Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Bar et bal dansant

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MessageSujet: Bar et bal dansant   Bar et bal dansant EmptyDim 22 Fév - 20:25

Le jour était enfin venu. Isabelle avait passé les derniers jours à s'inquiéter qu'un imprévu n'arrive et ne prolonge encore l'isolement du Colonel, mais voilà, c'était terminé, il allait enfin sortir. Elle avait rempli pour lui une demande permission, afin qu'il puisse avoir trois jours de tranquillité pour se remettre et se reposer. La veille, au matin, elle s'était rendue au bureau des congés et permissions et avait demandé un formulaire, le remplissant au nom du Colonel. L'employé lui avait jeté un regard dubitatif, doutant que ce soit très réglementaire, comme façon de procéder. Les demandes devaient êtres individuelles ! A bout de patience, elle avait fini par lui rétorquer qu'il était honteux qu'elle doute de la fiabilité d'un Colonel, et qu'en tant qu'adjointe personnelle, elle n'avait pas non plus vocation à organiser des coups montés ou se moquer de qui que ce soit, qu'elle avait bien autre chose à faire, et qu'elle faisait cette démarche car le Colonel était déjà trop occupé. Il avait fini par signer le document, enfin. Elle l'avait ensuite donné à qui de droit, soulagée.

La soirée était déjà bien avancée, et elle avait passé la journée à prévoir le programme du soir avec ses équipiers. Il y avait un bar-restaurant à Gray dont on lui avait dit beaucoup de bien. Ils avaient réservé pour y manger, puis danser, lors d'une fête populaire organisée par des jeunes du village. Ils dormiront sur place ensuite, et pourront sortir et prendre l'air le lendemain. Près du lac ou aux alentours, il allait faire beau, ce sera très bien. Rentrant dans le petit appartement où elle vivait, elle se débarrassa de son uniforme puis fila sous la douche, avec un soupir. Elle frotta sa nuque et ses muscles endoloris, la tête levée vers le pommeau, les yeux fermés. L'eau chaude avait un incroyable pouvoir de détente, et elle la fit couler plus longtemps que nécessaire sur sa peau nue. Après cela, elle enfila des vêtements plus souples que son uniforme, et prit même le soin d'enfiler une jupe.

Adjudant-chef – Prête ? lança la voix de Sébastien quand il toqua à sa porte.

– J'arrive, oui.

Elle laissa ses cheveux détachés, pour une fois, puis quitta son appartement, son sac à main sur l'épaule. Ils attendirent près du quartier de discipline, et enfin, le Colonel fut relâché. Sébastien l'attrapa aussitôt pour l'entraîner dans un coin discret et lui donner des vêtements civils pour qu'il se change. Elle patienta, pendant qu'il se préparait, puis sourit en le voyant revenir près d'eux. Elle était contente de le revoir enfin, et surtout très soulagée. Ils filèrent tous ensemble, bavardant et riant, dans une atmosphère bien plus détendue que d'habitude. Elle ne cessait de surveiller le Colonel du coin de l'œil, afin d'évaluer son état mental après ce long isolement. Elle savait qu'il détestait la solitude, et cette sortie, avec eux tous, allait sûrement lui faire beaucoup de bien. Elle faillit trébucher en arrivant au village, n'ayant pas l'habitude de porter des talons, et se rattrapa à John avec un petit cri de surprise.

– Désolée, sourit-il, gênée.

Ils arrivèrent au bar-restaurant choisi, où du monde arrivait déjà pour manger et faire la fête. Ils approchèrent du bar pour commander, détendus, souriant, alors que l'orchestre commençait à jouer des airs très entraînants. Ne pas avoir le poids de ses différentes armes sur elle était cependant très étrange, c'était comme si on lui avait ôté quelque chose pour son équilibre. Elle s'assit au bar à côté du Colonel, prenant son verre en main.

– J'ai déposé une demande de permission pour vous, Colonel, annonça-t-elle le plus simplement du monde, en buvant une gorgée. Trois jours, pour que puissiez vous reposer, prendre, et oublier l'armée. Il s'est passé beaucoup de choses, mais vous avez le temps pour les nouvelles. Nous sommes ici pour nous détendre.

Ce qui ne l'avait pas empêché de parler sur un ton parfaitement contrôlé et professionnel, comme si elle était encore à travailler à son bureau.

– Comment vous sentez-vous ?
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MessageSujet: Re: Bar et bal dansant   Bar et bal dansant EmptyLun 23 Fév - 8:56

Sa seule hâte était de retrouver toute son équipe et de voir enfin en face la lumière du jour. Il arrivait enfin à la fin de ces vingt jours, il parvenait enfin à la fin de son isolement ! Il ne sortait que le soir, et ces dernières heures étaient d'une longueur insupportable. Quand cela allait-il enfin se terminer ? Assis sur son lit, il ruminait ses pensées, attendant, pressé d'en finir enfin. Il avait eu sa dose, et il voulait prendre l'air, bouger, courir, et s'entraîner. Voilà trop longtemps qu'il n'avait pas pu utiliser son don à pleine puissance, juste quelques étincelles et petites flammes lorsqu'il était sûr que personne n'allait venir le déranger. Il attendait le passage de la ronde, ou la nuit complète, puis joignait ses mains, faisait jaillir la chaleur et la brillance de flammes rouges et jaunes entre ses doigts. Il adorait et maudissait ce don, il l'aimait et le haïssait, sans savoir de quel côté il penchait le plus. Il se posait souvent la question de savoir comment sa vie aurait été différente s'il n'avait jamais eu cela. S'il n'avait eu ce pouvoir, si jamais il n'avait été de ceux qui étaient différents.

Le camoufler lui avait semblé naturel et logique, lorsqu'il s'était inscrit à l'école militaire. Il avait rempli son dossier en cachette, s'était débrouillé pour se rendre à l'école seul le jour des examens physiques, arguant à son père qu'il passait la journée chez un ami. Il avait passé toutes les épreuves qu'on lui demandait, avait été accepté. Quelques jours plus tard, il pliait bagages et quittait la maison sans un mot ni un regard en arrière. Son géniteur l'avait alors rayé de sa vie, comme on arrache simplement la page d'un livre qui ne nous plaît pas. Fin de l'histoire, rideau. Il était parti comme un voleur, finalement, et ne savait même pas comment son père avait réagi face à sa brusque disparition. Inquiétude ? Certainement pas. Incompréhension, peut-être, puis soulagement, sans aucun doute. Plus rien ne pouvait lui rappeler son passé ni "pourquoi" sa femme n'était plus de ce monde. Plus personne ne pouvait attirer sur lui-même le châtiment de Dieu. Pour Fabrice, l'armée était un danger, mais elle était aussi sa chance. Comme son don, en fait, c'était à double-tranchant. Comme son pouvoir, l'armée pouvait l'aider à vivre ou le perdre en un seul instant.

Le soir arriva enfin, et cette porte s'ouvrit, le laissant passer. Il sortit avec un petit soupir, soulagé, respirant enfin l'air libre. Il passait les portes lorsqu'il vit, à moitié surpris et moitié souriant, toute son équipe qui l'attendait au-dehors. Il était touché par leur loyauté, et ouvrait la bouche pour le leur dire, lorsque Sébastien se précipita sur lui et le tira par le bras plus loin avec un grand sourire. Que... Il l'entraîna plus loin, puis lui dit d'un ton pressant de se changer vite fait, qu'il lui avait apporté des vêtements. Pardon ? Il enleva sa veste d'uniforme avec hésitation, se demandant ce qui se tramait. Sébastien lui fourra une chemise blanche et un pantalon noir entre les mains, avec une veste, malgré la certaine chaleur de ce mois de mai. Une seconde ,où comptaient-ils l'emmener ?

Adjudant-chef – Ça y est, Colonel ?

– Mais...

Adjudant-chef – Discutez pas, tout le monde vous attend !

– Je...

Adjudant-chef – C'est bon, vous êtes prêt ? On va tous faire la fête à Gray, ce soir ! Et on vous emmène, bien sûr !

...

On appelait pas ça un piège, dans le langage courant... ?

Il suivit son subordonné et rejoignit les autres, alors qu'ils partaient tous vers le village. C'est alors qu'il remarqua que le lieutenant avait troqué ses tenues habituelles pour un ensemble bien plus détendu et féminin, et avait même laissé ses cheveux flotter librement. Oh... La voir ainsi était étrange, il était habitué à ce qu'elle porte au moins quatre pistolets, voire un sniper en bandoulière, sur le dos. Il fit un effort pour se détendre, néanmoins, conscient qu'ils faisaient aussi ça pour lui. Ils étaient... Il eut un sourire amusé en les regardant tous à tour de rôle. Il semblait y avoir une fête à Gray, et il eut un moment d'hésitation, en accrochant sa veste au parterre. Ils prirent des boissons au bar, mais il restait assez gêné. Il n'avait pas l'habitude de sortir et faire la fête. John et Alex sortaient souvent avec leurs familles respectives, Sébastien emmenait la sienne faire régulièrement de longues balades à vélo le dimanche ou après l'école. Enrick aussi, selon ses conquêtes féminines, sortait de temps en temps pour s'amuser. Mais lui, assez peu. Le lieutenant s'assit à côté de lui, et il intercepta son regard où persistait une lueur d'inquiétude.

Lieutenant – J'ai déposé une demande de permission pour vous, Colonel, annonça-t-elle le plus simplement du monde, en buvant une gorgée. Trois jours, pour que puissiez vous reposer, prendre, et oublier l'armée. Il s'est passé beaucoup de choses, mais vous avez le temps pour les nouvelles. Nous sommes ici pour nous détendre.

Il la fixa en écarquillant les yeux. Elle avait quoi ? Une permission de trois jours ? Mais enfin, il n'avait pas besoin de ça ! Il était en pleine forme, et avait besoin de travailler, bien au contraire. Pourquoi avait-il l'impression d'être couvé, d'un seul coup ? Il but une gorgée à son tour, alors que la musique et la fête étaient lancés par l'orchestre. Bon, ne pas râler, surtout pour ça. Il ne voulait se disputer avec personne, surtout pas ce soir, ni rien, alors que cela partait d'une bonne intention.

Lieutenant – Comment vous sentez-vous ?

– Très bien, vous ne devriez pas vous inquiéter comme ça, lieutenant, répondit-il avec un léger sourire. Ce n'était pas si terrible, juste un peu long et ennuyeux, parfois. Le médecin venait parfois, ça faisait une visite, et je pouvais aussi vous écrire.

Il lui sourit, alors que le barman leur demandait ce qu'ils voulaient manger ce soir. Il prit la même chose que les autres, tout en se demandant s'il pouvait avouer à son équipe que le Maréchal aussi lui avait rendu "visite". Il allait les inquiéter, et devoir tout leur expliquer. Le dire dès ce soir ? Il valait mieux attendre le lendemain, ils auront le temps d'en discuter.

– Dites-moi plutôt ce que vous avez fait et ce qui s'est passé, ces deux dernières semaines, reprit-il en regardant son équipe. Il y a eu de nouvelles catastrophes pendant que j'étais enfermé ?

Il l'avait dit sur un ton plutôt léger, mais au fond, il était assez sérieux. On ne savait jamais ce qui pouvait arriver.
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MessageSujet: Re: Bar et bal dansant   Bar et bal dansant EmptyJeu 26 Fév - 21:42

Il empoigna la barre de fer des haltères pour les soulever, allongé au sol, les muscles tendus sous l'effort. Un, deux, hop ! La salle de gym était comble, à cette heure-ci, mais peu importe, pour le commandant, venir ici chaque jour était devenu un rituel. Tous les militaires avaient pour obligation de faire du sport et s'entraîner tous les jours, dimanches compris, mais pour le commandant, c'était un plaisir, un jeu, un moyen de se relaxer et de rester en forme ! Un, deux, en rythme, on soulève, on souffle, on reprend ! Il était en marcel blanc, très simple, et en pantalon, ses muscles saillants alors qu'il soulevait les altères. Après toute une journée où il avait dû s'occuper de paperasse ennuyeuse, c'était un excellent exercice pour se défouler ! La crevette qui s'entraînait à côté de lui devrait en prendre de la graine ! Il se redressa et se frotta les mains, avec un petit soupir, s'essuyant avec sa serviette. Bien, bien, à présent, il avait juste le temps de rentrer chez lui, prendre une bonne douche, et enfiler des vêtements civils pour sortir ce soir ! Il se leva, attrapant la veste de son uniforme au passage, tout à fait détendu.

Entraîneur – Vous partez déjà, Commandant ?

Alex – Oui, j'ai à faire. A bientôt !

Il rejoignit son petit appartement, accueilli par un sourire de sa femme qui était en train de préparer de la soupe de légumes pour elle et le petit, ce soir. Il lui envoya un baiser avant de filer dans la salle d'eau se laver. Il s'habillait lorsque son petit garçon entra d'un coup en s'écriant "Papa !" et courut se jeter dans ses bras. Il en lâcha la chemise qu'il s'apprêtait à enfiler et le souleva avec un grand rire avant de le serrer contre lui. Désolé, petit ange blond, papa ne restait pas là ce soir ! Il la câlina dix bonnes minutes avant de se résoudre à le redéposer à terre et terminer de se préparer. Il embrassa sa femme, serra encore son fils contre lui, puis les quitta. Bon, il allait devoir se rattraper fortement en conneries s'il voulait compenser d'avoir ainsi laissé sa petite famille ! Il rejoignit ses amis au moment où le Colonel se faisait happer par l'adjudant-chef. Et à sa tête, il les maudissait déjà de l'avoir piégé. Et oui, et c'était pas terminé, très loin de là ! Il trépigna jusqu'au moment où ils quittèrent enfin la caserne, et durant le trajet, il jeta un long coup d'œil surpris au lieutenant. La dernière fois qu'il l'avait vu en jupe, c'était avec son uniforme de prestige, celui qu'elle mettait pour les cérémonies officielles, et elle n'avait pas trop l'habitude d'en porter...

Il salua tout le monde d'un bon cri fort et puissant en entrant dans le bras, levant le bras pour dire bonsoir à tous ceux qui se trouvaient là. Allez, c'était la fête ! Il attrapa le petit Enrick par les épaules, le sachant plus timide, et le tira avec lui dans un grand rire. Le tavernier le reconnu et lui dédia un large sourire. Il venait souvent manger ici, le dimanche, avec sa femme et son petit garçon, et passait l'après-midi au parc pour amuser son fils et lui donner d'autres terrains de jeu que le parc de la caserne. Chacun prit à boire, commençant la soirée dans la joie et la bonne humeur. Le lieutenant venait d'annoncer au Colonel qu'elle avait pris pour lui une permission de trois jours. Il éclata de rire dans son coin en voyant la tête que tirait leur supérieur. Il devrait être content que le lieutenant prenne soin de lui !

Lieutenant – Comment vous sentez-vous ?

Colonel – Très bien, vous ne devriez pas vous inquiéter comme ça, lieutenant, répondit-il avec un léger sourire. Ce n'était pas si terrible, juste un peu long et ennuyeux, parfois. Le médecin venait parfois, ça faisait une visite, et je pouvais aussi vous écrire.

Alex allait répondre quand l'aubergiste leur demanda ce qu'ils voulaient manger. Il commanda une bonne grosse part de poulet au basilic, plat qu'il adorait littéralement, avec une ou deux bouteilles. Ils pouvaient très bien se lâcher ce soir, après tout. Ils étaient en civils, en soirée, aucun chef n'était dans le coin, donc tout était parfait.

Colonel – Dites-moi plutôt ce que vous avez fait et ce qui s'est passé, ces deux dernières semaines, reprit-il en regardant son équipe. Il y a eu de nouvelles catastrophes pendant que j'étais enfermé ?

Alex – On aune nouvelle générale, mais ça, je suppose que vous le savez déjà ! répondit-il en éclatant d'un très gros rire. Elle, générale ! C'est super ironique, quand même, elle a passé des mois à combattre l'armée, elle a jamais plié, même après plusieurs agressions, et elle finit générale !

Il éclata de rire encore plus fort, riant aux larmes, son gros et grand corps presque secoué tant il trouvait cela tout à fait hilarant. Il lui suffisait de repenser à la jeune femme en uniforme pour recommencer à rire. Il n'en pouvait plus, le souffle coupé. Il lui fallu un moment avant de réussir à se calmer, les larmes aux yeux.

Alex – Bref, souffla-t-il. Elle a détruit un journal à elle seule, et pas mal de soldats ont l'air enclins à la suivre. Pas vrai, John ? Quand le Maréchal t'a parlé, il avait une drôle de tête, j'ai cru qu'il alalit nous bouffer !
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MessageSujet: Re: Bar et bal dansant   Bar et bal dansant EmptyVen 13 Mar - 22:03

John tourna vers le lac, qui scintillait sous la lumière du soleil couchant. Sa femme adorait admirer ce spectacle, chaque soir, et le montrer aux enfants. Cela valait tout l'or du monde, et rien, aux yeux du sous-lieutenant, ne pouvait être plus beau que ce qu'offrait la nature, jour après jour. Il sourit en suivant les autres dans Gray, les mains dans les poches de sa veste. Une soirée de détente, juste entre eux, comme il les adorait. Bien qu'il en soit pas du genre fêtard, il aimait beaucoup passer une soirée à s'amuser dans un bar ou un bal à danser, rire et discuter avec des amis. Plus d'uniforme sur le dos ni l'obligation de se tenir droit et en conformité avec les règles. Plus besoin de se plier au protocole. Ils pouvaient se mêler aux civils sans aucun problème, comme s'ils en étaient eux-mêmes. Poussant la porte du barn il ôta veste pour l'accrocher au parterre. Il y avait déjà un peu de monde, et l'orchestre, dans un coin de la salle, jouaient un air entraînant. Il s'étira avec bonheur, ravi qu'ils aient enfin récupéré le patron et qu'ils puissent avoir une soirée où se détendre.

Deux minutes plus tard, il avait une bière en main et écoutait Enrick raconter une anecdote, pendant que le lieutenant couvait déjà leur supérieur hiérarchique. Il leur jeta un coup d'œil intrigué, tout en buvant une gorgée. Il observa la façon dont ils se regardaient, ce qu'ils faisaient... C'était peut-être idiot ou naïf, mais il s'était toujours demandé s'il n'y avait pas quelque chose entre eux. De la loyauté, cela oui, bien évidemment, mais peut-être autre chose en plus ? Lui en tout cas devinait une certaine affection. Ils s'occupaient mutuellement l'un de l'autre, et étaient tout de même très proches. jamais très loin l'un de l'autre. Hum, ce serait amusant si au fond, ils s'aimaient, bien qu'il n'ait rien pour l'affirmer. Il était juste attendri en voyant le lieutenant protéger le colonel comme s'il était encore un enfant dont elle devrait s'occuper. Et lui-même la regardait comme si elle était un vase précieux. Il déposa sa chope sur le comptoir avec un sourire, secouant la tête.

Patron – Vous voulez manger quoi ?

– Hein, heu, pardon. Le plat du jour également, monsieur.

Il s'installa plus confortablement, regardant les gens se mettre à table ou investir l'espace réservé à la danse. Il essaya de repérer quelques têtes familières, pour s'amuser, et voir s'il n'y avait pas d'autres amis qui traînaient par ici et qui pourraient partager le repas avec eux. En tout cas, il n'y avait aucun de leurs chefs, ce qui n'était pas plus mal ! Il n'avait pas envie de la moindre embrouille ou il ne savait quoi ce soir. Il voulait juste se détendre et passer un bon moment. Il invitera peut-être le lieutenant à danser, aussi, plus tard dans la soirée. Il vit tout à coup une femme blonde plus loin, mais qui disparut de son champ de vision très vite. Hum, c'était possible que ce soit... Non. Non, impossible, il ne la voyait pas venir à un bal pour s'amuser. Peut-être le faisait-elle, mais il n'arrivait pas à l'imaginer dans ce genre de situation. Même Isabelle était beaucoup plus détendue, et au moins, elle souriait.

Colonel – Dites-moi plutôt ce que vous avez fait et ce qui s'est passé, ces deux dernières semaines, reprit-il en regardant son équipe. Il y a eu de nouvelles catastrophes pendant que j'étais enfermé ?

Oh non, de suite ! John retint un éclat de rire, une main devant la bouche. Il savait qu'il n'avait pas dit sérieusement, mais cela paraissait tellement hors-contexte de songer à une catastrophe dans un endroit comme celui-là, à un moment pareil. Rien ici ne prêtait à se sentir menacé ou quoi que ce soit du genre ! Il faudrait être malade pour ne pas réussir à se détendre lorsqu'on se trouvait avec des amis dans un endroit sympa où tout ce que l'on vous demandait était de prendre un bon repas puis de vous amuser.

Commandant – On aune nouvelle générale, mais ça, je suppose que vous le savez déjà ! répondit-il en éclatant d'un très gros rire. Elle, générale ! C'est super ironique, quand même, elle a passé des mois à combattre l'armée, elle a jamais plié, même après plusieurs agressions, et elle finit générale !

Il éclata de rire encore plus fort, alors que John secouait la tête, souriant. Ça n'avait rien de très drôle, même si décrit comme cela, c'était en effet ironique. De toute façon, cela se serait terminé comme ça, d'une façon ou d'une autre. Elle était... Comment dire... Disons que le journal avait plutôt bien cerné son caractère et son comportement. Il repéra le journal en question qui traînait plus loin sur le comptoir, avec la grande photo de la jeune femme en 1ère de couverture. Et dire qu'elle comptait vraiment s'opposer de front au Maréchal... pire, il acceptait de jouer le jeu et prendre le risque de le perdre ! Mais pourquoi ? Voilà ce que John ne comprenait pas. et cette femme était aussi une énigme à elle seule. Accepter ainsi de tout mettre en parenthèses - sa vie, ses enfants, son couple, tout - afin de pouvoir se dresser contre le Maréchal et défendre sa cause. Lui ne pourrait pas faire ça. Il était trop père-poule pour pouvoir rester loin de ses enfants, et pensait d'abord à câliner sa famille avant de chercher à faire des plans.

Commandant – Bref, souffla-t-il. Elle a détruit un journal à elle seule, et pas mal de soldats ont l'air enclins à la suivre. Pas vrai, John ? Quand le Maréchal t'a parlé, il avait une drôle de tête, j'ai cru qu'il allait nous bouffer !

– Nous bouffer, non, quand même. Je l'ai trouvé de bonne humeur, avoir quelqu'un en face de lui pour l'affronter directement doit beaucoup lui plaire, à mon avis. Mais elle est... Comment dire ça... Elle a un caractère assez ferme.

Adjudant-chef – Mais en la nommant à ce poste, il peut mieux contrôler tous ses faits et gestes. Pour moi, elle a déjà perdu la partie, très clairement.

– Pas sûr, pour moi, ça vient juste de commencer, bien au contraire. Mais je ne comprend pas ce que recherche vraiment le Maréchal. Et elle, qu'a-t-elle à gagner à vouloir l'affronter ? C'est tout de même fou ! Elle aurait très bien pu se contenter de s'écarter du chemin, ou de devenir guetteuse et espionner. Mais non, elle accepte d'affronter Bradley, frontalement. Et le pire, c'est qu'il est prêt à perdre face à elle !

Ce point, plus que tous les autres, le choquait définitivement. Et que devait-on en conclure ? Pour Bradley, elle était une ennemie, mais assez "digne" pour qu'il n'ait pas honte d'échouer face à elle ? Il était pourtant connu qu'il était misogyne à un point incroyable, mais ici, il acceptait de se battre à rames égales, comme ça, tout simplement ? Il en était impressionné, mais avait aussi un peu peur. John n'avait jamais réussi à comprendre les gens capables de tout laisser tomber ce qui était normalement plus important que tout, la famille, les enfants, pour ne se dévouer qu'à la cause qu'ils défendaient.

– L'armée est pas mal agitée depuis sa nomination. Et toi, Isabelle, tu ne penses quoi ?
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MessageSujet: Re: Bar et bal dansant   Bar et bal dansant EmptyDim 15 Mar - 20:35

Colonel – Très bien, vous ne devriez pas vous inquiéter comme ça, lieutenant, répondit-il avec un léger sourire. Ce n'était pas si terrible, juste un peu long et ennuyeux, parfois. Le médecin venait parfois, ça faisait une visite, et je pouvais aussi vous écrire.

Elle eut un maigre sourire, rassurée de voir qu'il n'avait pas l'air de déprimer ou être malheureux. Elle s'était vraiment beaucoup inquiétée pour lui. Tous les soirs, elle avait passé presque une heure à se demander comment il vivait cet isolement, s'il arrivait à supporter, alors qu'il avait plus de mal lorsqu'il était trop longtemps seul. Cela lui rappelait de mauvais souvenirs. Mais ici, il souriait, il avait l'air de bonne humeur, et son regard n'était pas lourd de tristesse. Le tenancier les interrompit en venant leur demander ce qu'ils voulaient manger. Elle sourit à son tour, rassurée, et bien décidée à ce que cette soirée se passe du mieux possible. Elle s'installa plus confortablement sur la chaise, son verre en main, lissant sa jupe de l'autre. Ne pas être armée lui donnait un effet très étrange, mais les gens auraient toqués en voyant la crosse d'un pistolet dépasser de la ceinture de sa jupe. D'autres n'en auraient pas été gênés, mais elle ne voulait pas se faire remarquer et ainsi attirer des ennuis au colonel. Comme cette fois-là, aux thermes, où il s'était interposé aussitôt pour la défendre. Pas question que cela arrive de nouveau ce soir.

Colonel – Dites-moi plutôt ce que vous avez fait et ce qui s'est passé, ces deux dernières semaines, reprit-il en regardant son équipe. Il y a eu de nouvelles catastrophes pendant que j'étais enfermé ?

Commandant – On a une nouvelle générale, mais ça, je suppose que vous le savez déjà ! répondit-il en éclatant d'un très gros rire. Elle, générale ! C'est super ironique, quand même, elle a passé des mois à combattre l'armée, elle a jamais plié, même après plusieurs agressions, et elle finit générale !

Il rit encore plus fort, attirant l'attention de la moitié des clients du bar. Elle secoua la tête avec un léger soupir, tout en buvant une longue gorgée. Il ne devrait pas se moquer si ouvertement, supposons que la jeune femme entre ici, là, au même moment ? Elle en ferait des brochettes, si elle le voyait se payer sa tête. RIP, commandant Alex Alric, mort après avoir osé se moquer de leur nouvelle générale. Elle sourit en coin en reposant son verre, une main sur la bouche. Ce n'était pas très aimable, de se moquer, même si la situation était des plus ironiques. Qu'elle entre chez les guetteurs, soit, il le fallait, mais passer directement générale... Ce qui faisait d'elle la plus jeune des hauts gradés, soit dit en passant. Plus jeune même que le colonel. Seule différence, lui l'avait voulu, alors que leur générale avait été forcée. Elle croisa les jambes pour se mettre à l'aise, encore gênée par sa jupe. Elle avait tellement l'habitude des pantalons que porter ce genre de tenues l'handicapaient.

Commandant – Bref, souffla-t-il. Elle a détruit un journal à elle seule, et pas mal de soldats ont l'air enclins à la suivre. Pas vrai, John ? Quand le Maréchal t'a parlé, il avait une drôle de tête, j'ai cru qu'il allait nous bouffer !

Peut-être pas les "bouffer", il ne fallait pas non plus exagérer ! Mais le maréchal ne tenait pas grand-monde en bonne estime, pour ne pas dire personne. Elle reprit son verre avec un léger soupir, alors que John répondait, suivant le cours de ses propres pensées. Toute n buvant, elle regardait aussi le colonel en coin, toujours pour surveiller son état moral. Il ne laissait rien transparaître, mais depuis le temps qu'elle faisait équipe avec lui, elle avait appris à déchiffrer certains de ses regards, ses gestes ou positions. La conversation dérivait sur la générale et sur son combat contre Bradley. Isabelle hocha la tête lorsque John souligna le niveau de folie qu'il y avait dans ce "jeu". Elle-même ne comprenait pas pourquoi la jeune femme était prête à aller si loin. Qu'avait-elle à y gagner ? Lorsqu'on se lançait dans de telles entreprises, il y avait obligatoirement une raison, quelque chose qui vous poussait en avant ! Comme le colonel, par exemple. Il avait une raison, un motif, une cause, qui le poussait à viser le sommet. Elle croisa un instant son regard et il lui sourit. Il avait dû voir qu'elle le surveillait... Elle répondit avec un temps de retard, plongée dans ses pensées.

John – L'armée est pas mal agitée depuis sa nomination. Et toi, Isabelle, tu ne penses quoi ?

– Elle doit savoir ce qu'elle fait, ce n'est pas le genre à agir sans avoir une idée derrière. Pour une fois que Bradley affronte quelqu'un en direct, ça doit bien lui faire plaisir.

Colonel – C'est sûr, mais ce type est prêt à tout pour servir ses buts. En un sens, ces deux-là se ressemblent.

– Vous trouvez, vous ?

Colonel – Evidemment ! Maintenant qu'elle est à ce poste, les choses vont bouger un peu plus. J'ai hâte de suivre la suite de cette histoire.

– Faites quand même attention, je vous ai déjà dit mille fois de ne pas vous faire remarquer, et vous sortez tout juste d'isolement.

Colonel – Ne vous en faites pas, lieutenant... Et vous n'avez pas besoin non plus de me couver en permanence, je suis un grand garçon, maintenant.

– Si je ne le faisais pas, je me demande bien où vous seriez aujourd'hui !

Colonel – Sans doute nulle part, je sais. Je n'aurais pas dû vous demander d'être mon équipière, vous allez finir par désespérer, avec moi.

– C'est trop tard pour vous inquiéter de ça, je vous ai déjà donné ma parole, je vous suivrais jusqu'en enfer.

Commandant – Pourquoi vous vous mariez pas ?

Isabelle cracha à moitié dans son verre en s'étouffant avec, avec un brusque hoquet. Elle sentit le Colonel lui tapoter le dos, et entendit de gros rires à côté d'elle. Elle s'essuya la bouche avec une serviette en leur jetant un regard noir. Ça n'avait rien de drôle ! Elle se redressa et remercia le colonel d'un signe de tête, puis, les joues très rouges, chercha par réflexe son pistolet mais tomba sur du vide. Rah ! Ils s'étaient tous écartés par réflexe, sans cesser de rire, du moins, et elle se retint de leur jeter le reste de son verre à la figure. Elle jeta ses cheveux derrière son épaule avec rage, essayant de se calmer, encore cramoisie.

– Vous confondez la loyauté et l'amour ! Je suis navrée, Colonel.

Colonel – Ce n'est rien, l'alcool doit les rendre idiots.

Il lui tendit une autre serviette pour qu'elle s'essuie. Elle se reprit, désespérant devant l'idiotie de ses compagnons. Le commandant riait toujours, visiblement incapable de se calmer, tout comme Enrick qui en pleurait quasiment. L'adjudant-chef, quand à lui, les fixait avec un drôle d'air. Seul John avait enfin cessé le délire, terminant son verre à petites gorgées. Au même instant, on vint leur apporter le plat qu'ils avaient commandé, et ils purent commencer à manger. Elle serra sa fourchette dans sa main pour se détendre, puis eut un léger soupir.

– Colonel... Lorsque le médecin est venu vous voir, il n'a rien dit à propos de vos... Enfin, il n'a pas fait de commentaires ?
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Bar et bal dansant   Bar et bal dansant EmptyLun 30 Mar - 16:25

Commandant – On a une nouvelle générale, mais ça, je suppose que vous le savez déjà ! répondit-il en éclatant d'un très gros rire. Elle, générale ! C'est super ironique, quand même, elle a passé des mois à combattre l'armée, elle a jamais plié, même après plusieurs agressions, et elle finit générale !

Fabrice retint un soupir en buvant une gorgée, secouant la tête, alors que le commandant éclatait de rire. Oui, il le savait déjà, le Maréchal le lui avait si gentiment annoncé lorsqu'il était venu lui rendre visite ! Générale de division, rien que ça ! Il comprenait un peu mieux pourquoi il avait fait ça, maintenant, mais n'en trouvait pas moins que cette histoire était complètement dingue. Enfin, elle devait savoir ce qu'elle faisait. Jusqu'ici, rares étaient ceux qui s'étaient opposés frontalement à Bradley, et il n'avait accepté de "jouer" avec aucun d'entre eux. Or, ici, non seulement il acceptait de se lancer, mais son adversaire était une femme ! Lui qui était misogyne à un point incroyable... Il faudra qu'il rencontre leur nouvelle générale assez vite, maintenant. Avec elle à la tête des guetteurs, les choses allaient bouger assez vite, du moins il l'espérait. Ils allaient avoir plus de possibilités d'agir... Et donc plus de chemins possibles pour arriver à leurs fins. Cependant, les expérimentations risquaient de prendre un nouveau tournant, ainsi que les expériences sur les dons. Qu'allait faire Bradley, pour son prochain coup ? Où allait-il frapper et comment ? Fabrice se méfiait de plus en plus de lui, surtout depuis qu'il savait que le Maréchal le surveillait... Avait-il posté des espions, même pour ce soir ? Était-il surveillé en ce moment-même ? Un profond sentiment d'insécurité vint le saisir, et il se concentra sur ses subordonnés pour l'ignorer.

Commandant – Bref, souffla-t-il. Elle a détruit un journal à elle seule, et pas mal de soldats ont l'air enclins à la suivre. Pas vrai, John ? Quand le Maréchal t'a parlé, il avait une drôle de tête, j'ai cru qu'il allait nous bouffer !

Fabrice parvint à dissimuler à fois un sursaut et une grimace, finissant son verre. Bradley se méfiait aussi de son équipe ?! Non... Non, ce n'était pas possible ! Ou il cherchait simplement des preuves contre lui. Bon sang, la situation devenait vraiment critique, d'autant plus que le colonel ignorait ce que ce sale type savait vraiment. Qu'avait-il vu deviné, senti, découvert ? Tout pouvait encore arriver. Mais ne pas paniquer, ni se laisser aller. S'il y avait vraiment des espions dans le coin, ils ne manqueront pas de rapporter que le colonel semblait trop nerveux. Il écouta plutôt John, chacun d'entre eux, en se rassurant. Il était là, dehors, avec eux tous, et rien ne les menaçait. Enrick pouvait détendre tout le monde d'un sourire, grâce à son caractère. Le commandant était toujours très enjoué, lui aussi, souriant à tout le monde. L'adjudant-chef était plus sérieux, mais avec lui, on était assuré d'avoir des conversations solides et matures, profondes. John était assez posé, lui aussi, mais il n'était jamais le dernier pour rire ou se détendre avec des amis. Et il y avait le lieutenant, toujours à ses côtés, plus loyale que jamais, et qui lui avait redonné du courage durant les moments où il sentait la déprime le gagner. Il croisa alors son regard, s'apercevant qu'elle le surveillait du coin de l'œil, puis lui sourit. Elle lui répondit après deux ou trois secondes, comme prise de court. Il aimait bien la voir sourire, cela lui donnait un air très doux.

Sous-lieutenant – L'armée est pas mal agitée depuis sa nomination. Et toi, Isabelle, tu en penses quoi ?

Lieutenant – Elle doit savoir ce qu'elle fait, ce n'est pas le genre à agir sans avoir une idée derrière. Pour une fois que Bradley affronte quelqu'un en direct, ça doit bien lui faire plaisir.

Bonne analyse, comme toujours. Bradley s'amusait bien, dans cette histoire, même,s'il cachait bien ses motivations. L'avenir de la France était en train de se jouer entre deux, et il n'y avait qu'une poignée de personnes qui l'avaient réalisé. Terrifiant. Il reposa son verre sur le bar, s'installant avec plus de décontraction. Si plus de gens étaient conscients de tout cela, cela pourrait créer une psychose collective. mais qui pourrait le croire ? Les journaux produisaient beaucoup d'articles mais très peu racontaient la vérité. Ils se contentaient de donner leur propre "analyse" des faits, sans prendre en compte la réalité.

– C'est sûr, mais ce type est prêt à tout pour servir ses buts. En un sens, ces deux-là se ressemblent.

Lieutenant – Vous trouvez, vous ?

C'était même certain ! Il se tourna à moitié vers elle, laissant dans un coin de son esprit les espions qu'il y avait sûrement dans ce bar. Ils ne l'empêcheront pas de vivre et il ne cédera pas non plus à la paranoïa. Toute son équipe avait fait des efforts pour que cette soirée se passe bien, il n'allait pas tout gâcher en l'espace de quelques secondes comme ça, juste parce qu'il refusait de se laisser aller. Il voulait passer une bonne soirée, oublier ces deux semaines de mise en quarantaine. Avec ça, il n'avait pas envie que le lieutenant s'inquiète pour lui.

– Evidemment ! Maintenant qu'elle est à ce poste, les choses vont bouger un peu plus. J'ai hâte de suivre la suite de cette histoire.

Lieutenant – Faites quand même attention, je vous ai déjà dit mille fois de ne pas vous faire remarquer, et vous sortez tout juste d'isolement.

Mais elle ne devrait pas s'en faire autant, il n'était pas en sucre ! Il savait se débrouiller, comme il le faisait depuis des années, et il avait des personnes compétentes et solides près de lui pour l'aider à rester dans le droit chemin, n'était-ce pas suffisant ? Il comptait sur eux tous, il leur vouait une confiance totale, il avait foi en eux. Et ils avait très bien ce q'il leur devait. Donc pas d’inquiétude, tout se passera bien.

– Ne vous en faites pas, lieutenant... Et vous n'avez pas besoin non plus de me couver en permanence, je suis un grand garçon, maintenant.

Lieutenant – Si je ne le faisais pas, je me demande bien où vous seriez aujourd'hui !

Lui aussi se le demandait et ne parvenait pas à imaginer un semblant de réponse. Où serait-il ? Il n'en avait aucune idée... Il suivait la voie qu'il s'était tracée sans savoir ce qu'il serait advenu de lui s'il n'avait pas décidé, des années plus tôt, de signer son engagement à l'école militaire et de filer loin de chez lui. Ce jeune homme au regard lourd avait disparu dans le corps d'homme, mais il avait conservé la ferveur de sa jeunesse et le refus de plier. L'armée était un gage pour lui, son équipe était un soutien permanent.

– Sans doute nulle part, je sais. Je n'aurais pas dû vous demander d'être mon équipière, vous allez finir par désespérer, avec moi.

Lieutenant – C'est trop tard pour vous inquiéter de ça, je vous ai déjà donné ma parole, je vous suivrais jusqu'en enfer.

Il s'apprêtait à lui répondre lorsque le commandant posa une question totalement stupide qui faillit faire étouffer sa subordonnée. Il lui tapota le dos pour l'aider à respirer, tout en jetant un regard exaspéré à ses collègues qui s'étranglaient de rire. Très malin, félicitations ! Ils avaient tous passé l'âge de faire des blagues de maternelle, surtout de ce genre-là. D'ailleurs, ils avaient bien de la chance que leur coéquipière ne soit pas armée... Fabrice recula lui aussi par instinct lorsque son main vola pour chercher son arme. Oh là, du calme !  Ils étaient peut-être idiots mais ce n'est pas une raison pour leur tirer dessus, tout de même. Il eut un maigre sourire, restant près d'elle pour vérifier qu'elle avait bien repris son souffle.

Lieutenant – Vous confondez la loyauté et l'amour ! Je suis navrée, Colonel.

– Ce n'est rien, l'alcool doit les rendre idiots.

Il lui donna sa serviette puis se rassit, laissant le commandant continuer à rire bêtement. Chacun son humour, après tout, il n'allait pas se mettre à brider son imagination. Christophe, le meilleur ami du Colonel, passait aussi pas mal de temps à lui dire de se trouver une copine puis de se marier, que sa femme serait son meilleur soutien, qu'il y en avait des très jolies et très gentilles dans l'armée, qu'il pourrait lui en faire rencontrer une ou deux, qu'il serait ravi de le voir enfin à l'église, etc, etc. Mais le mariage n'était pas dans la tête de liste de ses priorités. On vint leur apporter leurs plats à ce moment, alors que l'orchestre enchaînait sur une musique bien plus entraînante.

Lieutenant – Colonel... Lorsque le médecin est venu vous voir, il n'a rien dit à propos de vos... Enfin, il n'a pas fait de commentaires ?

Il secoua la tête, tout en découpant un morceau de viande. Son "médecin" avait surtout été frustré de ne rien voir de très exotique ou fascinant chez lui et était reparti en rogne. Il n'avait rien dit sur ses cicatrices, non. Le maréchal, en revanche... Hum, bref, ne pas penser à cela pour le moment.

– Il était venu par obligation, donc non, il n'a fait attention à rien, dit-il en passant la carafe à Enrick. Ce type n'avait pas grand-chose d'intéressant, mais si on veut éviter de revoir un médecin trop vite, Commandant, éviter de faire s'étouffer votre coéquipière comme ça !

Il lui jeta un regard aigu, tout en piquant sa viande avec la fourchette.

– On peut savoir d'où vous pouvez bien sortir cette idée-là, encore ?
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MessageSujet: Re: Bar et bal dansant   Bar et bal dansant EmptyDim 5 Avr - 13:04

John – Nous bouffer, non, quand même. Je l'ai trouvé de bonne humeur, avoir quelqu'un en face de lui pour l'affronter directement doit beaucoup lui plaire, à mon avis. Mais elle est... Comment dire ça... Elle a un caractère assez ferme.

"Assez ferme", c'est tout ? Il faillit éclater de rire à nouveau, s'étouffant à moitié avec son verre. Un caractère assez ferme ! Elle était comme le Maréchal, cette femme, voilà tout ! Boulot, boulot, boulot, et on pensera à la famille après ! Inimaginable, pour lui, il serait prêt à s'enterrer vivant si on l'empêchait de voir son fils ne serait-ce qu'une semaine d'affilée, ou s'il devait renoncer à lui faire un câlin tous les soirs avant qu'il se couche. Les enfants, surtout les vôtres, c'était sacré ! Son adorable petite blonde le rendait gaga à chaque fois qu'il s'en approchait, cet enfant était une bouffée d'oxygène pour lui. Il était si adorable ! Un large sourire béat venait sur son visage à chaque fois qu'il songeait à sa femme et à son fils. Ah là là, comment pouvait-on préférer le travail à quelques heures de détente complète avec sa femme et son enfant ? Cela le dépassait complètement ! Il n'avait vu qu'une seule fois madame Bradley. Une petite créature silencieuse et très douce, à l'opposé du caractère de son mari. Comment diable avait-elle pu l'aimer assez pour l'épouser, ce type ? Encore un de ces profonds mystères de la nature humaine.

Sébastien – Mais en la nommant à ce poste, il peut mieux contrôler tous ses faits et gestes. Pour moi, elle a déjà perdu la partie, très clairement.

Si elle avait perdu, elle ne se conduirait pas ainsi. Mais Sébastien n'avait pas tout à fait tord, elle était plus surveillée que jamais et il lui faudra jouer serré pour s'en sortir. Puis, voilà, c'était quand même drôle ! Enfin un adversaire digne de ce nom et une autre idéologie au sein de l'armée, c'était pas mal. Le Colonel aura enfin des alliés solides et hauts placés. Sacré duel qui s'engageait, il avait hâte d'assister à la suite. En plus, la directrice était belle, en uniforme, ce qui ne gâchait rien. Moins belle que sa propre femme, bien évidemment, mais elle était présentable. Dommage qu'elle ait un regard aussi glacial que celui du maréchal.

John – Pas sûr, pour moi, ça vient juste de commencer, bien au contraire. Mais je ne comprend pas ce que recherche vraiment le Maréchal. Et elle, qu'a-t-elle à gagner à vouloir l'affronter ? C'est tout de même fou ! Elle aurait très bien pu se contenter de s'écarter du chemin, ou de devenir guetteuse et espionner. Mais non, elle accepte d'affronter Bradley, frontalement. Et le pire, c'est qu'il est prêt à perdre face à elle !

Ouais, ça par contre, il avait beaucoup de mal à comprendre. Les femmes indépendantes n'étaient pas si rares depuis la Grande Guerre, mais des femmes qui s'engageaient à ce niveau, ça, c'était exceptionnel ! Et pour quoi, au final ? Elle n'avait rien à gagner, mais tout à y perdre. Sa vie de famille pouvait s'en retrouver sacrifiée, tout comme sa relation avec ses enfants, et jusqu'à sa propre vie. Tout ça pour une Cause ? Mais qui était prêt à mettre en jeu tout cela pour la victoire d'une idéologie ? Homme ou femme, les personnes qui pensaient ainsi étaient d'une rareté incroyable dans ce monde. Il s'agissait toujours de leader, de toute façon, souvent des combattants en première ligne. Il poussait les foules à le suivre sans se poser de question. C'était dangereux d'agir en plein jour comme ça, c'était le meilleur moyen de se faire allumer à tout moment par un sniper.

John – L'armée est pas mal agitée depuis sa nomination. Et toi, Isabelle, tu ne penses quoi ?

Il jeta un coup d'œil au lieutenant lorsqu'elle répondit, encore un peu choquée de la voir dans cette tenue. Elle s'était assise près du Colonel, bien évidemment ! Ils ne se séparaient jamais, ces deux-là, à chaque mission, chaque réunion, chaque inspection, ils étaient toujours à travailler ensemble. Ok, elle était son bras droit, mais il trouvait que ça allait plus loin que ça et n'était certainement pas le seul à le penser ! Il suffisait de regarder comment ils se parlaient ! Ils se surveillaient, s'épiaient, même, parfois, bougeaient en même temps. On agissait ainsi avec son époux, sa femme, un ami proche, mais pas avec son supérieur hiérarchique, quand même. Alex respectait et appréciait le colonel, mais pas de là à le couver en permanence, quoi, il était adulte ! Oui, il lui tendait toujours la main dans certaines situations, mais il agissait comme un ami, un bon copain, dans ces moments-là, rien de plus. Il allait l'aider à se reprendre, le ramener chez lui, puis repartir en le laissant dormir. Alors que le lieutenant, elle, allait le ramener chez lui et rester toute la nuit pour vérifier qu'il allait bien.

Comment ne pouvaient-ils pas voir que cela dépassait la loyauté ? A les entendre discuter, comme ça, c'était vraiment flagrant. Huuum, nouveau terrain de jeu pour les taquiner et leur faire ouvrir les yeux ! Il sourit de plus belle en entendant le lieutenant dire au Colonel qu'elle le suivra jusqu'en enfer, et leur demanda d'un ton tout à fait innocent pourquoi ils ne se mariaient pas. La réaction du lieutenant ne se fit pas attendre et il ne put s'empêcher d'éclater d'un très gros rire, en cœur avec le reste de l'équipe. Voilà, rien que ça, ça prouvait qu'il y avait anguille sous roche ! Il reposa son verre pour se tenir les côtes, en ayant mal à force de rire. Il en avait le souffle coupé, tout comme John et Enrick, même Sébastien en pleurait ! Avant d'avoir tous un mouvement de recul lorsque la main du lieutenant vola brusquement pour chercher son arme. Oh là, du calme ! En plus, il n'avait pas tord ! Ça se voyait comme le nez au milieu de la figure !

Lieutenant – Vous confondez la loyauté et l'amour ! Je suis navrée, Colonel.

Colonel – Ce n'est rien, l'alcool doit les rendre idiots.

Ils étaient peut-être idiots, mais ces deux-là étaient aveugles, ça ne valait pas mieux. Il reprit son souffle avec peine, alors qu'on leur apportait leurs assiettes. Sébastien essuya d'abord ses larmes avec un petit hoquet, alors qu'Enrick donnait du pain à tout le monde. Allez, on souffle, un, deux, trois. Il prit sa fourchette avec une longue inspiration, pendant que le lieutenant demandait au colonel comment sa visite médicale s'était passée. Il avait des cicatrices, c'est juste, le médecin ne s'était pas posé de question là-dessus ? Ils étaient curieux, dans l'armée, tout était au grand jour, dans votre vie privée. On surveillait les comportement suspects ou suicidaires.

Colonel – Il était venu par obligation, donc non, il n'a fait attention à rien, dit-il en passant la carafe à Enrick. Ce type n'avait pas grand-chose d'intéressant, mais si on veut éviter de revoir un médecin trop vite, Commandant, évitez de faire s'étouffer votre coéquipière comme ça !

Bah, il aurait pas besoin de le faire s'ils avaient les yeux en face des trous ! Alors désolé, patron, mais il ne comptait pas arrêter de jouer aux idiots si ça les aidait à ouvrir les yeux. Et puis, quel meilleur moyen pour les taquiner ? Il adorait pimenter la vie de son entourage, ça donnait toujours plus de saveur.

Colonel – On peut savoir d'où vous pouvez bien sortir cette idée-là, encore ?

Alex – Ça se voit, tout simplement ! s'exclama-t-il avec un immense sourire. Franchement, patron, vous êtes toujours collés ensemble, vous déjeunez souvent ensemble, quand il y a un truc qui ne va pas, vous vous appelez toujours, et vous arrivez à devinez quand l'autre a un souci, juste en entendant sa voix !

Il regarda ses coéquipiers pour les prendre à témoin. C'était parfaitement véridique, tout ça ! Il y avait des tas et des tas de preuves ! Qu'est-ce qu'il leur fallait de plus ? Que toute la caserne leur signe un témoignage écrit ? Qu'ils fassent une enquête sur leur comportement ? Sachant qu'il était prêt à le faire, hein... Il était toujours prêt à tout pour prouver des faits.

Alex – Puis même ici ! Franchement, Colonel, je vous respecte beaucoup et j'aime travailler avec vous, mais je suis pas certain de pouvoir plonger dans les flammes de l'enfer juste pour vous suivre, ma famille passera avant. Alors que si vous disparaissiez, le lieutenant suivrait, j'en suis certain, ça. On le fait avec notre mari ou femme, mais pas avec son collègue de travail.

Sébastien approuva d'un hochement de tête, de même qu'Enrick. Il reprit après avoir un peu soupiré et but son verre.

Alex – T'en dis quoi, John ? J'ai raison ou pas raison ?
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