Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Se reconstruire

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Anonymous Invité
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MessageSujet: Se reconstruire   Se reconstruire EmptyMar 25 Aoû - 19:25

Le soleil était pleinement revenu, sur Paris, brillant puissamment, pour le bonheur de tous. La capitale était calme, décontractée, un peu endormie sous ce bel été revenu. Et dans un des hôtels particuliers dues quartiers chics, Cyprien était à moitié affalé dans un canapé, à la regarder, les yeux dans le vide. Il venait juste de servir deux cafés, pour lui et Céleste, pendant que les gamins partaient ensemble pour jouer. Allez donc, grand bien leur fasse, ils avaient intérêt à bien en profiter. Il jeta un coup d'œil à sa tasse fumante, la délaissant finalement pour boire de l'eau. Pas une très bonne idée, le café, il était déjà à moitié insomniaque, depuis deux ou trois jours. La mère de Gaby était venu récupérer la petite Aurore ce matin, pour s'en occuper le temps que sa fille aînée sorte de l'hôpital et revienne à Paris, avec Julien. Tant mieux, dans un sens, il n'avait franchement pas le courage, là. Même ces enfants lui rappelaient qu'il n'arrivait pas à comprendre leur mère. Il les aimait, mais... Il voulait aussi un enfant à lui, son bébé, car il n'était pas le père des jumeaux.

Il se servit un grand verre d'eau, pour toute à l'heure, tout en disant d'un ton las à Céleste qu'elle pouvait boire son café. Il se redressa un peu, assis à côté d'elle, tout en poussant un long soupir, la tête dans les mains, se frottant les yeux. Il avait envie de crier, de pleurer, de gémir, de tout évacuer, se demandant comment il en était arrivé là. Que devait-il faire maintenant ? Il n'ouvrait pas la bouche, ne voulant pas ennuyer Céleste alors qu'elle-même était déjà assez sous tension. Mais ses nerfs étaient à vif, il ne cessait de repenser à ce que lui avait balancé Auguste. Il revenait après des mois, comme ça, comme une fleur, et lui lançait qu'il n'aimait pas sa femme et qu'il ne la comprenait pas ! Il lâcha un grognement, attrapant son verre d'un coup et le vidant d'un seul et unique trait, puis le reposa assez sèchement. Il essayait de se souvenir comment Auguste se comportait avec Gaby, avant. Avaient-ils été ensemble ? Cyprien ne les avait jamais vu sortir ensemble ni s'embrasser. Et pourtant, il la dévorait du regard, tout entière.

– Tu te souviens d'Auguste, non ? demanda-t-il d'un seul coup à Céleste.

Il tourna la tête vers elle, à la fois très pâle et les joues un peu rouges, exploit. Il ne savait pas si le grand rouquin avait bien ressenti un jour quelque chose pour Gaby, s'il l'aimait, somme toute. Il était revenu, il s'était engagé dans l'armée pour elle, il avait tenu Aurore comme un trésor précieux... Et Gaby avait eu ce regard, en le voyant ! Céleste eut l'air un peu perdu en reposant sa tasse et il lui lança un regard d'excuse. Pardon, dit comme ça, ça faisait vraiment brut de décoffrage. Il était trop tendu, il fallait qu'il se calme.

– Auguste... C'était un prof, celui qui avait accompagné Gabriella à la conférence mais je ne sais plus ce qu'il enseignait. Pourquoi ?

– Les maths, quelques heures par semaine, et il... C'est lui qui va revenir pour remplacer Sarah, il était parti à cause de problèmes familiaux. Il... Tu crois que... A ton avis, est-ce qu'il aimait Gabriella ?

Il la dévisageait presque fixement, les yeux brillants d'inquiétude et de tension, montrant sans peine à quel point il était perdu. "Je n’y suis pour rien si tu as peur ou si tu n’arrives plus à comprendre ni à suivre." C'était ce qu'il avait dit, d'une voix forte, convaincue, où Cyprien avait perçu une nette pointe de reproche. Il ne cessait d'y penser, depuis des jours, depuis que Gaby était partie. Il la tutoyait, lui souriait, semblait parfaitement à l'aise. Lorsqu'on connaissait Gabriella, c'était étonnant de la voir aussi décontractée avec quelqu'un. Il ne cessait de fixer Céleste, attendant avidement ne réponse, un autre avis, le point de vue d'une personne extérieure. Elle devint plus blanche, entrouvrant la bouche, sans répondre de suite. Alors, qu'en pensait-elle ? Elle avait déjà vu ou senti quelque chose ?

– Je... Je n'en sais rien. Je ne reste pas souvent avec les autres profs et il était beaucoup plus âgé que moi. Mais je... Je ne sais pas. Pourquoi penses-tu cela ?

– Quand il est revenu, il, il a...

Il se mit à bafouiller un truc incompréhensible, puis prit une profonde inspiration pour se calmer. Là, tout va bien, parler comme il faut. Il se remit comme il faut du canapé, en veillant à ne pas la bousculer non plus, fermant les yeux une brève minute, puis il la regarda à nouveau. La colère et la jalousie le disputaient à la peur et à l'incompréhension. Il était perdu.

– Il s'est engagé dans les Guetteurs directement en revenant, dit-il en parlant de plus en plus vite. Il a été voir Bradley pour demander à être dans l'équipe de Gaby ! Puis il est venu ici, la voir, il a joué avec Aurore comme sa propre fille, Gaby lui a même souri !

Il s'interrompit à nouveau, reprenant son souffle, les larmes aux yeux, puis rajouta d'une voix rauque qu'Auguste lui avait reproché de ne plus comprendre Gaby et d'avoir peur d'elle, et que c'était vrai. Il avait vraiment eu peur.

– Et il est parti avec elle... Avec elle et deux autres soldats, quand elle est allée chercher son fils.

Il s'essuya vite fait les yeux, le cœur battant à une allure extrêmement rapide, au point de lui faire mal. Il fit un effort pour le faire un peu ralentir, inspirant et expirant. Il était très rare qu'il craque à ce point, d'un naturel bien plus joyeux et insouciant, mais là, c'était trop. C'était comme s'il courait derrière un train emportant sa vie sans qu'il puisse l'attraper pour se hisser dedans. L'arrivée d'Auguste avait tout chamboulé. Cyprien se souvenait à peine de lui, le croisant rarement dans la salle des professeurs, puis il avait disparu durant des mois. Il ne l'avait jamais vu non plus en compagnie de Gaby, mais ça ne voulait rien dire. Céleste ne disait rien, semblant gênée elle aussi.

– Je suis désolée... J'aimerais te dire que tu te trompes mais avec ce que tu me dis, je...

Cyprien sentit un poids encore plus lourd lui tomber dans l'estomac. Il n'arrivait pas à se souvenir d'une journée, d'un moment, où la relation d'Auguste avec Gabriella aurait dépassée le cadre professionnel. Ils ne s'étaient jamais tenu la main devant quiconque. Mais il l'avait accompagné. Dès la première fois où le Gouvernement avait menacé l'école. Il était monté à Paris avec elle. Il avait parlé à la tribune pour défendre l'école. Il avait été avec elle, au moment où aucun professeur ne voyait la gravité de la situation.

– Toi, que ressens-tu pour Gabriella, si les paroles d'Auguste sont vraies ?

– Je suis mal à l'aise... Quand il est rentré en lui disant qu'il était fier de la voir toujours directrice et générale, j'ai eu honte... Parce que moi, j'ai peur, je ne la comprend plus. Je ne sais plus... Je ne sais pas ce que je dois faire !

Il tremblait un peu mais ne s'en souciait pas. Jamais il n'avait eu autant l'impression que tout lui échappait. Tout au long de sa vie, il en s'était jamais vraiment posé de questions. Il avait toujours pris la vie comme elle lui venait, n'essayant pas de faire changer les choses, simplement heureux et confiant en l'avenir. Il menait une existence simple et qui le comblait, il n'avait jamais vu le danger latent, après la Grande Guerre. Il avait mis longtemps avant d'accepter l'idée que le gouvernement pourrait réellement faire du mal à ces enfants. Encore plus longtemps avant d'agir concrètement pour le pensionnat, pour ouvrir les yeux. Et il avait perdu de vue depuis longtemps ceux qui avaient réalisé ce qui se passait dès le début. Gabriella... Valentin, aussi. Auguste. Le Père Vilette. Kimmitsu. Céleste lui attrapa tout le bras ne lui disant de se calmer. Il hocha un peu la tête, très pâle.

– Tu devrais lui parler. Vous devriez avoir une discussion en tant que couple pour voir... ce que vous devez faire. Vous n'avez pas besoin de problèmes supplémentaires avec tout ce qui se passe maintenant, un couple est censé se serrer les coudes et là... Ce n'est pas le cas.

– Un couple... Je ne sais pas si on forme vraiment un couple... Peut-être que... Qu'elle ne s'est rapprochée que parce que je faisais parti des rares qui agissaient près d'elle et... Moi je... Je l'aimais car... Elle était...

Plus détendue, plus souriante. Une jolie femme, compétente, qui faisait travailler ses élèves dur mais qui était juste. Elle bavardait avec les autres professeurs dans leur salle, souvent, s'entraînait beaucoup, prenait des responsabilités. Elle était plus détendue, plus avenante. Prête à s'amuser, sortir, ayant parfois des petits amis mais rien de sérieux. Le regard de l'ancien directeur brillait de confiance et de respect lorsqu'il posait les yeux sur elle. Elle l'attirait, tout simplement, il imaginait une vie simple et paisible, comme celle de centaines d'autres couples dans tout le pays. Ils ne se ressemblaient pas mais il avait toujours été convaincu que c'était possible. Céleste lui prit tout à coup les deux mains en secouant la tête, comme agacée.

– Arrête de dire des bêtises. Elle a dû t'aimer, d'accord ? Tu la soutenais, tu étais à côté d'elle et tu as été le seul à ne pas avoir eu peur d'elle au début. Vous avez formé un couple mais elle a beaucoup changé. Tu m'as dit toi-même avoir peur de la voir changer à cause de l'armée, il y a des mois, donc c'est peut-être normal que tu ne l'aimes plus autant qu'avant, tu ne crois pas ?

Il sentit sa gorge se serrer un peu plus puis les larmes coulèrent enfin, plus fortes, plus nombreuses, alors qu'il essayait de lui répondre mais sa voix se brisa. Il s'effondra dans ses bras, secoué de gros tremblements, pleurant comme il ne l'avait jamais fait, accroché à elle. L'armée s'était imposée brutalement, les séparant, les déchirant, et il ne s'en était même pas rendu compte. Il était loin derrière, trop loin sans doute. Que pouvait-il faire ? Il était un simple professeur. Il n'avait pas le bon état d'esprit.

– Sans l'armée... Sans tout cela...

Il frémit puis redressa la tête, posant ses lèvres sur celles de Céleste sans même réfléchir, les yeux fermés. Ce n'est qu'au bout de quelques secondes qu'il réalisa ce qu'il était en train faire, rouvrant très vite les yeux en bafouillant un "désolé". Il n'avait pas réfléchi ! Il avait juste, heu... Il ne savait pas, il n'avait pas réfléchi, il avait réagi par pur instinct. Elle était là, près de lui, à le réconforter comme lui l'avait déjà réconforté et... Il... Il baissa un peu la tête, gêné, terrifié à l'idée qu'elle s'en aille pour de bon et ne veuille plus le voir après ça. Et effectivement elle recula un peu, choquée.

– Tu es marié... Si tu as fait cela uniquement parce que tu es perdu, tu devrais vraiment lui parler. Tu comptes beaucoup trop pour moi pour que... Tu dois parler à Gabriella et réfléchir.

– Je sais ce qu'elle va faire en rentrant, dit-il d'un ton morne. Soigner son fils puis filer à la caserne. Voir Bradley, se préparer... Peut-être retourner à Gray. Je... Tu comptes aussi, pour moi...

Il ramena ses jambes sous lui, détournant le regard. Au-delà d'être perdu, il avait aussi le sentiment de ne plus rien maîtriser. S'il réfléchissait vraiment, il pouvait deviner ce que fera Gabriella. Et comprendre qu'il n'arrivera pas à... Il soupira, la tête baissée. Quand il pensait que même le Maréchal la comprenait ! Lui, ce vautour, cet homme horrible, il était pourtant capable de la cerner beaucoup mieux que quiconque, car ils avaient le même mode de pensées. Il repensa ensuite aux articles. "Plus militaire que professeur". Finalement, c'était vrai. Céleste bougea à son tour, se remettant correctement.

– Te voir comme ça me fait mal, tu as toujours été là pour moi et je ne te laisserai pas tomber. Mais...Il ne te reste plus qu'une chose à faire, que je ne peux pas faire à ta place. Savoir ce que tu veux, toi. Comment tu vois ta vie... Avec qui, si elle y a sa place et que ce n'est que "le pire" dans votre mariage, ou si tu penses que vous devez... repartir à zéro, chacun de votre côté.

Il ne répondit pas tout de suite, toujours tête baissée. Il avait peur de voir la réalité en face, autant l'admettre. Peur de voir qu'il avait pu se tromper, qu'Auguste avait raison. Peur d'admettre qu'il avait juste couru derrière un rêve. Il finit par avouer tout cela à Céleste, à voix très basse, sans la regarder, triturant ses mains. Il revoyait ces derniers mois, encore et encore. Ce qu'il avait dit et fait, comment elle avait réagi... Il avait peur. Il ne voulait pas la laisser tomber, bien sûr, mais il n'était plus certain de l'aimer elle et pas une image qu'il s'était faite.

– Je ne veux pas laisser tomber le pensionnat... Ni rien de ce genre mais... Si Auguste a raison...

La tête lui tournait de plus en plus férocement. Il se forçait à voir la réalité en face, à admettre qu'il ait pu se tromper, à ré-entendre les arguments déjà donnés. Il revoyait, surtout, le regard accusateur d'Augsute. La première chose qu'il avait faite en rentrant avait été de courir voir Bradley pour lui déclarer bien en face qu'il allait se battre contre lui aux côtés de Gabriella. Il avait signé sans une once d'hésitation pour un aller simple en enfer. Cyprien n'avait même jamais pensé à faire ça. Il s'imagina dire à Gaby qu'il la quittait et sentit son souffle se briser dans sa gorge. Elle avait déjà été abandonnée trop de fois, comment allait-elle le prendre ? Il sortit de ses pensées lorsque Céleste attira de nouveau son attention, lui attrapant le bras puis le faisant retourner vers elle.

– Si Auguste a raison, tu te sépares de Gabriella. Mais cela ne t'empêchera pas d'aider le Pensionnat si tu le veux vraiment. Je ne suis en couple avec personne du Pensionnat et, pourtant, j'aide comme je peux. Adrien était avec Sarah qui était contre nous et, pourtant, il a aidé. Alors pourquoi ce serait différent pour toi ?

Il se mordit les lèvres, presque jusqu'au sang. Se séparer. La quitter. Et la laisser aller de plus en plus vers l'armée sans rien faire. La laisser être pleinement générale, raisonnant comme tel, trouvant des alliés solides parmi les soldats. Il dévisagea Céleste un long moment, approuvant ce qu'elle disait, en essayant de reprendre ses esprits. Lui, il voulait simplement une vie à peu près calme, avec une personne qu'il comprendrait et qui le comprendrait, avec qui il pourrait envisager d'avoir un enfant, qui aspirerait à des choses simples.

– Ça t'a... gênée... quand je t'ai embrassé ?

Elle entrouvrit la bouche, alors qu'il retenait son souffle, son cœur s'étant emballé à nouveau. Puis elle baissa la tête, détournant le regard.

– Je devrais dire oui, mais je... Non. Enfin, si parce que tu es marié, mais je... Je n'ai jamais envisagé cette situation, pas que je ne t'aime pas ! Mais je... Tu aimes Gabriella depuis des années et tu es le seul à ne pas m'avoir laissée tomber.

Il baissa la tête à son tour, se laissant retomber contre le dossier du canapé. Il était sonné, comme s'il venait juste de se relever après avoir reçu une myriade de coups de poings. Elle avait parlé plus vite, à la fin, comme si elle n'osait plus. Il hésita puis se rapprocha doucement d'elle, passant un bras autour de ses épaules, comme cette nuit-là, sur la falaise, où il l'avait obligé à relâcher enfin son don et où elle lui avait tout raconté.

– J'ai le droit de recommencer sans me faire électrocuter ?

Il avait fait son possible pour ne pas prendre un ton de voix trop rauque, plombé, mal à l'aise, mais à peu près normal, comme à son habitude. Il voulait revenir vers celui qu'il était habituellement, souriant et à l'aise, décontracté, serein. Même s'il avait changé, il ne pouvait pas abandonner complètement son caractère ni le mode de vie qui lui plaisait. Cette vie en valait la peine, quoi qu'il se passe. Elle pointa un doigt vers lui, tout à coup, avec un air hésitant.

– Tu me promets de parler à ta femme ?

Il hocha la tête et elle sourit faiblement. Il hésita à son tour, se rapprochant d'elle, puis l'embrassa timidement sur la joue, avant de glisser peu à peu sur ses lèvres, y restant cette fois plus longtemps. Une ou deux larmes coulèrent encore le long de ses joues puis elles se tarirent, alors qu'il l'embrassait toujours, l'ayant prise dans ses bras. Il la serrait contre, cessant encore une fois de réfléchir, suivant simplement sans instinct, sans se demander, comme avec Gaby, comment il devait s'y prendre pour qu'elle se laisse aller. Il glissa une main sous sa chemise pour caresser sa peau nue, les yeux fermés. Il l'embrassa avec peu plus de passion, caressant les bretelles du soutien-gorge puis ce qu'il ne cachait pas, par-devant. Elle le freina tout à coup, en murmurant "Les enfants..." Ah oui, juste. Il eut un faible sourire puis l'aida à se relever, partant ensuite avec elle. Il entrèrent dans une des chambres d'amis et Cyprien referma la porte à clé puis la poussa à s'allonger sur le lit, en prenant garde à son attelle. Il recommença aussitôt à l'embrasser, passant une de ses mains sous sa jupe.

Céleste essaya encore un peu de le freiner mais n'avait pas l'air d'avoir plus de volonté que lui. Il glissa la main sur sa cuisse puis remonta avec légèreté sur sa culotte, caressant son endroit le plus intime par-dessus le tissu. Il ne se souciait pas de savoir si c'était bien ou mal, agissant simplement. Au bout d'un moment, il fit passer ses doigts sous le tissu, massant à même son intimité. Lui aussi commençait à ressentir une certaine tension entre les jambes, le souffle un peu court. Il continua à embrasser langoureusement Céleste, tout en continuant de la toucher avec lenteur, un doigt commençant à s'aventurer un peu plus loin.
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Âge RPG : 26 ans
Don(s) : Fulgumancienne et Frigumancienne
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Céleste Dumoulin
Espionne
Céleste Dumoulin
MessageSujet: Re: Se reconstruire   Se reconstruire EmptyJeu 27 Aoû - 17:36

Céleste lança un regard inquiet à Cyprien, désespérant de ne pouvoir l’aider davantage. Ce que lui avait demandé Alexis, et ce qu’elle avait répondu, était malheureusement vrai. Il savait tout, maintenant, mais devait sans doute s’inquiéter encore plus pour la rentrée qui s’annonçait… Surtout vu ce que Gabriella avait fait, vu la puissance qu’elle avait développée, elle aurait très bien pu mourir en utilisant son don. Mais il était inutile de le préciser à son mari. Ce qu’il ignore ne peut pas lui faire de mal, après tout… N’est-ce pas ? Elle s’assit sur le canapé à côté de Cyprien, le remerciant pour le café tandis qu’il restait sans toucher à sa propre tasse. Elle ne l’avait jamais vu comme cela… Jamais. Il était joyeux, entraînant, toujours à l’aise et serein. Mais là, il avait l’air complètement perdu et détruit, blasé par ce qu’il vivait. Céleste se mordit les lèvres, tenant sa tasse entre ses mains sans quitter son ami des yeux.

Et fut encore plus inquiète lorsqu’il lui dit, d’un ton las, qu’elle pouvait boire son café… La jeune professeure se sentait impuissante, voulait parler et le rassurer mais savait que c’était à lui de commencer, de se lancer pour tout raconter. Elle ne voulait pas le forcer, le brusquer, ne s’étant pas attendue à ce qu’il ait une telle réaction. Sauf s’il avait ouvert les yeux sur le comportement de Gabriella, sur le fait qu’elle changeait et allait continuer à changer… Parce que non, ce n’était pas qu’à cause de ce qui s’était passé qu’il était dans cet état. Il y avait autre chose, il n’était pas du genre à être aussi inquiet alors que les choses s’étaient arrangées. Comme pour en rajouter une couche, Cyprien lâcha un grognement en vidant son verre d’une traite avant de le reposer sèchement sur la table, la faisant sursauter. Eh, doucement ! Céleste s’apprêtait à dire quelque chose mais il la devança.

Cyprien – Tu te souviens d'Auguste, non ? demanda-t-il d'un seul coup à Céleste.

Au… Pardon ? Auguste ? Cyprien avait tourné la tête vers elle, très pâle mais les joues rouges alors qu’elle lui lançait un regard complètement perdu en redéposant sa tasse. Auguste… Heu… Le prof qui donnait quelques heures de cours et qui avait disparu depuis plusieurs mois ? C’était aussi celui qui avait accompagné Gabriella à la conférence, non ? Mais pourquoi lui parlait-il d’Auguste, qu’avait-il à voir avec Cyprien ?

Céleste – Auguste... C'était un prof, celui qui avait accompagné Gabriella à la conférence mais je ne sais plus ce qu'il enseignait. Pourquoi ?

Cyprien – Les maths, quelques heures par semaine, et il... C'est lui qui va revenir pour remplacer Sarah, il était parti à cause de problèmes familiaux. Il... Tu crois que... A ton avis, est-ce qu'il aimait Gabriella ?

Enorme. Bourde. Bravo, Céleste, vraiment ! Elle blêmit d’un seul coup, entrouvrant la bouche sans rien dire, cherchant comment réparer sa bêtise. Elle venait dire qu’Auguste avait accompagné Gabriella à la conférence alors que, justement, Cyprien cherchait à savoir s’ils s’aimaient ou pas… Et maintenant ? Mal à l’aise, elle eut le plus grand mal à ne pas détourner le regard, essayant de rassembler les maigres souvenirs qu’elle gardait d’Auguste. Elle savait qu’il était plutôt grand et roux, cheveux courts, plus vieux qu’elle, mais autrement… Il était drôle, lui, à lui poser une telle question ! Céleste n’était pas vraiment la mieux placée pour y répondre, étant donné le fait qu’elle ne parlait pas à grand monde à la salle des professeurs.

Céleste – Je... Je n'en sais rien. Je ne reste pas souvent avec les autres profs et il était beaucoup plus âgé que moi. Mais je... Je ne sais pas. Pourquoi penses-tu cela ?

Cyprien – Quand il est revenu, il, il a...

Cyprien commença à bafouiller, ce qui fit froncer les sourcils à Céleste qui essayait de comprendre mais en vain. Ce qu’il dut réaliser puisqu’il prit une profonde inspiration en fermant les yeux, réinstallé convenablement dans le canapé, avant de tout lui expliquer… Et elle eut vraiment du mal à se convaincre qu’il n’y avait rien entre Auguste et Gabriella. Il s’était engagé d’emblée, il avait demandé à être dans l’équipe de sa femme, il considérait Aurore comme sa fille et Gabriella lui avait souri… Sincèrement, comment Céleste pouvait-elle le rassurer ? Elle voulut poser une main sur son épaule pour le réconforter mais se ravisa à la dernière seconde, laissant son bras contre elle sans bouger.

Elle voulait vraiment l’aider mais ne voyait pas comment. Le voir dans cet état lui brisait le cœur, la choquait même, tant cela ne ressemblait pas à Cyprien. Qui ajouta ce que lui avait dit Auguste… Ah. Heu… Et maintenant ? Céleste était professeure, elle n’était pas douée pour réconforter les gens ! Et pourtant, dieu sait à quel point elle avait attendu et redouté ce moment. Elle l’avait prévenu dès le début, voulant le mettre en garde pour lui éviter la chute trop brutale, mais il n’avait pas écouté. Jamais…

Cyprien – Et il est parti avec elle... Avec elle et deux autres soldats, quand elle est allée chercher son fils.

Cyprien avait les larmes aux yeux et Céleste était complètement désespérée. Elle ne pouvait pas le rassurer, ne pouvait pas lui mentir, même si elle s’attendait à cette issue depuis des semaines maintenant. Elle était désolée pour lui, désolée de le voir dans cet état, désolée de ne pas pouvoir dire quelque chose qui lui rendrait le sourire… Mais ne le pouvait pas. Avec ce qu’il venait de lui dire, il était évident qu’Auguste et Gabriella partageaient plus que de l’amitié. Ils étaient sur la même longueur d’onde, avaient sans doute le même esprit… Ce que n’avait pas Cyprien. Elle ne répondit rien avant un moment, cherchant ses mots, se mordant les lèvres. Elle tourna la tête vers son ami au bout de quelques instants, se maudissant intérieurement de ne rien trouver pour lui remonter le moral.

Céleste – Je suis désolée... J'aimerais te dire que tu te trompes mais avec ce que tu me dis, je...

Céleste lui lança un regard désolé, impuissante, son bras gauche sur son attelle. Elle voulait vraiment l’aider ! Mais il devait ouvrir les yeux, il devait passer par là pour repartir sur de bonnes bases et se sentir mieux. Maintenant qu’il savait que Gabriella avait changé, peut-être pouvait-il enfin se demander s’il l’aimait vraiment ? Ce qu’il ressentait pour elle, comment il la considérait, s’il voyait sa vie à ses côtés ou pas… Repartir de zéro. Auguste avait raison, bien sûr, mais elle ne pouvait pas le dire platement à Cyprien, il était trop fragile pour l’instant.

Céleste – Toi, que ressens-tu pour Gabriella, si les paroles d'Auguste sont vraies ?

Cyprien – Je suis mal à l'aise... Quand il est rentré en lui disant qu'il était fier de la voir toujours directrice et générale, j'ai eu honte... Parce que moi, j'ai peur, je ne la comprend plus. Je ne sais plus... Je ne sais pas ce que je dois faire !

La jeune professeure se mordit les lèvres, ne sachant vraiment pas ce qu’elle devait faire. C’était lui qui la réconfortait, d’habitude, pas l’inverse. Et même, elle ne l’avait jamais vu comme cela… Pas déprimé à ce point, il ne craquait jamais et souriait en permanence. Comment pouvait-elle faire ? Il ne devait pas se laisser aller, il fallait qu’il se reprenne. Le voyant trembler un peu, Céleste lui attrapa le bras pour attirer son attention en lui disant de se calmer, convaincue qu’il ne l’aurait pas écoutée si elle le lui avait seulement dit. Voilà, se calmer d’abord, réfléchir ensuite. Elle attendit qu’il se reprenne, qu’il respire ou cesse au moins un peu de trembler mais il était très pâle. Elle aurait dû s’y préparer, elle savait que la vérité lui ferait mal, elle le savait depuis le début…Et pourtant, Céleste était incapable de l’aider. Quelle mauvaise amie elle faisait ! Que pouvait-elle lui conseiller en dehors de la discussion ? S’il pensait tout cela, Gabriella et lui devaient parler, mettre les choses au point et… Se séparer s’il le fallait.

Céleste – Tu devrais lui parler. Vous devriez avoir une discussion en tant que couple pour voir... ce que vous devez faire. Vous n'avez pas besoin de problèmes supplémentaires avec tout ce qui se passe maintenant, un couple est censé se serrer les coudes et là... Ce n'est pas le cas.

Cyprien – Un couple... Je ne sais pas si on forme vraiment un couple... Peut-être que... Qu'elle ne s'est rapprochée que parce que je faisais parti des rares qui agissaient près d'elle et... Moi je... Je l'aimais car... Elle était...

Eh, eh, eh ! Doucement, là, elle lui interdisait de dire de telles choses ! D’accord, oui, ils étaient différents, mais Gabriella l’avait aimé et peut-être même l’aimait-elle toujours aujourd’hui. Elle n’avait pas accepté de se marier avec lui uniquement parce qu’il restait près d’elle, cela devait aussi être une question de soutien, sans oublier qu’il n’avait pas peur d’elle à ce moment-là. Oui, elle devait sûrement aimer Auguste, mais Céleste refusait que Cyprien se dévalorise pour autant. Ils savaient tous deux qu’ils avaient un caractère différent, très différent, avant de se marier. Et sa femme avait changé, depuis… Alors oui, peut-être l’amour n’était-il pas aussi fort que celui qu’elle avait avec Auguste, mais cela arrivait. Céleste se tourna complètement vers son ami et lui attrapa les deux mains pour l’obliger à se retourner, secouant la tête. Il était hors de question qu’elle le laisse dire des bêtises telles que celles-ci.

Céleste – Arrête de dire des bêtises. Elle a dû t'aimer, d'accord ? Tu la soutenais, tu étais à côté d'elle et tu as été le seul à ne pas avoir eu peur d'elle au début. Vous avez formé un couple mais elle a beaucoup changé. Tu m'as dit toi-même avoir peur de la voir changer à cause de l'armée, il y a des mois, donc c'est peut-être normal que tu ne l'aimes plus autant qu'avant, tu ne crois pas ?

… Et Cyprien se mit à pleurer après quelques secondes à peine, sans réussir à lui répondre. Il s’effondra dans ses bras sans que Céleste ne comprenne ce qui se passait, tapotant maladroitement son dos pour essayer de le réconforter sans bouger d’un pouce. Elle le laissait pleurer, comme lui l’avait fait lorsqu’elle avait craqué au bord de la falaise. Elle ne l’avait jamais vu comme cela… Elle savait que ces deux mois de vacances finiraient par l’atteindre, qu’il réaliserait que quelque chose clochait, mais ne s’attendait pas à ce qu’il le découvre de cette manière. Celle-ci était la pire de toutes : voir que sa femme, qu’on pensait aimer et qu’on pensait qui nous aimait, est en réalité amoureuse d’un autre homme qui vient de revenir depuis quelques minutes… Elle s’en voulut de ne pas lui avoir parlé avant, de ne pas lui avoir dit platement les choses, quitte à le perdre pour qu’il ne souffre pas comme aujourd’hui, comme maintenant.

Cyprien – Sans l'armée... Sans tout cela...

Céleste tourna légèrement la tête vers lui lorsqu’il redressa la sienne, souhaitant au moins lui faire comprendre qu’elle le soutiendrait d’un regard… Lorsqu’il l’embrassa. Ce contact fut très bref, guère plus long de quelques secondes avant qu’il ne réalise ce qu’il était en train de faire et bafouille un « désolé ». Mais il l’avait tellement surprise qu’elle n’avait pas eu le temps de le repousser ou de dire quoi que ce soit. Choquée, elle recula un peu, peinant à reprendre ses esprits. Elle n’imaginait pas que… Mais il était son ami, il était marié ! Et puis, s’il faisait cela parce qu’il était perdu… Ou… Elle ne savait pas. Il comptait beaucoup pour elle, Cyprien était le seul à la connaître vraiment, le seul qui avait réussi à la calmer. Mais Céleste ne voulait pas qu’il l’embrasse parce qu’il était perdu, elle ne voulait pas le perdre. Elle tenta de se reprendre pour répondre quelque chose de cohérent, perturbée.

Céleste – Tu es marié... Si tu as fait cela uniquement parce que tu es perdu, tu devrais vraiment lui parler. Tu comptes beaucoup trop pour moi pour que... Tu dois parler à Gabriella et réfléchir.

Cyprien – Je sais ce qu'elle va faire en rentrant, dit-il d'un ton morne. Soigner son fils puis filer à la caserne. Voir Bradley, se préparer... Peut-être retourner à Gray. Je... Tu comptes aussi, pour moi...

Céleste détourna le regard en le voyant ramener ses jambes sous lui. Elle se mordit les lèvres, essayant de rassembler ses pensées, de réfléchir mais elle devait bien admettre que la réaction de Cyprien l’avait perturbée, perdue. Plus personne n’avait eu ce genre de geste à son égard depuis neuf ans, son copain de l’époque et elle s’étant séparés un peu avant la fin des examens parce qu’il avait eu vent de ce qui se passait en cours de foudre par elle ne savait quel hasard et avait peur d’elle. Son cœur se serra en repensant à cela mais Cyprien lui ramena au présent en soupirant, tête baissée. Elle tourna la tête vers lui, pensive, et se rapprocha pour se remettre convenablement dans le canapé après avoir hésité, ne voulant pas s’éloigner à cause de ce qu’il avait fait, pas alors qu’il était dans cet état. Il avait besoin d’elle, le reste attendrait même s’il faudrait éclaircir ce baiser. Cyprien devait se reconstruire, revoir sa vie, comment la vivre, faire… comme il le lui avait conseillé lorsqu’elle avait craqué.

Céleste – Te voir comme ça me fait mal, tu as toujours été là pour moi et je ne te laisserai pas tomber. Mais...Il ne te reste plus qu'une chose à faire, que je ne peux pas faire à ta place. Savoir ce que tu veux, toi. Comment tu vois ta vie... Avec qui, si elle y a sa place et que ce n'est que "le pire" dans votre mariage, ou si tu penses que vous devez... repartir à zéro, chacun de votre côté.

Elle avait peur de le dire, mais Cyprien devait bien ouvrir les yeux et envisager cette hypothèse. S’il n’aimait plus Gabriella, la Gabriella d’aujourd’hui, et si elle ne l’aimait plus, ils devaient divorcer. Mais il ne répondit pas tout de suite, gardant la tête baissée alors qu’elle avait peur de sa réaction, peur de le faire pleurer alors qu’elle essayait de le réconforter. Cependant, il finit par parler, lui disant qu’il avait peur de voir la réalité en face, de voir qu’il s’était trompé, peur de voir qu’Auguste avait raison et qu’il avait couru derrière un rêve. Les choses dites comme cela était dures à admettre, oui, mais Cyprien devait passer par là… Elle aurait dû lui parler plus tôt. Lui dire les choses, l’amener à le découvrir d’une manière plus douce. Céleste lui lança un regard, gorge serrée, silencieuse. Elle ne savait pas quoi dire… Elle ne pouvait pas lui dire platement qu’il devait faire ce dont il avait peur, c’était impossible. Et pourtant…

Cyprien – Je ne veux pas laisser tomber le pensionnat... Ni rien de ce genre mais... Si Auguste a raison...

Qu… Quoi ? Une minute, qu’il ne soit plus avec Gabriella ne signifiera pas qu’il laisse tomber le Pensionnat ! C’est normal de ne pas pouvoir agir au même niveau que d’autres, chacun avait ses capacités, tout le monde pouvait aider mais pas au même stade. Il était tout à fait normal qu’on n’envoie pas un soldat incapable de viser une cible en l’abattant dans une guerre, sur le champ de bataille, par exemple. Eh bien, c’était la même chose ici. Le Pensionnat n’avait pas besoin d’être défendu de front uniquement, sinon l’école serait déjà perdue depuis des mois et ce serait fini. Il fallait aussi agir par derrière, dans l’ombre, ce que pouvait faire Cyprien comme elle à partir de la rentrée. Avec ça, être en couple avec quelqu’un qui se bat n’est pas un facteur déterminant. Kimmitsu se battait et était seul, Adrien se battait alors que sa femme était contre eux… Elle-même allait se battre à la rentrée et n’était en couple avec personne. Céleste l’appela à l’aide d’un « Eh là ! » qu’elle répéta trois fois avant de lui attraper le bras pour l’obliger à se tourner vers elle, le fixant droit dans les yeux. Il ne devait pas dramatiser la situation comme cela, il pouvait aider !

Céleste – Si Auguste a raison, tu te sépares de Gabriella. Mais cela ne t'empêchera pas d'aider le Pensionnat si tu le veux vraiment. Je ne suis en couple avec personne du Pensionnat et, pourtant, j'aide comme je peux. Adrien était avec Sarah qui était contre nous et, pourtant, il a aidé. Alors pourquoi ce serait différent pour toi ?

Céleste le vit se mordre les lèvres sans répondre pour autant mais elle ne le lâcha pas, attendant une réponse. N’importe quoi, même un hochement de tête, mais elle voulait qu’il lui dise qu’il était d’accord, qu’il comprenait et qu’elle avait raison. Il ne devait pas se dévaloriser parce qu’il s’était trompé en amour, tout le monde le faisait un jour ou l’autre, alors pourquoi pas lui ? Cyprien la dévisagea un long moment sans qu’elle ne détourne le regard ou le lâche, décidée à lui faire entendre raison. Puis il approuva. Bon, c’était déjà cela. S’il reconnaissait ce point-là, ils pouvaient avancer, n’est-ce pas ? Elle lui fit un mince sourire, n’ajoutant rien, satisfaite qu’il admette au moins ce point-là.

Cyprien – Ça t'a... gênée... quand je t'ai embrassé ?



Céleste entrouvrit la bouche, ne s’attendant pas du tout à cette question, et baissa la tête en relâchant le bras de Cyprien et en détournant le regard. Elle ne savait pas. Ce contact l’avait surtout surprise, bien qu’il soit bref, lui rappelant des sensations oubliées depuis des années aujourd’hui. Personne ne l’avait approchée ou touchée depuis Christian et elle-même s’était éloignée de tout le monde, isolée. Alors… Objectivement, Céleste devrait dire oui. Cyprien était marié ! Mais cela ne l’avait pas dérangée… Elle tenait à lui, énormément, se sentait mal de le voir aussi malheureux, mais elle était incapable de dire si oui ou non, elle se voyait avec lui dans l’avenir. Faire cet exercice était incroyablement difficile, pour le moment, et il lui faudrait sans doute un moment avant d’y arriver. Et puis, depuis qu’elle était arrivée au Pensionnat, Cyprien parlait de Gabriella, rêvait d’elle, s’extasiait devant elle… Comment aurait-elle pu imaginer ne serait-ce qu’un instant une relation avec lui ? Il ne l’avait jamais abandonnée, voilà la seule chose qu’elle pouvait dire. Même quand il avait tout appris, il était resté.

Céleste – Je devrais dire oui, mais je... Non. Enfin, si parce que tu es marié, mais je... Je n'ai jamais envisagé cette situation, pas que je ne t'aime pas ! Mais je... Tu aimes Gabriella depuis des années et tu es le seul à ne pas m'avoir laissée tomber.

Niveau de nervosité maximum atteint. Céleste avait parlé très vite en disant sa dernière phrase, sans compter la répétition abusive des « Mais je ». Elle n’était plus habituée, était perdue à ce niveau et n’osait même pas avouer ce qu’elle ressentait, ni même qu’il était le premier à l’embrasser depuis neuf ans. Cyprien baissa la tête en se laissant retomber contre le dossier du canapé, n’ayant toujours rien dit. La jeune professeure se sentait rougir et n’osait toujours pas relever la tête ou regarder son ami, se mordant les lèvres, même si elle guettait ses réactions du coin des yeux. Ce n’est qu’au bout d’un long moment qu’elle le sentit bouger, se rapprochant d’elle… et passer un bras autour de ses épaules, comme il l’avait fait au-dessus de la falaise. Elle se mordit les lèvres sans oser tourner la tête vers lui, son cœur battant plus vite malgré elle.

Cyprien – J'ai le droit de recommencer sans me faire électrocuter ?

Céleste redressa la tête en la tournant vers Cyprien, entrouvrant légèrement la bouche, prête à lui demander s’il plaisantait, touchée qu’il fasse un effort en essayant de reprendre son ton habituel. Mais elle se retint et ne répondit pas tout de suite, hésitant. Il avait fait son choix… ? Mais il n’avait pas le droit de faire cela alors qu’il était marié, ce serait trahir Gabriella. D’un autre côté, s’il ne l’aimait plus… Elle hésita un moment encore avant de pointer un doigt vers lui, tenant à ce qu’il respecte au moins une condition s’il voulait l’embrasser. Elle n’allait pas l’électrocuter, non, mais elle ne voulait pas trahir celle qui l’avait acceptée malgré ce qu’elle avait fait et dit en revenant au Pensionnat.

Céleste – Tu me promets de parler à ta femme ?

Cyprien hocha la tête et elle lui fit un faible sourire, acceptant qu’il l’embrasse à nouveau. Elle sentit son cœur s’emballer et son souffle s’accélérer lorsqu’elle le vit se rapprocher d’elle lentement, puis l’embrasser timidement sur la joue avant de se diriger vers ses lèvres, lui faisant tourner la tête complètement vers lui alors qu’elle fermait les yeux. Ce contact était incroyablement doux, comme nouveau depuis toutes ces années, elle redécouvrait quelque chose qu’elle avait longtemps oublié et banni de son existence. Cyprien l’avait prise dans ses bras et la serrait contre lui, Céleste n’ayant pas bougé comme son bras valide était coincé. Jamais elle n’aurait imaginé qu’une telle situation puisse se produire et, pourtant, elle était forcée d’admettre que ce contact était agréable et suffisait à lui provoquer des frissons. Cependant, lorsque Cyprien passa une main sous son chemisier, touchant sa peau, elle ne put s’empêcher de sursauter, pas du tout habituée.

Céleste allait dire quelque chose mais il l’embrassa avec plus de passion, ne lui en laissant pas l’occasion alors qu’elle sentait sa main toucher les bretelles de son soutien-gorge, caresser sa peau, son souffle ayant pris une brusque accélération. Elle avait beaucoup plus chaud, d’un coup, et ne pouvait même pas l’arrêter. Elle n’en avait pas vraiment envie, même si une voix intérieure lui hurlait que c’était mal. Ils ne faisaient que s’embrasser et ils étaient dans le salon, Cyprien allait sans doute s’arrêter, il y avait les enfants à l’étage. Dans le doute, et profitant qu’il reprenne sa respiration, Céleste le freina en s’écartant légèrement de lui à contrecœur, convaincue d’avoir trouvé l’excuse qui le pousserait à l’embrasser. Ils ne pouvaient pas, ce n’était pas… Non, ils devaient être raisonnables.

Céleste – Les enfants…, murmura-t-elle.

Cyprien lui sourit faiblement et l’aida à se relever, la tirant par son bras valide avant de l’emmener avec lui vers une autre pièce un peu à l’écart, une chambre d’amis apparemment, d’après ce qu’elle pouvait voir. Cet endroit était immense, mine de rien, ces quartiers justifiaient le prix qu’on devait mettre dans le loyer ou l’achat. Il la fit entrer dans la pièce et referma la porte à clef derrière lui, la poussant ensuite à s’allonger dans le lit, recommençant directement à l’embrasser. Mais ils ne… Ils ne… Ce n’était pas sérieux, ils ne devaient pas. Il passa une main sous sa jupe et Céleste posa sa main libre sur la sienne, fébrile, essayant de le freiner malgré les battements de son cœur de plus en plus rapprochés, rapides, ses joues qui prenaient une teinte rouge et son souffle qui s’accélérait.

Céleste – Cyprien, on ne…

Mais la fin de sa phrase s’évanouit en même temps que sa volonté de l’arrêter, le freiner, alors que Cyprien avait remonté sa main en frôlant sa cuisse jusqu’à sa culotte, la faisant gémir très faiblement. Il trichait, ils ne devaient pas… Ce n’était pas sérieux et c’était mal. Et puis, ils ne… Il risquait de regretter, de réaliser qu’il avait craqué uniquement parce qu’elle était là, qu’il ne l’aimait pas autrement qu’en amie, qu’il aimait toujours Gabriella. Céleste allait le lui rétorquer lorsqu’elle sentit qu’il passait un doigt sous sa culotte, massant son intimité en lui arrachant un gémissement. Ils ne… Son souffle s’accéléra encore plus alors qu’elle avait posé sa main derrière la nuque de Cyprien, l’embrassant, frissonnant sous ses caresses, une partie d’elle-même continuant à résister. Elle ne… Ils ne devaient pas, il allait regretter, elle en était sûre. Elle sentit, au même instant, un de ses doigts commencer à s’enfoncer alors qu’elle essayait une nouvelle fois de résister. Elle ne voulait pas qu’il fasse une erreur, elle ne voulait pas le perdre. Céleste abaissa son bras pour poser sa main sur la sienne, voulant l’arrêter, et interrompit le baiser en l’appelant d’une voix beaucoup plus rauque que d’habitude.

Céleste – Cy… Cyprien, on ne… On ne devrait pas, tu vas le regretter, je ne… Je ne veux pas te perdre quand tu réaliseras que tu étais perdu et souffrir par la suite, parvint-elle à dire en faisant un effort.

Cyprien – Tu préfères qu'on arrête ? murmura-t-il.

Céleste – Je…

Elle ne savait pas. Elle se mordit les lèvres, lâchant la main de Cyprien pour la poser sur sa joue en le regardant. A vrai dire, non, elle n’en avait pas la moindre envie mais elle n’osait pas l’avouer. Elle ne voulait pas que lui s’en veuille par la suite, ou lui en veuille parce qu’elle ne l’avait pas arrêté, ou qu’il fasse quelque chose qu’il regretterait ensuite parce qu’il ne l’aimait pas. Elle se savait fragile et lui le savait aussi, elle lui faisait confiance, là n’était pas la question, mais… S’il ne l’aimait pas ?

Céleste – J’ai peur que tu réalises que tu ne m’aimes pas vraiment et que tu m’en veuilles pour ne pas t’avoir arrêté, que tu souhaites t’éloigner après et que je perde la seule personne, avec mon frère maintenant, qui compte réellement pour moi dans ma vie. Mais…

Céleste baissa la tête et avoua tout bas qu’elle était forcée d’admettre qu’évidemment, cela ne la dérangeait pas, qu’elle ne voulait pas l’arrêter en dehors de tout ce qu’elle venait de dire. Elle avait peur de le perdre, voilà tout, mais s’il savait ce qu’il faisait, elle n’allait pas l’en empêcher, loin de là.

Cyprien – Là, ce que je réalise, c'est que je... Avec toi, je ne réfléchis pas, je suis... naturel...

Et il l’embrassa, la faisant redresser la tête et fermer les yeux. Céleste lui rendit son baiser, cette fois, posant sa main dans ses cheveux d’un air hésitant pour prolonger le baiser, profitant simplement de ce contact en essayant d’arrêter de se poser de questions. Elle se laissa aller, petit à petit, essayant de se détendre, retirant les vêtements de Cyprien en même temps qu’il retirait les siens, beaucoup plus sensible que lui ne l’était. Elle redécouvrait des sensations oubliées et écartées depuis des années à cause de la peur. Mais aujourd’hui, ici, Céleste n’avait pas peur, elle avait confiance même si se retrouver ainsi dénudée devant quelqu’un l’intimida un peu au début.

Ses gestes eux-mêmes étaient plus réservés et elle se forçait à ne pas faire trop de bruit en pensant aux enfants, ne voulant pas attirer d’ennuis à Cyprien, se mordant les lèvres sans pouvoir retenir de gémissements. La jeune professeure faisait courir ses doigts le long de son corps, de son torse, parfois beaucoup plus bas en se rappelant certains gestes au fur et à mesure. Elle pouvait recommencer à vivre, continuer et arrêter de s’en vouloir, avancer. Une telle douceur et passion écartée, oubliée, repoussée… Kimmitsu avait raison lorsqu’il disait qu’elle ne vivait pas. Mais maintenant, Céleste le jurait, elle allait profiter.

Elle ne sut combien de temps ils restèrent dans cette chambre, dans ce lit, mais elle redressa la tête pour regarder Cyprien dans les yeux avec un air inquiet, allongée contre lui au milieu de leurs vêtements éparpillés dans la chambre. Elle entendait les enfants jouer, un peu plus loin, ce qui lui indiqua qu’ils n’avaient même pas dû remarquer leur absence du salon – et tant mieux. Elle essayait de voir ce qu’il pouvait penser, de chercher la moindre trace de doute dans ses yeux, de regrets, ayant toujours un peu peur de l’avoir blessé ou perdu même si elle ne serait pas dans cette position si cela avait été le cas.

Céleste – Toujours aucun regrets, tu me le jures ? Comment te sens-tu ?

Cyprien – Très bien.... Détendu, assez. Et toi ?

Céleste – Dét… Heu…

Céleste porta la main à son ventre, essayant de camoufler l’énorme gargouillement qu’il venait de faire. Elle releva la tête vers Cyprien, lâchant un « désolée » en se relevant, disant qu’ils devaient penser à sortir et à préparer le déjeuner. Hors de question que les enfants remarquent leur absence, elle n’osait même pas imaginer la réaction de Gabriella si elle apprenait quoi que ce soit. D’accord, ils devaient parler et allaient, très probablement, se séparer… Mais tout de même. Elle se releva, cherchant ses propres sous-vêtements, sa jupe et son chemisier pendant que Cyprien s’habillait de son côté, un petit sourire aux lèvres. Elle était détendue, oui, s’étant laissée aller comme elle ne l’avait plus fait depuis longtemps même si elle aurait pu l’être plus. Etant donné la situation, étant donné son caractère, se détendre à ce point était déjà un miracle en soi. Céleste lança un regard à Cyprien, le rejoignant lorsqu’elle fut prête et ils sortirent sans faire de bruit pour regagner discrètement le salon, puis la cuisine. La jeune professeure s’accouda à la table, à côté de son collègue, et lui lança un regard.

Céleste – Tu veux de l’aide pour quelque chose ? De ce que j’ai pu constater, Lucas n’a pas l’air difficile mais c’est Estelle qui a fait tous les plats donc la barre est peut-être placée très haute.
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MessageSujet: Re: Se reconstruire   Se reconstruire EmptyMar 8 Sep - 19:12

– Cyprien, on ne…

On ne devrait pas, oui... Ils ne devraient pas mais il ne pouvait pas être raisonnable... S'il écoutait sa raison, il arrêterait tout de suite, il ne ferait rien, s'excuserait et la laisserait tranquille. Mais la prise de conscience n'avait pas stoppé en cours de route, il ouvrait enfin les yeux sur bien des choses, qu'il avait refusé de voir jusqu'ici. Il ne pouvait pas être bien avec une femme qui ne jouait pas au même niveau que lui, qui était si différente et Gabriella avait trop changé pour qu'il puisse être bien avec elle... Il l'avait perdu depuis longtemps, il le réalisait trop tard. Il n'aimait pas la voir dans l'armée, il détestait qu'elle se mette sans cesse en danger. Il rêvait d'avoir un enfant, un bébé à lui, pas elle, et en souffrait. Il voulait... Il voulait une vie de couple ordinaire, avec une femme qu'il comprenait. Une femme dont il n'aura pas peur, jour après jour, qu'elle revienne blessée ou pire. Même s'il continuera à se battre, il ne voulait pas bouleverser sa vie privée à ce point, il n'était pas prêt à tout sacrifier, amis, amour, travail, pour une cause. Ça ne lui correspondait et il ne pouvait comprendre ceux qui étaient prêts à tout sacrifier pour leurs buts. Il pouvait s'accommoder d'un certain manque de liberté, pas Gabriella. Et il ne pouvait être sur ce fil tendu.

Sa main glissa sur la peau fine, plus chaude, de Céleste, et il crut sentir des petites étincelles au passage. Il faisait très attention à son bras cassé, n'appuyant pas sur elle. Il arriva à sa culotte en tissu, tirant un peu dessus avant de s'y faufiler avec lenteur. Il massa avec délicatesse ce qu'il y toucha, alors qu'elle respirait d'un coup bien plus vite. Sans réfléchir le moins du monde, il se contenta de suivre son instinct. Elle gémit et lui mit une main derrière la nuque, le poussant à l'embrasser. Il malaxait la chair tendre et chaude, enfonçant un doigt entre les lèvres pour jouer avec son intimité. Céleste interrompit tout à coup le baiser en posant une main sur la sienne. Elle ne voulait pas ? Désolé... Il ne voulait pas la gêner ou aller trop vite, il ne réfléchissait pas. C'était bien la première fois depuis longtemps, d'ailleurs,q u'il se laissait aller ainsi. Gabriella n'était pas du tout câline, à moins que ce soit juste à cause de lui, mais aujourd'hui, il se laissait complètement aller.

– Cy… Cyprien, on ne… On ne devrait pas, tu vas le regretter, je ne… Je ne veux pas te perdre quand tu réaliseras que tu étais perdu et souffrir par la suite, parvint-elle à dire en faisant un effort.

– Tu préfères qu'on arrête ? murmura-t-il.

– Je…

Elle hésita puis posa la main sur sa joue, alors qu'il avait retiré la sienne, à califourchon au-dessus d'elle. Elle pouvait lui parler, il n'était pas très doué pour comprendre les femmes alors elle pouvait tout lui dire, qu'il sache à quoi s'en tenir. Il ne voulait plus se tromper, surtout en amour, il ne voulait plus prendre de chemins qu'il ne maîtrisait pas. Il était déjà très difficile d'accepter qu'il s'était accroché à un rêve, un rêve qui avait disparu depuis des mois maintenant. Auguste avait raison... Il ne la comprenait pas. Du moins, il ne l'avait jamais comprise comme il avait pu comprendre Céleste.

– J’ai peur que tu réalises que tu ne m’aimes pas vraiment et que tu m’en veuilles pour ne pas t’avoir arrêté, que tu souhaites t’éloigner après et que je perde la seule personne, avec mon frère maintenant, qui compte réellement pour moi dans ma vie. Mais…

Elle baissa la tête puis avoua dans un murmure que ça ne la dérangeait pas, qu'elle ne voulait pas l'arrêter sinon. Pourquoi devaient-ils être raisonnables... ? Cela faisait si longtemps qu'il ne s'était plus laissé aller ni posé de questions... Si longtemps... Il y avait juste le désir, tandis qu'il posait le regard sur elle, sa jupe presque entièrement relevée, ses cheveux en désordre, ses lèvres fines, son regard si bleu.

– Là, ce que je réalise, c'est que je... Avec toi, je ne réfléchis pas, je suis... naturel...

Il se pencha pour l'embrasser, longuement, plus passionnément dès lors qu'elle le lui rendit. Il reprit les caresses, l'aidant peu à peu à se débarrasser de ses vêtements, enlevant lui aussi les siens, les laissant près d'eux en désordre. Le désir continuait de monter, les soucis étaient partis bien loin, de même que la culpabilité qui reviendra plus tard avec force, car il était tout de même mari adultère. Il se plongea dans le regard océan de son amante, frissonnant quand elle touchait sa peau nue, quand ils jouaient de leurs mains et de leurs sensations. Ils firent l'amour dans un mélange de douceur et de passion, laissant échapper de longs gémissements, même s'ils veillaient à ne pas faire de bruit. Ils restèrent un très long moment, seuls, dans cette chambre, oubliant le reste du monde. Il devait s'être passé plus d'une heure quand il se soucia enfin du temps qui était passé, allongé nu avec Céleste sur le lit. Il caressait doucement son bras valide, ayant un peu le tournis mais le corps complètement détendu, comme s'il sortait d'une très longue période de repos.

– Toujours aucun regrets, tu me le jures ? Comment te sens-tu ?

– Très bien.... Détendu, assez. Et toi ?

– Dét… Heu…

Il eut un petit rire lorsque son ventre gargouilla bien fort, alors qu'elle s'excusait. Oui, ils devaient préparer le déjeuner, les enfants auront sûrement faim eux aussi, après deux heures à courir dans toute la maison en jouant. La culpabilité s'était tenue à l'écart longtemps mais elle commençait à revenir, lui grignotant l'estomac. Il était mari adultère, il avait trompé Gaby dans sa propre maison, alors qu'elle était à l'hôpital, épuisée et malade de ce qu'elle avait dû faire pour retrouver son fils. Il s'habilla assez vite, assis sur le bord du lit, se recoiffant avec un petit peigne pour ne rien laisser paraître. Dès que Céleste fut prête, il sortit avec elle, allant dans la cuisine. Il ouvrit la fenêtre en grand pour laisser passer la chaleur du soleil et laisser sortir les odeurs de cuisine, tout en réfléchissant à ce qu'il allait faire à manger. Que mangeaient les enfants ? Il pourrait faire de la purée, ça ne prenait pas si longtemps, avec de la viande de bœuf. Il ouvrit un placard pour prendre des pommes de terre, calculant rapidement ce qu'il fallait pour nourrir six personnes.

– Tu veux de l’aide pour quelque chose ? De ce que j’ai pu constater, Lucas n’a pas l’air difficile mais c’est Estelle qui a fait tous les plats donc la barre est peut-être placée très haute.

– Je ne tenterai jamais de concurrencer Estelle là-dessus, sourit-il en prenant un couteau. Elle est la maman parfaite, à mes yeux. Tu peux t'asseoir, ça va aller.

Il s'assit lui aussi, commençant à éplucher en vitesse les pommes de terre. Il avait très faim, lui aussi, même s'il s'en voulait de tromper Gaby alors qu'elle était à l'hôpital. Il ne culpabilisait d'avoir fait l'amour à Céleste mais de ne pas avoir au moins attendu que sa femme soit rétablie, c'était comme s'il l'avait doublement trahie. Il secoua la tête pour chasser ces pensées puis parla de sujets plus bateaux et anodins avec son invité. Les problèmes en cours, dont ceux du pensionnat, étaient à l'heure actuelle tellement loin de son esprit qu'on aurait pu croire qu'il ne s'agissait que du fruit de son imagination. Le repas était déjà bien avancé lorsqu'il ouvrit à la porte pour crier aux enfants de venir les aider à mettre la table et de ne pas être en retard. Allez, les gamins, on vient manger ! Il mit la viande à cuire, avec un petit sourire pour Céleste. Il devait absolument parler à Gaby, aussitôt que possible, à présent. En espérant que ça se passe du mieux possible, pour elle comme pour lui.
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