Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Le jeu des apparences

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Sengoku Hidehisa
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Sengoku Hidehisa
MessageSujet: Le jeu des apparences   Le jeu des apparences EmptyMar 6 Aoû - 8:10

Il y a des ces missions qui ne s’inventent pas. Des missions pourtant d’une importance capitale, des missions pouvant bouleverser le cours tout entier de la guerre ! Victor n’avait donc guère été surpris de la demande de la leader de la Rébellion, c’était on ne peut plus naturel et et ordinaire, au sein d’une guerre. C’était en sus son milieu, son excellence. Le jeu des apparences, de l’espionnage et des multiples alliances dont on devait jongler, voilà l’air qu’il respirait chacun des jours que Dieu faisait sur ce monde. Ce soir-là, le centre de formation était en ébullition, comme à son habitude, et des cours beaucoup plus particuliers que d’autres s’organisaient. Pour sa part, une fois n’est pas coutume, Victor avait affaire à une parfaite débutante. C’est pourquoi il avait pris soin de séparer leur salle de travail par quelques paravents et rideaux, pour ne pas être dérangés par les autres exercices.

Ainsi, il avait réquisitionné une partie de la grande salle, étant donné que toutes les autres pièces plus petites et plus propices étaient déjà prises pour le moment. Un fait rare mais aussi exceptionnel, étant donné que des équipes s’étaient organisée sur une sorte de grande chaîne de montage, à la façon d’une usine, pour monter de nouvelles armes, plus résistantes et performantes que celles équipant la Rébellion jusqu’ici. Les voler aurait été plus simple, hélas, on a pas toujours ce qu’on veut, n’est-ce pas ? Avoir obtenu les pièces avant qu’elles ne soient envoyées dans l’usine finale, bien plus sécurisée, restait une victoire conséquente. Soit, là n’était pas le sujet, pour le moment. Victor s’était préparé, lui aussi, et il avait même sous les yeux le dossier de sa « cliente » désignée. Une professeur, elle aussi, fait amusant.

Bien sûr, il aurait été plus facile d’orchestrer cette tâche avec une femme maîtrisant déjà les codes « de base » de la Haute Société et de ce qui l’attendait, enfin, ils feront avec. Lorsque sa cliente arriva, il la jaugea d’abord d’un regard rapide, avant d’aller vers elle. Tenue droite, juge ou robe, sage, petite manteau, pas de sourire, coiffure qui ne ferait pas rêver les hommes si on la laissait en état, maquillage très banal, quasiment inexistant. Il y avait certes pas mal de travail ! Il la salua tel le parfaite gentleman, avec un baisemain et une légère inclination, avant de l’inviter à s’asseoir sur une des trois petites chaises, et laisser retomber derrière elle les rideaux servant de portes improvisées.

Mademoiselle Dumoulin, je me présente dans les formes. Je me nomme Victor de Matharel, président de diverses sociétés et d’un groupe de finances, ici pour vous former aux joies et aux troubles de la mission qui sera la vôtre. Veuillez pardonner cet espace improvisé, il se trouve que les pièces fermées sont occupées par les chaînes de montage des nouvelles armes. Cela passera.

Ils allaient certes entendre les bruits causés, dans cette grande salle, par ceux s’entraînant au lancer de couteaux ou s’exerçant sur diverses compétences, mais ce n’était pas un si grand mal. Chacun était conscient, par ici, de l’importance de s’entraîner, que ce soit sur les activités les plus physiques ou les plus créatives. Il devait être aux alentours de dix-sept heures, l’activité battait son plein.

Les missions d’espionnage sont de la plus haute importance, d’une délicatesse infinie. Lorsqu’on part de rien, comme vous, l’entraînement est certes… assez long. Bien que cela dépende aussi du cœur que vous y mettrez. Vous devrez savoir charmer, vous faire remarquer dans un sens bien précis, discuter, maîtriser les codes du milieu où vous serez plongée… Tout cela passe par les connaissances, le mental, savoir se défendre avec ou sans armes, mais aussi, et ce sera le plus important, la maîtrise parfaite des apparences physiques. Il va y avoir un lourd travail… Cela vous arrive-t-il de porter des tenues pour plaire, de vous servir de votre corps pour amener votre compagnon au lit avec vous, ou vous contentez-vous de plus platonique ?
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Céleste Dumoulin
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Céleste Dumoulin
MessageSujet: Re: Le jeu des apparences   Le jeu des apparences EmptyVen 9 Aoû - 14:57

Céleste – Je vais y aller, dit-elle en se rapprochant de Cyprien et en l’embrassant. Si tu es fatigué, ne m’attends pas. J’ignore ce qui m’attend vraiment…

Un peu nerveuse, Céleste resserra sa veste sur elle et quitta l’appartement qu’elle partageait avec Cyprien, rejoignant l’extérieur en quelques foulées. Elle ignorait ce dans quoi elle s’engageait précisément, pour ces premières séances « d’entraînement », Gabriella lui ayant juste demandé si elle acceptait de séduire le Président pour dénicher des informations. Cyprien n’avait rien dit, à ce sujet, il acceptait et se doutait que sa compagne souhaite s’engager davantage dans la Résistance. Tant qu’elle ne les abandonnait pas… Ce que, de toute manière, Céleste refusait de faire. Lucas comptait beaucoup trop pour elle, maintenant, tout comme son meilleur ami. Elle serait formée et non pas lâchée dans la nature comme une novice, elle avait entièrement confiance à la ou les personnes qui lui apprendraient tout ce qu’elle devait savoir. Quant à l’assimiler… Aucun problème non plus. La jeune femme apprenait et répétait très vite.

Des mèches rebelles volant devant ses yeux à cause du vent froid de janvier, Céleste les remit derrière son oreille tout en se dirigeant vers le centre de formation, d’entraînement ou elle ne savait plus quel nom il avait exactement. Elle était en robe, simple mais celle qu’elle jugeait la plus adéquate à l’entraînement de ce soir. C’était… sobre, en soi, mais un minimum habillé. Un peu. Pour être honnête, elle n’avait absolument aucune belle tenue dans son armoire, ne sortant jamais et évitant les soirées en temps normal. Elle n'était pas une personne très excentrique, que du contraire, mais avait au moins fait un effort ce soir pour montrer ce qu'elle avait dans son armoire. S'étant coiffée très vite pour ne pas être dérangée par ses cheveux, Céleste avait fait de son mieux étant donné qu'ils faisaient... souvent n'importe quoi. D'autant plus qu'elle n'y passait pas énormément de temps, il restait tant à faire dans cette nouvelle école. Ils n'étaient pas ici depuis longtemps, à peine une dizaine de jours, tous prenaient encore leurs marques et essayaient d'aider les élèves du mieux qu'ils le pouvaient. Des six-cents inscrits initialement, il n'en restait que le tiers, les autres ayant préféré rentrer chez eux pour se cacher ou fuir. Cela en déstabilisait plus d'un...

La jeune professeure arriva au centre de formation, bâtiment qu’elle avait déjà eu l’occasion de voir récemment avec des collègues et militaires pour un « entraînement », et marcha jusqu’à la grande salle en cherchant la personne qui devait la former du regard. Pas trop difficile, en soi, puisqu’une grande partie de la salle était occupée par des machines, ou tables, avec des morceaux d’armes et il n’y avait pas grand monde qui semblait attendre quelqu’un ou quelque chose. Il y avait énormément d’agitation, dix-sept heures devant être l’heure des séances d’entraînement pour beaucoup de Résistants. Elle était arrivée à l’heure, comme à son habitude, et vit immédiatement un homme plus grand qu’elle avec moustache et cheveux bruns, courts, très soignés. Sa tenue témoignait d’un rang social plus élevé mais lui-même n’attirait pas spécialement le regard. Il était même très mince mais toujours avec cette même élégance.

Aïe. Ce premier contact allait coincer, Céleste faisait pâle figure à côté de lui, dans ces vêtements qui ne la mettaient pas spécialement à l’aise car peu portés. Ce n’était pas son style vestimentaire. Il la salua dans les formes que son rang social exigeait, avec un baisemain et une inclination, avant de l’inviter à s’asseoir sur une des petites chaises dévoilées par le rideau qu’il avait soulevé. Hum. Si elle pensait que ce rideau dissimulait quelque chose, jamais elle n’aurait pensé qu’il avait aménagé un coin pour cette formation. D’accord… Le remerciant, la jeune professeure patienta, attendant de connaître le nom de son interlocuteur et d’en savoir plus. Lui savait déjà tout d’elle, il était donc juste qu’elle en sache un peu plus sur lui, non ?

M. de Matharel – Mademoiselle Dumoulin, je me présente dans les formes. Je me nomme Victor de Matharel, président de diverses sociétés et d’un groupe de finances, ici pour vous former aux joies et aux troubles de la mission qui sera la vôtre. Veuillez pardonner cet espace improvisé, il se trouve que les pièces fermées sont occupées par les chaînes de montage des nouvelles armes. Cela passera.

Céleste hocha la tête pour signifier que cela ne la dérangeait pas, le bruit n’était pas incommodant pour elle. Professeure, elle en avait l’habitude durant les cours pratiques d’élément foudre, seuls cours où elle tolérait du bruit et des bavardages. En cours théorique, par contre, elle devait entendre les mouches voler et était intransigeante. On ne peut pas se concentrer dans le bruit ! Du moins, pas à l’âge qu’ont les adolescents. Et la foudre n’est pas un jeu. Concernant « l’espace improvisé », il était déjà très bien organisé à ses yeux et son formateur avait bien géré l’espace. Il en avait sûrement l’habitude, Céleste n’était pas la première personne qu’il formait à des fins de ce genre. Silencieuse, elle attendit la suite, attentive, ignorant les bruits qui résonnaient dans la grande salle.

M. de Matharel – Les missions d’espionnage sont de la plus haute importance, d’une délicatesse infinie. Lorsqu’on part de rien, comme vous, l’entraînement est certes… assez long. Bien que cela dépende aussi du cœur que vous y mettrez. Vous devrez savoir charmer, vous faire remarquer dans un sens bien précis, discuter, maîtriser les codes du milieu où vous serez plongée… Tout cela passe par les connaissances, le mental, savoir se défendre avec ou sans armes, mais aussi, et ce sera le plus important, la maîtrise parfaite des apparences physiques. Il va y avoir un lourd travail… Cela vous arrive-t-il de porter des tenues pour plaire, de vous servir de votre corps pour amener votre compagnon au lit avec vous, ou vous contentez-vous de plus platonique ?

Céleste – Je vous demande pardon ?, dit-elle immédiatement, sans même réfléchir à la personne qui se trouvait en face d’elle.

Dire que Céleste manquait d’expérience dans le milieu de la Haute Bourgeoisie, passe encore, elle le savait et ne l’avait jamais caché. Après tout, ses parents ne faisaient pas partie de ces familles qui participaient à de nombreuses soirées, portaient des vêtements incommensurablement chers, cherchaient à se faire bien voir des voisins ou familles plus riches… Non, c’était une famille avec un rythme de vie correct, pouvant sortir mais vivant avec ses acquis et le capital dont il disposait déjà. Son père, apothicaire, leur avait appris de ne pas dépenser l’argent à gauche et à droite, qu’une vie humble et sobre était meilleure parce qu’une fois entrés dans un rythme démesuré… Eh bien, il fallait l’entretenir. Donc, oui, Céleste était novice et ne connaissait absolument rien à ce milieu. Mais sa vie privée, comme le mot l’indique, était privée ! La maîtrise parfaite des apparences physiques, un lourd travail… Il ne pouvait pas simplement dire qu’ils devaient travailler le tout sans être médisant à ce point ? Céleste était capable de séduire, si elle le voulait ! Elle n’en avait juste pas eu le besoin avec Cyprien, ils s’étaient rapprochés naturellement parce qu’ils étaient amis, puis meilleurs amis, et voilà. Et puis, elle n’avait pas besoin de se justifier ! Surtout dans une école, où ils pouvaient se retrouver à se relever en pleine nuit pour n’importe quoi. Porter des tenue pour plaire n’était pas possible. Mais ce n’était pas pour cela qu’ils avaient une relation platonique, Cyprien et elle. Au contraire, vu comment les choses avaient commencées, sans oublier que son compagnon voulait un enfant…

Céleste – Je suis professeure. Je ne peux pas me permettre de porter des tenues « pour séduire » alors qu’il y a des adolescents, plus ou moins jeunes, dans l’établissement. Lorsque je suis arrivée au Pensionnat, les problèmes avaient déjà commencé, alors non, je ne peux rien mettre pour « séduire ». Imaginez qu’on soit amené à bouger en plein milieu de la nuit ? Mon compagnon et moi vivons notre vie sans avoir besoin de quelconque artifice. La tenue la plus « habillée » dont je dispose est celle-ci, je n’ai pas vraiment l’habitude de sortir.

Au moins, Céleste avait dit les choses directement sans accuser son « entraîneur », restant polie même si elle avait envie de lui dire bien plus. Elle le fixait toujours droit dans les yeux, écoutant le bruit de la chaîne de montage d’armes derrière les rideaux en fond sans que cela ne la dérange le moins du monde. Droite, elle n’avait pas cillé une seule fois en parlant. Pour être honnête, seul Kimmitsu l’intimidait vraiment… Bradley était impressionnant, oui, mais depuis qu’elle savait que Gabriella ne lui en voulait pas, elle non plus ne l’effrayait pas. Après tout, la foudre, elle connaissait. Ça faisait beaucoup de bruit, pouvait effrayer, oui. Mais, une fois que l’on connaît les élémentaires de foudre et que l’on sait ce qui les calme ou non… Pas besoin de stresser. Donc, cet homme ne l’impressionnait pas, ne l’intimidait pas non plus. Il pouvait bien penser ce qu’il voulait, Céleste allait écouter ce qu’il lui dirait comme elle était là pour cela mais ne se laisserait pas marcher dessus non plus.

Céleste – Du reste, j’assimile assez vite ce que l’on me dit, même si ce milieu m’est étranger. Je suis prête à travailler dur et à y mettre le cœur qu’il faudra, j’ai été prévenue. Mais je n’ai aucun entraînement poussé au niveau physique, Kimmitsu Nakajima m’a dit que je devrais reprendre les bases à ce sujet-là comme les autres qui débutent. Mais vous connaissez sûrement déjà mon dossier, tout comme le contenu de ma garde-robe. Je suis disposée à écouter tout ce que vous me direz.
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Sengoku Hidehisa
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Sengoku Hidehisa
MessageSujet: Re: Le jeu des apparences   Le jeu des apparences EmptyJeu 12 Sep - 20:22

Je vous demande pardon ?

Les mots choisis n’étaient-ils pas assez clairs ? Devait-il reformuler ? Victor s’appuya négligemment contre le bord de la table, derrière lui, en observant avec attention le patchwork étonnant de couleurs venus s’inviter sur le visage de son « élève » du jour. Du rouge, au blanc, puis de nouveau le rouge, bien qu’il soupçonne que cette teinte ne soit pas produite par la gêne mais plutôt par la colère. Il avait donc bien cerné cette femme, ce sera effectivement long, car elle ne maîtrisait visiblement pas encore les codes et es méthodes les plus basiques, dans les relations autant verbales que physiques. Non, hélas, elle parlait encore trop avec son cœur et ses sentiments, avant de songer à utiliser sa tête. Prévisible, bien entendu, c’était le cas du peuple ordinaire, celui qui n’avait jamais eu à apprendre le grand jeu des apparences et des relations publiques, à qui on ne demandait pas non plus de le faire. Bien au contraire, ce serait briser une large part de la manipulation.

Je suis professeure. Je ne peux pas me permettre de porter des tenues « pour séduire » alors qu’il y a des adolescents, plus ou moins jeunes, dans l’établissement. Lorsque je suis arrivée au Pensionnat, les problèmes avaient déjà commencé, alors non, je ne peux rien mettre pour « séduire ». Imaginez qu’on soit amené à bouger en plein milieu de la nuit ? Mon compagnon et moi vivons notre vie sans avoir besoin de quelconque artifice. La tenue la plus « habillée » dont je dispose est celle-ci, je n’ai pas vraiment l’habitude de sortir.

Oui, oui, peu importe. Victor se contenta de vaguement hausser les épaules, la partie « habillement » n’était guère la première dont il fallait se soucier. Ils y viendront – et ce sera là encore un beau travail si cette robe était vraiment ce qu’elle nommait une tenue habillée – mais immédiatement. Elle lui confirmait ce qu’il avait songé et donc par où ils devaient commencer. Une femme du peuple, peut-être issue de la petite bourgeoisie mais qui n’en maîtrisait pas les codes pour autant, ayant visiblement vécu de la même façon que la classe moyenne. Une femme qui n’avait pas encore été sérieusement touchée par la guerre, encore moins par les impératifs physiques et mentaux que cette dernière exigeait. En un sens, c’était presque touchant, il avait devant lui une âme encore vierge et propre, aucun sang sur les mains, ignorant ce que cela faisait d’en avoir.

Les espions n’étaient pas les premiers à devoir en arriver là, évidemment… Il n’en restait pas moins qu’ils faisaient tout de même parti des plus exposés qui soit, si ce n’est les plus exposés, et que leur plus grande protection consistait en leur savoir-faire. Les mauvais et les maladroits ne faisaient pas long feu… L’espionnage était l’un des métiers les plus dangereux et les plus exigeant. Le mental devait être en acier trempé, sous peine de quoi, la personne perdait toutes ses chances dès le départ. On ne confiait pas de telles missions aux esprits faibles. Victor ignorait si cette femme avait conscience ou non de ce qu’on attendait d’elle ou si cela était aussi une partie de ce qu’il devait lui enseigner. Contrôle de soi, mental solide, maîtrise des apparences, connaissances en béton, sur de multiples sujets, le plan était vaste.

Du reste, j’assimile assez vite ce que l’on me dit, même si ce milieu m’est étranger. Je suis prête à travailler dur et à y mettre le cœur qu’il faudra, j’ai été prévenue. Mais je n’ai aucun entraînement poussé au niveau physique, Kimmitsu Nakajima m’a dit que je devrais reprendre les bases à ce sujet-là comme les autres qui débutent. Mais vous connaissez sûrement déjà mon dossier, tout comme le contenu de ma garde-robe. Je suis disposée à écouter tout ce que vous me direz.

La question sur le contenu de votre garde-robe m’a servi à juger votre niveau actuel de réactivité et la manière dont vous formulez vos réponses, votre mode de pensées. Vous débutez, effectivement. Nous allons donc commencer par les bases les plus simples. Vous devez certainement connaître le nom de Margaretha Geertruida Zelle… Ou plutôt Mata Hari, fusillée à Vincennes en 1917.


Il lui montra d’un geste souple une photo assez grande de la demoiselle, dans une tenue simple mais élégante. Une photo prise quelques mois à peine avant son arrestation puis sa mort, au beau milieu de la Grande Guerre. Son histoire avait fait un très grand bruit, à cette époque, un bruit qui avait fait naître également sa légende. Oh, bien sûr, certains faits avaient dû être enjolivés, depuis 1917, renforçant l’aura mystérieuse de la belle espionne. Mais que serait une légende sans cela ? Le fait était qu’il s’agissait d’une très belle femme. La beauté physique, surtout la beauté féminine, était une arme on ne peut plus redoutable.

Un espion ne combat pas mais est en première ligne, et surtout, il est seul. Trois aptitudes essentielles à ce métier, ma chère. Un, maîtriser le langage, ne tomber dans aucun piège verbale comme celui où vous venez de vous glisser, mais savoir en tendre aux autres. Deux, maîtriser le langage du corps et s’en servir comme d’une arme. Trois, posséder des compétences mentales et physiques fortes. On peut ajouter à ça un atout, être une femme. Le beau monde ne se méfie pas des femmes autant qu’il le devrait. Margaretha Geertruida Zelle en a joué, une espionne fameuse et une fin digne d’elle.

Oui, elle avait été fusillée, et justement. Elle avait été traitée, à son procès et pour sa mort, comme un soldat l’aurait été, comme un ennemi de valeur l’aurait été, et non pas comme on traitait habituellement les femmes à cette époque, même criminelles. Le juge aurait pu se contenter de la faire enfermer à vie, voire interner dans un hôpital psychiatrique comme ça se faisait, mais non. Il lui avait offert la fin d’un soldat. Il donna la photo à son élève pour qu’elle puisse la regarder de plus près. Un maquillage léger mais simple. Une robe de soirée au goût de 1915, tout comme la coiffure. Peu de bijou, car cette femme savait attirer l’attention sur elle-même par bien autre chose.

Elle a été jugée et tuée comme si elle avait été un homme, preuve de la considération qui lui avait été portée. Vous voyez, on ne peut discuter comme on le ferait avec des amis ou la famille. Avec votre copain, vous réagissez par instinct à ce qu’il vous dit, ce sont des mots qui vous sont adressés, mais plus important, des mots que vous prenez pour vous, personnellement. Pour un espion, il n’y a rien de personnel. Tout ce qui vous sera adressé ne sera pas pour vous, ce ne seront que des outils et des armes que vous devrez utiliser pour les retourner contre vos interlocuteurs, les manipuler ou approfondir votre couverture. Si un homme vous insulte sur votre tenue, vous devrez réagir non pas comme si vous vous sentiez réellement insultée, mais en donnant la réponse qui vous fera passer pour faible, forte, fragile, émotive ou détachée, suivant le plan que vous aurez décidé au préalable. Vous comprenez cela ?
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Céleste Dumoulin
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Céleste Dumoulin
MessageSujet: Re: Le jeu des apparences   Le jeu des apparences EmptyDim 27 Oct - 15:36

M. de Matharel – La question sur le contenu de votre garde-robe m’a servi à juger votre niveau actuel de réactivité et la manière dont vous formulez vos réponses, votre mode de pensées. Vous débutez, effectivement. Nous allons donc commencer par les bases les plus simples. Vous devez certainement connaître le nom de Margaretha Geertruida Zelle… Ou plutôt Mata Hari, fusillée à Vincennes en 1917.

Son formateur lui montra une grande photo de Mata Hari, que Céleste connaissait naturellement tant cette femme était devenue une légende. L’espionne était vêtue d’une robe élégante au décolleté plongeant sans tomber dans le vulgaire. Quelques bracelets fins ainsi que des bagues ornaient ses poignets et ses mains. Un collier, des boucles d’oreille… Rien ne laissait sous-entendre qu’elle était une espionne. Ses cheveux, attachés en chignon large et soigné, accompagnaient sa tenue sans tacher. Avec du recul, la jeune professeur voyait que tout était calculé, chaque élément, la posture… Mais, sans le savoir, n’importe qui aurait pu se méprendre sur la véritable identité de cette femme. Elle était belle, lumineuse, inspirait la confiance et avait un certain regard… comment le qualifier ? Un regard qui ne laissait pas présager son intelligence.

M. de Matharel – Un espion ne combat pas mais est en première ligne, et surtout, il est seul. Trois aptitudes essentielles à ce métier, ma chère. Un, maîtriser le langage, ne tomber dans aucun piège verbale comme celui où vous venez de vous glisser, mais savoir en tendre aux autres. Deux, maîtriser le langage du corps et s’en servir comme d’une arme. Trois, posséder des compétences mentales et physiques fortes. On peut ajouter à ça un atout, être une femme. Le beau monde ne se méfie pas des femmes autant qu’il le devrait. Margaretha Geertruida Zelle en a joué, une espionne fameuse et une fin digne d’elle.

Céleste hocha la tête, écoutant avec attention ce que lui disait monsieur de Matharel. En revanche, elle ne comprenait pas pourquoi Gabriella avait pensé à elle pour espionner le Président… Elle n’avait rien de tout ce qu’il fallait, de toutes ces compétences qui rendent un espion redoutable. Bien sûr, elle savait dissimuler ce qu’elle pensait, elle était capable de manipuler un minimum les gens. Mais le reste… Cela s’apprenait vraiment ? Se maîtriser, elle en était parfaitement capable. Tout ceci n’était qu’un… rôle à jouer, au final, savoir manier les mots et les gestes, tout contrôler sans le montrer. Doucement, Céleste comprenait l’enjeu de cette mission. Elle comprenait tout ce que cela impliquait, autant dans les dangers que les bénéfices si elle parvenait à ses fins. Ne pas se méfier des femmes… Oui, il avait entièrement raison. Mais, aujourd’hui, le climat était différent : il y avait Gabriella. Elle était recherchée et le gouvernement avait sûrement appris à être davantage méfiant des femmes. Logiquement. Non ? Relevant le regard vers son interlocuteur, Céleste prit la photo qu’il lui tendait maintenant, toujours silencieuse. Elle s’était laissée emporter… Honteusement. Et elle avait foncé, tête baissée, dans le piège que lui tendait monsieur de Matharel.

M. de Matharel – Elle a été jugée et tuée comme si elle avait été un homme, preuve de la considération qui lui avait été portée. Vous voyez, on ne peut discuter comme on le ferait avec des amis ou la famille. Avec votre copain, vous réagissez par instinct à ce qu’il vous dit, ce sont des mots qui vous sont adressés, mais plus important, des mots que vous prenez pour vous, personnellement. Pour un espion, il n’y a rien de personnel. Tout ce qui vous sera adressé ne sera pas pour vous, ce ne seront que des outils et des armes que vous devrez utiliser pour les retourner contre vos interlocuteurs, les manipuler ou approfondir votre couverture. Si un homme vous insulte sur votre tenue, vous devrez réagir non pas comme si vous vous sentiez réellement insultée, mais en donnant la réponse qui vous fera passer pour faible, forte, fragile, émotive ou détachée, suivant le plan que vous aurez décidé au préalable. Vous comprenez cela ?

Céleste – Oui, je le comprends, dit-elle après un moment de réflexion. Mais ne pensez-vous pas que l’on se méfiera davantage de moi aujourd’hui ? Avec Gabriella, Mata Hari, et toutes ces autres femmes qui ont causé du tort, il faudra être plus rusé encore que pour arriver à nos fins et avoir les informations tant convoitées. Ils se sont fait avoir plusieurs fois à cause de femmes, quel est le motif pour lequel ils continuent à nous voir comme faibles, fragiles et inoffensives ? Tout être humain apprend de ses erreurs.

Céleste fit une brève pause, n’attendant pas de réponse tout de suite car elle avait encore d’autres questions. Questions qui lui vinrent assez vite, d’ailleurs, et qu’elle ne tarda pas à prononcer. Baissant les yeux sur la photo de Mata Hari, elle la rendit à monsieur de Matharel en reposant ses mains sur ses genoux. Elle n’était pas comme cette femme et ils avaient besoin de quelqu’un assez vite. Si elle avait tout à apprendre, tout à assimiler assez vite… Était-ce seulement possible ? Elle voulait s’impliquer, aider, mais pensait-il que c’était faisable ? C’était lui, l’expert, elle-même n’y connaissait absolument rien.

Céleste – Et, autre question plus… pratique. C’est une vraie question, ce n’est pas un signe de démotivation. Vous qui avez l’expérience et qui avez formé plusieurs personnes, je suppose, vous pensez que c’est possible dans des délais raisonnables avec quelqu’un comme moi qui débute ? Il y a tout à apprendre, je suis consciencieuse, mais je pensais que ce serait… urgent. Avons-nous le temps matériel pour cela ? Si oui, par quoi commencerons-nous ?
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Sengoku Hidehisa
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Sengoku Hidehisa
MessageSujet: Re: Le jeu des apparences   Le jeu des apparences EmptyDim 27 Oct - 18:41

Un léger claquement de veste, en s’asseyant sur le rebord de la table, mains posées contre son rebord sans serrer, une attitude détendue. Un léger sourire faisant suite à la question jaillie de la bouche de son élève du jour. « Toutes ces autres femmes », c’était charmant, mais naïf. Non, hélas non, peu de femmes s’étaient fait remarquer de cette façon. Il serait plus juste de parler des femmes ayant fait progresser la science et les recherches technologiques, plus nombreuses que leur société admettait de l’admettre, dont les exploits étaient ou étouffés, ou volés par des hommes pour leur propre renommée. Elles étaient assez nombreuses, pour autant, personne n’en parlait, car on ne les considérait pas comme importantes été encore moins capables de compétences. Malheureux, certes, mais le monde était ainsi, on ne changeait pas les choses en quelques années, il fallait parfois des décennies entières.

Les femmes qui ne se laissaient pas faire étaient une chose, les femmes prenant leur affaire en main et à une échelle plus grande en était une autre. La seule femme pour qui cela avait été accepté en Europe, du moins aujourd’hui, sans exagérer, était Jeanne d’Arc, ni plus ni moins. Très rares, très, très rares, étaient celles, depuis lors, qui avaient été des espionnes reconnues, des leaders de rébellion, et si cette demoiselle prenait la peine d’étudier son Histoire, il ne lui faudra que quelques minutes pour le réaliser. Leurs sociétés Européennes, comme c’était le cas sur d’autres continents, étaient taillées pour voir les faibles comme de petits êtres fragiles et doux, qu’on devait protéger, qui ne savent pas réfléchir, encore moins prendre des décisions d’importance. Il récupéra la photo d’un petit geste, sans se départir de son sourire.

Et, autre question plus… pratique. C’est une vraie question, ce n’est pas un signe de démotivation. Vous qui avez l’expérience et qui avez formé plusieurs personnes, je suppose, vous pensez que c’est possible dans des délais raisonnables avec quelqu’un comme moi qui débute ? Il y a tout à apprendre, je suis consciencieuse, mais je pensais que ce serait… urgent. Avons-nous le temps matériel pour cela ? Si oui, par quoi commencerons-nous ?

La vie à l’écart, durant des années, dans votre pensionnat vous a rendue bien naïve sur le monde. Les femmes ayant vraiment fait parler d’elle comme reines de la manipulation ou leaders rebelles se comptent sur les doigts d’une seule main. Ce sont des exceptions, qui font peur, qui rendent furieux, qui dégoûtent. Mais ces quelques femmes ne représentent en rien l’image qu’en a la société aujourd’hui. Petit point rapide de société, qu’est-ce qu’une femme aujourd’hui ?


Il lui laissa une petite minute, si elle avait envie d’y réfléchir ou de donner un semblant de réponse, puis leva tout d’abord un doigt. Il déclama qu’en premier lieu, en France comme ailleurs, une femme est comme une belle plante obéissante, que le père doit cultiver, avant de passer le relais à un époux. Deuxième point, deuxième doigt levé. Une femme est par nature évidemment fragile, insouciante et incapable de s’en sortir seule, il faut un homme pour la guider, dans la vie. Troisième point, troisième doigt. Une femme ne peut prendre aucune décision plus importante que choisir la couleur du papier peint dans la maison ou celle des teintures de draps. Quatrième point, quatrième doigt. Une femme est une maîtresse de maison et est une mère. Son rôle est purement domestique. Il reposa main contre le rebord de table, légèrement penché vers l’avant.

Bien sûr, les codes de conduite évoluent selon la classe sociale. Les femmes comme votre ex-directrice sont vues comme des anomalies, voilà tout. La société ne va pas évoluer sur ce terrain juste à cause d’elles, ce serait bien trop beau. Quant à la situation qui nous occupe, ne mélangez pas tout. On peut se presser à former un soldat, pas pour un espion. Les compétences exigées sont différentes. Même s’il ne faut pas des années pour y arriver. Cette guerre, de toute manière, ne se terminera ni demain ni dans un an.

Il lui fit signe de se lever, puis repoussa les quelques meubles de leur espace pour libérer l’endroit. Tout en faisant, il lui expliqua que les espions étaient parfois plus à l’aise sur certaines missions plutôt que d’autres, selon leurs facultés personnelles à rentrer dans tel ou tel rôle. Mais qu’on assignait aussi les missions aux agents selon leurs apparences physiques, car c’est bel et bien l’apparence qui faisait la moitié du travail.

Il manque des personnes pouvant se glisser sans peine dans la Noblesse et les milieux de la finance, des milieux qui comptent, autrement dit, les milieux de pouvoir. Avoir un Nom, notez bien la majuscule, compte comme un atout. Les codes de la Bourgeoisie sont bien moins lourds que ceux de la Noblesse. On va d’abord voir comment vous marchez et dansez.

Il lui fit un autre signe et s’écarta, pour qu’elle marche devant lui. Il voulait observer sa posture et sa gestuelle, tout comptait. Autant où se portait le regard en marchant, que l’endroit où elle plaçait ses mains, ainsi que sa démarche. Marcher pouvait paraître simple, mais un regard extérieur décelait très vite si une personne était à l’aise, angoissée, apeurée, pressée, joyeuse, stressée ou en colère à sa simple démarche. Pour une très grande majorité de personnes, cette démarche se faisait de manière inconsciente. Pour un espion, il devait savoir s’en emparer et l’adapter suivant ses besoins. Il l’observa avec une très grande attention, alors qu’elle devait faire quelques tours de la pièce improvisée. Trop peu de légèreté. De la rapidité. Le maintien de la poitrine et de la tête restait néanmoins bon. Une fois fait, il lui tendit la main.

La danse est une compétence obligatoire pour n’importe quelle personne de pouvoir ou gravitant autour. Les fêtes et façons de dresser un bal évoluent avec le temps mais le besoin de base ne change jamais. Une femme s’affirme en société en attirant sur elle les regards grâce à son talent et son maintien. Je vous laisse conduire, montrez-moi ce que vous savez faire.
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MessageSujet: Re: Le jeu des apparences   Le jeu des apparences EmptyDim 8 Déc - 23:39

M. de Matharel – La vie à l’écart, durant des années, dans votre pensionnat vous a rendue bien naïve sur le monde. Les femmes ayant vraiment fait parler d’elle comme reines de la manipulation ou leaders rebelles se comptent sur les doigts d’une seule main. Ce sont des exceptions, qui font peur, qui rendent furieux, qui dégoûtent. Mais ces quelques femmes ne représentent en rien l’image qu’en a la société aujourd’hui. Petit point rapide de société, qu’est-ce qu’une femme aujourd’hui ?

Ce qu’était une femme aujourd’hui… ? Eh bien… Céleste réfléchit quelques secondes, écartant cependant toutes les réponses qui lui venaient en tête. Elle savait qu’elles ne correspondaient pas à ce que pensait la société, à l’image des femmes en réalité. Elle avait sa propre vision, déformée par son quotidien au Pensionnat comme elle n’avait pas connu énormément de choses en-dehors du milieu scolaire. Là-dessus, son formateur avait entièrement raison… Céleste savait que sa vie était différente, qu’elle était plus naïve que d’autres femmes concernant l’extérieur du Pensionnat même si elle se tenait informée. Ce n’était pas la même chose, elle ne pouvait que deviner la pensée des gens à l’égard des femmes. Adolescente, elle jouait la rebelle à ne pas vouloir faire ce que l’on attendait d’elle en tant que « femme », justement… Et rien n’avait évolué depuis. Sans aucun doute.

Monsieur de Matharel enchaîna avant que Céleste ne puisse répondre, ne trouvant rien à dire d’acceptable et de crédible. Tout en énumérant les quatre éléments composant la définition de « la femme » telle que les hommes la décrivaient aujourd’hui, il leva les doigts de la main, les uns après les autres. Une « belle plante » obéissante, fragile, dépendante et incapable de vivre seule. Elle ne peut prendre aucune décision plus importante que celles concernant l’esthétisme d’une maison ou de literie… Maison dont elle devait s’occuper en plus des enfants. Céleste avait envie de vomir mais se contint à grand peine, portant une main à sa bouche pour étouffer cette soudaine envie et la dissiper au plus vite en avalant sa salive. Désolée, elle n’avait pas… vraiment l’habitude d’entendre cette définition. Mais elle en avait parfaitement conscience… dans les livres. Jamais elle n’aurait imaginé que la majorité populaire pensait réellement comme cela. Reculant un peu, se collant au dossier de son siège par réflexe, la jeune femme observa son formateur pendant qu’il posait sa main sur la table, se penchant légèrement en avant.

M. de Matharel – Bien sûr, les codes de conduite évoluent selon la classe sociale. Les femmes comme votre ex-directrice sont vues comme des anomalies, voilà tout. La société ne va pas évoluer sur ce terrain juste à cause d’elles, ce serait bien trop beau. Quant à la situation qui nous occupe, ne mélangez pas tout. On peut se presser à former un soldat, pas pour un espion. Les compétences exigées sont différentes. Même s’il ne faut pas des années pour y arriver. Cette guerre, de toute manière, ne se terminera ni demain ni dans un an.

Là encore, Céleste ne pouvait nier qu’il avait raison… Cette guerre était partie pour durer. Mais jamais elle n’aurait imaginé suivre une telle formation ! Gabriella ne lui avait rien expliqué, avait juste demandé si elle savait tirer, se battre… et avait, naturellement, écarté la médecine de ses domaines possibles d’activité. Quelqu’un qui manie la foudre et la glace ne peut décemment pas s’occuper de patients blessés ou malades, ce n’était pas logique, impossible. Surtout pour le moment, surtout pour Céleste. Il fallait tout reprendre depuis le début et elle ne faisait absolument pas partie du même milieu que le Président… Si elle devait l’approcher, la jeune professeure préférait prendre toutes les précautions nécessaires avant de tenter quoi que ce soit. Monsieur de Matharel lui fit alors signe de se lever, repoussant les meubles de la « pièce » pour dégager un espace au centre. Elle ne demanda même pas pourquoi, fronçant simplement les sourcils quelques secondes avant qu’il n’explique très vite la raison de ce déménagement.

M. de Matharel – Il manque des personnes pouvant se glisser sans peine dans la Noblesse et les milieux de la finance, des milieux qui comptent, autrement dit, les milieux de pouvoir. Avoir un Nom, notez bien la majuscule, compte comme un atout. Les codes de la Bourgeoisie sont bien moins lourds que ceux de la Noblesse. On va d’abord voir comment vous marchez et dansez.

Marcher… ? D’accord… Il lui fit à nouveau signe, s’écartant pour lui laisser la place nécessaire. Céleste marcha comme d’habitude, lui lançant des regards comme il ne disait rien, tout absorbé à l’analyse de sa façon de marcher. Qu’il la laisse deviner… Il allait dire ou penser qu’elle était trop rigide, trop froide, trop rapide, trop fermée. C’est cela ? Les femmes de la Noblesse ne marchent pas comme Céleste, se montrant plus délicates et gracieuses. Elle, en revanche, avait adopté une démarche bien plus rapide et droite au fur et à mesure des années. Elle ne cherchait pas à séduire, que du contraire, et l’attitude froide et pressée fonctionnait bien. Enfin, plus ou moins… Cyprien l’avait approchée, de très près, et avait réussi à nouer des liens plus forts avec elle. Tant et si bien que… Hum. Bref, ne pas penser à tout cela. Les projets de son compagnon, ses envies, ses attentes… Ce n’était pas pour maintenant. Se reconcentrant sur les instructions de son formateur, Céleste ne dit pas un mot, ne regardant même plus dans sa direction jusqu’à ce qu’il lui tende la main au bout de très longues minutes. C’était… la danse, c’est cela ?

M. de Matharel – La danse est une compétence obligatoire pour n’importe quelle personne de pouvoir ou gravitant autour. Les fêtes et façons de dresser un bal évoluent avec le temps mais le besoin de base ne change jamais. Une femme s’affirme en société en attirant sur elle les regards grâce à son talent et son maintien. Je vous laisse conduire, montrez-moi ce que vous savez faire.

Ce qu’elle savait faire en danse… ? Céleste dévisagea un moment son formateur avant de se secouer un peu et de se rapprocher de lui, prenant sa main. Il y a de cela quelques mois à peine, ce simple geste aurait été impossible, pour elle. Et la danse… Elle ne savait pas danser ! Enfin, si, quelques pas vite fait, quelques souvenirs, quelques traces qu’elle avait gardées. Mais de la danse comme chez les Nobles… Jamais. Jamais elle n’arriverait à danser comme eux maintenant. Un peu gênée, la jeune femme mit sa deuxième main au-dessus de l’épaule de son formateur avant de la mettre dans son dos sans trop savoir si ce qu’elle faisait était bon. Ensuite, elle… improvisa complètement.

Pendant cinq longues minutes, ce fut un vrai supplice. Elle naviguait à vue, ignorant si ce qu’elle faisait était bon ou lamentable. Elle se déplaça à gauche, à droite, allait en avant ou en arrière… Elle savait qu’il y avait aussi, très souvent, la possibilité de faire tourner son partenaire mais uniquement les femmes. Plusieurs fois, Céleste lança un regard d’excuse pour avoir été un peu trop brusque, ayant poussé un peu son « partenaire de danse » sans faire exprès. La seule fierté qu’elle en retenait était de ne pas avoir écrasé une seule fois les orteils et les pieds de monsieur de Matharel en l’espace de toute cette danse. Mais c’était… complètement stupide. Il avait déjà parfaitement compris qu’elle ne maîtrisait pas la danse, c’était visible comme le nez au milieu de la figure. Seule la démarche semblait correcte… et encore. Blasée, Céleste finit par s’arrêter, soupirant, levant les yeux vers son formateur. Comment lui dire… ?

Céleste – Écoutez, cela ne rime à rien. Vous savez que je ne sais pas danser, qu’il faut quelqu’un de très ouvert et souriant, qui attire la bienveillance. Or, ce n’est pas mon cas… J’attire tout sauf la bienveillance pour le moment. Ma démarche le prouve, je suppose que vous allez dire que je suis trop rigide, directe, rapide… Alors, de la danse ? Je n’y connais absolument rien. Je n’ai jamais dansé lors de soirées organisées çà et là. Je peux guider, je ne contredis pas ce que vous me demandez, mais j’ignore comment on fait. Comment on met les mains, les pieds… Je n’ai pas marché sur vos pieds et orteils uniquement parce que c’est un genre d’entraînements que l’on fait également aux collégiens. Mais c’est la seule raison… Je suis prête à vous écouter, à vous suivre et à travailler dur. Mais nous perdons tous deux notre temps en restant à danser alors que je ne sais pas. Tout ce que je sais, c’est ce que je vous ai montré en improvisant une bonne partie…
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MessageSujet: Re: Le jeu des apparences   Le jeu des apparences EmptySam 14 Déc - 10:14

Le langage du corps. Plus important que tout, plus important que les mots ! Une fois qu’on le maîtrisait, on gagnait du même coup un avantage sur son adversaire, un pouvoir sur lui. Comme une domination inconsciente permettant de mener la valse à sa guise. La danse n’était pas qu’un exercice mondain, elle était aussi un exercice de contrôle et de pouvoir. Celui ayant pleinement conscience de son corps, de chacun de ses faits et gestes, arrivait ensuite à le contrôler et ne laisser entrevoir uniquement ce qu’il ou elle désirait. Un exercice compliqué, fascinant, fabuleux, qui demandait beaucoup de pratique et d’entraînement, avant d’en faire un art véritable. L’esprit bien formé dans un corps maîtrisé, voila la clé du succès. Un espion plus encore ne pouvait dissocier les deux, pas plus qu’un combattant. Ne disait-on pas un esprit sain dans un corps sain ?

Pas encore de musique, seulement les bruits des hommes travaillant sur les chaînes de montage, derrière les longs rideaux. Il la laissait choisir le type de danse, voulant simplement voir ce qu’elle comptait faire. Elle se lança dans une sorte de valse, visiblement, quoi qu’il n’était en réalité pas certain que ce soit bien cela. Raide, une fois encore, avec une part de gêne. Comme les jeunes enfants à qui leurs parents donnaient des leçons avant de les laisser entrer dans les salons mondains, vers seize ou dix-sept ans, selon les familles. Une fois en âge de les fiancer, bien entendu. Il ne dit pas un seul mot durant ces quelques minutes, prenant simplement le temps de détailler la démarche et les signes du corps. Des signes hurlant le malaise et le manque d’habitude. Il s’était attendu à cela et ce n’était donc pas ce qu’il détaillait le plus. Mais sa cavalière improvisée stoppa très vite.

Écoutez, cela ne rime à rien. Vous savez que je ne sais pas danser, qu’il faut quelqu’un de très ouvert et souriant, qui attire la bienveillance. Or, ce n’est pas mon cas… J’attire tout sauf la bienveillance pour le moment. Ma démarche le prouve, je suppose que vous allez dire que je suis trop rigide, directe, rapide… Alors, de la danse ? Je n’y connais absolument rien. Je n’ai jamais dansé lors de soirées organisées çà et là. Je peux guider, je ne contredis pas ce que vous me demandez, mais j’ignore comment on fait. Comment on met les mains, les pieds… Je n’ai pas marché sur vos pieds et orteils uniquement parce que c’est un genre d’entraînements que l’on fait également aux collégiens. Mais c’est la seule raison… Je suis prête à vous écouter, à vous suivre et à travailler dur. Mais nous perdons tous deux notre temps en restant à danser alors que je ne sais pas. Tout ce que je sais, c’est ce que je vous ai montré en improvisant une bonne partie…

Cessez donc de gaspiller de l’air à râler et vous plaindre, nous avancerons déjà beaucoup mieux.


Il s’écarta un bref instant pour enclencher sa petite radio, branchée sur une fréquence mi-joyeuse, mi-mélancolique, sur des airs de valse. Il reprit ensuite la main de sa cavalière, plus fermement, et lui dit d’un ton plus tranquille que n’importe quel enfant ou jeune adulte apprenait en imitant ses aînés et les personnes plus avancées sur un domaine. Imitation, répétition, appropriation, voilà la base de n’importe quel apprentissage, dans toutes les disciplines. Observez, répétez, puis enfin, refaites-le à votre propre manière. Il lui répéta ces trois mots, imitation, répétition, appropriation, tout en lui montrant tout d’abord les premiers pas. Les pas de « lancement » d’une valse, adoptant la posture et les gestes, la conduisant pour qu’elle fasse de même. Plusieurs fois, suivant le rythme de la musique. Elle savait déjà se tenir droite, c’était un bon début.

La valse est la base de toutes les danses. Danser apprend à maîtriser son corps. Le langage ne vient qu’ensuite. Un œil exercé repère immédiatement un menteur par sa seule posture.

Tout en lui montrant les pas, il la reprenait, de conseils ou d’ordres, sur la posture à adopter. Il convenait d’être à la fois souple et ferme. Souple pour se laisser conduire, dans le cas d’une femme, ferme pour adopter les bons gestes. Pour elle, une main sur l’épaule, l’autre soulevant un peu le pan de sa robe pour ne pas y prendre les pieds mais aussi pour une affaire d’élégance. L’homme tenait sa compagne et la conduisait, dans chacun des pas. Ils n’avaient certes pas beaucoup d’espace, mais cela était suffisant pour les pas les plus simples. Souplesse, toujours la souplesse. S’oublier soi-même pour se laisser guider par la musique, tel était le secret. La danse était une question de regards, de contacts physiques, d’échanges. Une évolution au milieu d’autres personnes, où chacun tenait une place.

Votre passé, le mien ou ceux des autres ne comptent pas. Un espion joue un rôle. Toutes les habitudes prises auparavant ne comptent pas. Ni les postures, ni la façon de parler, ni le mode de pensée ne doivent se retrouver dans ce rôle. On se moque que vous n’ayez jamais dansé. Vous devez apprendre à le faire comme si c’était un don acquis depuis des années. Gardez le regard droit. Fier. La fierté d’un haut rang social.

Il accéléra un peu le rythme, pour les pas de lancement, déjà beaucoup répété, afin de lui faire répéter en temps réel, cette fois-ci. Imitation, répétition, appropriation.
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MessageSujet: Re: Le jeu des apparences   Le jeu des apparences EmptyMer 19 Fév - 14:09

M. de Matharel – Cessez donc de gaspiller de l’air à râler et vous plaindre, nous avancerons déjà beaucoup mieux.

Son formateur s’écarta d’elle un instant pour allumer la radio que Céleste avait repérée quelques minutes auparavant, un air mi-joyeux, mi-mélancolique s’en diffusant. Une valse… D’accord. Céleste s’était préparée et ne sursauta pas, cette fois, lorsqu’il lui reprit la main plus fermement en lui disant d’un ton tranquille que n’importe quel enfant ou jeune adulte apprenait en imitant les aînés ou personnes plus avancées dans un domaine. Merci, cela, elle le savait déjà… Mais la jeune professeure se tut, retenant tous les commentaires qui lui venaient en tête pour l’instant. Si elle ne voulait pas se reprendre une remarque sur son manque de sang froid, mieux valait se taire et écouter. Pour l’instant, elle se focalisa sur les gestes et pas qu’il faisait, se tenant droite comme à son habitude mais tâchant d’être plus légère que dans la vie de tous les jours, plus souple dans ses mouvements pour ne pas donner l’impression à son formateur qu’il dansait avec un balai. Elle l’écouta tandis qu’il répétait les mots imitation, répétition et appropriation plusieurs fois, essayant de retenir les pas et manières de faire.

M. de Matharel – La valse est la base de toutes les danses. Danser apprend à maîtriser son corps. Le langage ne vient qu’ensuite. Un œil exercé repère immédiatement un menteur par sa seule posture.

Compris. C’est ce qui serait le plus dur, dans son cas… Ne pas montrer son passé à travers ses gestes et comportements, postures, paroles. Elle savait qu’elle se faisait souvent trahir par une parole ou un geste auprès de quiconque l’observait depuis un certain moment – elle pensait, notamment, à Kimmitsu, Cyprien ou son ancien professeur d’élément. C’était ceci, en priorité, que Céleste devait travailler à ses yeux. Maintenant… Inutile d’en avertir monsieur de Matharel, il l’avait visiblement compris vu ce qu’il disait et lui apprenait en cet instant précis. Se laissant guider, corriger lorsqu’il le faisait, écoutant ce qu’il disait, la jeune professeur tâchait de retenir le plus d’éléments et conseils possible. Elle n’allait pas tout intégrer en une fois, impossible, mais déjà les deux tiers. La souplesse était ce que Céleste avait le plus de mal à gérer, étant toujours très droite et rigide, comme s’amusait à le répéter Cyprien de temps en temps.  « Détends-toi ! » Facile à dire ! Se détendre, se détendre… Et encore, elle s’améliorait par rapport à l’année passée. Il y a quelques mois de cela à peine, tenir la main de son formateur, pour une danse telle la valse, aurait été au-dessus de ses forces et il l’aurait renvoyée chez elle purement et simplement. Alors, hein, un pas à la fois.

M. de Matharel – Votre passé, le mien ou ceux des autres ne comptent pas. Un espion joue un rôle. Toutes les habitudes prises auparavant ne comptent pas. Ni les postures, ni la façon de parler, ni le mode de pensée ne doivent se retrouver dans ce rôle. On se moque que vous n’ayez jamais dansé. Vous devez apprendre à le faire comme si c’était un don acquis depuis des années. Gardez le regard droit. Fier. La fierté d’un haut rang social.

D’accord… Mais si jamais il arrivait que son rôle se perde ? Que Céleste repense à son passé à cause d’une parole malencontreuse ou encore entièrement volontaire pour la tester ? Acquérir un rôle et oublier son passé durant plusieurs heures était impossible. Non ? Ou alors existait-il des techniques pour ne pas se faire avoir ? Son formateur accélérait le rythme, toujours avec les mêmes gestes et mouvements, Céleste commençant à les mémoriser et à les reproduire en y pensant de moins en moins. A force de faire la même chose, c’était simple et une valse n’était pas si compliquée que cela à danser, au final. Retenant sa question pour l’instant au risque de se faire reprendre pour impertinence, la jeune femme se contenta de faire les pas qui suivaient, écoutant et reproduisant attentivement jusqu’à ce qu’elle sente une « pause » pour pouvoir poser sa question.

Céleste – Que se passe-t-il si le passé revient à la surface au cours d’un échange plus difficile ? J’imagine que c’est déjà arrivé plusieurs fois. Existe-t-il des échappatoires, dans ce genre de situations?
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MessageSujet: Re: Le jeu des apparences   Le jeu des apparences EmptyMer 11 Mar - 10:22

Même lorsqu’on avait la souplesse d’un manche à balai, l’entraînement acharné pouvait vous faire dépasser toutes les limites. Tous les formateurs sérieux le diront, même une personne débutant au niveau zéro pouvait attendre le top, tant qu’elle y mettait beaucoup de cœur. Il lui fit répéter inlassablement, corrigeant parfois sa posture, décélérant parfois afin de mieux lui montrer, puis accélérant de nouveau. La répétition constante des mouvements demeurait un des moyens les plus efficaces d’apprendre une danse, il suffisait de laisser le temps au corps de s’adapter à ces mouvements puis au cerveau de les mémoriser. Il la fit ainsi travailler une vingtaine de minute les pas de base, pour qu’elle s’habitue et commence à se détendre, avant de ralentir un peu le pas. Souplesse, madame, toujours souplesse dans la tenue. Il était attendu d’une dame qu’elle ait une allure grâcieuse.

Que se passe-t-il si le passé revient à la surface au cours d’un échange plus difficile ? J’imagine que c’est déjà arrivé plusieurs fois. Existe-t-il des échappatoires, dans ce genre de situations ?

Si cela arrive, vous êtes morte. Raisonner en pensant qu’il existe des échappatoires à tout est une illusion. Le mental se travaille avant, en amont uniquement. Les personnes solides psychiquement ne laissent pas le passé les dévorer, peu importe toutes les horreurs qu’elles ont pu y vivre. Comment y arriver, à présent, ça se travaille.


Il s’écarta un instant, revenant vers la table, puis mettant, sur un petit réchaud, de l’eau à chauffer. Elle pouvait s’asseoir, si elle le voulait, pendant qu’il préparait un peu de thé. Ils étaient à travailler la danse et poser les bases depuis une bonne heure, désormais, et elle avait pointé un sujet important. Des problèmes, tout le monde en avait eu. Des accidents, des maladies, des décès de proches, c’était des situations normales, dans une vie, même si elles étaient douloureuses. Personne ne peut y réagir de la même façon, tout dépendait de la sensibilité de chacun et de sa manière personnelle d’encaisser puis avaler les chocs. Pendant que l’eau chauffait, il prépara deux tasses et les sachets, tassant un peu le thé pour qu’il ne soit pas trop éventé.

Tout le monde n’a pas la même sensibilité, face aux épreuves. Il existe, cependant, des personnes qui n’ont pas le droit de s’effondrer. Les leaders de guerre ou de rébellion ne peuvent pas pleurer devant leurs hommes, car on ne peut suivre ou avoir confiance en une personne faible. De même, au sein d’une rébellion, si vous avez des responsabilités sensibles, il n’est pas question de se laisser abattre pour un oui ou un non.

Il se pencha un peu pour vérifier si l’eau commençait à frémir, mais pas encore. Ce réchaud n’était pas très efficace, cela dit, il était vieux et devait traîner dans les vieilles affaires de l’ex-pensionnat depuis un certain nombre d’années. Il tira une chaise à son tour, en attendant, pour s’y asseoir tranquillement. Souriant paisiblement à son interlocutrice.

Le truc, car il y a bien un truc, est de ne se concentrer que sur l’avenir et l’objectif à atteindre. Uniquement sur cet objectif et ne jamais penser à ce qui viendra après la réussite, ou l’échec, de cet objectif. Le passé a fourni la motivation nécessaire et peut être oublié, car seul le résultat compte. S’attarder sur des épreuves douloureuses passées et les pleurer est bien l’affaire la plus inutile qui soit. Le passé est juste un poids, qui parasite le présent. Se concentrer sur l’objectif à atteindre, et les efforts à accomplir dans le présent pour y parvenir, éliminent ce parasite.

Il s’interrompit à nouveau car l’eau daignait à chauffer, aussi la versa-t-il doucement dans les deux tasses. Un peu de chaleur, en cette soirée très froide. Au-delà des rideaux, le bruit et l’agitation n’avaient pas du tout cessé, bien au contraire, l’activité flamboyait de plus belle. Victor avait cru entendre, à un instant, que d’autres pièces avaient pu être acheminées jusqu’ici.

Il faut s’attendre à ce que cette démarche change une personne. Notre cher déserteur Bradley est devenu un chef de guerre endurci, par exemple, là où il était autrefois noté comme un simple jeune sergent idéaliste dont personne n’aurait parié un centime sur la carrière. Vous devriez rencontrer un résistant dénommé Alan Asselin, il est un des mieux placé pour apprendre comment dépasser le passé pour avancer vers l’avenir. Je puis lui demander de nous rejoindre, dès maintenant.
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MessageSujet: Re: Le jeu des apparences   Le jeu des apparences EmptyMar 21 Avr - 23:42

M. de Matharel – Si cela arrive, vous êtes morte. Raisonner en pensant qu’il existe des échappatoires à tout est une illusion. Le mental se travaille avant, en amont uniquement. Les personnes solides psychiquement ne laissent pas le passé les dévorer, peu importe toutes les horreurs qu’elles ont pu y vivre. Comment y arriver, à présent, ça se travaille.

Son formateur s’écarta d’elle pour revenir à la table, préparant du thé, visiblement. Céleste ne suivait ses gestes que d’un œil distrait, réfléchissant à ce qu’il venait de dire. Tout se travaillait en amont… Il était vraiment possible de laisser son passé derrière, de ne le laisser transparaître en aucune circonstance ? Elle-même avait essayé à maintes reprises sans y parvenir réellement. Enfin, si. En mettant tout de côté, en enfouissant ces histoires au plus profond d’elle-même de telle sorte qu’elles avaient trouvé un chemin pour s’exprimer sans qu’elle ne le veuille réellement. La glace. Baissant les yeux sur le réchaud puis le thé, les tasses… que maniait M. de Matharel, la jeune professeure le rejoignit sans s’asseoir néanmoins, toujours silencieuse. C’était habituel, pour elle, de passer ses journées debout. Alors, elle le faisait sans réfléchir et ne s’asseyait qu’une fois rentrée ou lorsqu’elle mangeait.

M. de Matharel – Tout le monde n’a pas la même sensibilité, face aux épreuves. Il existe, cependant, des personnes qui n’ont pas le droit de s’effondrer. Les leaders de guerre ou de rébellion ne peuvent pas pleurer devant leurs hommes, car on ne peut suivre ou avoir confiance en une personne faible. De même, au sein d’une rébellion, si vous avez des responsabilités sensibles, il n’est pas question de se laisser abattre pour un oui ou un non.

Comme pour Gabriella ou Albert… C’était pour cela qu’ils ne montraient jamais leurs larmes. Cela était stupide mais, très souvent, Céleste s’était demandé s’il leur arrivait de pleurer. Sûrement, vu les circonstances… Mais l’imaginer était difficile. Pleurer, c’est avouer une faiblesse, montrer que quelque chose nous touche, que nous avons une certaine fragilité. Pleurer, c’est aussi être vulnérable l’espace de quelques minutes ou quelques heures. Et, en temps de guerre, les leaders ne pouvaient pas se le permettre… Alors, pleuraient-ils ? Probablement. Sinon, comment parvenaient-ils à gérer tout cela ? Voyant que son formateur avait tiré une chaise pour s’asseoir, Céleste le suivit pour ne pas rester bêtement debout alors qu’ils allaient boire du thé. Ils géraient tous les choses à leur manière… De plus en plus, Céleste se trouvait idiote d’avoir tout enfoui de la sorte pour continuer. Au même instant, monsieur de Matharel lui sourit, ce qui lui donna l’horrible impression qu’il avait devinée ses pensées.

M. de Matharel – Le truc, car il y a bien un truc, est de ne se concentrer que sur l’avenir et l’objectif à atteindre. Uniquement sur cet objectif et ne jamais penser à ce qui viendra après la réussite, ou l’échec, de cet objectif. Le passé a fourni la motivation nécessaire et peut être oublié, car seul le résultat compte. S’attarder sur des épreuves douloureuses passées et les pleurer est bien l’affaire la plus inutile qui soit. Le passé est juste un poids, qui parasite le présent. Se concentrer sur l’objectif à atteindre, et les efforts à accomplir dans le présent pour y parvenir, éliminent ce parasite.

Sauf que ça ne fonctionne pas avec tout le monde, cette technique… Parfois, penser à l’avenir, se fixer un objectif ne sert qu’à repousser le moment où il faudra traiter tout ce que l’on ressent. Et les émotions, les ressentis reviennent en force sitôt l’objectif dépassé ou l’urgence terminée. Céleste ne dit rien tout de suite, observant son formateur verser l’eau chaude dans les deux tasses posées sur la table. Elles dégageaient, à présent, de la fumée et ce n’est qu’à ce moment que la jeune professeure réalisa qu’il faisait froid. Ne le sentant qu’à peine, grâce à son second don, elle y était beaucoup moins sensible et ne prenait pas souvent le temps de se poser pour boire une tasse de thé comme ici. C’était pratique, d’un côté. Cela lui permettait de rester constamment active, sans avoir besoin de s’arrêter à cause du froid. Elle était tout le temps pleine d’énergie… ce qui épuisait un peu Cyprien, d’ailleurs, par moment.

M. de Matharel – Il faut s’attendre à ce que cette démarche change une personne. Notre cher déserteur Bradley est devenu un chef de guerre endurci, par exemple, là où il était autrefois noté comme un simple jeune sergent idéaliste dont personne n’aurait parié un centime sur la carrière. Vous devriez rencontrer un résistant dénommé Alan Asselin, il est un des mieux placé pour apprendre comment dépasser le passé pour avancer vers l’avenir. Je puis lui demander de nous rejoindre, dès maintenant.

Céleste – Vous voulez dire… ce soir ? Je pensais que vous aviez tous un planning très précis à respecter. Même si j’admets ne pas comprendre vraiment tout ce que vous venez de dire et que cela pourrait m’être utile…

S’il le disait, c’est que cela l’était. Mais Céleste avait plus de mal à l’avouer, pour être honnête. Elle entendait tout ce que son formateur lui avait dit, bien sûr, mais ne le comprenait pas. Dans les faits, cette technique lui semblait être un moyen de repousser ce qui pesait et non pas le régler comme il le faudrait. C’était l’instinct de survie basique… Celui que tout le monde employait sans même y réfléchir, en fin de compte. Mais, dans le cas des leaders, cet instinct était poussé à l’extrême et cela leur permettait de pousser celui des personnes qui les suivaient également. Elle comprenait… un peu. Mais le prix à payer, par la suite, n’était-il pas trop cher ? Monsieur de Matharel avait précisé que cette démarche pouvait changer une personne. Dans… tous les cas ? Et à quel point ? Céleste prit la tasse de thé entre ses mains, sans la boire tout de suite mais plus pour avoir quelque chose dans les mains.

Céleste – Le cas des leaders est particulier, j’en ai conscience. Je crois. Mais… cette démarche change-t-elle tout le monde ? A quel point ? J’ai l’impression que c’est une manière de fuir le vrai problème… Que tout va retomber sur la personne qui le fait tôt ou tard. On le fait tous, en un sens, se fixer un objectif pour avancer et… survivre, en fin de compte. Mais tout ignorer est vraiment possible?
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MessageSujet: Re: Le jeu des apparences   Le jeu des apparences EmptyVen 24 Avr - 11:27

Vous voulez dire… ce soir ? Je pensais que vous aviez tous un planning très précis à respecter. Même si j’admets ne pas comprendre vraiment tout ce que vous venez de dire et que cela pourrait m’être utile…

Qu’il y avait-il donc de compliqué, à comprendre, on se le demande ? Il haussa légèrement les sourcils, prenant simplement le temps de passer la tête par le rideau, et héler une personne de passage, pour lui demander, en voyant Alan, de passer les voir. Il le savait dans le coin, ce soir, car il avait un talent certain pour les armes. Un terrain de jeu peaufiné avec le temps et ce qu’il avait dû subir. Il revint ensuite s’asseoir, plus tranquillement, et touilla un peu la tasse de thé, pour être sûr d’obtenir un goût assez corsé, comme il l’aimait. Sans sucre, toujours sans sucre, le sucre ne faisait que gâcher le goût d’un bon thé ou même du café. C’était un petit détail, mais il avait son importance, il était essentiel de savoir apprécier le goût d’un thé sans avoir à y ajouter d’autres arômes artificiels.

Le cas des leaders est particulier, j’en ai conscience. Je crois. Mais… cette démarche change-t-elle tout le monde ? A quel point ? J’ai l’impression que c’est une manière de fuir le vrai problème… Que tout va retomber sur la personne qui le fait tôt ou tard. On le fait tous, en un sens, se fixer un objectif pour avancer et… survivre, en fin de compte. Mais tout ignorer est vraiment possible ?

Qui a parlé d’ignorer un problème passé ? Intégrer un problème, l’accepter puis s’en servir, pour avancer, c’est bien de ça dont je vous ai parlé. Se contenter de l’ignorer ou de fuir est une tactique de lâche et qui retombe effectivement sur une personne par la suite. Quant au changement, bien sûr qu’il doit se faire, une personne qui ne change pas, au cours de sa vie, est une personne condamnée à rester triste ou faible, dépendante, cet état ne vaut pas grand chose. Le monde est fait de changements. Ceux qui s’y refusent n’ont rien à y faire.


C’était d’une telle évidence que Victor était même surpris de se retrouver à la souligner. Qui, dans ce monde, pouvait juger que fuir ses problèmes au lieu de les affronter bien en face pouvait avoir le moindre impact bénéfique ? Que ça pouvait être une solution convenable, sans songer qu’au contraire, ce n’était rien d’autre qu’un coup supplémentaire à recevoir ? Il eut un petit sourire, moitié amusé, moitié surpris, puis goûta un peu du thé pour en vérifier le goût, avant de le reposer pour qu’il infuse encore une minute ou deux. Au même instant, ou presque, un peu de mouvement à l’extérieur se fit entendre et il se leva à nouveau pour venir tirer le rideau. Il avait fait vite, merci. Victor lui serra la main en l’invitant à les rejoindre, lui proposant à lui aussi de boire une tasse de thé, si le cœur lui en dit.

Mon cher Alan, je vous présente mademoiselle Dumoulin, recrue de fraîche date qui rejoindra d’ici quelques temps les rangs des espions, dans notre beau pays. Elle maîtrise la foudre et la glace, et est actuellement professeur dans cette école. Mademoiselle Dumoulin, voici Alan Asselin, membre de la résistance, qui maîtrise la foudre et le feu. Et un bon exemple pour ce que vous devrez faire.

Bon, certes, en évitant les sévices physiques et mentaux que leur ami avait subi par le passé, mais tout de même. S’il voulait bien se donner la peine de s’asseoir avec eux. Victor appréciait bien cet homme, c’était un bon agent de terrain et qui n’avait pas peur de grand-chose.

Mademoiselle a besoin de savoir comment ne plus s’attacher au passé, pour vivre et préparer l’avenir. C’est votre domaine…
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MessageSujet: Re: Le jeu des apparences   Le jeu des apparences EmptyVen 24 Avr - 15:45

Dernières vérifications avant le départ. Ils se passèrent les caisses de mains en mains, dans une longue chaîne humaine jusqu’au camion, où elles étaient chargées. Un travail rapide, car cette cargaison devait absolument être parvenue à bon port avant l’aube. Une fois fait, ils retournèrent à l’intérieur pour se charger du reste. Le chaîne de montage avait considérablement accéléré le rythme, avec les nouveaux ordres, et même si l’épuisement se lisait sur beaucoup de visages, des traits tirés par le stress et la fatigue, tout le monde s’activait. La lumière était mauvaise, cependant, ils ne pouvaient pas avoir plus, ça risquerait de se voir, depuis l’extérieur, même dans le lointain, si la nuit était assez bonne. Ils poussèrent de nouvelles caisses vides près de la chaîne de montage, alors qu’au-dehors, le premier camion démarrait finalement.

La salle n’était plus qu’une vaste fourmilière, et ceux qui ne participaient pas à la chaîne de montage étaient occupés à s’entraîner, à tirer, à préparer des tracts pour certains, ou encore à montrer des défenses. Depuis ce matin, très tôt, Alan n’avait plus arrêté. Les dernières nouvelles lui avaient comme redonné une nouvelle énergie et sa soif de vengeance n’en était plus que sauvage encore. La haine se lisait littéralement au fond de son regard, lorsqu’on lui parlait du gouvernement ou lorsqu’il apprenait d’autres faits, commis contre les élémentaires. Il avait soif de combat, soif de voir le sang de leurs ennemis couler sur le sol, comme ils avaient fait couler le sien et celui de dizaines d’autres personnes, injustement. Il rêvait de leur infliger la même peine que les élémentaires avaient ressenti, de les voir souffrir comme eux avaient soufferts.

Un peu plus tard dans la soirée, on vint tout à coup l’avertir que Victor, le Parisien, lui demandait s’il pouvait venir le rejoindre, dans le cours qu’il donnait à une femme de la résistance. Pourquoi faire, bon sang ? Elle apprenait à manier le feu et elle avait besoin de conseil ? Ou la foudre ? Il alla les rejoindre après avoir remis ses gants noirs, jusqu’au petite espace entouré de rideaux, pour une salle de cours improvisée. Les deux étaient bien là, et le Parisien lui tendit la main pour le saluer. C’est ça, bonsoir. Donc, qu’est-ce qu’il voulait ? Il haussa légèrement un sourcil, en s’entendant offrir une tasse de thé, puis levé les yeux au ciel. Merci, non, il s’en passera très bien. Que voulait-il ? Alan distinguait, comme toujours, assez mal les traits précis de la femme qui l’accompagnait, il pouvait juste dire qu’elle semblait plus jeune que lui.

– Mon cher Alan, je vous présente mademoiselle Dumoulin, recrue de fraîche date qui rejoindra d’ici quelques temps les rangs des espions, dans notre beau pays. Elle maîtrise la foudre et la glace, et est actuellement professeur dans cette école. Mademoiselle Dumoulin, voici Alan Asselin, membre de la résistance, qui maîtrise la foudre et le feu. Et un bon exemple pour ce que vous devrez faire.

Une vague de perplexité envahit Alan et ça dû se voir également sur son visage, bardé de cicatrices. Lui, un bon exemple… ? Il fut, sur le moment, assez surprit pour finalement accepter de s’asseoir sans broncher, sur le tabouret que lui avait tendu son interlocuteur.

– Mademoiselle a besoin de savoir comment ne plus s’attacher au passé, pour vivre et préparer l’avenir. C’est votre domaine…

Ah. Alan se frotta un peu l’œil, celui qui avait viré au mauve maladif et avec lequel il voyait encore moins bien que l’autre, hochant la tête. Il n’était pas un spécialiste de la psychologie, il pouvait parler de sa propre expérience, mais donner des cours là-dessus… Il préférait apprendre aux autres à combattre, c’était bien plus concret et bien plus facile.

– Donc… Pour commencer, il faut regarder ce qu’on a subi en face. Accepter notre part de responsabilité lorsqu’il y en a une. Personnellement, j’ai d’abord accepté avoir été réduit à l’état de chien pendant des années, tant pis pour la fierté, il faut apprendre à l’oublier. Et partant de là, j’en ai retiré beaucoup de haine, et cette haine, c’est mon moteur actuel pour abattre ce qui nous sert de dirigeants. Vous avez besoin de quoi, donc, oublier un séjour de prison pour passer à autre chose ?
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MessageSujet: Re: Le jeu des apparences   Le jeu des apparences EmptySam 13 Juin - 14:47

M. de Matharel – Qui a parlé d’ignorer un problème passé ? Intégrer un problème, l’accepter puis s’en servir, pour avancer, c’est bien de ça dont je vous ai parlé. Se contenter de l’ignorer ou de fuir est une tactique de lâche et qui retombe effectivement sur une personne par la suite. Quant au changement, bien sûr qu’il doit se faire, une personne qui ne change pas, au cours de sa vie, est une personne condamnée à rester triste ou faible, dépendante, cet état ne vaut pas grand chose. Le monde est fait de changements. Ceux qui s’y refusent n’ont rien à y faire.

Céleste hocha la tête, ayant bien compris ce qu’avait voulu dire monsieur de Matharel… C’était logique, en fin de compte, mais changer n’était pas simple dans la plupart des cas. Et puis, le changement faisait peur, qu’il soit bénéfique ou non. Parce qu’il était synonyme d’inconnu, de prise de conscience et l’on se fait remarquer en changeant alors que Céleste avait toujours passé sa vie dans l’ombre. Alors, non, cette réponse ne lui convenait pas, au fond… Même si elle s’y était attendu, même si elle l’avait toujours su et qu’elle avait déjà changé en l’espace de quelques mois. Tout comme chaque personne vivant dans cette école aujourd’hui, ou à cette époque plus particulièrement. Mais Céleste n’eut pas le temps de réfléchir davantage à la question qu’une autre personne les rejoignit. Son formateur s’était levé en entendant du bruit, accueillant un homme… désolée, mais flippant et très peu rassurant, à leurs côtés. De longues et profondes cicatrices au visage, des yeux d’une couleur très peu naturelle, un air qui n’inspire pas confiance… Pourquoi diable était-il ici ?! La jeune femme fut parcourue d’un long frisson lui traversant tout le dos sans qu’elle ne bouge d’un pouce, observant leur nouvel « invité » qui allait prendre le thé avec eux.

M. de Matharel – Mon cher Alan, je vous présente mademoiselle Dumoulin, recrue de fraîche date qui rejoindra d’ici quelques temps les rangs des espions, dans notre beau pays. Elle maîtrise la foudre et la glace, et est actuellement professeur dans cette école. Mademoiselle Dumoulin, voici Alan Asselin, membre de la résistance, qui maîtrise la foudre et le feu. Et un bon exemple pour ce que vous devrez faire.

Visiblement, monsieur Asselin ne comprenait pas ce qu’il faisait ici. Alors, pourquoi l’appeler ? Il pouvait retourner faire… ce qu’il faisait tout seul. En quoi pouvait-il l’aider ? Pour être honnête, Céleste était perdue, aussi perplexe que leur nouvel interlocuteur. Il savait se battre s’il maniait la foudre et le feu mais il n’allait pas l’aider avec la foudre non plus, il avait autre chose à faire et la jeune professeure s’entraînait déjà de son côté. Alors, pourquoi ? Et il s’installait… Il consentit à s’asseoir sur le tabouret que lui avait présenté monsieur de Matharel. Pourquoi… ?

M. de Matharel – Mademoiselle a besoin de savoir comment ne plus s’attacher au passé, pour vivre et préparer l’avenir. C’est votre domaine…

Qu… Hein ? C’est lui qui allait lui parler pour ça ? Mais non, Céleste pouvait se débrouiller seule, ce n’était pas nécessaire ! Elle lança un regard presque affolé vers son formateur, le détestant intérieurement de balancer ce sujet de but en blanc. D’accord, c’était la guerre, ils n’avaient pas le temps de tourner autour du pot. Mais tout de même ! En plus, ce n’était pas le genre de sujet qu’on abordait aussi vite et simplement, surtout avec un homme qui inspirait aussi peu confiance. Elle allait l’écouter, entendre ses paroles, mais n’y réfléchirait que plus tard, dans la soirée. Monsieur Asselin se frotta un œil, celui qui avait une couleur mauve, tout en hochant la tête. Visiblement, pour lui, sa présence ici était bien plus claire à présent… Pourquoi Céleste n’en était-elle pas rassurée ? Il n’y avait pas de remède miracle, il fallait juste… accepter ce passé. C’est tout. Elle pouvait se débrouiller, pas besoin de jouer les psychologues de fortune dans ce genre d’endroits, avec ce genre de personne.

M. Asselin – Donc… Pour commencer, il faut regarder ce qu’on a subi en face. Accepter notre part de responsabilité lorsqu’il y en a une. Personnellement, j’ai d’abord accepté avoir été réduit à l’état de chien pendant des années, tant pis pour la fierté, il faut apprendre à l’oublier. Et partant de là, j’en ai retiré beaucoup de haine, et cette haine, c’est mon moteur actuel pour abattre ce qui nous sert de dirigeants. Vous avez besoin de quoi, donc, oublier un séjour de prison pour passer à autre chose ?

Céleste – Je ne veux rien oublier, dit-elle assez vite avec la gorge serrée. Et ce n’est rien de si grave, je sais que je dois juste…

Mauvaise tactique. Céleste s’interrompit net dans sa phrase, sentant déjà qu’elle fonçait droit dans le mur en voulant remballer les deux hommes se tenant face à elle. Mais elle ne pouvait pas tout dire comme cela ! Et puis, elle avait déjà accepté l’accident. Elle avait déjà reconnu qu’elle n’y était pas vraiment pour quelque chose, que son don lui avait échappé sous le coup de la colère et que cela arrivait à des centaines de personnes. Elle ne culpabilisait plus… plus autant pour cela. Même si la mort d’Amélie restait un point sensible, sa faiblesse principale, cela faisait partie de son passé. Son passé, et c’est tout. Elle se reconstruisait, aujourd’hui, elle travaillait dur avec ses dons et travaillait sur elle-même également.

Céleste – Je n’ai pas besoin que vous jouiez au psychologue avec moi, finit-elle par dire dans un soupir. Ma sœur jumelle, Amélie, est morte dans un accident lorsque je suis sortie du Pensionnat. Accident que j’ai provoqué en faisant tomber la foudre sur un arbre alors qu’on était en voiture ensemble. Elle est morte, pas moi. Mais je l’ai déjà accepté.
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MessageSujet: Re: Le jeu des apparences   Le jeu des apparences EmptySam 20 Juin - 21:20

On rencontrait des personnes surprenantes, le plus souvent, dès lors qu’on commençait à naviguer dans les eaux troubles de ce milieu. Des jeunes de douze ou treize ans, conscients des risques et déjà prêts à en prendre pour la cause ou défendre leurs familles. Des adultes déchirés, traumatisés, qui se relevaient et poursuivaient la lutte. Des personnes encore capables de bouger avec des blessures abominables, poussées par un fort instinct de survie et une volonté de fer. Des personnes comme Alan, qui avaient tout perdu, jusqu’à leur humanité, et qui se révélaient être très intéressantes, pour peu qu’on s’intéressait un peu à elles. Tasse en main, Victor s’installa à son tour, après avoir également donné de quoi boire à la demoiselle en formation. Leur nouvel interlocuteur, lui, n’en voulait pas, quel dommage. Il ne savait guère profiter des petites joies de la vie, désormais.

Donc… Pour commencer, il faut regarder ce qu’on a subi en face. Accepter notre part de responsabilité lorsqu’il y en a une. Personnellement, j’ai d’abord accepté avoir été réduit à l’état de chien pendant des années, tant pis pour la fierté, il faut apprendre à l’oublier. Et partant de là, j’en ai retiré beaucoup de haine, et cette haine, c’est mon moteur actuel pour abattre ce qui nous sert de dirigeants. Vous avez besoin de quoi, donc, oublier un séjour de prison pour passer à autre chose ?

Je ne veux rien oublier, dit-elle assez vite avec la gorge serrée. Et ce n’est rien de si grave, je sais que je dois juste…


Travailler, oui, ça ne se faisait pas comme cela, du jour au lendemain. Tout dépendait des personnes et de leur force de caractère, en réalité, certaines se mettaient très vite dans le bain, ce n’était l’effort que de quelques jours ou semaines, et d’autres avaient besoin de plusieurs mois. C’était d’ailleurs bien le seul et unique avantage de la guerre, elle jetait dans ce grand bain bien plus vite que toute autre situation. Ils avaient pour malheur de vivre dans pareille époque, qu’y pouvaient-ils, sinon l’accepter et suivre le rythme, tant qu’ils respiraient encore. Tant qu’ils avaient encore des bras et des jambes pour le faire. Victor souffla doucement sur son thé pour le refroidir un peu, avant de le boire. Pas assez infusé.

Je n’ai pas besoin que vous jouiez au psychologue avec moi, finit-elle par dire dans un soupir. Ma sœur jumelle, Amélie, est morte dans un accident lorsque je suis sortie du Pensionnat. Accident que j’ai provoqué en faisant tomber la foudre sur un arbre alors qu’on était en voiture ensemble. Elle est morte, pas moi. Mais je l’ai déjà accepté.

On doit tous mourir un jour de quelque chose. Mourir de vieillesse, de maladie, d’un accident ou bien en se faisant trouer la peau lors d’une exécution. Ce n’est donc que la mort d’un proche qui vous retient encore en arrière ? Eh bien, ma chère, navré si vous trouvez ça très cru, mais il va falloir plus que vous bouger les fesses et travailler. Il se trouve que plus personne ici, ni vous ni moi, n’avons le temps de faire dans le sentiment. Nous n’avons même plus le luxe de pleurer ceux qui meurent aujourd’hui, que ce soit d’un accident ou d’une exécution.


Oui, c’était cruel de dire ça, oui, il devait paraître glaçant ou insensible, oui, c’était aussi insultant pour la mémoire de cette Amélie, oui, c’était blessant pour sa nouvelle élève de s’entendre dire ça, et non, il ne le regrettait pas pour autant. C’était la réalité. Il reposa sa tasse, avec son air détaché habituel.

Des proches, vous allez en perdre beaucoup durant les combats. Si vous avez encore du travail à faire sur des décès passés, surtout depuis des années, vous ne serez bonne à rien une fois plongée dans le grand bain, au moment où faudra encaisser en moins d’une minute la mort violente de deux autres amis, par exemple. Il ne s’agit pas de jouer au psychologue mais d’apprendre tout de suite les techniques qui permettent de se contrôler, lorsque se retrouve face à la violence pure.
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MessageSujet: Re: Le jeu des apparences   Le jeu des apparences EmptyVen 24 Juil - 18:47

M. de Matharel – On doit tous mourir un jour de quelque chose. Mourir de vieillesse, de maladie, d’un accident ou bien en se faisant trouer la peau lors d’une exécution. Ce n’est donc que la mort d’un proche qui vous retient encore en arrière ? Eh bien, ma chère, navré si vous trouvez ça très cru, mais il va falloir plus que vous bouger les fesses et travailler. Il se trouve que plus personne ici, ni vous ni moi, n’avons le temps de faire dans le sentiment. Nous n’avons même plus le luxe de pleurer ceux qui meurent aujourd’hui, que ce soit d’un accident ou d’une exécution.

Céleste resta interdite, sans savoir quoi dire, pendant que son formateur reposait sa tasse tranquillement. Elle… ne savait même pas comment réagir, pour être honnête. Intérieurement, une part d’elle avait envie de hurler, de crier qu’il insultait sa sœur alors qu’il ne la connaissait même pas. Puis, même en la connaissant, il n’avait pas le droit de parler ainsi ! Elle savait déjà que rester en arrière pour la mort d’Amélie était ridicule pour certains. La jeune professeure travaillait déjà dur pour avancer, elle le ressentait grâce à son don qu’elle écoutait bien plus aujourd’hui qu’il y a un an. Avant, elle le voyait comme un étranger qui ne la lâchait pas, jamais. Aujourd’hui, elle avait compris, une nouvelle fois, que ce n’était pas le cas. Ce don, c’était elle. Mais il lui fallait encore du temps pour l’accepter parce qu’elle avait du mal à accepter la mort d’Amélie et le rejet de ses parents.

M. de Matharel – Des proches, vous allez en perdre beaucoup durant les combats. Si vous avez encore du travail à faire sur des décès passés, surtout depuis des années, vous ne serez bonne à rien une fois plongée dans le grand bain, au moment où faudra encaisser en moins d’une minute la mort violente de deux autres amis, par exemple. Il ne s’agit pas de jouer au psychologue mais d’apprendre tout de suite les techniques qui permettent de se contrôler, lorsque se retrouve face à la violence pure.

Céleste – Je suis là pour ça, répondit-elle d’emblée avec la gorge plus serrée. Je travaille déjà dur de mon côté en ce qui concerne le décès de ma sœur, mon don faisait n’importe quoi il y a un an à peine. Je vais beaucoup mieux, aujourd’hui, mais je ne peux pas dire que cette histoire est vraiment derrière moi, je dois seulement accepter tout ce que cela signifie et tout ce que cela a engendré. Je ne me prétends pas forte mais je veux apprendre pour ne pas m’effondrer de la sorte.

Céleste regardait monsieur de Matharel sans ciller, même si la colère n’était pas tout à fait redescendue. Elle souhaitait apprendre, s’endurcir. Son don était, en grande partie, responsable de ce changement et elle ne voulait plus se laisser dicter sa vie par d’autres comme cela avait été le cas par le passé. Elle ignorait si elle était prête. Très sincèrement, elle n’en avait pas la moindre idée. Mais, dans le contexte actuel, rester sans rien faire n’était plus possible pour elle. Il fallait qu’elle participe, qu’elle agisse, qu’elle s’engage vraiment sans plus se cacher comme elle le faisait depuis sa sortie du Pensionnat. Et même encore jusqu’à ce que Cyprien l’aide à relâcher son don, en vrai… La réalité du terrain était dure. Céleste en avait conscience. Peut-être pas conscience au même point qu’eux le savaient, mais elle le savait. Sans doute se prendrait-elle un énorme coup la première fois qu’elle le verrait… Mais elle ne voulait pas s’effondrer et n’en avait plus le loisir.

Céleste – Je ne cherche pas à « me soigner » en m’engageant, je ne veux juste plus rester sans rien faire et j’ai parfaitement conscience du coup que je me prendrai la première fois où je verrai la réalité du terrain. Je ne peux pas m’effondrer sur le terrain et perdre la vie à cause de difficultés quelconques, je dois avancer, m’endurcir vraiment plutôt que laisser les autres me dicter ce que je dois faire. Cela ne se fera pas en quelques heures mais, si je dois pouvoir tromper la Haute Société, cette faiblesse est sans doute la plus importante chez moi.
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MessageSujet: Re: Le jeu des apparences   Le jeu des apparences EmptyDim 26 Juil - 11:32

Les gens qui ne savaient pas ce qu’ils voulaient ou qui hésitaient sur la conduite à tenir, c’était pénible, franchement, et Alan commençait à se demander si le spécimen féminin assis sur ce tabouret n’en faisait pas partie. Pourvu que non ! Il lança un très rapide regard en biais à Victor, déjà agacé, et espérant qu’il ne l’avait pas fait venir ici pour un débat stérile ! Parce que Alan ne voulait pas perdre son temps avec des personnes hésitantes ou qui n’étaient pas fichues de dire très clairement ce qu’elles voulaient, ce qui leur manquaient encore, quelles étaient leurs forces et leurs faiblesses, et plus encore, les assumer pleinement derrière. En résumé, il ne voulait pas perdre de temps avec les boulets ou les incompétents. Personne n’avait envie de perdre du temps avec ça, ils étaient en pleine guerre, bon sang !

La suite faillit lui arracher un très long soupir. Si sa sœur avait été assassinée, exécutée à cause de la dictature, torturée puis exécutée, disparue des semaines entières et qu’on avait ensuite retrouvée son corps en plusieurs morceaux dans une poubelle, là, oui, il aurait très bien compris que ça la trouble toujours. Mais si ce n’était qu’un simple accident… ? Alan ne pouvait comprendre ce type de réaction excessive. Son esprit déchiré ne le lui permettait plus. Il ne comprenait plus qu’un accident mortel devienne une véritable faiblesse chez quelqu’un, alors que justement, ce n’était qu’un simple et stupide accident. Puisqu’elle n’avait pas désiré la mort de sa sœur, à quoi bon rester coincée en arrière… ? Et si elle affirmait l’avoir déjà accepté, pourquoi sa voix trahissait que c’était encore un épisode douloureux ?

Si Victor devait amener cette femme sur le terrain, avec ou sans formation, franchement, bon courage ! Si elle avait encore besoin d’énergie ou d’aide pour avaler un accident, un vieil accident qui plus est, elle sera incapable d’accepter en moins de quelques secondes ce qu’elle verra sur un champ de bataille. A moins que, comme certains, il faille vraiment qu’elle voit de ses propres yeux ce qui se passait dans la vraie vie et qu’elle ait plongé une fois les mains dans le sang pour enfin se secouer et avancer. Qui sait, après tout ? Des gens comme ça, il y en avait plein… Elle voulait apprendre à ne pas s’effondrer, disait-elle, et en même temps, avouait devoir encore travailler pour passer au-dessus d’un bête accident. Peut-être n’était-ce que ça, la solution, oui, il en avait vu plein, des jeunes ou vieux, fragilisés, qui avaient mis enfin la tête dans la réalité, une fois confronté à ce qu’elle était, dans sa pure horreur.

– Je ne cherche pas à « me soigner » en m’engageant, je ne veux juste plus rester sans rien faire et j’ai parfaitement conscience du coup que je me prendrai la première fois où je verrai la réalité du terrain. Je ne peux pas m’effondrer sur le terrain et perdre la vie à cause de difficultés quelconques, je dois avancer, m’endurcir vraiment plutôt que laisser les autres me dicter ce que je dois faire. Cela ne se fera pas en quelques heures mais, si je dois pouvoir tromper la Haute Société, cette faiblesse est sans doute la plus importante chez moi.

– Erreur, la prise de conscience réelle peut se faire en quelques heures, voire même en cinq petites minutes. Une fois qu’on a trempé dedans, apprendre à tromper les autres se fait plus facilement. Il y a une technique simple, pour rentrer dans le moule, qui marche avec tout le monde, même les jeunes enfants. Combattez, au moins une fois, la peur et l’adrénaline feront le reste. Il n’y a rien de plus efficace pour écraser le passé et ne penser qu’au présent. Si vous en sortez vivante, vous serez prête à devenir n’importe qui, même une espionne. Puisque vous aurez, littéralement, tué votre ancienne personnalité pour devenir quelqu’un d’autre.

Et sur ce, il avait déjà perdu bien assez de temps comme ça. Se levant souplement, il les salua tous les deux, ajoutant qu’il avait pour sa part autre chose à faire que discuter tranquillement autour d’un thé, puis repartir, poussant à la volée le rideau cloisonnant leur petit espace. Il voulait bien former les autres, mais seulement ceux qui étaient prêts psychologiquement à faire, car les naïfs qui se bloquaient encore sur des futilités l’énervaient bien trop rapidement.
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