Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 [Cours OS] Téléfilm

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Anonymous Invité
Léonie Verra
MessageSujet: [Cours OS] Téléfilm   [Cours OS] Téléfilm EmptySam 24 Aoû - 16:25

L’Histoire. Une matière que j’aime beaucoup, malgré mes notes, pour la plupart, exécrables. Paradoxal ? Ou bien, ne serait-ce pas plutôt le professeur que nous avons, qui me fasse aimer cette matière ? Mme Martin. Non, Mme Chevreuil, depuis peu. Elle entre dans la classe, arborant son éternelle expression de bienveillance, plus épanouie que jamais. Et … Son enfant l’accompagne, tout autant épanoui. J’évite de trop m’approcher de son bébé, une maladresse est vite arrivée … Surtout de ma part. La prof commença à parler, me ramenant à la réalité, alors que j’allais me noyer dans les yeux bleu océan de son fils.

« Bien, les jeunes. Comme vous le savez, ce cours-ci sera un peu particulier. Savez-vous ce qui est le plus important à préserver ? »

« Heu, la Mémoire, non ? Mon grand-père dit toujours ça. »

« C'est tout à fait exact. La Mémoire, voilà ce que nous devons respecter et préserver. Pour ne pas commettre les mêmes erreurs, et respecter ceux qui ont sacrifiés leur liberté et leurs vies pour la paix. Le thème sera aujourd'hui la Grande Guerre. Vos parents, vos grands-parents ont pu y participer. Moi-même et vos professeurs, nous avions votre âge. »


La Grande Guerre … Ma mère ne m’en avait jamais parlé, elle-même. A chaque fois que j’essayais d’aborder ce sujet ou celui de mon père, elle s’enfermait dans un mutisme pessimiste et n’en sortait que quelques heures plus tard. Tout ce que je sais de cette Guerre, ce sont mes amis d’enfance qui m’en ont parlé, ou leurs parents, ainsi que ce que j’ai appris en classe.

« Lors de cet atelier, vous allez devoir réaliser plusieurs objectifs avant de parvenir à votre but. Vous allez pour cela vous rendre à Gray. Je vais vous distribuer à chacun un plan de la ville. »
~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

Une heure plus tard, nous étions à Gray. Je ne savais pas du tout quelle démarche adopter pour écrire mon devoir. Je me promenais donc, un peu au hasard, réussissant tant bien que mal à ne pas me perdre grâce à ce précieux plan. Je flânais, dans un cimetière, bien qu’il me parut plutôt comme une forêt de petites croix blanches. C’était un spectacle assez étrange. Peu à peu, je me laissais aller à lire les noms sur les tombes. Ils finirent par se mélanger, et je ne ressortis du cimetière avec rien d’autre qu’un sentiment de malaise. Je passais devant le monument aux morts représentant un homme allongé, dans une douleur éternelle. Je ne m’y attardais pas, voyant qu’il y avait déjà quelques élèves, et marchais dans les rues, avec le hasard pour seul guide. Au bout d’un moment, je me rendis compte que je me trouvais au milieu de ruines, et que si je continuais ainsi, j’allais finir par sortir de la ville. Je m’arrêtais un moment et sortis le plan. Aucun repère. Zut. Je remarquais, non loin de moi, un jeune homme, brun, avec une barbe de plusieurs jours, et un air plutôt abattu.

« Euh, excusez-moi, pourriez-vous m’indiquer où est la mairie, s’il vous plaît … ? »

Il semblait se morfondre, le nez dans ses papiers, puis, dès qu’il m’aperçut, il fut d’abord surpris, étonné, puis un grand sourire éclaira son visage.

« Seigneur ! Marie ?! Non, tu n’es pas Marie. Trop menue. Son portrait craché, pourtant. Tu es sa sœur, non ? »

"Marie" ?! Je lui avais bien dit "Mairie", pourtant, non ? Je me mis à m’inquiéter. Qui était ce type ? Qui était cette Marie ? J’ouvrais grand les yeux et tentais de reculer le plus doucement possible.

« Attends ! On est en train de tourner un téléfilm sur la première guerre mondiale, et nous étions sur le point d’abandonner parce que notre infirmière principale était malade, et nous n’avions personne qui lui ressemblât assez pour la remplacer. Il ne nous reste que quelques scènes. Je t’en supplie ! Tu n’auras pas grand-chose à faire. Et puis, tu seras bien payée ! »

« Mais ... je n’ai vraiment aucun talent … Je ne sais pas mentir, et encore moins jouer la comédie. Je n'ai jamais fait ça. Je vais … Il faut que j’y aille, j’ai un devoir à faire.»


Je ne savais pas trop quoi faire. A dire vrai, il me faisait un peu peur, il était … un peu trop passionné par son film. Son visage se décomposa sous mes yeux, alors que je tentais à nouveau de partir.

« Tu ne veux donc pas tenter cette fabuleuse expérience qui est de te retrouver derrière un écran au moins une fois ? Tu ne veux pas transmettre ce qu’il s’est passé pendant la guerre, tant que cela est encore frais dans nos mémoires ? Tu ne veux pas prévenir les prochaines générations et leur montrer à quel point c’était terrible ? Tu ne veux pas lutter contre toute cette violence et empêcher qu’un jour elle refasse surface ? Tu sais, le monde va mal. Les tensions se font de plus en plus fortes, entre la France et l’Allemagne. Une Guerre risque d’éclater à nouveau. Mais on peut toujours tenter de l'empêcher. »

Sa voix s'était faite de plus en plus dure. Je gardais le silence un moment. Tout ce qu’il me disait me faisait réfléchir, mais étais-je vraiment capable de jouer dans un film ? Cependant, ses arguments firent mouche. Je n’avais pas de père à cause de cette guerre. Ma famille était détruite par cette guerre. Je ne souhaitais cela à personne. Et là, j’avais l’occasion de faire un geste afin que cela ne se reproduise pas. Afin que les enfants puissent être élevés et aimés par leurs deux parents. Afin que les parents puissent aimer leurs enfants sans avoir à se soucier d’aucune guerre.

« Très bien. Je ferais de mon mieux. Mais je ne suis là qu’aujourd’hui, jusqu’à 18 heures … »

« Parfait ! Cela suffira amplement ! Veux-tu bien me suivre ? »


Bon, d’accord, je n’étais pas censée parler aux inconnus. Encore moins accepter de les suivre. Mais celui-là semblait tellement passionné et sincère que je ne pouvais que lui faire confiance. Alors que nous arrivions dans un bâtiment délabré, plusieurs types, déguisés en poilus ou en infirmiers, lancèrent des « Alph’, tu es génial ! » enjoués. Néanmoins, ces effusions cessèrent rapidement. Chacun savait ce qu’il faisait ici, et tout le monde repris son sérieux. Je fus prise en charge par deux femmes qui me maquillèrent abondamment et m’habillèrent. Je me regardais dans une glace et hoquetais de surprise. J’avais la peau brillante, collante, les joues et les lèvres très rouges, et les yeux cerclés de noir. J’avais l’air d’un clown. Ou d’une prostituée, au choix. Génial. Devant ma mine déconfite, une des maquilleuses me rassura :

« Ne t’inquiètes pas, ce n’est que pour la durée du tournage. Et puis c’est nécessaire pour renforcer les traits, sinon, on ne distinguera rien. »

A partir de ce moment-là, tout se passa plutôt vite. On me demandait de faire un bandage, le plus rapidement que je pouvais, à un soldat censé être blessé. Puis je dû trancher un faux bras, gangréné, au niveau du coude. Faire une piqûre. Retirer, avec une pince, une balle d’une fausse blessure. Recoudre cette même blessure. Ils m’expliquaient tout au fur et à mesure. J’étais tellement prise par le tournage que je fus étonnée, lorsque le dénommé Alph’ en personne, le réalisateur, vint me dire que j’avais terminé. Il me fourra quelques billets dans les mains. Ses yeux brillaient.

« Merci pour tout, vraiment. On a pu terminer ce court-métrage dans les temps, grâce à toi … C’était inespéré. On aurait dit que tu avais fait ça toute ta vie, tu as été géniale ! »

« Euh, de rien, mais … Je n’ai jamais fait ça de ma vie. Je me suis juste appliquée du mieux que j’ai pu, en fait, et à vrai dire, j’avais vraiment l’impression d’y être. Merci à vous, je n’oublierais jamais ce que j’ai vécu ici. »


Il me sourit, me remercia encore une fois – vraiment passionné, ce type ! – et, comme il n’était que 17 heures, décréta que j’avais tout juste le temps de regarder quelques scènes du mini-film dans lequel j’apparaissais. Tandis que les images défilaient devant mes yeux, je prenais peu à peu conscience de l’importance des femmes, dans la guerre. Les soldats avaient beaucoup souffert, certes, mais sans les femmes, leur aide, leur soutien, aurions-nous quand même gagné la guerre ?  Sans les efforts de ces « munitionnettes », ces « marraines de guerre », ces infirmières et ces agricultrices, la France s’en serait-elle sortie ? J’étais bien trop jeune pour m’en rendre compte, nous avions vécu une guerre … Totale. Qui avait touché toute la population, tant soldats que civils.

Après cela, Aplh’ me raccompagna au car en voiture. J’avais à peine eu le temps de prendre quelques notes pour mon devoir. Il m’avait aussi remis une copie du scénario, que je voulus lire en intégralité avant d’arriver au pensionnat. Mais je m’endormis avant. Je dû rédiger mon devoir le soir même, pendant que les événements étaient encore précis dans ma mémoire.
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