Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Les affaires sont les affaires

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Charles Cardot
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MessageSujet: Les affaires sont les affaires   Les affaires sont les affaires EmptySam 9 Nov - 10:43

Les documents volés étaient en route vers leurs destinataires. Quant à sa collègue de mission, elle était partie également de son côté pour d’autres tâches. Charles soupira légèrement, laissant reposer sa tête contre l’appui de son siège, dans le train, serrant entre ses mains ses papiers d’identité tous neufs ainsi que son billet pour le voyage. Même si ces différentes missions lui pesaient, il commençait malgré lui à s’habituer, doucement, à la tension permanente qui s’en dégageait. Au sentiment de se promener avec une cible peinte sur le dos. Il devait avoir pleinement confiance en les différents réseaux, qui soutenaient chacun d’entre eux, pour mener à bien leur travail. Rien de plus. Avoir confiance et, plus que tout, garder espoir. La tête tournée vers la vitre, il observait sans le voir le paysage qui défilait, bercé par les roulements du train.

Deux longues heures plus tard, la campagne céda peu à peu la place à la ville. Ils approchaient du cœur de Paris. Il fallut encore du temps avant d’accéder à la gare Montparnasse, terminus pour ce train. Charles se leva, remit son manteau, une paire de gant et une petite écharpe, glissa son sac sur son dos, les papiers dans la poche intérieure, puis quitta le train. Sur le quai, la foule était nombreuse, l’agitation telle qu’on se croirait dans une fourmilière. Il eut un peu de mal à se faufiler, dans un premier temps, atteindre la sortie de la gare, puis les rues de Paris. Là encore, il y avait foule, nombreux étaient ceux à s’être déplacés à la capitale pour cette semaine un peu particulière. Charles était convaincu que la plupart de ces gens étaient pourtant contre ce qui arrivait mais venaient tout de même pour ne pas se créer d’ennuis.

Il lui faudra au moins vingt minutes de marche avant d’arriver au Jardin du Luxembourg puis au café Médicis où son rendez-vous l’attendait. Partout, dans les rues, des affiches de propagande célébraient autant le gouvernement que les nouvelles lois et mesures ayant fleuries dans tout le pays. Les Parisiens étaient invités à se rendre à un grand meeting, le lendemain matin, donné par leur Président, et il y avait pas mal de petites manifestations et événements organisés un peu partout. Ici, la guerre civile semblait ne pas exister… Les mains dans les poches, Charles marchait sans se presser, prenant le temps d’observer, plus que tout. Lorsqu’on regardait bien, on pouvait différencier les membres de la police politique des policiers ordinaires. Il finit par arriver au café, passant la porte et retrouvant d’un coup la chaleur.

L’homme qu’il devait retrouver était à l’écart des autres clients, dans une des alcôves bien plus tranquille que comptait le bar. Charles alla le rejoindre, s’asseyant sur la banquette face à lui, en le saluant. Comme si le serveur en avait été attiré comme un aimant, il surgit auprès d’eux pour prendre leur commande, surprenant Charles qui bafouilla à moitié, avant de demander un café, merci. Il reporta ensuite le regard sur son interlocuteur, à mille lieux de lui niveau apparence. Manteau de bonne couture, costume dessus, de ce qu’il pouvait en juger, cravate, impeccablement coiffé et moustache fine. En comparaison, le jeune homme avait le sentiment d’être un pauvre mal dégrossi.

"Tout s’est très bien passé, commença-t-il après s’être assuré qu’on ne pouvait les entendre. Mieux que je ne l’aurai cru, c’est un grand soulagement. Quelle est la suite du programme, maintenant ? Paris est en véritable ébullition, de ce que j’ai pu voir."
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Sengoku Hidehisa
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Sengoku Hidehisa
MessageSujet: Re: Les affaires sont les affaires   Les affaires sont les affaires EmptyMer 13 Nov - 11:53

Amusante cette manie de ne pas nommer les choses comme elles l’étaient vraiment. Un « ministère de l’Information », installé dans un pareil contexte, n’était rien d’autre qu’un ministère de la propagande. Victor parcourut du regard les gros titres des journaux, sur les présentoirs du kiosque, les deux mains gantées fourrées au fond de ses poches, au chaud. La plupart des gros titres parlaient de la Semaine de l’Information s’ouvrant à Paris et du meeting du Président Leblanc, invitant tous les citoyens de Paris et de France à y assister. L’homme s’approcha encore un peu, pour mieux voir les titres et sous-titres, choisir les quelques journaux qu’il comptait acquérir. Juste à côté, le propriétaire du kiosque riait avec un client qu’il connaissait visiblement bien, en discutant des nouvelles du jour et également du froid saisissant de février, qui s’était abattu cette nuit.

Outre les habituels, comme le Petit Journal, d’autres journaux se frayaient une place. Comme le journal Marianne, très politisé et très à gauche, dont les intellectuels de tous bords se targuaient d’être des lecteurs avertis. Il y avait aussi Le Temps, moins politisé et plutôt bien fait, de son point de vue. Victor prit ces deux-là, ainsi que les parutions plus classiques, avant de les glisser dans son sac et reprendre son chemin. Une époque bien triste, on ne pouvait guère profiter d’informations sans avoir ce petit sel instillé par la propagande. En arrivant au café, où il devait rencontrer son rendez-vous, il s’installa dans l’endroit le plus au calme et en retrait, dans une alcôve, et sortit ses journaux. Il ne fit qu’un bref signe de la main au serveur venu d’un pas feutré, pour indiquer qu’il attendait une autre personne, merci.

Un homme qui fut, par ailleurs, plutôt ponctuel. Tout jeune, frissonnant lui aussi en rentrant dans l’ambiance plus chaude et douce du bar-restaurant. Victor lui rendit son salut, et au même instant, à peine assis face à face, le serveur revint pour prendre la commande. Victor commanda lui aussi un café, il était encore un peu tôt pour autre chose. Son écharpe avait été posée près de lui, sur la banquette, avec son manteau, les journaux sous son coude. L’avantage de ce café était sa clientèle. Très chic, très polie, et souvent, très bête, l’endroit idéal pour des rencontres entre personnes que personne ne se risquerait à soupçonner. A moins, bien sûr, de soupçonner de corruption, de blanchiment d’argent, de fraudes, des délits ordinaires des cols blancs.

Tout s’est très bien passé, commença-t-il après s’être assuré qu’on ne pouvait les entendre. Mieux que je ne l’aurai cru, c’est un grand soulagement. Quelle est la suite du programme, maintenant ? Paris est en véritable ébullition, de ce que j’ai pu voir.

Bien entendu, la capitale fête sa première semaine de la propagande et le meeting du Président approche à grands pas, vous avez pu vous en apercevoir en venant. Le centre d’action pour les bonnes mœurs organise également une journée consacrée à la morale pour les femmes. Tenue respectable, pas de maquillage, sexe, amour, mariage, foyer… L’Église est aux commandes, bien sûr.


Un instant plus tard, on vint leur apporter leurs commandes, Victor en profita pour régler aussitôt l’addition, qu’on ne les dérange plus ensuite. La tasse brûlante laissait échapper de douces volutes de fumée, avec de si délicates arabesques, un petit spectacle quotidien qu’il savait toujours apprécier. Il y ajouta une pincée de sucre et un peu de lait, avant de touiller en douceur.

La suite va être délicate, cependant, cette semaine est une des très rares occasions où nos cibles seront à portée de main. Vous allez pénétrer dans des milieux délicats… Possédez-vous une tenue de soirée digne de ce nom ? A faire honneur à Arsène Lupin en personne, dans les beaux quartiers de Paris.
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Charles Cardot
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Charles Cardot
MessageSujet: Re: Les affaires sont les affaires   Les affaires sont les affaires EmptyLun 25 Nov - 8:59

"Bien entendu, la capitale fête sa première semaine de la propagande et le meeting du Président approche à grands pas, vous avez pu vous en apercevoir en venant. Le centre d’action pour les bonnes mœurs organise également une journée consacrée à la morale pour les femmes. Tenue respectable, pas de maquillage, sexe, amour, mariage, foyer… L’Église est aux commandes, bien sûr."

"Qui en douterait encore."

Il avait laissé un bref sourire ironique, s’effaçant lorsque le serveur vint apporter deux grandes tasses de café. Charles eut à peine le temps de commencer à fouiller son sac à dos pour retrouver son portefeuille que osn interlocuteur avait déjà réglé l’addition pour eux deux, tout en glissant, il put le voir, un pourboire substantiel au serveur. Merci… Il ne pouvait s’empêcher de se sentir un peu gêné, ne sachant pas si l’homme d’affaires avait fait ça pour qu’on les laisse en paix plus rapidement ou parce qu’il avait eu pitié de lui, comme s’il était incapable de payer un simple café. Mmh… Il valait sans doute mieux ne pas le savoir, finalement… Pour se reprendre, il s’occupa plutôt d’agiter la cuillère dans la tasse pour bien mélanger le breuvage avec le sucre, et faire passer une part de sa nervosité. Jamais la ville ne lui avait paru si menaçante.

"La suite va être délicate, cependant, cette semaine est une des très rares occasions où nos cibles seront à portée de main. Vous allez pénétrer dans des milieux délicats… Possédez-vous une tenue de soirée digne de ce nom ? A faire honneur à Arsène Lupin en personne, dans les beaux quartiers de Paris."

"J’ai un petit costume, même si j’ignore si vous allez le considérer comme acceptable, selon vos critères."

Il devra sans doute le lui montrer, ce sera plus simple. Charles vérifia d’abord que personne ne les écoutait ou ne les observait, puis fit glisser discrètement son sac vers l’homme d’affaire, sur la banquette, puisqu’il puisse jeter un œil et juger par lui-même. Durant ce temps, il but un peu de café, répétant quelques exercices de respiration, en douceur, pour garder son calme et juguler la peur. Il n’était pas question de se vautrer lamentablement… La Résistance avait certes subi une défaite importante, récemment, mais la guerre n’était pas perdue pour autant.Il n’avait pas le droit à l’erreur, autant pour son unité que pour sa santé personnelle et son espérance de vie.

"Je suis prêt, ne doutez pas de ça. Et je sais ce que je dois accomplir. J’ai simplement besoin de détails supplémentaires, sur le déroulement de la soirée, la configuration des lieux si vous la possédez déjà. Le nombre de personnes prévues. Nous avons pu obtenir peu d’informations sur le dispositif de sécurité, malheureusement."
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Sengoku Hidehisa
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Sengoku Hidehisa
MessageSujet: Re: Les affaires sont les affaires   Les affaires sont les affaires EmptyVen 13 Déc - 8:29

J’ai un petit costume, même si j’ignore si vous allez le considérer comme acceptable, selon vos critères.

Très bien, voyons voir ça ? Un petit costume, cela voulait tout et rien dire, jeune homme ! Victor reposa sa tasse de café, puis récupéra le sac poussé vers lui, sur la banquette, pour y jeter un coup d’œil. Au premier toucher, il pouvait déjà dire que ce n’était effectivement pas une qualité exceptionnelle, le tissu était rude, rêche, peu attirant. Quant à la coupe… Il ne pouvait bien sûr pas entièrement déplier la tenue ici, néanmoins, ce qu’il en voyait le convainquit assez peu. C’était bien ce qu’il avait songé, avant cette rencontre, car un jeune garçon du peuple ne pouvait avoir les moyens d’acheter un costume convenable, selon les critères de la Haute Société, et il ne pouvait pas non plus avoir forcément la chance de se faire prêter une tenue acceptable. Victor avait prévu autre chose, dans cette optique, qui fera l’affaire.

Il referma doucement le sac et le lui rendit, avant de reprendre sa tasse de café. L’odeur, à la fois douce et âcre, les entourait comme une bulle légère, s’évaporant ensuite dans tout le bar, un effet démultiplié par les commandes de tous les clients. L’ambiance feutrée régnant ici était parfaite pour des rencontres discrètes. Son jeune camarade de lutte ajouta qu’il était prêt et qu’il savait ce qu’il devait accomplir, s’arrêtant ensuite sur les détails encore manquant pour la soirée les attendant. Victor glissa la main dans la poche de sa veste et lui tendit ensuite un papier plié en deux, où il retrouvera un plan volé de l’ambassade. Il avait maintenant quelques heures devant lui pour s’en imprégner. De toute manière, ce n’était qu’une fois sur place qu’il était possible de bien se repérer.

Bien sûr, murmura-t-il, les lieux comme les invités seront très étroitement surveillés, il s’agit d’une soirée de la plus haute importance. L’armée est chargée de surveiller les extérieurs, la police l’intérieur, les invités étrangers ont également leurs propres services rapprochés pour la sécurité. Si nous ne comptons pas les gardes, il y aura un peu plus de six cents invités.

Quant au déroulé de la soirée, il s‘agissait d’une soirée mondaine tout à fait classique. On jeune interlocuteur était entraîné à se glisser aisément dans n’importe quel milieu, n’est-ce pas ? Et s’il n’était pas encore très expérimenté, il apprendra sur le tas, comme tant d’autres, combattants, espions ou encore passeurs, qui avaient été jetés dans cette guerre sans avoir eu loisir de longuement s’y préparer. Les joies de la vie d’un adulte engagé dans une histoire les dépassant tous, où ne pas suivre le rythme signifiait la mort. Il savait au moins qu’il n’avait pas le droit d’échouer. Bien, il allait être temps de se préparer. Victor termina tranquillement son café, puis se leva le premier, ce petit savait où le rejoindre, d’ici quelques heures. On ne les verra pas, bien sûr, marcher et bavarder posément ensemble dans les rues de Paris.

Leur mission prendra place à l’ambassade, ce soir. Une mission hautement délicate. A l’heure convenue, Victor se trouvait dans l’appartement de son grand ami, Ulric Rause, un Américain fortuné, exilé depuis des années en France, très respecté au sein de la Haute Société. Un homme grand et fort, à l’âge déjà bien avancé, dont Charles sera ce soir le « petit-neveu », venu d’Amérique pour étudier dans ce pays. Une venue depuis très peu de temps, il ne parlait guère Français, mes bons sires, pardonnez-le. Une excuse justifiant qu’il ne dise pas grand-chose et qu’ainsi, personne ne remarque son inaptitude à s’exprimer comme l’attendait la Haute Société. Dans l’intimité d’un salon de l’appartement, Victor commença par donner un costume digne de ce nom au jeune homme, tandis que Ulric se préparait, lui aussi, donnant des conseils de maintien au petit Résistant.

La rapidité est de mise mais pas l’imprudence. Ne marchez pas comme si vus aviez une cible dans le dos. Besoins du « patch » de sûreté ou vous pensez être capable de tenir, en cas de problème ?
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Charles Cardot
MessageSujet: Re: Les affaires sont les affaires   Les affaires sont les affaires EmptySam 4 Jan - 10:48

Son interlocuteur fit doucement glisser vers lui un papier plié en deux, que Charles récupéra, n’y jetant qu’un regard sur le moment. Il essayait de plutôt de contrôler la nervosité montante et sa peur, également, pour ne commettre aucun impair. Pour se donner une contenance, il s’intéressa de nouveau à la tasse de café posée devant lui, encore brûlante, réconfortante malgré tout dans une telle atmosphère. On ne pouvait que se sentir bizarre, dans des circonstances pareilles ! C’était comme se retrouver au bord d’un gouffre où vous alliez devoir sauter, sans aucune mesure de protection, sans même savoir si quelqu’un en bas saura vous rattraper. Charles était incapable d’empêcher la peur de lui tordre le ventre, tant il était conscient qu’il pouvait y laisser sa vie, dès ce soir. Mais il n’avait pas le droit de le montrer, surtout pas une fois qu’il sera sur place.

"Bien sûr, les lieux comme les invités seront très étroitement surveillés, il s’agit d’une soirée de la plus haute importance. L’armée est chargée de surveiller les extérieurs, la police l’intérieur, les invités étrangers ont également leurs propres services rapprochés pour la sécurité. Si nous ne comptons pas les gardes, il y aura un peu plus de six cents invités."

Très bien. Le jeune homme hocha lentement la tête, tout en buvant. Au bout de quelques minutes, l’aristocrate se leva, quittant le café en premier. Charles, de son côté, resta encore une heure, environ, à étudier le plan donné, le graver dans sa mémoire, avant de vider les lieux à son tour. Il marcha longuement dans les rues de Paris, pour sentir l’ambiance de la ville, repérer les alentours de l’ambassade, se familiariser avec le quartier, en cas de problèmes, ce soir, ou de fuite précipitée. Six cents personnes, des services de sécurité, tout le gratin politique et celui de la haute société et plus encore. Un monde qui n’était pas le sien, très loin de là, et où il devait pourtant prendre part comme s’il avait fait cela toute sa vie. Respirer, profondément… Respirer, un très grand coup, avancer malgré la peur, c’était son devoir.

Bien plus tard, dans l’après-midi, il rejoignit en toute discrétion l’appartement luxueux où il était attendu. L’homme d’affaires de ce matin y était déjà, en compagnie de l’homme engagé secrètement en faveur de la Résistance, Ulric Rause. Un homme lui le salua d’une poignée de main très ferme et d’un sourire encourageant. Une fois dans le salon, comme Charles s’y était attendu, il reçu un autre costume à enfiler pour ce soir. Évidemment que la tenue apportée n’avait pas convenue pour ces messieurs, mais lui n’avait pas les moyens de s’offrir les services d’un tailleur hors de prix, pour un costume de soirée digne d’une ambassade. Il commença par se changer, derrière un petit paravent, tout en écoutant les conseils prodigués par Rause. Pour ce soir, il sera officiellement un de ses jeunes neveux. Qui ne parlait pas encore Français, officiellement.

"La rapidité est de mise mais pas l’imprudence. Ne marchez pas comme si vus aviez une cible dans le dos. Besoins du « patch » de sûreté ou vous pensez être capable de tenir, en cas de problème ?"

Heu… Sur le coup, Charles en resta un bref instant pétrifié, déglutissant plus nerveusement encore, en réfléchissant. Il ne savait pas si… Il ne… Après deux ou trois minutes passées dans un silence complet, à terminer de s’habiller, il finit par marmonner qu’il préférait le prendre. Tendant la main, il récupéra la minuscule capsule, puis chercha où la dissimuler. Il devait pouvoir l’attraper même s’il avait les mains menottées, devant lui ou dans le dos… Après un moment d’hésitation, il fit par l’accrocher dans un petit pli de son col. Là, il pourra la saisir avec les dents, rapidement, et même s’il était entravé. Il lui suffira de mordre un coup sec dedans pour avaler le poison et se suicider. C’était… préférable… Il ignorait s’il sera capable de subir un interrogatoire sans craquer. Mieux valait… Prévoir. Avoir quelque chose qui puisse le tuer rapidement plutôt que risquer de compromettre la résistance.

Une fois prêt, il partit, cette fois, en compagnie de monsieur Rause. Un chauffeur les attendait, dehors, leur ouvrant la porte arrière. Durant le court trajet, Charles eut juste le temps de se composer un visage impassible. La peur s’était presque effacée, ou plutôt, elle demeurait en arrière-plan. A sa place, la concentration et la tension avaient envahi son esprit. Il avait sauté dans le gouffre, maintenant, trop tard pour revenir en arrière. La voiture se glissa dans la file pénétrant dans la cour de l’ambassade. Il avait tant de personnes ! Des hommes et des femmes en tenue de grand apparat, des dizaines de lumière éclairant la cour, du personnel de service en grande tenue, mais aussi, bien sûr, de nombreux gardes armés, plus ou moins discrets. Ils sortirent de voiture et se dirigèrent vers l’entrée. Ulric Rause faisait toute la conversation, saluant d’une voix forte et enjouée ses connaissances, tandis que Charles le suivait de près.

Prétendre ne pas parler la langue consistait aussi à ne pas réagir à tout ce qu’il pourrait entendre de bizarre, déplacé ou même juste drôle. Son exercice principal était de rester détaché, impassible, mais toujours attentif, pour montrer qu’il était bien là, corps et esprit, et n’ignorait pas ses interlocuteurs pour autant. Ses cheveux attachés en une queue-de-cheval firent hausser quelques sourcils, mais Rause indiquait toujours en riant que c’était à la mode, dans la jeunesse dorée Américaine. S’ensuivait quelques sourires de mépris ou de moqueries à peine voilés et la conversation se poursuivait sur d’autres sujets. Charles était très attentif aux lieux, le plan qu’il avait étudié en tête. Il ne pourra guère agir avant le repas, pas assez de temps, mais le bal qui suivra ensuite sera une occasion parfaite.

Dans la salle de réception, immense, il en eut presque le souffle coupé, devant cet étalage de luxe. Des centaines de tables rondes étaient disposées, accueillant peu à peu les invités. La réception et le bal couvriront ensuite non seulement cette salle mais aussi les adjacentes. Les mouvements de foule seront parfaits pour se déplacer sans attirer l’attention, malgré tout, Charles n’oubliait pas la sécurité. Il prit place à côté de son « oncle » et de quelques autres personnes, à la table qui leur avait été désignée, toujours en silence. Bien, très bien. Même la tension l’avait finalement quitté, il ne restait que la concentration pure et dure. Il n’était pas question d’échouer.
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Sengoku Hidehisa
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Sengoku Hidehisa
MessageSujet: Re: Les affaires sont les affaires   Les affaires sont les affaires EmptyDim 19 Jan - 11:22

Allez, mon gars, ils ne pouvaient plus reculer, maintenant qu’ils en étaient là. Ce n’était qu’un mauvais moment à passer… Il lui laissa le temps de réfléchir, la main tendue, paume ouverte, devant lui, la petite pilule ronde et blanche posée au milieu. Quelques minutes s’écoulèrent, dans un silence parfait, avant que le jeune homme ne finisse par prendre le cyanure, puis le cacher sur lui. Victor lui fit un petit sourire, moitié pour l’encourager, moitié pour faire comprendre que tout devrait bien se passer. Ils ne devaient pas se laisser gagner par la peur, si ce jeune homme n’avançait pas malgré elle, ce sera la fin. Courage… Ils achevèrent leurs préparatifs en silence, puis sortirent de l’appartement. Le chauffeur de son ami Américain les attendait à l’extérieur, pour les conduire à l’ambassade.

Un environnement très familier. Le bruit, les lumières, la foule, les codes à suivre, les bonnes expressions à afficher face à telle personne puis à telle autre. C’était là un exercice que Victor maîtrisait à la perfection. Tout n’était qu’un grand jeu des apparences, après tout. Dès leur sortie de voiture, dans la cour bien éclairée avant d’accéder aux bâtiments, le jeu débutait. Poignées de mains franches, sourires souvent factices, échanges de passage avec de vielles connaissances, discussions plus ou moins brèves, tandis qu’ils s’avançaient à l’intérieur. Ulric était, lui aussi, comme un poisson dans l’eau, dans cet univers. Très vite, Victor repéra les personnes les plus importantes, son regard filant d’une à l’autre sans pour autant donner le sentiment de les épier. Il y avait légèrement plus de monde qu’escompté, ceci étant, leurs agents, ce soir, étaient plus nombreux que le personnel de sécurité devait le croire.

Une fois dans l’immense salle de réception, et installé à table, Victor se lança dans une conversation assez détachée avec un industriel très riche, assis à sa droite, parlant de ses affaires et de la conjecture du moment, dans l’industrie de l’armement. La Conférence de Genève, qui venait de débuter, était sur toutes les lèvres, dans le milieu. Les acteurs de cette industrie s’interrogeaient beaucoup sur ce qui allait en ressortir et si cela allait impacter leur commerce. Il y avait bien peu de chance, étant donné ce qui avait été promu, pour le moment, durant cette dernière décennie. Trop de politiques manquaient de fermeté, pour imposer leurs idéaux et véritablement réguler le commerce des armes. Face à des hommes politiques comme en comptaient l’Allemagne ou l’Italie, par exemple, le combat sera ardu.

Leur conversation fut interrompue lorsque, une fois tout le monde installé à sa place, le Président grimpa sur la petite estrade, face à l’imposante assemblée, pour prendre la parole. C’était toujours un moment intéressant, lorsqu’il fallait décrypter tournures alambiquées et langue de bois, pour en retirer les sous-entendus et les messages voilés. D’autant plus aujourd’hui, avec cette nouvelle alliance. Le grand ennemi d’autrefois, le grand adversaire d’une Grande Guerre pas si lointaine, devenu l’allié officiel de la France, c’était un peu dur à avaler. Et pourtant… Le Président invita ensuite l’ambassadeur Allemand à venir le rejoindre sur l’estrade. Quel magnifique spectacle, à si lourdes conséquences. A la fin des discours, ils applaudirent tous en chœur, puis le repas put commencer. Bref moment de répit avant le grand chamboulement et la réception.

La conversation, à table, était passé de la Convention de Genève à l’attaque récente portée contre le QG de la rébellion. Une forte victoire, assurément, il fallait bien avouer que le Gouvernement n’avait pas non plus lésiné sur les moyens, profitant d’une très forte supériorité numérique et matérielle. Victor but une petite gorgée du vin blanc accompagnant la première entrée de poissons, écoutant tranquillement le récit que faisait d’un ton enjoué et fier le colonel Duhammeau, qui avait supervisé tout cet affrontement. Les militaires aimaient raconter et vanter leurs exploits, surtout sur un sujet si sensible que l’était la Résistance. Adorable, n’est-ce pas ? Parler d’un véritable bain de sang, tout en dégustant un poisson fin, avec de la musique, du vin et une ambiance chaleureuse, était un contraste assez violent.

Il s’est entendu dire, colonel, glissa posément Victor, que deux chars ont tout de même été détruits dans l’attaque, alors même que vos ennemis ne possédaient pas d’armes lourdes conventionnelles.

Certains élémentaires sont des armes lourdes à eux seuls ! Des monstres, comme je vous le dis. Des monstres de pouvoirs et de puissance, qui ne veulent que terroriser les populations et imposer leurs idées odieuses.

Comme partout, en effet. Ce sont les vainqueurs qui écrivent ensuite l’Histoire.


La rébellion avait certes perdu une bataille, mais pas encore la guerre. Même si les journaux vantaient cela, tous, ici, savaient que la partie n’était pas encore terminée.
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Charles Cardot
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Charles Cardot
MessageSujet: Re: Les affaires sont les affaires   Les affaires sont les affaires EmptyDim 23 Fév - 12:48

Le jeune homme ne put s’empêcher de se demander comment les livres d’Histoire allaient retenir cette période, d’ici plusieurs années, selon quel camp allait finalement l’emporter. Les années 30 seront-elles rapportées comme une décennie de guerres, de massacres partout dans le monde et de fascisme, ou bien comme l’époque où la sécurité avait été renforcée pour le bien de tous, avec la fin des dons et des autres manifestations surnaturelles ? Installé dans un tel contexte, il y avait de quoi se poser la question, Charles savait pertinemment que l’Histoire n’était écrite que par les vainqueurs. Il gardait le regard posé sur le Président, au loin, près de l’ambassadeur Allemand, restant très calme en apparence, même si son cœur battait à très vive allure. C’était une mission suicide, plus qu’autre chose, il le réalisait maintenant qu’il se trouvait ici.

Ils devaient frapper un très grand coup. Frapper le plus fort possible. Mais faire ça allait très probablement leur coûter la vie.

Il n’y avait sans doute pas assez réfléchi, avant de s’engager. La Résistance avait voulu des personnes prêtes à tout, y compris au plus grave, et il s’était avancé. A cause de la haine ressentie, lors de l’attaque du Jura, il s’était avancé par volonté de combattre et par vengeance, aussi, pour tous ses amis assassinés dans le secret des montagnes. Il avait filé, presque naïf, sur la capitale, comptant sur le soutien de ses alliés. Et maintenant, il réalisait enfin qu’il avait pris un billet d’aller simple. La petite capsule de cyanure dans son col semblait peser si lourd, désormais… Il se retint de glisser le doigt dessus, ses peurs passant de toute manière derrière sa volonté. Il applaudit comme les autres, puis retourna son regard vers la table bien remplie. Ils étaient une bonne dizaine, tout autour, et les conversations allaient bon train.

Les invités discutaient maintenant de l’attaque contre le quartier général de la résistance, le colonel ayant supervisé cette attaque était assis avec eux et en parlait avec beaucoup de détails. Il était donc si fier de sa boucherie ? Dans son coin, Charles se contentait de manger sans dire un seul mot, bien sûr, et en faisant mine de ne pas comprendre ce qu’il entendait autour de lui. Il n’avait pas faim, son estomac et sa gorge étaient beaucoup trop serrés pour apprécier quoi que ce soit. Il n’était non plus question d’avaler une seule goutte d’alcool, même si ça l’aurait réchauffé un peu, car il devait à tout prix conserver l’esprit clair. Il réfléchissait à la suite, à l’emplacement idéal qui restait à trouver, et ce dans un laps de temps exceptionnellement court. Et s’il réussissait, devra-t-il tenter le tout pour le tout, s’enfuir, ou bien se suicider aussitôt, pour ne rien compromettre ? Emporter ses secrets dans la mort ?

"Il s’est entendu dire, colonel, que deux chars ont tout de même été détruits dans l’attaque, alors même que vos ennemis ne possédaient pas d’armes lourdes conventionnelles."

"Certains élémentaires sont des armes lourdes à eux seuls ! Des monstres, comme je vous le dis. Des monstres de pouvoirs et de puissance, qui ne veulent que terroriser les populations et imposer leurs idées odieuses."

"Comme partout, en effet. Ce sont les vainqueurs qui écrivent ensuite l’Histoire."

Charles se demanda s’il s’adressait indirectement à lui, ne réagissant bien sûr pas d’une once. Le repas se déroula tout à fait normalement, long, un peu épuisant car les conversations étaient très orientées sur la politique. Ce fut suite à ce repas que la fête en elle-même commença et que le bal se propagea, dans plusieurs salles de l’ambassade. Le jeune homme s’arrangea pour prendre discrètement congé de son « oncle » et se mettre en route. Une démarche naturelle, souriant aux uns, passant sans parler ni même se faire remarquer devant d’autres. Un verre en main pour donner le change, regardant sans les voir les danses menées par la foule avec l’orchestre. La terreur revenait, malgré ses efforts. Elle lui tordait si fort le ventre qu’il en avait très mal. Il aurait pu aussi bien tomber à genoux au sol, plié en deux, s’il s’écoutait, et vomir ici.

Il lui fallut un effort monumental pour grimper à l’escalier et passer sur les longues alcôves entourant la plus grande salle de bal, avec des piliers richement décorées, laissant une vue imprenable sur les danseurs en bas. Charles sentit la personne s’approcher, il la sentit glisser un objet dans sa poche sans être remarquée, profitant du mouvement de foule, puis disparaître, sans qu’il n’ait pu apercevoir son visage. Il ne vit qu’un bref éclat de tissu, l’uniforme des gardes Français présents ce soir. Un homme, anonyme parmi les anonymes, qui avait ce soit accepté de franchir ce pas et lui fournir de l’aide, avant de disparaître, aussitôt qu’il était venu. Charles glissa la main dans le fond de sa poche, touchant du bout des doigts l’arme chargée qui lui avait été donnée et que jamais il n’aurait pu faire rentrer ici seul, à cause de l’importante sécurité.

Son regard accrocha une autre alcôve, plus haut, et il décida de s’y rendre. C’était un bon point de vue, discret, à l’écart, lui donnant un bon angle, et il pourra peut-être essayer ensuite de s’enfuir. Se détournant de la foule, il emprunta un passage plus discret, pour monter à l’étage supérieur, en passant par une entrée de service. Il passait par un autre corridor quand une voix forte dans son dos lui cria de s’arrêter. Charles stoppa net sur place, levant doucement les mains lorsqu’il s’en tendit intimer l’ordre. Tout son corps se tendit par réflexe et il se prépara. Lorsque l’homme derrière lui se fut approcha d’assez près, il se retourna d’un bloc et le frappa en plein dans le ventre. Le soldat fut surpris mais pas mis à terre, très loin de là, et c’est là que Charles vit à quel point il était plus grand et mieux bâti que lui.

Il n’était pas très doué au combat, il n’avait pu apprendre que peu de temps sur le terrain, mais il avait son don. Charles le brûla vertement le bout de la veste avant que le type ne puisse attraper son arme, mais pas assez fort et le type lui tomba aussitôt dessus. S’ensuivit un combat au corps à corps, et le premier coup de poing manqua déjà de faire perdre connaissance au jeune homme. Sa vue se brouilla et se remplit d’étoiles, son adversaire le souleva et la plaque violemment contre le mur, puis le frappa de nouveau au ventre, puis contre la mâchoire. Le souffle coupé, la douleur l’aveuglant, Charles laissa libre cours à son pouvoir et si son coup fut plus léger, le feu, lui, dévora immédiatement le tissu, au torse, du soldat. Il poussa un hurlement bestial et tenta d’éteindre les flammes. Charles avait saisi son arme, par réflexe, et tira à bout portant sur son adversaire, en plein cœur.

Il s’effondra complètement, le feu s’emparant du reste de ses vêtements, puis les étincelles sautèrent sur une vieille parure qui traînait non loin. Ça commençait déjà à se propager. Mais Charles ne s’en occupa pas immédiatement, le bruit et les cris avaient évidemment attirer d’autres soldats dans le coin. Il arrivèrent en défonçant la porte et Charles eut juste le temps de tirer dans leur direction pour les faire reculer, avant qu’ils ne puissent voir son visage. Il tendit ensuite aussitôt la main vers les flammes, et les projeta dans tout le couloir, pour empêcher qui que ce soit de passer. Brûler l’ambassade n’était pas du tout le but, il y avait beaucoup de civils, et quelques alliés, ici, mais il n’avait plus le choix. Mission échouée, complètement, le Président avait déjà dû être alerté et emmené au loin à l’abri. Charles partit en courant, dans la direction opposée, sans lâcher son arme. Il devait s’enfuir.

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Temps pour trouver un bon endroit : 3
Discrétion : 13
Contre le garde : 17
État physique : 11
Si ça en a attiré d’autres : Oui
Combat : 7
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MessageSujet: Re: Les affaires sont les affaires   Les affaires sont les affaires EmptyMer 11 Mar - 9:43

Des discussions animées, un repas copieux et tout à fait excellent, le moment était agréable, malgré la mission les ayant menés ici. Victor bavardait surtout de politique avec les autres invités, tenant à rester au courant des plus récentes développées des affaires du moment. Le parti au pouvoir planchait sur tant de nouvelles lois, récemment, que le Parlement et le Sénat s’en trouvaient débordés. Maintenir l’illusion de la démocratie était très important, impossible de faire passer plus ou moins discrètement ces tous ces changements sans vote à l’assemblée. Même si ce vote pouvait, et il l’était sûrement, être très orienté, pour le dire d’une manière polie. Comme on pouvait s’y attendre, les lois les plus sexistes étaient bien entendues celles ayant passées le plus facilement les barrières démocratiques. Victor était d’ailleurs certains que celles-ci étaient passées sans la moindre triche, connaissant bien l’attitude conservatrice des députés élus en janvier.

Suite au repas, leur jeune résistant put s’éclipser, puis disparaitre dans la foule. Son camarade Américain fit bientôt de même, d’ailleurs, appelé en urgence pour une de ses affaires. C’était un peu ennuyeux, mais soit… L’affairiste passa d’un cercle « d’amis » à un autre, poursuivant les discussions politiques. Il avait besoin d’informations, à la fois pour la Résistance mais également pour lui-même, définir la meilleure stratégie à suivre. Même s’il savait ce qui avait une chance de se produire, il restait serein, tranquille, la manière de celui n’ayant rien à se reprocher. C’était une mission très dangereuse, délicate, suicidaire, même, pourrait-on dire, et c’était pour cela qu’un volontaire n’ayant plus rien à perdre y avait été appelé. S’il réussissait, ce sera une grande victoire pour la Résistance et de nouvelles portes leur seront grandes ouvertes. S’il échouait, la propagande rendra ensuite la partie d’autant plus difficile à l’emporter, tout comme la police politique.

Il s’était écoulé moins d’une heure lorsqu’un coup de feu retentit, étouffé, mais suffisant pour faire figer tout le monde. Aussitôt, de nombreux gardes et soldats se précipitèrent vers la source du bruit, alors que les invités commençaient à crier et paniquer. Victor lança un regard au loin, vers le Président, que son service de sécurité emmenait au loin. Le petit avait échoué… Mais d’un coup, un autre cri d’alerte retentit et tout le monde cria de plus belle en voyant une épaisse fumée sortir des alcôves du premier étage. Puis des flammes. Brusques. Fortes. Violentes. La panique augmenta d’un coup, la foule se dirigea précipitamment vers les sorties. Victor, forcé de suivre le mouvement, ne put regarder en arrière, le cœur serré en espérant que le gamin n’était pas déjà mort. Profitant du chaos complet, alors que les flammes gagnaient du terrain trop vite pour que ce soit naturel, il se faufila sur les rebords, puis rejoignit discrètement un homme affilié à la Résistance. Lui lançant un regard sans s’arrêter auprès de lui.

Le feu avait un net avantage, les services de sécurité n’avaient aucun moyen de contenir la foule dans un endroit restreint en espérant, ensuite, trouver des résistants potentiels. La panique engendrée permettait à de nombreuses personnes de s’éparpiller, partout autour de l’ambassade, et de toute manière, les pompiers appelés en urgence sur place feront vite partir tout le monde pour combattre le feu. Victor put donc partir à son tour, sous le couvert du chaos, et prendre une rue adjacente. Il fut bientôt rejoint, dans l’ombre, par les deux affiliés vus plus tôt, et ils attendirent, au point de rencontre défini, avec une voiture. Ils attendirent un moment… De longues minutes s’écoulèrent, avant qu’enfin, une silhouette titubante n’apparaisse. Le petit était vivant, mais visiblement grièvement blessé. A eux trois, ils le fourrèrent allongé sur la banquette arrière de la voiture, puis le recouvrirent d’une couverture.

Un resta derrière aussi pour le soutenir et compresser les plaies, Victor et son collègue grimpèrent à l’avant, puis ils démarrèrent. Ils devaient impérativement s’éloigner très vite de ces quartiers de Paris, tout en restant discret, et espérer que le gamin tienne bon tout le long du trajet. La nuit noire était à leur service et les forces de l’ordre se dirigeaient vers le lieu de l’incendie. Avoir mis le feu si fort n’était pas très prudent, étant donné le nombre de civils présents dans le bâtiment à ce moment-là, mais c’était sans nul doute la meilleure stratégie à appliquer sur le coup. Victor se retourna pour regarder le petit, essayer de juger de son état, assez inquiet.

Serrez les dents, vous devez tenir jusqu’au bout.

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Dés :
Agitation suite au coup manqué : 19
Efficacité des gardes dans la poursuite : 14
Jet d’opposition de Charles : 13
Combat : 16 vs 16
Fuite : 1 vs 8
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MessageSujet: Re: Les affaires sont les affaires   Les affaires sont les affaires EmptyDim 22 Mar - 10:42

Le coup éclata si près de son oreille qu’il en perdit l’audition un instant et ne put se défendre que par pur réflexe, pour en pas être assommé. Les militaires, moins frileux que la police locale, s’étaient jetés dans la mêlée en dépit des flammes qui se propageaient de plus en plus. Un violent combat s’était engagé, et très vite, Charles dû autant utiliser son don qu’improviser totalement pour s’en sortir. Les cours reçus ne l’avaient clairement pas mis au même niveau que des soldats entraînés depuis des années. Il se défendit comme il le put, mais il devint vite évident qu’il allait se faire tuer s’il restait ici. Un coup violent lui coupa le souffle et il entendit nettement une côte ou deux craquer sinistrement sous le choc. Les larmes aux yeux, son pouvoir réagit presque seul, ses mains d’un seul coup beaucoup plus brûlantes et il repoussa violemment son adversaire.

Le soldat hurla, une odeur de chair brûlée envahit le petit espace étroit du corridor, puis une odeur de bois brûlé lorsque tout ici s’enflamma à son tour. Cette fois-ci, ses adversaires furent forcés de battre en retraite pour éviter les lourdes poutres commençant à s’effondrer, sous l’action des flammes. Il régnait une chaleur infernale, le feu dévorait tout, on n’y voyait même plus à deux mètres à cause de la fumée. Lui-même s’était brûlé, de larges cloques couvraient son bras, le dos, commençaient à se répandre sur les jambes. La douleur était si atroce qu’il en hurla, avant de serrer les dents et se forcer à avancer. Maîtriser le don du feu ne signifiait pas qu’on ne pouvait pas mourir mourir brûlé vif… Il s’obligea à se reprendre et tendit brusquement la main devant lui en essayant d’ignorer la douleur, pour repousser les flammes et s’ouvrir une voie.

Charles était incapable de dire par quel miracle il parvint à quitter finalement le bâtiment, puis tituber jusqu’au point de rendez-vous, non loin de l’ambassade. Ses blessures et ses brûlures le faisaient souffrir atrocement et il n’était même pas en état d’appliquer, sur lui-même, la petite technique de soin habituelle, pour diminuer la chaleur et les cloques. Il s’était à moitié effondré lorsqu’il fut récupéré par les résistants, puis allongé sur la banquette arrière d’une voiture, qui démarra en, trombe. La tête posée contre les genoux de quelqu’un derrière lui, deux mains compressant ses plaies ouvertes, en lui arrachant un lourd gémissement de douleur. Les chaos de la route n’arrangeaient vraiment rien, il voulait s’évanouir, pour ne plus avoir à supporter ça. Le moindre mouvement devenait un supplice pur, ajouté à l’humiliation cuisante d’avoir échoué aussi lamentablement.

"Serrez les dents, vous devez tenir jusqu’au bout."

Oui… Il ne pouvait pas répondre. Plongé dans un état de semi-inconscience, ballotté par chaque virage et chaque à-coups. Il dû s’évanouir, sans doute, durant tout un moment, car lorsqu’il rouvrit les yeux, les lumières défilant n’étaient plus du tout les mêmes… Il perdit à nouveau connaissance, cette fois-ci pour de bon, après avoir vaguement entendu de nouvelles voix parler tout autour de lui. Le second réveil fut le bon… Il était allongé dans un petit lit et recouvert d’une couverture, dans ce qui semblait être une petite chambre, tout à fait classique et sobre. Complètement hébété, il bougea un peu, prenant conscience qu’il était recouvert de lourds bandages et de compresses. Blessé mais vivant. Un miracle. Au même instant, un homme assez âgé entra dans la chambre, portant de l’eau, avec un grand sourire.

"Comment te sens-tu, fiston ?"

"B… bien…"

Le grand-père vint près du lit pour l’aider à boire, puis lui dit qu’ils étaient dans sa ferme, à une bonne heure de route de Paris, et qu’il ne risquait rien, ici. Il avait été soigné, ils étaient loin de tout et isolés de la grande ville, tout le monde allait bien. Au-dehors, la lueur du jour commençait à se montrer. Charles était toujours très sonné, il avait beaucoup de mal à comprendre ce qu’on lui disait et n’osait pas réellement bouger, de peur de raviver la douleur. Il avait échoué…

"J’ai tout raté…" murmura-t-il.

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Dés - Comment se passe la route : 14
Survivre au voyage : 7
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MessageSujet: Re: Les affaires sont les affaires   Les affaires sont les affaires EmptyVen 10 Avr - 9:37

Le chauffeur gardait les yeux rivés sur la route, appuyant sur l’accélérateur de plus en plus, malgré l’obscurité et les nombreux virages. Ils quittèrent paris à une vitesse record, avant de s’enfoncer dans la campagne, sur des routes plus cahoteuses, dans la nuit totale. Victor, de son côté, était régulièrement des regards vers l’arrière de la voiture, où leur jeune confrère était à moitié évanoui. Pâle comme la mort. Ils roulaient toujours, aussi vite que possible, mais ne pouvaient pas vraiment éviter au blessé de ressentir tous les coups de la route, ce qui pouvait empirer ses blessures et faire couler plus de sang encore. Il pourrait bien mourir en cours de trajet… Victor grogna, les dents serrées, puis retourna les yeux vers la vitre et la noirceur de la nuit. Le temps semblait s’écouler horriblement lentement, ils n’avançaient pas assez vite ! Mais ils ne pouvaient pas faire mieux…

Une heure plus tard, ils arrivèrent enfin au refuge prévu après l’opération, une ferme à la sortie du petit village Saint Maurinay, tenu par un vieil homme et son épouse. Dès leur arrivée, Jean-Jacques, le propriétaire, sorti de la maison, et ensemble, ils transportèrent avec précaution le jeune homme dans une petite chambre à l’arrière de la ferme et l’allongèrent sur le lit. Le petit ouvrit très vaguement les yeux, durant un instant, puis s’évanouit de nouveau, ce qui n’était franchement pas plus mal, étant donné son état. Victor prit des ciseaux pour découper les vêtements, pendant que leur hôte préparait des compresses, des bandages et que sa femme venait leur amener de l’eau chaude, avec du désinfectant. Une fois la chemise retirée, les blessures rendaient un plus sale aspect encore, même avec les bandages improvisés dans la voiture.

Aucun d’entre eux n’étaient des médecins, tous n’avaient que des notions de base, comme à peu près tout le monde, et ils firent au mieux. Le pire serait que le petit ait attrapé une quelconque infection, par ses blessures, durant le trajet… Ils le soignèrent avec précaution, et Michelle, l’épouse de leur complice, fit même des points de suture au jeune homme, avant qu’ils ne bandent les plaies. Le pauvre gamin avait déjà pas mal de cicatrices à cause de ce qu’il avait vécu dans le Jura, voilà qui n’allait pas l’arranger. Après l’avoir soigné, ils le recouvrirent d’une couverture bien chaude puis le laissèrent se reposer. En sortant de la chambre, Victor s’autorisa enfin à lâcher un très long soupir. Eh bien, ils n’étaient pas passés très loin, sur coup-là. Assis dans un petit fauteuil, il refusa d’un petit geste de main le verre proposé par Michelle, s’allumant plutôt une cigarette. Ses deux complices étaient ressortis, prendre un peu d’air.

Que s’est-il passé, exactement ?

Victor tira une bouffée sur sa cigarette, puis leur résuma l’opération dans les grandes lignes, comment ça s’était déroulé. Ils savaient dès le début, évidemment, que c’était bien le type opération suicide, avec des risques considérables, mais qui pouvait aussi rapporter un énorme bénéfice en cas de succès. Las, ils avaient raté leur coup. Ils passèrent le reste de la nuit à parler de tout ça, puis se reposer. Au jour levé, Jean-Jacques retourna voir leur blessé, pour lui apporter de l’eau et de quoi manger. Victor, de son côté, était toujours dans le fauteuil, à moitié endormi. Il se leva finalement à son tour, en se massant la nuque, et alla dans la chambre. Sale mine, le gamin, c’était clair. Tirant une chaise, l’affairiste s’installa près du lit, bras croisés.

Pas la peine de vous mettre Martel en tête, vous saviez comme nous que cette opération était à très haut risque. Le principal, c’est que vous soyez en vie. Ce n’est qu’une occasion manquée et rien de plus. On ne peut pas réussir à chaque coup.

A l’heure qu’il était, paris était sûrement encore en ébullition. Victor se leva juste le temps de verser aussi un café à leur hôte et en prendre un pour lui. Si le petit pouvait en boire… Ou peut-être de l’eau, surtout, vu son état.

Dès que vous serez un peu plus en état, on vous emmènera dans une des bases sûres. D’ici là, contentez-vous de dormir et reprendre des forces. Nous ne sommes qu’au début des combats.
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MessageSujet: Re: Les affaires sont les affaires   Les affaires sont les affaires EmptySam 18 Avr - 12:23

"Pas la peine de vous mettre Martel en tête, vous saviez comme nous que cette opération était à très haut risque. Le principal, c’est que vous soyez en vie. Ce n’est qu’une occasion manquée et rien de plus. On ne peut pas réussir à chaque coup."

Charles tourna doucement la tête vers son collègue de mission, qui venait d’entrer dans la chambre, sans pouvoir retenir une légère grimace. Évidemment qu’il savait dès le début que toute l’affaire était extrêmement risquée, mais ça ne l’empêchait pas de se sentir mal pour avoir échoué. Il refusa d’un petit signe de tête le café et l’eau que le grand-père lui montra, la gorge trop serrée pour avaler de nouveau quoi que ce soit. Il ne pouvait pas beaucoup bouger, de toute façon, l’épuisement lui retombait dessus avec la lourdeur d’un char, il était incapable de remuer et encore moins accomplir beaucoup d’efforts. Il baissa un peu le nez, voyant même avec la couverture qu’il était à moitié nu, avec bien plus de bandages qu’il ne l’avait cru au début. Un autre coup d’œil sur le côté lui permit de voir sa chemise déchirée, posée dans un coin, recouverte de sang. Ce n’était… pas passé très loin.

"Dès que vous serez un peu plus en état, on vous emmènera dans une des bases sûres. D’ici là, contentez-vous de dormir et reprendre des forces. Nous ne sommes qu’au début des combats."

Il hocha un peu la tête puis adressa un sourire au propriétaire des lieux pour le remercier de son hospitalité et des soins reçus. Le grand-père lui tapota doucement l’épaule, puis se redressa, silencieux le temps de boire lui aussi un peu de café. Le jour se levait, peu à peu, et le soleil léger d’hiver venait gorger la pièce de lumière, à mesure que les minutes défilaient. Charles, de son côté, repensait à l’opération, à tout le déroulé de la soirée, et au combat mené. Il y avait tout de même une certaine fierté à l’avoir emporté, ou en tout cas à avoir survécu, plutôt, face à de nombreux gardes armés. Chaque mission obligeait à se dépasser et à apprendre toutes les techniques possibles, pour se battre. Pour survivre. Contrôler la peur.

"Je crains les représailles," murmura tout à coup leur hôte. "Ce type de gouvernement peut tout à fait vouloir se venger contre les prisonniers politiques ou contre ceux qui ont été envoyés dans les camps de rééducation et d’internement."

Ils oseraient faire exécuter des civils pour ce qui s’était produit à l’ambassade… ? Charles sentit son estomac se tordre violemment, voulant nier, mais se taisant. Comment réfuter pareille idée, ils étaient en dictature, évidemment que c’était possible… Il se redressa un peu malgré tout contre l’oreiller, se forçant à garder les idées un peu plus claires et éveillées pour répondre. Dans le fond, il refusait malgré tout de croire que l’État puisse tomber aussi bas.

"S’en prendre aux prisonnier des camps retournerait l’opinion publique contre eux. Beaucoup y ont de la famille."

"Pas forcément. La propagande peut appuyer le fait que ce soit des criminels e résistants qui ont été exécutés en représailles, et se servir de ça comme moyen de pression contre tous les rebelles du pays. Certains pourront vouloir cesser le combat et ne pas prendre le risque que des civils paient à leur place. C’est un moyen redoutable pour une dictature."

Le jeune homme se sentit naïf de ne pas avoir pensé à ça avant… Ce qui lui fit amener une question, bien plus terrible encore, en tête. S’il l’avait su, se serait-il engagé malgré tout, aurait-il entrepris la moindre action, aurait-il combattu tout en sachant que des innocents pouvaient payer à sa place ? Quel prix était-il prêt à payer pour rétablir la démocratie… ? Il se mordit les lèvres jusqu’au sang, hanté soudainement par cette interrogation…
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MessageSujet: Re: Les affaires sont les affaires   Les affaires sont les affaires EmptyDim 19 Avr - 13:36

Le silence retomba, l’espace d’un moment, ils ne faisaient que boire un peu de café, prendre du repos, regarder le jour se lever peu à peu. Victor songeait aux répercussions que toute cette affaire allait avoir, pas seulement dans le monde politique mais aussi à un plus haut niveau. Même si les envoyés Allemands n’avaient pas été directement visés, ils prendront sans doute cela comme une attaque personnelle, après tout, le moment choisi était très loin d’être anodin, ils n’auront pas tord. L’homme d’affaires retint un léger soupir, le regard perdu vers le paysage agricole qu’il voyait depuis la fenêtre et les rares passants, à cette heure, sur les routes. Dès ce jour, il devra recontacter certaines personnes, afin de suivre les réactions côté Allemand, et la façon dont le gouvernement allait en profiter pour renforcer sa politique sécuritaire. Ce qu’il craignait le plus, c’était que la France et l’Allemagne décident de nouer une alliance plus… poussée… Vis à vis de la création des camps d’internement.

Je crains les représailles. Ce type de gouvernement peut tout à fait vouloir se venger contre les prisonniers politiques ou contre ceux qui ont été envoyés dans les camps de rééducation et d’internement.

Oui…


C’était déjà arrivé, une fois, une seule, mais cette étape affreuse avait déjà été franchie. Certes, pas en masse, et les civils ayant été exécutés étaient de la même famille que l’homme ayant commis le sabotage. Mais le gouvernement pouvait aussi décider de faire exécuter des civils n’ayant aucun lie avec leurs cibles d’origine, comme « simples » otages. C’était ce qui risquait d’arriver, ils le savaient tous… Toutes les dictatures sombraient, tôt ou tard, dans ce genre d’horreur, menant des actions de représailles et vengeance contre la population locale ou contre des prisonniers, tenus en otage, qu’on utilisait comme moyen de pression. Si la famille tuée n’avait pas attirée de sympathies, décriée dans la presse et dépeinte comme alliée de vulgaires terroristes, comment espérer que les prisonniers politiques soient mieux traités ?

S’en prendre aux prisonnier des camps retournerait l’opinion publique contre eux. Beaucoup y ont de la famille.

Pas forcément. La propagande peut appuyer le fait que ce soit des criminels et résistants qui ont été exécutés en représailles, et se servir de ça comme moyen de pression contre tous les rebelles du pays. Certains pourront vouloir cesser le combat et ne pas prendre le risque que des civils paient à leur place. C’est un moyen redoutable pour une dictature.


Le petit n’avait jamais dû penser à ça auparavant, étant donné son air… Pour sa part, c’était une question qui avait lourdement hanté l’esprit de Victor, comme bien d’autres déjà, au sein de la résistance. Il n’était pas possible de savoir où se trouvait ses limites personnelles avant d’en arriver au jour où on se cognait brutalement le nez dedans. Comment savoir en amont la façon dont on pouvait réagir, chacun, face à telle ou telle horreur ? Qui pourrait dire avant comme il ou elle réagira face à la perte d’un proche, l’emprisonnement, la torture ou encore, dans ce cas-ci, la menace d’un otage, un civil pouvant être tué à cause de vous et de vos actes ? Comme bien d’autres, avant de s’engager, Victor s’était dit « Bien sûr que je réagirai comme ça ! ». Puis il avait été confronté à la réalité, abrupte, et… D’un seul coup, toutes vos illusions s’envolaient…

Il ne savait donc pas quoi dire au petit, il n’était pas même sûr qu’il existe une réponse juste à ce genre de questions. Il n’était pas certain non plus qu’il soit possible de reculer. Ou bien, si, lorsque vous n’aviez as encore connu ni vécu trop de choses, que vous n’aviez pas encore poussé trop loin et que, surtout, votre nom n’était pas sur la liste de vos ennemis, fuir au loin, quitter le pays, était encore possible. Mais sinon ? Une fois fermement engagé, que vous soyez encore anonyme ou pas, pouvait-on oublier ? Il se redressa un peu, hésitant, puis ouvrit finalement la bouche.

Il n’y a pas… réellement de réponse morale… Les otages n’ont rien demandé à personne. Mais vos actes sont une réponse à la dictature et à la violence. Ne rien faire, ne pas agir, c’est finalement être complice. Mais je ne crois pas que quiconque pourra bien s’en sortir… Je ne sais pas si on peut vraiment sortir vainqueur d’une guerre, peu importe sa fin. Il faudra bien vivre avec tout ça sur la conscience.

Ce n’était pas encourageant, mais c’était tout ce qu’il pouvait lui dire. Beaucoup avaient choisi d’abandonner, avec la menace brandie sur leurs familles ou sur d’autres otages. Et d’autres, tout aussi nombreux, avaient choisi de continuer, quoi qu’il arrive. Pour la majorité, ils changeaient, leur ancien être était brisé, pour devenir quelqu’un d’autre. Quelques uns avaient perdu la raison, aussi. Mais quoi qu’il arrive maintenant, aucun d’entre eux ne pourra jamais revenir en arrière ni oublier.
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