Les premiers combats

Jasper avait pu lui raconter ce qui s’était passé, juste avant de s’endormir, emporté dans un repos assez lourd par les médicaments qu’on lui avait donné. A présent, il respirait enfin plus doucement et profondément, toujours très pâle, mais en repos. Kimmitsu tira doucement la voiture sur lui pour le couvrir, puis lui essuya ses restes de larmes d’un petit geste de main. Là… Il pouvait se reposer, maintenant, tout ira bien… Ils étaient en sécurité, ici, il pouvait dormir et oublier le monde extérieur. Assis sur un tabouret, près du lit de camp, son père le regarda un long moment dormir, mains jointes contre ses genoux, sans un geste ni un mot. Il avait laissé le jeune homme parler, parler, encore et encore, sans un mot de sa part, le laissant vider son coeur, avant qu’épuisé, assommé par les anti-douleurs, il ne s’effondre dans le lit de camp et s’y endorme. Pourvu qu’il ne fasse pas trop de cauchemars, maintenant, que le médicament pris l’ait assez assommé pour lui offrir un sommeil sans rêve, même s’il ne devait pas être aussitôt très réparateur. Dans un premier temps, il n’avait besoin que de ça.

Lorsqu’il se sentira un peu mieux, il pourra être ramené au quartier général de leur réseau, le temps de s’y reposer un peu et retrouver ses pleines capacités. Le temps que ses blessures cicatrisent bien. Qu’il ait pu, aussi encaisser ce qu’il vu et vécu. Kimmitsu tendit de nouveau la main pour repousser quelques mèches folles retombant sur le front de son enfant, puis la laissa poser contre sa main, posée sur le dessus de la couverture. Il savait qu’il s’en sortira, qu’il parviendra à surmonter le choc et la douleur, qu’il voudra poursuivre le combat, surtout. Il lui fallait juste… du temps. Pour l’accepter. Le temps qu’il dorme, le lieutenant en profita pour aller jeter les bandages usagés, l’eau qui avait servie pour nettoyer les blessures, puis ranger un peu la pièce. Il ajouta une couverture de plus sur Jasper, puis alluma un feu, dans la vieille cheminée. Ils se trouvaient dans l’appendice d’une ferme, tenue par des sympathisants, où ils pouvaient rester tranquilles un petit moment avant de se remettre en route. Lorsqu’il avait réceptionné Jasper, par le biais de confrères, il était ensuite resté ici avec lui, pour bien le soigner.

Grâce à ce que la maîtresse de maison leur avait laissé dans un panier, sur le pas de la porte, il prépara un petit repas, un peu plus tard. Jasper se réveilla une dizaine de minutes après qu’il l’ait débuté, semblant encore très faible. Manger lui fera un peu de bien, pour commencer. Kimmitsu lui dit de prendre son temps, qu’il préparait de quoi manger, et qu’il pouvait boire s’il avait soif, il lui avait laissé de l’eau près de la tête du lit de camp. Le soir commençait à tomber, il donc aussi la lumière de la pièce, et ferma les rideaux. Le lit de camp avait été installé près du foyer, dans la pièce commune de l’appendice, pas à l’étage, pour une question de praticité. La cuisine était juste là, elle aussi, la pièce n’était pas si grande.

– Lorsque tu seras plus en état de voyager, nous partirons pour le quartier général. Là-bas, tu pourras te reposer sereinement. Comment te sens-tu ?

Le réveil faut particulièrement nauséeux… Il se sentait très faible, épuisé autant physiquement que moralement, et le peu de médicaments qu’il avait pris ne suffisait pas à calmer complètement la douleur. Il grimaça un peu, entendant la voix de son père, non loin de là, lui disant d’aller doucement. Oui, oui… Ce n’est pas comme s’il avait le choix, de toute façon. Son épaule était pourvue d’un épais bandage et tout son bras était bloqué, serré contre lui en écharpe. Il portait d’autres bandages, moins importants, et quelques hématomes. Il plissa sa main disponible contre les couvertures, la ramenant un peu sous son menton dans un petit geste de protection instinctif. Comme si une couverture pouvait protéger de quoi que ce soit, enfin bref. Il tâtonna ensuite un peu pour attraper le verre avec difficulté et réussir à boire quelques gorgées, la gorge très sèche. Mal au coeur, mal à la tête, mal à son épaule, mal absolument partout, c’était infernal. Hébété, complètement, et pour le moment incapable de faire plus que quelques gestes. Et pourtant, il n’avait même pas été blessé gravement ! Juste une balle dans l’épaule et quelques coups.

– Lorsque tu seras plus en état de voyager, nous partirons pour le quartier général. Là-bas, tu pourras te reposer sereinement. Comment te sens-tu ?

– Pas très bien…

Il tourna un peu la tête pour mieux voir son père et aussi mieux voir où ils étaient, exactement, il n’avait fait attention à rien avant de tomber dans un sommeil comateux, emporté par la douleur et les autres ressentis. Ça devait être un corps de ferme, sans doute. Les rideaux étaient fermés mais la pénombre laissait comprendre qu’il devait déjà être tard. Le feu ronflant dans la cheminée offrait un réconfort tout à fait bienvenue, surtout dans ces circonstances. Il laissa son regard s’y perdre, toujours autant attiré – et habité – par les flammes très vives. Observer le feu n’était pas juste un passe-temps, c’était une passion. Il se sentait bien près des feux… Un petit sourire vint même un peu adoucir la lividité criante de son visage, en l’observant. Le temps que son père termine de préparer le repas du soir, Jasper se contenta de ça, d’observer le feu, admirer la vivacité des flammes et les gerbes foisonnantes d’étincelles. Il se rendormit même un peu, par a-coups, se sentant en sécurité ici car il n’était pas seul. Avoir un membre de sa famille, près de soi, c’était le plus sûr des réconforts.

Ses pensées le ramenèrent invariablement vers sa sœur, vers Solène, vers Kiyo et Akemi, toute leur famille, vers ses amis… Y penser le soulageait aussi, car une bonne majorité d’entre eux étaient en sécurité, loin de la France et de sa guerre. Il ignorait ce que faisait Solène et Laura, à cette heure-ci, encore trop confus pour trouver où en était le pays, là-bas, avec le décalage horaire. Voir la petite bouille si adorable des deux bébés lui aurait aussi fait un bien fou. Ils rêvaient souvent d’eux tous, dans les moments de repos, et se demandait quand ils seront réunis. Qu’ils auront droit à une vie normale, en famille, auprès de tous les leurs. Sans avoir peur. Un brusque sanglot, suivit d’un reniflement, lui échappa, alors que les événements plus récents s’imposaient à la place des images de sa famille, avec une extrême brutalité. La mort d’Alan avait été si violente et soudaine, il n’arrivait pas à passer au-dessus comme ça… Il avait beau s’être entraîné, pourtant, aucune théorie n’aurait pu le préparer correctement à la réalité du terrain.

– Papa…

Il tendit doucement sa main valide vers lui, tout en laissant complètement tomber sa fierté. Tant pis pour son âge, tant pis pour tout, il avait juste un besoin urgent de sentir qu’il n’était pas seul ici. Ses émotions se confondaient complètement, il ne savait même plus où il en était.

– Où est-ce que les gens partent, quand ils meurent ?

– Pas très bien…

– Reste allongé, tranquillement, tu es en sécurité ici.

Il prenait un ton rassurant mais savait bien, pour autant, qu’il en faudra beaucoup plus pour que son fils commence à se sentir mieux. Il avait eu son « baptême du feu ». Littéralement. Lorsqu’il aura pu « digérer » tout ça, l’intégrer et l’accepter, il pourra poursuivre et sentir un peu mieux. Enfin, mieux, dans le sens où il pourra poursuivre son existence et le chemin choisit malgré tout. Kimmitsu ne comptait pas tenter de le convaincre de quitter le pays, il savait bien que ce serait inutile. Le temps que le jeune homme se repose, se rendorme même un peu parfois, Kimmitsu termina de préparer le repas du soir. Puis il attendit, alimentant régulièrement le feu, tout en veillant sur Jasper. Il avait dû s’écouler peut-être trente minutes, ou un peu plus, avant qu’un sanglot ne brise le silence de la pièce. Oh… Kimmitsu rapprocha son tabouret du lit du camp, pour s‘installer plus proche du jeune homme. Et prendre la main valide qu’il tendait vers lui. Là, tout va bien, il était là… Serrant la main du garçon, il tendit l’autre pour lui masser un peu le front, enlevant les mèches blondes rebelles.

– Où est-ce que les gens partent, quand ils meurent ?

– Ils poursuivent leurs voyages dans leurs vies suivantes. Chaque âme traverse ainsi les âges et les nouvelles vies, dans différents mondes. Une légende raconte que nous avons le visage de la personne que nous avons le plus aimé, dans notre vie précédente. Rien ne s’arrête jamais définitivement, le cycle se poursuit sans cesse.

Chaque religion avait ses croyances sur ce qui attendait un esprit après la mort. Kimmitsu, tant Shintoïste, croyait fermement que la vie se poursuivait de cette façon. Qu’aucune âme n’était « perdue ». Il ne croyait ni au paradis, ni à l’enfer, ni à un seul dieu, unique et omnipotent. Il croyait plutôt que chaque nouvelle vie était un cycle débutant pour une âme et que cette dernière poursuivra son voyage dans une autre vie par la suite. Il croyait que tous les êtres vivants sur cette Terre était relié entre eux, que les esprits habitaient ce monde, certains bons, d’autres mauvais, et qu’ainsi, la nature trouvait son équilibre. Ils n’étaient qu’une petite part de la grande création. Pour lui, la mort n’était rien d’autre que le prolongement de la vie, un passage bref précédant le nouveau départ, somme toute. Un peu, finalement, comme on attend en gare avant de prendre le prochain train. C’est ce qu’il expliqua à Jasper, d’un ton toujours très doux, en lui donnant l’image du train. Kimmitsu estimait qu’il ne fallait pas pleurer leurs morts mais louer la manière dont ils avaient vécu. C’était plus vrai encore pour ceux ayant donné leurs vies dans une Cause leur étant si chère.

– Alan a offert sa vie pour un combat en lequel il croyait. Ne le pleure pas, sois au contraire fier de ce qu’il a pu accomplir avant son départ. Il n’a pas disparu à jamais, il ne fait que poursuivre son voyage vers une nouvelle vie, en ce moment-même. Comme toi, tu pourras le faire après celle-ci. Tout le monde doit partir, l’important, c’est de le faire sans regrets.

Le soldat ignorait si ce qu’il lui disait était réconfortant ou non. C’était… délicat. La vision de la mort était très influencée, même conditionnée, par la culture dans laquelle on avait grandit. Les grandes religions monothéistes avaient malheureusement poussé à craindre le décès. Par peur d’un « jugement » à la toute fin mais aussi, et surtout, en ne dépeignant ça que comme un drame des plus absolus. Kimmitsu trouvait ça terrible, car étant donné que la mort était de toute manière inévitable, pourquoi la poser comme une horreur par-dessus toutes ? A quoi bon, si ce n’est angoisser les vivants ? Il était naturel d’être triste du décès d’un proche mais pas du tout de passer sa vie à craindre le dernier départ. Jamais il n’avait compris cet aspect, dans sa culture d’adoption.

– Il ne sert qu’à peu de chose d’avoir peur. Ou d’en être trop bouleversé. Pense avant tout à la vie, à ce que tu peux mener et comment. La tristesse passera.

Cette manière de présenter les choses était plus… réconfortante, quelque part, que celle qu’il avait apprise dans des écoles primaires privées où ses parents l’avait envoyé, avec Laura, enfant. Il avait la même notion d’immortalité de l’âme, comme dans la Foi catholique, mais cette fois, il n’existait pas de « jugement », de la peur d’un paradis ou d’un enfer, la crainte d’être présenté devant une conscience omnipotente pouvant seule décider de ce que votre vie valait. Il n’y avait pas de séparation entre ceux partant en enfer ou au paradis, il y avait simplement une continuité de la vie, sur Terre, finalement. Jasper écoutait dans un parfait silence, laissant les larmes s’écouler sans essayer de les stopper, la tête posée maintenant contre les genoux de son père. Il s’était efforcé de bouger un peu juste pour cela. Être plus près de lui, avoir un contact humain, chaleureux, même si ça ne durait pas très longtemps. Il comprenait bien l’image que lui donnait son père, pour expliquer son point de vue, même si ça restait encore un peu étrange, tant cela s’éloignait de ce qu’on lui avait appris depuis la petite enfance.

Être fier, par contre, ne pas pleurer… Il fallait faire passer le choc avant de voir les choses d’une autre façon. Oui, quelque part, il était parti de manière… très… honorable. On pouvait dire ça comme ça ? Il était parti la tête haute, il avait défié et retenu leurs ennemis jusqu’au bout. Il n’avait pas eu peur un seul instant. Et il l’avait protégé… Le jeune homme était partagé entre le bouleversement, la peur ressentie, le choc mais aussi la reconnaissance. Il espérait vraiment que ce soit vrai, qu’il soit juste en chemin vers une autre vie, si possible, moins dure que celle-ci. C’était tout ce qu’il pouvait faire, à présent, de toute façon… Espérer que tout aille mieux pour lui, tant pis s’il ignorait ce qui se passait vraiment après la mort. Le seul point qu’il acceptait sans aucune peine et qu’il avait compris depuis longtemps, c’est qu’il fallait vivre selon ses principes et valeurs pour ensuite partir sans le moindre regret. Sur le reste, Jasper ne savait pas ce qu’il fallait croire ou non… Quelle Foi était la bonne, au-delà de savoir laquelle il trouvait la plus réconfortante. Tout se mélangeait, il n’arrivait plus à suivre.

– Il ne sert qu’à peu de chose d’avoir peur. Ou d’en être trop bouleversé. Pense avant tout à la vie, à ce que tu peux mener et comment. La tristesse passera.

Oui… Il hocha lentement la tête, puis profita que son père soit là pour se blottir un peu contre lui et fermer les yeux. Se laisser bercer un long moment sans rien dire et tant pis pour son âge. De toute façon, ils étaient seuls… Personne pour les voir, et il l’espérait, personne pour les surprendre ici et relancer le cycle de violence. Jasper savait bien que ce n’était qu’une parenthèse, qu’il devra très tôt reprendre ses esprits et se renforcer, s’il voulait continuer. Il profitait donc de cette accalmie comme il pouvait. Et comme il avait déjà entendu parfois dire Gabriella, personne n’avait le choix, une fois engagé, il fallait renforcer sa volonté et accepter de ne pleurer les morts que bien plus tard.

– Merci d’être là.

Une seule certitude, au milieu de cette masse sans fond de sentiments contradictoires, il ne regrettait pas pour autant de ne pas être parti du pays. Ce qui s’était passé le confortait encore plus dans son envie d’agir, pour que plus jamais, on ne puisse trouver normal dans ce pays que l’armée ou la police aient pour ordre d’abattre un homme comme ça, en plein jour, dans la nature, et de tirer sur tous ceux que l’État désignait comme des traîtres à la Nation, pour leur simple envie de liberté. La colère commençait lentement à prendre la place du choc, tout comme le dégoût. Éviter de faire des généralités et donc ne pas en vouloir à l’ensemble des policiers du pays était particulièrement difficile… Jasper savait bien évidemment qu’il n’y avait pas les gentils d’un côté et les méchants de l’autre, mais c’était difficile.

– On doit rester longtemps ici ? Et après ? Qu’est-ce qu’il va se passer ?

Kimmitsu le garda dans ses bras le temps nécessaire, sans bouger, en se contentant de le masser comme il le pouvait et surtout le bercer. Ce qu’il fallait pour le rassurer et comme il avait déjà fait avec Laura. Comme il le fera avec les jumeaux s’il avait la chance de les revoir un jour. Ce qu’il aurait voulu qu’on lui fasse à lui-même, quand il était enfant, qu’il découvrait tout juste ses pouvoirs, et qu’il se blessait parfois en apprenant à s’en servir. Jasper n’avait pas besoin de dire merci pour ça, surtout dans cette situation ! S’ils ne soutenaient pas les uns les autres maintenant, en pleine période de guerre et de soucis, quand le feront-ils ? Il posa une main derrière la tête de son fils et lui massa un peu la nuque, pour l’aider à se détendre. Il pourra lui redonner des médicaments toute à l’heure, s’il le fallait, il avait encore quelques antidouleurs à disposition. Peu, hélas, se procurer des médicaments et des traitements n’était jamais une partie de plaisir. Ils ne pouvaient pas tout simplement rentrer dans une pharmacie de quartier, comme ça, alors qu’ils étaient tous recherchés.

– On doit rester longtemps ici ? Et après ? Qu’est-ce qu’il va se passer ?

– Longtemps, non, cet endroit est discret, mais ce serait dangereux pour les propriétaires, on ne veut pas leur attirer des ennuis. Lorsque tu seras un peu mieux, que tu pourras voyager sans que ça ne te blesse ou t’épuise trop, nous partirons vers le quartier général, je t’y emmènerai. D’ici quelques jours, trois ou quatre, environ. Tu resteras là-bas le temps de te remettre des tes blessures, il faut que la cicatrisation se fasse correctement, éviter une infection. Ça te laissera aussi du temps pour poursuivre les entraînements avec ton don ou autre chose, selon ce que tu as besoin. Prends du temps pour te reposer, te vider l’esprit, ça ne sera que mieux ensuite, une fois de retour sur le terrain.

Pour commencer, il devait manger un peu. Kimmitsu se releva, le temps d’aller voir où en était le repas qu’il avait préparé. Il attendit encore deux ou trois minutes le temps que le tout soit parfaitement cuit, puis servit deux assiettes. Il aida ensuite Jasper à s’asseoir, confortablement, en arrangeant les coussins pour le soutenir. Il pouvait manger à une main, tout était déjà découpé, inutile de trop se fatiguer. Son père l’encouragea à manger, au moins un peu, et lui dit que même si l’appétit lui manquait, ce ‘était que grâce à ça et au sommeil qu’il pourra retrouver toutes ses forces. Tous les encouragements du monde et tous les médicaments possibles ne pouvaient pas remplacer ce qu’apportaient le sommeil et l’alimentation, après tout. Le corps était une machine ayant besoin de carburant, point final. Même si la tête se plaignait et n’avait pas envie d’avaler quoi que ce soit, il n’en restait pas moins que le corps devait prendre ce qu’il lui fallait. C’était bien pour ça que Kimmitsu insistait sur ce sujet, il savait très bien que mal manger affaiblissait. Or, une personne affaiblie alors qu’elle participait à une guerre était un mort en sursis.

Une fois le repas terminé, il aida son fils à se recoucher, puis rangea un peu la pièce. Nettoyer la vaisselle utilisée, que le couple de fermiers leur avait prêté, puis alimenter de nouveau le feu. Il s’efforçait de ne pas faire trop de bruit, pour ne pas déranger Jasper. De toute manière, lui-même ne tarda pas à aller s’allonger sur son propre lit de camp. Les quelques lumières éteintes, il resta un long moment éveillé, à penser à ses trois autres enfants et à Solène. Si loin d’eux… La séparation avait beau être douloureuse, il était malgré tout heureux et soulagé de savoir qu’ils étaient en sécurité. C’est sur cette pensée réconfortante qu’il s’endormit à son tour. Pour le moment plongé dans le calme rassurant de leur abri.