Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Besoin d'un conseil   Besoin d'un conseil EmptyLun 17 Nov - 13:14

Xavier posa la casserole sur la gazinière, puis craqua une allumette pour l'allumer. Le café se mit à chauffer doucement, alors qu'il sortait deux tasses du vieux et large placard en bois, avec des cuillères. Il aimait beaucoup recevoir de la visite, cela apportait un peu de chaleur dans cette maison, même si peu de personnes venaient le voir. Ceux qui voulaient s'adresser à lui attendaient généralement de le croiser à la chapelle, ou lorsqu'il était occupé à renâcler la terre du potager. Cela rendait un peu triste le vieil homme qui ne demandait pas mieux que d'avoir de la visite, et d'offrir un café et une écoute aux élèves, professeurs ou n'importe qui passant par là. Dans son ancienne paroisse, les habitants du village n'hésitaient jamais à sonner à sa porte, qu'il laissait toujours ouverte d'ailleurs, pour parler, échanger un mot ou deux, demander un conseil, lui annoncer une nouvelle, ou l'inviter à déjeuner.

Il lui arrivait souvent, la nuit, de regretter cette période de sa vie. De revoir, dans ses cauchemars, les villageois périrent sous les bombardements alors qu'il était dans les tranchées, à ramasser les blessés. Son village était devenu l'un des nombreux villages fantômes de France,a près la Grande Guerre. Il n'y était plus retourné depuis le jour où il avait découvert que tout avait été détruit. Il ne devait rien rester là-bas si ce n'est des pans de maisons en ruine, avec le lierre qui envahissait tout. Il posa les tasses sur la table en bois, souriant son invité qui ne semblait pas au mieux de sa forme. Le pauvre Adrien était dévasté, depuis son mariage. Mais Xavier, très honnêtement, n'aurait pas cru q'il serait venu lui parler.

- Un biscuit ? proposa-t-il en sortant une boîte en fer.

Il posa le tout puis retourna surveiller le café. Il venait de rentrer pour se reposer un peu, après avoir nettoyé la chapelle, quand Adrien était venu frapper à sa porte, et n'avait plus dit grand-chose depuis que le vieux prêtre l'avait invité à s'asseoir. Il en savait guère que penser de tout cela... D'un côté, il trouvait vraiment terrible que deux personnes soient ainsi séparés pour une histoire d'adultère. De l'autre, cette histoire, aussi terrible soit-elle, apparaissait bien dérisoire en comparaison de ce qui se passait au pensionnat. Xavier était bouleversé de voir tous les changements qui y avaient été apportés. Il regarda par la fenêtre, avec un air triste, en voyant des hommes en uniforme et en blouse blanche passer dans le parc. Que pouvait-on trouver de dangereux chez ces enfants ?

- Tout cela est bien triste, dit-elle en laissant retomber le rideau. Comment peut-on voir ces jeunes enfants comme dangereux, ou même à surveiller ? Ce Gouvernement est tombé bien bas... Il y a quelques années encore, seule la protection de la population compatit, le patriotisme était si fort ! Et nous voilà rendu dans de la paranoïa, et l'antisémitisme. Hélas pour la France.

Il prit la casserole et versa du café dans les deux tasses, avant de s'asseoir à son tour. Qu'est-ce qui amenait le jeune infirmier ? De quoi voulait-il lui parler ? Xavier murmura une prière pour la tranquillité de son âme, souhaitant pouvoir trouver les mots juste, les paroles qui pourront l'aider à se libérer.

- Souhaitez-vous parler de votre femme ?

Adrien et Sarah étaient toujours mariés, devant Dieu et la Loi des hommes. Bien entendu, du fait de l'adultère et de l'union non consommée, un divorce était encore possible. Mais divorcer alors qu'ils étaient promis à un bel avenir, ce serait désastreux. Ils avaient besoin l'un de l'autre, besoin d'amour, particulièrement avec tout ce qui se passait dans ce monde.

- Vous pouvez vous exprimer à cœur ouvert, je ne vous jugerais pas.
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Adrien de Sora
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Adrien de Sora
MessageSujet: Re: Besoin d'un conseil   Besoin d'un conseil EmptyMar 2 Déc - 9:19

Adrien fixait depuis trois bonnes minutes un nœud de bois, penché sur la grosse table en chêne, littéralement fasciné, qu'il contemplait avec les yeux légèrement écarquillés. Qu'on l'excuse, mais il ne s'était pas encore tout à fait remis de sa "semaine de vacances". Il avait été bien malade... Dès le retour de la station, il était revenu chez lui, au pensionnat, et y avait trouvé des militaires qui n'avaient visiblement pas perdu leur temps ! Premier réflexe, leur hurler dessus, mais il avait à peine été plus capable d'uns ouffle et avait dû retourner se coucher. C'était injuste, il n'avait pas avalé une seule goutte d'alcool durant toute la semaine et il avait quand même été malade. Vomissements, vertiges, maux de têtes, tout y était passé. Enfin, cela allait un peu mieux, à présent. Des médecins, alliés des militaires, étaient venus le voir de temps en temps, comme c'était aimable, en lui demandant s'il avait besoin de quelque chose. Seul un était venu régulièrement, bien qu'il le renvoie balader. Pas besoin d'aide, merci... Il était médecin lui-même, à la base, même s'il se contentait d'être infirmier ici.

Médecin... Tu parles d'une gueule de médecin... Il appuya son front contre sa main, soupirant. Il se serait bien évanouit sur place, s'il le pouvait, et ne comprenait même plus ce qu'il était venu faire ici à la base. Pourquoi venir déranger le vieux prêtre ? Il était venu jusqu'ici comme un automate, les idées embrouillées, et ne s'était rendu compte de ce qu'il fichait que lorsqu'il s'était assis à la table de bois. Il redressa un tantinet la tête, les yeux dans le vague. Pourquoi ici, en effet ? Bien entendu, il était croyant, mais jusqu'ici, il n'avait jamais été confier ses doutes et ses peurs à un prêtre. Il avait inconsciemment rejeté la religion après la mort de sa famille. A quoi bon aimer un Dieu qui lui avait pris sa femme et son fils ? Anna en aurait des frissons si elle entendait cela... Elle avait toujours été croyante, bien plus que lui, et répétait qu'il ne fallait pas craindre l'arrivée de la mort, car c'est elle qui nous ramenait vers Dieu. Soit. Mais Adrien aurait voulu que Dieu les laisse vivre plus vieux. Et pas qu'il emporte sa femme à vingt-six ans, son fils à trois ans.

Père Vilette – Un biscuit ?

Adrien haussa légèrement les épaules. Il aimerait tant pouvoir remonter dans le temps, même si ce n'était qu'à l'époque de ses débuts au pensionnat. La vie était plus simple... Oui, il buvait toujours comme un trou, mais voir ces jeunes insouciants, poursuivre leurs études et leurs jeux, cela avait quelque chose de réconfortant malgré tout. C'était comme s'il vivait par procuration, en se laissant porter par le flot sans plus se débattre. Il aurait pu passer des années, ainsi, à regarder les autres vivre pour oublier sa propre existence. Hélas, même ça lui avait été arraché. Il ne devrait pas rechercher de nouveau le bonheur, car le destin semblait se faire un plaisir sadique de tout lui arracher dès que possible. Il eut un reniflement désabusé, essuyant ses yeux d'une main. Même le pensionnat n'était plus ce havre de réconfort qu'il avait trouvé au début. Ce n'était plus ce lieu où il avait pu se cacher et se faire oublier du reste du monde. Famille envolée, amis de paris dont il n'avait plus eu la moindre nouvelle depuis le départ de sa famille. Il avait quitté, en abandonnant absolument tout derrière lui. Des proches, des patients, son cabinet, la petite maison où il avait vécu, des camarades, des voisins... San,s doute tous pensaient qu'il était mort lui aussi. Accident, suicide, maladie...

Père Vilette – Tout cela est bien triste. Comment peut-on voir ces jeunes enfants comme dangereux, ou même à surveiller ? Ce Gouvernement est tombé bien bas... Il y a quelques années encore, seule la protection de la population compatit, le patriotisme était si fort ! Et nous voilà rendu dans de la paranoïa, et l'antisémitisme. Hélas pour la France.

Antisémitisme... Voilà, Dieu ne devait guère aimer les Juifs. Anna était Juive, elle aussi... Il l'avait rencontré lors de la fête de Noël, en sortant de la cathédrale Notre-Dame, il avait rencontré dans les rues ce petit bout de femme, un panier au bras, qui faisait son marché. Cette fraîcheur, dans son regard, son sourire, tout en elle respirait la pureté et l'innocence. Dieu qu'il l'avait aimée. Il l'avait aimée, elle plus que tout autre, tant aimée, tant chérie et adorée. Dieu avait été cruel... Quelle importance, ces histoires de religion ? Juifs, Chrétiens, Protestants, ou peu importe, cela n'avait aucune importance. Sarah, elle, était Catholique. Différente d'Anna, plus forte et vive, mais elle avait su l'attirer. Il avait su voir en elle la fragilité qu'elle cachait, derrière le masque, il avait vu cette même douceur, cette même fragilité qui avait caractérisé sa douce Anna. Comme si elle était revenu à travers une autre femme. Il avait cru pouvoir être heureux de nouveau. Et tout avait été détruit en un seul instant.

Père Vilette – Souhaitez-vous parler de votre femme ?

Il prit en main la tasse brûlante, remplie de café, en se mordant les lèvres. Il n'y avait qu'une question réelle que l'on pouvait se poser face à la mort : Pourquoi ? Pourquoi si tôt ? pourquoi aussi jeune  Pourquoi maintenant ? Pourquoi de cette façon ? Pourquoi, mon Dieu, Pourquoi ? Seule cette question avait une réelle importance aux yeux des proches d'une personne partie trop tôt. Seule cette question avait une réelle valeur. Seule cette question obsédait, rendait à moitié fou, vous réveillait la nuit après un long cauchemar et vous faisait pleurer. Pleurer autant à cause de la peine que parce que vous saviez, au plus profond de vous-même, que jamais vous n'aurez une véritable réponse. Que jamais aucune religion au monde ne pourra soulager votre peine, même en vous donnant des réponses déjà faites, en pensant vous apporter un minimum de réconfort. Il n'y avait aucun réconfort réel et possible quand un enfant ou un parent décédait de façon si brutal avant d'avoir atteint la vieillesse. Personne ne pouvait accepter le départ d'un bébé par la maladie ou un accident. Et seule cette dernière question restait, quand vous vous agenouillez devant cette tombe de marbre. Pourquoi ?

Père Vilette – Vous pouvez vous exprimer à cœur ouvert, je ne vous jugerais pas.

Il leva le regard vers le visage du vieil homme. Lui aussi avait dû connaître ce genre de drames. Perdre des proches... Comment pouvait-on avoir toujours la foi après ça ? Il ne comprenait pas. Il y a tellement de choses qu'il ne pouvait plus comprendre depuis le décès de sa femme et de son fils. Il but une gorge de café, sans sucre, amer, fermant les yeux une seconde.

– Je ne sais plus quoi faire, mon Père. Je ne sais plus ce que je dois croire ou non. Est-ce que ces photos dataient vraiment d'il y a cinq ans ? Et comment dois-je m'y prendre ? Comment lui reparler ? Elle... J'ai cru devenir fou ! Tout cela... Le jour de mon mariage, à l'église... J'ai vu Anna devant l'autel... Nous nous étions mariés selon les traditions et coutumes Juives, car je savais qu'elle y tenait, même si elle ne me le disait pas.

Il prit un sucre et le laissa tomber dans sa tasse en tremblant, le cœur au bord des lèvres. Il balbutiait plus qu'il ne parlait, sa voix chevrotait, et les larmes menaçaient à nouveau d'envahir ses yeux, se déverser sur son visage.

– J'ai cru la revoir en Sarah, mon Père. Mais qu'est-ce que j'en sais, après tout... Les morts ne peuvent pas revenir...

Il vida sa tasse d'un seul coup, laissant le liquide brûlant couler en un glissement dans sa gorge, voulant se réchauffer, se débarrasser de ce vide glacé qui le hantait.

– Que dois-je faire... ?
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Besoin d'un conseil   Besoin d'un conseil EmptyMar 9 Déc - 14:16

Xavier but lentement une gorge de son café, croisant le regard du jeune infirmier. Il pouvait presque sentir le combat qui devait actuellement se dérouler dans son âme. Cette histoire était terrible, même si d'aucuns la jugeraient dérisoire, mais beaucoup ignoraient les dégâts que pouvait causer un chagrin d'amour. eu importe qu'on le juge mal placé pour en parler, il savait que bien des femmes pouvaient faire tourner la tête de leurs compagnons, tout comme l'inverse était vrai ! C'était la loi la plus naturelle de la vie. Comme Adam et Ève s'étaient chéris et aimés, Adrien et Sarah pouvaient se retrouver, s'aimer, se combler l'un l'autre, et ne plus rester si seuls. Tous les couples traversaient des moments difficiles, mais il fallait les surmonter, apprendre l'un de l'autre, et se soutenir mutuellement. Oh Dieu qu'il en avait marié, une belle foule de jeunes gens, et cette union représentait le plus beau lien qui soit entre deux êtres, après celui d'un parent à son enfant. Sarah était sûrement aussi malheureuse qu'Adrien, en ce moment-même. Tous devaient se retrouver... Lui-même croyait peu à cette histoire d'adultère. Il avait côtoyé Sarah assez souvent, elle venait souvent à la chapelle, et cette enfant n'était pas du genre à trahir.

– Je ne sais plus quoi faire, mon Père. Je ne sais plus ce que je dois croire ou non. Est-ce que ces photos dataient vraiment d'il y a cinq ans ? Et comment dois-je m'y prendre ? Comment lui reparler ? Elle... J'ai cru devenir fou ! Tout cela... Le jour de mon mariage, à l'église... J'ai vu Anna devant l'autel... Nous nous étions mariés selon les traditions et coutumes Juives, car je savais qu'elle y tenait, même si elle ne me le disait pas.

Hum, il n'avait jamais vraiment fait son deuil... Bien sûr, aucun mot ne pouvait véritablement soulager la peine d'un décès, consoler le départ d'un proche, et lui-même, lorsqu'il était confronté, se contentait d'accompagner la personne sans parler, juste par sa présence, ce qui était bien plus efficace et réconfortant que toute parole. Il l'avait appris assez vite à et ses dépends, durant la Grande Guerre, que le silence était le plus apaisant des baumes. Le silence, et l'écoute. Se taire, et laisser l'autre parler s'il le souhaitait. Et une fois la douleur moins vive, seulement là, il était temps d'échanger, de se raconter des souvenirs heureux de cette personne disparue, pour que chacun comprenne à quel point elle rayonnait toujours de vie dans leur cœur. Adrien n'avait sans doute eu personne pour l'accompagner pendant qu'il pleurait, personne pour lui tenir la main, le soutenir. N'avait-il pas d'autre famille ? Des parents, ou même des amis ? Était-il vraiment seul ? Pas de frère ou de sœur ? Où était ses proches ? Il avait bien dû en avoir... S'étaient-ils éloignés ?

– J'ai cru la revoir en Sarah, mon Père. Mais qu'est-ce que j'en sais, après tout... Les morts ne peuvent pas revenir...

Non... Aucun mort ne pouvait revenir parmi les vivants, pas plus que les fantômes. C'était un voyage dont on ne revenait pas, personne n'était jamais revenu sur terre pour raconter ce qu'il vivait de l'autre côté. L'infirmier vida sa tasse d'un seul coup, dévoilant encore plus la tension qui l'habitait. Mais il ne devait pas désespérer. Lui aussi avait le droit d'être heureux, lui aussi avait le droit de fonder de nouveau une famille et de la chérir. Il pouvait laisser cette dépression derrière lui, chasser tous les démons qui le rongeait. Il avait fait un pas en épousant Sarah, il pouvait en faire un autre pour construire une vie solide avec elle. Le vieux prêtre était persuadé qu'Anna n'aurait pas voulu qu'il se laisse aller de la sorte. Elle voudrait qu'il refasse sa vie. Cela ne voulait pas dire trahir l'amour qu'il avait pour elle, mais simplement se relever et aller de l'avant. Garder la tête haute serait le plus bel hommage qu'il puisse faire à sa première épouse et à leur fils.

– Que dois-je faire... ?

– Ne plus vous détruire, répondit-il d'un ton paisible. Comme vous le savez, la vie est trop courte pour que l'on puisse se permettre de gâcher le temps que Dieu nous a donné sur terre. Je ne crois pas à l'adultère. Cette enfant ne saurait tromper une personne ainsi, l'innocence se lit dans ses yeux. Je la crois trop franche pour pouvoir mentir.

Ce qui était à la fois une très grande qualité mais aussi un défaut particulièrement dangereux. D'autant plus dans le contexte actuel. Sarah était, sans vouloir la juger ou la dénigrer, très naïve, et il ne la pensait pas capable de tromper ainsi son mari à quelques jours du mariage. Elle n'était pas ainsi, il pourrait le promettre. Il fit donc un doux sourire à Adrien pour le rassurer, tout en lui resservant une tasse de café.

– Allez la voir et parlez-lui, tout simplement, rajouta-t-il en lui donnant un biscuit. Je me doute qu'elle se trouve aussi mal que vous. Parlez-lui, à cœur ouvert, et mettez les choses à plat. Vous êtes mariés devant Dieu et devant la Loi des Hommes. Si vous lisez dans son regard, vous verrez que vous l'aimez toujours, et que vous ne croyez pas à ce qu'à dit cet homme odieux, par simple plaisir de vengeance.

Il but à son tour une longue gorgée de café, espérant que le jeune homme allait l'écouter, qu'il allait retrouver sa femme. La vie ne devait pas être gaspillée, elle était bien trop précieuse, et ces deux êtres étaient faits l'un pour l'autre, il le voyait, il le sentait.

– Vous pouvez vous retrouver.
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Adrien de Sora
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MessageSujet: Re: Besoin d'un conseil   Besoin d'un conseil EmptyDim 14 Déc - 15:27

Père Vilette – Ne plus vous détruire, répondit-il d'un ton paisible. Comme vous le savez, la vie est trop courte pour que l'on puisse se permettre de gâcher le temps que Dieu nous a donné sur terre. Je ne crois pas à l'adultère. Cette enfant ne saurait tromper une personne ainsi, l'innocence se lit dans ses yeux. Je la crois trop franche pour pouvoir mentir.

Adrien le fixa avec un air un peu crétin, alors qu'il lui souriait en lui resservant une tasse de café. Comment pouvait-il en être si sûr ? Sarah lui avait-elle avoué quelques chose ? Ou avait-il deviné un élément, un fait que l'infirmier n'avait pas vu ni compris ? Et si elle ne l'avait effectivement pas trompé... Il s'empressa d'étouffer avec ardeur l'espoir qui refleurissait dans son cœur, car il avait bien trop peur d'être déçu s'il se permettait d'y croire. Il avait envie. Il voulait y croire, mais il avait peur. Peur de se tromper, de faire fausse route, d'avoir des espoirs qui seront détruits comme un rien s'il osait y croire. Il regarda le café très noir au fond de la tasse, sans rien dire. un café très fort, fort comme les sentiments qui l'agitaient. Il ne parvenait pas à relativiser, à se dire qu'il y avait plus grave dans la vie et qu'il ne devrait pas perdre de temps ou d'énergie à s'en faire pour une telle histoire. Ça, c'était la voix de raison. Et il y en avait une autre, de voix, bien plus indomptable, bien moins pragmatique, mais qui avait le mérite de hurler toujours beaucoup plus fort que la raison, ce qui faisait qu'on l'écoutait toujours.

Père Vilette – Allez la voir et parlez-lui, tout simplement, rajouta-t-il en lui donnant un biscuit. Je me doute qu'elle se trouve aussi mal que vous. Parlez-lui, à cœur ouvert, et mettez les choses à plat. Vous êtes mariés devant Dieu et devant la Loi des Hommes. Si vous lisez dans son regard, vous verrez que vous l'aimez toujours, et que vous ne croyez pas à ce qu'à dit cet homme odieux, par simple plaisir de vengeance.

La voir. Lui parler. La voir. Lui parler. La voir. Lui parler. La voir. Lui parler. Son cœur battait en rythme en hurlant "Mais vas-yyyy !!", et sa raison restait dubitative, peu convaincu. Il voulut se lever, se ravisa, regarda le vieux prêtre, puis le café, puis le biscuit, puis le prêtre, puis le café, puis la porte. S'il se levait, il allait s'effondrer de tout son long au sol à cause de l'alcool, de ses sentiments, et du chagrin. Ou bien il allait courir si vite qu'il aura l'impression de voler. Ou il allait faire trois pas et vomir. Ou il allait rester cloué sur ce banc? Ou il allait s'étouffer avec le biscuit. Ou il allait juste s'évanouir, comme ça, boum, et ne plus jamais se réveiller... Il secoua la tête pour essayer de se débarrasser de ces idées incroyablement morbides. Était-il possible de tomber encore plus bas ? Durant des mois, il avait réussi à ne plus songer au suicide. Il ne devait pas retomber là-dedans... Se laisser mourir serait honteux aux yeux d'Anna, il le savait bien. Et s'il se tuait, il ne pourra pas la rejoindre au Paradis, il ne reverra jamais son fils.

Père Vilette – Vous pouvez vous retrouver.

"Cours juste. Ne réfléchis pas." Adrien se leva et renversa sa tasse de café sur le bois par la même occasion. Il balbutia des excuses, puis se jeta au-dehors et courut dans le parc. Il avait la vue brouillée, les jambes en coton, les oreilles bouchées, en bref, tous les symptômes précédant un évanouissement très proche. Il tituba comme un parfait ivrogne pour ouvrir la porte du pensionnat, et faillit s'étaler sur le tapis de l'entrée, sous l'œil éberlué du garde qui tendit à moitié le bras, comme pour le rattraper. Adrien se redressa et le rassura d'un geste, le souffle court, et fila vers les escaliers. Il mit deux fois plus de temps que de coutume pour réussir à grimper les étages, une main pour se tenir à la rampe et l'autre crispée sur sa chemise. Marche. Cours. Vole. Fonce. Vas-y. Au premier étage, il bénit le ciel qu'il n'y ait aucun élève pour assister au spectacle pathétique de l'infirmier du pensionnat en train de marcher comme s'il se prenait la plus sévère cuite du monde. Au deuxième, il frappa chez Sarah, fort, et dès que la porte s'ouvrit, il entra chez elle et s'effondra de tout son long sur le tapis, le souffle court.

– On doit parler, hoqueta-t-il.

La seconde suivante, il ferma les yeux et s'évanouit.
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