces horreurs. Cette sensation de n'être plus qu'un pantin entre les mains du gouvernement était très déplaisante. Officiellement, ce pays était toujours une démocratie, alors que l’État usait de son pouvoir pour agrandir ses forces en écrasant une partie de sa population.

– Kimmitsu... Tu ne crois pas qu'il serait temps pour toi de... Revenir ? Je veux dire, ça plus de vingt ans que tu es parti, tu pourrais envisager de revenir à la maison, personne n'y verras d'inconvénients. C'est ton pays, après tout, tes racines. Si tu revenais avec Solène et les enfants... Tu pourrais continuer ta vie là-bas. Près de ta famille.

Kimmitsu entrouvrit la bouche, incrédule. Il lui disait cela après l'avoir entendu parler avec Gabriella de la protection des enfants ? Après l'avoir vu chercher des solutions ? Après... Il voulut lui répondre, mais la colère lui serra d'un seul coup la gorge et il regretta profondément de ne pas pouvoir lui jeter un regard noir.

– Si c'est pour me dire ça, tu peux repartir tout de suite, grinça-t-il d'une voix glaciale. Je voudrai mettre Solène en sécurité, demande-lui donc si elle veut quitter la France, tu verras bien sa réaction ! Partir est hors de question et tu me connais vraiment très mal pour seulement oser demander ça.

Sa voix se brisa légèrement à la fin, alors qu'il réalisait à quel point le fossé s'était encore creusé, entre lui et sa famille. Il aurait dû s'en douter, après tout, en ayant déjà eu un bel avant-goût cet été, donc soit. Il y eut un petit silence, puis Josuke reprit la parole à son tour, disant qu'il s'approchait et le prenait par l'épaule. Son frère grimaça un peu mais n'essaya pas de le repousser, regrettant qu'on en arrive encore là, une fois de plus.

– Calme-toi, il s’inquiète pour toi, la réaction de ton frère est normale. Je comprends que tu ne veuilles pas revenir au Japon, comme tu nous l’as dit, tu veux aider Gabriella. Mais fais attention à toi… Ne nous laisse pas à l’écart, ne cherche pas à nous préserver comme tu le fais. Nous sommes ta famille et ils ne peuvent pas nous atteindre, au Japon. Alors pourquoi ne pas nous expliquer ? Nous pouvons t’aider.

Peut-être, peut-être pas. Kimmitsu passa une main sur son front, tremblant un peu, ne parvenant pas à garder l'esprit en paix.

– Ce qui se passe, c'est qu'on ne sait toujours pas ce que veut le gouvernement de ce pays, avec ces enfants. Emilie... A sept ans, elle possédait déjà un don aussi puissant que celui d'un adulte. Elle aurait pu devenir une femme aussi puissante que Gabriella, l'armée la tenait, et pourtant, ils l'ont laissé mourir, comme cela, après trois ans d'agonie. C'est incompréhensible, illogique. Partir comme ça, alors que les enfants vont servir de cobayes... On est proches de découvrir la vérité.

Il hésita un moment puis posa la main sur celle de son frère, la serrant un peu. Partir, non, c'était impossible, pas dans l'état actuel des choses, même s'il était malade ou blessé, même s'il avait été humilié comme jamais, c'était impossible.

– Vous ne pouvez pas m'aider et vous ne devez pas le faire, vous vous mettriez en danger aussi. Ce n'est pas pour rien si Gabriella n'a jamais voulu vraiment renouer avec ses frères ni être trop proche de ses parents, elle sait que défendre cette école vous amène à des problèmes graves. Je l'ai accepté aussi donc je ne vais pas me plaindre. Je vais m'en remettre.

Il n'avait guère le choix, s'il voulait poursuivre, il devait passer au dessus de tout ça et continuer à vivre. Il était vivant, ce qui n'était plus le cas de ces jeunes enfants... Repensant à la fameuse "réunion" où Alice s'était montrée si naïve et Sarah si mauvaise, il grinça un peu des dents, serrant la main de son frère avec un peu plus de force.

– Rochard m'a violé, avoua-t-il dans un murmure.
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Munemori Nakajima
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Munemori Nakajima
MessageSujet: Re: Un dimanche plus ou moins paisible   Un dimanche plus ou moins paisible EmptyVen 25 Déc - 22:44

– Si c'est pour me dire ça, tu peux repartir tout de suite, grinça-t-il d'une voix glaciale. Je voudrai mettre Solène en sécurité, demande-lui donc si elle veut quitter la France, tu verras bien sa réaction ! Partir est hors de question et tu me connais vraiment très mal pour seulement oser demander ça.

Munemori devint bien plus rouge un instant, sans répondre pour autant, se contentant de se racler un peu la gorge en murmurant d'une voix inaudible qu'il n'avait pas voulu les forcer à tout laisser tomber ni quoi que ce soit du genre, cela n'avait rien à voir. Il pensait simplement que... Cela faisait vingt ans, maintenant, plus de vingt ans, mère ne dira rien si son fils revenait avec Solène, ils pourront aussi emmener les enfants qu'il gardait. Il jeta un regard un peu perdu à Josuke, conscient d'avoir fait une bourde, bien qu'il n'ait fait qu'exprimer le fond de sa pensée. Il avait peur, voilà tout ! Peur en voyant son frère ainsi, affaibli, les yeux et les poignets bandés, visiblement mal, qui refusait de leur parler. Ça, c'était vraiment une sale habitude qu'il avait prise ! Comme s'ils étaient incapables de comprendre ! Ils n'étaient pas imbéciles à ce point et pouvaient très bien l'aider ! Soit, peut-être pas concernant cette école, son travail, ce qu'il trafiquait à côté, mais pour le reste, oui, il ne pouvait pas s'éloigner de sa famille aussi facilement. Il trouvait incroyable que Kimmitsu veuille les écarter comme ça, il n'avait pas à rester seul ! Il avait déjà quitté son pays natal, ce n'était pas pour se couper de sa famille en plus. Josuke s'approcha de leur frère, posant une main sur son épaule, alors que Kimmitsu grimaçait un peu.

– Calme-toi, il s’inquiète pour toi, la réaction de ton frère est normale. Je comprends que tu ne veuilles pas revenir au Japon, comme tu nous l’as dit, tu veux aider Gabriella. Mais fais attention à toi… Ne nous laisse pas à l’écart, ne cherche pas à nous préserver comme tu le fais. Nous sommes ta famille et ils ne peuvent pas nous atteindre, au Japon. Alors pourquoi ne pas nous expliquer ? Nous pouvons t’aider.

Exactement, très bien dit. Munemori hocha la tête d'un air parfaitement convaincu, croisant les bras. l ne voulait pas revenir, bon, très bien, mais ils pouvaient l'aider, en étant ici ou à distance. Maintenant qu'il y songeait bien, c'est vrai qu'ils n'étaient jamais venus en France, personne de leur famille n'avait jamais fait le déplacement, à part Himako. Elle aussi avait changé, ces derniers temps, elle s'affirmait plus e semblait être en froid avec leur mère, depuis qu'elle commençait à développer son second élément. Mère n'aimait guère ce genre de manifestations, y voyant une insulte à la nature et beaucoup étaient d'accord avec elle, ce n'était pas dans leur culture que d'apprécier ces pouvoirs. Mais si on ne s'en servait que peu, de temps à autre, en extérieur, sans rien faire de très important ? Ce serait beaucoup mieux pour la tranquillité d'esprit de tous ! Mère avait déjà voulu expliquer ça à leur petite sœur, un soir, en début d'année... Le résultat n'avait pas dû être à la hauteur de ses attentes, d'autant plus qu'Himako avait visiblement pris un plaisir cynique à annoncer qu'elle développait un second pouvoir. Ici aussi, le problème entier venait là, des ces éléments, des ces dons, de ces pouvoirs, cette école... Leur frère semblait se torturer l'esprit, ayant un air plus âgé, d'un coup, c'était étrange. Munemori se rapprocha un peu pour s'asseoir près de lui, échangeant un rapide regard avec leur aîné.

– Ce qui se passe, c'est qu'on ne sait toujours pas ce que veut le gouvernement de ce pays, avec ces enfants. Emilie... A sept ans, elle possédait déjà un don aussi puissant que celui d'un adulte. Elle aurait pu devenir une femme aussi puissante que Gabriella, l'armée la tenait, et pourtant, ils l'ont laissé mourir, comme cela, après trois ans d'agonie. C'est incompréhensible, illogique. Partir comme ça, alors que les enfants vont servir de cobayes... On est proches de découvrir la vérité.

Il prit la main de Josuke, après un instant d'hésitation, la voix lourde. Munemori se sentait terriblement mal à l'aise, d'un seul coup, revoyait le fantôme de cette fillette, qui avait tendu la main vers eux, cette fillette haute comme trois pommes, à peine plus âgée que ses propres filles au moment de sa mort. Son histoire, brève mais terrible, que leur avait raconté le prêtre du village. Lui non plus ne comprenait pas pourquoi cette petite avait été tuée, surtout de cette façon, errant maintenant là où elle avait été enterrée. Se levant, il serra ses bras contre lui avec un petit frisson, encore terrifié de ce qu'il avait vu dans ce cimetière, que les fantômes existaient véritablement, qu'il y avait bel et bien le spectre d'une petite fille à errer sans fin près du pensionnat. Marchant un peu dans la chambre, il revint ensuite près du lit, debout près de son frère, pensif. Le prêtre leur avait dit que la directrice et Kimmitsu avaient voulu aider cette enfant et qu'elle était décédée tout de même, peu de temps après. Cette histoire le travaillait encore, il avait dû le vivre comme un gros échec.

– Vous ne pouvez pas m'aider et vous ne devez pas le faire, vous vous mettriez en danger aussi. Ce n'est pas pour rien si Gabriella n'a jamais voulu vraiment renouer avec ses frères ni être trop proche de ses parents, elle sait que défendre cette école vous amène à des problèmes graves. Je l'ai accepté aussi donc je ne vais pas me plaindre. Je vais m'en remettre.

Physiquement, oui, sans doute, et mentalement ? Se rasseyant près de lui, Munemori retint un long soupir, cherchant comment lui faire admettre qu'il pouvait tout leur dire, comme autrefois, ils ne comptaient pas le laisser tomber, peu importe la façon dont il voulait mener sa vie, peu importe ce qui arrivait, la famille restait soudée. Il ne voulait pas se plaindre, c'était tout à son honneur, cependant, il y avait une différence entre ne pas se plaindre et tout garder pour soi jusqu'à s'en rendre malade. Il le vit crisper tout à coup la main sur celle de Josuke, fronçant légèrement les sourcils. A quoi pensait-il ?

– Rochard m'a violé, avoua-t-il dans un murmure.

... Il... Munemori blêmit de façon vertigineuse, serrant les poings, voulant bondir pour courir assassiner ce type avant de réaliser qu'il était déjà mort, Gabriella l'avait envoyé dans l'autre monde. Il était déjà mort, ce n'était pas une grosse perte pour l'humanité ! Tendant la main, il prit celle de Kimmitsu entre les siennes, sans savoir quoi lui dire, comment le réconforter, comment l'aider à surpasser cela. A part lui montrer qu'ils étaient là et que... Que... Comment devaient-ils faire ? Il éprouvait tant de haine pour ce type que maintenant, il était heureux de connaître la façon dont la directrice l'avait tué, alors qu'il en avait été effrayé la veille. Elle avait très bien fait, vraiment rien, il lui en était reconnaissant. Il hésita puis se rapprocha encore, prenant avec lenteur Kimmitsu dans ses bras pour le serrer contre lui, craignant de le blesser. Il se laissa faire, cependant, n'ajoutant plus rien. Il faudra du temps avant qu'il ne parvienne à passer au-delà de toute cela... Mais oui, il s'en sortira, il était courageux, pas vrai ? Il l'avait déjà prouvé bien assez de fois dans sa vie. Tout ira bien ! Il allait se reposer, prendre soin de lui, oublier cette sale histoire et continuer sa vie. Il avait son travail pour l'aider, Solène, leurs futurs enfants.

– Pense à tes enfants, qui vont naître dans quelques mois, lui dit-il en essayant de lui remonter le moral. Ce n'est pas la peine de s'attarder sur le passé, tu dois te reposer, pour commencer. On va manger en famille, ce matin, tu vas reprendre des forces.

Il l'embrassa sur le front avant de se relever, demandant à Josuke de venir l'aider pour préparer le petit-déjeuner. Les enfants devaient encore dormir, il était très tôt. Solène avait laissé un mot, sur la table de la cuisine, écrivant d'une façon déliée et fine qu'elle allait revenir en fin de matinée, après le travail. Munemori reposa le mot sur un coin de la table, regardant d'abord autour de lui avec un air perplexe. Heu... Que mangeait-on le matin, en France ? Il se gratta un peu la nuque d'un air perplexe, en regardant les placards marrons, la cuisinière, le réfrigérateur, ouvrant un placard en voyant des conserves maisons faites par Solène, se doutant que ce ne devait pas être au menu du matin. Josuke n'ayant pas l'air plus au courant que lui, ils étaient bien avancés. Ils étaient en train de sortir quelques trucs en se demandant ce qu'il fallait faire lorsqu'ils entendirent un léger soupir derrière eux. Se retournant, il vit Jasper, encore en pyjama, décoiffé, ensommeillé, qui marmonna qu'il allait s'en occuper. Oh, c'était gentil, ça. Ils avaient l'air ridicules mais soit. Munemori s'écarta, les joues un peu plus rouges, en regardant ce qu'il prenait pour ne pas se tromper demain matin. Ce garçon lui faisait toujours de la peine, quand on savait pourquoi il était là. Il demanda si le sous-directeur allait mieux, en mettant du lait dans une casserole.

– Hum, un peu. Tu ne l'appelles pas par son prénom, maintenant, comme il est ton tuteur ?

– C'est mon prof aussi. C'est vous, le père de Genji ?

– Non, c'est Josuke.

Il savait ce qu'il devait penser, avoir envoyé Genji en France avec tout ce qui se passait n'apparaissait pas comme la meilleure idée au monde. Son air parlait pour lui, même s'il en disait rien. D'ailleurs, le silence s'épaississait peu à peu, Munemori avait vraiment l'impression que ce garçon se méfiait d'eux, à un point incroyable. Il préparait le petit-déjeuner en silence, sans un mot ni un regard, le regard dans le vague. Supportant mal ce genre de silence bien lourd et oppressant, Munemori chercha quelque chose à dire, ne serait-ce que pour meubler la conversation, bien qu'il ne sache pas de quoi parler à un adolescent qui ne leur faisait pas la moindre confiance et qui sortait d'une passe difficile. Il tâcha de lui sourire, lui demandant quel don il maniait, recevant en retour un laconique "le feu". Première tentative pour briser la glace avortée. Autre essai ? Il jeta un regard à son frère, puis sur le jeune homme, qui préparait il ne savait quoi, il avait mis de la farine et des jaunes d'œufs dans un saladier en bois. Que faisait-il, au juste ? Ambiance, ambiance.

– Heu, les cours se passent bien, pour toi ?

– Oui, merci.

Il ne l'aidait pas, là ! Munemori fit un petit geste désespéré vers son frère, ne sachant pas quoi dire pour briser la gêne qui s'était installée. Il avait plutôt l'habitude d'être entouré d'enfants assez vivaces et souriants, qui se cachaient après faits une bêtise ou qui couraient dans les jambes de leurs parents le soir en jouant, pas des adolescents aussi froids qu'un adulte blasé par la vie et qui répondait par monosyllabes. Ils étaient arrivés il y a très peu de temps et ne lui avaient donné aucune raison pour qu'ils se méfient d'eux comme ça.

– Est-ce que nous pouvons savoir pourquoi tu te méfies de nous à ce point-là ? Nous sommes seulement venus aider, nous ne vous voulons aucun mal.

– Me méfier car je vois un homme qui éjecte son fils ici, dans un pays en pleine guerre, ça me semble suffisant, comme raison.

Munemori grimaça, portant une main à son front. Ça, c'était fait... Il s'attendait à une réponse de ce genre, mais pas aussi directe, même si ça pouvait se comprendre. Et Genji n'était pas seul, ici, il était avec sa famille, son oncle, sa tante, il n'était pas isolé, loin de là. Depuis que Kimmitsu avait pu lui parler, il se sentait mieux, ce n'était pas à Jasper de juger si Josuke avait bien fait ou non d'envoyer son fils ici, cela avait été fait pour le bien du jeune garçon, pas pour se débarrasser de lui et encore moins pour lui faire du mal. Son frère avait croisé les bras, son expression dévoilant un certain agacement. Le jeune homme leur tournait toujours le dos, occupé à préparer son truc avec de la farine.

– As-tu seulement parlé à Genji de la vie qu'il menait au Japon pour porter de tels jugements ? Lorsque nous sommes arrivés, il est venu vers moi mais c'était bien la première fois qu'il le faisait depuis des mois. De plus, pourquoi en veux-tu à Munemori alors qu'il n'a rien fait ?

– Je n'en veux à personne, dans cette pièce, souffla-t-il d'un ton las. Et oui, on a un peu parlé. Tant mieux s'il s'est réconcilié avec vous, il pourra partir plus facilement quand tout recommencera.

"Quand tout recommencera", c'est à dire ? Ce qui était arrivé à Kimmitsu n'était pas déjà un "commencement", il y allait avoir pire ? Kimmitsu s'en était bien tiré, à part ces mésaventures, il était toujours là, tenait avec force, il pouvait protéger son neveu, Genji n'était pas idiot au point d'aller se fourrer dans les ennuis. Il ne fallait pas songer de suite au pire, après tout, il était mieux en France qu'ailleurs, plus en sécurité ici malgré ce qui se passait, il aurait fait une dépression, dans sa maison natale. Ce qu'il souligna doucement, croisant les bras lui aussi, en s'appuyant contre le mur. C'était dangereux mais il convenait de rester prudent, voilà tout. Leur neveu avait les capacités pour s'en sortir et bien grandir, il était soutenu par sa famille et s'il avait le même caractère que son oncle, cela l'aidera aussi. Il ajouta qu'il devrait être plus optimiste et confiant, au moins pour soutenir sa petite sœur, Laura. Le jeune homme serra la main sur la cuillère en bois, ses jointures devant blanches, mais il ne se retourna pas, ayant cessé tout mouvement. Il lâcha une petite expiration en se redressant, toujours en leur tournant le dos.

– Je la soutiendrai mieux si j'avais les moyens de l'emmener loin de la France. De l'aider si elle déprime, sans la faire partir seule.

Ce n'est pas toujours aussi simple, hélas, il arrivait des situations où une personne ne pouvait simplement plus rester en un endroit, il lui fallait voir autre chose, découvrir d'autres lieux. Josuke décroisa les bras en soupirant, son frère lui jetant un regard en biais pour voir s'il ne le prenait pas trop mal. Ils étaient sur un terrain glissant.

– Et comment aurais-tu réagi si elle refusait ton aide, que le simple fait de se retrouver dans la même pièce que toi envenime sans cesse les choses ? Si elle avait risqué sa vie au sens propre en fuguant ? Parfois, il n'y a pas d'autres choix.

Le jeune homme avait repris la préparation de son truc, avec plus de lenteur, visiblement très tendu. Il ne dit rien durant un moment puis lança d'une voix plus froide encore qu'il ne pouvait tout simplement pas comprendre les hommes qui agissaient ainsi, "pour le bien" de leurs enfants, que même si Josuke avait voulu aider son fils, le fait était qu'il se coupait de lui. Munemori secoua la tête, disant que ce n'était pas là le problème, Josuke ne se coupait pas de son fils puisqu'il continuait à le voir, lui écrire, lui téléphoner. Il était ici pour s'occuper de sa famille, dont lui-même faisait parti, maintenant, entre parenthèses, point qu'il appuya d'une voix un peu plus pincée, car il avait dû l'oublier. Le gamin tressaillit, signe qu'il avait vraiment oublié. Bravo. Munemori ignorait pourquoi il se comportait ainsi mais il avait clairement pas mal de sujets de préoccupation en tête, Genji n'était apparemment pas le seul à ne pas grandir en toute quiétude.

– Tu l'avais oublié ou je rêve ?

– Penser autrement que "je dois me débrouiller seul sans compter sur mes parents", c'est un concept nouveau. C'est déjà assez choquant que le sous-directeur ait accepté de nous prendre chez lui.

– "Choquant" ?

Choquant ! "Choquant", enfin ! Il trouvait ça choquant ! Mais pourquoi ?! Vu le tempérament de Kimmitsu, c'était plus que normal qu'il veuille aider des gamins dans ce genre de situation, d'autant plus si c'était sa chef qui lui parlait d'eux. Il n'avait même pas hésité plus de cinq minutes lorsqu'elle lui en avait parlé ! Il le rajouta, sans cacher sa stupéfaction, stupéfaction qui augmenta encore d'un cran lorsque le petit se tourna enfin vers eux, mains posées sur le plan de travail, bouche bée. Sérieusement, il hallucinait en apprenant cela ... ? Il devrait connaître le caractère de Kimmitsu s'il était un de ses enseignants, pourtant. Non ? Il se retourna à nouveau, mettant une main devant ses yeux puis soupira qu'il n'avait juste pas l'habitude qu'on se soucie de son avenir.

– La directrice avait l'air de s'en soucier, lorsqu'elle a parlé de toi et Laura à notre frère, marmonna-t-il. Tu devrais être content de retrouver une famille, pourtant.

– Je ne sais pas si le sous-directeur considère qu'on fait parti de la sienne mais ça m'étonnerait. Si on est là, c'est juste parce je ne voulais pas voir ma sœur s'éloigner... Sinon, je n'aurai jamais rien avoué, pour mon père.

Mais pourquoi ? Pourquoi n'avait-il jamais voulu parler alors s'en était rendu à ce point ? Munemori était perdu, perplexe, perturbé, ne comprenant définitivement pas ce qui se passait dans la tête de ce gamin. Il était évident qu'on se fasse du soucis pour les jeunes et leur avenir ! C'était normal, tout à fait naturel. Si Kimmitsu les avait pris chez lui, c'était pour leur redonner de la stabilité et de l'affectation, pas simplement jouer les gardes d'enfants. Il avait été élevé dans l'idée qu'une famille était la base de la société, elle était importante, plus que tout autre lien.

– Kimmitsu vous considère de la famille, je ne pense pas trop m'avancer en disant cela. Il n'a pas pris la décision sans réfléchir, s'il vous a accepté, c'est qu'il avait de bonnes raisons de le faire et qu'il acceptait vraiment de vous accueillir.

Voilà, c'était ça. Munemori allait en rajouter lorsque Laura arriva à son tour, très décoiffée et aussi en pyjama, filant vers son frère dès qu'elle le vit. Adorable, en un sens, elle était très attachée à lui. Ce qui était bizarre, en revanche, c'est que ces deux-là, physiquement, ne se ressemblaient pas du tout. Elle était assez mince, petite, les yeux marrons, d'un chocolat soutenu, les cheveux noirs et raides qui tombaient le long de son dos et le teint frais. Lui était plus musclé et costaud, les cheveux blonds un peu bouclés et les yeux clairs, pâle comme un cadavre.

– Ah, tu es là, je pensais... Tout va bien ?

– Mais oui, on était en train d'expliquer que vous faisiez vraiment parti de la famille, Kimmitsu ne joue pas les gardes d'enfants, il ne vous a pas pris juste comme ça chez lui.

La fillette brune lança un "Ah bon ?", de manière parfaitement spontanée, comme si cette idée n'aurait jamais pu lui effleurer l'esprit de sa vie toute entière. Soit... Ils n'étaient pas frère et sœur pour rien, on dirait. Il fit un signe pour dire que ce n'était pas grave, lorsqu'elle s'excusa, sous le choc. Jasper leur jeta un nouveau regard, semblant sur le point de dire quelque chose, puis secoua finalement la tête en reniflant un peu, repoussant les mèches blondes qui lui tombaient devant les yeux, continuant à cuisiner. Il avait des gestes plutôt secs, le teint pâle. Lui non plus n'était pas très bien, pas la peine d'être un grand devin pour s'en apercevoir. C'était encore à cause de son père et de sa famille, il y pensait à nouveau ? Ou il y avait encre autre chose ? Munemori ne savait pas trop comment s'y prendre avec les enfants de cet âge en proie à une passe délicate, ses propres enfants en étaient encore loin. La petite contourna son frère pour prendre des assiettes et des couverts, allant installer tout ce qu'il fallait sur la table, alors qu'un silence s'était imposé. Munemori échangea un regard avec son frère, le voyant un peu perdu, lui aussi, avec un peu de désespoir. C'est certain qu'ils n'étaient pas habitués à être confrontés à ce genre de mentalité, pour eux, qu'on adopte l'enfant qu'on accueille chez soi était une parfaite évidence.

– Et vous êtes d'accord ? lança tout à coup Jasper en se retournant.

– D'accord pour quoi ? De quoi parles-tu ?

– Qu'il... nous accepte comme ça.

– Il est adulte, tu sais, on ne va pas lui dire ce qu'il doit faire ou non.

Si Kimmitsu commençait à se soucier de qui sera d'accord ou non avec ce qu'il choisissait de faire de sa vie... Déjà, il aurait dû se marier plus tôt, songer il y a des années à faire des enfants, quitter la France, n'y avoir jamais mis les pieds, mener une vie plus "ordinaire", éviter de se servir de son don, et ainsi de suite. La petite était revenue, les regardant, se postant près de son frère, pendant que Munemori listait toujours tout ce que leur frère aurait dû faire s'il avait vraiment voulu que tout le monde soit d'accord avec son mode de vie. Il pourrait remonter loin, comme ça, jusqu'au jour où il avait commencé à s'ouvrir au monde qui l'entourait, enfin, plutôt jusqu'au jour où il s'était découvert son don et avait dû composer avec, sachant que leurs parents détestaient cela.

– Mais si nous sommes... de votre famille, votre avis compte aussi. Non ?

– On respecte ses choix et on a confiance en lui, donc s'il vous accepte, nous aussi.

De toute façon, leur frère réfléchissait avant d'agir. Et ce n'étaient pas à eux de lui imposer ses choix... Ils avaient bien vu comment ça s'était terminé la dernière fois que quelqu'un avait voulu le contraindre à suivre un mode de vie en particulier. Il fit un sourire rassurant à la petite, sourire qu'il perdit aussitôt en voyant que son frère pleurait doucement. Eh, qu'est-ce qu'ils avaient dit ?! Quelque chose de mal ? Ou qu'il ne fallait pas ? Munemori fit un pas en avant avec hésitation, cherchant ce qu'il avait pu dire qu'il n'aurait pas fallu, perdu, échangeant un regard avec son frère. Sa sœur lui retira ce qu'il avait dans les mains puis se fourra dans ses bras en essayant de le réconforter, réagissant très vite. Au même moment, Kimmitsu vint sur le seuil de la cuisine, sans son bandage mais en tenant une compresse contre son œil gauche, sentant le produit que le docteur leur avait donné la veille.

– Jasper, que t'as dit le colonel, exactement ?

Hein ? Munemori les regarda alternativement, l'un et l'autre, largué. De quoi parlait-il, au juste ? Et quel rapport avec le reste ? Laura était en train d'essuyer le visage de son frère avec la manche de son pyjama, dressée sur la pointe des pieds, geste qui fit fondre le jeune père en un seul instant. Han, cette fille était décidément un vrai petit cœur sur deux jambes. Jasper, lui, avait un peu secoua la tête, pâlissant encore si c'était possible. Kimmitsu se rapprocha, posant la compresse, lui aussi avec une sale mine, pour autant, Munemori ne parvenait pas à lui dire qu'il ferait mieux de retourner s'allonger. Il avait vraiment l'impression de voir un père avec ses enfants, cette fois, c'était le même genre de scènes que Josuke face à Genji, à la maison.

– Il m'a prouvé que je ressemblais vraiment à mon père, avoua-t-il dans un murmure. Et que... J'ai mis ma sœur en danger, souvent, que je devais changer...

Décidément, leur frère avait le chic pour réussir à faire parler les jeunes angoissés... Munemori croisa les bras, regardant tout le monde puis murmurant à Josuke que lui aussi voudrait bien avoir un don pour faire parler les enfants quand ils ne vont pas bien. C'était très pratique, d'autant plus qu'il lui avait suffit d'une phrase, une seule, le Japonais était hautement jaloux. Son frère eut juste un petit sourire en levant les yeux au ciel, sans rien dire toutefois.

– Vous étiez tous les deux des crétins immatures, l'année dernière. Le nombre de fois où on vous a récupéré en petits morceaux... Et vos histoires d'accident et d'escalier, ça ne trompait personne.

"D'escalier" ? Hein ? Les deux rougirent juste après cette phrase, très fort, la petite enfouissant même son visage contre son frère en se blottissant contre lui. Kimmitsu avait levé les yeux au ciel, lui aussi, reprenant sa compresse en la passant sur son œil, fixant les enfants. Oui, finalement, il était bien prêt à devenir père, il avait un sacré entraînement grâce à son poste dans l'école.

– Et vous pensez que je fais juste garde d'enfants... Si c'était le cas, Laura, je ne me serai pas embêté après que tu sois tombée dans le lac.

Munemori eut un faible sourire, sursautant ensuite lorsqu'il entendit la porte d'entrée claquer. Juste après, la voix de Solène résonna un peu plus loin, lançant avec joie "Tu es debout ! Comment ça va ?", fonçant ensuite comme une tornade blonde vers Kimmitsu, lui prenant la tête entre les mains et l'embrassant à pleine bouche devant tout le monde sans la moindre gêne, dressée sur la pointe des pieds, sa robe soulignait très bien son ventre gonflé par la grossesse. Munemori détourna très soigneusement le regard, debout près de son frère, gêné tant les hormones de Solène semblaient fuser autour d'elle en ondes fortes clamant "J'ai envie de toi, là, tout de suite, sur la table". Dès qu'elle eut fini de l'embrasser, elle vint sur Laura pour la serrer contre elle avec un grand sourire, visiblement très enjouée maintenant qu'elle avait vu son mari debout. Elle était très... Heu... Fidèle à elle-même, allons-nous dire, Munemori n'en revenait toujours pas.

– Bien dormi, ma petite puce ?

Laura hocha la tête, sonnée, les joues encore rouges. Solène, elle, s'était déjà redressée, mouillant un mouchoir puis s'appliquant à le passer sur le visage de Jasper, après avoir claironné qu'il ne fallait pas pleurer, enfin, il était avec toute sa famille. Le jeune homme aussi avait l'air sonné.

– Ah, au fait, si on entend de l'orage aujourd'hui, c'est normal, un de mes grands frères vient d'arriver au village, je l'ai croisé toute à l'heure, il veut convaincre Gabriella de se ranger car, je cite "C'est indigne, c'est une femme et elle est de la Noblesse". Il va se faire renvoyer balader vite fait.

Oui... Et ça ne la gênait pas plus que ça que sa sœur renvoie balader un de ses frères ? L'orage résonna tout à coup, faisant sursauter presque tout le monde, sauf Solène qui eut un grand sourire en se mettant à recoiffer Jasper et Laura avec un petit peigne qu'elle sortit de sa poche, chantonnant qu'elle l'avait pourtant prévenu que ce n'était pas le moment de déranger Gabriella. Ils ne pouvaient entendre les cris de colère et les insultes mais ça devait valser, sans aucun doute.

– Il était prévenu, tant pis. Oh, tu fais des crêpes, Jasper ? Bonne idée ! J'ai ramené aussi des mûres.

Plus naturelle que ça... Le coup d'orage avait dû réveiller Genji car ils entendirent un peu de bruit, venant de sa chambre, avant qu'il n'arrive en pyjama. D'accord, cette journée était un peu bizarre, tout de même. Solène s'était à nouveau blottie dans les bras de son mari, l'entourant de ses bras pour l'embrasser, donnant de nouveau à tout le monde le sentiment qu'elle mourait d'envie de filer dans leur chambre avec lui pour un long moment en tête à tête. Ils étaient à peine installés à table, Genji très peu réveillé et marchant au ralenti, que Solène fit asseoir Kimmitsu puis vint mettre les mains sur les épaules de Josuke, se penchant de façon vertigineuse, sous le regard parfaitement éberlué de Munemori.

– Tu peux être le parrain de nos enfants ?

Le parrain ? Et elle le tutoyait, comme ça ? Il en resta bouche bée, la couvant du regard, essayant de comprendre par quel cheminement de pensées elle en était passée pour en arriver là. Soit elle avait eu extrêmement peur et parvenait à tout réaliser, soit on lui avait mis des champignons hallucinogènes dans son café, ce matin. Son frère hocha la tête avec un air sonné à son tour, marmonnant un "Bien sûr" en les regardant tous les deux.

– Gaby a demandé "Pourquoi moi ?" quand je lui ai dit que je voulais qu'elle soit la marraine, mais bon, c'est normal. Merci !

Munemori retint de justesse un brusque éclat de rire lorsqu'elle l'embrassa sur la joue, plaquant une main sur sa bouche. Il se leva pour aller l'aider en cuisine, regardant la fameuse crème blanc cassé et la façon dont on s'en servait pour faire des crêpes. Leur belle-sœur était très vive, lorsqu'elle était de bonne humeur, en tout cas. Revenant pour porter les crêpes au milieu de la table, il jeta un regard compatissant à son frère, pendant que Solène cuisait le reste.

– Félicitations, tu vas être parrain, lui glissa-t-il avec un sourire en se rasseyant à côté de lui. Heureusement que nos femmes ne sont pas aussi vives... T'as dit oui pour lui faire plaisir ou parce que t'en avais envie ?
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Josuke Nakajima
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Josuke Nakajima
MessageSujet: Re: Un dimanche plus ou moins paisible   Un dimanche plus ou moins paisible EmptyJeu 31 Déc - 12:38

Jasper – Et vous êtes d'accord ? lança tout à coup Jasper en se retournant.

Munemori – D’accord pour quoi ? De quoi parles-tu ?

Jasper – Qu’il… nous accepte comme ça.

Munemori – Il est adulte, tu sais, on ne va pas lui dire ce qu'il doit faire ou non.

Josuke hocha la tête, entièrement d’accord avec son frère. Ils n’avaient pas à décider de ce qui était bien ou non pour Kimmitsu, lui et lui seul pouvait le savoir. Il apprenait de ses erreurs et avait réussi à se construire une vie, non sans problème, il est vrai, mais il se débrouillait relativement bien en France. Sans ce… Docteur Rochard. En repensant à ce type, Josuke eut comme une envie de vomir qu’il réprima, serrant un peu les poings alors que la petite sœur de Jasper venait de revenir dans la cuisine, se mettant à côté de lui. Oui ? Quelque chose à dire, à demander ? Si elle-même semblait moins méfiante que son frère, plus disposée à parler, il se méfiait tout de même de ses questions vu leur passé récent. Ils ne pouvaient pas tout gérer ! Et la mentalité française, et des enfants au passé difficile ! Il n’y était déjà pas arrivé avec Genji, alors avec des enfants qu’il ne connaissait pas…

Laura – Mais si nous sommes... de votre famille, votre avis compte aussi. Non ?

Josuke – On respecte ses choix et on a confiance en lui, donc s'il vous accepte, nous aussi.

Et ils n’avaient rien à dire là-dessus, son frère s’était séparé de leur famille depuis bien des années… Il avait l’impression que seuls eux trois étaient encore liés, même si quelque chose s’était brisé, même si Kimmitsu avait fortement changé en l’espace d’une année. Il essayait d’apprendre, de comprendre, de cerner la nouvelle personnalité de son petit frère, de ne pas faire d’erreurs comme Munemori – plus jeune, donc excusable – pour soutenir au mieux Kimmitsu dans son entreprise. Il voulait rester en France, aider Gabriella, soutenir les enfants… Très bien. Parfait. Alors, lui aussi l’aiderait et était prêt à faire le voyage autant de fois qu’il le fallait pour l’aider. Il lui avait fait le serment d’être toujours là pour lui, le jour où ils avaient pêché après que leur frère a parlé à leur père, il comptait bien respecter sa parole.

Josuke fut sorti de ses pensées en voyant le jeune Jasper commencer à pleurer, doucement, ne faisant plus aucun mouvement. Eh ! Que s’était-il passé ? Il fit un pas hésitant vers lui, par réflexe, en même temps que Munemori mais Laura avait réagi bien plus vite qu’eux en lui prenant tout ce qu’il avait en main pour le déposer sur le plan de travail et s’était blottie dans ses bras. Que… Que se passait-il ? Ils avaient dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? Josuke avait loupé un épisode ? Il lança un regard à Munemori qui semblait, lui aussi, complètement perdu. Que devaient-ils faire ? Ils n’en savaient rien, eux ! Comment réconforter quelqu’un qui se méfie de vous ? Au même moment, comme si Kimmitsu avait entendu tout cela, il arriva sur le seuil de la cuisine, une compresse posée sur son œil.

Kimmitsu – Jasper, que t'as dit le colonel, exactement ?

Hein ? Quel était le rapport avec la situation ? Perdu, Josuke regarda Jasper puis Kimmitsu, cherchant à comprendre, son regard s’arrêtant sur la petite Laura qui était en train d’essuyer les yeux de son frère. Ooh… Bon, heu, non, ne pas fondre, comprendre. Le blondinet pâlit encore plus après avoir secoué la tête, faisant grimacer Josuke. Il n’allait jamais parler… Pas si ce sujet le dérangeait tant, c’était impossible. Peut-être devaient-ils sortir, les laisser parler entre eux ? C’était possible, ça aussi, pour ne pas déranger. Si Jasper ne supportait pas Josuke, peut-être même était-ce préférable… Mais Kimmitsu se rapprocha, suspendant toute volonté de son frère qui s’apprêtait à le lui demander. Il posa la compresse, toujours sans rien dire, étant beaucoup plus près des deux enfants. A sa place, même lui aurait parlé… Il dégageait une certaine autorité, quelque chose de différent, qu’il ne possédait pas avant. Sans doute était-ce dû à son métier… En tout cas, il était impressionnant.

Jasper – Il m'a prouvé que je ressemblais vraiment à mon père, avoua-t-il dans un murmure. Et que... J'ai mis ma sœur en danger, souvent, que je devais changer...

Il… Il avait parlé ? Comme ça ? Sans résister… Wow. C’était tout ce que Josuke trouvait à dire en cet instant précis, son frère était vraiment impressionnant et il se débrouillait très bien avec les jeunes, rien à dire là-dessus. S’il avait eu peur pour son état de santé, sa fatigue, tout ce qu’engendrait la garde de trois enfants sous son toit alors qu’il n’en avait aucun, Josuke était à présent rassuré. Oui, Kimmitsu avait bien fait de prendre ces deux enfants. Aurait-il vraiment pu refuser… ? D’après ce que le chef de famille avait compris, ils n’avaient plus de famille, étaient livrés à eux-mêmes et apparemment traumatisés par il-ne-savait-quoi. Refuser aurait été un coup de plus, pour eux, Josuke n’était pas sûr qu’ils réussissent à garder la tête hors de l’eau… A cet âge-là, on a besoin de repères, de modèles, de cadre, d’une base pour grandir et non pas d’être livré à soi-même comme cela. Munemori lui murmura alors que, lui aussi, il voudrait avoir un don pour faire parler les enfants quand ils ne vont pas bien. Remarque qui lui arracha un petit sourire, lui faisant lever les yeux au ciel sans répondre, toutefois. Il n’avait pas envie de prendre le risque d’interrompre leur frère et les enfants.

Kimmitsu – Vous étiez tous les deux des crétins immatures, l'année dernière. Le nombre de fois où on vous a récupéré en petits morceaux... Et vos histoires d'accident et d'escalier, ça ne trompait personne.

« Vos histoires d’accident et d’escalier »… ? Hein, que voulait-il dire par là ? Josuke fronça les sourcils, perdu, alors que les deux enfants rougissaient, la petite enfouissant sa tête contre le torse de son frère. Kimmitsu leva les yeux au ciel, reprenant sa compresse pour la passer sur son œil en fixant les enfants. D’accord, il était perdu et ne comprenait rien, absolument rien, si ce n’est que Jasper et Laura avaient fait des erreurs l’année précédente et qu’ils n’en parlaient pas. Sinon, pourquoi Kimmitsu réagirait-il ainsi ? Les sermonner devant eux… Ils ne comprenaient peut-être rien mais voyaient bien que les deux enfants étaient mal à l’aise.

Kimmitsu – Et vous pensez que je fais juste garde d'enfants... Si c'était le cas, Laura, je ne me serai pas embêté après que tu sois tombée dans le lac.

Parce qu’elle était tombée dans le lac, en plus… ? Booon, il voyait un peu le genre d’enfants qu’étaient Jasper et Laura. Il devait supposer que ce n’était pas une simple chute, évidemment ? Josuke sursauta d’un coup, en même temps que Munemori, entendant la porte d’entrée claquer et la voix de Solène s’enthousiasmer parce que son mari était debout. Elle lui prit la tête entre les mains… puis l’embrassa à pleine bouche, sans la moindre gêne, leur faisant détourner la tête. Désolé mais c’était un peu trop expressif, il n’avait pas l’habitude, voilà tout, même avec Solène. Sa robe prouvait qu’elle attendait des jumeaux, à n’en pas douter, sinon son ventre ne serait pas aussi imposant après si peu de temps.

Dès qu’elle eut fini ses « retrouvailles » avec Kimmitsu, la future mère se tourna vers la petite Laura pour la serrer contre elle, souriante comme jamais. Elle enchaîna avec un « Bien dormi, ma petite puce ? » alors que la « petite puce » en question avait visiblement du mal à se remettre du léger sermon de son tuteur, puis elle s’occupa de Jasper. Ouhlà. Heu. D’accord. La vitesse inférieure, c’était possible ? Son comportement contrastait tellement avec la scène qui s’était déroulée ici quelques secondes plus tôt que Josuke en eut le tournis, s’appuyant contre le meuble le plus proche. Solène disait à Jasper qu’il ne fallait pas pleurer, qu’il était avec toute sa famille. Oui, enfin, ce point-là, il semblait l’avoir complètement oublié jusqu’à ce que Munemori le lui rappelle… Comme si ce n’était pas évident ! Il était… Bref, ne rien dire, ne pas relever, considérer que c’était normal.

Solène – Ah, au fait, si on entend de l'orage aujourd'hui, c'est normal, un de mes grands frères vient d'arriver au village, je l'ai croisé toute à l'heure, il veut convaincre Gabriella de se ranger car, je cite "C'est indigne, c'est une femme et elle est de la Noblesse". Il va se faire renvoyer balader vite fait.

Heu… D’accord. Josuke ne préféra pas demander de précision sur l’état de leur famille, encore moins sur les liens qu’elles avaient toutes les deux avec leur frère. C’était une coutume, d’avoir des problèmes avec sa famille, dans ce pays ? Ou alors Kimmitsu connaissait-il seulement des personnes qui en avaient, ce qui donnait l’impression que tout le monde était comme ça ? Jusqu’à présent, Josuke avait l’impression que les problèmes de famille étaient courants alors qu’ils n’avaient vu que les proches de Kimmitsu, un vieux prêtre et une petite fille décédée. Décédée… Pâlissant un peu à ce souvenir, le chef de famille sursauta en même temps que tout le monde lorsqu’un orage violent retentit dans le ciel, très près, trop près d’eux, lui faisant tourner la tête. Solène, elle, était occupée à chantonner qu’elle l’avait prévenu, que ce n’était pas le moment de déranger Gabriella. D’a… D’accord, compris. Sinon, heu… C’était comme ça tous les matins ?

Solène – Il était prévenu, tant pis. Oh, tu fais des crêpes, Jasper ? Bonne idée ! J'ai ramené aussi des mûres.

Ne pas être déstabilisé. Ne pas s’étonner. Ne pas être perdu. C’était absolument normal. Après tout, c’était Solène, elle était vivace, heureuse, contente. Tant mieux, non ? Si elle pouvait l’être un tout petit peu moins, ça l’arrangerait, mais soit. Ils avaient l’habitude de prendre leur temps, le matin, eux ! Pas de se dépêcher comme… ça. Et le pire était qu’elle ne se dépêchait même pas, elle était naturelle et semblait avoir bu une dizaine de café ce matin sans en subir les conséquences, sans paraître pressée une seule seconde. Ils entendirent alors du bruit venant de la chambre de Genji, puis la tête ensommeillée de son fils fit son apparition dans la cuisine. Oh, en voilà un qui avait été tiré du lit plutôt violemment. Attendri, Josuke couva son fils du regard alors que Solène avait à nouveau filé dans les bras de son époux en leur faisant bieeen comprendre ce qu’elle ressentait sans le moindre problème. Les joues un peu plus rouges, il détourna le regard puis alla s’installer à table avec les autres, soufflant un peu. Pauvre Genji, lui non plus, ne devait rien comprendre… Mais ce n’était pas fini. A peine Solène eut-elle fait asseoir Kimmitsu que Josuke sentit deux mains se poser sur ses épaules, par derrière. Solène. Heu… Oui ?

Solène – Tu peux être le parrain de nos enfants ?

Qu… Parrain ? Quoi ? « Tu » ? Qu… Hein ? Josuke ouvrit la bouche sans rien dire, complètement sonné, cherchant les mots. Elle avait toujours ses mains posées sur ses épaules et, Solène occupée, tout semblait bien plus calme à côté. Heu… Il finit par hocher la tête, sans savoir ce qu’il pouvait répondre d’autre, marmonnant un « Bien sûr » en tâchant de se reprendre un peu sans cesser de les regarder, Kimmitsu et elle.

Solène – Gaby a demandé "Pourquoi moi ?" quand je lui ai dit que je voulais qu'elle soit la marraine, mais bon, c'est normal. Merci !

Josuke ne put retenir un sursaut, écarquillant les yeux lorsque sa belle-sœur l’embrassa sur la joue, le laissant complètement choqué l’instant d’après. Heu… Bon. Voilà. Ca, c’était fait. Il lança un regard à Kimmitsu, aux enfants, à Genji, avant de fixer son assiette, complètement sonné. Elle était vraiment comme ça tous les matins… ? Mon Dieu. Munemori revint de la cuisine quelques instants plus tard avec les fameuses crêpes que Jasper avait commencé à préparer, lui lançant un regard compatissant. Aucun commentaire. Même pas un sourire ! Il devait bien s’amuser, lui… Qu’il en s’avise pas de dire quoi que ce soit ! Interdit !

Munemori – Félicitations, tu vas être parrain, lui glissa-t-il avec un sourire en se rasseyant à côté de lui. Heureusement que nos femmes ne sont pas aussi vives... T'as dit oui pour lui faire plaisir ou parce que t'en avais envie ?

Josuke – Heu, je… Les deux ? Je sais pas. Elle est trop vive pour moi.

Josuke s’absorba dans les « crêpes », pâte ronde et un peu dorée, puis tout ce qui était à côté. Heu… Ils devaient manger ça comment ? Comme ça, tout seul ? Evitant le regard de Munemori, il patienta jusqu’à ce que Solène revienne avec le restant des crêpes, se souhaitant tous bon appétit tandis que lui contemplait son assiette et « la crêpe » sans rien faire lorsqu’ils les servirent. Heu… Bon, heu… Et comment ils devaient manger ça ? Josuke échangea un regard avec Munemori, qui semblait tout aussi perdu que lui, alors que les autres demandaient des ingrédients divers. Bon… Pas le choix. Il tapota un peu le bras de Kimmitsu, très discrètement, gêné, ne comprenant définitivement pas comment ils devaient manger cette chose.

Josuke – Comment est-ce que… On mange ça comment ?
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Kimmitsu Nakajima
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MessageSujet: Re: Un dimanche plus ou moins paisible   Un dimanche plus ou moins paisible EmptyMer 13 Jan - 18:52

– Et vous pensez que je fais juste garde d'enfants... Si c'était le cas, Laura, je ne me serai pas embêté après que tu sois tombée dans le lac.

Simplement garde d'enfant, bien sûr ! Kimmitsu retint un très long soupir, ne pouvant vraiment dire qu'il était étonné. près tout, compte tenu de ce q'ils avaient vécu tous les deux, il ne pouvait pas leur en vouloir. C'était en sus une question de culture, ni l'un ni l'autre n'étaient habitués à ça. La porte d'entrée claqua tout à coup, alors qu'il s'appuyait contre le mur pour tenir debout, la voix de Solène résonnant dans la maison, joyeuse et dynamique, enchantée de le voir debout. Elle se précipita aussitôt sur lui et il eut tout juste le temps de lui ouvrir les bras avant qu'elle ne lui sauta dessus pour l'embrasser à pleine bouche, lui coupant le souffle. Le mur lui fut d'un coup une aide précieuse pour ne pas tomber à la renverse, ses joues virant au cramoisie. Elle l'embrassait devant tout le monde, là ! Elle... Bon, c'était normal, tant mieux si elle s'inquiétait un peu moins. Il ferma les yeux en la tenant par la taille, se raccrochant au mur lorsqu'elle se détacha de lui pour aller s'occuper des deux enfants. Au moins, elle était un peu soulagée en le voyant debout. Dans quelques temps, tout ira mieux, il devait juste se reposer un peu. Quelques jours, une semaine peut-être. Ses frères s'étaient déplacés pour rien, il était embêté qu'ils soient venus juste pour ça, en urgence, ça ne valait pas la peine, les histoires de ce genre arrivaient plutôt fréquemment. Il sourit en la regardant se pencher sur Laura, aussi attentive et maternelle qu'à son habitude. Elle lui faisait du bien, il l'avouait volontiers, cette femme avait le don de l'apaiser.

Pendant qu'elle s'occupait de Jasper et lui affirmait qu'il ne devait pas pleurer alors qu'il était entouré de sa famille, Kimmitsu se laissa un peu aller contre le mur en se frottant les yeux, retenant un très long soupir. Si es deux enfants venaient à peine de réaliser ça, il leur faudra encore n peu de temps avant que ça ne devienne une réalité à leurs yeux. Bizarrement, Josuke et Munemori semblaient tous les deux assez troublés, déstabilisés. Que leur arrivaient-ils ? Le professeur avait manqué encore autre chose ? Ils s'étaient peut-être un peu disputés avec Jasper, avant qu'il n'arrive, le garçon était à fleur de peau, en ce moment, il ne fallait pas grand-chose pour l'agacer. Reprenant la compresse, le sous-directeur la passa sur ses yeux, épuisé, se demandant s'il ne ferait pas mieux de se recoucher tout de suite. Son corps entier était perclus de courbatures, une immense fatigue physique l'habitait, en plus de la baisse de moral. Épuisement, oui, c'était le mot qui correspondait, il n'aspirait qu'à se reposer un peu tranquillement. Jamais il ne s'était senti si épuisé de toute sa vie, il avait l'impression de suivre son existence en simple spectateur, passif, sans pouvoir réagir comme il le fallait aux événements.

– Ah, au fait, si on entend de l'orage aujourd'hui, c'est normal, un de mes grands frères vient d'arriver au village, je l'ai croisé toute à l'heure, il veut convaincre Gabriella de se ranger car, je cite "C'est indigne, c'est une femme et elle est de la Noblesse". Il va se faire renvoyer balader vite fait.

Encore ? Le même que la dernière fois, celui qui avait failli rentrer avec un trou au milieu du corps après avoir essayé de frapper sa sœur, sous le coup de la colère ? Tendant l'oreille, Kimmitsu n'eut pas à attendre longtemps, restant parfaitement impassible lorsque l'orage éclata, contrairement à Josuke qui avait fait un nouveau bond. Il était habitué, en plus d'être trop fatigué pour réagir. Ce qui ne l'empêcha de se mordiller les lèvres avec une certaine angoisse. Il avait l'impression que le pouvoir de la directrice lui échappait un peu plus... facilement, ces derniers temps. Elle aussi était à cran, au bord de l'effondrement physiques et moral, les orages de cet été avaient très gravement influencé son état de santé, même si elle n'en était pas morte, elle était très loin d'être rétablie. Il hésita à en faire la remarque puis se tut finalement en voyant l'air joyeux de Solène. Il ignorait si Gabriella comptait en parler, à sa sœur ou un autre, ce n'était pas à lui de lancer le sujet sans son accord, même si elle était officiellement devenue sa belle-sœur.

– Il était prévenu, tant pis. Oh, tu fais des crêpes, Jasper ? Bonne idée ! J'ai ramené aussi des mûres.

Toujours aussi naturelle. Il sourit faiblement en la regardant, au moment où Genji arrivait à son tour, tiré du lit par l'orage. Il n'était toujours pas du matin, visiblement. Solène revint se blottir dans les bras en l'embrassant, le tenant plus qu'il ne la serrait contre lui. Désolé, il était encore un peu trop... Trop... Pas encore bien remis. Elle le poussa à s'asseoir sur une des chaises, à la table de la salle à manger, toujours souriante. Kimmitsu fit un effort pour se réveiller un peu, se frottant les yeux en baissant la tête sur son assiette. D'ailleurs, qui allait pouvoir s'occuper de l'école, cette semaine ? La directrice sera très occupée, lui-même ne pouvait plus assurer ses cours ni la gestion administrative pour quelques jours, il faudrait charger une personne de s'occuper de ce qui était urgent, l'essentiel de la semaine, le temps qu'ils puissent s'y remettre. Même si l'ancien directeur pouvait aider, il ne pouvait se charger de tout seul, d'autant plus en prenant en charge les classes de Gabriella. Céleste n'était pas encore assez à l'aise pour se charger des lycéens, du moins, des deux dernières années. Il réfléchit à ça en regardant Solène saisir son beau-frère par les épaules et se pencher sur lui de façon vertigineuse, ses longs cheveux blonds tombant en cascades dorés autour de son visage.

– Tu peux être le parrain de nos enfants ?

Tiens, elle le tutoyait, maintenant ? Elle devait vraiment être d'excellente humeur. Il resta silencieux, d'une manière quasiment parfaite, respirant si doucement qu'on pourrait croire qu'il avait cessé. Son frère hocha la tête en confirmant, donnant son accord d'une voix qui lui parut hésitante, assez réservée. Il n'était pas obligé d'accepter s'il ne voulait pas, même pour faire plaisir à Solène. Elle n'allait pas se vexer ni se fâcher, ce n'était pas son genre. Si Josuke n'acceptait que par peur de la blesser...

– Gaby a demandé "Pourquoi moi ?" quand je lui ai dit que je voulais qu'elle soit la marraine, mais bon, c'est normal. Merci !

Elle l'embrassa très vitesse sur la joue avant de repartir en cuisine avec Munemori. Un petit silence s'installa, qu'il occupa en essayant de ne pas s'endormir sur-place, afin de ne pas inquiéter Solène. Elle lui avait dit qu'elle avait d travail à rattraper, aujourd'hui, elle en avait pris à cause de lui, finalement. A s'inquiéter car il avait disparu, plus la journée de la veille. Munemori revint s'asseoir avec eux avec un regard amusé, qui arracha un haussement de sourcils à son frère. Quelqu'un avait sorti quelque chose de drôle , Il n'avait même pas entendu.

– Félicitations, tu vas être parrain, lui glissa-t-il avec un sourire en se rasseyant à côté de lui. Heureusement que nos femmes ne sont pas aussi vives... T'as dit oui pour lui faire plaisir ou parce que t'en avais envie ?

– Heu, je… Les deux ? Je sais pas. Elle est trop vive pour moi.

Ah, donc il en avait vraiment envie, un peu ? Dans le pire des cas, il sera toujours temps de changer avant la naissance des enfants, ce n'était pas un très gros problème. Solène revint avec le reste des crêpes et des ingrédients, s'asseyant en souhaitant bon appétit à tout le monde. Les trois adolescents discutaient entre eux, maintenant, sans doute des cours, de cette première semaine de rentrée, de leurs projets et il ne savait quoi encore. Mangeant un peu, il passa le sucre à Jasper, avec un léger sourire attendri. Au moins, il avait un peu parlé, cela devrait lui enlever un poids de l'estomac. Tous les trois devraient sortir, aujourd'hui, il sera toujours temps de parler un peu plus tard. Qu'ils profitent du soleil et du calme de ce village, on était dimanche. Son grand frère lui tapota tout à coup le bras, semblant gêné. Que se passait-il, cette fois ?

– Comment est-ce que… On mange ça comment ?

– Tu mets d'abord du sucre ou de la confiture dedans, sauf si tu préfères nature, murmura-t-il en lui montrant. Puis tu replies comme ça et tu coupes pour... Une minute, tu sais te servir d'une fourchette ?

Au vu de la tête que tirait Munemori, il semblait bien que non. Josuke était dans le même cas, son air parlait pour lui. Leur frère ferma les yeux quelques secondes puis entreprit de leur montrer comment on s'en servait, profitant de l'attention détournée des enfants. Genji aussi avait eu un peu de mal mais il s'y était vite mis. Après cela, ils purent enfin manger, Solène meublant une grande partie de la conversation. Elle le repoussa par l'épaule lorsqu'il voulut se lever pour débarrasser la table, lançant aux trois enfants de sortir et profiter du soleil, en leur précisant bien de faire attention s'ils approchaient du lac, surtout Jasper, et de ne pas approcher la caserne s'ils allaient se balader dans le village. Kimmitsu s'appuya sur ses coudes, sur la table, se frottant les yeux. C'était ridicule mais il avait presque peur de retourner se coucher, de crainte d'être assailli par les mêmes cauchemars, une fois endormi. Il ne voulait pas revivre une nouvelle fois ce qui s'était passé vendredi, n'en ayant pas la force. Une larme roula sur sa joue alors que les enfants venaient juste de quitter la maison. Il eut un frémissement, pinçant les lèvres, tête baissée et appuyée contre ses mains. Plus le courage de regarder ses frères ni quoi que ce soit, c'était trop.

– On est bien d'accord sur le fait que tu ne vas pas travailler demain, n'est-ce pas ? lança sa femme en venant debout près de lui, le prenant contre elle.

– Non, c'est bon, souffla-t-il.

– T'es plus raisonnable que ma sœur, alors, sourit-elle. Quand je pense qu'elle s'était relevée après avoir été poignardée..

Pour Gabriella, c'était encore différent, son caractère était très particulier. Munemori demanda tout à coup d'une voix un peu plus blanche quand cela était arrivé, Solène répondant très naturellement que cela datait de cette année, sa sœur était enceinte de quelques mois. Oui, bon, inutile de leur raconter ça, ils allaient être choqués. Son frère eut un hoquet, pâlissant encore plus, la bouche entrouverte. Et voilà, c'était prévisible, c'était exactement pour ça que Kimmitsu avait soigneusement évité le sujet à la maison, même s'il avait bien dû prévenir son frère que Gabriella portait des cicatrices assez nombreuses, afin d'éviter certaines gaffes. Elle était un peu sensible sur ce sujet. Kimmitsu ferma les yeux une minute, avec un léger soupir, brisé par la fatigue, s'appuyant contre Solène qui restait près de lui.

– Elle a été poignardée enceinte et elle s'est relevée directement ?

– On a dû l'en empêcher, glissa-t-il en rouvrant les yeux. C'est de là que viennent ces cicatrices, je vous avais prévenu, cet été.

Il ne s'étonnait même plus, aujourd'hui, c'était Gabriella, on ne la changera pas. Solène l'aida à s'asseoir dans le canapé puis dû aller continuer son travail, s'excusant cent fois avant de partir. Kimmitsu se laissa aller contre le dossier, inspirant profondément en essayant de se détendre, se demandant brusquement ce que leur père aurait pensé de toute cette histoire s'il était encore de ce monde. Sans doute n'aurait-il eu que du dégoût et du mépris, refusé de savoir ce qui s'était produit ou affirmer que c'était une bonne chose, en rejetant aussi son petit-fils dans la foulée. Oui, les choses se seraient sûrement déroulés de cette façon, il aurait aussi détesté Solène, trop jeune, trop pâle, trop Française. Étrangère. Au fond, Kimmitsu pensait, comme mère, que son départ avait d'accélérer les choses pour son père, comme un dernier coup qui aurait eu raison de lui. Mère lui avait déjà avoué qu'elle le tenait en partie pour responsable. D'ailleurs, il n'avait pu revenir pour l'enterrement, elle le lui avait interdit, à l'époque. Kimmitsu ignorait si ses frères étaient au courant de ça.

– Tu vis à Gray depuis longtemps ? demanda tout à coup Munemori en venant s'asseoir sur un fauteuil. Où étais-tu avant ?

– Ça va faire trois ans, ou un peu plus, je ne sais plus, dit-il d'un ton pensif. J'ai pas mal bougé, en vingt-deux ans.

Plus il y songeait, et moins il croyait que leur mère avait parlé de ce léger détail, histoire de ne pas provoquer encore plus de conflits dans la famille. Que devenait Eisen ? Himako, elle, allait mieux depuis son mariage et son départ de la maison familiale. Genji commençait à aller mieux. Mais Eisen ? Il était obligé de rester, surtout maintenant qu'il était marié et venait d'avoir un enfant. Encore bien jeune, il était déjà contraint.

– Eisen va bien ?

– Bien sûr, il vient d'avoir un enfant !

Il ne parlait pas de ça. Comment se débrouillait-il avec son élément ? Il trouvait des moments pour s'entraîner, s'en servir, le développer ? Comment sa femme considérait-elle ce genre de pouvoirs ? Comment vivait-il, en devant se cantonner à une vie bien droite et réglée au millimètre près ? Le sous-directeur ne pouvait même pas demander cela à ses frères, s'ils n'avaient pas compris pour lui,pas compris pour Genji, ni Himako, ils n'auront pas compris non plus Eisen. Il préféra ne pas relever, fatigué d'avance à l'idée de devoir tout expliquer. C'était trop flou, indescriptible, il fallait le vivre pour le comprendre. Redressant la tête, il vit son frère avec un air perplexe, qui s'éclaira tout un coup. Il se racla la gorge, rougissant un peu, puis déclara qu'ils avaient rencontré le père Vilette, vendredi soir. Ah, ils l'avaient croisé au village ? Kimmitsu lui posa la question en se redressant un peu, se frottant la tempe.

– Heu, non... On... On a vu Emilie, en fait.

Ils avaient vu... La petite... La gorge de Kimmitsu s'assécha d'un bloc alors qu'il fixait son frère, la bouche entrouverte, oscillant être plusieurs émotions. A quoi bon aller au cimetière ?! Qu'ils la laissent en paix, cette petite, à présent... Si elle ne pouvait accéder à la paix éternelle, que chacun ait au moins la décence de la laisser tranquille.

– Tu penses qu'Eisen pourrait avoir envie de quitter la maison, lui aussi ? reprit doucement Munemori.

– Je n'en sais rien, soupira-t-il. Il n'a pas eu la même éducation que nous.

Eisen avait... cinq ou six ans lorsque son père était mort, il devait à peine se souvenir de lui. Il n'avait pas eu à devoir supporter l'homme qui était devenu un tyran obsédé par le contrôle, au détriment du bien de sa famille, effrayé par les dons, honnissant les étrangers, refusant qu'un de ses enfants ne lui obéissent pas, ce qui blessait sa fierté. Eisen avait découvert son don après la mort de son père, ce qui était bien préférable pour lui. Aucune insulte, aucun mépris, aucune déception, aucun rejet surtout. Il pouvait encore se sentir chez lui, sur le domaine familial, comme n'importe lequel de ses frères et sœurs. Himako n'y avait guère échappé, pas plus que Genji. Il eut un sourire amer, réalisant que les vrais ennuis, chez Genji, avaient débuté quand son don avait débuté son évolution. Le parfait âge critique et il avait dû traverser cela seul.

– Et vous allez faire quoi, s'il veut partir ? reprit-il d'un ton amer, les bras croisés, le regard fixé au-dehors, vers la fenêtre.

Josuke répondit qu'ils allaient le laisser faire, d'un ton d'abord hésitant puis plus confiant. Donc ils avaient peut-être vraiment compris... Le père Vilette avait su trouver les mots à apposer sur des sentiments puissants mais impossible à expliquer de façon claire lorsqu'on y était plongé. Au moins, Eisen ne se sentira jamais rejeté, il était bien le seul pour le moment.

– Tu ne détestes quand même pas notre père, n'est-ce pas ?

– Le mépris n'est pas de la haine.

– Tu... Tu le... Donc c'est pour ça que tu n'es pas venu à son enterrement.

– Notre mère a refusé de m'y voir. Et ne fais pas cette tête-là, ça s'est passé il y a plus de vingt ans !

Quelle importance, aujourd'hui ? La vie continuait, chacun avait arrangé ses propres affaires, et si Eisen arrivait à être heureux, c'était l'essentiel. Pour Genji... Il allait aller mieux, lui aussi. Une fois qu'il se sera fait à ce pays, qu'il aura des amis, qu'il osera sortir un peu plus et utiliser son don sans crainte, tout ira bien pour lui. Himako... Il fallait lui laisser du temps, à elle aussi. Quant à Kimmitsu, la fracture était bien profonde et il ne reviendra pas en arrière.

– Nous n'avons pas eu l'occasion de vraiment parler entre-temps, c'est normal que l'on s'interroge.

Et ça n'allait pas en s'arrangeant, en effet. Vingt ans, voilà un peu plus de vingt ans qu'ils avaient illustré, à leur tour, à quel point les dons étaient mal vu, et ce quel que ce soit le pays, la mentalité, la culture. Munemori ne disait plus rien, cependant, son visage parlait pour lui, il ne parvenait pas à camoufler à quel point il était choqué qu'on puisse en arriver à maîtriser son propre père. Oui, c'était parfaitement ingrat, en effet. Oui, Kimmitsu devrait en avoir honte. Oui, il était vraiment un fils indigne. Le pire de toute cela ? Il n'en avait aucun remord.

– Tu as parlé de tout cela à Genji ?

– Un peu, oui. Il pense que son grand-père l'aurait détesté aussi, je n'ai pas pu le contredire.

Premier petit-fils ou non, fils de son aîné ou pas, le gamin aurait été très vertement prié de dégager le plus vite possible de la maison, sous peine de graves ennuis et d'une vie infernale. Josuke n'aurait rien pu faire pour le préserver, étant donné sa place, d'autant plus sans parvenir à comprendre ce qui lui arrivait. En un sens, heureusement que leur père était mort il y a déjà longtemps. Josuke grimaça un peu, sans doute conscient lui aussi de ce qui aurait pu arriver. A moins qu'il ne soit simplement agacé qu'on parle ainsi de leur père.

– Tu sais... Je ne pense pas que... Père te détestait vraiment. Tu étais son fils, tout de même.

– Bien sûr, sourit-il d'un ton ironique. Comme il n'a jamais détesté Himako non plus, il était bien trop ouvert d'esprit pour cela. Comme il n'aurait jamais pu haïr Eisen et Genji.

Aujourd'hui, le sous-directeur pourrait en rire, tant il jugeait cela si pathétique et complètement ridicule. Josuke lança un regard d'avertissement à leur frère, refusant de se lancer sur ce terrain glissant. Tant mieux, ni l'un ni l'autre ne voulaient entendre ce que Kimmitsu songeait vraiment, ce qu'Himako avait pu cracher de son côté, ce que Genji avait osé dire et penser, sur son propre père.

– Genji avait quatorze ans quand la crise a commencé... Je trouve étrange que son don soit toujours à ce niveau, même après son évolution. Son pouvoir est peut-être resté "coincé" en lui, avec ce qui s'est passé à la maison. C'est dangereux... Il faut que je trouve quelque chose, pour lui.

Deux années entières passées sans s'entraîner ou très peu, à brimer son propre pouvoir, en le cachant, l'étouffant, il ne devait pas être loin de l'état de la jeune Céleste, maintenant ! Son pouvoir devait être dans un sale état, s'il était bloqué, le libérer ainsi sera dangereux, on ignorait quelle en était la puissance. Ses frères échangèrent un bref regard puis Josuke hocha la tête, demandant s'il pouvait faire quelque chose pour aider.

– Il a passé deux ans à s'entraîner à peine, marmonna Kimmitsu d'un ton sombre en passant une main devant ses yeux. Deux ans à refouler son propre pouvoir, avec en plus les effets de cet élément... Imagine... Comme un nœud qui lui bloquerait ses mouvements et l'empêcherait de respirer. Sans réagir, ce pouvoir va le blesser de l'intérieur, il risque de se faire tuer. Ce qu'il faut, c'est lui donner assez confiance pour qu'il relâche enfin son pouvoir, au maximum, sans essayer de le retenir.

– Je t'aiderai, que je sois au Japon ou ici. Tu peux compter sur moi pour l'aider.

Il avait l'air effrayé pour son fils mais aussi déterminé. Le début ne sera guère simple, Kimmitsu ne croyait pas que son neveu avait conscience de ce problème.

– Si tu le peux, va dans un endroit tranquille avec lui, cet après-midi. Tu es son père, tu devrais mieux réussir que moi à le convaincre de lâcher son pouvoir et oser s'en servir. Il doit absolument le faire, surtout si son don est bloqué depuis deux ans.
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Josuke Nakajima
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Josuke Nakajima
MessageSujet: Re: Un dimanche plus ou moins paisible   Un dimanche plus ou moins paisible EmptySam 23 Jan - 19:10

Munemori – Tu penses qu'Eisen pourrait avoir envie de quitter la maison, lui aussi ? reprit doucement Munemori.

Kimmitsu – Je n'en sais rien, soupira-t-il. Il n'a pas eu la même éducation que nous.

Josuke regarda ses deux frères alternativement, se posant exactement la même question que Munemori depuis qu’ils avaient rencontré le Père Vilette. Dans quel état était-il vraiment s’il se contenait, ignorait ses besoins et son don depuis toutes ces années ? Cela faisait tellement longtemps qu’il vivait au Japon, il n’avait jamais rien connu en dehors de ce pays et ne s’était pas brouillé avec sa famille… Ce qui, depuis qu’il savait l’influence du vent sur son possesseur, intriguait le chef de famille de plus en plus. Ce n’était pas normal, il cachait sûrement quelque chose qu’il s’était gardé de dire avant de suivre le chemin tracé par tous les anciennes générations. Mais, dans ce cas… Dans quel état physique était-il réellement ? Réprimant un frisson, Josuke chassa les images qui se bousculaient devant ses yeux, terrifié à l’idée des conséquences subies par leur frère Eisen. Il en aurait forcément parlé… Il n’aurait pas gardé tout cela pour lui…

Kimmitsu – Et vous allez faire quoi, s'il veut partir ? reprit-il d'un ton amer, les bras croisés, le regard fixé au-dehors, vers la fenêtre.

Mais ils le laisseraient faire, enfin ! Ils n’allaient pas commettre la même erreur une quatrième fois ! Eisen avait le droit de partir, de suivre ce que lui dictait son don, même si cela l’éloignait de leur famille. Ou peut-être cela ne l’éloignerait-il pas d’eux comme ils acceptaient… ? Josuke n’en savait rien. Cependant, il ne voulait plus que les traditions soient responsables d’une mauvaise santé chez un quelconque membre de leur famille. Il avait donné sa parole, chaque personne qu’il avait sous son toit serait traitée correctement, protégée et en bonne santé. Ils devaient ouvrir les yeux, accepter que les personnes ayant un don n’y étaient pour rien. Donc, oui, ils le laisseraient partir. En priant pour que ce ne soit pas un adieu… Mais Eisen pourrait partir. Ce que Josuke répondit, d’un ton plus ou moins confiant à la fin bien que cela l’effraie. Kimmitsu, lui, avait l’air d’avoir gardé une sacrée rancœur contre leur père… Ils avaient fait tout leur possible pour l’aider mais il était trop tard. Lui-même ne pouvait rien faire en tant que simple successeur, il apprenait et n’avait pas assez d’expérience pour décider de quoi que ce soit. Cependant, avec les années, il avait appris. Et s’ils continuaient comme cela, ils fonceraient droit dans le mur.

Munemori – Tu ne détestes quand même pas notre père, n'est-ce pas ?

Kimmitsu – Le mépris n'est pas de la haine.

Munemori – Tu... Tu le... Donc c'est pour ça que tu n'es pas venu à son enterrement.

Kimmitsu – Notre mère a refusé de m'y voir. Et ne fais pas cette tête-là, ça s'est passé il y a plus de vingt ans !

Elle… Elle avait… Pardon ? Josuke dévisagea Kimmitsu, échangeant un regard avec Munemori juste après. Elle lui avait interdit… Mais… Mais c’était son fils ! Enfin… Profondément mal à l’aise, il ne répondit rien tout de suite, beaucoup trop choqué par ce qu’ils venaient d’apprendre tous les deux. Kimmitsu méprisait leur père et leur mère avait refusé de le voir à l’enterrement. Et depuis, tout le monde le traitait de fils indigne, trouvant irrespectueux le fait qu’il ne soit même pas venu à l’enterrement de son propre père après « l’avoir déshonoré », que c’était la moindre des choses pour se racheter un minimum. Pourquoi leur mère n’avait-elle rien dit ? Elle en voulait à son fils à ce point… ? La santé de leur père avait commencé à décliner fortement à partir du départ de Kimmitsu, oui, mais ce n’était pas la seule raison. Et ils apprenaient cette histoire seulement maintenant ! Plus de vingt ans plus tard… C’était important, ils auraient pu comprendre bien des choses s’ils avaient su toute la vérité ! Mais c’est vrai qu’ils n’avaient pas vraiment eu l’occasion de parler, Kimmitsu s’éloignant de sa famille un peu plus chaque année jusqu’à ne revenir que très rarement au Japon.

Josuke – Nous n'avons pas eu l'occasion de vraiment parler entre-temps, c'est normal que l'on s'interroge.

Un silence relativement gênant s’installa entre eux, personne ne rompant le silence avant un certain moment. Munemori semblait toujours choqué même s’il n’avait rien dit, sans doute à cause de la discussion qu’ils avaient en ce moment-même. Pourtant, il devait se douter que Kimmitsu pensait tout cela à propos de leur famille, de leur père surtout… Après ce qu’il avait vécu, c’était légitime, quoi qu’horrible lorsque l’on y pensait. Mais comment lui en vouloir ? Être renié comme il l’avait été, à un moment aussi crucial que cela pour lui, n’avait pas dû être simple. Ils l’avaient vu, ils avaient ressenti sa douleur, Josuke était à côté de lui tout comme Munemori. Seulement, agir concrètement à ce moment-là n’était pas si simple.

Munemori – Tu as parlé de tout cela à Genji ?

Kimmitsu – Un peu, oui. Il pense que son grand-père l'aurait détesté aussi, je n'ai pas pu le contredire.

Josuke grimaça, ne pouvant pas contredire cette hypothèse non plus. Leur père l’aurait certainement détesté, Genji était comme Kimmitsu à bien des niveaux, ils se ressemblaient énormément. Lui-même essayait de garder une image positive de son père, avant la guerre, pour ne pas perdre toute illusion et croire qu’il était vraiment bon, garder cette idée en tête. Leur père n’était pas fondamentalement mauvais, il était juste… un peu caractériel. Un tout petit peu. Enfin, il avait un caractère très fort.

Munemori – Tu sais... Je ne pense pas que... Père te détestait vraiment. Tu étais son fils, tout de même.

Kimmitsu – Bien sûr, sourit-il d'un ton ironique. Comme il n'a jamais détesté Himako non plus, il était bien trop ouvert d'esprit pour cela. Comme il n'aurait jamais pu haïr Eisen et Genji.

Josuke lança un regard à Munemori, l’avertissant de ne pas s’engager sur cette pente glissante. C’était un sujet bien trop délicat que pour être abordé maintenant, ils ne devaient pas en reparler, pas tout de suite. Contrairement à son frère, lui était convaincu que si, leur père détestait Kimmitsu, il l’avait vu dans ses yeux, dans son comportement, dans ses paroles, dans ses gestes. Tout indiquait une haine profonde pour son fils qui lui avait tenu tête, qui avait parlé et ne s’était pas tu comme tout le monde le faisait face à lui. Fort heureusement, Munemori comprit le message et n’ajouta rien.

Kimmitsu – Genji avait quatorze ans quand la crise a commencé... Je trouve étrange que son don soit toujours à ce niveau, même après son évolution. Son pouvoir est peut-être resté "coincé" en lui, avec ce qui s'est passé à la maison. C'est dangereux... Il faut que je trouve quelque chose, pour lui.

Dangereux… Dangereux à quel point ? Josuke échangea un bref regard avec Munemori, vraiment inquiet à présent. Même au bout de deux petites années, cela pouvait lui nuire ? Alors qu’il n’avait pas bloqué son don, qu’il l’avait seulement peu entraîné ? Il fallait l’aider. Absolument. Le chef de famille hocha la tête, lui demandant s’il pouvait faire quelque chose pour aider Genji. C’était son fils ! A défaut d’avoir été un bon père, d’avoir compris ce qui s’était passé, pourquoi il avait réagi comme ça et à quel point il se sentait mal, Josuke voulait être présent pour lui aujourd’hui et le soutenir véritablement.

Kimmitsu – Il a passé deux ans à s'entraîner à peine, marmonna Kimmitsu d'un ton sombre en passant une main devant ses yeux. Deux ans à refouler son propre pouvoir, avec en plus les effets de cet élément... Imagine... Comme un nœud qui lui bloquerait ses mouvements et l'empêcherait de respirer. Sans réagir, ce pouvoir va le blesser de l'intérieur, il risque de se faire tuer. Ce qu'il faut, c'est lui donner assez confiance pour qu'il relâche enfin son pouvoir, au maximum, sans essayer de le retenir.

Josuke – Je t'aiderai, que je sois au Japon ou ici. Tu peux compter sur moi pour l'aider, dit-il d’un air à la fois effrayé et déterminé.

Kimmitsu – Si tu le peux, va dans un endroit tranquille avec lui, cet après-midi. Tu es son père, tu devrais mieux réussir que moi à le convaincre de lâcher son pouvoir et oser s'en servir. Il doit absolument le faire, surtout si son don est bloqué depuis deux ans.

L… Lui ? Josuke ouvrit la bouche, prêt à dire qu’il était d’accord mais ne répondit rien au final. Comment était-il censé s’y prendre… ? Il ne pouvait pas obliger son fils à relâcher son don, il ne savait même pas comment il devait faire, ce qu’il devait proscrire ou favoriser pour aider son fils. Et s’il procédait de la mauvaise manière ? Il n’était pas professeur et ne possédait même pas de don, aucun, alors comment enseigner cette matière ? Il voulait l’aider, oui… Mais guider quelqu’un dans un endroit complètement inconnu, sans balise ni expérience, était risqué.

Josuke – Je ne suis pas sûr que… ce soit une très bonne idée, finit-il par dire. Je veux l’aider, le soutenir, mais comment pourrais-je le guider pour utiliser son don alors que je n’en ai jamais eu ? Lorsqu’on était enfants, tu n’expliquais rien, on te regardait faire et… C’était tout. Quelqu’un qui n’a pas de don peut vraiment enseigner le maniement d’un don sans risquer la vie de l’autre personne ?

Josuke fit une pause, regardant son frère d’un air un peu paniqué. Il voulait bien faire, le soutenir… Mais était-ce prudent de lui confier cette tâche ? En plus, il ignorait à quel point Genji acceptait de passer du temps avec lui, s’il lui pardonnait réellement ce qui s’était passé, s’il allait mieux ou s’il ne risquait pas de faire une sorte de « rechute » en se retrouvant seul avec son père. Josuke se leva pour faire les cents pas, bras croisés en se frottant le menton d’une main. Ils devaient consolider leurs liens, parler, mettre les choses à plat en tête à tête pour parler sérieusement sans autre personne dans le coin. C’était la première chose à faire avant de l’entraîner… Sauf si cet entraînement était urgent et qu’il n’avait pas le choix ? Josuke se tourna vers Kimmitsu, arrêtant de marcher.

Josuke – De combien de temps est-ce que je dispose avant de l’entraîner ? J’ai peur qu’il ne… veuille pas me parler ou passer du temps avec moi. Tu sais, avec tout ce qui s’est passé… Je veux arranger les choses avec lui mais tu ne penses pas que c’est un peu précipité ? A quel point est-il… calmé et disposé à me parler ? Je ne lui ai parlé qu’avec d’autres personnes à côté de nous, ce n’est pas le même contexte. J’ignore s’il me fait confiance au point de relâcher son don et de m’écouter.

Oui, il avait peur de mal faire. Peur de le blesser, peur de détruire tout ce que Kimmitsu avait fait en l’espace d’un mois alors qu’il y avait sûrement passé des heures, qu’il avait abordé des sujets enfouis depuis des années. Cela faisait deux ans que Genji et Josuke s’engueulaient régulièrement, ne s’entendant plus du tout, étant incapables de passer plus de dix minutes dans la même pièce seul à seul sans provoquer de nouvelle dispute. Il voulait bien faire ! Il voulait aider son fils, le soutenir… Mais c’était trop précipité pour lui. Genji n’accepterait jamais…

Josuke – Dis-moi ce que je dois faire… Je veux l’aider mais je ne peux pas tout deviner, je n’y connais rien. Explique-moi et je le ferai, tu dois te reposer.
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Kimmitsu Nakajima
MessageSujet: Re: Un dimanche plus ou moins paisible   Un dimanche plus ou moins paisible EmptyDim 24 Jan - 0:33

Deux années toutes entières à garder son don coincé alors qu'il évoluait, à ne pas s'entraîner ou à peine, à ne plus réussir à expliquer ce qui arrivait et ne plus le comprendre lui-même, à tout refouler tout en se disputant tous les jours, violemment, avec toute sa famille et surtout ses parents. Kimmitsu, cet été, n'avait pas réalisé ce problème-là, trop fatigué et perturbé pour le voir, alors que c'était la plus pure évidence. Redressant la tête, il réfléchit à un moyen rapide et efficace pour lui faire libérer son pouvoir, lui faire comprendre que ce n'était plus un choix mais une urgence, il risquait sa santé, sa vie. Décidément, tous ceux qui possédaient ce genre de pouvoirs s'exposaient à des ennuis, tôt ou tard, par tous les moyens possibles. C'était d'autant plus vrai avec la foudre, le feu et le vent, qui étaient des éléments offensifs et bien plus prompts à blesser leurs porteurs s'ils étaient trop contenus. Genji n'avait même pas dû réaliser le problème, il était trop jeune et n'avait encore eu aucune éducation pour cela. Eisen n'avait pas eu non plus de vrai suivi, Himako ne vivait plus à la maison familiale. Il avait entendu dire que son départ avait été assez violent, d'ailleurs.

– Je ne suis pas sûr que… ce soit une très bonne idée, finit-il par dire. Je veux l’aider, le soutenir, mais comment pourrais-je le guider pour utiliser son don alors que je n’en ai jamais eu ? Lorsqu’on était enfants, tu n’expliquais rien, on te regardait faire et… C’était tout. Quelqu’un qui n’a pas de don peut vraiment enseigner le maniement d’un don sans risquer la vie de l’autre personne ?

Non, il n'expliquait rien, c'était vrai, car il n'avait jamais su trouver les mots et mieux valait ne pas l'ouvrir à ce sujet à la maison. Kimmitsu secoua légèrement la tête lorsque leur frère se leva avec un air paniqué, commençant à faire les cents pas. Enfant, à sept ans, Kimmitsu avait couru voir son père en rentrant de l'école pour lui annoncer, tout heureux et excité, qu'il possédait un don, qu'il avait manié un peu le vent. Son géniteur lui avait flanqué une gifle magistrale et puni dans la foulée, en lui hurlant de ne jamais s'en servir, quoi qu'il arrive. Pourquoi une telle haine ? Il n'en avait aucune idée, encore aujourd'hui. Son frère cessa d'un seul coup d'user le tapis à force d'allers et retours, sans sembler plus calme pour autant. Il paniquait réellement ? Ça, c'était nouveau, d'aussi loin qu'il se souvienne, son frère ne l'avait jamais vu perdre son sang-froid pour ce genre de sujet. Il était toujours calme, serein, posé, ne montrant jamais le moindre désarroi et réfléchissait au problème posé. Dommage qu'il ne soit pas tourné avant vers Himako, Eisen, pour parler de tout ça et comprendre ce qui se passait avec son fils aîné. Aujourd'hui, Genji devait en être bien marqué, car même si son père comprenait, Kimmitsu doutait que ce soit le cas de sa grand-mère et de la majorité de ses oncles et tantes.

– De combien de temps est-ce que je dispose avant de l’entraîner ? J’ai peur qu’il ne… veuille pas me parler ou passer du temps avec moi. Tu sais, avec tout ce qui s’est passé… Je veux arranger les choses avec lui mais tu ne penses pas que c’est un peu précipité ? A quel point est-il… calmé et disposé à me parler ? Je ne lui ai parlé qu’avec d’autres personnes à côté de nous, ce n’est pas le même contexte. J’ignore s’il me fait confiance au point de relâcher son don et de m’écouter.

Bonne question, Genji était-il déjà prêt à accepter l'aide son père ? Apparemment, leurs disputes avaient été très violentes, durant ces deux ans, surtout lorsqu'on connaissait le caractère de Josuke et son tempérament très autoritaire et colérique. Il était sans doute celui qui ressemblait le plus à leur père. Le sous-directeur ne répondit pas tout de suite, soudain hésitant. Il avait raison, il ne pourra pas s'en occuper comme il le fallait pour ce genre de chose, étant donné qu'il ne connaissait pas ce pouvoir. Bon, très bien, il s'en chargera, dans ce cas-là. Aujourd'hui ou cette semaine, mieux valait ne pas trop laisser traîner ce genre de sujet, c'était dangereux. Genji s'était apaisé, oui, cependant, on ignorait à quel point il l'était vraiment et comment cela avait impacté sa relation avec son père et leur famille.

– Dis-moi ce que je dois faire… Je veux l’aider mais je ne peux pas tout deviner, je n’y connais rien. Explique-moi et je le ferai, tu dois te reposer.

– C'est vrai que ce n'est pas un pouvoir que tu connais, marmonna-t-il, je n'y pensais plus. Bon... Oublie, alors, je vais m'en occuper.

Plus il y songeait, plus il craignait que Eisen soit dans le même état, ou approchant. Il était plus âgé et n'avait dû connaître plus d'encouragements à se servir de son pouvoir, bien au contraire. Qu'avait-il connu exactement, le futur père ne saurait pas le dire, il était revenu si peu de fois, en vingt-deux ans, qu'il ne pouvait prétendre bien connaître Eisen, bien que ce soit horrible à avouer. Il ne l'avait pas vu grandir, n'avait pas pu assister à son mariage, ni rien. Josuke secoua presque aussitôt la tête pour refuser, toujours debout devant lui.

– Non, tu dois te reposer, tu en as besoin autant que Genji. Dis-moi simplement ce que je dois faire... Sinon on peut l'aider ensemble si tu veux, mais je refuse que tu t'occupes de ça tout seul.

Kimmitsu hésita puis finit par lâcher un petit soupir, cherchant ses mots. Il leur expliqua qu'il fallait considérer un don comme une boule d'énergie pure, concentrée dans le corps d'une personne et circulant dans des "réseaux", comme le sang circulait dans les veines, afin d'imprégner le corps comme l'esprit. Un don réagit aux émotions de son porteur, à sa peur ou sa colère et se manifeste en conséquences. Plus un pouvoir est contrôlé et utilisé, plus les réseaux le transportant sont limpides et souples. En revanche, un don brimé et étouffé, cela revient à vouloir couper la circulation de son propre sang en bouchant certaines veines. Le corps tout entier peut en souffrir. Il fit une pause en jetant un regard interrogateur à son frère pour savoir s'il suivait, jusqu'ici. Il fallait commencer par comprendre ça avant même de parler des différents pouvoirs en eux-mêmes. Le sujet était très vaste, riche, souvent compliqué, toujours aussi fascinant qu'au premier jour, lorsqu'il avait découvert cet univers avec son regard d'enfant. Josuke hocha la tête, sans rien dire. Bien. Se redressant un peu, il ajouta par la suite qu'un pouvoir trop longtemps brimé ou laissé de côté pouvait provoquer des nœuds dans ces réseaux. Le don circulait mal puis pouvait en quelque sorte exploser dans le corps. Le porteur pouvait beaucoup en souffrir, voire en mourir. Pour pallier à ce problème, il faut alors forcer le porteur à, tout d'abord, relâcher tout son pouvoir d'un seul coup, puis faire en sorte qu'il l'utilise plus et régulièrement.

– Le vieux Kyle l'a fait avec Himako, assez souvent. Et pour Eisen... Je l'ignore mais j'espère que c'est le cas.

Josuke grimaça un peu, doutant sans doute de ce dernier point. Kimmitsu allait ajouter quelque chose lorsque la porte d'entrée s'ouvrit de nouveau, laissant passer Genji. Son oncle lui fit signe de venir et le jeune homme grimaça aussitôt en lançant "Qu'est-ce que j'ai fait, encore ?". Kimmitsu en resta bouche bée, sur le moment, suspendant son geste. Il ne lui avait rien dit, enfin, simplement de venir là ! En quoi était-ce agressif ? Il couvait son père d'un regard tendu, alors que on oncle faisait de son mieux pour ne pas laisser échapper un très gros et long soupir. Très bien, il y avait encore pas mal de boulot avant de pouvoir calmer le jeu. Redressant la tête, il répondit à Genji qu'il n'avait rien fait de mal, il pouvait tout de même approcher sans avoir peur de se faire mordre. Il attendit qu'il vienne s'asseoir à côté de lui, reprenant pour lui en lui expliquant le problème, qu'il ne s'était quasiment pas entraîné et que son don avait dû le rendre bien malade, ce n'était pas une simple crise d'adolescence. Genji les regarda tous les droits à tour de rôle, pâlissant au fur et à mesure, puis balbutia qu'il n'y était pour rien, il n'avait juste pas voulu s'en servir à la maison pour ne pas créer encore plus de conflits et qu'il n'avait jamais compris pourquoi il se sentait différent, même si tout le monde le lui reprochait en permanence.

– Nous ne te reprochons rien, Genji. Nous voulons seulement te mettre au courant et t'aider... Sans que tu aies peur de l'utiliser.

Le jeune lycéen fut sur le point de dire quelque chose puis se ravisa tout aussi soudainement, s'enfonçant dans le dossier du canapé entre ses deux oncles sans rien répondre, en se mordant les lèvres.

– En fait... Les dons comme ça sont héréditaires. Ça vient de qui, pour toi ?

– Ton arrière grand-père, Naoki. Il en possédait un, qu'il a perdu suite au choc, après la mort de tous ses fils à la guerre, sauf notre père.

Bonne question, ceci dit, il était bien le premier à s'interroger là-dessus, bien que Kimmitsu commence à douter que ses propres frères et sœurs sachent que ces pouvoirs sont en effet héréditaires. Le vieux Naoki n'évoquait jamais cela, comme un souvenir oublié depuis bien longtemps. Il ne s'était jamais beaucoup servi de son pouvoir et n'en avait parlé que de très rares fois, à mi-mot, dévasté par la perte de ses fils, ne trouvant plus de goût à la vie maintenant qu'il était veuf et avait vu tous ses enfants partir avant lui. Même vivre près de ses petits-enfants et arrières petits-enfants ne lui rendaient plus la joie de vivre, il était très fatigué et las. Aujourd'hui, il était un vieil homme très discret, effacé, accablé depuis des années par ces pertes et attendant que son heure arrive.

– Il avait le vent aussi ?

– Non, c'était le feu. Himako n'a pas obtenu ce second pouvoir pour rien, elle a ça dans le sang.

Genji fit une drôle de tête, comme effrayé par l'idée de devoir manier ce même pouvoir un jour, à son tour. Kimmitsu sourit faiblement et lui frotta un peu l'épaule pour le réconforter, son neveu fermant les yeux en venant poser sa tête contre son épaule, blotti contre lui, sous son bras. Il devait avoir assez peur, en effet. Levant le regard vers Josuke, Kimmitsu se frotta un peu les yeux, épuisé.

– Tu pourras appeler Eisen pour savoir s'il va bien ? Il devrait te parler, en toute logique, j'ai toujours eu l'impression que tu l'intimidais un peu.

– Je le ferai, bien sûr. Il faut que l'on ait le cœur net pour son don et ce qu'il vit.

Il semblait plus inquiet, et il y avait de quoi. Kimmitsu hocha doucement la tête, jetant un regard à Genji qui s'endormait à moitié contre lui. Pour eux deux, il était temps de s'occuper de ça, ce n'était pas des problèmes qu'il fallait laisser traîner trop longtemps.
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