Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Se déclarer n'est pas toujours simple

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Anonymous Invité
Invité
MessageSujet: Se déclarer n'est pas toujours simple   Se déclarer n'est pas toujours simple EmptyDim 31 Aoû - 16:19

Voilà des jours qu'elle y réfléchissait, depuis que Dimitri était revenu de l'hôpital de Gray. Elle avait d'abord remué le problème seule, puis avec l'aide de ses amis, cherchant une solution, réfléchissant à ce qu'elle devait faire et comment. Dans les romans qu'elle lisait, c'était pourtant bien plus facile que ça ! Le héros venait voir la fille, ils s'échangeaient un long regard au ralenti, puis il s'approchait doucement d'elle, lui avouait qu'il l'aimait en secret depuis toujours, puis il l'embrassait, comme ça, lentement. A la fin, les deux personnages se mettaient ensemble, à la grande satisfaction de tout le monde, et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ! C'était simple, beau, rapide, discret, efficace, et tout le monde était content ! Mais voilà, rien ne se passait jamais comme dans les livres, hélas. Dans la réalité, ni le garçon ni la fille, lorsqu'ils étaient timides, ne trouvaient subitement l'inspiration pour se déclarer à l'élu de leur cœur. Résultat des courses, en ce jour pourtant brillant d'amour avec le mariage de l'infirmier, Océane tournait en rond dans le foyer sans plus avoir quoi faire.

Première solution, essayer de lui parler directement, sans préavis, et surtout sans tourner autour du pot. Mauvaise idée, selon elle. Elle allait le faire fuir, et bon courage pour parvenir à lui adresser de nouveau la parole un jour. Elle envisagea d'autres solutions, mais aucune n'était vraiment à son goût. Frustrée, elle s'assit en tailleurs sur un canapé, croisant les jambes sous elle, et se frotta doucement les tempes en fermant les yeux. Du calme, respire... Ses parents lui répétaient souvent qu'une décision prise sur un coup de tête ou de l'énervement était forcément une mauvaise solution. Consciente de cela, elle prit d'abord le temps de le calmer. Que voulait-elle vraiment ? Respecter les traditions les plus pures, ou suivre son désir ? Elle se sentait coupable de vouloir demander à Dimitri de sortir avec elle alors qu'elle ne l'avait jamais présenté à ses parents, qu'ils n'avaient jamais approuvé ce choix.

- Dites-moi ce qu'il faut faire, murmura-t-elle en s'adressant aux esprits protecteurs de son pays.

Elle resta ainsi plus d'une demie-heure, à prier et à songea à ses ancêtres, se demandant ce qu'ils auraient fait dans pareille situation. Dimitri, en plus de ça, était issu d'une culture très différente de la sienne ! Arriveront-ils seulement à se comprendre, ou ce problème se dressera-t-il comme un mur infranchissable entre eux deux ? Quand elle se sentit détendue jusqu'au plus profond d'elle-même, elle déplia les jambes, avec un grand soupir. Puis aperçut Dimitri qui passait dans le hall. Elle le héla, l'invitant à la rejoindre dans le foyer. Ils étaient quasiment seuls, très peu d'élèves étaient restés enfermés alors qu'il y avait du soleil, surtout maintenant qu'ils pouvaient enfin se rendre au village ! Ce matin, elle n'avait croisé que Jasper et Antoine, occupés à elle ne savait quoi.

- Bonjour, lui sourit-elle lorsqu'il s'installa. Il y a une chose dont je voudrais te parler, depuis un moment, mais c'est un peu délicat.

Elle s'interrompit pour lui sourire de nouveau, mais plus gênée et tremblante. Elle n'avait absolument pas le droit de vouloir ouvrir son cœur à un garçon s'il n'était pas approuvé par son père, et le savait. Braver l'interdit avait un petit côté délicieux, mais c'était un jeu auquel elle avait très peur de se brûler les ailes. Elle reprit son souffle, s'efforçant de se discipliner un peu. Un peu de courage, bon sang ! Elle n'était pourtant pas une trouillarde, et il était hors de question qu'elle flanche aujourd'hui. Elle devait amener les choses en douceur, très calmement, de façon subtile et délicate. Mais son esprit ne devait pas être exactement d'accord avec cette vision du chose car il la fit parler avant qu'elle ne retienne ses mots, il fit parler son cœur avant sa tête.

- Est-ce que tu vois comme une simple amie ? Ou m'aimes-tu ?

Ses joues prirent aussitôt une teinte écarlate, et elle se gifla mentalement en s'insultant de tous les noms. Et bien voilà, alors là, bravo ! Elle se ratatina sur-place, la gorge nouée, et toute prête à s'enfuir aussitôt le plus loin possible, ou de creuser un trou pour s'y enterrer. Et au diable ce fichu courage ! Mais elle en put rien dire, ni bouger, attendons juste,d e plus en plus rouge. Bon, quitte à se lancer, autant y aller franchement. Elle se racla la gorge avec difficulté, le regard brillant.

- Est-ce que... Tu... Veux m'embrasser ?
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Anonymous Invité
Dimitri Romanof
MessageSujet: Re: Se déclarer n'est pas toujours simple   Se déclarer n'est pas toujours simple EmptyMer 10 Sep - 15:16

Dimitri ne s'était pas levé en même temps que tout le monde, ce matin-là, étant donné que lui n'allait pas à la messe. Il n'était plus croyant depuis bon nombre d'années, et après en avoir longuement discuté avec le Père Vilette, il avait conclut un  accord. Il se rendait à la messe tous les jours en semaine, comme n'importe qui, et le week-end, il pouvait faire ce qu'il voulait. Les autres élèves avaient fini par s'habituer à ce qu'il ne les suive pas et lui avait fichu la paix ce matin-là. Autant dire que c'était un réel bonheur de rester bien au chaud dans son lit jusqu'à huit ou neuf heures, le samedi. Lorsqu'il s'était levé, la plupart des élèves déjeunaient, faisaient leurs devoirs, ou s'amusaient dans le parc. Quartier libre pour tout le monde ! Beaucoup de profs étaient partis au mariage de l'infirmer et de la prof de maths, surnommée très affectueuse la Hyène par Jasper.

Il prit son petit-déjeuner seul, n'étant pas du matin, et ne voulant pas se mêler de suite à la foule. Quelques profs passaient, habillés avec beaucoup de classe, pour se rendre à la mairie, au mariage. Il les observa, amusé par ce manège, détaillant leurs tenues. C'était très étrange et troublant de les voir comme ça, pas dans des tenues de "profs", bien propre sur eux et tout, mais dans des tenues plus chics, en un jour de fête. Il vit bientôt passer la mariée, escortée par sa sœur, et par Estelle. Gah, elle était belle ! Pour beaucoup, la jeune mère et professeur d'histoire était l'une des plus belles femmes du pensionnat, voire la plus belle. Elle avait un tel sourire qu'on ne pouvait que l'aimer. Un sourire qui vous réconfortait si vite, c'était presque magique. Une vraie maman, somme toute.

- T'as vu la Hyène, Jaz ? Lança son voisin de table à Jasper, qui déjeunait derrière eux. Elle s'est habillée correctement ! Les miracles existent.

Dimitri eut un faible sourire mais ne rentra pas dans le débat. Lui n'avait rien contre leur prof de maths, après tout, et il n'était pas non plus du genre à critiquer tout le monde juste comme ça, pour le plaisir. Terminant de manger, il massa  doucement son bras, appréciant de le sentir de nouveau chaud. Enfin guérit... Il sortit à peu près en même temps que Antoine et Jasper, tous deux filant s'amuser ou discuter plus loin. Il ignorait quoi faire, voulant simplement passer une journée calme et agréable. Passer enfin une journée sans avoir besoin de se soucier si les militaires n'étaient pas dans le coin ou si le ciel ne tombait pas d'un coup sur leurs têtes. Il se réfugia un moment dans le dortoir pour lire, avant de vouloir sortir profiter du soleil.

- Bonjour Monsieur, dit-il au passage au professeur Verrau.

Il passait dans le hall lorsqu'une voix familière l'interpella. Océane était dans le foyer, assise seule. Il la rejoignit presque aussitôt. Entre se balader tout seul dans le village, ou parler avec Océane un moment, le choix était vite fait. Il s'assit, en lui jetant un long regard attendri. Si Estelle était la plus belle femme, Océane était la plus belle fille. Il adorait son air toujours si serein, sa façon de penser, sa façon d'être, tout simplement. Aucune autre fille du Pensionnat n'avait la même mentalité qu'elle. Elle était spéciale, mais pas au mauvais sens du terme !

- Bonjour, lui sourit-elle lorsqu'il s'installa. Il y a une chose dont je voudrais te parler, depuis un moment, mais c'est un peu délicat.

Il répondit à son sourire, l'encourageant du regard. Une chose délicate ? Elle avait eu un problème ? Elle pouvait lui en parler, en tout cas, il fera tout pour l'aider ! Il ne divulguait jamais les secrets des autres, un tel comportement serait à vomir, à ses yeux. En plus, c'était Océane, il ne pourrait refuser de l'aider... Elle l'avait aidé, elle aussi, alors à son tour. Il... Il l'aimait bien en plus... Il attendit qu'elle puisse parler, ne voulant pas la brusquer inutilement. Mais il s'inquiétait, en revanche. Et si elle avait un problème assez grave, et qu'elle ne savait pas vers qui se tourner pour le résoudre ? Il allait faire son possible pour l'aider, pour ne pas qu'elle se sente seule.

- Est-ce que tu vois comme une simple amie ? Ou m'aimes-tu ?

Il se figea en à peine une seconde, avalant sa salive avec difficulté. Heu, ah, euh, hum, oh... Il rougit comme jamais, presque aussitôt, se demandant comment répondre, comment réagir, et s'il pouvait avouer comme ça ce qu'il ressentait vraiment pour elle. C'était à al fois terriblement gênant, mais aussi inespéré. Il aurait voulu pouvoir parler tout de suite, tout lui avouer, lui dire que non, elle n'était pas juste une amie, mais comment le dire ? Comment répondre ? Aucun mot ne lui semblait convenable, en cet instant précis. Aucun mot ne lui paraissait assez juste. Il s'en voulait même que ce soit Océane qui s'oblige à faire le premier pas... Tout le monde leur répétait à longueur de journée de se décider, se parler, sortir ensemble. Mais il n'osait pas. Ils se contentaient tous les deux de se regarder et de s'observer, depuis trois ans, de loin, sans jamais débuter une approche plus sérieuse. Juste amis. Ils étaient juste amis. Il aurait voulu être plus, à ses yeux, mais il avait si peur de laisser quelqu'un le connaître trop pour découvrir le secret de ses origines. Océane avait d'autres freins, bien à elle, et il n'ignorait pas pas que l'un d'eux était sa famille.

- Est-ce que... Tu... Veux m'embrasser ?

Le cœur du jeune Russe eut un violent raté, puis repartit de plus belle, bien plus vite, alors qu'il se penchait sans même réfléchir vers elle. Il ne vint même pas l'idée de répondre avec des mots, aucun n'aurait pu convenir, aucun n'aurait pu traduire ce qu'il ressentait en cet instant précis. Il devait juste agir, enfin. Tout proche d'elle, il se figea un instant, les yeux fermés, leurs lèvres à deux ou trois centimètres de distance seulement. Embrasse-la, allez ! Et au diable tous les secrets du monde, au diable tous les problèmes et les militaires, au diable tout ce qui pourrait les freiner l'un et l'autre. Trop nerveux, il rata tout d'abord sa bouche pour embrasser son sourcil, presque sur l'œil. Essayant de se rattraper, il embrassa ensuite le nez, puis recula de quelques centimètres, confus. Au troisième étage, il visa cependant comme il le fallait et effleura sa bouche.

Il posa ses lèvres sur les siennes, elles s'entrouvrirent dans un léger souffle. Il ignorait totalement comment s'y prendre, mais ce baiser très maladroit restait cependant assez doux. Ils s'éloignaient un instant puis revenaient l'un vers l'autres, leurs mains posées sagement près d'eux, sur les accoudoirs, le fauteuil, ou autre. Expérience touchante, déstabilisante, et douce. Dimitri ne fit même pas attention lorsque d'autres élèves entrèrent à leur tour dans le foyer, bien trop occupé avec Océane. Quand ils s'écartèrent l'un de l'autre, il lui prit très timidement la main, avec un sourire. Ni l'un ni l'autre n'étaient du genre "tactile". Pas d'accolades avec d'autres élèves, ni de rapides bisous sur la joue.

- Je... N'est pas à l'aise très, dit-il en tentant d'avoir un Français correct. Mais est moi, je te aime.

Il se leva puis lui proposa avec un peu plus de vigueur d'aller faire un tour, tous les deux, dans le parc. Ils pourront parler, se dire des choses, s'avouer des trucs qu'ils n'avaient jamais osé se dire auparavant. Il garda la main fine dans la sienne en sortant, heureux de pouvoir l'approcher tant, lui parler, la toucher, heureux de la savoir près d'elle, tout simplement.
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