Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Problèmes en série

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  • Fonda
Récits : 1453

Âge RPG : 34 ans
Don(s) : Fulgumancienne et Aquamancienne
Taille : 1m78
Gabriella de Lizeux
Leader
Gabriella de Lizeux
MessageSujet: Problèmes en série   Problèmes en série EmptyMer 22 Juil - 12:18

Les seules lumières au-dehors venaient des lampadaires, des torches et autres lumières artificielles, en plus de celles produites par les éclairs violents qui déchiraient le ciel et ses nuages si noirs. Mais il ne pleuvait pas, pas une seule goutte d'eau. Cet élément était contenu, presque effacé, restreint, comparé à un autre élément qui lui se déchaînait sans plus aucune limite, avec une violence extrême. Gabriella était assise dans le salon, dans un fauteuil, avec le téléphone posé sur une petite table, à porté de main, sa petite Aurore installée contre son sein, entourée par les bras de sa mère. Elle ne la lâchait plus, ne la remettant dans son berceau que la nuit, pour qu'elle puisse dormir. Le jour, elle restait assise là, toujours le poignet et la cheville bandées mais dans des attelles plus légères. Elle tenait son bébé, la berçait, la câlinait, la nourrissait, la regardait dormir dans ses bras, en lui murmurant parfois qu'ils allaient retrouver son frère. Si elle n'était pas blessée, elle serait bien partie elle-même à la recherche de son fils. Mais elle devait rester, gardant Aurore contre elle avec possessivité, refusant de la lâcher même un instant. Elle ne daignait la confier à d'autres que lorsqu'elle devait se laver ou manger. La nuit, elle gardait son berceau près d'elle.

Elle releva la tête pour regarder, par les portes-fenêtres grandes ouvertes, qui donnaient sur le jardin, derrière la maison, l'orage éclater, plus fort lorsqu'elle était bien éveillée, plus faible la nuit. Jamais elle n'avait relâché son don aussi fort, de sa vie entière. Elle le sentait jusqu'au plus profond d'elle-même, elle sentait rugir en elle, comme si une nouvelle porte avait été abattu pour laisser s'échapper cette force. Elle se concentrait moins mais il ressortait tout de même, parfois bien plus fort. Son autre don, l'eau, était atténué, à côté, plus doux, moins présent. Elle inspira profondément, les yeux presque fermés, entièrement habitée par son pouvoir qui frappait au-dehors. L'électricité pulsait dans l'air, partout, s'étendant, dans un but bien précis. Elle ne voulait pas seulement épouvanter cette femme mais aussi la traquer. Si elle utilisait son don, une seule fois, il entrera en opposition avec le sien et Gabriella pourra savoir où. Il suffisait d'un seul choc entre leurs éléments. Rouvrant les yeux, elle rehaussa un peu Aurore contre elle, une main dans son dos, l'autre la soutenant. Là, tout va bien, mon bébé... Elle allait retrouver son frère, ce n'était qu'une question de temps. Et elle tuera son bourreau. La porte d'entrée claqua un peu, la tirant de ses pensées. Cyprien était sorti pour aller chercher les enfants, c'était vrai.

– Bonjour, dit-elle d'un ton presque indifférent en les voyant arriver, reportant ensuite le regard sur le ciel au-dehors.

Laura marmonna une réponse, puis se tut. Gaby n'y prit pas garde, les yeux fixés sur l'orage, un sourire mauvais aux lèvres. Elle espérait tellement que cette folle hystérique utilise son don, même un peu. Qu'elle le fasse, qu'elle craque, afin qu'elle puisse la retrouver. Et elle mourra. La foudre était l'un des éléments les plus mortels et destructeurs, il était temps que cette folle l'apprenne. Aurore se réveilla doucement et Gaby la changea de position, pour lui permettre de jouer avec sa peluche, la gardant au creux de ses bras. Cyprien était occupé avec les enfants, à faire elle ne savait quoi. Elle ne se souvint qu'au bout d'un moment qu'ils devaient constituer un dossier pour être retiré de la garde de leurs parents. Elle les regarda, lisant et compulsant divers documents. D'ordinaire, elle aurait voulu régler ça de suite mais l'enlèvement de Julien avait fait passer tout le reste au second plan. Il aurait pu se passer n'importe quoi, ça ne l'aurait pas intéressé. Le téléphone sonna tout à coup et elle décrocha. Elle reconnut la voix du commandant, son subordonné direct.

– Qu'il y a-t-il ? soupira-t-elle. Il s'est passé quelque chose au pensionnat ?

Cyprien releva tout à coup la tête, avec un air inquiet, jetant un regard vers le ciel. Se redressant, Gaby, mit correctement Aurore contre elle, qui jouait innocemment. Un problème de plus, histoire de changer ? Elle commençait à avoir l'habitude, maintenant. Il était rare que le commandant appelle chez elle, avec ça.

– Je voulais vous tenir informée. L'armée a engagé d'autres travaux, à Gray, en plus de l'école. Je pense qu'ils veulent former une sorte de parcours d'entraînement, qui servirait aussi aux élèves, pas seulement les guetteurs.

– Dans le village même ? Et l'école ?

– Le mur a été renforcé, les sous-sols continuent d'être modifiés. Ils se demandant s'il ne faut pas transformer les dortoirs en chambres, de deux à six personnes dans chaque, afin de mieux surveiller et restreindre les échanges entre les gamins, le soir.

Pas idiot, comme tactique. Elle reposa avec douceur Aurore dans son couffin pour ne pas la gêner en bougeant, silencieuse. C'était prévisible mais ils avançaient tout de même plus vite que prévu. Elle demanda des détails au commandant et il lui raconta ce qu'il avait vu pour le moment. Pendant qu'il parlait, elle fit un vague signe à son mari pour qu'il ne s'en fasse pas et continue les papiers avec Laura Et Jasper. Elle tiqua lorsque le commandant mentionna le type de "nouveaux élèves" qui allaient arriver en septembre. Des personnes chez qui le don avait été forcé, modifié, contraint. Les professeurs d'éléments allaient devoir être d'une vigilance extrême. Il fallait vraiment qu'elle fasse en sorte de reprendre une partie de ça en main. Bradley était peut-être un bon chef de guerre mais il n'avait aucune idée du danger qui surviendra avec des dons aussi instables chez tant de personnes. Le commandant rajouta que des soldats normaux allaient s'en charger, ce qui la fit bondir.

– C'est hors de question, siffla-t-elle d'un ton sec. J'avais déjà prévu de m'en charger moi-même, avec des personnes de confiance. Il y aura beaucoup trop d'accidents, sinon. Certains professeurs sont assez puissants pour gérer ça. Il y a Alice Morin, par exemple.

Elle croisa le regard de Cyprien, qui affichait un air assez mal à l'aise et perplexe. Les deux enfants, eux, étaient inquiets. Elle retint un long soupir, alors que le commandant avait marqué une minute de silence.

– Et parmi vos autres enseignants ?

– Je verrai ça à la pré-rentrée. Parmi les enseignants, en terme de puissance, Alice Morin est sans doute la meilleure, après moi. Elle sait se battre et gérer les situations de crise, je pourrai lui confier sans soucis les "nouveaux" qui manieront le feu. Je me chargerai de ceux qui posséderont la foudre. Le sous-directeur prendra sans doute ceux du vent. Reste la glace, l'eau et la terre... Nous verrons ça, il faut obligatoirement des personnes qui savent se défendre et parer.

Elle échangea encore quelques mots avec son subordonné puis raccrocha, reprenant sa fille dans ses bras. Comme si tout ce qui se passait en ce moment ne suffisait pas, il fallait rajouter le pensionnat. Elle contempla un instant l'orage puis reporta un regard pensif sur Cyprien.

– Bon, on va avoir quelques nouveaux élèves, à la rentrée. Avec quelques changements dans l'école. J'irai voir le maréchal à la pré-rentrée... En attendant, je dois retrouver mon fils. Tu t'occupes des enfants ?
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Anonymous Invité
Invité
MessageSujet: Re: Problèmes en série   Problèmes en série EmptyJeu 23 Juil - 15:16

Cyprien prit la valise la plus lourde à bout de bras, faisant signe aux enfants de monter dans le bus, qui stationnait devant la gare. Inutile de traîner trop longtemps dehors, bien qu’il sache qu’il n’y avait pas réellement un danger d’être blessé ou tué par la foudre, même au cœur du tourment. Ce n’était pas eux qui étaient visés… Grimpant à son tour, il coinça les bagages entre les banquettes, en disant aux enfants de s’asseoir. La maison était loin de la gare et le bus n’était pas très rapide. D’autres personnes montaient encore, alors que le chauffeur sifflotait en rendant la monnaie pour les tickets, visiblement peu perturbé. Il avait bien de la chance… Cyprien, lui, était hautement perturbé. Ses parents étaient sortis de l’hôpital il y a trois jours, encore un peu choqués mais remis de meurs blessures et de la peur. Il les appelait souvent pour avoir des nouvelles mais le mieux était encore de les laisser se reposer. Quand à Gabriella… Il sentit son estomac se contracter un peu en regardant l’orage. Tout le pays était touché ! Son don lui échappait totalement ! C’était très grave.

– Vous allez dormir dans la même chambre que la dernière fois, je ne sais pas trop combien de temps prend ce genre de dossier. On va essayer d’être rapides, pour que vous profitiez au moins un peu de vos vacances. Désolé de vous avoir fait venir, ce sera plus… Plus simple.

Le trajet dura presque une demi-heure mais enfin ils arrivèrent à destination. Il leur dit de laisser leurs sacs dans le hall d’entrée pour le moment, poussant la grosse valise au bas des escaliers. Gaby était toujours à la même place, sa fille dans les bras. Elle pouvait marcher, maintenant, en boitant un peu, mais le médecin lui conseillait de ne pas trop bouger encore pendant plusieurs jours, pour laisser le temps aux os de se remettre.

– Bonjour, dit-elle d'un ton presque indifférent en les voyant arriver, reportant ensuite le regard sur le ciel au-dehors.

Il eut un faible soupir puis alla chercher ce qu’il avait déjà pu récupérer à la préfecture la veille. Il déposa le tout sur la table du salon et dit aux enfants de s’installer, qu’il y avait pas mal de choses à préparer, déjà. Il reprit d’abord les informations de base, notant leur nom, tous leurs prénoms, la date de naissance, le lieu, les noms et prénoms des parents et grands-parents, leurs propres dates de naissance, lieu de vie et ainsi de suite. Il fallait souvent plusieurs exemplaires d’un même document, ce qui rendait la tâche assez pénible. Il avait allumé la lumière, dans la pièce, pour regarder les yeux de Laura et pouvoir noter leur couleur sur la pièce d’identité. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas comme détails, franchement… Il secoua la tête en notant une énième information qui lui semblait purement anecdotique, faisant régulièrement signer tout un tas de trucs aux enfants. Laura n’avait pas dû signer beaucoup de documents officiels dans sa vie car la sienne était un peu bizarre. Voyant que ça changeait trop parfois, il lui avait donné une feuille vierge pour qu’elle en choisisse une et s’y tienne lorsque le téléphone sonna.

– Qu'il y a-t-il ? soupira-t-elle. Il s'est passé quelque chose au pensionnat ?

Quoi ? Quoi, le pensionnat ? Mais ce n’était pas le moment ! Il redressa la tête, inquiet à nouveau. Elle était blessée, fatiguée, inquiète, le pensionnat pouvait bien attendre ! Julien était perdu dans la nature ! Alors le pensionnat pouvait bien aller se faire voir, là ! Il suspendit tous gestes, le cœur au bord des lèvres, regardant sa femme.

– Dans le village même ? Et l'école ?

Il fronça les sourcils en la voyant se redresser et déposer la petite dans le berceau, avant que l’inquiétude ne prenne le pas sur toute le reste. A peine cinq minutes avant, son visage était marqué par la tristesse et la tension. A présent, elle semblait très concentrée. Il fut rattrapé de nouveau par la peur et un gros sentiment d’impuissance, tant il était flagrant qu’elle était passée en moins d’une minute du stade « maman inquiète » à celui de « générale d’armée ». En si peu de temps… Elle leur fit signe de continuer, comme si elle n’avait même pas fait attention à la transition, comme si pour elle, c’était parfaitement naturel. Il eut de la peine à reprendre le fil, se raclant la gorge puis demandant à Laura si elle avait choisi sa signature. Il leur fit signer sur l’honneur que toutes les informations dans ce dossier était véridiques et vérifiées, notant la date à l’endroit indiqué. Gaby bondit tout à coup, comme si elle venait d’entendre la plus mauvaise nouvelle au monde. Il aurait voulu qu’elle raccroche… Le pensionnat pouvait bien attendre ! Elle ne pensait plus à son fils ? Ou bien, y pensait-elle mais trouvait tout de même le moyen de penser encore à l’école ? Ce n’était pas possible…

– C'est hors de question, siffla-t-elle d'un ton sec. J'avais déjà prévu de m'en charger moi-même, avec des personnes de confiance. Il y aura beaucoup trop d'accidents, sinon. Certains professeurs sont assez puissants pour gérer ça. Il y a Alice Morin, par exemple.

Il croisa son regard, assez mal à l’aise. Et l’orage tonnait toujours, peut-être plus fort. Il n’arrivait plus à la comprendre, il ne pouvait pas comprendre comment elle pouvait s’en faire pour l’école alors que son fils venait de disparaître, depuis des jours, plus d’une semaine, et qu’ils n’avaient toujours aucune nouvelle. Si elle voulait se changer les idées, pour ne pas mourir d’angoisse, il ya avait d’autres moyens. Il pouvait l’aider à se détendre, comme il l’avait fait à la plage.

– Je verrai ça à la prérentrée. Parmi les enseignants, en termes de puissance, Alice Morin est sans doute la meilleure, après moi. Elle sait se battre et gérer les situations de crise, je pourrai lui confier sans soucis les "nouveaux" qui manieront le feu. Je me chargerai de ceux qui posséderont la foudre. Le sous-directeur prendra sans doute ceux du vent. Reste la glace, l'eau et la terre... Nous verrons ça, il faut obligatoirement des personnes qui savent se défendre et parer.

Cyprien baissa la tête sur les papiers, se demandant ce qui pouvait bien se tramer, encore. Ils savaient tous que l’école allait changer, cet été, mais à quoi se prendre la tête puisqu’ils ne pouvaient rien faire pour l’empêcher, ni même se préparer ? Du moins, il ne voyait pas ce qu’il était possible de faire. Il signa un document plus lentement avant de le passer à Jasper, en lui indiquant où remplir, tapotant la feuille avec son stylo. Gabriella avait repris Aurore contre elle, la tête tournée vers eux. Il essaya de lui sourire mais le cœur n’y était pas. La transition avait été si marquée qu’il en restait troublé.

– Bon, on va avoir quelques nouveaux élèves, à la rentrée. Avec quelques changements dans l'école. J'irai voir le maréchal à la prérentrée... En attendant, je dois retrouver mon fils. Tu t'occupes des enfants ?

– Oui, bien sûr, c’est prévu.

Il se retint de lui dire abruptement qu’elle devrait renvoyer balader l’école pour le moment, tendu. Elle était entrée dans l’armée de force, après tout ! Rien ne l’obligeait à s’impliquer comme ça et personne n’exigeait non plus d’elle qu’elle donne sa vie pour le pensionnat. Elle n’était pas obligée, tout simplement, elle pouvait en faire beaucoup moins, elle pouvait relâcher prise. Il donna un texte de loi à lire aux enfants, qu’ils devaient connaître. Levant le regard vers l’orage, il soupira ensuite.

– On va retrouver Julien… Tu peux te détendre un peu. Tu perds le contrôle de ton don !

Elle lui rendit un regard incrédule, ce qui le surprit. C’était vrai ! Toute la France était touchée !

– Tu crois que c’est juste de la colère ? dit-elle tout à coup d’un ton sourd. On appelle ça une technique de traque. Cette folle manie le vent. Qu’elle l’utilise une seule fois et son pouvoir entrera en choc avec le mien. Et là, je saurai où elle se trouve, je saurai où est mon fils.

Il la fixa, bouche bée, n’ayant même pas pensé une seule petite seconde que ces orages n’étaient pas dus à la colère pure. Il croyait que… Il ferma la bouche puis la rouvrit, ne sachant plus quoi dire, alors qu’elle soupirait et reportait le regard sur le ciel, serrant Aurore contre elle. Il était pris de court, choqué même, tout comme les deux enfants. Il ne savait même pas qu’on pouvait faire ça avec un don, n’ayant certainement pas le niveau. Mais, une minute, il était certain que c’était un niveau qu’elle n’avait pas, cette année ! Il ne releva pas, mordillant son stylo, après un long regard vers le ciel. Au bout de quelques minutes il revint sur le sujet, décontenancé.

– Tu peux faire ça depuis longtemps ?

– Deux semaines…

Comme pour appuyer ses dires, de nouveaux éclairs percèrent le ciel avec violence, vers le sud de la capitale, il les vit au loin. Il soupira assez fort puis secoua la tête, tout en continuant à recopier un texte officiel que les futurs tuteurs devaient écrire en toutes lettres.

– C’est vraiment effrayant, marmonna-t-il.

Il continua de copier, un peu plus rapidement, ne remarquant qu’après-coup que tout bruit au-dehors avait cessé. Il releva à nouveau la tête, cherchant le problème, mais sa femme n’avait pas bougé. Par contre elle avait blêmi un peu plus, les yeux rivés sur le ciel qui se noircissait à vu d’œil. Quoi, il avait dit quelque chose ? Ou elle s’était fait mal au poignet en bougeant ? Tout à coup, alors que les éclairs s’étaient tus, ce fut la pluie qui remplaça, tombant enfin à un rythme soutenu, apportant une vague de fraîcheur. Gaby sourit tout à coup, mais un sourire lointain, comme détachée de tout ce qui l’entourait. Il la regarda puis regarda le ciel noir et la pluie, avant de regarder les deux enfants, perdu. La foudre revint, donnant une scène irréelle, la lumière des éclairs se mêlant à la pluie. Il allait lui demander ce qu’elle faisait lorsqu’on sonna à la porte. Il grinça des dents puis partit ouvrir. Sur un visage qu’il avait cru disparu à jamais.

– Auguste ? balbutia-t-il. Qu’est-ce que… Heu, je t’en prie, rentre !

Il referma la porte puis le conduit dans le salon prenant sa veste. Laura et Jasper se souvenaient sans doute de lui, non ? Ou il devait le présenter ? C’était une visite inattendue, Cyprien ne savait pas du tout que le grand rouquin était revenu dans la région. Il était parti fin octobre à cause d’un problème dans sa famille, les autres professeurs n’en avaient pas su plus. Leur visiteur-surprise alla saluer Gaby, qui avait elle aussi fait une drôle de tête en le voyant. Il s‘agenouilla tout à coup, avec un regard émerveillé.

– Petite bouille… La dernière fois, quand j’ai dû partir, on ne voyait qu’à peine ta grossesse. Je peux ?

Cyprien se rassit sur la chaise, alors qu’Auguste prenait Aurore entre ses grandes mains et la soulevait, comme s’il tenait un trésor très précieux, lui souriant en frottant son nez contre le sien, avec un sourire très large. Il murmura un « bonjour » d’une voix attendrie, presque étouffée. Une scène vraiment adorable, qui tranchait avec le reste. Cyprien sourit puis alla chercher des tasses et du café pour tout le monde, le laissant s’extasier un moment sur la petite. Il en proposa à Jasper et Laura, en repoussant un peu les documents pour ne rien salir.

– Tu es revenu sur Paris pour de bon ? demanda-t-il à Auguste. Tu as pu régler les problèmes chez toi ?

Il posa les tasses et le café, curieux de savoir ce qui le ramenait dans le coin, après tous ces mois.
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Anonymous Invité
Invité
MessageSujet: Re: Problèmes en série   Problèmes en série EmptyJeu 23 Juil - 17:44

Il se mit à pleuvoir quand Auguste gara sa voiture long du trottoir. Il se pencha pour regarder à travers le pare-brise, la pluie drue se mêler aux éclairs, formant des éclats presque mystiques. Gabriella ne devait pas être très bien...  Il mit sa veste correctement, sortant, accueilli par la pluie très forte. Revenir à Paris était un peu étrange, il avait été coupé de bien des choses depuis des mois, très occupé, très pris, c'était comme s'il revenait dans un tout autre monde, avec des règles différentes, un fonctionnement que personne ne pourrait imaginer. S'arrêtant à la boîte aux lettres, il vit le nom de Cyprien, rajouté près de celui de Gabriella, tracé d'une écriture fine et un peu "elfique", qu'il reconnut comme celle de la femme qu'il aimait. Il resta un bref instant, malgré la pluie, à considérer ce prénom. Il avait toujours vu que Cyprien flashait sur la jeune femme, mais le problème était qu'il n'avait pas vu qu'elle avait changé... Même au début de l'année, il a traitait comme la toute jeune femme avec qui il avait commencé à travailler. Était-ce toujours le cas aujourd'hui ? Il était probable que non, sinon il ne l'aurait pas épousé. Rajustant sa veste, il marcha rapidement dans l'allée et s'abrita sous le porche de la porte d'entrée, montant les trois marches.

Il caressa d'abord doucement la sonnette, sans appuyer tout de suite. Il était à la fois heureux et nerveux d'être de retour ici, à la fois inquiet de l'état dans lequel il allait retrouver Gaby et voulant la féliciter d'avoir tenu bon, de tenir toujours, lui dire à quel point il était très fier d'elle et de ce qu'elle était devenue. Il finit par appuyer, moitié souriant, et Cyprien ne tarda pas à venir lui ouvrir. Auguste le salua, imperturbable. Alors, avait-il changé, lui aussi, ou non ? Ce n'était pas un mauvais bougre, bien au contraire, il avait été l'un de ses collègues les plus sympas et dynamiques. Et il était un très bon professeur aussi. Mais il n'était pas fait pour les guerres et les grandes manœuvres. Si Auguste la confierait une école à diriger sans hésiter une seconde, il avait en revanche du mal à l'imaginer impliqué dans des projets touchant une masse de personnes. Ce n'était pas fait pour lui, voilà tout, ce qui n'était pas une insulte. Peu de personnes étaient prêtes à décider pour des centaines de personnes car les conséquences étaient très lourdes.

– Auguste ? balbutia-t-il. Qu’est-ce que… Heu, je t’en prie, rentre !

Qu'est-ce qu'il fichait ici, après tout ce temps ? la question était tout à fait légitime. Il le remercia d'un sourire en entrant, ôtant sa veste qu'il lui tendit avec un remerciement. Il vit d'abord deux jeunes gens, dans le salon, qu'il se souvenait d'avoir eu comme élèves. Hum, voyons, leurs noms... Il eut un regard d'excuse en disant bonjour, n'arrivant plus à les remettre pour le moment. Cela lui reviendra plus tard, sans doute. Il se tourna plutôt vers Gabriella, toujours aussi jolie qu'auparavant, et la salua. Puis il vit la petite qu'elle tenait, son bébé, l'un des deux enfants... Il s'agenouilla aussitôt, avec un air émerveillé, aussitôt attendri. Il avait appris le malheur, à la caserne en entendant deux soldats en parler, mais la petite était encore là, dans les bras de sa maman. Il sourit à Gabriella, un peu ébahi, puis reporta le regard sur la petite. Il se souvenait de cette journée qu'ils avaient passé ensemble, enlacés, où il lui avait dit vouloir être le père des des petits qu'elle portait. Un rêve qui pouvait être encore possible, si... Il tendit avec douceur la main pour glisser le doigt sur la joue de l'adorable petite fille, réveillant sa curiosité. Coucou chérie. Elle n'était pas sortie du ventre de maman quand il était parti et il était si heureux de la voir aujourd'hui, en vrai, pas avec une photo dans le journal.

– Petite bouille… La dernière fois, quand j’ai dû partir, on ne voyait qu’à peine ta grossesse. Je peux ?

Il la prit avec une infinie délicatesse, la tenant en veillant à garder sa tête droite, soutenant son cou par les doigts derrière, comme on faisait partout. Toujours agenouillé, il la souleva à hauteur de son passage et frotta son nez contre le sien, avec un petit rire, la tenant comme s'il s'agissait du plus beau et du plus précieux trésor de l'univers. Il murmura pour lui dire bonjour, puis l'embrassa sur la joue, le cœur battant très vite. Elle souriait à son tour, battant un peu des pieds. Là, chérie... Dieu qu'elle était mignonne et vigoureuse, cette enfant, autant que sa mère. Il fit une petite grimace à la fillette pour la faire rire, ravi de la tenir. Cyprien revint tout à coup avec des tasses du café, enlevant des tas de papiers sur la table. D'ailleurs, que faisait-il avec tout et avec deux élèves ? Curieux. Il reporta le regard sur la fillette qui touchait sa barbe, maintenant. Ah, ça piquait ? Désolé, trésor ! Il rit encore un peu, la laissant tirer dessus pour voir ce que c'était. Il s'écarta pour laisser Gabriella s'installer à table, en boitant, puis tira une chaise à son tour, la petite maintenant bien plus éveillée. C'est qui le grand monsieur qui pique ? Il l'allongea dans son bras puis lui chatouilla la joue pour la taquiner, assis près des deux jeunes.

– Tu es revenu sur Paris pour de bon ? demanda-t-il à Auguste. Tu as pu régler les problèmes chez toi ?

– Assez, oui, dit-il en relevant la tête. Pas trop de café, merci.

Il soutint la petite pour la tenir contre lui et qu'elle puisse jouer comme elle voulait avec les boutons de sa chemise, puis prit sa tasse de sa main libre. Ce n'est qu'à ce moment qu'il se souvint enfin du nom des deux élèves et leur demanda confirmation, pour être certain de ne pas se tromper.

– Je suis revenu à Gray, surtout. Les derniers mois ont été durs mais je peux me consacrer à mes propres projets maintenant. J'ai déposé un dossier de candidature pour revenir enseigner les maths au pensionnat.

Il rajouta un sucre dans le café avant de le passer aux deux gamins, Aurore étant très occupée à examiner un fil de la chemise. Il déposa un baiser léger dans ses cheveux blonds tous fins, alors que Gaby lui répondait que ça leur ôtait une bonne épine du pied, que trouver un candidat convenable était devenu une mission impossible. Il eut un faible sourire, admettant que ça ne devait pas être bien simple. Après avoir bu une gorgée de café, il redressa le regard, tourné vers elle, assise près de son mari.

– J'ai surtout réfléchi à une manière concrète d'agir. Avant de venir à Paris, j'ai eu un rendez-vous avec le Maréchal de l'armée, pour être engagé dans ton équipe, en tant que Guetteur. Je lui ai expliqué que j'approuvais tes méthodes, pas les siennes, et que je voulais aider. Ça l'a fait rire et j'ai signé mon engagement.

La pluie au-dehors cessa curieusement d'un seul coup. Il jeta un coup d'œil par la fenêtre puis regarda à nouveau Gaby. Elle resta silencieuse un moment puis lança un "Merci", d'une voix un peu essoufflée, comme si elle n'arrivait plus à parler. Il lui sourit, buvant un peu de son café. Elle n'avait pas à avoir honte, bien au contraire, elle devait être fière de la femme qu'elle était ! Aurore re-capta tout à coup son attention en babillant. Dis donc, c'est de la jalousie, ça ? Il joua un petit moment avec elle, fondant, avec la certitude que son frère sera retrouvé très vite. Il se tourna ensuite vers Laura, qui n'avait pas encore ouvert la bouche.

– Tu vas entrer en... quatrième, c'est ça ? Ou troisième ? Comment ça se passe, à l'école, pour les élèves ?
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Récits : 1550

Âge RPG : 14 ans
Don(s) : Aquamancienne et Aéoromancienne
Taille : 1m60
Laura K. Nakajima

Laura K. Nakajima
MessageSujet: Re: Problèmes en série   Problèmes en série EmptyLun 27 Juil - 19:42

[Remerciez Jaz pour le surnom d’Auguste, c’est LUI qui l’avait trouvé pendant le débat xD]


Ils étaient partis seulement au bout d’une semaine, l’orage ne semblant pas se calmer. Deux semaines d’orage… Mais ce n’était pas étonnant. Monsieur Redfire leur avait dit ce qui s’était passé, assez tôt comme ils devaient venir, et Laura comprenait bien mieux ce temps orageux, synonyme de colère. Peut-être les dossiers, la plainte et l’émancipation risquaient-ils de prendre du temps, mais… Sincèrement, de toute façon, qu’avaient-ils de mieux à faire ? Tant que cet orage ne cessait pas, ils ne pouvaient pas profiter pleinement de leurs vacances, même si Laura rêvait, plus que tout, d’être auprès d’Antoine à cet instant précis. Elle descendit du train avec son frère et leurs valises, cherchant monsieur Redfire du regard. Lui faisant signe dès qu’elle le trouva, alertant Jasper d’un petit coup de coude, ils le rejoignirent en quelques pas pour aller prendre le bus d’un pas pressé. Laura s’installa avec son frère dans le fond du bus, échangeant un regard avec lui après avoir regardé le ciel. Leur professeur, quant à lui, avait l’air fatigué, ou inquiet, ce qui n’était pas très étonnant. Pauvre Julien… Au moins, il n’aurait pas peur avec ces orages vu qu’il n’avait pas eu peur dans le parc, lorsque sa mère avait détruit le bâtiment de rédaction.  Mais l’orage… A Arès, il grondait déjà fort, comme partout en France, mais ce n’était rien lorsque l’on voyait Paris !

M. Redfire – Vous allez dormir dans la même chambre que la dernière fois, je ne sais pas trop combien de temps prend ce genre de dossier. On va essayer d’être rapides, pour que vous profitiez au moins un peu de vos vacances. Désolé de vous avoir fait venir, ce sera plus… Plus simple.

Laura hocha la tête en regardant son professeur, se sentant mal à l’aise de lui réclamer du temps comme cela avec son frère mais ne voyant vraiment aucune autre solution. Ils devaient aller vite, au moins pour laisser la directrice et son mari tranquilles, en espérant qu’ils retrouvent vite leur fils. Surtout s’il était avec leur ancienne prof de maths… Mais soit, ne pas penser à cela, montrer qu’elle était inquiète n’allait pas aider, et Laura le savait très bien. Elle resta silencieuse pendant le trajet, regardant par la vitre à l’extérieur du bus les gens qui passaient, se pressaient pour se mettre à l’abri ou, au contraire, ceux qui semblaient avoir compris qu’ils ne risquaient rien. Elle connaissait ce chemin, connaissait cette ville, mais la collégienne ne pouvait s’empêcher d’être nerveuse en pensant qu’ils étaient à Paris. Et s’ils croisaient leurs parents par hasard ? Elle ne voulait pas que son frère se fasse frapper à cause d’elle.

Ils descendirent du bus et, peu à peu, Laura parvint à se détendre bien qu’ils se rapprochent de la directrice qui devait être plus tendue que jamais. Mais ils s’éloignaient de leurs parents. La maison familière fut bientôt visible du bout de la rue et Laura remarqua même avec un petit sourire, portant ses sacs, que leur professeur avait rajouté son nom à la main à côté de celui de la directrice. Au moins, il était là et pouvait la soutenir… Laissant leurs affaires dans le hall, Laura se débarrassa de sa veste qu’elle accrocha au porte-manteau avant d’avancer dans le salon, voyant tout de suite la directrice avec Aurore dans ses bras, dans un fauteuil près du téléphone.

Directrice – Bonjour, dit-elle d'un ton presque indifférent en les voyant arriver, reportant ensuite le regard sur le ciel au-dehors.

Laura lui répondit tout bas, bien qu’elle ne soit pas convaincue que leur ex-tante y fasse attention. Elle s’installa ensuite à la table du salon avec son frère pendant que leur professeur allait chercher elle ne savait trop quoi, n’ayant pas écouté. Oui, bah, désolée mais voir la directrice comme ça n’était pas très rassurant. Elle faillit dire à Jasper qu’ils devaient aller vite, le plus vite possible pour ne pas trop les déranger, de moins en moins convaincue que demander à la directrice d’être leur tutrice était une bonne idée. Elle avait du boulot et, avec l’enlèvement de Julien… Enfin, peut-être allaient-ils le retrouver très vite ? Laura reporta son attention sur les papiers et les questions de monsieur Redfire lorsqu’ils revinrent vers eux, répondant à des choses pourtant évidentes. Elle comprit, alors, pourquoi ce genre de dossier prenait du temps vu tout ce qu’il fallait remplir… Elle n’avait jamais eu à signer autant de papiers, elle ! Elle lança un regard d’excuse à son professeur lorsqu’il lui demanda de signer sur une feuille blanche pour choisir une signature et s’y tenir. Après plusieurs tests, elle allait dire qu’elle avait choisi et pouvait répéter cette signature sans problème lorsque le téléphone sonna, interrompant toute activité en cours au cas où c’était la police.

Directrice – Qu'il y a-t-il ? soupira-t-elle. Il s'est passé quelque chose au pensionnat ?

… Encore ? Laura tourna la tête vers son frère, inquiète, serrant ses doigts un peu plus fort sur le stylo qu’elle avait en main. Ils savaient que les choses allaient changer au Pensionnat mais n’avaient pas une imagination assez développée pour savoir ce qui allait précisément changer d’ici la rentrée. Mais, plus encore que la situation du Pensionnat, ce fut le changement de caractère de leur ex-tante qui la choqua. Elle avait recalé Aurore contre elle puis avait pris une expression extrêmement concentrée, à des kilomètres de sa réaction lorsqu’ils étaient arrivés. C’était… Comment avait-elle fait cela ? Que se passait-il pour qu’elle change autant ? Le reste de la discussion ne lui indiqua rien de plus, cependant, sinon que des professeurs puissants allaient devoir se charger de… quelque chose, mais Laura se reconcentra sur les dossiers avec son frère et monsieur Redfire.

Avant d’entendre parler de nouveaux élèves qui risquaient de poser problèmes, apparemment. Nouveaux élèves… Mais où le Maréchal avait-il pu les trouver alors qu’ils quittaient tous l’éc… Oh. Blêmissant d’un seul coup, la collégienne baissa la tête sur la feuille en essayant de suivre. C’était ça que Jasper et Antoine avaient découvert ? Ca qu’ils lui cachaient depuis le début ? C’était pour cette raison que Jasper avait été malade, aussi ? L’adolescente secoua légèrement la tête pour se reprendre et évita de regarder son frère, le regard fixé sur les documents à remplir ou signer. Les élèves qui avaient développé un don d’eux-mêmes quittaient l’école, elle avait naïvement pensé que cela ralentirait les militaires. Mais non… Au lieu de cela, ils avaient « créé » des élèves eux-mêmes. Ce constat lui donna envie de vomir mais Laura se racla la gorge en lisant elle ne savait trop quoi. On se concentre !

Directrice – Bon, on va avoir quelques nouveaux élèves, à la rentrée. Avec quelques changements dans l'école. J'irai voir le maréchal à la prérentrée... En attendant, je dois retrouver mon fils. Tu t'occupes des enfants ?

M. Redfire – Oui, bien sûr, c’est prévu.

Laura releva un peu la tête vers monsieur Redfire, fronçant les sourcils en entendant le ton différent qu’il avait employé. Il ne parlait pas comme d’habitude… Encore plus mal à l’aise, elle baissa le regard à nouveau, ignorant ce qu’ils devaient faire. Monter ? Non, quand même, ils devaient continuer. Et puis, elle n’avait pas envie d’être seule avec Jasper tout de suite. Développer des dons chez des adolescents… Mais c’était odieux ! Ils ne pouvaient pas… ils avaient fait des tests sur les élèves du Pensionnat uniquement dans ce but-là ? Tué des élèves pour développer les dons, les étudier afin de les créer ? Elle avala difficilement sa salive, la gorge serrée. Les guetteurs aidaient l’armée, ça, elle le savait. Mais ils n’étaient pas nombreux… Antoine lui avait dit qu’ils aideraient surtout plus tard, pas tout de suite. Alors, ces élèves étaient destinés à les rejoindre « quand ils seraient prêts » ? Laura avait mal à la tête tant cette « découverte » changeait tout ce à quoi elle avait pensé jusqu’ici. Sérieusement pensé, du moins.

M. Redfire – On va retrouver Julien… Tu peux te détendre un peu. Tu perds le contrôle de ton don !

Directrice – Tu crois que c’est juste de la colère ? dit-elle tout à coup d’un ton sourd. On appelle ça une technique de traque. Cette folle manie le vent. Qu’elle l’utilise une seule fois et son pouvoir entrera en choc avec le mien. Et là, je saurai où elle se trouve, je saurai où est mon fils.

… Elle le faisait consciemment ? Bon, d’accord, , Laura avait peur. On lui prenait son fils et elle avait spontanément pensé à utiliser son don pour le retrouver ? Mais quand Jasper lui avait dit pour les orages, elle avait directement pensé que c’était de la colère, elle ! Et lui aussi ! N’est-ce pas ? Bouche-bée, elle lui lança un regard pour constater, qu’effectivement, il ignorait que c’était une technique de traque, de la stratégie et rien d’autre. Leur prof n’en savait rien non plus vu sa propre réaction et Laura ne put s’empêcher de regarder par la fenêtre. Les orages, ce temps d’apocalypse… C’était dans ce but-là ? Ce soir, si elle pouvait, elle appellerait Antoine pour tout lui raconter. Ca faisait beaucoup, là. On pouvait faire une telle chose avec un don… ? Les articles de journaux disaient vrai sur la puissance de la directrice. Ils restèrent silencieux durant quelques minutes, eux abasourdis par cette découverte, leur ancienne tante perdue dans ses pensées, apparemment.

M. Redfire – Tu peux faire ça depuis longtemps ?

Directrice – Deux semaines…

Au même instant, ils purent voir des éclairs percer le ciel un peu plus loin, comme si elle voulait le leur prouver. Oui, Laura avait peur. Peut-être n’était-ce pas une bonne idée… Mais si. Ils étaient en sécurité, ici, même si le don de la directrice s’était encore développé. Elle devenait vraiment puissante, dangereuse, et avec ça, son statut de générale lui donnait des moyens pour agir consciemment. Avec un tel don… Monsieur Redfire soupira tout à coup, secouant la tête sans cesser d’écrire.

M. Redfire – C’est vraiment effrayant, marmonna-t-il.

Le… Le prof lui-même avait peur ? Mais il était presque le seul à ne pas être effrayé par la directrice ! Et maintenant, il avait peur ? Il continua à écrire alors que Laura échangeait un regard avec son frère, de plus en plus mal à l’aise. Elle remarqua, en même temps, qu’il n’y avait plus d’orage dehors, plus de bruit, et reporta son regard sur son ex-tante qui était devenue un peu plus blanche. La pluie remplaça bientôt les orages avec un ciel noir sans qu’elle ne comprenne ce qui se passait. Puis tourna la tête vers la directrice. Oh… Monsieur Redfire les regarda, l’air perdu, mais il ne semblait pas s’être rendu compte de ce qui avait causé ce changement de temps. Il avait peur… Il avait vraiment peur ? La réaction de la directrice était tout à fait normale, pour une fois, même si lui ne devait pas comprendre. On ne dit pas à sa femme qu’elle est effrayante ! Tout le monde sait cela. Ou pas ? Les filles, en tout cas, le savaient. C’était logique… Mais ils n’eurent pas le temps de dire quoi que ce soit, quelqu’un sonnant à la porte.

Laura lança un nouveau regard à son frère sans savoir que faire, n’arrivant pas à se concentrer de nouveau sur le dossier. Leur prof avait peur… D’accord, la directrice avait changé. Beaucoup changé, même. Mais tout le monde disait qu’il fallait changer ! Le Père Vilette l’avait recueillie après l’histoire avec Clémence, lui avait parlé longtemps, très longtemps, et elle avait appris qu’ils devaient changer pour s’adapter à ce que vivait l’école. Sinon, comment pourraient-ils survivre ? Parce que oui, maintenant, il n’était plus question de simplement suivre les cours, et Laura le savait. Même si elle venait seulement de le découvrir… Entre l’émancipation, les « nouveaux élèves », les guetteurs et la directrice, il y avait beaucoup trop de choses à intégrer en même temps.

La collégienne redressa la tête au moment où leur professeur de SVT revint avec… Eh, c’était un prof du Pensionnat ! Heu… Zut, comment s’appelait-il, déjà ? Elle ne l’avait jamais eu, mais ses amies oui. Par contre, son nom… Bon, soit. Elle répondit à son bonjour avec son frère, un peu perdue de voir ce visage ici. Il avait quitté le Pensionnat un peu après le débat à la télévision, jour où tout s’était déclenché. Elle se rappelait l’avoir vu aux côtés de la directrice, et… Aïe. Le « preux chevalier », c’était lui. Il se rapprocha de leur tante et se pencha vers Aurore, s’agenouillant à terre comme s’il venait de voir le trésor le plus précieux du monde.

Prof – Petite bouille… La dernière fois, quand j’ai dû partir, on ne voyait qu’à peine ta grossesse. Je peux ?

Monsieur Redfire se rassit à côté d’eux alors que l’ancien professeur prenait Aurore dans ses bras, jouant avec elle, l’air attendri. Cette scène semblait irréelle lorsqu’on repensait à ce qui s’était passé avant et à ce que cela signifiait. Heu… Une minute. Si ce prof revenait et qu’il était le « preux chevalier » de la directrice… Mais non. Aucun risque, ils étaient mariés et tout le monde savait que le prof de SVT aimait leur ancienne tante depuis des années ! Chassant cette idée de sa tête, Laura aida son professeur à repousser les documents lorsqu’elle le vit revenir avec des tasses de café, refusant poliment quand il lui en proposa après Jasper. Non, merci, elle n’avait jamais apprécié cela et, en plus, n’en avait pas besoin maintenant. Tout le monde était à table, la directrice s’étant déplacée en boitant et leur ancien prof gardant la petite Aurore dans ses bras. Il avait vraiment l’air émerveillé, subjugué, comme s’il tenait un rêve entre ses mains. Du moins, c’est l’impression qu’il lui donnait. Laura eut un sourire attendri avant de regarder son frère, les mains jointes sur sa jupe en-dessous de la table.

M. Redfire – Tu es revenu sur Paris pour de bon ? demanda-t-il à l’homme. Tu as pu régler les problèmes chez toi ?

Prof – Assez, oui, dit-il en relevant la tête. Pas trop de café, merci.

Aurore jouait toujours contre lui et Laura ne parvint à en détacher le regard que lorsque le prof leur demanda leurs prénoms, à Jasper et elle. Bon, lui les connaissait alors qu’eux non ? Du moins, elle ne retombait plus sur son nom… Mais à force, elle avait appris à ne plus s’en étonner. Avant qu’il ne parte, ils étaient déjà… un peu agités. Cette époque semblait si lointaine, à présent… Pourtant, cela datait d’à peine un an, quelques mois seulement. Le débat avait eu lieu en novembre, brisant tous les espoirs et déclarant la guerre ouverte entre le Pensionnat et les militaires. Et pourtant, cela n’avait rien changé…

Prof – Je suis revenu à Gray, surtout. Les derniers mois ont été durs mais je peux me consacrer à mes propres projets maintenant. J'ai déposé un dossier de candidature pour revenir enseigner les maths au pensionnat.

Oh, il allait revenir ? Eh bah voilà, ils avaient un nouveau prof de maths pour remplacer celle que tout le monde détestait ! Et, en plus, aux dernières nouvelles, il était de leur côté et allait donc les aider et non pas les enfoncer. C’était parfait ! Laura tourna la tête vers Jasper avec un grand sourire alors que la directrice disait que cela leur ôtait une bonne épine du pied, que trouver un candidat convenable était impossible. Ce qui était compréhensible vu la réputation de l’école… Mais ils avaient un prof ! Et elle ne connaissait toujours pas son nom… Oui, bah, des trous de mémoire, c’est tout à fait normal, surtout qu’elle ne l’avait jamais eu.

Prof – J'ai surtout réfléchi à une manière concrète d'agir. Avant de venir à Paris, j'ai eu un rendez-vous avec le Maréchal de l'armée, pour être engagé dans ton équipe, en tant que Guetteur. Je lui ai expliqué que j'approuvais tes méthodes, pas les siennes, et que je voulais aider. Ça l'a fait rire et j'ai signé mon engagement.

D’un seul coup, il cessa de pleuvoir et Laura tourna la tête vers la directrice, soudain plus inquiète. Non, ce qu’elle avait pensé quelques minutes plus tôt n’était pas une idée farfelue… Cet homme représentait toujours beaucoup pour elle et il menaçait clairement le couple qu’elle formait avec leur prof de SVT. Sinon, pourquoi aurait-elle réagi comme cela ? Il avait provoqué cette pluie et voilà que leur nouveau prof de maths l’arrêtait. Est-ce qu’il se rendait compte du danger ou était-elle la seule à voir ce qui se passait ? Comme pour appuyer ce que Laura craignait, leur ex-tante répondit un « Merci » d’une voix étouffée, faisant sourire leur nouveau prof. Ils ne dirent rien pendant un petit moment durant lequel il joua avec Aurore avant de se tourner vers elle et son frère.

Prof – Tu vas entrer en... quatrième, c'est ça ? Ou troisième ? Comment ça se passe, à l'école, pour les élèves ?

Laura – Je vais rentrer en troisième. Et, heu… C’est difficile, mais on s’en sort. Le Père Vilette a déjà aidé beaucoup d’élèves pour comprendre ce qui se passait mais… Certains sont plus… Ils préfèrent se plier aux militaires et n’acceptent pas qu’on résiste.

Laura fit une pause en lançant un regard à son frère, resserrant les poings sous la table, avant de le reporter vers leur professeur. Maintenant, ils s’étaient calmés et n’avaient plus reçus d’attaque directe, mais elle préférait éviter ce sujet comme elle avait souvent été la cible pour attaquer Jasper, étant son point faible. Mais c’était sans importance, aujourd’hui, vu que bon nombre d’élèves allaient être retirés du Pensionnat d’ici la rentrée. Avec un peu de chance, ceux qui voulaient se plier seraient partis…

Laura – Mais ça va peut-être se calmer… Je sais que beaucoup de collégiens veulent partir, en tout cas, pas mal de mes amis ont demandé pour changer d’école lorsque ce n’étaient pas leurs parents qui le faisaient. Seulement, j’ignore ce qu’il en est pour les lycéens et les guetteurs… Tu peux peut-être expliquer, Jaz ?
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MessageSujet: Re: Problèmes en série   Problèmes en série EmptySam 1 Aoû - 21:09

– Je vais rentrer en troisième. Et, heu… C’est difficile, mais on s’en sort. Le Père Vilette a déjà aidé beaucoup d’élèves pour comprendre ce qui se passait mais… Certains sont plus… Ils préfèrent se plier aux militaires et n’acceptent pas qu’on résiste.

Il faudra faire une petite recherche sur les élèves dès le début de l’année, voir avant… Il retint un sourire, planifiant déjà la façon dont il allait s’y prendre. Pour commencer, compulser les dossiers sur eux au pensionnat, puis ceux que l’armée gardait sûrement sur les Guetteurs. Il devait absolument savoir quels étaient les élèves qui en faisaient parti, même s’ils ne l’affichaient pas au pensionnat, afin de déterminer leurs raisons, leurs objectifs, leurs états d’esprit, leur comportement, leur niveau d’embrigadement. Il rehaussa la petite Aurore contre, glissant un doigt sur sa joue pour la faire sourire. Voyons voir… Il demandera à Gaby un accès à tous les dossiers élèves de l’école, en plus des cours où il pourra observer les élèves de près. Quand à l’armée, Gaby pouvait là aussi aider à accéder aux dossiers, en plus de ses subordonnés. Il devra mener une partie de ses recherches avant la rentrée, afin de se tenir prêt. Mais il n’y avait pas que les élèves, il devait aussi voir les professeurs, ses anciens collègues avaient sûrement changés, eux aussi.

Il n’était pas étonné, pour le Père Vilette, il avait toujours été très protecteur et prêt à défendre ce qui lui était cher. Auguste sourit à Aurore, l’embrassant dans les cheveux avec tendresse. Cette petite bouille… Il avait bien hâte de retrouver son frère, afin d’ôter un poids à Gaby. Il avait considéré ces deux petits comme les siens avant même leur naissance, lorsqu’il était en couple avec Gabriella. I elle ne voulait pas d’autres enfants, quelle importance ? Ils avaient déjà ces deux adorables petits au creux des bras. Il était certain qu’ils deviendront aussi doués que leur maman, ça ne pouvait pas être autrement. Donc ne pleure pas, petite bouille… Ton frère sera retrouvé. Il tourna à nouveau le regard vers Laura, les yeux légèrement plissés. Il se demandait ce qu’avaient déjà faits les élèves qui ne voulaient pas se plier. La plupart avaient dû se mettre en danger, bien trop.

– Mais ça va peut-être se calmer… Je sais que beaucoup de collégiens veulent partir, en tout cas, pas mal de mes amis ont demandé pour changer d’école lorsque ce n’étaient pas leurs parents qui le faisaient. Seulement, j’ignore ce qu’il en est pour les lycéens et les guetteurs… Tu peux peut-être expliquer, Jaz ?

– Ça dépend… La plupart des Guetteurs ne pensent pas à mal, mais certains sont des tarés psychopathes…

Auguste hocha lentement la tête, gardant Aurore par un bras avant de boire un peu de café de l’autre. Il croisa le regard de Gaby, plongeant dans ses yeux, qui lui avaient tant manqué. Elle était toujours aussi attirante, comme au premier jour. Il se souvenait très bien de jour, au mariage d’Estelle, où il l’avait salué par un baisemain avant qu’ils ne partent tous les deux pour une longue balade à Paris, prendre un thé, juste tous les deux. Il eut un petit sourire puis reposa sa tasse, fermant les yeux un bref instant. Lorsqu’il releva la tête, il vit Cyprien froncer les sourcils, regardant alternativement Gaby puis lui-même. Un problème ? Auguste se contenta de lui renvoyer un sourire aimable et il reçut en échange un regard noir. Quelle amabilité !

– Qu’est-ce qu’il ya ? lui demanda-t-il d’un ton perplexe.

Il avait une mauvaise mine, comme s’il venait de découvrir un bout de rat dabs son assiette. Qu’est-ce qui lui arrivait ? Il était malade ? Pourtant, Auguste se souvenait qu’il était plutôt rare de voir Cyprien en colère ou malade, ce n’était pas son genre. C’était quelqu’un de facile à vivre, agréable, un bon ami. Loin des préoccupations de Gaby, c’est vrai, mais on pouvait lui faire confiance. Mais pour Auguste, l’innocence qui caractérisait Cyprien était surtout un handicap pour qu’il puisse suivre sa femme. Dommage, peut-être, mais pour être bien avec une personne, il fallait la comprendre. Il était mal à l’aise pour Gaby là où Auguste était si fier d’elle.

– Tu peux cesser de faire du gringue à ma femme, je te prie ?!

– Oh, je t’en prie, ne me fais pas de scènes pour rien, soupira-t-il longuement. Je n’y suis pour rien si tu as peur ou si tu n’arrives plus à comprendre ni à suivre.

Cyprien ouvrit très grand la bouche, d’un seul coup, pâlissant si brutalement que même Gaby lui jeta un regard inquiet. Il la referma, puis al rouvrit, comme un poisson, passant d’un coup du plus pâle au rouge bien vif. Aurore ouvrit de grands yeux puis eut un petit rire en tendant la main vers lui. Sentant que ça allait dégénérer, il se leva puis rendit la petite à sa maman avant de se rasseoir à sa place initiale, croisant les mains en les posant sur la table. Il regarda son collègue, très calme, sans prononcer un mot de plus.

– Et de quoi ai-je peur, selon toi ?!

– Tu avais peur de moi, murmura Gaby dans un souffle. A l’instant.

– Mais non ! Enfin… Bon, si, tu me faisais assez peur, mais je…

Qu’il se taise… Là, franchement, qu’il se taise ! Mais Auguste n’eut pas le temps de vraiment réagir. Gaby allait lui répondre lorsqu’elle écarquilla les yeux tout à coup, le souffle coupé. Ils tournèrent tous la tête vers elle alors qu’elle souriait, d’une manière féroce. La foudre gronda, puis les nuages noirs s’estompèrent, libérant le ciel, dégageant tout l’espace. Gaby se leva, puis mit la petite dans les bras du jeune Jasper, en lui disant qu’elle la lui confiait. Il se leva à son tour, la rattrapant par le coude lorsqu’elle eut une petite grimace, appuyant sur sa cheville encore fragile. Le ciel était redevenu d’un bleu limpide mais il pouvait sentir le très fort taux d’électricité dans l’air, comme tout le monde d’ailleurs. Gaby fila jusqu’à une commande puis tira un pistolet, qu’elle chargea sèchement avant de le glisser dans sa ceinture, attachant aussi ses cheveux. Elle avait totalement changé d’expression, parfaitement concentrée. Elle se débarrassa du haut décontracté qu’elle portait puis enfila une veste plus réglementaire, posé sur une chaise à côté, qu’elle serra pour ne pas être gênée. Il sourit, encore plus fier d’elle. Cyprien la regardait, avec un air perdu et paniqué.

– Attends, Gaby, je t’accom…

– Pas question, le coupa-t-elle en se retournant. Tu restes ici, tu veilles sur les enfants. Auguste, appelle à la caserne, il me faut une voiture de l’armée, on ira plus vite.

Il hocha la tête puis alla prendre le téléphone. Pendant qu’il appelait, en expliquant très vite la situation, Gaby était en train de vérifier son arme et glisser quelques balles en plus dans sa veste. Il se redressa, demandant à Gaby s’il pouvait l’accompagner. Elle hocha la tête, remettant le calot de sécurité. Ils durent attendre un peu avant que la voiture n’arrive. Il sortit, suivant Gaby, découvrant avec un peu de surprise que deux de ses subordonnés étaient là aussi, en uniformes et armés. Il se retourna juste un enfant, voyant Cyprien sur le pas de la porte, avec les deux enfants, le bébé. Gaby s’installa à l’avant, à côté du grand commandant qui s’était mis au volant. Il s’assit à l’arrière avec l’autre soldat, fermant la porte. C’était une scène étrange, comme s’ils partaient pour de bon en guerre en laissant la famille derrière eux.

– Où est-elle ? demanda-t-il alors que le commandant démarrait assez vite. Comment doit-on s’y prendre ? Elle a son élément, ça peut vite devenir dangereux, surtout si elle tient le petit.
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Gabriella de Lizeux
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MessageSujet: Re: Problèmes en série   Problèmes en série EmptyDim 2 Aoû - 12:29

– Oui, bien sûr, c’est prévu.

Parfait. Elle baissa un instant la tête vers Aurore, lui jurant de retrouver son frère au plus vite. Entre ça, le pensionnat, tout ce qui allait se passer cet été… Bien sûr, Bradley ne voulait pas perdre de temps, ils avaient déjà mis des mois avant de pouvoir tout installer comme ils le désiraient, on ne mettait pas ce genre de système en place en trois jours. Elle prit une petite inspiration avant d’étendre l’orage plus fortement au sud, sentant qu’il faiblissait. Un orage qu’elle visualisait comme une toile gigantesque et serrée, s’étendant partout, chargeant l’air d’électricité et se faufilant dans tous les recoins possible et inimaginables. Bientôt… Elle devait tenir encore. Tenir tant qu’elle n’aura pas localisé l’autre folle et Julien. Peu importe le temps que ça prendra maintenant, il fallait qu’elle garde le contrôle et le tienne. Elle avait pris le coup de main, après des premiers jours chaotiques et très peu efficaces.

Lorsqu’elle avait déclenché puis étendu son don, elle avait bien failli terminer dans le coma, tant son pouvoir lui avait aspiré presque toute son énergie vitale. Puis elle avait senti, au plus profond d’elle-même, le nœud guidant et contenant son don. Un nœud qu’elle avait réussi à faire éclater au bout de presque une semaine avant d’obtenir enfin un contrôle qu’elle n’aurait jamais cru atteindre jusqu’ici. Elle redressa la tête pour regarder le ciel, un maigre sourire aux lèvres. Cette garce ignorait ce qui l’attendait. Gaby n’aura aucune hésitation à la tuer en cas de besoin, pas après ce qu’elle avait fait. Elle n’allait pas se mettre à faire du sentiment pour ses ennemis, après tout.

– On va retrouver Julien… Tu peux te détendre un peu. Tu perds le contrôle de ton don !

Son don ? Perdre le contrôle ? Elle tourna la tête vers lui, se demandant si elle avait mal entendu, puis l’agacement la submergea. Perdre le contrôle, mais bien sûr ! Comme si elle n’avait que ça à faire alors que son fils courait un aussi grand danger ! Comme si c’était le moment de « perdre le contrôle » ! Qu’est-ce qu’il croyait, qu’elle avait relâché son don à cause de la colère ? Qu’elle s’amusait à perdre autant de temps et d’énergie juste pour le plaisir ?

– Tu crois que c’est juste de la colère ? dit-elle tout à coup d’un ton sourd. On appelle ça une technique de traque. Cette folle manie le vent. Qu’elle l’utilise une seule fois et son pouvoir entrera en choc avec le mien. Et là, je saurai où elle se trouve, je saurai où est mon fils.

Elle retint un soupir puis reporta le regard sur le ciel, resserrant un peu sa prise sur sa fille, qui s’endormait un peu, pas le moins du monde effrayée par les orages. Gaby caressa doucement ses petites boucles blondes et sa peau très douce de bébé, murmurant une petite berceuse que sa propre mère lui chantait le soir pour l’endormir. Les jumeaux commençaient à faire leurs nuits, mais il faudra qu’elle veille bien Julien pour le soigner et lui faire retrouver un rythme de vie normal. Elle s’occupera de ses enfants, plus question de les laisser aussi longtemps seuls, ils n’auront rien à craindre.

– Tu peux faire ça depuis longtemps ?

– Deux semaines…

Enfin, ce n’était vraiment efficace que depuis trois ou quatre jours, en réalité, elle avait beaucoup de mal à stabiliser les orages et veiller à ne pas brûler toute son énergie au point d’en arriver aux portes de la mort. Sarah avait sûrement utilisé son pouvoir durant le laps de temps où Gaby devait mettre en place le sien, mais peu importe, elle recommencera. Cyprien soupira d’un coup, bien fort, lui faisant relever la tête.

– C’est vraiment effrayant, marmonna-t-il.

Le cœur de Gaby rata violemment un battement et elle pâlit, entrouvrant la bouche… Il avait… Il avait peur d’elle ? De ce qu’elle faisait ? Elle réussit à ne rien dire, ne pas pleurer, ne rien montrer, mais lâcha par mégarde, en revanche, son second d’eau, l’eau, qu’elle contenait puissamment pour laisser la foudre prendre toute l’énergie qu’il fallait. Il se mit à pleuvoir, alors qu’elle serrait les dents, plus crispée. Il avait peur d’elle, donc… Lui aussi… Elle retint un soupir, puis sourit, d’un seul coup, les yeux dans le vague. Elle laissa l’eau se mêler à la foudre, haut dans le ciel, le remplissant d’éclats de lumière, dans une scène irréelle. Il avait peur de cela… Relâcher son second don lui faisait du bien, même si la pluie ne s’étendait que sur leur quartier, guère plus avant. Aurore regardait elle aussi au-dehors, à présent, blottie contre elle. Gaby en avait assez, si même Cyprien avait peur d’elle… Elle entendit tout à coup vaguement la sonnette de la maison, mais ne s’en soucia pas. Son mari avait peur d’elle !

Entendant du bruit et des voix, elle tourna la tête, puis écarquilla les yeux en voyant une silhouette bien familière entrer dans le salon et poser sa veste. Auguste ? Il était revenu ? Il était vraiment là ? Elle lui rendit son salut, la bouche un peu sèche, très surprise de le trouver ici, après tous ces mois. Il vint s’agenouiller près du canapé, dévorant Aurore du regard. C’est vrai qu’il n’avait dû la voir qu’en photo dans le journal… Le revoir était très étrange, comme si on venait de la renvoyer sèchement dans le passé, à des années-lumière de cette époque. Une époque où elle n’avait pas de soucis majeurs.

– Petite bouille… La dernière fois, quand j’ai dû partir, on ne voyait qu’à peine ta grossesse. Je peux ?

Elle lui tendit la petite sans hésiter un seul instant, se souvenant de la façon dont il parlait de ses enfants avant même leur naissance. Il les aimait, déjà, là où tout le monde décriait Gaby car elle était enceinte sans être mariée, et pire, d’un père inconnu. Il la prit avec délicatesse, pendant que Cyprien allait chercher du café. Elle se leva à son tour, pour aller s’installer à la table du salon. Il suivit peu de temps après, jouant avec Aurore qui devait se demander qui était ce grand monsieur. Car oui, si Gaby faisait la même taille que Cyprien, Auguste les dépassait de presque deux têtes. Elle n’arrivait toujours pas à croire qu’il soit là, il avait du partir si vite… Comment allait-il ? Et ses parents, sa sœur, Abigaëlle ? Avait-il réussi à tout reprendre en main ? Elle avait énormément de questions à lui poser, contente de le revoir. Tout en acceptant une tasse de café, elle re-concentra de nouveau son don sur le Nord du pays, là aussi faiblissant.

– Tu es revenu sur Paris pour de bon ? demanda-t-il à Auguste. Tu as pu régler les problèmes chez toi ?

– Assez, oui, dit-il en relevant la tête. Pas trop de café, merci.

Gaby allait lui demander comment il allait lorsqu’elle sentit tout à coup une distorsion. Elle se concentra, mais cela avait trop faible, trop fugace, trop vite disparue. Hum… Un mélange de colère, d’espoir et d’impatience fleurit en elle. Elle sentait son but proche et la détermination brûlait à nouveau. Elle pouvait marcher, voire courir même si c’était très douloureux, à cause de sa cheville. Tant pis, au pire, elle ne pourra pas trop marcher fin juillet et durant le mois d’août, ce n’était pas grave.

– Je suis revenu à Gray, surtout. Les derniers mois ont été durs mais je peux me consacrer à mes propres projets maintenant. J'ai déposé un dossier de candidature pour revenir enseigner les maths au pensionnat.

Oh ? Elle hocha la tête, soulagée qu’au moins ce problème soit réglé, lui disant qu’il leur ôtait un moins un poids. Elle raya ce souci-là de la liste mentale qu’elle s’était faite, une grande partie de son esprit à présent focalisé sur le Sud-ouest du pays, là où elle avait ressenti le petit « incident ». Elle y ramenait peu à peu les orages, afin d’encercler et recouvrir toute la région. Le Nord et l’Est se dégageaient peu à peu, elle devait recouvrir la région visée afin de savoir si ou non la folle s’y trouvait.

– J'ai surtout réfléchi à une manière concrète d'agir. Avant de venir à Paris, j'ai eu un rendez-vous avec le Maréchal de l'armée, pour être engagé dans ton équipe, en tant que Guetteur. Je lui ai expliqué que j'approuvais tes méthodes, pas les siennes, et que je voulais aider. Ça l'a fait rire et j'ai signé mon engagement.

Elle écarquilla à nouveau les yeux, prise de court, laissant la pluie s’arrêter, alors qu’une vague de reconnaissance la prenait. Il avait fait ça pour elle … ? Elle le remercia dans un souffle, à la fois très surprise et touchée. Lui au moins n’avait pas peur d’elle ! Il ne craignait ni son pouvoir, ni qui il était, ni ce qu’elle faisait en ce moment même. Elle lui rendit son sourire, toujours sans toucher à sa tasse de café, bien trop occupée à fouiller avec soin tout le Sud-ouest. Il y allait sûrement y avoir deux ou trois incidents d’électricité et elle était désolée, ça n’allait pas durer longtemps, promis. Le Nord terminait d’être dégagé, l’Est aussi. C’était plus long pour l’Est, qui était plus éloigné géographiquement. Elle devait visualiser ça comme de grands courants en mouvement.

– Tu vas entrer en... quatrième, c'est ça ? Ou troisième ? Comment ça se passe, à l'école, pour les élèves ?

– Je vais rentrer en troisième. Et, heu… C’est difficile, mais on s’en sort. Le Père Vilette a déjà aidé beaucoup d’élèves pour comprendre ce qui se passait mais… Certains sont plus… Ils préfèrent se plier aux militaires et n’acceptent pas qu’on résiste.

Gaby se mordit les lèvres, coudes sur la table, mains crispées l’une dans l’autres et yeux fermés. Elle avait relâché un peu trop brutalement les orages en Bretagne et beaucoup d’éclairs avaient frappé à terre avec violence, des arbres ou rochers avaient été détruits, sur les côtes. Du calme. On se concentre, on se calme, on respire. Elle se redressa, forçant son corps à se détendre. Doucement… Elle reprit le fil conducteur en Bretagne, retirant peu à peu les orages pour les pousser vers le Sud. A l’Est, son don était perturbé par des orages naturels qui venaient freiner les siens. Elle coupa tout net son don dans une partie de la région puis s’appliqua à le faire renaître plus loin, loin des éclairs naturels. C’était juste un courant, qu’elle devait contrôler, rien de plus. Des courants qui traversaient le ciel et qu’elle menait. Elle ne devait pas se presser ni s’impatienter, à une telle distance, voir le courant se rompre était bien plus risqué.

– Mais ça va peut-être se calmer… Je sais que beaucoup de collégiens veulent partir, en tout cas, pas mal de mes amis ont demandé pour changer d’école lorsque ce n’étaient pas leurs parents qui le faisaient. Seulement, j’ignore ce qu’il en est pour les lycéens et les guetteurs… Tu peux peut-être expliquer, Jaz ?

– Ça dépend… La plupart des Guetteurs ne pensent pas à mal, mais certains sont des tarés psychopathes…

Elle rouvrit les yeux, croisant le regard d’Auguste. Elle n’écoutait qu’à peine la conversation, ne buvant pas, ne parlant à personne, toute son attention concentrée sur les orages. Elle sentait qu’elle perturbait très fortement la météo ordinaire mais elle n’avait pas le choix. Cas de force majeure, ce n’était pas bien grave s’il fallait une semaine pour que la météo reprenne ses droits. Elle prit une longue inspiration, n’entendant même pas ce qu’Auguste demanda à Cyprien. Elle en était à un passage très délicat, concentrer une telle masse de pouvoir en une seule région était bien plus difficile à contrôler, que l’étendre sur tout le pays, répartissant ainsi le pouvoir équitablement et donc plus faiblement. Là, c’était un concentré de force qui pourrait griller la région entière si elle n’y prenait pas garde. Son cœur battait bien plus vite et elle tremblait, serrant les dents pour garder l’esprit lisse.

– Tu peux cesser de faire du gringue à ma femme, je te prie ?!

– Oh, je t’en prie, ne me fais pas de scènes pour rien, soupira-t-il longuement. Je n’y suis pour rien si tu as peur ou si tu n’arrives plus à comprendre ni à suivre.

Gaby se mordit la langue jusqu’au sang pour ne pas perdre le contrôle, sursautant à moitié. Elle reprit son souffle, remerciant d’un regard Auguste lorsqu’il lui rendit sa fille. Elle l’aidait toujours à se calmer, lorsqu’elle la tenait dans ses bras. Ses éclairs avaient frappé une montagne provoquant sans doute un éboulement. Elle retint un soupir, tendue comme jamais. Auguste n’avait pas tord, sur ce coup-là, mais qu’ils ne disputent pas maintenant, ou alors loin d’elle, merci bien.

– Et de quoi ai-je peur, selon toi ?!

– Tu avais peur de moi, murmura Gaby dans un souffle. A l’instant.

Et ça, il ne pouvait pas lui dire le contraire ! Son mari… Elle en était encore choquée. Aurore bougeait plus doucement, contre elle, sans doute bien fatiguée. Gaby la mit comme il faut pour qu’elle puisse s’endormir tranquillement.

– Mais non ! Enfin… Bon, si, tu me faisais assez peur, mais je…

Merci, elle avait compris, ça ! Elle allait lui répondre de la fermer lorsqu’elle sentit à nouveau la distorsion, cette fois beaucoup plus fort. C’était elle, c’était son énergie, elle était là-bas. Gaby sourit, le cœur battant trop vite et trop fort, tremblante. Elle la tenait. Son dons s’estompa partout sauf sur la région visée, grondant comme jamais. Elle réduit l’eau autant qu’elle le put pour tout garder pour la foudre. Elle la tenait. Se levant, elle mit Aurore, qui dormait paisiblement, dans les bras de Jasper, en la lui confiant. Auguste la rattrapa alors qu’elle vacillait un peu, ayant frappé le sol trop fort avec sa cheville blessée. Ah, merci. Filant jusqu’à une commode proche, elle en sortit un pistolet, celui reçu à l’armée, ouvrant avec vigueur une petite boîte de munitions pour charger l’arme. Elle la glissa ensuite dans sa ceinture puis attacha ses cheveux, dégageant son visage. Pas question d’être gênée par quoi que ce soit, sa traque n’était pas finie. Elle le tenait, cette fois ! Et elle allait payer. Elle ôta sa veste légère et la jeta sur le canapé, enfilant celle de l’armée qui était plus souple, solide, plus adaptée et disposant de poches pour les munitions et autres objets.

– Attends, Gaby, je t’accom…

– Pas question, le coupa-t-elle en se retournant. Tu restes ici, tu veilles sur les enfants. Auguste, appelle à la caserne, il me faut une voiture de l’armée, on ira plus vite.

Pendant qu’il appelait, elle prit son autre pistolet, celui qu’elle possédait depuis longtemps, pour le charger aussi, puis glissa des munitions dans sa poche, fermant la veste et s’arrangeant pour pouvoir tirer ses armes facilement. Elle attendit impatiemment que la voiture arrive, hochant la tête lorsqu’Auguste demanda à venir. Maintenant qu’il était entré dans son équipe, autant y aller à fond. Elle savait qu’il était capable de se battre. Sortant, lorsque la voiture arriva, elle eut un petit temps d’arrêt en voyant deux de ses subordonnés qui étaient venus. Ils voulaient venir alors qu’il ne s’agissait pas d’une affaire de l’armée, mais d’un problème personnel ? Elle leur sourit, touchée. Ils voulaient vraiment l’aider et la soutenir… Une des phrases du maréchal lui revint en mémoire, à propos d’une discussion qu’ils avaient eu sur les personnes qui lui étaient loyales. Elle s’assit à l’avant, à côté du commandant, refermant la porte. Ils démarrèrent assez vite, alors qu’elle lançait un regard à Aurore avant de fixer la route. Elle indiqua la route à son subordonné, pressée d’en finir.

– Où est-elle ? Comment doit-on s’y prendre ? Elle a son élément, ça peut vite devenir dangereux, surtout si elle tient le petit.

– En Dordogne, près de Périgueux, dit-elle dans un souffle. Son pouvoir est chaotique, elle doit paniquer.

– Doit-on simplement la tuer ou bien l’arrêter ? demanda paisiblement le commandant.

– Si elle résiste, elle mourra.

Elle ne dit plus rien ensuite, les bras croisés, regardant au-dehors. Ils quittèrent Paris assez vite, filant sur les routes, dans un silence de plomb. Même à ce rythme, il allait bien falloir de quatre à cinq heures de route avant d’arriver à destination, mais ils avaient où elle était, il y avait peu de chances qu’elle ose bouger avec des orages aussi concentrés et violents. Les habitants de Périgueux risquaient eux aussi de rester calfeutrés chez eux pour ne pas prendre un mauvais coup, Gaby ne faisait pas dans la dentelle en concentrant toute la violence des orages de ces deux dernières semaines sur un territoire très restreint. Ils roulaient, échangeant parfois quelques mots, pendant que Gaby se concentrait sur son pouvoir, l’attisant par la colère et l’envie de vengeance. Plus ils se rapprochaient et plus il était aisé d’en augmenter la puissance, elle avait hâte d’être sur-place. Heureusement, le commandait roulait très vite, habitué du volant lors des missions pour l’armée. Ils dû faire deux arrêts, un pour l’essence, l’autre pour boire un peu et prendre le plus de forces possibles, avant de reprendre la route. Lorsqu’ils arrivèrent sur-place, Gaby put enfin laisser plus libre cours à la foudre. Durant la pause, elle avait téléphoné à une division de l’armée pour qu’ils ordonnent à tous les habitants du coin de rentrer chez eux et d’y rester, par mesure de sécurité.

La traque pouvait débuter. Elle réduit le taux d’électricité autour de leur groupe pour ne pas gêner ses hommes, avançant avec moins de vitesse qu’elle ne l’aurait voulu, à cause de sa cheville. Elle s’appuya sur le commandant dans certains passages, pour traverser des endroits assez raides ou en pente. La folle s’était terrée dans un hangar, appartenant à un paysan du coin pour ranger son bois. Gaby entra avec son équipe, un large sourire mauvais lorsqu’elle vite, écrasée contre le mur du fond. Son fils était couché plus loin, dans un petit panier, s’agitant beaucoup. Elle se rapprocha encore, son arme au poing, l’autre brûlante d’éclairs. Bien sûr, Sarah possédait le vent et avait donc un avantage. Elle pouvait dévier les éclairs et même les balles de fusil en allant assez vite. Gaby l’observa plus attentivement, son teint pâle, ses cernes, ses yeux hallucinés et fiévreux. Tiens, elle n’avait pas beaucoup dormi, ces derniers jours ? La peur, peut-être ?

– Tu te rends tout de suite ? demanda-t-elle d’un ton mauvais. Au moins pour ta vie. Je laisserai ton cadavre pourrir dans ces bois avec plaisir, si tu veux résister.
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MessageSujet: Re: Problèmes en série   Problèmes en série EmptyMer 5 Aoû - 12:40

Le téléphone eut un grincement terrible avant de se fendre en deux, coupant tout net la communication. Sarah jeta les morceaux avec violence, son don se calmant après son acte de destruction. Adrien ne comprenait pas ! Elle était prête à lui dire où elle se trouvait, prête à ce qu'il vienne l'aider, prête à tout, mais lui, lui... Il lui avait dit que tout pouvait encore s'arranger, qu'elle pouvait rendre Julien à sa famille et qu'il s'occupera d'elle ensuite, qu'il pouvait l'aider, la soigner. Il l'avait supplié de ne pas se laisser entraîner là-dedans, ramener le petit au commissariat le plus proche, que tout le monde sera plus clément s'ils voyaient que c'était juste un coup de folie, rien de plus, que tout ira mieux quand elle sera soignée. Mais il ne comprenait RIEN ! Strictement rien ! Elle avait détruit le téléphone avec violence, coupant court à la communication, puis était repartie aussitôt avec le bébé, à pied, marchant au hasard dans la nature, déboussolée. Adrien ne comprenait pas ! Il ne ne comprenait rien ! Il devrait l'aider, la soutenir, pas la supplier de se rendre !! Il ne comprenait rien ! Elle l'insulta de tous les noms, écrasant les branchages qui jonchaient les bords d'un torrent. Il ne comprenait rien.

Au bout d'un certain temps, elle trouva une vieille remise, qui servait encore, vu le bois qui était entreposé sous un auvent. Elle brisa la serrure de la porte avec son don puis entra. Julien ne bougeait plus beaucoup, elle sentait qu'il avait de la fièvre. Bah, peu importe, ce n'était que le sale gamin de la garce ! Elle le fourra dans un vieux panier qui traînait dans un coin, sans prendre la peine d'en enlever la poussière ou les saletés. A quoi bon faire attention qu'il ne tombe pas encore plus malade ?! Elle se rapprocha d'une des fenêtres, l'ouvrant, se frottant les yeux. Le ciel était de plus en plus noir, non ? Craquant, sous l'effet de la peur et de la fatigue, elle lança son don contre les éclairs en criant comme une possédée, voulant les repousser loin d'elle, loin d'ici ! Un manège qui dura presque dix minutes, qu'elle passa à crier et s'agiter en envoyant son élément frapper les éclairs dans le ciel. Stop, stop, stop, que ça s'arrête ! Elle finit par tomber à genoux, pleurant toutes les larmes de son corps, les mains sur le visage, tremblant très fort. Elle voulait juste que ça s'arrête... Qu'on la laisse tranquille !

Elle passa les heures suivantes appuyée contre le mur du fond, à tremble et gémir, utilisant son don de temps en temps lorsqu'elle craquait. Le bébé pleurait, il devait avoir faim, mais elle s'en fichait. Elle ne daigna que lui donner un peu d'eau, à un moment, pour qu'il la boucle. Le temps filait, les heures aussi, elle en songeait qu'à la haine qui l'habitait, dégoûtée du bébé qui gémissait, furieuse contre Adrien qui ne la comprenait pas, haineuse contre l'autre sale garce qui servait de mère à ce marmot, les idées fusant dans son crâne à une vitesse folle en la rendant malade. Et il y avait ce saleté d'orage ! Toujours plus proche, noir et grondant. Elle ignorait combien d'heures s'étaient encore écoulées lorsqu'elle entendit du bruit. Relevant la tête, elle sursauta en la voyant. La garce. La garce était là ! Elle se redressa aussitôt, folle de rage et de haine, voyant à peine les autres soldats qui l'accompagnaient. Son don pulsait en elle avec une férocité à toutes épreuves, elle était prête à se battre, à tuer.

– Tu te rends tout de suite ? demanda-t-elle d’un ton mauvais. Au moins pour ta vie. Je laisserai ton cadavre pourrir dans ces bois avec plaisir, si tu veux résister.

– TOUT est de TA faute, sale garce ! hurla-t-elle à pleins poumons. C'est de ta faute si l'école a été envahie, de ta faute si les militaires sont arrivés, de ta faute si Adrien a voulu combattre, tout est de TA faute ! C'est à cause de toi si tous ces problèmes sont arrivés, c'est toi qui a tout déclenché, toi qui a tout fait empirer en continuant de te battre ! Toi, toujours toi, tout est de ta faute !

Elle leva les bras pour lui envoyer violemment une petite tornade, les yeux révulsés de fureur, mais ce fut un des autres types avec elle qui s'empara d'elle par la taille pour l'écarter. Rah ! Elle serra les poings, un vent violent montant tout autour d'elle, sifflant et hurlant, l'entourant de toutes parts avec une vitesse extrême. elle regarda ses ennemis, tremblante, puis leur envoya des dagues de vent acérées pour les leur planter dans le coup, rageuse. Un autre militaire entra tout à coup à son tour. Elle se retourna vers lui, grinçant des dents puis leva la main pour l'envoyer se briser les os au plafond. Elle croisa son regard froid puis vit soudain une vague de feu jaillir et se mêler avec brutalité à son propre don. Son bras fut brûlé au troisième degré dans un gros retour de flammes ainsi que ses deux jambes. Elle hurla encore plus fort, manquant de succomber à un arrêt cardiaque à cause de la douleur. S'effondrant au sol, elle gémit, secouée de spasmes, les larmes coulant sur son visage.

– Sale ga... éructa-t-elle. Salope...
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MessageSujet: Re: Problèmes en série   Problèmes en série EmptyLun 10 Aoû - 19:08

Fabrice croisa le regard du flic lorsqu'il marcha jusqu'au torrent, près de la route, où les pompiers avaient arrêté leur véhicule. Il put y lire si facilement tout le mépris, la colère, du dégoût également. Il soupira puis s'arrêta près du torrent en furie, tournant la tête pour regarder par-dessus son épaule. Sarah venait d'être emmenée sur un brancard, recouverte d'une couverture, une masque à oxygène sur le visage. Il resta impassible, même si une étrange satisfaction l'habitait. S'en prendre à un bébé... Cette femme était une parfaite cinglée. Dès qu'elle sera rétablie, elle sera jugée puis finira ses jours dans une prison pour femmes. Elle accouchera là-bas et son fils et sa fille sera rendu à son père, fin de l'histoire, rideau. Pauvre gosse, devoir naître d'une mère folle... Au moins, elle ne pourra pas l'élever, son père saura en faire un enfant sain d'esprit. Il ira voir sa mère en prison. Il soupira un peu en regardant les pompiers la charger dans l'ambulance, les mains dans les poches. Elle avait littéralement pété un câble, celle-là, il ne pensait pas qu'on pouvait être rendu à ce point. Il l'avait bien brûlée, en tout cas, ses jambes et son bras ressemblaient à du mauvais hachis.

Marchant un peu le long du torrent, il regarda près de l'autre camion de pompiers, garé près de la voiture de police. La générale était allongée sur un brancard, le dos surélevé, son fils dans les bras. Un des pompiers, après avoir examiné son bébé, lui avait pris sa tension, elle était à 19/14... Il regarda le petit, blotti dans les bras de sa mère et enveloppé dans une petite couverture blanche. Au moins, ce petit bout sera protégé, tout au long de sa vie, mais il n'aura certainement pas la même vie que bien d'autres enfants. Ni lui ni sa sœur, d'ailleurs. Se rapprochant, il fut rejoint par les autres soldats, saluant le commandant qui avait protégé sa chef, toute à l'heure. Il y avait un nouveau, avec eux... Un mec roux, avec un peu de barbe, plutôt grand. Fabrice lui jeta un coup d'œil en biais, curieux, ne l'ayant jamais vu avec le reste du groupe. Il lui demanda son nom, apprenant qu'il venait tout juste d'entrer dans l'armée, et comme Guetteur avec ça. Il y avait encore des personnes prêtes à s'engager comme ça ?

– Bienvenue, alors, dit-il d'un ton assez ironique, alors qu'on emmenait leur générale dans une ambulance, avec son bébé. J'espère que l'armée vous plaira, c'est comme un autre monde.

Le commandant Beauvais marmonna quelques chose mais Fabrice ne comprit pas. Il remonta dans la voiture avec les autres, ignorant les flics qui leur jetaient des regards lourds en les insultant de sauvages. Ils suivirent les pompiers, en disant pas grand-chose sur la route. Arrivés en ville, il alla dans une cabine téléphonique pour téléphoner au mari de la générale. Oui, Julien allait bien, après quelques jours à l'hôpital, cela ira mieux et il pourra rentrer. Sa mère était hospitalisée mais n'était pas plus blessée, il fallait juste qu'elle se repose, elle avait une tension trop élevée. Il raccrocha un peu brusquement, au bout de longues minutes passer à essayer de rassurer le mari. C'est bon, personne n'était mort ! Même pas la folle, elle était juste menottée à un lit d'hôpital, elle survivra. Il passa une main dans ses cheveux, pensant à ce que le prof lui avait dit, qu'il devait accompagner le gamin du général pour témoigner contre lui.

– Karinof ? demanda James alors qu'ils s'approchaient de l'hôpital.

– Ouais.

– Il risque de vouloir vous empoisonner la vie après.

– Possible.

Il rentra dans l'hôpital, allant ensuite dans le bâtiment abritant la maternité, où le petit était soigné et où avait aussi installé sa mère. Il rabattit sa veste sur ses armes à la ceinture, afin de ne heurter personne, traversant les couloirs. Il ralentit en passant d'un couloir aux murs percés de grandes vitres. Les pièces abritaient beaucoup de berceaux, avec des petits êtres tous juste nés qui s'y agitaient. Il s'arrêta, regardant l'un d'eux ouvrir et refermer son petit poing en dormant. Donner la vie était bien plus dur que de la prendre... Il secoua la tête puis fila jusqu'à la chambre de la générale. On avait dû lui donner des calmants ou quelque chose pour faire baisser le stress, selon lui. Frappant, il entra puis la salua avec professionnalisme, refermant la porte derrière lui. Il se doutait qu'avoir utilisé ainsi son pouvoir si fort et si longtemps avait dû autant l'épuiser que lui mettre les nerfs à vif. Le commandant et son aide de camp entrèrent à leur tour, saluant eux aussi. Fabrice se demandait si maintenant, elle avait enfin une meilleure idée de son pouvoir et de son influence.

– Générale, commença le commandant Beauvais, bien droit et les mains derrière le dos. Pardon par avance de me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais il vaut mieux que vous restiez à vous reposer plusieurs jours. Les choses évoluent vite et nous avons besoin de vous en forme et en bonne santé. Reposez-vous, votre fils est en sécurité, et vous aurez ensuite les idées claires pour continuer.

– Le pensionnat a subi beaucoup de travaux, Générale, ajouta Fabrice en tournant la tête vers elle. Vous êtes en droit de convoquer les autres généraux ou d'organiser une réunion globale, afin de faire le point et déterminer les responsabilités de chacun. Bradley ne contredira rien si cela peut aider à la victoire finale. Appuyez-vous sur ceux qui vous soutiennent. Il est trop tard pour empêcher l'armée de prendre l'école mais vous pouvez faire en sorte de contrôler la situation. Tout le monde aura confiance en vous voyant revenir en forme et surtout, consciente de ce que vous représentez.

Il eut un maigre sourire, la fixant droit dans les yeux.

– Appuyez-vous sur vos alliés, vous en avez beaucoup, dans l'armée.
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