Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Une guerre civile ?

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Munemori Nakajima
Peintre
Munemori Nakajima
MessageSujet: Une guerre civile ?   Une guerre civile ? EmptyDim 8 Jan - 22:54

Une dernière petite couche puis... Munemori fronça le nez et pinça les lèvres, très concentré et penché si près contre la toile que son nez était proche d'effleurer la peinture. Peinture qui recouvrait autant le tableau presque achevé que sa blouse de travail et une grande partie de ses mains. Plongé en plein travail, il n'entendit pas tout de suite qu'on frappait à la porte du petit atelier où il se trouvait, complètement à l'arrière de la maison, ne se redressant que lorsque les coups furent plus insistants et forts. Marmonnant un peu, il plongea les mains dans un broc d'eau pour les laver puis lança un "Entrez !" sonore, tournant la tête en voyant sa fille de six ans franchir le seuil, les cheveux encore mouillés et son cartable sur le dos, prête pour aller à l'école. Elle lui dit que la police était là car elle voulait leur parler d'oncle Kimmitsu et qu'ils attendaient dans le salon. De... Quoi ?! La police ? Kimmitsu ? Il était... mort ? Se levant aussitôt, il ôta sa blouse et faillit percuter Josuke en sortant de son atelier, reculant d'un pas puis le suivant jusqu'au salon. Les deux policiers étaient bien là, attendant et les saluant d'un ton neutre lorsqu'ils entrèrent, annonçant directement qu'ils étaient venus parler de leur frère.

Munemori – Il va bien ? demanda-t-il aussitôt. Il n'est pas...

Adjudant – Bien, je l'ignore... Asseyez-vous, s'il vous plaît. Nous avons récemment été contactés par les services d'ordres du nouveau gouvernement Français. Votre frère est recherché pour espionnage, terrorisme et trahison.

Trois mots qui mirent un très long moment avant de prendre toute leur signification, trois mots qui ne correspondaient tellement pas à leur frère que Munemori eut beaucoup de mal à admettre qu'on les associait bien à un membre de leur famille, que ce n'était pas juste une vaste blague. Que s'était-il passé, soudainement ?! Pourquoi "nouveau gouvernement Français" ? Munemori s'assit comme un parfait automate, croisant le regard de son aîné, lui aussi sous un choc profond. Le second gendarme sortit d'un dossier quelques feuilles et en tourna une vers eux. Un document officiel, frappé à la fois des insignes de la France et celles du Japon, avec le logo du Ministère de Défense Nationale et celui de la Justice. Un avis de recherche, tout bonnement, avec une photo plutôt récente de leur frère, qui regardait le photographe comme s'il était surpris qu'on prenne ce cliché, avec un demi-sourire un peu gêné. L'avis portait son nom, prénom, date et lieu de naissance, son adresse à Gray, sa description physique, et mentionnait aussi ses deux éléments ainsi que les crimes dont il était accusé. C'était une blague... Il allait se réveiller, ce n'était pas possible. Le peintre se pinça discrètement le bras pour bien s'assurer que tout ça était réel, qu'il ne faisait pas un cauchemar.

Josuke – Pourquoi venir chez nous ? Nous n'avons plus eu de ses nouvelles depuis un bon moment, déjà. Il nous annonçait qu'il ne viendrait pas pour les vacances. Nous ne savons rien de plus que ce que vous venez de nous dire.

Et bah, ça avait pas l'air de le choquer plus que ça, lui, qu'on lui annonce que son petit frère était considéré comme un criminel en fuite ! Munemori lui lança en biais un regard assez incrédule, les poings serrés sur ses genoux.

Adjudant – Il s'avère que tous les membres de la famille doivent être interrogés. En France, nos confrères ont auditionnés la femme de cet homme, ainsi que son neveu. Ni l'un ni l'autre n'ont pu dire quoi que ce soit, votre frère a tout bonnement disparu sans laisser de trace ni même alerter son épouse, pourtant enceinte. Disparu peu de temps après celle qu'on présume être la leader de ce mouvement rebelle. Cette femme. Vous la connaissez ?

Il leur glissa ensuite, près de l'avis de recherche de Kimmitsu, celui de la grande sœur de Solène. Présumée comme la chef du mouvement, hein ? Munemori en l'avait vu qu'une fois, pour le mariage cet été, et c'était à ses yeux bien suffisant pour être convaincu qu'elle était belle et bien la chef de tout ce beau monde, on ne pouvait se contenter de "présumer" ça, c'était certain ! Munemori porta une main un peu tremblante à son front et le frotta un peu, les yeux fixés sur les deux avis de recherches, ayant toujours un mal fou à admettre la réalité de la situation.

Josuke – Il s'agit de la sœur notre belle-sœur et de la directrice du Pensionnat, en France. Mais nous ne la connaissons pas très bien.

Adjudant – Cette école va bientôt fermer, annonça le policier d'un ton pincé. Cette femme est devenue l'ennemi public numéro un, principalement pour ses actes de rébellion. Et votre frère, en tant que l'un de ses principaux soutiens, risque la peine de mort. Pas en France mais ici, s'il y est arrêté. Vous devez savoir que l'héberger à nouveau ou lui venir en aide sera considéré comme de l'aide envers un criminel recherché, ce qui vous rendra tout aussi coupable.

Voilà qui expliquait un peu mieux la dernière lettre reçue de leur frère... "Je ne reviendrai pas avant des mois,". Ils auraient dû donc y lire, en réalité "Je ne pourrai jamais revenir et je vous fais mes adieux" ? Son frère répondit, d'un ton toujours très neutre, qu'ils savaient cela mais que leur frère ne comptait pas revenir au Japon, sauf s'il l'avait dissimulé. Ah ça, en effet, peu de chances qu'il revienne un jour, pas s'il était convaincu que seule présence pourra leur apporter de graves ennuis. La suite de l'entrevue se passa comme dans un brouillard, les deux policiers posèrent de nombreuses questions sur Kimmitsu, les endroits qu'il fréquentait lorsqu'il revenait au Japon, les personnes chez qui il se rendait, etc. Il se passa ainsi presque une heure avant qu'ils ne partent finalement tous les deux. Munemori avait le cœur au bord des lèvres, mourant d'angoisse pour leur frère. Il se leva avec un léger déséquilibre, se rattrapant à son grand frère en reprenant son souffle.

Munemori – Je vais partir en France, murmura-t-il.

Son frère secoua la tête pour faire signe que non, ce qui n'amoindrit pas d'un poil la volonté de Munemori. Il partait, point final ! C'était de leur frère, dont on parlait, là ! Leur frère qui était accusé d'espionnage et de complicité de meurtres ! Leur frère, qui avait disparu, purement et simplement ! Il pourrait mourir sans qu'aucun d'entre eux ne le sache avant des mois et des mois.

Josuke – C'est à moi d'y aller, tu ne sais pas ce qui t'attend là-bas.

Munemori – Parce que toi, tu en avais la moindre idée, peut-être, la première fois que tu es parti là-bas ? Je pars et c'est tout, je ne te demandais pas la permission.

Ce n'était certainement pas Josuke qui allait l'empêcher de partir alors que leur frère avait de tels ennuis ! Lui non plus n'avait pas la moindre idée de ce qui était arrivé dans ce pays récemment ni comment s'y débrouiller au mieux, alors pour cette fois, s'il voulait l'en empêcher, qu'il aille au diable. Cependant, son aîné se contenta de soupirer et de se frotter longuement les yeux, déclarant qu'il n'ira pas seul et qui l'accompagnait. S'il voulait, peu importe, l'essentiel était de se bouger. Munemori fila prévenir leur mère et sa femme, qu'elle puisse avertir leurs enfants qu'il sera absent quelques jours. Une fois cela fait, il prépara un sac avec quelques affaires puis alla dans le salon pour s'emparer du téléphone. En appelant d'abord au pensionnat, il apprit que les élèves étaient à l'heure actuelle partis en classe de neige. Il nota l'adresse exacte, remerciant la dame du secrétariat, puis essaya d'appeler à l'appartement de Kimmitsu. Aucune réponse, même avec plusieurs essais. Il essaya avec le numéro de la maison de Gabriella et son mari, sans rien obtenir non plus. Appelant au lieu de la classe de neige, un secrétaire lui répondit qu'il n'y avait personne pour le mettre en contact et raccrocha. Bonne, l'ambiance dans ce pays ! En désespoir de cause, il testa tous les numéros que Solène leur avait laissé "au cas où", obtenant enfin, après dix minutes supplémentaires, la mère de leur belle-sœur. Il fit signe à Josuke qu'il avait enfin trouvé quelqu'un pour avoir un semblant de réponses, mettant le haut-parleur du téléphone.

Munemori – Madame de Lizeux ? reprit-il. Nous cherchons à joindre votre fille, Solène, pouvez-vous nous la passer ? Elle est bien chez vous, n'est-ce pas ?

Madame de Lizeux – Oui mais elle n'est pas là pour l'instant. Elle arrivera un peu plus tard, elle doit prendre des affaires à Gray. Et non, je ne sais pas où se trouve votre frère. Ni ma fille aînée.

Le ton avait vacillé à la fin, comme si la vieille dame se retenait tout à coup de pleurer. Munemori reprit d'un ton assez maladroit qu'il était désolé, puis demanda s'ils pouvaient venir chez eux afin de voir Solène, tout en assurant qu'ils ne la dérangeront pas longtemps. Leur interlocutrice soupira un peu puis répondit que c'était à eux de voir, après tout, ils étaient les beaux-frères de sa fille. Elle achevait sa phrase lorsque, derrière, le bruit d'une porte qui claque résonna et une voix d'homme, forte et convaincue, lança d'un ton furieux "Allez tous au diable ! Ma fille vous emmerde !", faisant sourciller Munemori. Le père de famille, non ... ? Charmant. Josuke fit une grimace puis signe de dire au revoir, que c'était assez. Munemori hocha la tête puis prit congé, au même instant où le père ajoutait d'une voix forte, sans doute à des journalistes, de filer très loin et très vite avant qu'il ne leur arrache les... hum... les attributs masculins avec les dents. Une fois raccroché, Munemori se leva puis jeta son sac sur son épaule.

Munemori – Tu es prêt, on y va ?

Son frère hocha la tête à son tour, lançant qu'ils pouvaient y aller. Le départ de la maison se fit assez vite, ils se mirent en route, en voiture, vers Tokyo. Ils allaient commencer par retrouver Solène à Paris puis... Puis ils verront bien.

Munemori – Tu iras retrouver Genji pour t'assurer qu'il va bien ? Ce sera sans doute plus simple une fois sur place, j'ai l'impression qu'il fuit le téléphone.
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Josuke Nakajima
Artisan ébéniste
Josuke Nakajima
MessageSujet: Re: Une guerre civile ?   Une guerre civile ? EmptyMer 1 Fév - 13:17

Josuke souffla sur la petite pièce en bois qu’il tenait entre ses mains, l’air concentré tandis qu’il la détaillait sous une lumière assez vive pour en éliminer les derniers défauts. Depuis quelques jours, il ne cessait de travailler et de faire les commandes, ne se reposant que lorsqu’il avait terminé ses autres tâches. Rendre tout dans les temps était une caractéristique de ce métier et, à cause de ses multiples voyages en France récemment, il avait du pain sur la planche. Tant mieux, d’un côté, cela lui permettait de ne penser à rien d’autre et de laisser tous les problèmes de côté. Observant le dragon qu’il terminait de sculpter pour une commande, Josuke resta immobile une brève minute, pensif, avant de redéposer le morceau de bois pour prendre la photo encadrée de Kimmitsu et Genji qu’il gardait près de lui sur sa table de travail. Cette photo datait de la première fois où son petit frère était revenu en France, ils avaient choisi d’immortaliser ce moment rare passé entre neveu et oncle par peur de ne plus jamais le revoir de leur vie. Depuis, Josuke gardait la photo près de lui et la regardait régulièrement. Surtout ces jours-ci.

Comment allaient-ils ? Il n’avait eu que très peu de nouvelles ces derniers temps, en dehors de la lettre que son frère lui avait envoyée. Rester en France à cause de ce qui se préparait… Oui, il s’en doutait et redoutait cette lettre. Tous les jours, depuis son retour, il guettait les lettres provenant de l’étranger avec l’appréhension de recevoir des mauvaises nouvelles. Depuis que lui-même avait annoncé à Kimmitsu qu’il avait perdu son don, il ne lui avait plus rien dit par lettre, se contentant des échanges coutumiers pour ne pas l’inquiéter plus que nécessaire. Peut-être avait-il compris que Josuke n’était pas au mieux de sa forme depuis la découverte du don de sa fille, mais ce n’était rien en comparaison avec ce qui se passait en France. Tout allait de mal en pis, la guerre allait très probablement éclater et menacer la vie de son fils et de son frère. Si les choses n’étaient pas pires au Japon, Josuke aurait rapatrié son Genji depuis longtemps. Mais, aujourd’hui… Il savait que les professeurs seraient capables de protéger les élèves, qu’ils allaient sans doute les rassembler ou… leur apprendre à se défendre ou quelque chose comme ça. Non ?

Josuke fut interrompu par sa femme qui vint frapper à la porte de son atelier, lui faisant tourner la tête. Des policiers étaient là et voulaient lui parler de Kimmitsu, ils attendaient dans le salon qu’il vienne avec Munemori. Heu… D’accord. Se frottant les mains, il dit qu’il arrivait et remercia sa femme avant de sortir de l’atelier. Manquant de se cogner contre son frère tandis qu’il rejoignait le salon, il lui lança un regard inquiet, craignant le pire. Il n’était pas… ? Mais non. Non, il allait très bien, forcément, cela ne pouvait pas en être autrement. Son petit frère parla le premier lorsqu’ils arrivèrent au salon en demandant si Kimmitsu allait bien, se retrouvant face à deux policiers qui observaient la pièce à la recherche d’il ne savait quoi. Que se passait-il… ?

Adjudant – Bien, je l'ignore... Asseyez-vous, s'il vous plaît. Nous avons récemment été contactés par les services d'ordres du nouveau gouvernement Français. Votre frère est recherché pour espionnage, terrorisme et trahison.

… Pardon ? Munemori se laissa presque tomber sur le fauteuil à côté d’eux, visiblement très choqué, échangeant un regard avec lui qui tentait de se reprendre et de ne pas perdre pieds. Il fallait relativiser. C’était… possible. En toute honnêteté, Josuke avait déjà imaginé des scénarios similaires depuis la dernière lettre de Kimmitsu même s’il espérait un peu plus chaque jour que rien ne lui arrive. Il n’était pas mort, « seulement » recherché. C’était déjà… rassurant, non ? Si on oubliait les accusations portées à son encontre… Le policier leur donna un dossier avec des photos et l’avis de recherche de leur frère frappé des tampons officiels du Japon et de la France qui semblaient travailler de concert pour cette affaire. Josuke le contempla un moment sans rien dire, le gardant ouvert avant de répondre. Ils ne le trouveraient jamais. Le savaient-ils, au moins ? Les accusations étaient graves, oui, mais Kimmitsu avait prévu le coup et était parti dans un endroit que seul lui connaissait, avec peut-être quelques autres personnes comme Gabriella. Ce n’était pas ici que la police trouverait ce qu’elle cherchait.

Josuke – Pourquoi venir chez nous ? Nous n'avons plus eu de ses nouvelles depuis un bon moment, déjà. Il nous annonçait qu'il ne viendrait pas pour les vacances. Nous ne savons rien de plus que ce que vous venez de nous dire.

Adjudant – Il s'avère que tous les membres de la famille doivent être interrogés. En France, nos confrères ont auditionné la femme de cet homme, ainsi que son neveu. Ni l'un ni l'autre n’a pu dire quoi que ce soit, votre frère a tout bonnement disparu sans laisser de trace ni même alerter son épouse, pourtant enceinte. Disparu peu de temps après celle qu'on présume être la leader de ce mouvement rebelle. Cette femme. Vous la connaissez ?

Le policier leur glissa une photo de Gabriella sans montrer une quelconque animosité. Une photo plutôt récente, sans doute tirée d’un journal, qui constituait l’avis de recherche de la sœur de Solène. Du même genre que celui de Kimmitsu, ils donnaient les informations plus ponctuelles comme son nom et son âge ainsi que ses dons, les chefs d’accusation… Sur la photo, Gabriella avait, en effet, un air très peu rassurant et ne souriait pas du tout, donnant l’impression qu’elle allait tuer la première personne qui s’approchait d’elle. C’était… très proche de la réalité. Et… Minute. Ils avaient interrogé son fils ? Et ils ne connaissaient pas Gabriella ?! Josuke était partagé entre le choc et la colère, ignorant ce qu’il devait faire, là, tout de suite. Sans doute hurler contre des agents de police n’était-il pas très intelligent… Restant maître de ses émotions, ne laissant rien paraître, il évita tout contact avec Munemori pour répondre à l’adjudant. Oui, ils connaissaient cette femme, et qu’eux ne la connaissent pas était hallucinant. Elle ne pouvait pas faire un pas en France sans être critiquée !

Josuke – Il s'agit de la sœur notre belle-sœur et de la directrice du Pensionnat, en France. Mais nous ne la connaissons pas très bien.

Adjudant – Cette école va bientôt fermer, annonça le policier d'un ton pincé. Cette femme est devenue l'ennemi public numéro un, principalement pour ses actes de rébellion. Et votre frère, en tant que l'un de ses principaux soutiens, risque la peine de mort. Pas en France mais ici, s'il y est arrêté. Vous devez savoir que l'héberger à nouveau ou lui venir en aide sera considéré comme de l'aide envers un criminel recherché, ce qui vous rendra tout aussi coupable.

Josuke ne cilla pas, répondant qu’il savait tout cela d’un ton neutre et que leur frère ne comptait pas revenir, sauf s’il le leur avait caché. S’ensuivit un interrogatoire interminable, en tout cas il le ressentit ainsi, durant lequel les policiers leur posaient des questions sur Kimmitsu à propos de divers sujets : ses habitudes, son passé, les lieux dans lesquels il allait… Tout y passait, ils n’épargnaient absolument rien. Il conservait son calme, même s’il était profondément agacé par ces questions successives qui n’arrêtaient pas. N’avaient-ils rien de mieux à faire ? Ne savaient-ils pas que leur frère n’était pas ou peu revenu au Japon depuis des années, en dehors des vacances récemment ? Ils ne savaient rien du tout et semblaient être les policiers les moins compétents du monde, même s’il ne devait pas penser cela. Ce n’est qu’au bout d’une longue heure qu’ils se décidèrent à partir, Josuke les raccompagnant avant de revenir vers son frère qui avait l’air au bord de l’évanouissement.

Munemori – Je vais partir en France, murmura-t-il.

Comment… ? Mais certainement pas ! Il n’allait pas partir en France et risquer de finir à l’hôpital pour blessures ou pire ! C’était non, stop, impossible, Josuke n’allait pas le laisser risquer sa vie en Europe alors qu’ils ignoraient déjà où était Kimmitsu, s’il vivait toujours, comment il allait… C’était trop risqué, impossible. Lui devait y aller, c’était à lui d’assurer la sécurité de sa famille, pas à Munemori. Il ne connaissait presque rien à la France !

Josuke – C'est à moi d'y aller, tu ne sais pas ce qui t'attend là-bas.

Munemori – Parce que toi, tu en avais la moindre idée, peut-être, la première fois que tu es parti là-bas ? Je pars et c'est tout, je ne te demandais pas la permission.

Il n’était pas sérieux… Si ? Josuke lui lança un coup d’œil, essayant de déterminer à quel point Munemori tenait à aller en France. Un seul regard suffit à lui montrer que, oui, il voulait y aller. Poussant un soupir, le vieil homme se frotta les yeux en essayant d’organiser mentalement le trajet jusque là-bas, les choses à prévoir, comment faire avec leur famille comme ils ignoraient la durée de leur voyage, et d’autres détails pratiques pour éviter de se retrouver coincé. Parce que, oui, il comptait accompagner son frère, hors de question de le laisser partir seul. C’était inconcevable pour lui. Ils devraient pouvoir s’en tirer… Au moins quelques jours. Sans en apprendre trop et en étant prudents pour ne pas prendre plus de risques que nécessaire avec les menaces de la police. Il annonça sa décision de le suivre et de partir avec lui à Munemori puis quitta la pièce pour préparer ses propres affaires et prévenir sa femme. Tout préparer, tout organiser, résumer la situation sans dramatiser même si elle avait peut-être tout entendu.

Lorsque Josuke rejoignit son frère dans le salon avec ses affaires pendant qu’il appelait plusieurs numéros sans aucun succès. Il était sans doute en train d’essayer de joindre la France, quelqu’un susceptible de leur donner plus d’explications après ce qu’ils venaient d’apprendre. Il dut attendre seulement quelques secondes de plus avant que Munemori lui fasse signe et mette le haut-parleur du téléphone pour qu’ils puissent entendre tous les deux. Se rapprochant, il constata qu’il s’agissait de la mère de Solène et Gabriella qui se trouvait sur la liste des personnes à appeler en cas d’urgence. Seulement, elle n’en savait pas plus… Sa fille n’était pas là, pas plus que Gabriella naturellement, et elle ignorait où était leur frère. Ce qui n’était pas très étonnant, Josuke ignorait ce qu’il avait espéré de cet appel alors qu’il était évident qu’elle n’en saurait pas plus qu’eux.

La discussion devint plus difficile à partir du retour du père de Gabriella qui hurlait sur d’autres personnes en les menaçant. Sans doute des journalistes, vu ce qu’il disait… Hum, mieux valait raccrocher. Josuke fit signe à Munemori de mettre fin à la conversation, regardant les notes qu’il avait prises. L’adresse de… Ah. Oui, juste, Genji devait partir en voyage scolaire, il avait dû donner son autorisation et, d’après ses souvenirs, le voyage se déroulait à cette période. Pour le voir, il faudrait donc le rejoindre là-bas, mais d’abord aller à Paris pour rejoindre Solène, s’assurer qu’elle allait bien, essayer d’avoir des informations pour comprendre ce qui se passait et arrêter d’être les derniers au courant comme maintenant. Munemori se leva après avoir raccroché, jetant son sac sur ses épaules.

Munemori – Tu es prêt, on y va ?

Josuke hocha la tête, lançant qu’ils pouvaient y aller, prenant ses affaires à son tour. Direction Tokyo puis la France. Une fois là-bas, ce sera plus court vu qu’ils devaient aller à Paris. Lui-même laisserait probablement Munemori prendre ses informations auprès des parents de Solène pendant que lui rejoindrait son fils, de plus en plus inquiet comme il esquivait les coups de téléphone très souvent ces temps-ci. Sortant de la maison, ils grimpèrent dans la voiture pour rejoindre Tokyo, Josuke de plus en plus nerveux à l’idée de voir Paris. Qu’allaient-ils y trouver, là-bas ? Ce n’était pas encore la guerre, n’est-ce pas ? Leur frère était recherché, oui, mais… Non, stop, mieux valait ne pas y penser pour l’instant. Il devait garder son calme et patienter quelques heures, voilà tout. Il s’était obligé à prendre un livre avec lui pour le lire durant le vol et le trajet jusqu’en France, refusant de se laisser aller à la panique tant qu’ils n’en sauraient pas davantage.

Munemori – Tu iras retrouver Genji pour t'assurer qu'il va bien ? Ce sera sans doute plus simple une fois sur place, j'ai l'impression qu'il fuit le téléphone.

Josuke – C’est ce que je prévoyais, oui. J’espère que ça ne te dérange pas si je file directement vers l’adresse que tu as réussi à avoir, je m’inquiète vraiment pour lui. Et ce n’est pas qu’une impression… Il m’évite, les rares fois où j’ai pu l’avoir au téléphone, c’était pour des paroles banales et j’ignore pourquoi. Je sais qu’il ne va pas bien, comment le contraire serait-il possible ?! Et le pire, dans tout cela, est que je ne peux même pas le ramener au Japon… Il n’est pas en sécurité, ici.

Poussant un soupir, Josuke se frotta le visage avec un air fatigué, ayant l’impression d’avoir pris la plus mauvaise décision du siècle en août, quand il a envoyé son fils en France. Enfin… Même cela, il n’en était pas certain. Vivre en France avait aidé Genji, vraiment, mais la vie là-bas était si dure qu’il avait beaucoup changé en l’espace de quelques mois seulement. Et, d’un autre côté, s’il était resté ici, la vie serait devenue très vite insupportable pour lui et il aurait peut-être été blessé à cause de son don… La réaction de Jasper, un des enfants que gardait Kimmitsu, l’avait poussé à s’interroger mais il demeurait convaincu d’avoir pris la bonne décision. Même si, aujourd’hui… Stop, ne pas penser à cela. Josuke secoua la tête, s’efforçant de discuter de sujets plus banals que jamais avec Munemori le temps de rejoindre Tokyo pour ne pas penser à ce qu’ils allaient découvrir en France. Grâce à cela, le trajet sembla assez court, bien que trop long à leur goût malgré tout, et ils purent rapidement embarquer sur le premier vol en direction de l’Europe après un contrôle bien plus poussé que d’habitude à cause des récents événements. Seulement, c’était loin de ce qui les attendait tous dans l’avion…

Josuke – Munemori, regarde ça, dit-il en présentant un des journaux posés sur les sièges. Voilà pourquoi Kimmitsu a disparu…

La Une du journal annonçait, en gros titre, « Coup d’Etat » avec un contenu tout aussi rassurant d’après les titres en première page. Munemori lui prit le journal des mains pour le regarder en même temps que Josuke qui lisait par-dessus son épaule. Des critiques envers les élémentaires, des manifestations, le gouvernement renversé pour un autre plus conservateur qui souhaitait revenir aux origines… D’accord, apparemment, celui-ci n’était pas officiellement en place mais l’homme qui se présentait avait une tête qui ne lui revenait pas et manipulait très bien les mots. Après un rapide coup d’œil, son frère le jeta sur le tas avec les autres journaux, à côté, et soupira comme si rien de ce qu’il avait lu ne l’avait choqué.

Munemori – Soit... Il a un caractère rebelle depuis la naissance, ça ne change pas.

Josuke – Tu ne parles pas sérieusement, j’espère ? Ça ne te choque pas plus que ça ? On parle d’un Coup d’Etat, tu as bien lu ? Et tous ces articles… Les élémentaires sont dénigrés, plus que jamais, et je n’ai pas confiance en cet homme, ce… Peu importe son nom.

Munemori – Tu n'étais pas choqué qu'on accuse notre petit frère de terrorisme, et moi, je ne suis pas choqué qu'un Coup d'Etat réussisse dans ce pays. Celui dans le nôtre a échoué, mais là-bas, non, ça ne me choque pas, pas plus que les manifestations et le reste.

… Josuke ouvrit la bouche pour riposter mais se ravisa à la dernière seconde, préférant ignorer cette remarque parfaitement déplacée vu les circonstances. Bien sûr que non, il n’était pas choqué, Kimmitsu l’avait prévenu ! Munemori n’avait pas lu la même lettre que lui ou quoi ? C’était évident et prévisible, leur frère n’allait pas leur dire de telles choses s’il ne risquait pas gros. Lui-même s’y attendait depuis son dernier voyage en France, il avait le pressentiment que c’était une des dernières fois qu’il voyait son petit frère officiellement. Et puis, depuis quand est-ce que les accusations telles que celles-ci les affectaient, hein ? Ils savaient que la France n’était pas neutre à ce sujet, très loin de là, il suffisait de lire les derniers journaux parus. Il y avait eu un article entier sur Kimmitsu ! Et peu de choses positives, évidemment, à l’intérieur du dit article. Alors, non, Josuke ne pouvait pas être étonné. Ce qui l’étonnait, en revanche, était la réaction du peuple, une haine si forte des élémentaires et un retournement tel que celui-ci en l’espace d’une seule nuit.

Josuke – T’as raison, c’est pas important, lâcha-t-il tout de même en s’asseyant sur son siège. Pas comme si nous avions de la famille là-bas, après tout.

Munemori soupira plus fort en lui collant une petite tape sur la main, rétorquant qu’il n’avait jamais dit ça mais que c’était prévisible. Mouais, c’est cela. Marmonnant dans sa barbe, Josuke se tut le reste du voyage, restant dans un mutisme complet en parcourant le journal pour le lire en détails. Tout le faisait vomir là-dedans et lui donnait envie de récupérer son fils sitôt qu’il aurait posé un pied en France. Seulement, il ne pouvait pas. Au moins une information était correcte dans ce torchon : la situation était identique partout. Au bout de deux ou trois heures, il n’en savait trop rien, le père de famille jeta négligemment le journal à côté de lui avec un grand soupir. Le temps ne passait pas et tout ce qu’il venait de lire l’inquiétait plus qu’autre chose. Comment allait son frère, comment allait Genji ? Et Solène, Gabriella ?

N’ayant plus qu’une idée en tête, retrouver son fils, il se retint avec beaucoup de peine de bouger dans l’avion pour ne pas énerver son frère qui n’avait pas été plus alarmé que cela avec le journal. Le trajet jusqu’en France lui sembla interminable entre les escales, l’attente entre les avions et les taxis le poussant à regarder l’heure toujours plus souvent. Ce n’est que lorsqu’il vit enfin Paris qu’il se détendit un tout petit peu, sachant qu’il allait voir son fils très bientôt et qu’ils auraient des nouvelles de leur frère ou au moins de la situation grâce à Solène. Même s’il ressentit immédiatement le changement d’atmosphère. De la méfiance régnait, de la peur, les gens regardant tous ceux qui débarquaient. Le Petit Journal qu’ils avaient eu dans l’avion était partout et des vendeurs de journaux appelaient les passants pour le vendre. Josuke ne prit pas le temps de se reposer ni de s’arrêter, embarquant son sac dès qu’il le put avant de quitter Munemori en lui promettant de l’appeler dès qu’il serait arrivé. Il prit le bout de papier sur lequel il avait noté l’adresse de la station où séjournaient les enfants et se renseigna à l’accueil de l’aéroport afin de savoir comment s’y rendre le plus vite possible. Malheureusement, il dut attendre encore une heure avant d’avoir un car faisant le trajet jusque là-bas, ayant déjà de la chance de pouvoir partir dès aujourd’hui d’après la femme qui lui donna ses renseignements et son billet.

Josuke – Je vous remercie énormément, bonne journée à vous.

C’était donc parti pour quatre longues heures de trajet… En attendant le car, il appela son frère depuis une cabine téléphonique pour le rassurer, ayant mémorisé le numéro des parents de Solène mais tombant sur la mère de sa belle-sœur. Il s’excusa et en profita pour lui dire qu’ils étaient bien arrivés, que Munemori était en route et que lui-même filait rejoindre son fils pour avoir de ses nouvelles avant de revenir à Paris. Oui, le voyage avait été long, non, il n’avait pas dormi, mais cela lui importait peu. Grâce au décalage horaire, il arriverait en fin d’après-midi et pourrait attendre Genji dans le hall de la station s’il n’était pas encore revenu de sa journée d’activités. Il voulait le voir, plus que jamais, mort d’inquiétude pour son fils qui ne lui avait donné que peu ou pas de nouvelles. Lorsqu’il fut enfin temps de monter dans le car, Josuke raccrocha en remerciant d’avance la mère de Solène de tenir au courant son frère et fila pour aller s’installer, prêt pour quatre heures de route à peu près. Ce n’est qu’assis dans le car qu’il parvint à somnoler un peu, tâchant de se rassurer. Genji était loin quatre heures de trajet, cela représentait un certain écart par rapport à la capitale, ce qui signifiait donc qu’il n’était pas en plein cœur des événements. Connaissait-il seulement le contenu du journal ? Sûrement…

Passager – Monsieur, on est arrivé, dit une voix en le secouant faiblement.

Josuke ouvrit les yeux, se les frottant avant de regarder par la vitre. Un décor très loin de celui qu’il avait vu à Paris… Des montagnes et de la neige, une petite ville apparemment très prisée par les touristes d’après ce qu’il put constater. Remerciant son voisin de l’avoir réveillé, le vieil homme se leva et enfila son manteau pour sortir du car, à moitié debout à cause de sa taille. Pas très pratique, le plafond était bas et passer trois heures à dormir ou somnoler l’avait légèrement courbaturé. Mais il y était, ils étaient dans la ville qu’il avait demandée à l’accueil et il ne lui restait plus qu’à trouver l’endroit où les enfants dormaient – ce qui ne devait pas être très compliqué. En récupérant son sac laissé dans la soute avec ceux des autres, Josuke demanda au chauffeur où trouver la station dont il relut le nom sur le bout de papier pour ne pas se tromper.

Chauffeur – C’est juste à côté, monsieur ! Vous devez marcher deux ou trois minutes pour la rejoindre, attendez.

Le chauffeur prit le bout de papier qu’il tenait en main, un crayon, et dessina un petit plan depuis le car jusqu’à la station pour que son passager ne se trompe pas. Si, d’abord, Josuke était surpris par une telle initiative, il lui en était incroyablement reconnaissant de lui permettre de retrouver son fils aussi vite. Se mettant en route, il suivit donc les indications données par le chauffeur et arriva très vite en face de la station… qu’il n’aurait, de toute façon, pas loupée vu sa taille. Impressionnant, en effet. Marquant un léger temps d’arrêt, ayant le parfait air de touriste fatigué et lessivé, il pénétra dans le hall en se frottant un peu les mains et toujours chargé pour se diriger vers l’accueil. Personne ne semblait être là, en dehors de l’hôtesse, ce qui signifiait que les touristes étaient encore à l’extérieur. Il n’était pas encore l’heure du repas, ce n’était pas étonnant.

Josuke – Bonsoir, excusez-moi de vous déranger, dit-il en s’approchant du bureau. Je suis le père d’un des enfants du Pensionnat, qui sont là cette semaine, et j’aurais voulu savoir s’ils étaient déjà rentrés de leur journée et où je pourrais le trouver. Il s’appelle Genji Nakajima.

La jeune femme, d’une trentaine d’années à peine a priori, resta souriante mais lui annonça qu’elle ne pouvait pas lui délivrer ce genre d’informations sans une preuve d’identité. Pas de problème, il… Ah. Heu, ça risquait de poser un léger problème, elle n’allait strictement rien comprendre. Bon, tant pis. Il tira ses papiers d’identité de sa poche intérieure, ainsi que son passeport pour qu’elle puisse voir qu’il ne mentait pas, et les lui donna. Jetant d’abord un regard perplexe et perdu sur les papiers, elle consulta ensuite ses fichiers après une brève hésitation et sembla convaincue de ses dires puisqu’elle vérifia un registre derrière elle.

Hôtesse – Ils ne sont pas encore rentrés, je suis désolée. Vous pouvez l’attendre dans sa chambre mais il la partage avec d’autres élèves, sinon vous pouvez très bien rester ici, ce n’est pas un problème.

Josuke – Je vais attendre dans le hall, merci beaucoup. Et est-ce qu’il vous resterait une chambre de libre, par hasard ? Je n’ai nulle part où dormir cette nuit et je n’aurai pas le temps d’aller jusque Paris.

Par chance, il restait encore des chambres pour les touristes inattendus et il put la réserver pour passer la nuit ici sans devoir courir après le car, un taxi, et arriver à une heure impossible chez la mère et le père de Solène. Réglant la note, il remercia encore une fois l’hôtesse d’accueil avant de jeter un regard circulaire sur le hall. Epuisé mais impatient, Josuke chercha un fauteuil libre et ôta écharpe, veste et gants après avoir déposé ses affaires par terre. Il passa un long moment à contempler la décoration du hall, somnolant à moitié, jusqu’à ce qu’il entende des rires et des voix d’adolescents accompagnés d’adulte près de la porte. Il ne lui fallut que deux ou trois minutes de plus pour repérer Genji, se levant immédiatement en l’appelant pour filer le prendre dans ses bras, indifférent aux protestations des professeurs présents.

Josuke – J’ai eu tellement peur…, dit-il en le serrant dans ses bras et en l’examinant sous toutes les coutures avec la ferme intention de le garder contre lui. Tu n’as rien ? Pourquoi n’as-tu pas répondu à mes appels ? Ta mère et moi étions morts d’inquiétude ! Tu n’as pas lu le journal ? Après ce qui est arrivé à ton oncle, tu devais t’attendre à ce que nous t’appelions ! Pourquoi n’avoir rien dit ? Tu nous fuis ? Tu sais qu’on s’inquiète, surtout avec le climat ici… S’il y a le moindre problème, il faut le dire et je rapplique immédiatement, tu le sais, pourtant. Je suis parti ce matin… hier… Je ne sais plus, je suis parti dès que j’ai su pour Kimmitsu en m’inquiétant toutes les heures pour toi.
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Genji Nakajima
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Genji Nakajima
MessageSujet: Re: Une guerre civile ?   Une guerre civile ? EmptySam 4 Fév - 0:31

Toute une journée à patauger dans la neige pour une randonnée, une découverte nature, de l'observation pour repérer les oiseaux des montagnes, une halte déjeuner dans un refuge, un peu de ski... Genji avait l'impression de ne plus avoir de pieds, comme presque tous ceux de son groupe, dont la plupart baillaient à s'en décrocher la mâchoire. Leurs professeurs rassemblaient tous les élèves en un seul grand groupe pour ramener tout le monde à la station, les faisant partir sur le chemin par vagues, comme tous les groupes n'arrivaient pas à la même heure, les encadrant comme des bergers chargés de surveiller leur troupeau de moutons. Le soir était déjà tombé depuis un moment et le vent glacial leur donnait plus que jamais envie de se réfugier au chaud avec un bol de chocolat devant un feu ronflant de cheminée. Ce n'était pas encore la grosse saison touristique, néanmoins, il y avait peu de monde et les stations étaient loin d'être pleines. Beaucoup de personnes âgées venaient avant la cohue des vacances de fin d'année puis de la saison des sports d'hiver de janvier et février. Genji fourra ses mains dans ses poches, frissonnant tout à coup malgré son manteau, discutant un peu avec ses camardes les plus proches tout en marchant.

Il y avait eu du remous la veille lorsque la police avait carrément débarqué à la station pour l'interroger sur Kimmitsu, comme si Genji pouvait avoir la moindre idée de l'endroit où s'était réfugié son oncle. Une "rencontre" qui l'avait pas mal secoué, à seize ans,ça restait impressionnant de se retrouver face à trois hommes en uniforme vous prenant seul dans une petite pièce pour toute une série de questions, le tout avec des airs un peu brutes. C'était le prof de latin qui avait fini par le sauver, déclarant aux policier qu'il était évident qu'il ne pouvait rien savoir sur le sujet et qu'ils n'avaient pas à malmener un adolescent de cette façon. Le lycéen lui en était toujours profondément reconnaissant, il avait vraiment cru mourir d'angoisse face à ces trois types qui le harcelaient de questions. En rentrant à la station, il déposa d'abord son manteau et écharpe dans le vestiaire alloué à leur groupe, filant ensuite avec les autres et leurs professeurs qui leur répétaient de ne pas traîner et gêner l'entrée. C'est en arrivant près de l'accueil qu'une voix forte cria presque son nom, alors qu'il cherchait par réflexe quel prof pouvait bien vouloir l'engueuler et pourquoi. L'instant d'après, il crut vraiment halluciner en voyant son père, là, ici, tout de suite, en France, se jeter sur lui pour le serrer dans ses bras. Genji en resta interdit, complètement sous le choc, les yeux écarquillés.

Josuke – J’ai eu tellement peur…, dit-il en le serrant dans ses bras et en l’examinant sous toutes les coutures avec la ferme intention de le garder contre lui. Tu n’as rien ? Pourquoi n’as-tu pas répondu à mes appels ? Ta mère et moi étions morts d’inquiétude ! Tu n’as pas lu le journal ? Après ce qui est arrivé à ton oncle, tu devais t’attendre à ce que nous t’appelions ! Pourquoi n’avoir rien dit ? Tu nous fuis ? Tu sais qu’on s’inquiète, surtout avec le climat ici… S’il y a le moindre problème, il faut le dire et je rapplique immédiatement, tu le sais, pourtant. Je suis parti ce matin… hier… Je ne sais plus, je suis parti dès que j’ai su pour Kimmitsu en m’inquiétant toutes les heures pour toi.

Genji – Quoi ? bafouilla-t-il. Mais, mais... Je vais parfaitement bien, papa, je t'assure ! Et c'est rien, ajouta-t-il très vite en voyant un de ses profs se rapprocher, c'est... C'est mon père.

Le professeur de latin marmonna un "Je croyais que c'était le sous-directeur", d'un ton légèrement choqué et assez perplexe, même si oui, ça pouvait prêter à confusion. Même nom de famille, il vivait chez lui le weekend, même don aussi, donc oui, il y avait de quoi être un peu perdu. Les autres finirent enfin par bouger, aller se reposer et prendre leurs douches pour ceux qui ne l'avaient pas faits ce matin. De son côté, le jeune homme était à moitié mort de honte, un parent qui se jetait sur vous comme ça pour vérifier si tout allait bien... Surtout que maintenant, beaucoup d'élèves dévisagèrent Josuke avant de partir, la plupart choqués en demandant "Mais ça veut dire que le prof a un frère ?!". Frère qui se tourna tout à coup un peu, sans même le relâcher, ce qui fit grincer un peu le lycéen des dents. Il pouvait le relâcher, aussi ! Tout va très bien, il était vivant, entier, un peu secoué peut-être mais c'est tout. Il avait fait le voyage exprès pour venir vérifier ... ? Quand même pas ! En plus, Genji était censé revenir en fin d'année ! Dès le début des vacances, comme Océane ne pouvait plus rentrer en Chine avec ses parents.

Josuke – Je suis désolé, je suis son père et j'ai pris le premier vol du Japon pour voir Genji parce qu'il ne répondait à aucun de mes appels. J'ai appris pour mon frère ce matin et j'ai craint le pire.

Prof – Calmez-vous un peu tout de même, on ne se jette pas sur les élèves comme ça. Surtout s'il est déjà secoué.

Du pâle, Genji vira au cramoisi en l'espace d'une demie-seconde environ, baissant aussitôt la tête pour ne surtout pas croiser le regard de son père lorsqu'il baissa la sienne et lui lâcha un "Tu vas très bien, n'est-ce pas ?" d'un ton un peu acide. Il grimaça encore plus lorsque son père ajouta pour le prof qu'il était désolé et qu'il devait lui parler seul-à-seul. Adieu, soirée tranquille... Est-ce que ça changera quelque chose, s'il lui disait qu'il n'avait pas envie de parler ? Le prof hocha la tête avec un petit soupir puis ajouta d'un ton plus doux qu'il était navré pour son frère mais qu'il était certain que tout devait bien aller pour lui malgré tout. C'est vrai que ce prof-là faisaient parti de ceux qui suivaient la directrice depuis longtemps et il avait aussi aidé son oncle lorsqu'il avait eu de gros ennuis.

Josuke – Merci... En tant que frère aîné, c'est tout ce que j'espère.

Le frère aîné allait aussi se faire hurler dessus si Kimmitsu apprenait qu'il était venu en France alors qu'il savait ce qui s'y passait. Tête baissée, il suivit son père en esquivant très soigneusement le regard de tout le monde pendant que son père ramassait ses sacs et son manteau. C'est au moment de repartir dans le couloir que le professeur lui posa brièvement une main sur l'épaule en lui souriant et en ajoutant que tout s'arrangera bientôt, pour son oncle et tous ceux qui avaient du partir plus tôt. Dit comme ça, on avait le sentiment qu'ils étaient morts. Genji hocha faiblement la tête puis suivit son géniteur dans le couloir, puis l'escalier, à l'opposé d'où se trouvaient les dortoirs pour les groupes classes. Il marchait à un pas ou deux derrière en se demandant si la police était aussi venue là-bas, à la maison familiale, pour interroger sa famille. Si c'était le cas, ça pouvait expliquer que Josuke soit venu exprès, même s'il n'aurait pas dû. En entrant dans la petite chambre, décorée tout en bois, des meubles aux murs, au sol et au plafond, Genji retint un long soupir, se mordant un peu les lèvres. Pas envie de parler, surtout pas envie de mettre des mots précis sur ses angoisses ou coup de stress par refus de les rendre encore plus réels. Son père laissa ses affaires dans un coin, allant s'asseoir sur le lit à côté de lui après lui avoir intimé de faire de même. Il ne s'exécuta que de mauvaise grâce, lèvres serrées.

Josuke – Tu peux enfin m'expliquer ce qu'il y a ? Si ça peut te détendre, je sais déjà que des policiers t'ont interrogé.

Quoi, il le savait ?! Déjà ? Comment ? Sur le coup, le lycéen entrouvrit légèrement la bouche en lui rendant son regard, puis détourna les yeux à nouveau. Que voulait-il qu'il lui dise, de toute façon ? C'était un mélange de tout et surtout c'était bien trop ridicule pour qu'il en parle. Des petits soucis, de tous petits problèmes sans aucune importance, autrement dit, du vent face aux véritables problèmes que traversaient d'autres. Lui, ce n'était vraiment rien, il n'avait pas besoin de s'étaler sur le sujet. Silencieux, il sourcilla un peu lorsque son père le rapprocha un peu de lui en soupirant, de plus en plus gêné et ayant envie de crier qu'il n'y avait pas lieu de s'en faire pour si peu.

Josuke – Des policiers sont venus nous interroger au Japon. J'imagine ce que tu as traversé et je suis désolé de tout ce que tu subis... Mais je ne suis pas le méchant père qui n'aime pas son fils, tu sais ? Je suis sincèrement inquiet pour toi.

Genji – Mais il n'y a pas besoin de s'inquiéter pour moi, souffla-t-il. Je vais très bien, c'est... mineur, comparé à ce qui se passe. Ce n'est rien du tout. Je suis vivant, en liberté, en bonne santé, et puis, le prof que tu as vu toute à l'heure a renvoyé balader la police quand ils sont venus. Je ne sais pas où ils ont tous disparus, de toute façon, je le promets. Ils ont juste, tous... Partis comme ça, du jour au lendemain, on ne sait même pas s'ils sont vivants ou morts.

Sa voix s'étrangla un peu sur le dernier mot et il se reprit avec un peu de peine, portant un bout de manche à ses yeux pour les essuyer. Il n'en savait vraiment rien, il le jurait, ni lui ni personne d'ailleurs, absolument personne. Son père l'entoura à nouveau de ses bras, lui frottant un peu le dos, pendant que Genji s'efforçait de ne pas craquer bêtement. Enfin, peut-être que le prof de latin savait quelque chose. Ou l'infirmier. Ou il n'en savait rien, en fait. Il était perdu. Au bout d'un moment, après quelques minutes sans doute, il n'avait plus la notion du temps, son père glissa une main contre sa joue et lui fit relever la tête, pour qu'il le regarde dans les yeux. mais, enfin, regarder le plancher, c'était très bien aussi, on pouvait y perdre son regard.

Josuke – Il n'y a pas de "rien du tout", Genji... Si ça te touche, c'est important. On ne sait pas où ils sont, mais je suis sûr qu'ils sont vivants, tu m'entends ? Si tu as des problèmes, ou si quelque chose te préoccupe, même si ce n'est qu'un "petit truc" pour toi, je veux le savoir.

Genji – Mais c'est vraiment rien, papa, soupira-t-il longuement. Et puis, ça passera tout seul. Je m'interroge sur tout ça, sur... pourquoi il y a tant de peurs et de haine contre ce genre de pouvoirs. Pourquoi le vent, le feu et la foudre vous "obligent", si on peut dire ça, à ne pas vous laisser faire. Pourquoi j'ai un don alors que maman ou toi, non, mes grands-parents non plus. Puis je m'inquiète pour Océane, sa mère est loin aussi et elle ne peut même plus rentrer chez elle en fin d'année.

Nouveau soupir, nouveau ravalement de larmes au fond de la gorge, nouveaux tremblements. Trop de questions, aucune réponse, et son oncle n'était plus là pour lui expliquer posément tout ce qu'il savait sur le sujet. Il n'osait pas non plus s'ouvrir de la question à ses autres profs, déjà parce qu'il n'était pas certain qu'ils aient les réponses, ensuite pour ne pas les déranger pour ça, enfin parce qu'il ne voulait pas appuyer sur le problème "J'ai un don qui n'aurait jamais dû naître et ce n'est pas naturel". Le vent était le pouvoir principal, dans sa famille, mais chez lui ? Pourquoi ? Alors qu'aucun des six éléments n'étaient présents chez ses grands-parents et parents ? Au moins, Genji n'ignorait pas ce principe, un don n'apparaissant pas sur deux générations se perd à jamais. Pas vrai ? Il releva la tête vers son père, comme s'il pouvait lui apporter des réponses sur le sujet alors que lui-même n'avait jamais suivi de cours dans le domaine. Il réfléchissait, pourtant, le jeune homme reconnaissait facilement cet air-là. Ce n'était rien, de toute façon... Rien du tout, il pouvait très vivre avec ses questions sans subir de dommage collatéral.

Josuke – Les gens craignent ce qu'ils ne connaissent pas, nous avons déjà vu ça par le passé avec la Grande Guerre. C'est la nature humaine qui veut ça, comme elle nous pousse à nous méfier des gens qu'on ne connaît pas dans la rue... Comme pour ton oncle qui a toujours une étiquette désobligeante à cause de son origine étrangère. Avec les dons, c'est la même chose sauf qu'ils effraient parce qu'on ne peut pas deviner qu'une personne a un don simplement en la voyant. Par contre, pour l'influence de certains dons sur leurs porteurs, c'est encore un peu trop complexe pour moi, je suppose que c'est la Nature qui veut cela.

La Nature pouvait être agaçante, alors... Genji ne répondit rien, simplement perdu pour le moment, presque noyé dans une multitude de questions sans aucune réponse.

Josuke – Pour ton don... Tu n'as pas à t'inquiéter. On a élucidé le mystère il y a quelques semaines, avec ta petite sœur. Elle a développé le don de l'eau, sans que l'on ne s'y attende.

Genji – Pardon ? s'étrangla-t-il en se redressant brusquement. Mais... Laquelle, Rina ou Akane ? Et personne n'a le don de l'eau dans la famille ! Papa, c'est grave, il y a un truc d'anormal, là-dedans, ce n'est pas naturel, ce n'est pas... ça n'élucide rien du tout, ça aggrave le problème, au contraire ! Tu ne te rends pas compte ?!

Ses petites sœurs, ses sœurs enfin, toutes fragiles, toutes jeunes, toutes mignonnes, toutes innocentes, il ne fallait pas qu'elles souffrent ou aient du mal ! Et s'il leur arrivait quelque chose ? Si elles étaient blessées à cause de d'un pouvoir ? Si elles avaient peur ?! Son père coupa tout net la crise de panique montant en le prenant par les épaules et en lâchant brusquement "Genji, écoute-moi ! C'est... C'est moi qui avais un don. Je l'ai perdu." Il en fut si soufflé qu'il ne resta parfaitement immobile, la bouche entrouverte, regardant son père se détourner, tête baissée. Il avait eu... Lui... Interdit, il resta à regarder fixement le dos de son père, sans rien dire ni même remuer. Et il savait ça depuis longtemps ? S'il savait, alors pourquoi n'avait-il pas compris dès le début ce qui arrivait dans la famille ? A Eisen ? Lui ? Ou à ses filles ? Pourquoi ?! Et qui d'autre le savait aussi ? Perdre un don n'était pas censé être impossible ? Sauf en cas de très gros choc... Donc ça voulait dire que son père avait eu un grave accident. Ou un traumatisme.

Genji – Alors, reprit-il, la gorge nouée, pourquoi tu... Pourquoi tu as toujours... Depuis des années, pourquoi tu as toujours dit...

Il s'interrompit à nouveau, hésitant entre l'envie de crier parce qu'il n'avait pas oublié ces deux années entières où il avait où littéralement l'impression d'étouffer à cause de son propre pouvoir alors que son père aurait pu comprendre ce qui arrivait et l'envie d'aller tirer sur la manche de son père pour qu'il se retourne et lui explique comment il avait pu perdre son pouvoir. Les larmes recommencèrent à couler très silencieusement sur ses joues et il se leva d'un bloc, marchant un peu pour aller se poster près de la fenêtre, les bras serrées autour de lui.

Genji – Pourquoi papi ne t'a jamais rien dit, alors ? parvint-il à demander. S'il détestait tonton à cause de ce qu'il était, ça devait être pire avec toi, comme tu es son aîné... Il ne disait rien parce que l'eau est un pouvoir calme ?
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Josuke Nakajima
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MessageSujet: Re: Une guerre civile ?   Une guerre civile ? EmptySam 4 Fév - 21:23

Genji – Quoi ? bafouilla-t-il. Mais, mais... Je vais parfaitement bien, papa, je t'assure ! Et c'est rien, ajouta-t-il très vite en voyant un de ses profs se rapprocher, c'est... C'est mon père.

Josuke réalisa, à présent, qu’il s’était littéralement jeté sur son fils alors qu’il y avait les professeurs dans le coin et que l’un d’entre eux s’était rapproché, très inquiet. Désolé, mais il avait ressenti un tel soulagement en le voyant dans le groupe, entier, en bonne santé, que… Il n’avait pas réfléchi, pour une fois. Les élèves autour d’eux réagissaient comme le professeur qui venait de marmonner qu’il croyait que Kimmitsu était le père de Genji. Les élèves, eux, étaient plutôt choqués de savoir que leur professeur d’arts martiaux avait un frère et, donc, une famille. Bizarre… C’était logique, pourtant ! Comment cette idée ne leur était-elle jamais venue à l’esprit ? Ils pensaient tous que leur professeur était né comme cela, à cet âge, qu’il était apparu juste au moment de leur donner cours ? Mais enfin ! En plus, ils le voyaient tous les jours manger, côtoyer Genji et Solène, et sans doute le petit Jasper et la petite Laura. Pourtant, jamais il ne leur était venu à l’esprit que leur prof avait eu une vie… ? Bon, heu, bref, c’était sûrement… le climat ou l’habitude, ici. Peut-être. Josuke se redressa tout en tenant Genji contre lui, incapable de le lâcher pour l’instant tandis que les élèves se dispersaient enfin, pour s’excuser auprès du professeur.

Josuke – Je suis désolé, je suis son père et j'ai pris le premier vol du Japon pour voir Genji parce qu'il ne répondait à aucun de mes appels. J'ai appris pour mon frère ce matin et j'ai craint le pire.

Professeur – Calmez-vous un peu tout de même, on ne se jette pas sur les élèves comme ça. Surtout s'il est déjà secoué.

Surtout s’il est déjà secoué… Mais, à part cela, il allait bien, n’est-ce pas ? « Parfaitement bien », comme il avait dit. Le père de famille baissa directement la tête vers son fils qui avait baissé la sienne au même moment, sans doute pour éviter son regard. Même d’ici, il voyait que son teint était plutôt rouge, ce qui confirmait les dires de son professeur. Josuke le fixa d’un air mécontent, agacé par l’énième mensonge de son fils sur sa santé mentale, et lui lança « Tu vas très bien, n’est-ce pas ? » d’un ton qui sous-entendait très clairement qu’il allait avoir des ennuis. Ils devaient parler, seul à seul, et maintenant. Relevant la tête vers le professeur de Genji, il s’excusa une fois encore en s’inclinant légèrement et ajouta qu’il devait parler avec son fils seul à seul. Il n’avait pas voulu provoquer de vague, vraiment désolé, il ne remettait pas en doute leur autorité ni quoi que ce soit mais avait réagi en suivant son instinct de père. Désolé. Cependant, son interlocuteur ne sembla pas lui en tenir rigueur puisqu’il soupira après avoir hoché la tête, répondant d’un ton plus doux qu’il était navré pour son frère et qu’il était sûr que tout allait bien pour lui, malgré tout.

Josuke – Merci... En tant que frère aîné, c'est tout ce que j'espère.

Josuke retourna vers le fauteuil où il s’était assis en attendant le retour de Genji pour récupérer ses affaires, vérifiant que son fils le suivait toujours. Il chercha la clef de sa chambre dans la poche intérieure de son manteau et se dirigea vers les escaliers situés à l’opposé de ceux qu’empruntaient les élèves qui dormaient dans des dortoirs d’après ce que lui avait dit l’hôtesse d’accueil. Sa propre chambre se situait au premier étage, au fond du couloir, troisième porte à droite. Jetant un œil par-dessus son épaule, il avança un peu pour laisser le professeur de Genji lui parler, lui remarquant un air bienveillant et apparemment inquiet. Il faisait, sans doute, partie des collègues que son frère appréciait et qui aidaient la directrice, sinon il n’aurait pas dit la même chose à propos de Kimmitsu. Lorsqu’il eut terminé de lui parler, Josuke attendit qu’il le rejoigne et grimpa les escaliers puis ouvrit la porte de sa chambre. Un tapis, du bois, des couleurs chaudes… Décoré de manière sobre avec des meubles en bois, tout rappelant les chalets qu’il avait vu dans la brochure de la station en attendant Genji. Refermant la porte derrière eux, il dit à son fils de s’asseoir sur le lit, le rejoignant après avoir posé ses affaires dans un coin. Ce qu’il fit en traînant presque des pieds, évidemment. Bon…

Josuke – Tu peux enfin m'expliquer ce qu'il y a ? Si ça peut te détendre, je sais déjà que des policiers t'ont interrogé.

Inutile d’y aller par quatre chemins, même si c’est ce qu’il aurait fait en temps normal. Genji cachait quelque chose, il allait mal et, si Josuke lui laissait l’occasion de se défiler, nul doute qu’il la saisirait en un rien de temps. Il avait bien vu que l’histoire évoquée par son professeur l’avait mis mal à l’aise, mieux valait donc éliminer cette crainte d’emblée. Il savait pour les policiers, oui, avait eu envie de les tuer en l’apprenant, oui, également, mais la peur de l’état physique et moral de Genji surplombait tout le reste. Et sa réaction ne fit que confirmer, une fois encore, ce que Josuke présupposait… Pas un mot, regard fuyant, l’air choqué. Tel père, tel fils concernant le mensonge, apparemment. Ce qui n’était pas plus mal étant donné la situation même s’il aurait préféré tout savoir sans devoir user de telles stratégies… Réalisant que Genji était vraiment choqué par tout cela, il le rapprocha de lui pour le serrer dans ses bras en soupirant, à défaut de pouvoir le rassurer réellement sans avoir la moindre preuve de ce qu’il avancerait. Il voulait l’aider et aurait pris toute sa peur avec lui si c’était possible. Mais il ne pouvait pas.

Josuke – Des policiers sont venus nous interroger au Japon. J'imagine ce que tu as traversé et je suis désolé de tout ce que tu subis... Mais je ne suis pas le méchant père qui n'aime pas son fils, tu sais ? Je suis sincèrement inquiet pour toi.

Genji – Mais il n'y a pas besoin de s'inquiéter pour moi, souffla-t-il. Je vais très bien, c'est... mineur, comparé à ce qui se passe. Ce n'est rien du tout. Je suis vivant, en liberté, en bonne santé, et puis, le prof que tu as vu toute à l'heure a renvoyé balader la police quand ils sont venus. Je ne sais pas où ils ont tous disparus, de toute façon, je le promets. Ils ont juste, tous... Partis comme ça, du jour au lendemain, on ne sait même pas s'ils sont vivants ou morts.

Ce n’est rien du tout… Il s’inquiétait pour ses professeurs, pour son oncle, et sans doute pour d’autres choses qu’il ne voulait pas dire pour l’instant mais ce n’était « rien du tout » ? Mais enfin, pour un adolescent en plein développement, c’était loin d’être « rien du tout » ! Son oncle n’était plus là et il se savait en danger à cause de la haine des gens, comment pouvait-il continuer à dire que ce n’était « rien du tout » ? Josuke sentit qu’il tremblait et connaissait cette tête. Sachant qu’il se retenait de pleurer, le comprenant assez vite après toutes ces années, il referma ses bras entièrement sur son fils pour le pousser à se laisser aller, au moins, même s’il affirmait que tout allait bien. Il lui frotta le dos un long moment, ne comptant pas les minutes, patientant jusqu’à ce que Genji se calme un peu et arrête de pleurer. Tout va bien… Il était là et ne l’abandonnerait jamais. Même s’il était loin, il ne lui fallait que quelques heures pour venir et être à ses côtés. Josuke fit relever la tête à monsieur-je-vais-bien-comme-mon-oncle pour l’inciter à le regarder, à ne plus fuir du regard comme cela, afin de s’assurer qu’il enregistre bien ce qu’il allait dire.

Josuke – Il n'y a pas de "rien du tout", Genji... Si ça te touche, c'est important. On ne sait pas où ils sont, mais je suis sûr qu'ils sont vivants, tu m'entends ? Si tu as des problèmes, ou si quelque chose te préoccupe, même si ce n'est qu'un "petit truc" pour toi, je veux le savoir.

Genji – Mais c'est vraiment rien, papa, soupira-t-il longuement. Et puis, ça passera tout seul. Je m'interroge sur tout ça, sur... pourquoi il y a tant de peurs et de haine contre ce genre de pouvoirs. Pourquoi le vent, le feu et la foudre vous "obligent", si on peut dire ça, à ne pas vous laisser faire. Pourquoi j'ai un don alors que maman ou toi, non, mes grands-parents non plus. Puis je m'inquiète pour Océane, sa mère est loin aussi et elle ne peut même plus rentrer chez elle en fin d'année.

… Gros. Problème. En vue. Depuis quand avait-il réalisé que ce n’était pas normal ? Kimmitsu n’avait jamais dit que Genji s’inquiétait et qu’il avait des doutes ! Et maintenant ? Comment devait-il faire ? Il ne pouvait pas lui révéler comme ça, d’un coup, que lui-même avait eu un don mais que son père l’avait tellement traumatisé, enfant, qu’il l’avait perdu. Il n’était pas censé le dénigrer, même s’il lui en voulait, même s’il ressentait un vide étrange intérieurement depuis qu’il savait la vérité. C’était encore un sujet bien trop sensible, voire douloureux, pour qu’il puisse en parler avec Genji sans se trahir. Il n’en avait plus parlé depuis la dispute, évitant purement et simplement le sujet grâce à son travail. Munemori l’avait laissé tranquille, soit parce qu’il pensait que c’était passé, soit parce qu’il voulait laisser le temps faire les choses. Quant à Kimmitsu, ils n’en avaient pas parlé et ne s’étaient pas recroisés depuis. Et puis, avec les problèmes récents…

Bon. Il ne pouvait pas lui dire mais il le fallait. Sinon Genji allait finir par s’en rendre malade. Et, autre point dont Josuke venait de se souvenir, ils ne lui avaient rien dit pour Akane… Or, il devait revenir en décembre, et bien plus tôt que prévu avec ce qu’il venait de dire. C’était vrai, le vieil homme n’avait pas fait le rapprochement entre les avis de recherche et la mère d’Océane mais cela risquait de poser problème. Pourtant, la petite n’y était pour rien. Bon, une chose à la fois. D’abord, il pouvait aborder la préoccupation la plus « simple » de Genji à laquelle il pouvait répondre, même si cela n’allait rien résoudre. Peut-être sa réponse allait-il l’alléger un peu… Depuis quand s’interrogeait-il sur tous ces sujets ? Réfléchissant toujours, il réalisa qu’il n’avait rien répondu et que son fils attendait des informations, des réponses, même un indice, toujours dans ses bras. A lui de lui expliquer les choses simplement… Si c’était possible. Il relâcha sa tête, posant sa main sur son épaule pour s’assurer qu’il écoute bien.

Josuke – Les gens craignent ce qu'ils ne connaissent pas, nous avons déjà vu ça par le passé avec la Grande Guerre. C'est la nature humaine qui veut ça, comme elle nous pousse à nous méfier des gens qu'on ne connaît pas dans la rue... Comme pour ton oncle qui a toujours une étiquette désobligeante à cause de son origine étrangère. Avec les dons, c'est la même chose sauf qu'ils effraient parce qu'on ne peut pas deviner qu'une personne a un don simplement en la voyant. Par contre, pour l'influence de certains dons sur leurs porteurs, c'est encore un peu trop complexe pour moi, je suppose que c'est la Nature qui veut cela.

Bon, ça, c’était le plus simple. Enfin, par rapport au reste, du moins. C’était horrible à entendre, à concevoir, mais les humains étaient comme cela et avaient toujours fonctionné ainsi, la preuve en était avec la Grande Guerre et avec ce qui se passait actuellement dans le monde. Même au Japon, les tensions augmentaient ! Les élémentaires étaient en danger partout, seule raison qui empêchait Josuke de rapatrier Genji chez eux. Il avait, malheureusement, fait beaucoup de bruit depuis deux ans et leur voisinage savait qu’il avait un don. En France, il était protégé par les professeurs et les militaires même si c’était horrible de dire ça. Lui-même n’ayant pas… plus de don, il ne pouvait pas protéger son propre fils. Ce qui le rendait littéralement malade, en plus de tout le reste, mais passons. Constatant que Genji ne répondait rien et conservait ce même air perdu depuis les cinq dernières minutes, il fut bien obligé de se lancer dans l’autre sujet beaucoup plus délicat. Mais par où commencer… ? Que savait exactement Genji à propos des dons ? Peut-être peu de choses. Mal à l’aise, Josuke s’efforça de rester le plus naturel possible avec lui pour lui répondre, s’obligeant à le regarder avec l’horrible impression que la situation s’inversait complètement.

Josuke – Pour ton don... Tu n'as pas à t'inquiéter. On a élucidé le mystère il y a quelques semaines, avec ta petite sœur. Elle a développé le don de l'eau, sans que l'on ne s'y attende.

Genji – Pardon ? s'étrangla-t-il en se redressant brusquement. Mais... Laquelle, Rina ou Akane ? Et personne n'a le don de l'eau dans la famille ! Papa, c'est grave, il y a un truc d'anormal, là-dedans, ce n'est pas naturel, ce n'est pas... ça n'élucide rien du tout, ça aggrave le problème, au contraire ! Tu ne te rends pas compte ?!

Pire. Idée. Du. Siècle. Sans crier gare, Genji partit dans une crise de panique, complètement alarmé après ce que son père venait de lui dire, renforçant l’idée selon laquelle il en savait long sur le sujet et qu’il s’interrogeait sur tout cela depuis des mois. Il savait que ce n’était pas normal, soit par son oncle lorsque celui-ci s’était renseigné, soit par ses amis en parlant avec eux, soit par ses recherches s’il en avait effectuées. Il savait. Il savait et il s’inquiétait. Pire, il était mort d’inquiétude pour Akane là où Josuke voulait le rassurer en lui prouvant que c’était normal qu’il ait un don, qu’il n’était pas « une erreur » ou il ne savait quoi. Paniqué lui-même, ne trouvant plus d’autre solution, il saisit Genji par les épaules pour l’obliger à se calmer et à rester en place en lâchant, d’un bloc : « Genji, écoute-moi ! C'est... C'est moi qui avais un don. Je l'ai perdu. . C’était maladroit mais il n’avait, actuellement, pas la force d’utiliser un discours plus doux devant son fils catastrophé pour un sujet aussi délicat que celui-là.

Josuke fut obligé de se détourner, avouant les faits à voix haute pour la première fois de lui-même. Même avec Kimmitsu, il n’avait rien dû dire, son frère avait tout compris. Quant à Eisen et Munemori, ils l’avaient dit pour lui. Préférant ne pas voir la réaction de Genji, il resta immobile en attendant que ce dernier dise quelque chose, fermant les yeux et se tenant les mains. Désolé. Il n’avait pas trouvé d’autre manière pour le lui dire, il avait paniqué. Maintenant, son fils devait lui en vouloir plus que jamais. Lui en vouloir pour n’avoir rien fait, pour n’avoir rien compris, pour n’avoir pas empêché cette haine des dons dans leur propre famille. Uniquement parce qu’il ne se souvenait de rien… Il sentait ses reproches et les comprenait sans aucun problème, se les faisant à lui-même depuis qu’il avait découvert la perte de son don.

Genji – Alors, reprit-il, la gorge nouée, pourquoi tu... Pourquoi tu as toujours... Depuis des années, pourquoi tu as toujours dit...

Josuke se crispa, plissant les yeux comme s’il attendait un coup, craignant la suite de la phrase qui ne venait pas. Il entendit et sentit Genji se lever, devina, au son de sa voix, que l’adolescent retenait sa colère ou était sur le point de pleurer. Il était désolé… S’il avait su, jamais il ne lui aurait fait endurer tout cela, il aurait pu comprendre beaucoup plus tôt, il aurait évité à ses frères de souffrir, tout comme aux membres de sa famille possédant un don. Les choses auraient été différentes. Mais il aura fallu qu’il oublie la seule partie la plus importante de sa vie… Peut-être était-ce un blocage, peut-être avait-il enfoui tout simplement ces souvenirs dans un coin de sa mémoire. Dans tous les cas, il ne se rappelait plus rien de vraiment concret, gardant seulement en tête la peur qu’il avait de son propre père lorsqu’il était enfant et la pression que ce dernier lui imposait pour prendre sa relève.

Genji – Pourquoi papi ne t'a jamais rien dit, alors ? parvint-il à demander. S'il détestait tonton à cause de ce qu'il était, ça devait être pire avec toi, comme tu es son aîné... Il ne disait rien parce que l'eau est un pouvoir calme ?

Josuke – Il ne l’a jamais accepté…, souffla-t-il sans se retourner. Si tu t’es renseigné à ce point sur les dons, je suppose que tu sais comment une personne peut perdre un don, et à quelle période de sa vie.

Josuke tourna la tête vers Genji pour voir sa réaction, son regard, pour essayer de comprendre ce qu’il pensait et de le deviner. Elle était loin, l’image du père impassible et intouchable. Très loin. Son propre père devait, d’ailleurs, s’en retourner dans sa tombe. Mais cela lui importait peu, aujourd’hui, tout ce qui comptait était Genji et ses frères, sa famille, les êtres qu’il aimait et qui avaient souffert durant toutes ces années.

Genji – On m'a juste expliqué que ça pouvait arriver à n'importe quel âge et que la terre, la glace et l'eau sont plus fragiles. Donc... ça veut dire que grand-père t'a fait peur exprès, pour ça ?

Il ne pouvait pas dire ça… C’était vrai, en soi, mais il lui était impossible de le dire, de l’accepter. Pourtant, Genji avait raison et son innocence d’adolescent, presque enfant dans certaines de ses réactions, dissipait quelque peu le filtre qu’eux s’imposaient en tant qu’adultes. Parfois, il l’enviait sérieusement pour cela, d’autres fois, il trouvait cette honnêteté insupportable. Josuke grimaça en regardant son fils, lui lançant un regard d’excuse mêlé à la honte d’avouer une telle chose.

Josuke – Je... crois. Je ne me souviens de rien. Je sais juste que mon père me faisait incroyablement peur. Mais il faut que ça reste entre nous, Genji... Je ne suis pas supposé le dénigrer ainsi.

Genji – Tu n'es pas le seul à qui il faisait peur, même aujourd'hui, dit-il d’un ton plus bas.

Sans doute, mais… Oh. Genji se tourna à nouveau, signe qu’il devait sûrement se cacher pour pleurer comme il en avait pris la fâcheuse habitude depuis deux ans. Qu’est-ce qu’il avait dit… ? Pourquoi pleurait-il ? Josuke l’avait sûrement blessé avec toutes ces années de disputes. Il n’avait jamais compris, jamais réalisé à quel point ce don l’influençait, jamais su comment l’aider et le calmer, jamais été capable de comprendre ce qui n’allait pas. Comment se racheter après toutes ces années ? Genji n’était pas le seul à avoir souffert et, s’il avait eu un don, les choses auraient été différentes. Pour la simple raison qu’il aurait su ce que c’était et ce que cela impliquait. Hésitant un long moment, regardant son fils, Josuke se leva pour aller vers lui et laissa sa main un moment dans le vide, sans savoir si c’était une bonne idée ou pas, avant de la poser sur l’épaule de Genji pour l’attirer dans ses bras, le serrer fort contre lui. Désolé. Il était vraiment désolé… Qu’il se calme. C’était fini, terminé.

Josuke – Je suis désolé..., finit-il par dire d’un ton plus rauque. Je ne t'aurais jamais fait subir tout ça si j'avais su.

Il ajouta, en le gardant dans ses bras et en lui frottant le dos comme quelques minutes plus tôt, qu’il comprenait que Genji lui en veuille. C’était normal, après tout, et il serait hypocrite de dire qu’une telle réaction était illogique alors que lui-même en voulait à son propre père, qu’il regrettait et qu’il avait l’impression d’un vide à l’intérieur de lui. Emiko était là, leurs filles aussi, Genji, leurs frères et leur sœur. C’était uniquement pour toutes ces personnes que Josuke n’avait jamais laissé tomber le masque depuis qu’il savait mais… Son fils avait le droit de connaître la vérité. Il devait se rassurer, ne plus être malade à cause d’un problème qui n’en était pas au final. Tout ce qui importait au vieil homme, à présent, était de le rendre le plus heureux possible, de… se racheter. Au moins un peu. Il voulait lui rendre le sourire. Mais comment ? La seule personne qui parvenait à le faire avancer, pour l’instant, était Océane, et ils ne pourraient même pas passer leurs vacances ensemble. A moins que… C’était… peut-être une solution.

Josuke – Si… Si tu veux, Océane pourra rentrer avec vous pour les vacances. Elle ne sera pas toute seule et toi non plus. Elle te fait sourire et tu n’as pas la même tête lorsque tu parles d’elle. Si cela peut t’aider, je vais essayer de m’arranger pour qu’elle vienne chez nous. Je ne peux pas me racheter pour tout ce que tu as subi… Mais je veux le meilleur pour toi.
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Genji Nakajima
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Genji Nakajima
MessageSujet: Re: Une guerre civile ?   Une guerre civile ? EmptyDim 19 Fév - 21:33

Josuke – Il ne l’a jamais accepté…, souffla-t-il sans se retourner. Si tu t’es renseigné à ce point sur les dons, je suppose que tu sais comment une personne peut perdre un don, et à quelle période de sa vie.

A tous les âges, non ? Le jeune homme hésita un peu avant de répondre, il avait lu quelque part qu'on pouvait perdre un pouvoir n'importe quand durant sa vie à cause d'un choc, un choc violent, qu'il soit mental ou physique, enfin, surtout mental d'après ce qu'il avait compris. Non ? Mais si son père ne s'en souvenait pas, c'était qu'il était très jeune, alors ? Plus que lui, là, aujourd'hui ? Il avait aussi appris q'un don naissant est très fragile, logique, comme un nouveau-né est très innocent et fragile lorsqu'il vient au monde, il ne se développe qu'après. Et il ne lui avait même pas dit laquelle de ses deux sœurs avait eu ce don ! Rina ou Akane ? Il avait des frissons rien qu'à imaginer une des deux pleurer ou avoir peur à cause de ce pouvoir et de la façon dont il était né. Ses petites sœurs toutes mignonnes... En attendant, que répondre ? Voir son père dans cet état était encore plus déstabilisant que tout le reste, il y avait des adultes dont on ne croyait pas qu'ils pouvaient être malades ou pleurer ! Comme, heu, comme... Bah, ses parents, pour commencer. Ses professeurs. Le médecin qu'il voyait souvent, enfant, au village. La directrice du pensionnat, la voir pleurer ferait clignoter le signal d'alarme "DANGEEER !". Comme son oncle, d'ailleurs. Bref, les adultes parents, mentors et professeurs. Et là, son père était bizarre, comme il ne l'avait jamais vu de sa vie toute entière, ça ne collait pas.

Genji – On m'a juste expliqué que ça pouvait arriver à n'importe quel âge et que la terre, la glace et l'eau sont plus fragiles. Donc... ça veut dire que grand-père t'a fait peur exprès, pour ça ?

Josuke – Je... crois. Je ne me souviens de rien. Je sais juste que mon père me faisait incroyablement peur. Mais il faut que ça reste entre nous, Genji... Je ne suis pas supposé le dénigrer ainsi.

Genji – Tu n'es pas le seul à qui il faisait peur, même aujourd'hui, dit-il d’un ton plus bas.

Donc c'était son père qui avait eu un don autrefois, qui l'avait oublié, et avait donc passé plusieurs années à lui reprocher de ne pas faire assez d'efforts, d'être trop dissipé, de ne pas se contrôler, de faire attention à ne pas montrer son pouvoir en public ni à la maison pour ne pas inquiéter ou mettre en colère qui que ce soit, qu'il devait respecter l'avis de ceux qui n'aimait pas ce pouvoir et faire attention à ne pas leur montrer qui il était,car, de toute façon, "ils accepteront sûrement mieux avec le temps, si tu montres que tu te contrôles". Genji se retourna assez brusquement vers la fenêtre, la gorge nouée, ayant juste envie, d'un seul coup, de rentrer chez lui pour hurler que non, non, NON, il ne se contrôlait pas et n'avait pas envie de se contrôler ! Ils ne voyaient pas que ça faisait mal ?! Même son père était blessé à cause de ça ! Des larmes de fureur vinrent couler sur ses joues et il réalisa qu'à penser ainsi, il allait finir par vraiment détester tout une partie de sa famille, ce qui serait le comble de l'horreur, il ne pouvait pas rejeter ou mépriser les siens comme ça. La culpabilité vint remplacer la colère lorsqu'il imagina quelle tête ferait sa mère si elle pouvait entendre ses pensées, tout comme ses petites sœurs. Grimaçant, il se mordit les lèvres lorsque son père vint le rejoindre près de la fenêtre puis le reprit dans ses bras pour le serrer contre lui.

Josuke – Je suis désolé..., finit-il par dire d’un ton plus rauque. Je ne t'aurais jamais fait subir tout ça si j'avais su.

Comment ça aurait pu changer quelque chose ? Il aurait mieux pu concilier les dons des uns et les crispations des autres ? Et aurait pu comprendre ce que ça faisait, d'avoir un pouvoir qu'on n'avait pas désiré et qu'on était obligé de garder, vivre avec comme si de rien n'était ? Genji fit la moue, baissant un peu la tête pendant que son père lui frottait le dos et ajoutait qu'il comprenait que son fils lui en veuille. Le lycéen savait très bien qu'il ne devrait pas, que son père ne pouvait pas savoir pour cette perte de son propre don, mais au fond, il n'arrivait pas à s'en empêcher. Il lui en voulait, oui, il lui en voulait car il avait été toujours été très rigide et sévère alors qu'il avait déjà eu un exemple avec son propre frère des résultats d'une telle éducation chez une personne maniant le vent. Il en voulait à tout le monde, y compris à lui-même, pour ces deux années entières de hurlements, de disputes, de crises, de fugues, où personne ne pouvait lui expliquer ce qui arrivait, où il avait eu souvent envie de fuir à jamais de chez lui et n'était jamais passé à l'acte que par peur de blesser sa mère. Genji ne bougeait presque plus, très crispé, la colère et la culpabilité le rongeant comme des acides.

Josuke – Si… Si tu veux, Océane pourra rentrer avec vous pour les vacances. Elle ne sera pas toute seule et toi non plus. Elle te fait sourire et tu n’as pas la même tête lorsque tu parles d’elle. Si cela peut t’aider, je vais essayer de m’arranger pour qu’elle vienne chez nous. Je ne peux pas me racheter pour tout ce que tu as subi… Mais je veux le meilleur pour toi.

Genji – Si c'est pour qu'elle soit pointée du doigt elle aussi, maugréa-t-il, tête baissée. Je n'ai pas envie de rentrer... Ou de passer la fin de l'année à me demander qui va mourir ici et ce qu'on apprendra en janvier.

Il fallait très peu de temps pour qu'une situation s'améliore ou vire au drame, les exemples étaient bien assez nombreux pour en être convaincu. Cependant, son père ne parut plus convaincu que ça, étant donné la tête qu'il tira aussitôt. C'était si aberrant que ça d'avoir peur de quitter un pays tant on craignait que la situation ne se dégrade encore ou qu'il y ait un nouveau retournement de situation ?

Josuke – Il est hors de question que tu restes ici tout seul, Genji. Tu peux m'en vouloir autant que tu le veux, ta mère et tes sœurs ont le droit de te voir et, maintenant que Solène est seule chez ses parents, tu ne peux pas leur rajouter du travail comme cela. Quant à Océane, elle ne sera pas pointée du doigt, je t'en fais la promesse.

C'était bas, comme argument, de lui rappeler pour sa mère et les jumelles. Le jeune homme retint un soupir puis dégagea de l'étreinte de son père pour reculer d'un pas, se retrouvant contre la fenêtre, aux volets bouclés, essuyant de sa main les dernières traces de larmes sur son visage. Il souligna ensuite d'une voix lasse que c'étaient aux parents d'Océane de décider ça, de toute façon, et que son père ne pouvait pas savoir où les trouver. Enfin si, son père travaillait à l'étranger, en ce moment, mais sa mère était perdue quelque part en France et il ne pouvait pas la contacter. Pas de frères ou de sœurs, aucune autre famille en France, puisque ses grands-parents, tantes, oncles, cousins et cousines vivaient encore en Chine. Et eux non plus ne pouvaient rien faire de plus pour contacter la professeure et avoir des nouvelles. Son père lui affirma qu'il pouvait s'arranger pour lui parler, voire la retrouver, faisant hausser un sourcil dubitatif à Genji.

Genji – Tu sais que ton petit frère risque de t'achever si tu retrouves comme ça dans leurs jambes ... ? Et la directrice aussi... Faut pas l'énerver.

Josuke – Je sais mais je me débrouillerai. Ton oncle m'a accompagné, il aura sûrement de nouvelles informations lorsque j'irai le retrouver.

Une grimace pour seule réaction, en-dehors de ça, lui aussi devait se douter de ce qui arrivera s'il croisait des personnes colériques de base et sous tension avec les récents événements. Enfin... Genji se sentit épuisé tout à coup, il avait envie d'être seul pour faire le point, se vider la tête, ne plus penser à rien l'espace d'une heure ou deux. Digérer le choc, essayer de faire passer la colère allant avec, peut-être relâcher un peu son don car il le sentait si tendu qu'il était presque sûr de se blesser avec avant la fin de la soirée. Contournant son père, il sortit de la chambre, sans idées précises de destinations pour l'instant, grimaçant lorsque son père le suivit en lui demandant où il allait. Nulle part, voilà, il n'allait nulle part, ce qui n'était pas si loin de la vérité après tout.

Josuke – Je t'accompagne vers ce "nulle part" alors, j'ai besoin d'air aussi.

Mmph... Renonçant à répliquer, Genji se contenta de continuer à avancer au hasard évitant les chemins habituellement pris par les autres élèves pour aller d'un coin à l'autre, pour finir par arriver à l'arrière de la station, là où il y avait quelques jardins intérieurs et des roseraies, presque vies à cette saison, mis à part les fleurs d'hiver, comme les edelweiss. Le toit était formé par une voûte basse en verre, à croisillons, laissant voir les étoiles. Genji s'assit dans un petit coin et entrouvrit une des fenêtres pour avoir de l'air, ne pouvant pas sortir comme il n'avait pas son manteau. Il aimait bien observer les étoiles, se laissant aller à le faire, chez lui, lorsqu'il était sûr d'être seul, pour se réconforter après une énième dispute. Presque par automatisme, il ramena les jambes contre lui pour les entourer de ses bras, lançant un bref regard à son père qui s'était assit aussi puis baissa la tête à nouveau.

Genji – Est-ce que je suis obligé de te succéder ? murmura-t-il. Je sais, c'est la tradition, je suis ton fils aîné et compagnie. Mais bon... Je ne veux pas renier ma famille, je n'ai juste pas envie de... de... je ne sais pas comment formuler ça. Je ne suis pas comme toi...
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Josuke Nakajima
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MessageSujet: Re: Une guerre civile ?   Une guerre civile ? EmptyMer 8 Mar - 17:44

Genji – Si c'est pour qu'elle soit pointée du doigt elle aussi, maugréa-t-il, tête baissée. Je n'ai pas envie de rentrer... Ou de passer la fin de l'année à me demander qui va mourir ici et ce qu'on apprendra en janvier.

Ah, ça, non. Il pouvait lui en vouloir, le détester, refuser de lui pardonner… Mais il était hors de question qu’il reste en France, tout seul, même si Solène était là. Elle avait d’autres préoccupations en tête et Josuke ne pouvait lui imposer la garde de son fils alors qu’il était prévu qu’il revienne au Japon. Il comprenait ses inquiétudes et ses peurs mais rester ici à ne penser qu’à la guerre n’aiderait pas Genji. Il ne pouvait pas agir et devait rester à l’écart, ne pas s’en mêler ou risquer sa vie inutilement. Même si son oncle était impliqué dans toute cette histoire, les enfants ne devaient pas l’être. Genji avait besoin de respirer, il avait le droit à des vacances et sa mère, ainsi que ses sœurs, pouvaient le voir. Le nombre de fois où elles lui avaient demandé de ses nouvelles… Non. Désolé, là-dessus, Josuke ne changerait pas d’avis. Qu’il l’évite s’il le souhaite, mais il ne resterait pas en France à attendre la rentrée sans avoir d’autre occupation. Quant à Océane, le chef de famille ne permettrait à personne de la critiquer ou de la pointer du doigt. Si elle était invitée et qu’elle était avec Genji, elle était la bienvenue. Concernant les tensions… Il verrait sur le moment.

Josuke – Il est hors de question que tu restes ici tout seul, Genji. Tu peux m'en vouloir autant que tu le veux, ta mère et tes sœurs ont le droit de te voir et, maintenant que Solène est seule chez ses parents, tu ne peux pas leur rajouter du travail comme cela. Quant à Océane, elle ne sera pas pointée du doigt, je t'en fais la promesse.

Genji se dégagea de son étreinte, son père le laissant aller comme il ne voulait pas l’oppresser. Tout ce qu’il souhaitait était le meilleur pour lui… S’il lui en voulait, d’accord. Lui-même s’en voulait et ne pouvait, donc, pas l’empêcher d’en faire autant pour le moment. Le sujet était encore trop récent, il n’en avait même pas parlé avec Kimmitsu ou Munemori. Et n’en parlerait probablement jamais… Trop difficile pour le moment et, surtout, inutile. La France était en guerre, les autres pays commençaient à avoir leurs propres problèmes avec les élémentaires. Son petit frère était même recherché ! A côté de cela, que représentait une histoire de famille, passée, remontant à leur enfance ? Si Kimmitsu avait réussi à passer outre ce que lui avait fait subir leur père, Josuke y arriverait aussi. Ce n’était qu’une question de temps… Dans tous les cas, le sujet était loin d’être important. Pas la peine d’en parler tout de suite, son frère n’avait pas insisté au téléphone ni par courrier, Munemori l’avait laissé tranquille et devait croire qu’il allait vraiment mieux. Ce qui n’était pas plus mal…

Genji interrompit le cours de ses pensées en disant que c’étaient aux parents d’Océane de décider, de toute façon, et qu’il ne pouvait pas savoir où les trouver. Hum… Bon, il n’avait pas tort là-dessus mais il existait forcément un moyen de les contacter. Les professeurs, par exemple, devaient pouvoir contacter un parent de toute urgence au cas où, non ? Josuke leur demanderait et s’arrangerait pour leur parler. Si son père était indisponible, comme Genji le lui avait dit plus tôt, sa mère recherchée et portée « disparue », un membre du personnel enseignant pourrait l’aiguiller. Le professeur qui lui avait parlé, par exemple ? C’était possible… Ou même Munemori ? Lui avait pu parler à Solène, il devait même être avec elle, à l’heure qu’il était. Il aurait forcément des informations, leur belle-sœur ne pouvait pas ignorer où se trouvait son mari. Dans tous les cas, Josuke ne se laisserait pas décourager, surtout si cela pouvait aider les parents d’Océane, Océane et Genji. Ce qu’il lui affirma, convaincu.

Genji – Tu sais que ton petit frère risque de t'achever si tu retrouves comme ça dans leurs jambes ... ? Et la directrice aussi... Faut pas l'énerver.

Josuke – Je sais mais je me débrouillerai. Ton oncle m'a accompagné, il aura sûrement de nouvelles informations lorsque j'irai le retrouver.

Ici, par contre, son fils avait souligné un très sérieux problème… Il ne put réprimer sa grimace, songeant que Kimmitsu allait être furieux en le voyant débarquer, s’il parvenait à le retrouver. Josuke allait devoir préparer son argumentaire et se défendre, préparer minutieusement tout ce qu’il dirait à son frère avant d’être face à lui. C’était presque une question de vie ou de mort, Genji avait raison en disant que son oncle risquait de l’achever si lui le rejoignait. Mais il comprendrait, non ? C’était pour la bonne cause ! Avoir des nouvelles, pouvoir rassurer ceux qui étaient morts d’inquiétude, se rassurer lui-même par la même occasion et proposer une solution aux parents d’Océane. Ignorant où trouver son père, Josuke devait se tourner vers sa mère. Et sa mère était avec en fuite avec Kimmitsu et toutes les autres personnes actuellement recherchées. Il ne pouvait pas rentrer chez lui sans avoir essayé… Pour Genji, au moins.

Au bout d’un moment, son fils le contourna, purement et simplement, avant de sortir de la chambre. Genji… Soupirant, Josuke hésita un bref instant sur ce qu’il devait faire : le suivre ou le laisser s’en aller ? S’il le suivait, cela risquait de l’énerver… Mais s’il le laissait partir, il pouvait être sûr que les morceaux allaient être plus durs à recoller. Il ne pouvait pas le laisser tout seul dans cet état et, d’un coup, comprenait mieux la réaction de son frère lorsque lui-même était sorti sans rien dire dans un état similaire à celui de Genji. Comment lui en vouloir… ? Que pouvait-il lui dire, ici ? Il s’était déjà excusé et ne pouvait changer le passé. Tout ce qui lui restait à faire était de… d’essayer de se racheter. Même si c’était peut-être impossible… Il sortit après Genji, le rattrapant en deux grandes enjambées une fois hors de la chambre, et lui demanda où il allait. Et, pour seule réponse, il ne reçut qu’un « Nulle part »… Ne se laissant pas démonter, gardant en tête que Genji avait besoin d’aide maintenant, il continua à le suivre sans ralentir.

Josuke – Je t'accompagne vers ce "nulle part" alors, j'ai besoin d'air aussi.

Genji ne répliqua rien, pour une fois, ce qui ne rassura pas Josuke pour autant. Il savait qu’il préférait être seul, surtout loin de lui après ce qu’il venait de découvrir… Mais le laisser fuir et tout garder pour lui n’était pas la bonne stratégie. Il suivit donc son fils sans rien dire, sans même chercher à savoir où il allait, remarquant que tous les chemins qu’il prenait étaient déserts ou presque. Les élèves ne semblaient pas venir ici, tout comme ses professeurs. Genji avait déjà repéré les couloirs plus tranquilles alors qu’il n’était ici que depuis un ou deux jours… C’était sans doute un réflexe qu’il avait acquis à cause des nombreuses disputes qui l’avaient forcé à trouver des coins tranquilles assez vite.

Ils arrivèrent dans une partie de la station qui abritait des jardins intérieurs et des roseraies, vides maintenant en dehors des fleurs d’hiver qui poussaient çà et là. Un coin calme et reposant, il devait bien l’admettre… Ralentissant le pas pour observer l’endroit, Josuke vit Genji entrouvrir une fenêtre, laissant un courant d’air passer, et s’asseoir dans un coin avant de ramener ses jambes contre lui. Désolé… Il n’aurait peut-être pas dû le prévenir, lui dire pour sa sœur, pour son propre don. Une autre histoire, même fausse le temps de digérer la « nouvelle », aurait pu suffire amplement. Même si, pour l’exemple, ce n’était pas une bonne idée, très loin de là… Josuke décida de s’asseoir à côté de lui, toujours silencieux, observant le ciel et les jardins intérieurs sans rompre le silence. Il ne savait pas quoi dire, en réalité. « Je suis désolé » ? « Ne m’en veux pas » ? « Ça passera » ? Paroles vides, creuses, qui ne rattraperaient rien aux yeux de Genji.

Genji – Est-ce que je suis obligé de te succéder ? murmura-t-il. Je sais, c'est la tradition, je suis ton fils aîné et compagnie. Mais bon... Je ne veux pas renier ma famille, je n'ai juste pas envie de... de... je ne sais pas comment formuler ça. Je ne suis pas comme toi...

Voilà sans doute les paroles qu’aucun parent ne souhaite entendre dans toute une vie… Le vieil homme tourna la tête vers son fils, posant les yeux sur lui sans répondre tout de suite. Il en avait déjà parlé avec Munemori et Emiko, là n’était pas le problème. Ils étaient tombés d’accord pour que Genji ne lui succède pas, lui-même le refusant depuis qu’il savait ce que produisait le vent sur le porteur au niveau du comportement. Une vie aussi cadrée ne lui conviendrait pas, même s’il avait plus de libertés au Japon. Evidemment, cela aiderait énormément leur famille à ouvrir les yeux, à tolérer les élémentaires… Mais avec ce qui se passait, avec les tensions actuelles et les changements que Josuke essayait déjà d’imposer dans la famille, il craignait le pire avec cette idée. Il ne voulait pas voir Genji souffrir d’une vie qu’il ne supportait pas… Surtout si c’était pour qu’il fasse comme son ami Alexis, que Josuke n’oublierait probablement jamais à cause de l’appel et de l’état de son fils lorsqu’il l’avait retrouvé. Il ne pouvait l’obliger à suivre les codes d’une vie qu’il ne comprenait pas… Pour être chef de famille, il fallait beaucoup de discipline, ce que l’élément de Genji ne lui permettait pas. Poussant un soupir à son tour, Josuke tourna à nouveau la tête pour regarder droit devant lui, tâchant de ne se concentrer que sur la question de la succession.

Josuke – Tu n’as pas à t’inquiéter de la succession…, dit-il enfin. Nous en avons déjà parlé, ta mère, ton oncle et moi. Depuis que je sais l’influence que ton élément a sur toi… Je refusais de t’imposer une telle vie. Tu n’auras pas à me succéder, tu seras libre en revenant. J’espère seulement que cela ne te poussera pas à nous oublier pendant des années…

Genji – Il ne t'a jamais expliqué pourquoi ?

Genji avait sincèrement l’air surpris, rougissant et rabaissant la tête. Si lui-même n’avait pas tourné la tête pour voir sa réaction, jamais il ne l’aurait cru aussi étonné. C’était normal qu’il ne souhaite que son bien, enfin ! Quant à sa question… Il y avait une raison ? Kimmitsu leur avait seulement dit qu’il n’avait pas vu le temps passer, que sa vie très active et mouvementée l’avait empêché de prendre le temps de se poser et de revenir au Japon. Il y avait autre chose… ? Cette fois, ce fut Josuke qui eut l’air surpris, fronçant les sourcils en demandant s’il y avait une raison, ajoutant que non, Kimmitsu ne lui avait jamais rien expliqué, se contentant des « aléas de la vie ».

Genji – Les aléas de la vie... Heu... Dans un sens, ce n'est pas faux. Tant pis, oublie.

Josuke – Non, explique-toi. « Dans un sens, ce n’est pas faux » ? Si Kimmitsu n’est pas revenu pour une autre raison, et une vraie cette fois, j’ai le droit de la connaître, Genji. Comme toi tu avais le droit de savoir pour ta sœur, et pour moi par conséquent. Si tu ne veux pas que j’en parle à ton oncle après, cela restera entre nous, mais explique-moi.

Que s’était-il passé pour que Kimmitsu ne puisse pas revenir ? Avait-il été blessé ? Avait-il eu des ennuis, des menaces de mort, déjà dans le passé ? Que signifiait ce « vie agitée » dont il avait parlé et qui l’avait tant marqué la première fois qu’il avait revu son frère après dix ans ? Il s’était entraîné et était devenu extrêmement fort dans les arts martiaux, c’était visible. Était-ce donc pour une raison particulière, autre que « les aléas de la vie » ? Josuke se tourna complètement vers Genji, cette fois, attendant une réponse. Il ne pouvait pas lui balancer que son frère n’était pas revenu pendant dix ans pour une raison particulière sans expliquer ladite raison ! S’il avait si peur que cela, ce n’était pas un problème, Josuke pouvait ne pas en parler jusqu’à ce que Kimmitsu se décide à le faire – probablement jamais… - mais il avait le droit de savoir. C’était son frère, et s’il avait été en danger…

Genji – Là, aussi, ça ne concerne pas les enfants, pour reprendre tes propres termes, et je n'ai su que parce qu'il a laissé échapper un bout par accident un soir et que Solène a insisté pour qu'il raconte. Et puis... Bon... Tu lui demanderas si tu le rev... Quand tu le reverras.

Josuke – Genji, tu es exactement comme ton oncle à ce sujet-là et tu sais aussi bien que moi qu’il ne me répondra pas, si je lui demande. En plus, si je lui demande, il saura que c’est de toi que je tiens l’information et tu ne veux pas qu’il le sache. Si tu l’as entendu « par erreur »… J’ai le droit de savoir s’il avait des ennuis. Il était blessé ? Il a été hospitalisé ? Il a eu… je ne sais pas, des ennuis avec la police ? Il a risqué sa vie ? Si c’est quelque chose de grave… Imagine que je te dise la même chose à propos d’une de tes sœurs. Qu’a-t-il eu ?

Josuke prit Genji par les épaules, doucement, en lui demandant une fois encore de lui expliquer, ou même de lui faire deviner s’il ne voulait pas parler. Il ne pouvait pas le laisser dans l’ignorance jusqu’à ce qu’il trouve peut-être son frère, il se ferait un sang d’encre pour cela en plus du reste. Même s’il le détestait actuellement, il ne pouvait pas lui cacher un élément aussi important, et ça l’était si Genji refusait de le dire, ce que son père lui signala en lui faisant relever le menton pour le regarder dans les yeux sans le relâcher.

Josuke – Je sais que tu es furieux, que tu ne me pardonneras probablement jamais… Seulement, je fais des efforts pour que tu ailles bien, tu vois que j’ai changé, au moins un peu, non ? Pourquoi ne veux-tu pas m’en parler ? S’il te plaît, Genji, tu sais que Kimmitsu ne me dira rien. Je rentrerai au Japon en m’inquiétant encore plus pour sa vie et en cherchant ce qu’il n’a pas dit. Et tu sais, maintenant, que je dis la vérité là-dessus. Vous faites partie de la famille. Dis-moi… Laisse-moi une chance.
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MessageSujet: Re: Une guerre civile ?   Une guerre civile ? EmptyJeu 9 Mar - 11:17

Le silence revint après sa question, s’abattant comme une chape de plomb. Genji se mordit les lèvres en fixant obstinément une plante en pot par terre, non loin devant lui, considérant que tout sera mieux que de regarder la réaction de son père. Il s’attendait à entendre un nouveau sermon du genre « C’est ton devoir, tu pourrais au minimum respecter ça, arrête un peu de faire tes caprices, tu vas grandir et tu oublieras ta petite crise d’adolescence », et tout ce qu’il avait pu entendre d’autre depuis deux ans. Après tout, pourquoi encore poser la question… Il l’avait déjà fait, plusieurs fois, toujours obtenu la même réponse. Il s’était heurté à un immuable « C’est la tradition, c’est ainsi que les choses doivent se dérouler », lorsqu’il avait demandé s’il était vraiment obligé, en tant que fils aîné, de succéder à son père. La tradition, la tradition… Ses parents n’avaient que ce mot-là à la bouche, depuis qu’il était gamin. La tradition par ci, la tradition par là, jamais rien ne pouvait changer d’un millimètre à cause de cette foutue tradition. Évidemment, si des coutumes aussi ancestrales avaient perduré, c’était qu’il y avait une bonne raison, néanmoins, suivre certaines choses par simple habitude, c’était de l’étroitesse d’esprit.

Cependant, son père ne répondit pas du tout ce qu’il attendait et ce qu’il entendait depuis des années. Genji entrouvrit la bouche, choqué pour le coup, relevant enfin la tête puis la rebaissant aussitôt, les joues plus rouges. D’accord… D’où venait le revirement ? Ça ne pouvait quand même pas être uniquement à cause de ces que ses parents avaient appris sur les éléments au cours des derniers mois, non ?! Si ? Autant soulagé que très choqué, Genji revint assez brusquement à la réalité devant la dernière phrase prononcée par son père. Qu’il ne « les oubliera pas pendant des années... » Une minute, ça voulait dire que… Ce n’était pas possible, ça, il devait forcément savoir pourquoi. IL devait obligatoirement déjà savoir pourquoi son frère n’était plus jamais revenu au Japon avant des années, il avait déjà dû lui poser la question ! Même Solène l’avait demandé, exigeant de connaître la vérité car elle avait bien senti qu’il s’agissait d’un point sensible, répétant qu’il ne fallait garder ce genre de chose pourrir au fond de soit. Donc son père, en tant que chef de famille, devait sûrement le savoir lui aussi… Normalement.

Genji – Il ne t'a jamais expliqué pourquoi ?

Vu la tête que tira son père, non, il n’avait eu aucune explication. Oh. Terrain glissant. Genji n’était pas censé le savoir lui-même, il avait entendu la conversation à la volée et parce que Solène criait vraiment fort lorsqu’elle s’énervait pour de bon. Si Josuke n’avait eu que les « aléas de la vie » comme raison… Les aléas de la vie, franchement. Le lycéen grimaça un peu, comprenant encore moins comment cette excuse-là avait bien pu passer. Si lui-même la sortait à ses petites sœurs, il pouvait être sûr de les voir débarquer chez lui la minute d’après pour exiger de vraies explications. Enfin bon, après tout, les aléas de la vie, ça incluait aussi les mots qu’on pouvait avoir eu avec sa famille.

Genji – Les aléas de la vie... Heu... Dans un sens, ce n'est pas faux. Tant pis, oublie.

Josuke – Non, explique-toi. « Dans un sens, ce n’est pas faux » ? Si Kimmitsu n’est pas revenu pour une autre raison, et une vraie cette fois, j’ai le droit de la connaître, Genji. Comme toi tu avais le droit de savoir pour ta sœur, et pour moi par conséquent. Si tu ne veux pas que j’en parle à ton oncle après, cela restera entre nous, mais explique-moi.

Mais… Ce n’était pas à lui de… Le lycéen rougit encore un peu plus, particulièrement gêné et ne sachant plus où se mettre, maintenant, ayant la très désagréable impression de foncer la tête la première dans un mur. Il n’aurait même pas dû écouter cette conversation, lui ! C’était une discussion privée, entre mari et femme, ça ne le concernait en rien et il avait l’impression de trahir un peu lus son oncle et sa tante en parlant de ça à quelqu’un d’autre. C’était différent, là, ce n’était pas à lui de s’immiscer dans ce genre d’affaires et encore moins de se mêler de vieilles histoires qui ne le regardaient absolument pas. Que devait-il répondre, maintenant ? Il faudrait que son père s’adresse directement à son oncle, qu’ils règlent ça netre eux, ce sera beaucoup mieux.

Genji – Là, aussi, ça ne concerne pas les enfants, pour reprendre tes propres termes, et je n'ai su que parce qu'il a laissé échapper un bout par accident un soir et que Solène a insisté pour qu'il raconte. Et puis... Bon... Tu lui demanderas si tu le rev... Quand tu le reverras.

Josuke – Genji, tu es exactement comme ton oncle à ce sujet-là et tu sais aussi bien que moi qu’il ne me répondra pas, si je lui demande. En plus, si je lui demande, il saura que c’est de toi que je tiens l’information et tu ne veux pas qu’il le sache. Si tu l’as entendu « par erreur »… J’ai le droit de savoir s’il avait des ennuis. Il était blessé ? Il a été hospitalisé ? Il a eu… je ne sais pas, des ennuis avec la police ? Il a risqué sa vie ? Si c’est quelque chose de grave… Imagine que je te dise la même chose à propos d’une de tes sœurs. Qu’a-t-il eu ?

Pourquoi des ennuis, directement ? Genji grimaça un peu, les joues toujours rouges, puis tressaillit lorsque son père vint le prendre par les épaules en lui demandant de s’expliquer. Ou de lui faire deviner. Il secoua un peu la tête, se mordant ses lèvres lorsque son père lui fit relever les yeux. Il lui mettait la pression, là, c’était injuste ! Comme pour en rajouter une couche, son géniteur appuya ensuite sur le fait qu’il ne pouvait pas lui cacher un élément si important, et c’était forcément important s’il refusait de le dire. Pas… C’était juste que ça ne le concernait pas. On ne parlait pas des autres dans leur dos comme ça, surtout pour ce genre de sujets ! Au final, ça concernait uniquement son oncle et ses parents, personne d’autre. Enfin, bon, admettons que ça concerne ses frères et sœurs, mais c’est tout. Il ne savait plus, un peu perturbé par tout ça.

Josuke – Je sais que tu es furieux, que tu ne me pardonneras probablement jamais… Seulement, je fais des efforts pour que tu ailles bien, tu vois que j’ai changé, au moins un peu, non ? Pourquoi ne veux-tu pas m’en parler ? S’il te plaît, Genji, tu sais que Kimmitsu ne me dira rien. Je rentrerai au Japon en m’inquiétant encore plus pour sa vie et en cherchant ce qu’il n’a pas dit. Et tu sais, maintenant, que je dis la vérité là-dessus. Vous faites partie de la famille. Dis-moi… Laisse-moi une chance.

Genji – Mais il n’avait pas d’ennuis ! souffla-t-il. Pas d’ennemis, pas de blessures, rien. Et je ne suis pas censé le savoir. En plus, si tu ne comprend déjà pas votre père, tu vas encore moins comprendre ça.

Il prit une grande inspiration, qui se termina lamentablement sur un petit hoquet puis une quinte de toux. Portant la main à sa bouche, les larmes au yeux, il mit plusieurs bonnes minutes avant de se reprendre. Bon… Inspirant plus doucement, il se demanda ce qui était le mieux, tout avouer et supplier son père de ne surtout jamais rien dire à son oncle, ou bien la boucler et se faire harceler jusqu’à ce qu’il crache le morceau. L’un dans l’autre… Son père avait affirmé qu’il ne répétera rien, restait à savoir s’il tiendra ou non… Genji releva la tête vers lui, une moue hésitante aux lèvres, puis soupira.

Genji – Bon… Il… Quand, quand grand-père est mort… Et bien, mamie était très blessée par tout ça et elle a interdit à Kimmitsu de revenir… Pour l’enterrement et même après, parce que son père l’avait renié et que… Elle le pensait aussi responsable d’avoir « achevé » son père, en gros. Elle lui a téléphoné une fois pour lui dire de ne plus jamais remettre les pieds à la maison et ça… ça a duré dix ans, avant que Himako le fasse changer d’avis.

Sa voix avait baissé à mesure, tout comme sa tête, il n’osait plus regarder son père droit dans les yeux en avouant ça. Ce n’était pas à lui d’en parler ! En plus, c’était du passé, tout ça, son oncle avait fait une croix dessus, il en parlait avec un certain mépris, de la colère, mais plus d’amertume ni de regrets, il était passé au-dessus.

Genji – Il ne faut pas qu’il sache que je te l’ai dit, chuchota-t-il. Je ne suis pas censé le savoir. Et puis, c’est du passé, il avait dit à Solène de laisser tomber et que ça ne servait à rien de s’énerver. Désolé.
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MessageSujet: Re: Une guerre civile ?   Une guerre civile ? EmptyVen 7 Avr - 22:47

Genji – Mais il n’avait pas d’ennuis ! souffla-t-il. Pas d’ennemis, pas de blessures, rien. Et je ne suis pas censé le savoir. En plus, si tu ne comprend déjà pas votre père, tu vas encore moins comprendre ça.

Qu’il essaie tout de même. Il avait le droit de savoir ! Si Kimmitsu n’était pas rentré pour une autre raison que « l’oubli », et qu’il ne le leur avait jamais dit… C’était important et cela risquait d’avoir des conséquences. Au point où Josuke était rendu, très sincèrement, autant que Genji lui dise tout, autant qu’il connaisse toute la vérité sur leur famille. Il estimait avoir éprouvé assez de choses, en l’espace de quelques semaines, pour le mériter. Non ? Son fils devait le lui dire. Lui faire confiance, compter sur lui pour garder ce que lui-même n’était pas censé savoir. Garder des secrets, il savait le faire. Mieux que Genji, en tout cas, qui mentait très mal et n’arrivait jamais à cacher ce qu’il ressentait ou quand il allait moins bien. Ce qui n’était pas plus mal, cela avait permis à Josuke de le cerner très vite et à plusieurs reprises par le passé. Mais Genji semblait avoir capitulé. Il venait de prendre une profonde inspiration, comme si ce qu’il allait révéler était, à la fois, d’une importance cruciale, à la fois porteur d’immenses conséquences.

Tant et si bien qu’il manqua de s’étouffer, pris d’une quinte de toux… Josuke lui tapa un peu le dos pour l’aider à respirer mieux et à faire passer la toux, patientant, de plus en plus inquiet à propos de ce que Genji allait lui révéler. Pour que cela soit si dur à dire et à entendre… Il s’attendait à tout et, très sincèrement, n’était plus aussi pressé que tout à l’heure de savoir la vérité. Cependant, il ne pouvait faire marche-arrière, aussi se contenta-t-il de patienter et d’attendre que Genji se reprenne. Ce qui prit plusieurs minutes, incroyablement longues, avant que son fils ne relève la tête vers lui, les larmes aux yeux d’avoir trop toussé. Il allait mieux… ? Josuke était prêt et ne dirait rien, il savait qu’il pouvait faire confiance à son père, non ? C’était la base de toute relation, surtout avec tout ce qu’ils avaient traversé depuis deux ans. Il y aurait des séquelles pendant encore des années mais les choses s’amélioreraient. Il l’espérait, du moins… Genji avait l’air d’hésiter, faisant cette moue que le chef de famille avait appris à reconnaître au fil des ans. Mais il soupira, signe qu’il rendait les armes. Donc… ?

Genji – Bon… Il… Quand, quand grand-père est mort… Et bien, mamie était très blessée par tout ça et elle a interdit à Kimmitsu de revenir… Pour l’enterrement et même après, parce que son père l’avait renié et que… Elle le pensait aussi responsable d’avoir « achevé » son père, en gros. Elle lui a téléphoné une fois pour lui dire de ne plus jamais remettre les pieds à la maison et ça… ça a duré dix ans, avant que Himako le fasse changer d’avis.



Leur mère avait fait quoi ?! Josuke écarquilla les yeux malgré lui, choqué, essayant de déceler chez Genji l’ombre d’un doute même s’il savait que c’était inutile. On ne ment pas sur la famille. Et il n’avait aucune raison de le faire, surtout après avoir pris autant de temps à lui lâcher le morceau. Mais cela n’expliquait pas comment leur propre mère avait pu faire une telle chose ! Empêcher son propre fils de revenir à la maison ! Elle tenait donc plus à son mari qu’à son enfant… On ne rejette pas un fils de sa propre maison, de son foyer, les parents doivent toujours être le pilier stable sur lequel les enfants pouvaient se reposer ! Pourquoi Kimmitsu ne le leur en avait-il pas parlé, lorsqu’ils l’avaient accusé de les avoir oubliés ? Comment avait-il même pu mentir à ce sujet… ? Il aurait pu leur expliquer, leur dire que ce n’était pas de sa faute, arrêter de prendre la mort de leur père sur son dos alors qu’il n’y était pour rien. Si leur père était mort, ce n’était pas à cause de Kimmitsu mais bien à cause de la pression qu’il mettait sur le dos de ses enfants et sur la peur constante de voir des dons apparaître partout. Ce n’était que très récemment que Josuke l’avait compris mais il l’avait compris, rassemblant les pièces du puzzle qui prenait enfin sens.

Et Kimmitsu n’avait pas le droit de cacher un élément aussi important que celui-là. « On ne ment pas sur la famille », cette phrase, ils l’avaient entendue en boucle pendant toute leur enfance ! Et c’était valable dans les deux sens, bien ou mal. Comment leur petit frère avait-il pu faire cela… ? Il ne regrettait pas leur mère, Josuke l’avait compris lors de cette discussion un peu houleuse la première fois qu’ils l’avaient revu après dix longues années. Il avait l’air plus… Comment le qualifier ? Ce n’était pas de la colère, à l’époque, peut-être de la rancœur ou de la lassitude. Ou un mélange des deux. En tout cas, certainement pas du regret. Alors, pourquoi ne rien leur avoir dit… ? Josuke s’était à nouveau adossé au mur, toujours assis par terre avec son fils, le poids de l’incompréhension de cette réaction, de la fatigue du voyage et de la discussion avec Genji lui retombant dessus d’un coup, se frottant le visage. Lorsqu’ils parlaient de renier Kimmitsu, leur mère comptait bien poursuivre ce que son cher et tendre avait commencé avant de mourir…

Genji – Il ne faut pas qu’il sache que je te l’ai dit, chuchota-t-il. Je ne suis pas censé le savoir. Et puis, c’est du passé, il avait dit à Solène de laisser tomber et que ça ne servait à rien de s’énerver. Désolé.

Josuke tourna la tête vers Genji, la mine maussade, voulant le rassurer là-dessus mais ne trouvant pas les mots qu’il fallait. Il ne dirait rien, il le lui avait promis… Et le fait qu’il ait accepté de parler, vraiment, était un signe d’amélioration. Au moins un petit. Du moins, c’était ce que le vieil homme essayait de se dire pour ne pas se décomposer totalement après ce qu’il venait d’apprendre. Genji le détestait, oui… Mais peut-être pas autant qu’il le pensait. Sinon il l’aurait envoyé balader sans aucune explication avec une phrase bien blessante. Seulement, pour dire tout cela, il fallait trouver les mots. Les bons mots. Ce dont il était incapable pour l’instant… Par conséquent, Josuke poussa un petit soupir avant de prendre doucement Genji dans ses bras, le serrant fort contre lui en fermant les yeux quelques secondes. Il le remercia tout bas de lui avoir confié ce secret, lui promettant de ne rien dire du tout.

Josuke – Tu as ma parole là-dessus, ajouta-t-il en le gardant dans ses bras avant de s’écarter un peu pour le regarder dans les yeux. Tu m’as fait confiance, suffisamment pour me le dire malgré le risque que tu cours… Je n’en parlerai pas. Mais si un événement similaire t’arrive, je t’en conjure, ne fais pas comme ton oncle et dis-le-moi directement. On ne ment pas pour ces choses-là…

Genji – Ce n’est pas un mensonge s’il n’a juste rien dit.

Ah, non, il n’allait pas entrer dans ce cycle lui aussi ! Josuke fit non de la tête, refusant que son propre fils commence à réagir ainsi à son tour. Cacher un élément aussi important, « omettre » la vérité, c’était mentir. En plus de cela, si, Kimmitsu leur avait menti. Il avait dit qu’il avait simplement oublié de venir les voir, qu’il avait été pris par la vie… Ce qui était faux. Dissimuler un élément de la vérité, ou la vérité en elle-même, cela revenait à dire qu’il n’y avait rien de grave et que c’était normal, alors que ça ne l’était pas du tout. Entre « notre mère m’a interdit de revenir » et « j’ai oublié de revenir à cause de ma vie »… Non, désolé, mais non, tout était différent.

Josuke – C’est un mensonge, Genji. Je ne veux pas que tu commences à entrer dans ce mode de pensée, quand tu caches volontairement la vérité, même une infirme partie, tu mens. Sinon, pourquoi ne pas en parler ? Ton oncle n’a pas « juste » rien dit, il a affirmé que c’était lui qui avait oublié de venir.

Genji – J'aurais pas aimé ajouter ça non plus. C'est sa mère. Tu imagines si maman disait ça ? Ou toi ?

Parce qu’il pensait vraiment qu’ils étaient capables d’une telle chose… ? Il était leur fils, enfin ! Être furieux, en colère, vouloir qu’il soit loin l’espace de quelques jours, oui. Mais l’empêcher de revenir à la maison s’il en avait envie… Non, jamais. La maison des parents, de la famille, restait et resterait toujours le foyer de Genji, l’endroit où il pourrait se ressourcer s’il en avait besoin. Ce n’était pas pour rien si la famille entière vivait ensemble, en dehors des femmes mariées. Et, à ce qu’il sache en tout cas, jamais un membre de leur famille n’avait vu la porte de la maison se fermer après son départ. Enfin… Cette idée, ce principe, était valable jusqu’à l’expulsion pure et dure de Kimmitsu. Josuke prit Genji par les épaules, à nouveau, s’écartant encore un peu plus pour le regarder droit dans les yeux et bien le voir. Comme tout à l’heure, lorsqu’il voulait qu’il intègre ce qu’il allait lui dire. Il ne devait jamais se sentir rejeté. Le comprenait-il, au moins ? Pourquoi douter alors qu’il faisait tout ce chemin, du Japon à la France, au moindre coup de téléphone, à la moindre lettre alarmante ? Si Josuke avait envoyé Genji avec son frère en Europe, c’était pour son propre bien, parce qu’il en avait besoin. Alors que, très honnêtement, la situation ici le rendait malade, fou d’inquiétude. Il contrôlait les nouvelles françaises dès qu’il le pouvait.

Josuke – On n’aurait jamais dit une chose pareille. Tu es notre fils, Genji… Comment un parent peut-il empêcher son enfant de revenir à la maison ? Rassure-moi, tu ne penses pas que nous pourrions te renier comme l’a fait tes grands-parents ? Tu es notre enfant, nous tenons à toi plus que jamais.

Pourquoi pensait-il que son père l’avait envoyé ici, autrement ? Repensant au jour où il lui avait annoncé la nouvelle, Josuke essaya de réinterpréter ce qui s’était passé. Oui, Genji était en colère, mais c’était à cause de son don, de leur énième dispute. Non… ? Mais si ! Sinon, pourquoi aurait-il été furieux ? C’était pour lui que le vieil homme avait pris une telle décision ! Et, sans cette réaction, personne ne sait dans quel état serait l’adolescent, à tout retenir en lui comme il l’avait fait jusqu’à présent. Il aurait pu être gravement blessé comme Eisen ! Ou pire… Réprimant un frisson, Josuke incita Genji à le regarder en lui soulevant le menton pour être sûr d’avoir une réponse honnête et spontanée.

Josuke – J’ai besoin d’une réponse… Je pensais que c’était clair, pour toi, mais ce n’est pas le cas. Pourquoi crois-tu que je t’ai envoyé en France, avec ton oncle ? Dis-moi la vérité, je ne me fâcherai pas.
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MessageSujet: Re: Une guerre civile ?   Une guerre civile ? EmptyVen 28 Avr - 15:07

Josuke – Tu as ma parole là-dessus, ajouta-t-il en le gardant dans ses bras avant de s’écarter un peu pour le regarder dans les yeux. Tu m’as fait confiance, suffisamment pour me le dire malgré le risque que tu cours… Je n’en parlerai pas. Mais si un événement similaire t’arrive, je t’en conjure, ne fais pas comme ton oncle et dis-le-moi directement. On ne ment pas pour ces choses-là…

Genji – Ce n’est pas un mensonge s’il n’a juste rien dit.

Même si son père fut loin d’être convaincu et fit non de la tête, le jeune homme, de son côté, n’était pas non plus certain que ce soit une si bonne idée que ça de parler de ce genre de choses. Déjà, à la place de son oncle, il n’aurait même pas osé revenir, même si ses sœurs l’en avaient supplié. Il n’aurait pas supporté les regards ni les chuchotements dans le dos, ni rien, ce n’était pas… Après avoir cru que son père voulait vraiment le jeter au loin, Genji avait réfléchi à la suite et en était vite arrivé à cette conclusion évidente. Rentrer, que ce soit pour voir ses sœurs ou sa mère, aurait été impossible. Il se serait arrangé pour les rencontrer ailleurs mais plus jamais il n’aurait approché de la maison. A quoi ça aurait servi, à part remuer le couteau dans la plaie ?! Plus tout le reste, les souvenirs, les paroles, les gestes, tout. Supporter le regard des autres est plus moins facile suivant les tempéraments, et pour Genji, c’était difficile, point final. La sensation d’être jugé… Il voulait s’améliorer là-dessus, très sincèrement il y travaillait tous les jours, las, c’était encore délicat. Mais il comptait bien s’améliorer.

Josuke – C’est un mensonge, Genji. Je ne veux pas que tu commences à entrer dans ce mode de pensée, quand tu caches volontairement la vérité, même une infirme partie, tu mens. Sinon, pourquoi ne pas en parler ? Ton oncle n’a pas « juste » rien dit, il a affirmé que c’était lui qui avait oublié de venir.

Genji – J'aurais pas aimé ajouter ça non plus. C'est sa mère. Tu imagines si maman disait ça ? Ou toi ?

Raison amplement suffisante pour ne plus revenir, à ses yeux. On ne va pas volontairement dans un endroit où on n’est pas le bienvenu ! Sauf en ayant quelque chose de très précis à y faire et surtout le caractère qu’il faut pour le supporter. Genji allait ajouter ça à haute voix lorsque son père s’écarta un peu, avec un air passablement choqué. Qu’est-ce qu’il avait dit … ? C’était vrai ! Il avait déjà failli fuir pour de bon, après certaines disputes, en deux ans, et n’était toujours revenu que parce qu’il ne voulait pas blesser sa mère. Mais si elle avait fini par lui dire ça, ou si son père l’avait crié lors d’une énième dispute, évidemment, il aurait gardé ça au fond de lui, serait parti et n’en aurait jamais parlé à personne, que ce soit à ses sœurs ou quelqu’un d’autres, c’était évident ! C’est quand même logique de ne pas vouloir ne faire étalage, non ? Si vos propres parents ne voulaient plus de vous, si vous étiez chassé de votre famille, ce ne sont pas des trucs qu’on a envie d’entendre et de répéter ensuite. Et c’est encore différent que de fuir sa maison comme Laura et son frère l’avaient fait. Au moins, ils n’avaient rien à regretter, derrière eux, ils pouvaient penser à l’avenir.

Josuke – On n’aurait jamais dit une chose pareille. Tu es notre fils, Genji… Comment un parent peut-il empêcher son enfant de revenir à la maison ? Rassure-moi, tu ne penses pas que nous pourrions te renier comme l’a fait tes grands-parents ? Tu es notre enfant, nous tenons à toi plus que jamais.

Et bien… Il ne… Enfin, il ne le croyait plus, maintenant. Plus depuis, heu… Deux mois. S’efforçant de ne pas rougir, Genji se mit à jouer nerveusement avec ses mains, ne sachant pas comment dire ça. T puis, c’était du passé ! Quelle importance ça pouvait bien avoir aujourd’hui ? Il avait compris, voilà, maintenant, on pouvait passer à autre chose et ça se passera très bien. Il releva la tête lorsque son père l’y incita, encore plus mal à l’aise que toute à l’heure, si c’était possible. Heureusement, il n’y avait personne dans le coin, pas de promeneurs ni de personnel de la station. Il n’était pas très tard, c’était une chance que personne n’ait envie de venir ici pour avoir un peu de calme ou lire tranquille. Déjà que c’était gênant.

Josuke – J’ai besoin d’une réponse… Je pensais que c’était clair, pour toi, mais ce n’est pas le cas. Pourquoi crois-tu que je t’ai envoyé en France, avec ton oncle ? Dis-moi la vérité, je ne me fâcherai pas.

Genji – Je croyais que tu voulais vraiment me renier, marmonna-t-il. Mais plus maintenant. C’était… Enfin, après la rentrée, je m’étais blessé avec mon don, il m’avait échappé, puis Kimmitsu m’a soigné et a deviné que c’était ça qui me travaillait.

Il ajouta à voix un peu plus basse et morne que son oncle arrivait à faire parler tout le monde et que c’était profondément injuste, d’ailleurs. Laura aussi s’était plainte de ça, quelques fois, il savait que ça l’agaçait aussi. Jasper, lui, n’en avait trop rien dit, peut-être que ça le touchait moins. Enfin, il n’avait pas le même caractère, de toute façon. Sans qu’il puisse l’empêcher, une certaine rougeur avait envahi ses joues et il se racla un peu la gorge, espérant la faire passer un petit peu. Au fond, c’est vrai, c’était idiot de l’avoir cru, sauf qu’à l’époque, il ne savait presque rien sur son grand-père et c’était pour cela qu’il avait cru que Josuke lui ressemblait assez pour en arriver à cette situation.

Genji – Qu’est-ce que tu aurais fait, s’il n’y avait pas eu « l’option » France ?
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MessageSujet: Re: Une guerre civile ?   Une guerre civile ? EmptyDim 30 Avr - 22:40

Genji – Je croyais que tu voulais vraiment me renier, marmonna-t-il. Mais plus maintenant. C’était… Enfin, après la rentrée, je m’étais blessé avec mon don, il m’avait échappé, puis Kimmitsu m’a soigné et a deviné que c’était ça qui me travaillait.

Pardon… ? Pourquoi n’avait-il rien dit ? Josuke tourna la tête vers lui assez vivement, à la fois choqué et peiné qu’il puisse penser cela de lui. Genji ajouta, au même moment, que son oncle arrivait à faire parler tout le monde et que c’était profondément injuste. Injuste, injuste… A ses yeux, ce n’était pas plus mal. Combien de temps son fils aurait-il gardé toutes ces choses pour lui, autrement ? Il ne l’aurait avoué qu’ici, perdu dans un coin en France, entre deux confidences ? Et encore, aurait-il parlé avec son père sans que Kimmitsu n’ait de discussion avec lui auparavant ? Rien n’est moins sûr, surtout pour l’instant. Leurs liens se seraient peut-être brisés pour de bon, Genji convaincu que Josuke ne voulait plus de lui. Il était son fils, enfin ! Comment aurait-il pu faire une telle chose ?! D’accord, avec ce que leur mère avait imposé à Kimmitsu, c’était compréhensible, mais l’adolescent ne savait rien au moment de penser cela. Alors, ce n’était pas lié.

Josuke ne bougea pas, se demandant comment récupérer toutes les gaffes commises dans le passé. S’il pouvait revenir sur ce qu’il avait fait, il le ferait sans hésiter. Le présent changerait un peu, certes, mais ce ne serait pas comme aujourd’hui. C’était tout juste si le vieil homme n’avait pas l’impression que son fils allait disparaître du jour au lendemain, qu’il refuserait de lui parler à nouveau sitôt qu’il serait reparti… Cette seule pensée l’incitait à rester près de lui et à ne plus rentrer au Japon. Mais il devait retrouver la mère d’Océane et Kimmitsu pour leur parler, voir comment allait son frère, s’assurer qu’il était en bonne santé malgré ce qu’il vivait aujourd’hui et depuis plus d’un an. Comment allait-il ? Que faisait-il ? Supportait-il d’être ainsi écarté de Solène alors qu’elle était enceinte et loin de lui ? Il fut tiré de ses sombres pensées par le raclement de gorge de Genji qui était, visiblement, très mal à l’aise. Cette conversation devait sans doute être la plus difficile qu’ils aient eu ensemble depuis des mois… Et aucun des deux n’avait hurlé depuis la révélation du don d’Akane.

Genji – Qu’est-ce que tu aurais fait, s’il n’y avait pas eu « l’option » France ?

Ce qu’il aurait fait… Josuke ouvrit la bouche pour répondre sans qu’aucun son ne sorte, ignorant même ce qu’il allait dire. Il y a quelques mois, il aurait répondu qu’ils seraient restés ensemble et que Genji aurait bien fini par « s’habituer ». Aujourd’hui, en revanche, il savait que cela n’aurait jamais été possible et que son fils se serait sûrement échappé depuis longtemps. Comme Kimmitsu. A défaut que ce dernier était plus ou moins réfléchi au moment de son départ de la maison… Pour un homme de son âge, quoi de plus normal, après tout ? Il était influencé par son don, imprévisible et tête brûlée même s’il maintenait que ce n’était pas le cas. Il en voulait peut-être même à la Terre entière à cause des disputes récurrentes avec leur père, alors comment le lui reprocher ? Mais il était têtu, voire borné pour certaines choses. En un sens, Genji lui ressemblait beaucoup…

Il tourna la tête vers les bruits de pas qui se firent soudain entendre, plus proches, mais qui étaient situés derrière la cloison. Des enfants qui couraient, à n’en pas douter, et qui s’amusaient de pouvoir se balader dans un endroit aussi grand. Il y avait sûrement d’autres écoles hébergées par la station en même temps que les élèves du Pensionnat même si ceux-ci devaient remplir de nombreux étages à eux seuls. Enfin, c’était grand, très grand, bien assez pour avoir l’espace que l’on souhaite dans ce genre d’endroit. Josuke tourna la tête une nouvelle fois vers son fils dès que les bruits eurent diminué puis disparu, réfléchissant toujours à quelle solution aurait été la meilleure sans « l’option » France. C’était une excellente question…

Josuke – Je t’avoue que je n’en sais rien…, finit-il par dire. Si Kimmitsu n’avait pas accepté, je n’aurais pu t’envoyer nulle part ailleurs parce que je ne fais suffisamment confiance à personne d’autre que pour lui confier mon fils. Je suppose que… les choses auraient continué comme… avant.

Et qu’il serait parti. Que cela aurait très mal terminé, qu’ils auraient découvert un jour qu’il avait fugué alors qu’il ne connaissait rien en dehors du Japon. Où serait-il allé au Japon, d’ailleurs ? Peut-être chez Himako. C’était possible. Mais il n’aurait jamais tenu quatre ans de plus chez eux, pas dans une tel contexte alors que les disputes faisaient partie de leur routine. Malheureusement. Aujourd’hui, Josuke le regrettait plus que jamais mais ne pouvait pas revenir en arrière. Pourtant, il le voulait… C’était en cela qu’il culpabilisait pour la perte de son don et pour ce qui s’était passé avant. Si seulement il avait su, tout se serait passé différemment. Il aurait pu aider son fils, vraiment, plutôt que de l’enfoncer dans le même cercle vicieux que son propre père avant avec Kimmitsu. La solution avait été radicale, l’envoyer avec son oncle, mais il doutait encore que ce soit la meilleure. D’ailleurs, ils n’en avaient jamais vraiment parlé, Genji étant furieux parce qu’il pensait que son père cherchait à l’éloigner de la maison – maintenant, il le savait. Il prononça le prénom de son fils, tout bas, pour attirer son attention et l’inciter à le regarder avant de reprendre.

Josuke – J’aimerais que tu sois honnête avec moi… Je sais que ton départ ne s’est pas passé dans les meilleures conditions possibles, de même pour ton arrivée ici. Mais… est-ce que tu te plais, ici ? Je ne parle pas du contexte, évidemment, mais par rapport à ton don. Ça te fait du bien ou tu m’en veux réellement d’avoir pris cette décision ? Tu comprends ou tu es toujours aussi perdu ? J’ai besoin de savoir, tu dois être conscient que tu peux revenir à n’importe quel moment.
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MessageSujet: Re: Une guerre civile ?   Une guerre civile ? EmptyDim 14 Mai - 14:26

Josuke – Je t’avoue que je n’en sais rien…, finit-il par dire. Si Kimmitsu n’avait pas accepté, je n’aurais pu t’envoyer nulle part ailleurs parce que je ne fais suffisamment confiance à personne d’autre que pour lui confier mon fils. Je suppose que… les choses auraient continué comme… avant.

Comme avant. Donc. En prenant compte tout ce qu’il avait appris depuis, en très peu de temps d’ailleurs, Genji pouvait-il imaginer sans même dramatiser qu’il aurait fini allongé entre quatre planches à nourrir les vers dans le cimetière du coin, près du village ? Il se remémora toutes les fois, en deux ans, où son don lui avait échappé, toutes ces fois où il s’était blessé, parfois cassé quelque chose ou coupé profondément, et à toutes ces justifications idiotes qu’il avait inventé à chaque fois. Désolée, maman, me suis coupé avec un ciseau en fabriquant un truc, oui, il fera très attention la prochaine fois, pardon, il était tombé en jouant avec des amis – amis qui le fuyaient depuis des mois d’ailleurs – et non, il n’avait pas regardé où il marchait. Son père qui finissait par crier car il n’était jamais assez attentif et qu’il devait se reprendre car un jour, ce sera plus grave que ça ! Oui. Beaucoup plus grave. Il repensa aussi, tout à coup, aux regards bizarres que lui lançait parfois tonton Eisen, ces moments où il avait l’air de vouloir dire quelque chose lorsque Josuke lui criait dessus, puis lorsqu’il détournait finalement la tête avec un regard lourd, presque triste. Est-ce qu’il… avait su ? Et si oui, pourquoi s‘était-il toujours retenu de parler ? Genji avait un peu de mal à croire qu’Eisen ait peur de son frère aîné, en revanche, peut-être avait-il eu peur de sa réaction, peur de la réaction de toute la famille. Kimmitsu parti et renié, Himako partie aussi en hurlant, littéralement, et en refusant de les revoir un jour, après ça, peut-être n’avait-il pas voulu en rajouter encore, surtout en voyant que son neveu se rebellait à son tour. Très gêné, Genji serra un peu ses jambes contre lui, relevant la tête lorsque son père l’appela plus doucement. Le lycéen avait envie de lui demander si c’était à cause de lui que son oncle n’avait rien dit non plus, pour ne pas en rajouter.

Josuke – J’aimerais que tu sois honnête avec moi… Je sais que ton départ ne s’est pas passé dans les meilleures conditions possibles, de même pour ton arrivée ici. Mais… est-ce que tu te plais, ici ? Je ne parle pas du contexte, évidemment, mais par rapport à ton don. Ça te fait du bien ou tu m’en veux réellement d’avoir pris cette décision ? Tu comprends ou tu es toujours aussi perdu ? J’ai besoin de savoir, tu dois être conscient que tu peux revenir à n’importe quel moment.

Et bien… il ne sut pas quoi répondre tout de suite, cela faisait « trop » d’un seul coup. Ce n’était la faute de personne et il comprenait aujourd’hui que ses parents n’auraient de toute façon pas pu réagir autrement, car ils ne connaissaient rien ou presque à ce type de pouvoir. Assez pâle, il rebaissa la tête avec un soupir pensif, jouant avec un bout de sa manche avec une certaine nervosité. Malgré lui, la maison familiale, dans son pays natal, était associée à beaucoup de mauvais ressentis et souvenirs cuisants tout autant qu’elle était associée à une forme de protection, de refuge, d’un endroit où il pouvait être près des siens. Ici, c’était… Un pays très… En mouvement perpétuel, chaotique, nerveux, on pouvait l’affirmer. Il avait très souvent peur et dans le même temps, il s’y sentait très vivant. Même si son don était mal perçu, même si la population avait peur de ces pouvoirs, c’était la première fois de sa vie où il évoluait dans un groupe qui ne craignait pas cela et où il était complètement accepté. Même si au début, ça avait été très bizarre, dans le genre « C’est le neveu du sous-directeur, il ne va pas être bien avec nous ». Puis il s’était fait des amis. Il y avait des personnes qu’il admirait, très sincèrement, car elles avaient la force de se lever et de se dresser devant les autres pour les protéger, comme la directrice. Il aimait Océane, appréciait Jasper pour son côté sérieux, « solide », il adorait le sourire perpétuel de Laura qui avait le don de lui réchauffait le cœur et la considérait déjà comme une petite sœur d’adoption.

Genji – Pour mon don, oui, finit-il par répondre. Je… En fait, il y a beaucoup de choses que vous n’avez jamais su, maman et toi, et je n’arrivais pas non plus à en parler. Pour moi, c’était de ma faute, parce que je ne l’utilisais pas tant que ça et les cours au village restaient très… simples. Je ne devais pas le montrer à l’école ni à la maison, quand j’ai eu quatorze ans, c’était… J’ai commencé à avoir plus de mal avec.

Il s’interrompit un peu brusquement, pâlissant encore un peu. « Plus de mal avec », jolie phrase pour sous-entendre qu’en réalité, il avait entièrement perdu le contrôle dessus, du jour au lendemain, après avoir fait une magnifique crise d’angoisse en plein milieu de la nuit, le jour même de son anniversaire, car son don lui avait échappé au cours d’un cauchemar et qu’il avait failli blesser ses deux petites sœurs qui dormaient tranquillement à côté dans la chambre. Depuis ça, il avait pris peur, et plus il s’efforçait de reprendre la main sur son pouvoir, plus il la perdait, plus le vent lui échappait, plus il était blessé. Son prof au village ne lui avait absolument jamais dit qu’avoir peur aggravait le problème, il avait dû attendre de faire une énième crise juste en arrivant en France et tomber dans les bras de son oncle pour le savoir. Inspirant un peu, il finit par avouer à son père cette petite scène nocturne, comment il s’était réveillé, rattrapé son élément avant qu’il ne blesse comment, puis sorti dans le jardin pour pleurer sans qu’on en puisse l’entendre. Il ajouta ensuite, sans relever la tête, que c’était arrivé d’autres fois, de plus en plus souvent, durant les deux années suivantes, jusqu’au mois de mai de cette année où il avait finalement eu le poignet cassé et avait raconté à ses parents qu’il s’était blessé en cours de sport.

Genji – Je ne voulais pas en parler, comme on n’évoquait jamais ça à la maison et que ça déclenchait toujours des disputes, surtout depuis qu’Himako est partie elle aussi. En arrivant ici, Kimmitsu m’a récupéré en pleine crise, en classe, c’est là que j’ai su que la peur aggravait tout. J’avais honte, j’ai dû passer deux heures à pleurer dans ses bras.

Même aujourd’hui, parler de ça était assez douloureux et il culpabilisait d’avoir craqué ainsi, comme un enfant, rajouter des problèmes à des personnes qui en avaient déjà bien assez. Genji releva enfin le regard vers son père, sa voix ayant baissé à mesure qu’il parlait. Commencer avait été difficile, maintenant, il se sentait un peu plus libre de lui avouer enfin tout cela, parce qu’il savait d’où venait le problème, le soulagement était là, il était moins perdu.

Genji – Je ne voulais pas en parler, répéta-t-il, parce que je ne voyais personne qui aurait pu… m’aider à comprendre. Peut-être Eisen, si, mais il ne… je ne pensais pas qu’il était très l’aise lui-même et je me voyais mal en rajouter. Himako n’était plus là, je ne savais à qui en parler.
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MessageSujet: Re: Une guerre civile ?   Une guerre civile ? EmptyDim 2 Juil - 18:26

Josuke patienta après avoir posé sa question à Genji, sachant qu’il s’agissait d’un sujet délicat. Pour son fils comme pour lui… Il craignait la réponse, craignait de connaître la vérité, mais avait besoin de savoir, d’être fixé. Et, lorsque Genji rabaissa la tête, cela ne lui présageait rien de bon… Et comment pouvait-il lui en vouloir ? Ils sortaient tout juste de deux années de disputes continuelles, sourdes, et sans aucune amélioration visible. Au début, cela avait été les blessures cachées et découvertes parce que Genji était un mauvais menteur. Naturellement, ses parents réagissaient ! Ils avaient cherché à savoir comment leur fils allait, en cours, cherchaient à lui faire prendre conscience qu’il devait travailler pour réussir son année, qu’il en avait les capacités s’il arrêtait, enfin, de ne faire qu’à sa guise. Alors qu’au fond, l’adolescent était plus perdu que jamais, en proie aux changements que lui imposait son don sans qu’il ne le sache. Josuke lui-même était incapable de l’aider, tout comme Emiko, et ils n’avaient jamais pris la peine de discuter de cela avec Eisen comme lui s’était très bien intégré au rythme de la famille. Enfin… Du moins, c’est ce qu’ils pensaient tous. Il s’était intégré, oui, mais à quel prix.

Genji – Pour mon don, oui, finit-il par répondre. Je… En fait, il y a beaucoup de choses que vous n’avez jamais su, maman et toi, et je n’arrivais pas non plus à en parler. Pour moi, c’était de ma faute, parce que je ne l’utilisais pas tant que ça et les cours au village restaient très… simples. Je ne devais pas le montrer à l’école ni à la maison, quand j’ai eu quatorze ans, c’était… J’ai commencé à avoir plus de mal avec.

« avoir plus de mal avec »… Josuke tourna la tête vers Genji pour regarder son air, comprenant que c’était tout le contraire même s’il l’avait compris depuis ses récents voyages en France. Toujours assis à côté de lui, il voulait le prendre dans ses bras, le rassurer, s’excuser… Mais cela ne changerait absolument rien. Son don était en train d’évoluer, il devait sortir, ne plus être contenu comme il l’avait été durant tant d’années. Eisen avait risqué sa vie pour les mêmes raisons et ne s’en était sorti que par miracle et parce qu’il avait été entouré au bon moment, parce qu’il avait réagi. Sans Kimmitsu, Josuke n’aurait jamais compris que son fils avait besoin d’aide, qu’il perdait le contrôle, que les blessures qu’il subissait fréquemment n’était pas dues à des bagarres ou à son don de manière volontaire. Ce que Genji lui confirma par la suite, lui racontant un accident qui s’était produit à la maison, en pleine nuit, avec ses sœurs endormies. Et Josuke n’avait rien vu… Il tourna la tête pour regarder face à lui, troublé, alors qu’il entendait des personnes passer dans le couloir de l’autre côté du mur. Se concentrer sur les bruits de pas extérieurs l’aidait à ne pas être submergé par la culpabilité, pour l’instant, même si cela restait incroyablement difficile.

Il ne s’était douté de rien, n’avait jamais su comment aider son fils, comment le guider alors qu’il perdait le contrôle de cet élément qu’il ne connaissait pas et ne pouvait pas connaître à son âge. Ce n’était pas grâce aux cours dispensés dans leur village qu’il en apprendrait plus, loin de là, et Josuke ne le savait que grâce à Kimmitsu. Cette scène, qui avait frôlé le drame si leur fils n’avait pas eu de bons réflexes, aurait pu tourner bien plus mal. Et cela s’était reproduit, d’autres manières, de plus en plus souvent depuis deux ans. A chaque fois que Genji revenait blessé, qu’il découvrait de nouvelles blessures, c’était parce que le don de son fils lui avait encore échappé. Pâlissant un peu, Josuke ne le quittait plus des yeux, rongé de remords de n’avoir rien vu, de ne pas avoir compris ces signes pourtant flagrants maintenant qu’il en connaissait plus sur les dons. Un jour, Genji était revenu avec le bras presque cassé, ce qui l’avait empêché de s’entraîner durant des semaines, et Josuke avait assimilé cela à un simple caprice d’enfant excessif, pensant que son fils ne voulait plus s’entraîner. S’en était suivi une violente dispute pour la énième fois. Et puis il y avait eu le poignet « au cours de sport », les bleu, les fêlures, les entorses… Tant de signes.

Genji – Je ne voulais pas en parler, comme on n’évoquait jamais ça à la maison et que ça déclenchait toujours des disputes, surtout depuis qu’Himako est partie elle aussi. En arrivant ici, Kimmitsu m’a récupéré en pleine crise, en classe, c’est là que j’ai su que la peur aggravait tout. J’avais honte, j’ai dû passer deux heures à pleurer dans ses bras.

Josuke tourna à nouveau la tête vers Genji avec un air désolé en entendant le volume de sa voix baisser, serrant un peu les poings sur ses genoux. Désolé. Il n’avait rien vu, ne s’était douté de rien, et avait sans doute été un des pires pères qu’il puisse exister au Japon. Ici, non, pas avec le père de Jasper et Laura, mais il était censé protéger sa famille. La protéger, la préserver de ce qui peut lui nuire, et il n’avait rien fait pour Genji. L’adolescent s’était senti plus seul que jamais à cause des disputes, des problèmes d’adultes, n’avait même pas pu se confier à son propre père, ni à sa mère, ni à personne, et s’était renfermé sur lui-même – ce qui avait contribué, à coups sûrs, à augmenter la fréquence des crises. Au fond, il comprenait les réactions négatives du petit Jasper : Genji avait eu besoin d’aide, avait frôlé de graves problèmes de santé, et il n’avait récolté que des sermons. Pire encore, il s’était fait renvoyer du continent, dans un pays totalement inconnu et presque en guerre à ce moment-là, pour « son bien ». Bon, oui, c’était vraiment pour son bien, mais comment le prouver et le penser vraiment alors que Genji était au plus mal ? Poussant un petit soupir, Josuke croisa le regard de son fils au moment où ce dernier le releva pour le regarder, ne bougeant toujours pas pour l’instant. Désolé. Il était désolé, même s’il ne ressentait aucune colère chez Genji là, tout de suite.

Genji – Je ne voulais pas en parler, répéta-t-il, parce que je ne voyais personne qui aurait pu… m’aider à comprendre. Peut-être Eisen, si, mais il ne… je ne pensais pas qu’il était très l’aise lui-même et je me voyais mal en rajouter. Himako n’était plus là, je ne savais à qui en parler.

Josuke – Ne te justifie pas, dit-il d’une voix rauque. Ce n’est pas ta faute, Genji. Tout le monde aurait réagi comme toi… Quel adolescent aurait osé parler de tels sujets face à une famille qui se déchire à propos des dits sujets ? Ce n’est pas de ta faute, et je refuse que tu le penses.

Josuke avait parlé d’un ton catégorique, celui qui n’admet aucune autre réponse, sans hausser le ton ou parler plus fort. Ce n’était pas le ton qu’il utilisait lors de leurs disputes, non, mais celui qu’il avait déjà employé avec Kimmitsu à maintes reprises lorsqu’ils étaient encore enfants et que son petit frère culpabilisait à cause de leur père. Il passa alors un bras derrière Genji, au-dessus de ses épaules, et le rapprocha de lui en posant son menton sur sa tête. Même assis, Josuke restait très grand, ce qui était pratique dans des cas comme celui-ci. Il frotta le bras de son fils sans rien dire tout de suite, laissant un moment de silence planer pour trouver ses mots. Il n’était pas habitué à être troublé à ce point, à ne pas trouver les mots qui correspondaient le mieux à la situation, cela ne lui ressemblait pas… Mais, dernièrement, ce genre de « trous » lui arrivait souvent. Principalement à cause de la découverte de son ancien don et de tout ce que cela engendrait.

Josuke – Le seul coupable, dans cette histoire, c’est moi, dit-il enfin en rompant le silence. Tu as été mêlé aux problèmes des adultes, de la famille, alors que tu étais bien trop jeune. D’ailleurs, tu l’es toujours, mais nous n’avons pas agi assez tôt… Nous n’avons pas agi tout court, en fait. Je peux te dire que tu aurais dû en parler mais tu le sais déjà, évidemment que tu pouvais nous faire confiance, nous sommes tes parents. Seulement, quel enfant parlerait à ses parents alors qu’il passe ses journées à se disputer avec eux ? Cela m’attriste énormément, j’aurais… voulu découvrir tout ce que je sais aujourd’hui au sujet des dons plus tôt pour t’aider comme un vrai père doit le faire. Mais je ne peux pas changer le passé.

Il avait été un père absent malgré sa volonté d’être là pour sa famille et pour Genji. Jamais, en deux ans, ils ne s’étaient parlé comme ils le faisaient ici, en France, dans le jardin intérieur d’une station de ski au fin fond du Jura. Jura dont, d’ailleurs, Josuke ignorait jusqu’à l’existence quelques heures auparavant. Ils avaient eu des milliers d’occasions de parler et de vider leur sac mais avaient attendu d’être dans un autre pays et sur un autre continent pour se confier l’un à l’autre. Le vieil homme n’avait rien dit à sa famille, pas même à Munemori, de cette culpabilité et de toutes ces pensées qu’il avait depuis la découverte de son don étouffé, perdu. Et voilà qu’il en parlait, qu’il l’avouait à Genji… Genji, lui-même, lui parlait d’histoires passées qu’il avait soigneusement dissimulées à ses parents et à sa famille durant deux ans, comme s’ils étaient à l’abri dans ce petit espace clos avec, pour seule ouverture, la fenêtre entrouverte que son fils avait ouverte en entrant ici. Frottant toujours le bras de Genji, Josuke écarta un peu sa tête pour pouvoir baisser le regard vers lui, lui prouvant qu’il ne mentait pas.

Josuke – J’ai été un père absent et odieux mais je te promets de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour te soutenir et te guider correctement, à présent. J’ai essayé de le faire depuis que tu es en France, je me renseigne tous les jours, même quand tu as arrêté de m’appeler ou de me répondre à mes lettres ou appels… Mais je ne veux pas t’étouffer à mon tour. Je te tends la main, une vraie main, celle que j’aurais dû te tendre il y a deux ans et même bien avant. Mais je ne veux t’obliger à rien, si tu ne veux pas. Je ne partirai pas, ce n’est pas ce que je veux dire, mais je te laisserai choisir. Je ne peux pas… tout laisser, tout simplement, alors que tu es mon fils.
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