Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Une rangée de croix blanches

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Anonymous Invité
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MessageSujet: Une rangée de croix blanches   Une rangée de croix blanches EmptyVen 17 Juil - 15:43

Le train eut une brusque secousse et Alex s'accrocha au montant de la porte pour ne pas perdre l'équilibre, jetant un coup d'œil par la fenêtre. Un long sifflement retentit alors qu'ils passaient à l'intérieur d'une forêt très dense. Il avait beau n'être que quinze heures, ou quinze heures trente il ne savait plus, on aurait dit que la nuit était déjà tombée. C'était comme ça depuis d'une semaine, maintenant, sans que personne ne comprenne pourquoi. Le ciel était couvert par de gros et lourds nuages, zébrés d'éclairs et de coups de tonnerre. Il s'approcha de la vitre du train pour l'observer, le nez levé, alors que presque toutes les lampes du train étaient allumées. Un ciel si menaçant, oui ! Mais pourquoi ? Il savait que ce n'était pas naturel... Plusieurs personnes possédant l'élément foudre devaient être en train de jouer, pour on ne savait quelle raison, avec cet élément. Et des éléments eau, aussi, pour les nuages. Se détournant, il se rendit dans les toilettes, s'arrêtant devant le lavabo et le miroir. Ce n'était pas le temps idéal pour un voyage mais ils n'allaient pas non plus attendre une éclaircie. Les permissions étaient plutôt rares, en ce moment.

Redressant la tête et dévoilant son cou, il arrangea avec soins les plis de son uniforme et de sa veste, veillant à être impeccable, comme s'il allait subir une inspection minutieuse. Il s'observa dans le miroir tout en se préparant, le visage grave et silencieux. D'ordinaire, il passait ses jours de permission avec sa femme et leur fils mais aujourd'hui, il était de voyage avec le Colonel, Isabelle, l'infirmier du pensionnat, un de leurs profs de sport, celui qui boitait, et le vieux prêtre de Gray. Ils avaient pris le train très tôt ce matin mais ils n'allaient plus tarder. Il noua sa cravate autour de son cou et la fit glisser le long de sa chemise avant de refermer sa veste. Il se recoiffa rapidement, veillant à ce que le moindre détail soit parfait. C'était une question de respect, pour lui, on ne se rendait pas là-bas en étant vêtu n'importe comment, ce serait une insulte. Sortant des toilette, il revint dans le wagon, se glissant entre les baquettes pour revenir à la sienne. Le prof de sport finissait d'enfiler une veste noire très sobre, sa canne près de lui. Le Père Vilette avait la tête baissée, murmurant une prière, un chapelet en mains. Alex s'assit près de lui, hochant la tête lorsque le papi se redressa.

– Je ne pensais pas que vous alliez venir, mon Père.

– J'ai été dans les tranchées, moi aussi...

En tant que brancardier, oui... Alex n'osait même pas imaginer le nombre de sépultures qu'il avait dû mener, durant la guerre. Il ne rajouta rien, se contentant de regarder au-dehors. Quelques minutes plus tard, le train ralentit, s'arrêtant dans un long crissement dans une gare, cernée par les arbres. Il se lava avec le reste du groupe, descendant du train puis quittant la gare, prenant directement le chemin dédié. Un long chemin pavé, cerné par la forêt, assez large, où ils croisèrent vite d'autres personnes. Au bout d'une dizaine de minutes de marche, dans un silence quasiment parfait, ils arrivèrent devant un portail très important, ouvert, avec des pancartes incitant les visiteurs à ne pas courir, à rester calmes et à faire preuve de respect. Entrant, ils virent une plaine immense, où des milliers de croix blanches étaient alignées. Alex lissa encore son uniforme en avançant, étonnamment silencieux. Il voyait des femmes et des avancer aller et venir, des soldats s'arrêter devant certaines tombes, d'autres encore s'agenouiller ou pleurer, déposant des brassées de fleurs. L'ambiance était glaciale, d'autant plus avec l'orage qui grondait au-dessus d'eux.

– Ceux qui sont dans cette section sont ceux que j'ai enterré, murmura le prêtre, alors qu'Alex lui tendait son bras pour qu'il s'y accroche, ralentissant. Ici, Erick Ferrevert... Il avait vingt-deux ans, il a été touché par une attaque au gaz moutarde et est décédé à l'hôpital. Là, Julien Dorefort, c'était un capitaine. Il a voulu aller chercher un ami blessé dans le no men's land et il a été abattu.

Ils rejoignirent le reste du groupe, un peu plus lentement. Le Colonel et le Lieutenant étaient parfaitement silencieux, presque impassible. L'infirmier, lui, était sur les nerfs, mais il devait aussi s'inquiéter pour sa femme, qui était partie trois jours une urgence, en plus d'avoir ses souvenirs de la guerre. Quand au professeur de sport, il venait de se mettre à genoux dans l'herbe devant une tombe en particulier, le visage baigné de larmes. L'ambiance était très lourde. La Grande Guerre était finie depuis bien des années mais elle les hantait toujours.

– Je ne veux plus revoir ça, dit-il après un long moment. Il y a déjà eu trop de morts... Mais ce qu'on fait en ce moment... Que peut-on accepter ? Peut-on vraiment sacrifier des dizaines de personnes si cela peut en sauver des millions d'autres ?
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Une rangée de croix blanches   Une rangée de croix blanches EmptyMer 5 Aoû - 17:22

L'ambiance était macabre... Fabrice jeta un regard pensif vers le ciel, sourcils légèrement froncés. Il n'aimait pas du tout ce déchaînement. Beaucoup pensait qu'il s'agissait d'une simple dépression de la météo mais un rage naturel ne se comporte pas ainsi, la foudre viendra frapper le sol avec puissance. Assis sur la banquette près d'Isabelle, il était en uniforme de cérémonie, celui utilisé pour les enterrements. Il gardait sa casquette posée sur ses genoux, la faisant légèrement tournée entre ses mains. Ce genre de "visites" lui faisait toujours très mal au cœur mais ne pas s'y rendre serait tout simplement inacceptable, un manque de respect inouïs envers leurs morts, même si tout était terminé depuis bien des années. C'était grâce au sang versé par tous ces hommes et femmes que leur pays était toujours debout et fier aujourd'hui. Il ne disait pas grand-chose, entendant vaguement le père Vilette réciter une prière, avec son chapelet. Le commandant, le lieutenant et lui-même étaient tous en uniforme d'apparat, appropriés. Les trois civils étaient eux en habits noirs, prévus aussi pour les cérémonies de ce genre.

Le train passa dans une petite gare sans s'y arrêter. Le paysage devenait bien plus boisé au fur et à mesure qu'ils approchaient de leur destination. Voilà longtemps que Fabrice n'était pas revenu en ces lieux... Trop longtemps, même. Le commandant revint s'asseoir avec eux, désormais bien apprêté. Lorsqu'ils étaient parti, à Gray, beaucoup leur avaient jeté des regards effarés, se demandant sans doute ce que faisait le prêtre du village avec trois militaires et deux membres du personnel de l'école. Effectivement, trouver des points communs était délicat, mais ils avaient tous vécu la même chose, il y a bien des années, la guerre des tranchées, qui avait vu naître les premiers avions bombardiers, les chars, le gaz moutarde, qui vous brûlait les organes de l'intérieur. L'une des plus importantes tueries de masse de cette Histoire.

– Je ne pensais pas que vous alliez venir, mon Père.

– J'ai été dans les tranchées, moi aussi...

Oui... Fabrice reporta son regard sur la paysage, ne disant toujours rien. C'était comme si la guerre n'était pas terminée... Il revoyait tout, se souvenait de chaque détail, chaque minute qu'il avait passé dans les tranchées. Il se souvenait des hurlements d'alerte lors des attaques au gaz, où il fallait mettre son masque le plus vite possible. Les morts, les mutilés, les blessés. Lorsqu'ils repartaient vers l'arrière des lignes, ils voyaient des centaines de corps allongés au sol, recouvert de couvertures ou de linges blancs, attendant d'être enterrés. Il se leva lorsque le train s'arrêta dans la petite gare où il descendait, mettant sa casquette sur sa tête. Ils avaient une allure très martiale et officielle, ainsi, une certaine froideur, également. Ils 'engagea avec les autres sur un long chemin pavé, serpentant entre les arbres, une route où il eut tout loisir de se replonger dans les horreurs de cette guerre atroce. Personne ne parla, ou très peu, sur le trajet, le seul but de leur voyage suffisait à imposer le silence, comme s'ils étaient déjà en recueillement. Ils rencontrèrent bientôt d'autres personnes venues en visite, en arrivant au portail qui ouvrait sur une plaine un peu vallonnée et immense, recouverte de milliers de croix blanches.

Il se découvrit, gardant sa casquette entre ses mains en entrant. Cet endroit lui retournait toujours l'estomac. Il revoyait les personnes qui étaient mortes devant lui, les dizaines de sépultures, jour après jour, ceux qui partaient à l'hôpital et n'en revenaient pas, mourant dans leurs blessures. S'ajoutait à cela la fameuse "culpabilité du survivant". Pourquoi eux et pas lui ? Pourquoi était-ce ceux-là qui avaient survécu mais pas ceux-là ? Ils marchèrent avec lenteur, voyant les noms défiler sur les tombes. Chacun respectait la religion du soldat qui était enterré ici, les tombes Juives étaient marquées différemment, par exemple. Le dernier hommage qu'on puisse offrir à un homme tombé pour sa famille et son pays. Il reconnaissait beaucoup de noms, pour les avoir entendu dans les tranchées ou pour avoir connu personnellement ces soldats. Voir ces noms défiler était vraiment glaçant, appuyant sur l'horreur qu'avaient été les tranchées.

– Ceux qui sont dans cette section sont ceux que j'ai enterré, murmura le prêtre, alors qu'Alex lui tendait son bras pour qu'il s'y accroche, ralentissant. Ici, Erick Ferrevert... Il avait vingt-deux ans, il a été touché par une attaque au gaz moutarde et est décédé à l'hôpital. Là, Julien Dorefort, c'était un capitaine. Il a voulu aller chercher un ami blessé dans le no men's land et il a été abattu.

Le Colonel continua de marcher un pas puis stoppa lorsque le professeur de sport du pensionnat s'arrêta devant une tombe en particulier, s'agenouillant, puis laissant des larmes couler sur ses joues. Il releva un peu la tête, son regard s'égarant sur ces milliers de tombes, dans cette plaine qui n'en finissait pas. Il s'agissait de l'un des plus grands cimetières militaires de France, reste de la Grande Guerre. Le mémorial se dressait sur un promontoire, près de l'entrée, abritant encore d'autres tombes ainsi que l'ossuaire. Fabrice prit une longue inspiration, les yeux fermés. Ils ne devaient jamais oublier. Jamais oublier cette guerre ni leurs amis qui étaient morts sous les coups de canon et de char.

– Je ne veux plus revoir ça, dit-il après un long moment. Il y a déjà eu trop de morts... Mais ce qu'on fait en ce moment... Que peut-on accepter ? Peut-on vraiment sacrifier des dizaines de personnes si cela peut en sauver des millions d'autres ?

Bonne question... Fabrice baissa légèrement la tête, pensif. Le réflexe serait bien sûr de répondre aussitôt "Non, on ne peut pas faire ça", mais ce n'était pas si simple. Penser que oui, on le pouvait, c'était cruel et inhumain, mais se bercer d'illusions pacifistes ou utopiques était tout aussi dangereux. Donc il ne savait pas. Il se frotta légèrement la tête, bouche entrouverte, en jetant un bref regard au commandant.

– Je devrais vous répondre aussitôt "non", mais ça ne fonctionne pas comme ça, dit-il avec un sourire triste. Disons qu'il faut des personnes capables de se battre sur le front avec le plus de ferveur possible. Et il faut des personnes prête à mourir pour la cause qu'elles défendent. Ces personnes sont les "sacrifices" qui pourront permettre d'en sauver des millions.

Il croisa le regard du lieutenant, un moment, sachant qu'elle devait penser comme lui. Ils étaient prêts à y laisser leurs propres vies, tous les deux, comme bien d'autres dans cette armée. Il ne rajouta rien sur le moment, marchant un peu pour voir une autre tombe, celle d'un ami proche, qui était tombé sous les balles en 1917. Revenant vers le groupe, il glissa doucement sa main dans celle d'Isabelle, la serrant avec discrétion. Il ne se permettra rien de plus, pas en ces lieux, mais la savoir près de lui, comme toujours, était déjà réconfortant.

– Vous avez froid, lieutenant ? demanda-t-il en la voyant frissonner.

Il enleva sa veste puis la lui posa sur ses épaules, par-dessus son propre uniforme. Elle était en jupe et devait donc mieux subir le vent qu'eux tous. Il reprit sa main ensuite, la serrant fermement mais avec douceur.

– On ne peut tout accepter, mais on peut faire en sorte de rendre les choses plus simples, par toutes nos actions. Il va se passer beaucoup de choses, cet été. Vous avez déjà des idées d'action, lieutenant ?
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MessageSujet: Re: Une rangée de croix blanches   Une rangée de croix blanches EmptyMer 16 Sep - 21:51

Voilà longtemps qu'Isabelle n'était plus venue ici, et pour cause. Marcher entre les milliers de tombe, surtout seule, lui retournait l'estomac et la renvoyait à cs moments où elle assistait à l'enterrement de ses amis, des personnes qu'elle avait aimé, dans les tranchées. Ils savaient tous, pourtant, qu'il valait mieux ne pas s'attacher. Ils étaient là, pour le pire, pouvaient mourir à n'importe quel moment d'une attaque, d'une bombe, du gaz, de maladie. S'attacher signifiait souffrir, mais ils étaient humains et ne pouvaient empêcher la création des liens. Elle soupira en marchant avec les autres, son regard dérivant sur les innombrables croix, dressées là comme des gardiennes des atrocités de la Grande Guerre. Ce cimetière était l'un des plus grands, l'un des plus proches des champs de batailles de 1914-1918, l'un des plus glaçants. Un immense parc, recouvert par des milliers de croix, c'était effrayant. Elle ne craignait pas les morts, enterrés par centaines sous leurs pieds, mais détestait ce genre d’atmosphère glaciale et morbide. Elle avait assez donné lors de la guerre et revoyait assez ses camarades tombés au combat dans ses rêves pour être bien ravie de venir ici. C'était un lieu d'hommage pour les familles et les amis de ces morts, pas pour ceux qui avaient participé au génocide.

Ils s'arrêtèrent peu de temps après, plus loin entre les rangées de tombe, lorsque Valentin s'arrêta près de l'une d'elle, à genoux dans l'herbe. Elle regardait autour d'elle, voyant des hommes, femmes, enfants et vieillards aller et venir dans les rangées. Combattre à cette guerre l'avait fait... se détacher, en quelque sorte, de la peur de la mort. Sans cela, si on ne parvenait pas à occulter cette peur, la peur de l'inconnu, la peur de la fin, on ne pouvait garder bien longtemps sa santé mentale, pas alors que les bombes pleuvaient, tout comme la mitraille et le gaz. Enfin, ce n'était pas vraiment "effacer" sa peur, mais plutôt une sorte de résignation. Accepter que la mort viendra de toute façon, tôt ou tard, sans prévenir, on ne peut y échapper et il est donc inutile de se débattre contre elle. Isabelle savait qu'elle pourrait être en train de pourrir dans son cercueil, son corps rongé et décomposé après des années, sous une croix comme celles-ci, avec son nom et son prénom, son grade, sa date de naissance et celle de sa mort. Elle serra ses bras autour d'elle avec un petit frémissement. Le vent lui aussi était bien glacial.

– Je ne veux plus revoir ça, dit-il tout à coup le commandant. Il y a déjà eu trop de morts... Mais ce qu'on fait en ce moment... Que peut-on accepter ? Peut-on vraiment sacrifier des dizaines de personnes si cela peut en sauver des millions d'autres ?

Isabelle ouvrit la bouche, prête à répondre de suite "non", mais le mot se coinça dans sa gorge, alors qu'elle revoyait un de ses supérieurs, peu avant l'hiver de 1916, dans les tranchées, affirmer haut et fort avant une attaque que leur mort servira à protéger le reste de la population, qu'ils agissaient pour le bien des générations futures. Bien sûr que les sacrifices existaient, avaient toujours existé. Il y avait ceux qui se battaient au font car ils n'avaient pas le choix, certes, mais il  en avaient aussi, bien moins nombreux, qui se battaient car ils croyaient en leurs idées et voulaient les défendre. Ceux-là formaient les chefs. Elle regarda le Colonel, alors qu'il se frottait la tête avec une petite moue pensive, puis reporta son attention sur les tombes devant eux, tête baissée.

– Je devrais vous répondre aussitôt "non", mais ça ne fonctionne pas comme ça, dit-il avec un sourire triste. Disons qu'il faut des personnes capables de se battre sur le front avec le plus de ferveur possible. Et il faut des personnes prête à mourir pour la cause qu'elles défendent. Ces personnes sont les "sacrifices" qui pourront permettre d'en sauver des millions.

Leurs regards se croisèrent et elle répondit à son sourire, doucement. Lui comme elle feront sans doute parti un jour de ces sacrifices, ils étaient préparés depuis bien longtemps. Il s'éloigna pour voir une autre tombe, alors qu'elle restait sans bouger, un peu tremblante. Elle écoutait les orages qui grondaient très fortement au-dessus d'eux, sans lâcher une seule goutte de pluie. Elle avait toujours eu assez peur des orages, depuis toute petite, quand son père avait eu le malheur de lui dire qu'un éclair pouvait vous tomber sous la tête si vous couriez dehors à ce moment-là. Le colonel revint après un court moment puis lui prit doucement la main, ce qui contribua à la rassurer, même si c'était stupide. Elle la serra à son tour, sous le regard un peu attendri du Père Vilette, qui leur sourit doucement, avec son air paisible. Il devait sûrement se dire qu'un autre mariage était en préparation. Et c'était bien possible, par ailleurs. Elle eut à nouveau un frisson à cause du vent très frais, regrettant de ne pouvoir se blottir contre le colonel.

– Vous avez froid, lieutenant ?

Elle lui fit un grand sourire reconnaissant lorsqu'il se débarrassa de sa propre veste et la lui posa sur les épaules. Elle le remercia, alors qu'il reprenait sa main, utilisant l'autre pour ramener les pans de la veste contre elle. Ça allait mieux, maintenant. Elle n'était pas si frileuse d'habitude mais cet endroit avait le don de lui porter sur les nerfs. Comme si elle entendait de nouveau les bombes, les hurlements d'alertes lors des attaques au gaz... Hum. Elle prit une petite inspiration par le nez, fermant un instant les yeux.

– On ne peut tout accepter, mais on peut faire en sorte de rendre les choses plus simples, par toutes nos actions. Il va se passer beaucoup de choses, cet été. Vous avez déjà des idées d'action, lieutenant ?

Elle ? Pas vraiment, non... Elle secoua la tête, les yeux dans le vague. Son cerveau tournait à vide, pour le moment, elle ne pourrait pas monter beaucoup de plans, surtout sur ce sujet. Des idées d'action ? Elle n'en savait rien... Rien du tout. Ils ne pouvaient rien stopper à l'école, concernant les travaux et changements, ni faire quoi que ce soit pour motiver un peu les enseignants, tous éparpillés pour les vacances.

– On ne peut pas faire grand-chose cet été, j'en ai bien peur. On ne pourra rien arrêter, dans l'école et au village. Il faut laisser passer, pour le moment, voir où vont les choses. Peut-être que d'autres événements vont arriver et nous aider, on ne peut rien prévoir.

Et elle avait appris qu'il valait mieux ne rien prévoir, ne pas faire de diagnostic. Tout et rien pouvaient survenir sans crier garde, dans ce pays, elle préférait se tenir à l'écart pour le moment, prête à agir lorsqu'elle le pourra réellement.
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