Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Aucun abandon

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Âge RPG : 42 ans
Don(s) : Aéromancien et Pyromancien
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Kimmitsu Nakajima
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Kimmitsu Nakajima
MessageSujet: Aucun abandon   Aucun abandon EmptySam 9 Mai - 22:12

Le bol d'eau posé près de lui chuta, répandant son contenu à terre, tandis qu'il se redressait avec peine, s'appuyant contre le mur derrière lui, redressant la tête, le souffle un peu court. Il s'adossa contre le mur, les deux mains appuyées au sol, les jambes encore à moitié prises dans la couverture. Il inspira profondément pour chasser les dernières images de son cauchemar, où il s'était vu perdre le contrôle et déclencher un gigantesque incendie dans l'école. Il avait vu la directrice disparaître dans les flammes, puis avait couru pour essayer de rattraper Océane. Elle était tombée dans un gouffre brûlant, il l'avait attrapé par la main, mais elle lui avait échappé, elle était tombée à son tour. Il se passa une main sur le visage, encore tremblant, fermant les yeux. Il se sentait lamentable, exaspéré de ne pas pouvoir se lever très longtemps à cause de la fièvre, d'être complètement inutile. A quoi servait un homme qui ne pouvait plus tenir debout plus d'une heure ? Il soupira en redressant la tête, la gorge nouée, regardant sa chambre. Il s'affaiblissait, ici, rien de plus, il devenait inutile.

Quittant son futon, il s'agenouilla devant la petite table où on lui avait laissé de l'eau, des médicaments et quelques livres. Il ne comprenait pas pourquoi la fièvre refusait de baisser, pourquoi la chaleur ne voulait pas diminuer. Il tourna la paume de sa main vers lui, pensif. Il repensait à ce que lui avait dit ce fou, se demandant si c'était véritablement possible. Il se concentra, répétant les exercices effectués pour le vent, puis sentit une curieuse chaleur augmenter au creux de sa paume. Il rouvrit les yeux et vit une flammèche fugace s'élever avant de disparaître. Il referma les poings, baissant la tête, respirant plus fort. Ce n'était pas possible... Il resta ainsi un moment, sans bouger, le cœur au bord des lèvres. Il n'avait tout simplement pas le droit d'abandonner, peu importe son état. Il avait fait un serment de loyauté à Gabriella-sama, il s'y tiendra jusqu'au bout. Il rassembla ses forces pour se remettre debout, enfilant très vite un kimono court qu'il sangla à la taille, avec un pantalon. Voilà qui était mieux. Il quitta ensuite sa chambre, trouvant sans surprise ses collègues dans le salon.

Il alla s'agenouiller devant le petit autel dans le coin de la pièce, inclinant la tête, puis allumant un court bâton d'encens. L'odeur familière le réconforta quelque peu et il joignit les mains en fermant les yeux, murmurant une prière pour ses ancêtres. Il était fils et petit-fils de samouraïs, sa famille aurait si honte de lui en voyant qu'il se laissait aller ainsi. Il ne déshonorera pas son nom. Il se redressa au bout d'un moment, prenant une longue inspiration. Fièvre ou non, il pouvait tenir, il n'avait pas le droit d'abandonner. C'était inadmissible, il devait redresser la tête, continuer la lutte, en s'arrêter que lorsque la victoire sera entre leurs mains. Ils devaient tous continuer, quoi qu'il arrive, ils ne pouvaient laisser les élèves de cette école sans défense ni protection.

Kimmitsu – Comment se porte Gabriella-sama ? demanda-t-il sans détourner le regard de l'autel.

Céleste – Elle est... furieuse de devoir rester au lit, mais elle se repose. Elle ira mieux assez vite, vu qu'elle ne peut pas bouger.

Bien... Il se releva, restant un bref instant à reprendre ses esprits, chassant la fièvre de ses préoccupations, chassant tout. Il devait aller voir Océane, à présent. Voilà trop longtemps qu'il n'avait pas pu s'occuper d'elle ni l'entraîner, c'était parfaitement indigne d'un maître digne de ce nom. D'autant plus qu'il avait appris qu'elle avait passé des "tests" à Gray la veille. Il quitta ses appartements après avoir enfilé des chaussures, s'accrochant à la rampe de l'escalier pour ne pas tomber. Il se sentait faible mais retourner dormir était hors de question. Prendre l'air lui fera du bien, sortir aussi. Il descendit les escaliers avec une certaine lenteur, pour ne pas tomber, veillant à marcher correctement. Les entraînements battaient leur plein, à cette heure, d'autant plus avec l'arrivée des examens. S'arrêtant au premier palier, au second étage, il se frotta les yeux, reprenant son souffle. Au même moment, il entendit du bruit derrière lui et vit sa collègue descendre à son tour.

Kimmitsu – Qu'il y a-t-il ?

Céleste – Je vous accompagne. Je ne vais pas vous empêcher de sortir, mais je ne tiens pas à vous retrouver évanoui avec une jambe cassée.

Il leva les yeux au ciel, secouant légèrement la tête en soupirant, mais poursuivit tout de même sa route. Il savait qu'Océane se rendait tous les soirs au dojo à partir de 19h30, il l'attendra là-bas pour voir comment elle allait. Il sortit de l'école en se frottant le front, un peu en sueur à cause de la fièvre. Et du feu qui se développait... Se rendre au dojo fut long, laborieux, mais lorsqu'y entra, il se sentit un peu mieux. Océane-san n'était pas encore arrivée. Ils 'agenouilla sur un tatami, se mettant le visage dans les mains, frémissant. Ne pas abandonner. Respirer. Il ne pouvait pas se laisser abattre pour aussi peu, ce serait indigne. A quoi bon rester allongé en laissant les autres faire votre travail à votre place ? Ce n'était pas une fièvre de maladie, simplement un don que l'on forçait à apparaître, c'était contre-nature. Il devait contrôler la douleur. Il se redressa, touchant du bout des doigts le sabre qui était posé près de lui, le sabre en bois dont il se servait pour entraîner son élève.

Kimmitsu – Vous pouvez partir, tout va bien, dit-il pour sa collègue.

Céleste – Avec tout le respect que je vous dois, permettez-moi d'en douter. Je préfère rester ici pour m'en assurer.

Kimmitsu – Je ne vais pas me laisser aller, ce serait un déshonneur, répondit-il calmement en prenant le sabre en main, pensif. Il y a des personnes que je dois protéger.

La jeune Océane, qu'il avait prise comme élève et sur qui il devait veiller. Gabriella-sama, à qui il avait juré loyauté. Les élèves de cette école, qu'il devait également protéger. Tel était son devoir, il ne s'y dérobera pas, même si les obstacles étaient nombreux.

Céleste – Moi aussi. Et cela commence par vous.

Il baissa la tête sans répondre, posant le sabre à terre. Une minute plus tard, il entendit la porte s'ouvrir puis son élève arriva à son tour. Il lui fit signe de le rejoindre et elle vint s'agenouiller devant lui, déjà en tenue, saluant sa professeur d'un signe de tête. Elle aussi semblait très fatiguée, tendue, et il attendit qu'elle s'installe avant de lui demander comment elle allait. Elle lui fit un sourire qui ressemblait plus à une grimace, tendue. Il lui demanda de lui raconter comment s'était passé la simulation qu'elle avait dû suivre à Gray, les deux mains posées sur ses genoux, attentif. Elle eut un autre regard pour Céleste mais il la rassura, lui disant qu'elle pouvait parler sans crainte. Le récit qu'elle fit le troubla profondément, il ne pensait pas que l'armée était déjà capable de produire ce genre "d'entraînements". Il resta silencieux un long moment ensuite, réfléchissant. Océane ne disait plus un mot non plus, attendant encore plusieurs minutes avant de relever la tête.

Océane – C'était très... réaliste, murmura-t-elle d'une voix presque brisée. J'ai senti la douleur, à la fin, je...

Il posa une main sur son épaule alors qu'elle baissait la tête et pleurait doucement. Il la laissa se décharger de la peur et de la tension, serrant son épaule pour lui montrer qu'elle n'était pas toute seule, qu'il était là. Quand elle eut cessé de pleurer, il lui murmura quelques paroles de réconfort en Japonais puis l'incita à redresser la tête. Il lisait l'inquiétude sur son visage, la peur aussi.

Océane – Mais vous, maître, vous avez aussi été...

Kimmitsu – C'est à moi de m'en faire pour toi, Océane-san, la coupa-t-il avec un sourire. Tu es mon élève.

Elle fit la moue mais suivit le mouvement lorsqu'il se leva. Il alla un peu plus loin dans la salle puis effectua avec elle le Salut du Soleil Levant, qui consistait en une longue série de gestes et de postures à prendre et exécuter, dans un ordre précis, afin de purifier le corps et calmer l'esprit. Une série parfois lente, parfois plus rapide, qui s'effectuait dans le silence en maîtrisant son souffle. Des postures des arts martiaux, pour travailler la souplesse et se préparer. Cela lui fit aussi beaucoup de bien à lui-même, autant qu'à sa jeune élève. Il gardait les yeux fermés plongé dans le rituel, suivi par son élève. Il fit durer l'exercice jusqu'au moment où il la sentie plus détendue et à l'aise qu'à son arrivée au dojo. Une fois fait, il se plaça derrière Océane, la faisant se mettre debout bien droite, les yeux fermés.

Kimmitsu – Vide ton esprit. Reprend les mouvements, tes pensées doivent être comme un lac à la surface parfaitement lisse.

Il recula de deux pas, tournant de nouveau la tête vers Céleste. Elle aussi pourrait rejoindre cet entraînement, tout le monde devrait s'adonner à ce genre d'exercice, en serait-ce que pour discipliner son esprit et se préparer aux aléas de la vie. La maîtrise de soi passait tout d'abord par la maîtrise de son esprit. Ce n'en était que plus vrai pour ceux possédant un don dangereux.

Kimmitsu – Voulez-vous essayer ?

Céleste – Je ne sais pas si c'est une... très bonne idée. Je suis incapable de me détendre et je n'ai jamais fait ça de ma vie...

Elle les regardait tous les deux, alors qu'il avait un léger sourire. Pourquoi refuser ? Elle n'avait aucune crainte à avoir, il n'y avait là rien de méchant. Kimmitsu n'était pas pour se moquer de qui que ce soit, il ne voulait qu'aider ceux qu'il entraînait à progresser, rien de plus.

Kimmitsu – Refuser d'essayer est admettre la défaite. Vous n'êtes pas ainsi.

Elle hésita encore un moment, mais finit par hocher la tête et les rejoindre. Il reprit sa position pour lui montrer les premiers mouvements, l'invitant à l'imiter. C'était comme une danse assez envoûtante, qui vous prenait toutes vos pensées pour vous laisser aussi paisible qu'un nouveau-né. La discipline et le contrôle de soi étaient essentiels, maîtrisez vos émotions et vous vous maîtriserez vous-même. Il murmura à Océane d'aller moins vite, de se laisser porter par son corps. Elle gardait les yeux fermés, concentrée, le souffle paisible et régulier. Il rouvrit les yeux puis se mit derrière Céleste, posant une main sur son épaule et l'autre à plat dans son dos.

Kimmitsu – Fermez les yeux et inspirez.

Il fallait plus ou moins de temps selon les personnes pour garder le corps détendu et maintenir l'esprit en paix. Elle sursauta néanmoins lorsqu'il la toucha, lui jetant un regard comme si elle hallucinait de se retrouver dans cette posture. Il lui répéta d'un air patient ce qu'elle devait faire, resserrant sa prise sur son épaule, puis la poussant dans le dos pour lui faire exécuter les premiers gestes simples, à savoir se pencher comme pour s'étirer, puis se redresser, tendre les bras, etc. Il la prenait tantôt par les bras, les épaules, les poignets ou le dos, comme à un jeune élève de première année qu'il accompagnerait dans ses premiers gestes. Il lui rappelait de fermer les yeux, de respirer profondément, tout en lui décrivant chacun des gestes qu'elle devait effectuer, reprenant les positions avec patience.

Kimmitsu – Le corps est parcouru par de nombreux flux d'énergie, dit-il d'un ton paisible en la faisant se retourner pour une autre posture. La force vitale d'une personne est liée à ces flux, qui sont de même importance que les veines et artères. Connaître et sentir ces flux permettent d'accéder à la discipline de l'esprit puis du corps.

Il se mit face à elle, posant deux doigts sur son front, entre ses deux yeux, en lui enjoignant de prendre une longue inspiration. La première étape dans ce genre d'exercice restait de contrôler son souffle et de ne pas le laisser s'échapper ou s'amoindrir. Céleste devait s'affranchir de ses craintes et regarder au-delà, regarder ce qu'elle ne voulait peut-être pas voir pour le moment. Elle avait de très nombreux blocages en elle, mais plus que la tension, c'était la terreur qui l'habitait toute entière. Il pouvait le voir, le sentir.

Kimmitsu – La peur se contrôle.

Céleste – Je n'ai pas peur.

Elle avait rouvert les yeux, bouche entrouverte, avec une voix moins assurée. Il lui rendit son regard, impassible, puis secoua la tête. A quoi bon nier ? L'accepter vous permettait d'y travailler afin d'en faire une véritable force. Tout était question de volonté, en ce monde, la volonté de vivre et d'avoir une vie la plus honorable possible. Une vie dont on ne pourra rougir une fois venu le moment de rendre son dernier souffle puis partir en paix. Kimmitsu avait fait son choix, il savait comment accomplir son devoir de façon à toujours garder la tête droite, quoi qu'il arrive.

Kimmitsu – En quoi est-ce une honte ? Beaucoup de personnes se contraignent elles-mêmes en refusant d'être heureuses à cause de la peur ou des remords. C'est un choix qui ne mène qu'à la mort.

Elle croisa son regard, un moment, puis le baissa, alors qu'il continuait à la regarder. Elle devrait cesser de se torturer l'esprit, comment pouvait-elle espérer vivre ainsi ? Chacun avait ses démons personnels, une histoire qui vous suivait à chacun de vos pas, que vous portiez tel un étendard qui n'appartenait qu'à vous.

Céleste – Ce n'est pas une question de honte... Je vis toujours, vu que je suis là, en face de vous.

Kimmitsu – Non, vous ne vivez pas, murmura-t-il. Ceux qui laissent la terreur les guider ne peuvent pas vivre, ils ne sont que l'ombre d'eux-mêmes. Une trace de ceux qu'ils étaient autrefois, si vous préférez. Vous avez vu mourir une partie de vous autrefois et vous refusez de vous reconstruire, laissant juste la terreur diriger votre vie.

Il posa sa main sur son épaule, le regard triste mais l'air impassible. Il trouvait cela vraiment triste de laisser ainsi sa propre vie être volée, sans rien y changer, sans rien y faire.

Kimmitsu – J'espère que vous n'irez pas ainsi à la tombe.

Il la relâcha, secouant légèrement la tête.

Kimmitsu – Nous honorons nos morts mais nous ne pouvons les ramener. Détruire nos vies ne changera rien au destin de ceux qui sont partis avant nous.
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Céleste Dumoulin
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Céleste Dumoulin
MessageSujet: Re: Aucun abandon   Aucun abandon EmptyLun 11 Mai - 18:25

Céleste se passa les mains sur le visage, attendant dans la petite pièce avec ses collègues. Ils parlaient de la directrice qui les inquiétait, se lamentant de son état. Si seulement elle les avait écoutés ! Maintenant, ils devaient s’organiser pour assurer la protection de l’école et ne pas prendre le risque de se faire avoir par les militaires. Ils étaient déjà bien trop présents, alors il était hors de question de rendre les armes pour de bon. Elle-même pouvait se défendre et défendre les élèves, elle maîtrisait son don… Il fallait seulement que sa peur la quitte, s’atténue enfin. Elle faisait des efforts, bien sûr, prenait sur elle, mais cette peur ne la quittait jamais. Céleste ne voulait tuer personne, ne voulait pas voir se reproduire ce qui s’était passé avec sa sœur. Donc, pour l’instant, elle veillait sur leur sous-directeur, priait pour que cela se calme, même s’il semblait aller un peu mieux – en oubliant les excès de fièvre.

Au même instant, Kimmitsu sortit de sa chambre et vint dans la pièce où ils étaient assis. Sans rien dire, il s’agenouilla, l’air tout de même mal en point. Céleste resta silencieuse, observant la scène avec les autres, inquiète même si elle était impassible extérieurement. Il devait faire attention ! D’accord, il avait raison, s’écraser ne servait à rien, surtout dans son cas. La fièvre n’était pas une fièvre normale et il devait passer outre… Surtout maintenant. C’était facile à dire, mais si les autres s’inquiétaient, la jeune professeure savait que cela passerait au bout de quelques jours. Elle ne disait rien concernant la douleur qu’il devait ressentir, son état physique à cause de la fièvre, pour ne pas préoccuper les autres… Cependant, grâce à la glace, elle parvenait à le rafraîchir un tant soit peu, faisant de son mieux avec ce qu’ils avaient à leur disposition.

Kimmitsu – Comment se porte Gabriella-sama ? demanda-t-il sans détourner le regard de l'autel.

Céleste – Elle est... furieuse de devoir rester au lit, mais elle se repose. Elle ira mieux assez vite, vu qu'elle ne peut pas bouger.

Et « furieuse » était encore gentil. Ils savaient tous, ici, que la directrice détestait être immobilisée de la sorte et qu’elle devait bouger, agir, ne pas rester bloquée dans un lit alors qu’elle avait du travail en dehors. Seulement, ici, elle écoutait curieusement ce que disait le Maréchal, sans doute à cause du grade qu’elle avait et qui l’obligeait à l’écouter. D’un côté, Céleste n’était pas rassurée en sachant cela parce que la directrice était obligée de l’écouter. D’un autre côté… Le Maréchal avait été la seule personne, jusqu’à présent, à avoir réussi à aliter la directrice pour qu’elle se repose.

Kimmitsu ne répondit rien et se redressa après un moment, restant sans rien faire tandis que Céleste s’était redressée, prête à le réceptionner au cas où il tombait. Il devait faire attention ! D’accord, ne pas rester allongé sans rien faire, elle l’approuvait et l’admirait pour cela d’ailleurs, mais foncer tête baissée sans faire attention aux besoins de son propre corps était complètement idiot. Cependant, le sous-directeur ne semblait pas être du même avis… Il sortit de l’appartement sous le regard ahuri de leurs collègues qui semblaient hésiter entre le suivre et désespérer. Qu’ils fassent ce qu’ils veulent mais elle ne laisserait pas leur supérieur hiérarchique sortir tout seul. Il risquait de se faire mal, de tomber, de faire une chute dans les escaliers ou… N’importe quoi d’autre ! Sans dire quoi que ce soit, Céleste se leva et sortit à son tour de l’appartement, disant aux autres qu’elle le suivait. Lorsqu’elle retrouva Kimmitsu, il reprenait son souffle sur le pallier. Ouhlà, doucement !

Kimmitsu – Qu'il y a-t-il ?

Céleste – Je vous accompagne. Je ne vais pas vous empêcher de sortir, mais je ne tiens pas à vous retrouver évanoui avec une jambe cassée.

Kimmitsu leva les yeux au ciel mais la jeune professeure ne bougea pas, patientant, déterminée. Elle savait qu’il détestait être couvé comme cela, mais elle ne voulait pas qu’il risque quelque chose parce qu’il désirait se montrer courageux et ne pas abandonner. Céleste le suivit lentement, progressant avec lui sans le tenir, même si elle le surveillait du coin de l’œil. De temps en temps, elle s’assurait qu’il allait bien, lançait des regards noirs aux élèves qui s’arrêtaient et les regardaient avec un peu trop d’insistance. De l’air ! Ils n’avaient pas autre chose à faire, ce soir ? Fort heureusement, ils arrivèrent jusqu’aux dojos sans trop de problème, ils mirent seulement plus de temps pour ne pas brusquer le sous-directeur. Lorsqu’ils entrèrent, ils étaient seuls et son supérieur se dirigea vers un sabre de bois qu’il toucha des doigts. Céleste, elle, le regardait, interloquée. Que faisait-il… ? Il n’allait pas s’entraîner, au moins ?

Kimmitsu – Vous pouvez partir, tout va bien, dit-il pour sa collègue.

Céleste – Avec tout le respect que je vous dois, permettez-moi d'en douter. Je préfère rester ici pour m'en assurer.

Kimmitsu – Je ne vais pas me laisser aller, ce serait un déshonneur, répondit-il calmement en prenant le sabre en main, pensif. Il y a des personnes que je dois protéger.

Ce n’était pas ce qu’elle sous-entendait. Céleste était d’accord avec lui, elle ne le blâmait pas pour son souhait de se maintenir en forme, que du contraire. Bouger l’aidera et elle le savait, elle-même l’avait expérimenté. Mais ce n’était pas pour cette raison qu’elle allait le laisser seul, rien ne lui garantissait que personne n’allait l’enlever et qu’il ne risquait absolument rien. Ou encore un « sursaut » de maladie, comme si le fait de sortir allait tout réveiller. Donc, non, elle restait et veillerait sur lui, elle pouvait attendre sans problème. De toute manière, elle n’avait rien d’autre à faire. Si elle rentrait dans son appartement, que ferait-elle ? Ressasser ses souvenirs ou travailler.

Céleste – Moi aussi. Et cela commence par vous.

Kimmitsu ne répondit rien, posant son sabre par terre, alors qu’une jeune élève arriva une minute plus tard en le regardant. Ah… C’était donc pour cela qu’il avait voulu venir ? Pour entraîner une élève ? Elève qui, d’ailleurs, n’avait pas l’air très bien… Ils se sourirent tous les deux, mais le sourire de l’adolescente ressemblait à une grimace et elle semblait épuisée, fatiguée. Presque directement, Kimmitsu lui demanda de raconter comment s’était passée la simulation à Gray. Ah. D’accord… Là, Céleste comprenait mieux son état. Elle avait entendu parler de ces simulations, des tests sur les élèves. Des simulations horriblement réalistes et difficiles à vivre pour les élèves, éprouvantes, les laissant traumatisés pour certains. Elle avait récupéré quelques élèves, aujourd’hui justement, qu’elle avait réprimandés parce qu’ils n’étaient pas concentrés. Avant qu’ils ne lui disent avoir passé ces « simulations ».

Comme ses condisciples, la jeune élève raconta tout après lui avoir jeté un coup d’œil, comme inquiète, rassurée d’un simple regard de la part de Kimmitsu. Elle pouvait parler, oui, ce n’était pas Céleste qui allait juger ou répandre cette histoire. Elle ne bougea pas durant son « récit », se crispant néanmoins un peu plus à chaque minute, de plus en plus révoltée face à tout ce qui se passait au sein de l’école. Ils ne pouvaient plus laisser les militaires faire ! C’était… Enfin, ils étaient des enfants ! Des adolescents, très jeunes ! Quel âge avait cette élève ? Quel don maîtrisait-elle ? Si ces imbéciles l’avaient traumatisée, avaient-ils seulement idée des conséquences que cela allait engendrer sur son don ?

Elève – C'était très... réaliste, murmura-t-elle d'une voix presque brisée. J'ai senti la douleur, à la fin, je...

La pauvre… Comment pouvaient-ils faire une telle chose ?! Ces hommes étaient sans cœur, ils n’avaient aucun sens moral et ne réfléchissaient pas aux conséquences de leurs actes. Ils exploitaient les élèves, cherchaient de nouveaux cobayes, et rien de plus. Et cela la révoltait, la répugnait, la dégoûtait. Ils étaient… La jeune élève pleurait, à présent, Kimmitsu lui ayant posé une main sur l’épaule pour la réconforter. Ils ne disaient rien, elle-même restait en arrière, en observatrice, se contenant. Comment pouvait-on laisser faire de telles horreurs ? Au bout d’un moment, elle redressa la tête, le visage différent.

Elève – Mais vous, maître, vous avez aussi été...

Kimmitsu – C'est à moi de m'en faire pour toi, Océane-san, la coupa-t-il avec un sourire. Tu es mon élève.

La jeune élève, Océane donc, fit la moue mais ne contesta pas son professeur et s’exécuta. Céleste resta en retrait, toujours, calme et admirative. Ils arrivaient à être si paisibles, ensemble… Les gestes qu’ils effectuaient semblaient à la fois compliqués, à la fois simples tant tout s’enchaînait parfaitement, sans heurt. Elle-même était incapable de faire une telle chose… Ils lui donnaient l’impression de danser, harmonieusement, comme si rien ne pouvait plus les atteindre. Au bout d’un moment, Kimmitsu lui dit de vider son esprit, que « ses pensées devaient être comme à la surface d’un lac parfaitement lisse ». Avant de tourner la tête vers elle. Heu… Oui ? Elle faisait trop de bruit ? Elle n’avait pas bougé et n’avait rien fait ! Sinon, elle pouvait attendre dehors, ce n’était pas un problème non plus. Avec Océane, si jamais il y avait un problème, Kimmitsu pourrait être secouru assez vite comme elle attendrait dehors.

Kimmitsu – Voulez-vous essayer ?

… Pardon ? Elle ? Se… Détendre comme cela ? Mais c’était impossible ! Céleste n’avait pas l’habitude de faire de tels exercices, tout le monde savait qu’elle était incroyablement tendue et que se détendre réellement tenait de l’exploit avec elle. Et puis, elle maniait la foudre, ce n’était pas un hasard, il est connu que ces personnes ne sont pas réputées pour être « calmes et posées ». La jeune femme regarda son supérieur d’abord, Océane ensuite, estimant d’un coup d’œil si elle pouvait en être capable ou non. Mais leurs gestes… Leur air paisible…

Céleste – Je ne sais pas si c'est une... très bonne idée. Je suis incapable de me détendre et je n'ai jamais fait ça de ma vie...

Kimmitsu – Refuser d'essayer est admettre la défaite. Vous n'êtes pas ainsi.

Il… Mais elle ne pouvait pas ! Et puis, cet argument était horriblement bas. Il n’avait peut-être pas tort, mais se détendre… Elle allait paraître stupide, à ne pas en être capable, alors qu’une élève y arrivait sans problème. Céleste hésitait, les regardant tout deux, ne sachant que faire. Mais finit par hocher la tête pour les rejoindre d’un pas plus qu’hésitant, avançant très lentement, pas très à l’aise. Kimmitsu se remit en position pour qu’elle reproduise les gestes qu’il faisait.

L’observant, la jeune professeure imitait son supérieur hiérarchique dans des gestes maladroits et hésitants, ignorant précisément ce qu’elle devait faire, si elle le faisait bien ou non. Kimmitsu murmura à Océane d’aller moins vite, de « se laisser porter par son corps ». Se laisser porter par son corps… ? Ce qui signifiait… ? Elle était calme et respirait lentement, écoutant apparemment les conseils de son professeur. Juste après, il se plaça dans son dos sous le regard inquiet de Céleste. Elle n’aimait pas savoir qu’il était dans son dos, même si ce n’était pas une question de confiance. Elle lui faisait confiance, aucun souci là-dessus ! Mais… C’était plus fort qu’elle. Et les choses ne s’arrangèrent pas lorsqu’il lui posa une main sur l’épaule et une autre dans le dos, peu habituée à ce qu’on la touche, sursautant légèrement. Elle n’osait qu’à peine toucher Cyprien qui était un véritable ami pour elle, alors Kimmitsu…

Kimmitsu – Fermez les yeux et inspirez.

Fer… Fermer les yeux ? Il voulait… Pardon ? Céleste tourna la tête vers lui, croyant halluciner. Il n’avait pas vraiment dit cela, si ? Mais si. Apparemment, si, il lui avait bel et bien dit de fermer les yeux, d’inspirer, et était très sérieux. Bon… D’accord. Acceptant de se plier aux indications de Kimmitsu, Céleste se laissa plus ou moins faire dans ses mouvements sans parvenir à se détendre, néanmoins. Elle faisait des efforts ! Vraiment ! Mais elle avait peur. Peur de trop se relâcher, peur de ne plus être assez sur ses gardes et de lancer son don par mégarde, peur de faire du mal à quelqu’un d’autre – Kimmitsu, en l’occurrence. Elle ne pouvait s’empêcher de tressaillir légèrement lorsqu’il la touchait aux poignets, dans le dos, aux bras… Il devait se méfier ! Et si jamais son don n’était pas suffisamment bien maîtrisé ? Il transpirait, la foudre et l’eau ne font pas bon ménage, c’est bien connu.

Kimmitsu – Le corps est parcouru par de nombreux flux d'énergie, dit-il d'un ton paisible en la faisant se retourner pour une autre posture. La force vitale d'une personne est liée à ces flux, qui sont de même importance que les veines et artères. Connaître et sentir ces flux permettent d'accéder à la discipline de l'esprit puis du corps.

Céleste essaya de comprendre et d’assimiler ses paroles alors que Kimmitsu se plaça devant elle… et posa deux doigts contre son front. Il… Mais doucemeeeent ! Elle ne voyait que ses doigts, sentant qu’elle stressait, même si elle était moins tendue qu’en arrivant. Ayant brièvement rouvert les yeux, elle venait de les refermer, essayant de se concentrer. Elle n’allait pas craquer, elle maîtrisait son don, alors pourquoi continuer à paniquer de la sorte ? Il est vrai que de tels exercices détendaient, elle devait bien l’admettre. Néanmoins, ne pas pousser certaines personnes à le faire était primordial. Certaines personnes comme les professeurs de foudre, par exemple. Elle était certaine que la directrice ne ferait pas ce genre d’exercices, qu’elle était aussi tendue qu’elle-même et qu’elle était incapable de se détendre. Son cas n’était pas désespéré, c’était sa nature, voilà tout. Alors pourquoi insistait-il autant s’il voyait qu’elle ne se détendait pas ? Ses deux doigts sur son front ne faisaient qu’ajouter de la pression !

Kimmitsu – La peur se contrôle.

P… Mais… Elle n’avait rien dit ! Rien fait ! Comment pouvait-il être au courant alors que Céleste n’avait strictement rien dit ou montré ? Oui, elle le veillait depuis quelques jours, des heures durant, mais il était malade. Dans la salle des professeurs, elle restait calme, peut-être un peu distante, oui, mais ne pleurait pas non plus, n’avait pas une sale humeur comme Sarah. Elle restait même avec Cyprien ! Alors, comment diable avait-il pu… Non, Cyprien n’aurait rien dit, la directrice non plus. Et ils étaient les seuls à connaître son passé. Surprise, Céleste avait rouvert les yeux et la bouche sans qu’aucun son n’en sorte. Elle ignorait quoi dire, quoi faire, choquée. Mais non, du calme, il avait peut-être cru qu’elle avait peur d’être ridicule, voilà tout.

Céleste – Je n’ai pas peur, dit-elle d’une voix moins assurée, malgré elle.

Kimmitsu resta impassible mais secoua la tête, la regardant également. C’était vrai ! Elle n’avait pas peur de faire ces exercices ! Peur de son don, oui, mais pas de cet exercice. Il y avait Océane, bien sûr, mais c’était tout, et elle n’était pas le genre d’élève à clamer haut et fort qu’un professeur n’est pas à l’aise avec ce genre de discipline, d’après ce que Céleste avait pu voir.

Kimmitsu – En quoi est-ce une honte ? Beaucoup de personnes se contraignent elles-mêmes en refusant d'être heureuses à cause de la peur ou des remords. C'est un choix qui ne mène qu'à la mort.

Et voilà. Non, ce n’était pas par rapport à l’exercice, il avait compris qu’elle avait peur de quelque chose. Mais peut-être ignorait-il ce qu’était cette chose. Ce n’était pas une question de honte et elle ne refusait pas d’être heureuse. Enfin… Elle essayait de vivre. Plus ou moins. Céleste essaya de soutenir le regard de son supérieur hiérarchique mais n’y parvint pas plus de quelques secondes. Il avait tout compris… Il savait alors qu’elle n’avait rien dit, rien fait. Il savait qu’elle avait des remords, qu’elle avait peur. Mais elle n’avait pas honte de cette peur, non, elle avait honte de ce qu’elle avait fait. Seulement, elle continuait de vivre, elle respirait, avait continué ses études, maîtrisé son don… Alors, si, elle vivait, quoi qu’il en dise. Ce n’est pas parce qu’elle était incapable de se détendre que Céleste ne vivait pas. Elle vivait pour sa sœur.

Céleste – Ce n'est pas une question de honte... Je vis toujours, vu que je suis là, en face de vous.

Kimmitsu – Non, vous ne vivez pas, murmura-t-il. Ceux qui laissent la terreur les guider ne peuvent pas vivre, ils ne sont que l'ombre d'eux-mêmes. Une trace de ceux qu'ils étaient autrefois, si vous préférez. Vous avez vu mourir une partie de vous autrefois et vous refusez de vous reconstruire, laissant juste la terreur diriger votre vie.

Il… Il savait pour… Mais… Comment… C’était impossible. Il ne pouvait pas savoir, elle n’avait rien dit ! Céleste, d’ordinaire impassible, peinait à rester droite et revoyait le visage de sa sœur pendant que Kimmitsu parlait. S’il n’avait pas posé sa main sur son épaule, sans doute se serait-elle écroulée ou aurait-elle défailli sans crier gare. Elle ne… Il devait se tromper. Elle vivait, elle ne se laissait pas mourir. Elle continuait à enseigner, aidait les élèves, les accompagnait malgré ce que disait « le programme ». En quoi la peur l’empêchait-elle de vivre ? Elle ne la guidait pas… Enfin… Si ? Céleste gardait la tête baissée, incapable de la relever. Elle ne voulait pas voir le regard de Kimmitsu. Elle doutait, plus que jamais, et ne voulait pas lire quelque chose qui allait tout remettre en question. Elle vivait ! Ce n’était que de la peur, un peu, et c’était légitime vu ce qu’elle avait vécu.

Kimmitsu – J'espère que vous n'irez pas ainsi à la tombe.

Il la relâcha en secouant la tête sans que Céleste ne bouge d’un pouce. Pourquoi ne pas aller à la tombe ainsi ? Elle avait tué sa sœur. Pour son don. Parce qu’elle était différente. Pire, elle avait développé la glace alors qu’elle voulait oublier son don, l’annihiler pour éviter qu’une telle chose ne se reproduise. Alors en quoi méritait-elle d’aller à la tombe d’une autre manière ? Kimmitsu ne devait pas savoir qui elle avait perdu et quelles étaient les circonstances. Autrement, son discours aurait sûrement été différent…

Kimmitsu – Nous honorons nos morts mais nous ne pouvons les ramener. Détruire nos vies ne changera rien au destin de ceux qui sont partis avant nous.

Céleste – Mais certaines personnes ne méritent pas mieux…, lâcha-t-elle presque dans un murmure.

Céleste redressa la tête pour regarder Kimmitsu, les yeux un peu plus humides que d’habitude. Il fallait qu’elle se contrôle, qu’elle ne se laisse pas aller, pas ici, pas maintenant. Il y avait Océane qui venait pour s’entraîner, qui ne demandait rien d’autre, et elle-même venait tout perturber. Seulement, elle lui avait fait confiance grâce à Kimmitsu. Et, de toute manière, Céleste ne pouvait pas rester impassible alors qu’il appuyait sur son plus gros point faible… Elle tremblait légèrement, les poings serrés, un sentiment de honte l’envahissant, se répandant dans tout son corps. Elle vivait pour deux, mais n’avait pas le droit d’être aussi heureuse que les autres. A cause de son don, à cause de son bonheur, à cause d’une dispute, elle avait pris la vie de sa sœur. Alors pourquoi aurait-elle le droit, comment pouvait-elle se permettre de vivre à fond alors qu’elle ne le méritait pas ? D’un autre côté, seule la détermination et l’envie de vivre pour sa sœur et lui donner sa vie l’avait aidée à se relever…

Céleste – Vous ignorez ce qui s’est réellement passé, comment c’est arrivé, je suis sûre que vous ne diriez pas cela en connaissant la vérité. Mais je…

« ne sais plus, ne suis plus sûre de rien »… En admettant quelle avait vraiment le droit de vivre, comment voulait-il qu’elle se libère de cette peur ? Céleste vivait avec depuis des années, se contrôlant tous les jours, toutes les heures, vivant avec ses souvenirs et la haine de son reflet. Ce qui, en soi, était une chose horrible. A chaque fois qu’elle se voyait, elle pensait à sa sœur, mais elle voyait aussi la personne qui lui avait pris la vie. La question était maintenant de savoir, de peser le pour et le contre. Et si elle avait tort... ? Si... Si Kimmitsu avait raison là-dessus ? Si elle... faisait encore plus de mal à sa sœur en la trahissant comme cela, sans vivre ? Peut-être devait-elle essayer de changer. Mais… Comment ?

Céleste – Je… Je ne sais plus… Je ne peux pas me libérer de cette peur, je ne peux pas oublier tout ça, je ne… Je ne sais pas comment faire. Je n’y ai pas le droit, c’est ce que je dois payer pour ce qui s’est passé, pour cette nuit, c’est aussi pour cela que je veux entraîner ces élèves, dit-elle avec un regard pour Océane. Pour leur éviter de vivre ce que j’ai vécu… Je… Je ne sais pas quoi faire.

Céleste fit une brève pause, lançant un regard à Kimmitsu. Elle était plus que perdue, déstabilisée. Et s’il avait raison… Si… Comment changer après tout cela ? Comment… « vivre », tout simplement ? Oublier la peur est impossible.

Céleste – Est-ce… Est-il possible de… d’oublier la peur ?
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Kimmitsu Nakajima
MessageSujet: Re: Aucun abandon   Aucun abandon EmptyMer 13 Mai - 23:50

Céleste – Mais certaines personnes ne méritent pas mieux…, lâcha-t-elle presque dans un murmure.

Oui, les meurtriers d'enfants ne méritaient pas mieux, tout comme certains criminels. Mais Kimmitsu ne pouvait se permettre de juger, il n'en avait ni le droit ni les moyens. Il était professeur, pas juge, et il n'était pas non plus un Dieu, capable de lire le cœur des hommes. Il y avait bien des manières de vivre, alors comment juger une personne sans connaître son histoire ? En revanche, il savait reconnaître le regard de ceux qui avaient connu certains événements, comme la maladie ou la mort. Il ignorait qui Céleste avait perdu mais elle ne rendait pas honneur à cette personne en se détruisant elle-même ainsi. Comment, une fois arrivé à la fin de sa vie, regarder en face ceux qui étaient partis avant nous si nous n'avions pu continuer à vivre en leur rendant hommage ? C'était une honte qu'il refusait. La vie était précieuse et ne méritait pas d'être gâchée, de quelque manière que ce soit. Tout le monde avait ses faiblesses, mais chacun avait le devoir de les surmonter.

Céleste – Vous ignorez ce qui s’est réellement passé, comment c’est arrivé, je suis sûre que vous ne diriez pas cela en connaissant la vérité. Mais je…

Pensait-elle vraiment qu'il allait la juger ? Kimmitsu n'était pas homme à trop s'attarder sur le passé, sauf à s'en inspirer pour ne pas répéter les mêmes erreurs. Sa collègue était en droit de ne rien faire et de vivre coincée éternellement dans ses souvenirs. Il existait des personnes ainsi, plus mortes que vives, vaquant à jamais dans leur bulle sans jamais s'ouvrir au monde extérieur. Il ne l'obligeait à rien. Certaines personnes étaient parfois plus heureuses en marchant avec les ombres des morts plutôt que dans le spas des vivants. Chacun son choix, lui-même avait décidé du sien. Sa plus grande peur était de ne pouvoir continuer la lutte ou de faiblir, être ralenti sur le chemin alors que ceux qu'il devait soutenir couraient trop loin devant lui. Il n'avait pas le droit de rester en arrière ni d'abandonner. Il avait donné sa parole ! Mais il avait peur. Cette fièvre anormale le rongeait, il ne récupérait pas ses forces, et sa supérieure hiérarchique était alitée à son tour, affaiblie. En ce moment-même, il sentait ce feu le dévorer, gagner du terrain, la fièvre ayant de nouveau augmenté. Il ne tenait debout que par pure volonté, à présent. Il devait tenir, comme Gabriella-sama ne pouvait plus le faire pour le moment.

Céleste – Je… Je ne sais plus… Je ne peux pas me libérer de cette peur, je ne peux pas oublier tout ça, je ne… Je ne sais pas comment faire. Je n’y ai pas le droit, c’est ce que je dois payer pour ce qui s’est passé, pour cette nuit, c’est aussi pour cela que je veux entraîner ces élèves, dit-elle avec un regard pour Océane. Pour leur éviter de vivre ce que j’ai vécu… Je… Je ne sais pas quoi faire.

Il lui rendit son regard, se demandant comment elle pouvait se contraindre aussi fort. Comment voulait-elle aider qui que ce soit dans cet état ? Il ne comprenait pas... Il ne comprenait vraiment pas les personnes pouvant détruire leur propre existence à cause d'une faute passée.

Céleste – Est-ce… Est-il possible de… d’oublier la peur ?

Kimmitsu – Il faut le vouloir, souffla-t-il d'un ton plus faible. Il faut accepter de se pardonner à soi-même.

Il reporta le regard sur Océane qui s'entraînait toujours, plus loin d'eux, contre un mannequin en bois. Il n'aurait jamais pensé en arriver là un jour, que la lutte tournerait ainsi et prendrait cette ampleur. Les expériences médicales, les guetteurs, les simulations, Gray qui avait brûlé, tout cela. Comme si elle avait sentit son regard, Océane s'arrêta et tourna la tête, avec un air inquiet. Il lui fit signe de continuer d'un geste de la main, pensif. Quand elle fut de nouveau occupée, il s'assit à terre sur les tatamis, contre le mur. Il avait si chaud. Il se concentra sur Gabriella-sama, devant continuer, au moins pour la soutenir. Il savait qu'elle avait encore plus travaillé pour la charge de travail qu'il n'avait pas pu assumer, ce qui avait précipité son affaiblissement. C'était en partie de sa faute si elle était alitée. Il regardait son élève de loin, respirant doucement. Se reprendre était un impératif, une urgence pour lui. Il ramena le bras contre lui, les yeux dans le vague. Océane se tourna à nouveau puis courut vers lui en le voyant à terre, se mettant à genoux.

Océane-san – Maître, qu'est-ce qui vous arrive ?!

Kimmitsu – Un peu de fatigue, lui dit-il avec un faible sourire, ne t'en fais pas.

Elle ne parut pas convaincue le moins du monde mais il ne pouvait pas la charger de ce fardeau, elle avait déjà assez à supporter. Elle lui demanda si elle devait aller chercher Adrien mais il refusa d'un signe de tête. Leur infirmier ne pouvait rien faire, dans ce cas présent. Il lui dit de ne pas s'inquiéter et de continuer à s'entraîner. Elle en avait besoin pour se vider l'esprit et ne plus songer à la simulation qu'elle avait passé à Gray. Une fois qu'elle fut passé dans une autre salle, après qu'il y ait poussé, il s'allongea complètement au sol, fermant les yeux un instant, le souffle court. La tête lui tournait, il avait l'impression de brûler littéralement. La fièvre, qui avait bien baissé depuis deux jours, reprenait avec un nouvel élan. Il maudit le "médecin" de l'armée, légèrement tremblant. Il allait s'en prendre aux élèves, même les plus jeunes. Il allait vouloir les prendre et les faire souffrir.

Kimmitsu – Il faut veiller sur les petits, murmura-t-il. Les plus jeunes, les plus influençables. Certains vont se laisser attirer, pour apprendre plus vite, être plus puissants.

L'armée pouvait jouer avec cela très facilement. Pour eux, ce serait très simple, quelques mots suffiront pour jouer avec les rêves des plus jeunes élèves. Il sentit tout à coup une main sur son front, gardant toujours les yeux fermés.

Céleste – Ne pensez pas à eux pour l'instant, vous devez vous reposer, attendre que cette... crise cesse.

Kimmitsu – Je ne peux guère cesser de penser à eux. Je ne veux pas trahir la confiance de Gabriella-sama... Mais ce docteur fou va chercher à prendre nos élèves. Il ne doit pas les toucher.

Il s'interrompit un moment, trop épuisé pour parler longuement.

Kimmitsu – Il faut veiller sur eux... Cyprien, vous, tous ceux qui suivent encore la raison.
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MessageSujet: Re: Aucun abandon   Aucun abandon EmptyJeu 21 Mai - 18:09

Kimmitsu – Il faut le vouloir, souffla-t-il d'un ton plus faible. Il faut accepter de se pardonner à soi-même.

Mais elle ne pouvait pas. Elle ne voulait pas se pardonner une telle chose. Comment pouvoir pardonner cela alors que son erreur avait pris la vie de sa sœur jumelle ? Céleste allait répondre mais Kimmitsu venait de se laisser aller à terre, ramenant ses bras contre lui. Immédiatement, la jeune professeure en oublia tout le reste et reprit ses esprits, décidée à ne pas se laisser miner par cela. Il avait besoin d’aide. C’était trop tôt pour sortir ! Il aurait dû rester dans son lit, encore quelques heures au moins. Là, il était sorti trop tôt… Beaucoup trop vite, étant donné le don qu’il était en train de développer. Océane, qui avait vu son professeur à terre, s’était précipitée également.

Océane – Maître, qu'est-ce qui vous arrive ?!

Kimmitsu – Un peu de fatigue, lui dit-il avec un faible sourire, ne t'en fais pas.

Un peu de fatigue… Bon, Céleste comprenait qu’il veuille lui cacher son état et la vérité, mais il espérait vraiment que son élève allait le croire ? Kimmitsu n’était jamais fatigué ! Du moins, pas au point d’être à terre, en sueur, et mal en point. N’importe qui s’inquiéterait, et il le savait très bien. Il devait se reposer, même si ce n’était qu’un jour en plus. Pour l’instant, son don lui prenait trop de force pour se développer et l’affaiblissait considérablement… Céleste s’agenouilla à côté de son supérieur, cherchant une idée, une solution, n’importe quoi pouvant l’aider et diminuer la fièvre. Mais elle ne voyait pas. Elle ne connaissait pas ce don ! La glace était le contraire du feu, elle avait trouvé des « trucs » pour supporter la glace lorsque son don s’était développé mais elle n’y connaissait rien à l’élément feu…

Océane demanda à Kimmitsu si elle devait aller chercher Adrien, mais il refusa d’un signe de tête. D’accord là-dessus, leur infirmier ne pouvait rien faire, ce n’était pas une simple fièvre mais un développement de don. En revanche, peut-être pouvait-il… Oui. Oui, c’était une idée. D’accord, Adrien n’était pas très fiable et leur avait déjà montré qu’il était influençable, mais ils ne pouvaient remettre ses qualités d’infirmier en question. Et puis, elle ne savait pas comment l’aider autrement. Il ne pouvait pas rester comme cela ! Océane retourna s’entraîner lorsque Céleste prit une décision. Elle allait conduire Kimmitsu chez Adrien. Ou le ferait venir ici. Le sous-directeur s’allongea dès que son élève fut de l’autre côté, ce qui finit de convaincre Céleste.

Kimmitsu – Il faut veiller sur les petits, murmura-t-il. Les plus jeunes, les plus influençables. Certains vont se laisser attirer, pour apprendre plus vite, être plus puissants.

… Il était… Bon, ne pas être étonnée. Après tout, la directrice agissait de la même manière que lui. Elle pensait à l’école, et uniquement à l’école. Toujours à l’école, même lorsqu’elle était malade. Donc non, ce n’était pas surprenant, le sous-directeur avait sûrement été choisi pour les mêmes raisons. Céleste se retint de pousser un soupir et posa une main hésitante sur le front de Kimmitsu, essayant d’estimer la température qu’il avait. De son point de vue, il était brûlant… Utiliser la glace pour le rafraîchir était trop dangereux, elle risquait de lui brûler la peau. Il fallait attendre. Patienter. Mais s’il avait trop de température, il risquait la mort…

Céleste – Ne pensez pas à eux pour l'instant, vous devez vous reposer, attendre que cette... crise cesse.

Kimmitsu – Je ne peux guère cesser de penser à eux. Je ne veux pas trahir la confiance de Gabriella-sama... Mais ce docteur fou va chercher à prendre nos élèves. Il ne doit pas les toucher.

Kimmitsu s’interrompit un moment, ce qui augmenta l’inquiétude de Céleste qui ne cessait de lui lancer des regards inquiets. Il fallait qu’elle fasse quelque chose… N’importe quoi ! Jamais, ô grand jamais, elle ne l’avait vu si épuisé, faible, fragile. Et s’il risquait vraiment la mort à cause de cet excès de température ? Si son corps ne supportait pas ? La jeune professeure regarda autour d’elle à la recherche d’une idée, comme si la salle allait lui en inspirer une, désespérée. Mais elle ne voyait rien, sinon Adrien…

Kimmitsu – Il faut veiller sur eux... Cyprien, vous, tous ceux qui suivent encore la raison.

Céleste – Ne bougez pas… Reposez-vous, vous pouvez compter sur nous. Vous pouvez rester ici ? Je reviens.

D’accord, ce n’était pas très franc de sa part de partir comme cela. Mais elle savait que, si elle disait à Kimmitsu où elle allait, il refuserait tout net et essaierait de se lever. Or, ici, il était beaucoup trop épuisé et il ne faudrait que quelques minutes à Céleste pour trouver Adrien et le ramener ici. Il n’allait pas refuser, la moitié du groupe qui résistait encore l’évitait. Elle… Pas vraiment. Mais elle n’avait jamais eu de contact particulier avec l’infirmier et était, d’ordinaire, relativement distante avec tout le monde, de peur de blesser et de s’ouvrir aux autres.

Céleste se releva, époussetant sa robe, et alla prévenir Océane de son absence en lui demandant de veiller sur son professeur quelques minutes et de l’empêcher de quitter le dojo. Une fois que ce fut fait, la jeune femme sortit très vite du dojo et fila vers l’infirmerie où elle trouva Adrien occupé à soigner un élève qui s’était tordu la cheville, apparemment. Elle attendit patiemment, ne le pressant pas et ne voulant pas l’effrayer même s’il devait être choqué ou étonné de la trouver là. Vite, plus vite, Kimmitsu attendait, là ! Adrien n’avait pas à craindre ce qu’elle allait lui dire, Céleste n’avait aucun reproche à lui faire, seulement de l’aide à lui demander. Tant pis pour les autres, ils avaient besoin de lui et ce n’était pas en l’éloignant qu’ils arriveraient à le récupérer définitivement. Elle ne lui en voulait pas, elle ! C’était son caractère, voilà tout. Par chance, l’élève sortit assez vite, accompagné d’un de ses amis, les laissant seuls tous les deux.

Céleste – J’ai besoin de toi, dit-elle directement. Ecoute, je n’ai rien contre toi, je ne suis pas d’accord avec ce que tu as fait et ton hésitation, mais je reconnais tes qualités en tant qu’infirmier. Je ne fais pas confiance à Sarah, mais je te fais confiance parce que tu nous as montré que tu étais un excellent infirmier et renier nos forces est stupide. Ici, j’ai besoin de l’homme qui voit défiler sous ses yeux, depuis des années maintenant, des élèves qui manient le feu et qui le développent.

Pas de temps à perdre, elle était directe, oui, mais ils devaient se dépêcher ! Adrien était laissé de côté à cause de Sarah et rien d’autre, ils n’avaient pas confiance en elle, Céleste la première. Seulement, ici, le temps pressait et il était question de la vie du sous-directeur.

Céleste – Kimmitsu est dans ce cas-là depuis que tu es venu le soigner l’autre fois au dojo. Je te demande de l’aide parce que j’ai peur de le voir mourir à cause de la fièvre et je ne peux pas la faire baisser avec la glace, je risquerais de le brûler. Tu as bien quelque chose, n’importe quoi, un truc pour l’aider ? Tu vois sûrement des élèves maniant le feu avec des accès de fièvre, un état pitoyable ou… Ce genre-là. Après, je te laisserai tranquille, c’est promis, mais cela ne dépend que de toi…

Céleste fit une pause et regarda l’infirmier droit dans les yeux. Il avait le choix, elle ne le forçait pas, mais ils avaient besoin d’aide. S’il refusait, ce dont la jeune femme doutait, ils trouveraient une autre solution ou elle ramènerait de l’eau ou… Quelque chose de ce genre pour l’aider. Fini le temps de jouer aux enfants, de s'éviter et de ne plus dire les choses clairement. Maintenant, il devait choisir et tous devaient arrêter de se miner comme cela. Les élèves le ressentaient et ils n'en avaient pas besoin.

Céleste – Veux-tu nous aider ou ta femme t’a-t-elle définitivement retourné contre nous ?
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Adrien de Sora
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Adrien de Sora
MessageSujet: Re: Aucun abandon   Aucun abandon EmptyVen 22 Mai - 9:37

Il sourit au petit qui pleurait doucement en lui disant que ce n’était pas très grave, qu’il allait très vite se remettre s’il ne forçait pas pendant une semaine. Tous les professeurs répétaient pourtant en boucle aux enfants de ne pas courir dans les couloirs et encore moins dans les escaliers. Enfin, c’était de leur âge, ils seront plus prudents au fur et à mesure. Il passait le bandage autour de la cheville du petit, sous le regard inquiet de son ami, lorsqu’il vit Céleste entrer à son tour à l’infirmerie. Un autre élève s’était blessé en cours ? D’accord, il arrivait, il terminait simplement de soigner son patient actuel. Il avait déjà vu passer Alice, ce matin, avec un de ses élèves de terminale qui s’était à moitié endormi au beau milieu d’un exercice pratique et qui s’était brûlé la main au second degré. Adrien l’avait envoyé à l’hôpital, ce n’était pas à l’infirmerie qu’il pouvait soigner efficacement les plus grosses blessures. Il aida le gamin à descendre du lit, en lui répétant de faire attention en marchant cette semaine et de ne pas courir, puis se tourna vers Céleste. Bon, de quelle blessure s’agissait-il, cette fois ?

Céleste – J’ai besoin de toi, dit-elle directement. Ecoute, je n’ai rien contre toi, je ne suis pas d’accord avec ce que tu as fait et ton hésitation, mais je reconnais tes qualités en tant qu’infirmier. Je ne fais pas confiance à Sarah, mais je te fais confiance parce que tu nous as montré que tu étais un excellent infirmier et renier nos forces est stupide. Ici, j’ai besoin de l’homme qui voit défiler sous ses yeux, depuis des années maintenant, des élèves qui manient le feu et qui le développent.

Il haussa un sourcil, hésitant entre l’exaspération ou la lassitude. Belle entrée en matière ! Lui cracher dessus pour des doutes légitimes, cracher sur sa femme, puis lui demander de l’aide car il connaissait le don du feu. Donc ? Que voulait-elle, au juste ? C’était ce genre de personnes qi avaient le pouvoir incroyable de vous gâcher la journée par une simple phrase, il avait toujours trouvé cela hallucinant. Il attendit impatiemment qu’elle continue, agacé. Il se fichait qu’elle ne fasse pas « confiance » à Sarah, mais pourquoi se sentait-elle obligé de le préciser ?! Elle cherchait à le vexer ou le blesser ? Quelle mentalité de merde…

Céleste – Kimmitsu est dans ce cas-là depuis que tu es venu le soigner l’autre fois au dojo. Je te demande de l’aide parce que j’ai peur de le voir mourir à cause de la fièvre et je ne peux pas la faire baisser avec la glace, je risquerais de le brûler. Tu as bien quelque chose, n’importe quoi, un truc pour l’aider ? Tu vois sûrement des élèves maniant le feu avec des excès de fièvre, un état pitoyable ou… Ce genre-là. Après, je te laisserai tranquille, c’est promis, mais cela ne dépend que de toi…

Donc il développait un don… Voilà pourquoi sa fièvre ne baissait pas, depuis quelques jours. Très bien. Il échangea un regard avec Céleste puis prit quelques compresses et des médicaments. Cette fois, il avait véritablement besoin de son pouvoir, la médecine ne pouvait pas grand-chose. Il n’allait pas mourir, même si la fièvre l’affaiblissait, en revanche. Un don en pleine naissance ne pouvait pas tuer, par contre, il fallait que la personne en prenne conscience dès le début. Mais avec le sous-directeur, ce sera plus simple, il avait déjà un don et avait appris à s’en servir, donc il saura répéter les exercices pour maîtriser le feu. Vent et feu se mariaient bien, il n’aura pas à gérer des dons opposés ou peu complémentaires, c’était déjà cela.

Céleste – Veux-tu nous aider ou ta femme t’a-t-elle définitivement retourné contre nous ?

Elle le faisait exprès…. Il se retourna vers elle, exaspéré, blessé, en lui jetant un regard furieux.

Adrien – Même si tu ne lui fais pas confiance, tu es priée d’arrêter de l’insulter devant moi ! s’écria-t-il. Tu ne sais rien d’elle ! Et contrairement à une certaine associable, elle a fait des efforts pour continuer à vivre. Tu n’es pas la seule à avoir perdu quelqu’un, figure-toi ! C’est grâce à Sarah que j’ai refait ma vie, alors évite de t’en prendre à elle face à moi ! Est-ce que toi tu apprécierais que je m’amuse à venir cracher sur tous les membres de ta famille devant toi ?!

Il fourra ses quelques affaires dans son sac puis lui fit signe vertement de s’écarter de son chemin, sortant de l’infirmerie. Il savait où était Kimmitsu, il l’avait vu passer dans le parc toute à l’heure, lorsqu’il était revenu d’une course. Il descendit assez vite les escaliers puis traversa le parc à grands pas, sans plus se préoccuper de Céleste qui marchait derrière. Il trouva le sous-directeur allongé par terre, près d’une Océane folle d’inquiétude. S’agenouillant près de lui, il posa une main sur son front pour évaluer la fièvre puis l’examina rapidement. Le feu était sans doute l’élément le plus douloureux à développer, car il provoquait toujours une fièvre terrible qui pouvait durer plus de deux semaines. Mais il y avait une technique qui consistait, pour un autre utilisateur du feu, à « aspirer » la chaleur, à l’attirer hors du corps pour faire baisser la fièvre. Il fallait être précis, afin de ne pas retirer trop de chaleur au corps de la personne, cependant.

Adrien – Océane, j’ai des compresses dans mon sac, peux-tu en préparer quelques une avec de l’eau fraîche ?

Il posa les deux mains de chaque côté du visage du sous-directeur puis ferma les yeux, concentré, appelant doucement la chaleur trop vive pour la concentrer sur ses mains et la retirer. C’était une opération très simple, qui demandait simplement un peu de temps et de la précision. Il recommença deux fois, afin de ne pas faire baisser la température du corps trop brutalement, puis se redressa et prit les compresses que lui tendaient Océane pour les lui poser sur le front. Il la rassura en même temps d’un sourire, sachant qu’elle devait mourir d’inquiétude. Elle était très attachée à son professeur, il le savait bien après l’avoir entendu parler de lui.

Adrien – Avec du repos, cela ira mieux rapidement, dit-il au sous-directeur en préparant un médicament, qu’il fit diluer dans un gobelet rempli d’eau. Je referais cette manœuvre si vous avez un second accès de fièvre, ça peut durer deux bonnes semaines. Pour le reste, il faudra vous adresser à Alice, elle saura vous dire comment vous entraîner.

Il lui tendit le gobelet pour qu’il boive, après qu’il se soit adossé contre le mur. On ne croirait pas, comme ça, mais Alice avait un pouvoir très puissant. Elle était très douce, enjouée, ne cherchait pas d’ennuis, et ne laissait pas croire que son don était de cet ampleur. Tant mieux pour elle, dans un sens, personne n’allait la soupçonner d’être puissante et elle évitait ainsi beaucoup d’ennuis.

Adrien – Si je ne suis pas là et que la fièvre reprend, vous pourrez aller la voir, elle connaît le procédé. C’est une chose qu’on apprend assez vite à tous ceux qui utilisent le feu, ça permet aux parents de pouvoir s’occuper de leurs enfants s’ils possèdent le même don.

Lui-même devra le faire si son fils ou sa fille possédait ce don, quoi que le bébé pourra aussi avoir le vent, comme sa maman. Ils verront bien.

Adrien – Reposez-vous, maintenant, au moins jusqu’à ce soir.
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